Chapitre IV. Le complexe conventuel
p. 119-186
Texte intégral
1Inscrits dans l’entreprise d’expansion internationale mendiante1, les couvents de l’aire française septentrionale que nous étudions étaient a priori soumis aux principes formels et fonctionnels propres aux ordres. Néanmoins, le parti constructif et l’aménagement territorial des enclos s’adaptaient aux besoins spécifiques de chaque communauté2, avec diverses variantes, suivant l’époque. Nous examinerons ici dans quelle mesure ces contingences infléchissaient sur la configuration architecturale même des complexes mendiants. Nous brosserons donc le panorama des composantes conventuelles, à savoir l’église, le cloître, les bâtiments indépendants et les dépendances. En envisageant le profil monumental de ces unités, nous nous pencherons d’abord sur l’adaptation de celles-ci aux impératifs de la vie du couvent. Nous nous intéresserons ensuite aux facteurs de cohésion interne et externe des bâtiments en vue de l’obtention d’un ensemble organique.
2Mais, dans la région qui nous intéresse, les vestiges monumentaux sont extrêmement lacunaires et les sources reflètent généralement l’état des édifices à la dernière période médiévale. Toutefois, les évocations historiques, les aperçus descriptifs, ainsi que les archives conventuelles relatives aux restaurations et remaniements des bâtiments nous permettent souvent une vision diachronique de l’architecture conventuelle. Certes, faute d’éléments assez nombreux, notre recherche ne peut aboutir à une présentation exhaustive de chaque cas, mais elle s’attachera à établir une vision l’ensemble suffisamment détaillée et, par conséquent, représentative.
Les unités architecturales
Le carré claustral
3La composition des carrés claustraux mendiants suivait la tradition monastique de l’association de l’église avec le cloître3 qui formaient le noyau fondamental de la vie religieuse communautaire. Toutefois, le caractère même des ordres, les activités de chaque communauté, ainsi que le contexte religieux de la localité d’accueil, induisaient des caractéristiques architecturales particulières. Celles-ci, selon leur importance, étaient appliquées uniformément dans une région, ou généraient des variantes. Ainsi, tant pour le plan que pour l’élévation et pour l’aménagement intérieur, les églises et les cloîtres mendiants de la région que nous étudions présentaient entre eux des affinités marquantes dans la conception et l’exploitation de l’espace. Toutefois, l’introduction des traits spécifiques à chaque édifice enrichissait la trame architecturale commune.
L’église
Plan au sol
Forme et dimensions générales
4À l’examen des configurations au sol des édifices cultuels mendiants des régions étudiées, nous constatons que le plan rectangulaire allongé était rigoureusement appliqué. En outre, le désir de simplicité et la quête d’unification spatiale (notamment en vue des prédications) imposaient l’abolition de toute partie architecturale perturbant ce schéma primaire. Ainsi, le transept, le déambulatoire et les chapelles rayonnantes étaient systématiquement éliminés.
5Néanmoins, malgré cette généralisation du parti longitudinal simple, les édifices cultuels se différenciaient premièrement par leurs dimensions. Celles-ci variaient selon l’importance numérique de la communauté, la munificence des fondateurs et le nombre des fidèles accueillis. Certes, ces données étaient sujettes à des modifications qui se répercutaient sur la superficie des églises, souvent agrandies au cours du Moyen Âge par l’allongement de l’édifice initial et l’adjonction de bas-côtés ou de chapelles latérales. D’après les sources, qui pourtant ne fournissent pas systématiquement les dimensions des églises, nous remarquons une nette différence d’ampleur entre les édifices cultuels des branches masculines et féminines. Les églises des sœurs cloîtrées étaient par définition vouées à la célébration liturgique et non à la prédication à l’intention des fidèles. Par conséquent, du fait du nombre limité de ceux-ci, elles étaient de dimensions sensiblement moindres. L’église des Clarisses verdunnoises, par exemple, ne mesurait que 26 mètres sur 10. Celles des Dominicaines valenciennoises et nancéiennes mesuraient respectivement 30 mètres sur 12 et 36 mètres sur 12, 5. L’édifice cultuel des Dominicaines messines, initialement long de 30 mètres et large de 9, avait quant à lui été élargi sur son tiers oriental par l’adjonction (vers le nord) d’un collatéral mesurant 12 mètres sur 3, et cela, précisement, pour l’accueil des fidèles (fig. 31).
