Chapitre 3. La réponse d’un Anonyme au Mémoire de Grégoire
p. 79-94
Texte intégral
1Dans les jours qui suivirent la publication du Mémoire de Grégoire paraissait, sous l’anonymat, un texte de 68 pages, daté du 16 décembre 1789, prenant la défense de l’esclavage et du préjugé de couleur et insultant Grégoire1.
2L’Anonyme se moque de l’état de prêtre de Grégoire en le nommant systématiquement « M. le Curé » et lui fait reproche de ne pas connaître les colonies, thème favori des colons mais, qui s’avère faux en ce qui concerne Grégoire, qui connaissait les réalités de la traite et de l’esclavage et était un des rares, dans le royaume, à avoir saisi ce qu’était le préjugé de couleur. Grégoire, affirmaient ses adversaires, avait recopié les Mémoires que Julien Raimond avait envoyés au ministre de la Marine depuis 1785. L’Anonyme fait ainsi d’une pierre deux coups, en présentant le « Curé Grégoire » comme un naïf ignorant, qui se serait borné à répéter ce que Raimond lui aurait dit. La suspicion se porte alors sur Raimond devenu responsable des paroles de Grégoire. Ce faisant, l’Anonyme apprend à ses lecteurs qu’il connaît bien Raimond, sa campagne contre le préjugé de couleur et ses Mémoires envoyés au ministre de la Marine, qui circulèrent entre quelques mains, dont les siennes :
« En 1785, un nommé Raymond, homme de couleur, libre, du Quartier d’Aquin à Saint-Domingue, qui a été élevé en France et à qui la fortune et un long séjour dans le voisinage d’Angoulême ont donné des idées supérieures à celles des individus de sa classe, fit faire plusieurs Mémoires en faveur des gens de couleur. Il les adressa au ministre de la Marine, ayant le département des colonies, qui les envoya aux Administrateurs de Saint-Domingue, en les consultant sur ce point. Raymond n’ayant pas eu le succès qu’il s’était promis, a jugé que les circonstances actuelles pourraient être plus favorables et ses Mémoires originairement destinés à rester secrets sont parvenus à M. le Curé d’Emberménil qui les a copiés dans tout ce qui sert de base à son Mémoire imprimé. Voilà comment M. le Curé aurait paru à ceux qui sont aussi instruits que lui, très savant sur les colonies, si nous n’avions connu cette petite source où il a puisé avec une confiance qui l’honore2. »
3L’Anonyme affirme que les Mémoires de Raimond devaient rester secrets. Au sens de la politique d’ancien régime qui était secrète et qui ignorait le principe de publicité que fit naître la Révolution ? On peut le supposer, car Raimond n’était pas venu incognito en France, mais avec le soutien de l’intendant Bellecombe, qui l’avait introduit jusqu’à Versailles. Raimond se voit ainsi soupçonné d’avoir trahi des secrets qui n’en sont pas. L’Anonyme veut-il induire que Raimond est un traître à la cause des colons en dévoilant la réalité de leur système ? Il est déjà repéré comme un homme riche, de couleur, ayant fait des études en France qui lui ont donné des idées supérieures à celles des individus de sa classe : il est donc éclairé, mais mal éclairé puisqu’il n’a pas compris à quoi servait le préjugé de couleur, ce que l’Anonyme va expliquer de façon détaillée. L’Anonyme se présente comme un adversaire décidé de Raimond et c’est bien lui qu’il vise en inventant la fiction d’un Grégoire naïf qui l’aurait recopié. En révélant les réalités du préjugé de couleur, dans Supplique et Pétition du 2 décembre, Raimond avait contribué à forcer cet Anonyme à réagir à cette levée du voile. Et, si l’Anonyme justifiait le préjugé de couleur, il rompait avec la tactique du silence adoptée jusque-là par les députés des colons.
La justification du préjugé de couleur : un fait de nature
4Le préjugé de couleur est le ciment de la société coloniale esclavagiste, avoue l’Anonyme, dépassant volontairement les arguments avancés jusque-là par les porte-parole des colons qui s’efforçaient de voiler cette réalité. Il ne s’agit donc plus de cacher le préjugé de couleur, mais de convaincre de sa nécessité et d’emporter l’adhésion de l’Assemblée nationale elle-même.
5Dans une première partie, l’Anonyme reprend point par point la législation du préjugé de couleur décrite dans le Mémoire de Grégoire, non pour la réfuter puisqu’il admet son existence, mais pour discuter des points de détail, et justifier sa nécessité.
6La division des colonies d’Amérique selon le critère des couleurs est d’un ordre qu’il affirme indestructible :
« Il (Grégoire) se fâche de ce que les expressions gens de couleur et sang-mêlés sont insignifiantes, parce qu’elles peuvent également s’appliquer aux Blancs libres et aux Nègres esclaves. Nous prendrons la liberté de remontrer à notre Curé que l’erreur pourrait être commise à Emberménil, où sans doute la perspicacité du Pasteur n’appartient pas à tous, mais qu’aux Colonies où l’on appelle Blanc ce qui l’est et gens de couleur tout ce qui ne l’est pas, on s’entend à merveille.