6En revanche, les églises des frères, destinées aussi bien à l’usage liturgique qu’aux prédications et à l’accueil des ouailles, dépassaient le plus souvent les 40 mètres de long. Citons, à titre indicatif, les édifices cultuels des Dominicains et des Augustins (fig. 33) rouennais, qui mesuraient respectivement 41 mètres sur 15 et 46 mètres sur 10,5. L’église dominicaine d’Argentan était longue de 53 mètres et large de 12, et les églises des Dominicains caennais et des Carmes rémois atteignaient les longueurs respectives de 504 et de 52 mètres5. Encore plus grand, l’édifice cultuel des Franciscains rémois mesurait 60 mètres sur 12 tandis que les églises des Franciscains ébroïciens et des Dominicains messins affichaient, respectivement, les dimensions considérables de 70 mètres sur 20 et de 81 mètres sur 22. Toutefois, les édifices cultuels masculins présentant une superficie relativement réduite ne faisaient pas totalement défaut, mais leur nombre était très limité. Nous pouvons mentionner ici, à titre d’exemple, l’église franciscaine de Sées, qui mesurait seulement 36 mètres sur 14.
Le chevet
7Indépendamment de la superficie variable des églises, leur allongement était particulièrement notable : une extension longitudinale souvent triple, voire quadruple de la largeur conférait ainsi à l’édifice un caractère imposant, tout en canalisant la dynamique du plan vers le chevet, partie prééminente de par son caractère sacré et sa fonctionnalité multiple. L’importance de l’espace des frères se traduisait d’ailleurs par son ampleur : situé dans le prolongement du vaisseau principal et de largeur systématiquement identique à celui-ci, le chevet avait une longueur presque du même ordre que l’aire des fidèles. Ainsi, chez les Franciscains de Beauvais, le chevet était long de 15 mètres et la nef de 206. Chez les Dominicains de Compiègne l’aire des frères avait une longueur de 28 mètres et la nef de 387. Dans la même ville, l’église des Franciscains présentait un chœur long de 28 mètres et une nef longue de 30 mètres8. Les Franciscains verdunnois disposaient d’un chevet de 2 mètres plus court que la nef qui mesurait, elle, 26 mètres (fig. 5). De même, dans les églises féminines, où le chœur liturgique était desservi par les frères officiants tandis que les sœurs suivaient l’office depuis leur propre chœur, la longueur du chevet n’était pas sensiblement inférieure à celle de l’espace des fidèles. Nous pouvons ainsi mentionner le cas de l’édifice cultuel des Dominicaines valenciennoises, qui comportait un chœur de 12 mètres et une nef de 18 (fig. 34). Chez les Clarisses de Verdun, le chevet long de 10 mètres était situé dans le prolongement de la nef longue de 16 mètres.
8Cette quasi équivalence des dimensions du chevet et de la nef était respectée lors des augmentations postérieures de la longueur des églises. Dès lors que le nombre croissant des frères imposait l’allongement du chevet, la longueur de la nef était également agrandie, et inversement. Outre le fait qu’elle reflétait les impératifs d’accueil des édifices, cette analogie devenait aussi le symbole formel de l’équilibre fondamental entre la liturgie et l’apostolat, qui constituaient à termes égaux la mission des ordres mendiants. Ainsi, chez les Franciscains de Valenciennes, la construction, au xive siècle, d’un nouveau chœur long de 26 mètres fut le corollaire de l’élongation de la nef qui occupa tout l’espace du chœur primitif (fig. 38). Dans la même ville, en raison du nombre important des nouvelles recrues, l’église des Dominicains fut pourvue en 1275 d’un nouveau chœur long de 13 mètres, dans le prolongement de la nef qui fut également allongée d’environ 7 mètres et demi9.
9Quant à leur plan, comme nous l’avons relevé d’emblée, la majorité des chevets mendiants respectaient la simplicité du tracé général. L’abside était donc le plus souvent plate10, ou comportait trois11 ou — moins fréquemment — cinq pans12. La multiplication des pans était exceptionnelle : rares étaient les absides à sept pans, comme celle des Dominicains amiénois13. La même constatation s’applique aussi aux absides semi-circulaires, dont deux exemples sont fournis par les églises des Franciscains (fig. 22) et des Augustins de Bayeux. Signalons aussi l’église des Dominicains de Metz qui comportait un chevet semi-circulaire bordé de cinq chapelles rayonnantes se terminant par des absides à trois pans14. Il faut cependant souligner que ce choix avait été conditionné par le contexte même de la construction du couvent dominicain. En effet, les frères étaient placés dès 1221 sous la protection des prélats messins15, et l’érection de leur église, au milieu du xiiie siècle, coïncida avec l’épiscopat de Jacques de Lorraine16. Son intense activité édilitaire, entre 1239 et 1260, intégra également l’édifice cultuel dominicain. On conféra alors au chevet de cet édifice les traits formels de l’architecture gothique rayonnante.