On distingue ensuite les nuances par des noms différents et la liberté ou l’esclavage par les mots libres, affranchis ou esclaves3. »
7Pour l’Anonyme, il existe deux couleurs dans les colonies, les Blancs et les gens de couleur, et trois états, les libres, les affranchis et les esclaves. Cette évidence échappe aux critères de Grégoire, qui pense dans le cadre de l’unité du genre humain et de l’égalité en droit qui, pour l’Anonyme, ne sauraient s’appliquer dans les colonies.
8Il existe d’autres distinctions : le nom de Colon américain est un titre réservé aux seuls Blancs propriétaires : « Cet article est terminé par un mot sur le titre de Colons Américains dont les protégés du Curé se sont emparés. On est bien aise de lui dire que même tous les Blancs ne sont pas reçus à s’en servir et que pour être Colon, il faut être Citoyen réel d’une Colonie4.
9La Société des Citoyens de Couleur, en s’emparant du nom de Colons Américains, en avait subverti la signification et l’avait vidée de son contenu ségrégationniste.
10L’Anonyme justifie la recherche de l’origine et les qualifications de Mulâtre et Quarteron dans les actes publics des libres de couleur, afin de limiter le nombre d’affranchissements :
« L’injonction faite aux officiers publics de consigner dans leurs actes les qualifications de Mulâtres, Quarterons, Sang-mêlés et libres affecte M. le Curé qui emprunte ses termes et sa colère au troisième Mémoire de Raymond. [...] En quoi est-il donc étonnant que dans un pays où il y a des esclaves en tout semblables aux Affranchis, on eut pris des précautions pour empêcher que les premiers ne se confondissent avec les autres et ne parvinssent à usurper un État (sic) qu’ils n’auraient pas légalement acquis. Il y a même une chose que nous sommes obligés de révéler à M. le Curé, c’est que ces qualifications elles-mêmes ne se donnent que sur la représentation des titres qui constatent la liberté et que cela a été imaginé en grande partie pour arrêter la facilité avec laquelle les Blancs faisaient des Affranchis par des actes qui tendaient à échapper au fisc qui exige une forte somme pour chaque affranchissement5. »
11La législation coloniale en est venue à limiter le nombre d’affranchissements, contre la volonté des maîtres eux-mêmes. La fiscalisation de l’affranchissement a incité les maîtres à créer un autre groupe d’affranchis appelés libres de savane, parce qu’ils n’avaient pas de titre d’affranchissement légal. Les libres de savane ne pouvaient, sans courir de risques, s’éloigner de la plantation de leur maître : leur statut était ainsi rendu précaire et non héritable. Pourquoi fallait-il limiter le nombre d’affranchis ? Nous touchons ici la clé du système défendu par l’Anonyme. La couleur noire et ses dégradés sont une macule servile indélébile à laquelle s’attache un état d’humiliation que la volonté d’un maître qui décide d’un affranchissement n’est pas en état de supprimer par la même occasion :
« L’exclusion des charges et emplois publics est plus certaine et mieux observée. C’est à cet égard que le préjugé se montre dans toute sa force et il n’est pas possible de songer à le détruire tout à coup par une loi qui aurait certainement le sort de l’édit de 1685 qui avait tout accordé aux gens de couleur. Il n’est pas possible que des êtres qui étaient hier dans l’esclavage soient aujourd’hui dans les premiers rangs de la société, chargés d’emplois qui supposent l’éducation, les mœurs et la confiance générale. On sait que les motifs d’affranchissements prennent presque tous leur source dans des sentiments que la nature inspire mais que la morale n’approuve pas toujours. Est-ce assez pour qu’on livre toutes les charges à des individus qui ne pouvant s’élever jusqu’à elles, les abaisseraient jusqu’à eux !
L’affranchissement est utile à l’esclave qui rentre dans les droits de l’humanité ; au maître parce qu’il satisfait sa justice et qu’il offre un espoir précieux à ses autres esclaves à l’État parce qu’il ajoute à la force politique, mais il est utile aussi, comme état mitoyen entre l’esclavage et la liberté6. »
12La fonction de l’affranchissement apparaît centrale : espérance de l’esclave, correcteur des mœurs coloniales, point d’équilibre de la force politique, état tampon entre les catégories libres et les esclaves. S’éloignant toujours du principe du droit naturel moderne qui affirme l’unité du genre humain et l’universalité du droit, l’Anonyme s’enfonce dans la comparaison entre l’esclavage américain et l’esclavage antique :
« Il fallait chez les Romains une génération entière pour effacer la trace de la servitude, loi qui avait relégué les Affranchis dans les tribus des villes composées de la lie de la nation, ôtait toute espèce d’influence dans les délibérations publiques à ces hommes incapables de s’élever à ces sentiments de grandeur qui caractérisaient le Peuple Roi. Cependant les esclaves des anciens n’étaient que des prisonniers de guerre séparés de leurs vainqueurs par leurs chaînes. Mais le Nègre, dans l’état actuel des choses, est encore plus éloigné de son maître par sa couleur que par la servitude ; la loi qui l’affranchit le soumet en même temps au préjugé qui le note d’une défaveur civile et le sépare de la société. L’affranchi romain était en tout semblable à son patron, la nature n’a pas voulu que l’Affranchi de nos colonies pût se confondre avec le sien7. »
13La différence entre l’esclavage romain et l’esclavage américain est affirmée comme un fait de nature : c’est la nature qui a voulu que l’esclave romain ne soit guère éloigné de son maître, selon l’Anonyme, alors qu’en Amérique sa couleur l’en distingue plus encore que la servitude. Puisqu’il s’agit d’une affaire de nature, il faut alors renoncer à la volonté de la changer : la nature s’impose à la volonté humaine. On pourra convenir que l’argumentation est inexistante puisqu’il s’agit d’énoncer un préjugé. L’Anonyme est enfermé dans une évidence par définition indiscutable et qui repose, de son propre aveu, sur un préjugé. Dans ce sens, l’Anonyme a quitté le domaine de la raison et des Lumières. Selon : seul le changement de couleur offrirait une issue pour changer d’état et atteindre celui de libre-blanc. Ainsi s’esquisserait par la disparition de la couleur noire l’état d’humiliation attaché à cette forme d’esclavage : le nettoyage de l’épiderme des affranchis exigera plusieurs générations, à la différence du système romain.
14Dans le système de l’Anonyme, l’affranchissement légal d’un esclave ne suffit donc pas pour accéder à une liberté entière, ce n’est qu’une première étape. Pourquoi Parce que la liberté n’est pas conçue comme un état naturel de l’humanité : en Amérique, la nature a divisé l’humanité en deux couleurs, nous l’avons vu. L’état de liberté n’est donc pas un état de nature mais une convention politique. La couleur blanche ne suffit donc pas à la liberté réelle, et pour être Colon Américain il y faut la couleur et la propriété, l’éducation, les mœurs et la confiance générale, bref, les capacités pour entrer dans la classe dominante :
« Ainsi l’affranchissement fait donc qu’un esclave cesse de l’être parce qu’il ne faut pour cela que la volonté du maître ; mais l’aptitude à remplir les devoirs du citoyen, et surtout à en exercer les droits, n’est pas aussi facile à créer. En supposant que le temps y conduise la descendance des affranchis, il faut avouer qu’on a peine à concevoir que dans un pays où les quatre cinquièmes et plus de la population sont formés par les esclaves, les parents de ces derniers, à un degré quelques fois très prochain, puissent maintenir l’autorité de la classe dominante sans laquelle il faut s’attendre à des désordres qui amèneraient infailliblement la perte des colonies. Comment le maître qui aurait affranchi un de ses esclaves pourrait-il tenir dans le devoir ceux qui étant les plus proches de celui-ci trouveraient en lui au besoin un secours, un appui ?Comment persuadera-t-on à l’esclave que son maître lui est supérieur, s’il voit son compagnon sortir d’auprès de lui pour être à l’instant même l’égal de son maître ? Si l’intervalle entre la servitude et le titre de citoyen n’est plus rien, vous détruisez le ressort qui maintient une constitution malheureuse peut-être, mais nécessaire. Si cet intervalle est immense et si rien ne montre la possibilité de le rendre moindre, vous excitez le désespoir. C’est par cette dernière raison que les révoltes des esclaves n’ont éclaté d’une manière effrayante que chez les nations qu’on peut appeler républicaines ; chez les Anglais à la Jamaïque, chez les Hollandais dans le Surinam8. »
15L’affranchissement doit être contrôlé contre la volonté même des maîtres qui ont tendance à les multiplier d’une façon qui paraît abusive à l’Anonyme. La classe dominante doit être protégée et renforcée de façon étroitement contrôlée. Le dosage est, on l’aperçoit, délicat et cette société a besoin, selon l’Anonyme, de hiérarchisations parce qu’elle vit dans un état de menace constante due au grand nombre d’esclaves. Une double distance doit être maintenue entre les esclaves et la catégorie des affranchis, et entre les affranchis et la classe dominante, avec des passerelles visibles pour entretenir l’espérance des inférieurs à passer dans la catégorie supérieure, par degrés lents et contrôlés.