Nef(s) et collatéraux
10La nef des églises mendiantes comportait parfois un vaisseau unique qui avait généralement la même largeur que le chœur. C’était le cas chez les Franciscains d’Étampes, les Dominicains de Cambrai, les Clarisses de Bar-le-Duc (fig. 26) et les Augustins de Bayeux. Rares étaient les cas où le vaisseau unique était prolongé par un chœur plus étroit, comme dans l’église des Clarisses de Verdun.
11En effet, la nef principale était le plus souvent flanquée d’un ou de deux bas-côtés, généralement ajoutés a posteriori afin de répondre aux besoins croissants d’accueil des fidèles et des sépultures. Toutefois, moins longs et plus étroits que la nef, les collatéraux n’affectaient pas le caractère général du plan, qui conservait son caractère longitudinal accusé. En outre, étant donné qu’ils étaient destinés aux ouailles, les bas-côtés ne se développaient souvent que jusqu’à la naissance du chœur. Ils concouraient ainsi à la délimitation explicite de l’aire des frères. Nous pouvons citer à cet égard l’exemple de l’église des Dominicains de Troyes, agrandie dans le dernier quart du xive siècle au moyen d’un collatéral septentrional17. Celui-ci, mesurant 25 mètres sur 5, avait la même longueur que le vaisseau principal mais était considérablement plus étroit que ce dernier, qui atteignait une largeur de 12 mètres (fig. 4). De même, le bas-côté accolé au nord de l’église augustinienne de Verdun à la fin du xive siècle égalait en longueur la nef mais, large de 5 mètres, était de 2 mètres plus étroit que le vaisseau principal (fig. 24).
12Les bas-côtés faisant partie intégrante du plan dès la construction de l’église étaient plus rares et s’étendaient souvent sur toute la longueur de l’édifice (jusqu’à la naissance de l’abside du moins). Mentionnons, à titre d’exemple, les églises des Carmes (fig. 39) et des Dominicains messins, ainsi que celle des Dominicains gantois (fig. 40). Ailleurs, les deux collatéraux flanquaient seulement la nef, dans le prolongement de laquelle s’étendait le chœur. C’était le cas de l’église des Franciscains de Verdun (fig. 5), ainsi que celles des Franciscains (fig. 38) et des Dominicains valenciennois, après les remaniements qui y furent apportés respectivement au xive et à la fin du xiiie siècle. Toutefois, dans les deux configurations, les bas-côtés étaient de largeur sensiblement inférieure à celle de la nef principale, afin sans doute de mettre en exergue la partie médiane de l’église, située dans l’axe de l’abside et de l’autel majeur.
13Le plan consistant en deux nefs jumelées était appliqué à l’église des Dominicains parisiens (fig. 41) et des Carmes caennais (fig. 12). Dans le cas de l’église parisienne, le plan était conçu ainsi dès le xiiie siècle18. En revanche, à Caen, les Carmes ajoutèrent a posteriori, au sud de l’unique vaisseau de leur église, une seconde nef reproduisant le plan et les dimensions de l’édifice initial19.
Les chapelles latérales
14L’attachement croissant des fidèles aux Mendiants incita ces derniers à annexer à leurs églises des dispositifs architecturaux propres à accueillir les diverses manifestations pieuses de la fin du Moyen Âge. Ainsi furent greffées, le long des nefs et au chevet, des chapelles latérales vouées tant à l’usage funéraire20 qu’aux dévotions particulières des familles, des confréries et des corporations21. Toutefois, de par leurs dimensions restreintes et par leur emplacement latéral, ces adjonctions étaient totalement subordonnées au plan principal de l’église, où prédominait toujours le tracé rectangulaire et longitudinal. Par ailleurs les communautés, soucieuses sans doute de préserver le caractère initial de leurs édifices (ainsi que de leurs abords), contrôlaient et régulaient vraisemblablement la configuration au sol des futures chapelles22. Cette opération était à l’évidence plus aisée lors de fondations simultanées. Ainsi, chez les Franciscains troyens, les quatre chapelles carrées alignées contre l’extrémité occidentale du bas-côté dataient toutes du xvie siècle (d’après les sépultures de leurs fondateurs). L’uniformité de leurs tracés et leurs dimensions modestes n’altèrent donc pas l’effet d’élongation produit par le vaisseau principal (fig. 35). De même, d’après les archives conventuelles, les six chapelles greffées au nord de l’église des Dominicaines nancéiennes furent érigées entre le xive et le xve siècle23. À défaut d’être identiques, leur forme rectangulaire, leurs dimensions ramassées et leur alignement rigoureux ne perturbaient pas la configuration au sol de l’église principale ce qui pouvait cependant survenir dans le cas de fondations incontrôlées. Ce fut le cas dans l’église des Carmes valenciennois, dont le plan fut complètement noyé au fur et à mesure de l’adjonction de chapelles latérales de part et d’autre de la nef24. Ce fut seulement au début du xviie siècle que les religieux réunirent ces constructions annexes dans deux bas-côtés réguliers25.