« Une constitution malheureuse peut-être mais nécessaire »
16Une forme d’autorité particulière est nécessaire pour maintenir cette constitution malheureuse peut-être mais nécessaire. Le préjugé de couleur est un mal nécessaire. Cette autorité particulière semble avoir obtenu des résultats efficaces et la comparaison avec les régimes « républicains » anglais et hollandais lui confère une excellence reconnue. Le système du préjugé de couleur, dans les colonies françaises, semble avoir permis d’éviter des révoltes d’esclaves dangereuses. Le secret semble résider dans le fait que le préjugé de couleur a bien pénétré dans les cœurs et les esprits des différentes catégories des gens de couleur et l’Anonyme présente, avec une évidente satisfaction, un tableau de sous- racismes en cascade :
« Ce préjugé de la couleur, il faut le dire, n’est pas même celui des Blancs seuls. Le Nègre libre est regardé avec mépris par le Quarteron esclave. Au-dessous de lui par la loi, mais plus près de son maître par la couleur, il se croit supérieur à lui. Une mulâtresse se couvre d’opprobre si elle s’unit avec un Nègre : les mariages de ce genre sont presque sans exemple. Il n’est pas un Nègre qui osât acheter un Mulâtre ou un Quarteron pour s’en servir. Si cette tentative avait lieu, le Quarteron esclave préfèrerait le parti le plus violent, la mort même à un état qui le déshonorerait dans sa propre opinion et tous ceux de sa caste se croiraient obligés de seconder ses projets parce qu’ils partageraient son infamie.
Ainsi une sorte de fierté qui s’accroît à mesure que la nuance s’affaiblit tend à donner une nouvelle force à ce préjugé qui est le ressort caché de toute la machine coloniale. Il peut être adouci, mais non pas anéanti le temps peut avec sa lime sourde, détruire ce qu’il a de grossier mais si on le coupe la machine se brisera avec fracas9. »
17La justification du ségrégationnisme est ainsi achevée. L’Anonyme a véritablement dévoilé le ressort caché de la machine coloniale : le préjugé de couleur est bien le nœud de l’affaire, la nécessité de son maintien a été démontrée par l’expérience. Ce préjugé peut être adouci, mais non anéanti. Ici, l’Anonyme laisse voir un « ségrégationniste modéré »10, entrouvrant la porte d’entrée dans la classe dominante à quelques élus de couleur :
« On laisse M. le Curé très-fort le maître de s’escrimer contre M. Hilliard d’Auberteuil qui a tort de vouloir que le mépris accable la race des Noirs. Il nous semble que des raisons impérieuses qui veulent que l’on maintienne une distance entre les affranchis et les blancs peuvent se passer du mépris. Il ne faut mépriser que les vices. On peut et on doit estimer les vertus partout où elles sont placées et si des motifs politiques, si des institutions sociales marquent des rangs, ce serait une grande faute que de ne pas laisser en commun les qualités qui honorent l’homme dans quelqu’état que le Ciel l’a fait naître. Il est plus d’un homme de couleur à qui les Blancs prouvent que ces principes sont bien connus et qu’il est bon de les fortifier.
[...] que le préjugé des Blancs n’est pas aussi inflexible que vous cherchez à l’établir et que les Gens de couleur peuvent devenir quelques fois d’heureux usurpateurs. »11
18L’Anonyme ségrégationniste nous apprend qu’il ne partage pas le mépris d’Hilliard d’Auberteuil pour la race des Noirs. Le préjugé de couleur, estime l’Anonyme, est attaché aux distances sociales, économiques, morales et politiques, ce qui n’est pas à confondre avec le mépris pour la race. Il révèle aussi que des Gens de couleur ont pu parfois passer dans la classe dominante par une heureuse usurpation. Ces indications rapides laissent penser que la machine coloniale permet cet adoucissement aux quelques heureux qui ont pu, par leur richesse, leur éducation et leur décoloration franchir les distances du préjugé et entrer dans la classe des maîtres libres et blancs.
19L’Anonyme pense dans le cadre du préjugé de couleur qui établit une distance politique et s’oppose à ce que Hilliard d’Auberteuil tente d’introduire : quelque chose de nouveau qui veut prendre la place du préjugé politique en introduisant, à partir d’une différence biologique sélectionnée, une hiérarchie des races, celle qui, précisément, prendra son essor au siècle suivant.
La morale de la « machine coloniale »
20La morale de l’Anonyme se déduit des ressorts secrets de la machine coloniale dans laquelle les mâles de la classe dominante, qui servent de modèle, ne sauraient être accusés de mœurs dépravées :
« Ce commerce illégitime qui offense les mœurs et la Religion est un mal nécessaire dans les Colonies où les femmes blanches sont en petit nombre : il prévient de plus grands vices. Les faiblesses des maîtres les apprivoisent et l’esclavage est adouci. La population y gagne parce que c’est moins le libertinage que le besoin qui préside à ces unions illicites. La chaleur du climat qui irrite les désirs et la facilité de les satisfaire rendront inutiles les précautions du Législateur pour remédier à ces abus, parce que la Loi se tait où la nature parle impérieusement.
[...] Quand M. le Curé d’Emberménil saura que les deux tiers des Affranchis sont du sexe féminin et qu’il rapprochera cela des mœurs de ce sexe, il verra que les causes de l’affranchissement ne sont pas toujours fort dignes de l’éloge d’un Prêtre12. »
21Ce sont les femmes de couleur qui vont répondre à ces conditions naturelles (chaleur et besoin) et entretenir des unions illicites, tellement illicites que la loi même devra se taire là où la nature parle impérieusement. Nous assistons à un retour à la nature qu’aucune loi humaine ne saurait corriger. Il faut sans doute accepter comme relevant de l’empire de la nature le fait que les mâles de la classe dominante soient soumis à la chaleur et au besoin sans dépravation, et les femelles de couleur soient soumises à la chaleur, au besoin et à la dépravation. Ces unions, illicites, doivent le rester. Elles font partie de la morale coloniale et présentent même des avantages : les faiblesses des maîtres deviennent une forme d’apprivoisement entre eux et des femmes de couleur et comme un adoucissement de l’esclavage. Ces rapports « naturels » entre les maîtres et les esclaves apparaissent comme une des causes de l’abus d’affranchissements, expression des faiblesses des maîtres à l’égard de leurs concubines, ce qui explique que la plupart des affranchis soient des femmes, comme le précise l’Anonyme.
22L’abus d’affranchissements trouve ici une explication et renvoie au problème précédemment posé de la nécessité affirmée de les contrôler. L’Anonyme se fait législateur : les unions illicites sont des rapports naturels (chaleur, besoin) que la loi humaine ne peut empêcher, mais qu’elle doit contrôler grâce aux affranchissements légalisés des concubines et des enfants nés de ces unions illicites. La loi doit alors s’imposer aux faiblesses des maîtres, qui seront soumis à une autorité supérieure, celle qui devra régir l’équilibre de la machine coloniale, c’est-à-dire le projet de législation coloniale que propose l’Anonyme.
23L’Anonyme construit une morale coloniale adaptée au préjugé de couleur en introduisant une distinction entre des unions licites entre Blancs et des unions illicites entre les gens de couleurs. Pourquoi a-t-il besoin d’introduire une sphère de rapports naturels autorisant des unions illicites Parce qu’il s’agit de supprimer la législation de l’édit de 1685 qui punissait les unions illicites, autorisait dans certaines conditions les mariages entre gens de couleurs et donnait un statut de libre identique aux Blancs et aux affranchis. Voici les articles de l’édit de 1685 :
« Art. 9. Les hommes libres qui auront eu un ou plusieurs enfants de leur concubinage avec leurs esclaves, ensemble les maîtres qui les auront soufferts, seront chacun condamné en une amende de deux mille livres de sucre. Et s’ils sont les maîtres de l’esclave de laquelle ils auront eu les dits enfants, voulons qu’outre l’amende, ils soient privés de l’esclave et des enfants, et qu’elle et eux soient confisqués au profit de l’hôpital, sans jamais pouvoir être affranchis. N’entendons toutefois le présent article avoir lieu lorsque l’homme libre, qui n’était point marié à une autre personne durant son concubinage avec son esclave, épousera dans les formes observées par l’Église sa dite esclave, qui sera affranchie par ce moyen, et les enfants rendus libres et légitimes.
Art. 59. Octroyons aux affranchis les mêmes droits, privilèges et immunités dont jouissent les personnes nées libres ; voulons que le mérite d’une liberté acquise produise en eux, tant pour leurs personnes que pour leurs biens, les mêmes effets que le bonheur de la liberté naturelle cause à nos autres sujets13. »
24Nous voyons comment l’introduction d’une sphère d’unions illicites dans la société coloniale permet de supprimer purement et simplement la forme de légalisation qu’autorisait l’article 9, tandis que les sous-catégories qui hiérarchisent la classe des libres de couleur, en distinguant les Nègres, les Mulâtres et les Quarterons, suppriment l’égalité en privilèges qu’accordait l’article 59 à tous les sujets libres, quelle que soit leur couleur.
25L’Anonyme affecte de considérer que la proposition de décret formulée par Grégoire dans son Mémoire, en réclamant de façon immédiate et provisoire une égalité en droit entre les libres de toutes les couleurs, n’est qu’un retour à l’édit de 1685 et aurait un caractère périmé puisque le préjugé de couleur l’a anéanti depuis plus d’un siècle : « L’assimilation parfaite des gens de couleur aux Blancs sera la répétition de l’Edit de 1685 et l’on a vu que le préjugé avait contrarié la Loi depuis cent quatre ans14.
26L’Anonyme insiste : Raimond et Grégoire n’ont pas compris la nécessité du préjugé de couleur, son utilité, son caractère constituant dans la société coloniale nouvellement formée. Ils n’ont pas compris le caractère stratégique de la catégorie humiliée des libres de couleur comme élément de la sécurité des colons menacés par le grand nombre d’esclaves. Il faut donc encore marteler que le maintien du préjugé de couleur est indispensable à l’équilibre de la machine coloniale :
« On le répète, toute loi qui aura pour objet de frapper violemment le préjugé sera affreuse dans ses conséquences...
Les Affranchis sont un genre de sauvegarde pour nos Colonies, contre les Esclaves auxquels ils offrent une perspective consolante mais ils ne sont utiles qu’autant que leur intérêt accroît leur attachement pour les Blancs.
Cependant si le grand nombre des Esclaves a ses dangers pour la sûreté, celui des Affranchis n’en a pas moins pour les mœurs et pour l’esprit national qui s’altèrent en passant par des hommes qui ont été dégradés par la servitude. Il serait donc dangereux d’accorder beaucoup d’affranchissements à la fois. Il faut s’arrêter à cette observation générale que les Affranchis ne doivent pas être aussi nombreux que les Ingénus qui avec les prérogatives doivent encore conserver la force qui les maintient.
Tel est l’empire des préjugés lorsqu’ils tiennent à la Constitution d’un Pays, qu’on ne doit y toucher qu’avec la plus grande circonspection. »15
27L’Anonyme législateur propose un critère pour limiter le nombre d’affranchissements : les ingénus16 doivent rester plus nombreux que les affranchis.
28Mais au fait, où sont passés les ingénus de couleur ? Car, dans la réalité de cette société coloniale esclavagiste, il existait bien des ingénus nés de parents libres de couleur et qui ont disparu du système que propose l’Anonyme. Si l’on a bien compris sa conception de la division de l’humanité en deux couleurs, aux Amériques, un ingénu de couleur est impensable : à cause de la macule servile indélébile, un être de couleur ne peut plus être ingénu mais au mieux affranchi, c’est-à-dire appartenant à un état intermédiaire entre celui d’esclave ou Nègre et celui de libre ou Blanc, état concédé sous contrôle par la classe dominante.
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen est la terreur des colons
29Nous avons souligné que l’Anonyme affectait de croire que Raimond et Grégoire voulaient rétablir l’édit de 1685. Or, ces derniers se réfèrent à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen et ont exprimé un projet, non de retour à une société coloniale esclavagiste du temps de Colbert, mais d’une société nouvelle à construire en remplacement de la société coloniale esclavagiste et ségrégationniste, ce qui est bien différent. L’Anonyme en convient cependant lorsqu’il se dresse contre une éventuelle application de la Déclaration des droits dans les colonies et qu’il avoue que l’esprit du Mémoire de Grégoire est celui de la Déclaration des droits. Ce n’est donc pas seulement l’édit de 1685 qui est périmé, en amont, c’est aussi celui de la Déclaration des droits qui, en aval, est incompatible avec l’existence des colonies :
« Lorsqu’on croit arrêter M. Grégoire par la crainte que les Esclaves ne veuillent à leur tour devenir les égaux des Blancs, il répond (p. 29) Pauvre vanité! je vous renvoie à la déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, tirez-vous s’il se peut17.
Mais M. le Curé a-t-il pris garde lui-même que tout son Mémoire ne roule que sur ce point, que la déclaration des droits de l’Homme n’est pas faite pour les Colonies. Il parle de la richesse des gens de couleur, de l’importance dont ils font (sic) pour retenir les Nègres dans le devoir ; il compte sur le quart de leurs revenus, sur leur cautionnement. Eh ! Que deviendra tout cela si la déclaration des droits de l’Homme est admise partout18 ? »
30L’Anonyme développe à nouveau les propositions déjà formulées par des députés des colons en faveur d’une constitution spécifique aux colonies pour échapper à la Déclaration des droits, et introduit l’idée, qui sera reprise ultérieurement, de confier aux seules assemblées coloniales la législation sur les personnes (esclaves et libres de couleur) :
« L’Assemblée nationale moins hardie que le Curé d’Emberménil n’a pas tranché la question et on doit croire qu’elle ne la tranchera pas, on en a sa prudence pour garant. Elle n’ignore pas que ce n’est point avec du sang qu’il faut cimenter les révolutions pour les rendre durables. Elle sait bien que la constitution qu’elle a faite a pour objet la paix du Royaume et le bonheur de ses habitants. Elle sait que les millions d’hommes que le commerce des Colonies fait vivre, sont persuadés que le pain est le premier ar0ticle de toute constitution et que les droits ne suffisent pas et sont même dangereux pour des hommes affamés. Elle sait qu’un État peuplé de 26 millions d’habitants et qui dure depuis plus de treize siècles n’est pas un État à former mais un État existant qui a, si l’on peut s’exprimer ainsi, un tempérament politique à conserver. Enfin l’Assemblée Nationale qui sentira bien que la déclaration des droits de l’Homme n’est pas une plante de tous les climats la gardera dans celui où elle ne peut produire que des fruits utiles. Elle déclarera à coup sûr que, par ses décrets, elle n’a entendu rien innover à l’existence politique des Colonies, et elle aura encore assez de bien à y réaliser pour qu’il ne soit pas indigne d’elle d’y faire préparer, par les Colons eux-mêmes, la constitution qui leur est propre, et qu’ils soumettront ensuite à son approbation.
C’est lors du travail de cette constitution et à cette époque seule qu’on pourra examiner dans les Colonies si le moment est venu de faire pour les Gens de couleur quelque chose qui marque encore mieux les sentiments des Colons pour eux. Le prescrire, c’est entamer cette constitution, c’est faire ce que l’Assemblée Nationale veut éviter ; c’est préparer sans utilité des semences de division et de haine ; c’est préparer tous les maux19. »
31Nous avons vu que, pour l’Anonyme, l’esclavage et le préjugé de couleur sont un mal nécessaire tandis que la Déclaration des droits, défendue par Grégoire dans une perspective de reconnaissance des droits des personnes et de libération des peuples de l’oppression, est vue comme semences de division et de haine et préparation de tous les maux. C’est alors la critique du système colonialiste exprimée par Grégoire qui suscite les justifications de l’Anonyme. L’anticolonialisme de Grégoire est repéré par l’Anonyme dans les expressions suivantes : « M. Grégoire est bien convaincu de l’inutilité des Colonies pour la Métropole », « M. le Curé est fort tranquille sur la perte des Colonies. »20
32Au vœu exprimé par Grégoire de voir une insurrection des peuples des deux côtés de l’Atlantique pour se libérer des puissances conquérantes, l’Anonyme oppose une vision d’entente des colonialistes d’Europe et des États-Unis pour maintenir, partout, l’esclavage et le préjugé de couleur : deux cosmopolitiques s’affrontent ici, celle de la liberté et des droits de l’humanité, celle de la division des peuples et des sociétés en classes dominantes et classes dominées.
33L’Anonyme présente « le Curé Grégoire » comme un fanatique révolutionnaire dangereux :
« Si le Mémoire n’était pas avoué par le Curé d’Emberménil, on le croirait de quelque fanatique révolutionnaire qui a cru utile à sa réputation d’exciter six cents mille hommes à s’entr’égorger.
Et quoi... d’un Prêtre est-ce là le langage !
Est-ce là le langage d’un représentant de cette belle Nation qui vient de reprendre le pouvoir législatif et qui est responsable à l’univers entier de l’usage qu’elle en fera ! Est-ce là le langage d’un ministre d’une religion dont le Fondateur a donné l’exemple de la sagesse et de la soumission ! Est-ce là enfin la morale que l’Assemblée nationale a chargé l’Abbé Grégoire de prêcher aux Gens de couleur lorsqu’ils viendraient faire vérifier leurs pouvoirs au Comité dont il est membre21 ! »
34Les principes de raison et d’humanité que défend Grégoire sont irréalistes et impuissants devant la nature de la société coloniale divisée en deux couleurs. Le préjugé de couleur s’imposera à la philosophie des droits de l’homme et du citoyen qui a un caractère dangereux :
« Tel est l’empire des préjugés lorsqu’ils tiennent à la Constitution d’un Pays, qu’on ne doit y toucher qu’avec la plus grande circonspection. Celui qu’on est obligé de montrer ici tel qu’il existe s’affaiblira sans doute, et pour le faire espérer une observation s’offre naturellement. C’est qu’il a toujours diminué et même lorsque ceux de la Métropole acquéraient de la force, quoiqu’ils fussent plutôt dépendants de l’opinion que de la nature des choses.
Ce qui se passe dans le Royaume ne saurait manquer d’influer sur ce qui peut avoir été exagéré et qu’on peut adoucir ; mais le temps, et le temps seul, peut achever son ouvrage. On peut dire ici comme les administrateurs d’une Colonie le marquaient au ministre de la Marine à la fin de 1786 : « Une loi directe rendue en faveur des Affranchis produirait le seul effet de révolter l’opiniâtreté des Blancs. Nul corps dans la Colonie dont tous les Membres ne prissent désormais plus de soin pour vérifier l’extraction des Candidats proposés et ne fussent fermement résolus à exclure les origines suspectes. Tous souffriraient sans qu’aucun en recueillît le fruit. L’autorité soutenue du cri de la raison et de celui de l’humanité ne serait pas en état de combattre ouvertement cette opinion et d’en triompher. Une meilleure éducation, une conduite plus réservée, des mœurs plus épurées peuvent amener des changements qui seront aidés et favorisés par ceux même qui dans cet instant, les trouvent dangereux, à cause de la situation où des écrits incendiaires ont mis des esprits dont l’inquiétude suffit pour inspirer la terreur22. »
35L’entrée dans la classe des Blancs, la classe dominante, doit être sévèrement contrôlée par une stricte recherche de l’origine : c’est la clé de voûte de la machine coloniale, le point sensible du système qui ne cèdera ni au cri de la raison, ni à celui de l’humanité.
36On a bien lu : le cri de la raison et celui de l’humanité, c’est-à-dire les principes de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, inspirent la terreur chez les défenseurs de l’esclavage et du préjugé de couleur : tel est l’ennemi.
L’humiliation comme culture du préjugé de couleur
37L’Anonyme renvoie le Curé Grégoire à son ministère religieux et lui dicte ses devoirs de prêtre selon ses propres conceptions d’une Eglise soumise à l’ordre colonial :
« Il est des lieux où la religion autorise les Ministres à parler de l’égalité chrétienne ; mais l’égalité civile n’est pas leur mission. Un Capucin en a dit un mot à la Martinique et des esclaves l’ont pris pour un signal de révolte. Plusieurs d’entre eux ont expié leurs erreurs et la tête du fanatique fugitif restera chargée du sang qu’il a fait couler. L’Assemblée Nationale pourra-t-elle voir tranquillement qu’on lui propose de publier un manifeste qui amènerait des convulsions capables d’ébranler le Royaume23 ? »
38En ce qui concerne Julien Raimond, l’Anonyme n’a pas reculé devant l’insulte en présentant la demande d’une représentation des libres de couleur à l’Assemblée nationale comme celle de l’ordre des Mulâtres :
« Le calme succède enfin à cet orage pour rechercher si les gens de couleur qui sont à Paris doivent avoir des Députés à l’Assemblée Nationale et M. le Curé conclut pour l’affirmative. Ainsi l’on verrait à l’Assemblée Nationale l’ordre des Mulâtres et quatre vingt d’entre eux de tout âge, de tout sexe, domestiques, esclaves, appelés de toute part, seraient chargés du choix de ces Députés d’une espèce nouvelle ! L’Assemblée Nationale ferait former une députation pour trente mille individus, séparés d’elle de deux mille et même de cinq mille lieues et séparées entre eux-mêmes et ce serait 80 individus qui délibéreraient sur tout et viendraient par ce fait même entamer la Constitution des Colonies ! Si cela arrivait, on pourrait dire que l’Assemblée Nationale a des principes de toute couleur et qu’elle change avec les circonstances24. »
39Or l’Anonyme nous a prévenus, confondre les sous-catégories des sang-mêlé est une insulte dans les colonies :
« Quant aux distinctions Mulâtre libre, Quarteron libre etc., elles ont été la suite de l’amour-propre de ceux même à qui elles appartiennent. Si M. Grégoire était Curé d’une Paroisse des Colonies et qu’il s’avisât de dire d’un Quarteron libre en le mariant qu’il n’est que Mulâtre libre, il verrait bientôt que cette hiérarchie colorée a aussi ses principes dans l’orgueil comme toutes les autres25. »
40Les gens de couleur réunis à Paris sont-ils tous Mulâtres ? Alors pourquoi cette parole choisie pour blesser ?
41En dernière page, on trouve, non pas un nom, mais des initiales, P.U.C.P.D.D.L.M. : signe de reconnaissance, à l’évidence, qui laisse apercevoir et cache à la fois de mystérieuses alliances réservées à la classe dominante.
Notes de bas de page
1 Observations d’un habitant des Colonies sur le Mémoire en faveur des gens de couleur ou sang-mêlés de Saint-Domingue et des autres îles françaises de l’Amérique, adressées à l’Assemblée Nationale par M. Grégoire, curé d’Emberménil, député de Lorraine, anonyme, s.l., 16 décembre 1789, 68 p., signé des lettres P.U.C.P.D.D.L.M.
2 Ibid., p. 5.
3 Ibid., p. 3, souligné dans le texte.
4 Ibid., p. 11, souligné dans le texte.
5 Ibid., p. 12.
6 Ibid., p. 18.
7 Ibid., p. 19.
8 Ibid., p. 20, souligné dans le texte.
9 Ibid., p. 22, souligné dans le texte.
10 Voir Y. DEBBASCH, Couleur et liberté, op. cit., Livre 1, chap. 3, Pour un aménagement du critère de couleur, p. 106-117. Nous reprendrons cette question un peu plus loin.
11 Ibid., p. 25.
12 Ibid., p. 41 et 36.
13 L. SALA-MOLINS, Le Code Noir ou le calvaire de Canaan, PUF, 1987, p. 108 et 200.
14 Observations d’un habitant des Colonies, op. cit., p. 59.
15 Ibid., p. 64.
16 Terme propre aux sociétés esclavagistes qui signifie : né libre par opposition à l’enfant d’une esclave, « né » esclave ou plus exactement sans naissance sociale notoire. Voir à ce sujet, Émile Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, Paris, 1969, t. 1, « L’esclave, l’étranger », p. 355 et s.
17 Grégoire a écrit : « tirez-vous en s’il se peut ».
18 Ibid., p. 49.
19 Ibid., p. 50.
20 Ibid., p. 59 et 51.
21 Ibid., p. 26.
22 Ibid., p. 65, souligné dans le texte.
23 Ibid., p. 62.
24 Ibid., p. 37, souligné dans le texte.
25 Ibid., p. 13.
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