15L’adaptation systématique du plan des chapelles à celui des églises était appliquée également aux édifices funéraires indépendants. Citons l’exemple des Franciscains valenciennois : en 1353, le comte Guy de Blois érigea au nord-est du chœur une chapelle indépendante, destinée aux sépultures familiales26. Cet édifice, composé d’une courte nef et aboutissant à une abside à trois pans27, reproduisait fidèlement un plan typique d’église mendiante28.
Le cas des églises des communautés féminines
16L’obligation des sœurs de suivre les offices depuis leur propre chœur, sans investir l’espace du chevet, imposait la présence d’une pièce supplémentaire annexée au corps principal de l’église. Souvent situé dans le prolongement du vaisseau principal en face du chœur29, l’espace des sœurs pouvait aussi être greffé au chevet. Le chœur des religieuses était alors soumis aux même principes que les chapelles privées annexées au chevet : de forme rectangulaire et de dimensions modérées, il ne contrariait pas la configuration du plan général. Nous pouvons évoquer, à cet égard, les églises des Dominicaines de Valenciennes et des Clarisses de Verdun.
L’élévation extérieure30
La structure
17Matérialisation verticale du plan au sol, l’élévation extérieure des églises mendiantes était régie par les mêmes principes de simplicité et de lisibilité. Ainsi les composantes structurelles des bâtiments reflétaient à l’extérieur la hiérarchie de l’organisation horizontale de l’ensemble tout en en préservant l’unification.
18La hauteur moyenne des églises est rarement précisée dans les sources. Toutefois, nous apprenons que l’édifice cultuel des Augustins rouennais atteignait 24 mètres31 (fig. 42), la nef principale des Dominicaines de Metz 20 mètres32, celle des Dominicains langrois dépassait 13,5 mètres33, tandis que chez les Augustins de Metz le vaisseau principal s’élevait approximativement à 8 mètres34. Certes, l’importante fluctuation illustrée par ces exemples ne permet pas d’établir un bilan précis de la hauteur des églises. Toutefois, les sources témoignent d’une nette différence de taille entre le vaisseau principal, les collatéraux et les chapelles annexées. En toute logique, la nef principale, abritant l’espace des frères et l’aire centrale des fidèles, dépassait le plus souvent en hauteur les autres parties de l’église. Pour ne citer que deux exemples caractéristiques, chez les Dominicains de Reims, la hauteur du vaisseau principal était le triple de celle des collatéraux tandis que chez les Clarisses de la même ville les bas-côtés n’atteignaient que le quart de la hauteur de la nef. De même, les chapelles latérales qui se greffaient, respectivement, au flanc méridional et septentrional des églises dominicaines de Douai (fig. 13) et de Paris ne dépassaient pas la mi-hauteur du vaisseau principal. Au sein de celui-ci, le chevet était souvent plus haut que la nef, ce qui se répercutait sur la toiture qui présentait souvent un décrochement à l’articulation des deux espaces. Nous pouvons mentionner ici les églises des Dominicains d’Évreux et de Valenciennes, des Franciscains de Cambrai, ainsi que des Augustins de Paris (fig. 43). Il convient de signaler aussi le cas, moins fréquent, des deux nefs parallèles de hauteur égale et à toitures indépendantes, illustré par l’édifice cultuel des Carmes caennais (fig. 12).
19Dans tous les cas, le vaisseau principal s’imposait en tant que corps majeur. De volume bien plus considérable que les collatéraux, il englobait d’ailleurs souvent ceux-ci au moyen d’une toiture commune. En effet, le toit à double pente (qui était de rigueur pour les églises mendiantes) se prolongeait souvent au-dessus des bas-côtés : ceux-ci se résolvaient ainsi en amplifications organiques de la nef, depuis l’extérieur du moins. Nous pouvons mentionner ici l’église dominicaine de Troyes, où le versant septentrional de la toiture couvrait aussi le bas-côté, ainsi que l’édifice cultuel des Carmes arrageois dont le toit à double pente se surimposait à la nef et aux deux collatéraux. La volonté d’unir les principales composantes ecclésiales dans un seul volume était manifeste dans l’église des Dominicains parisiens, où les deux nefs parallèles étaient dissimulées sous la même toiture (fig. 43). Toutefois, le couvrement indépendant des bas-côtés n’était pas exclu, car sa mise en œuvre était à l’évidence plus aisée lors des adjonctions postérieures. Il importe cependant de souligner que le volume des collatéraux était nettement subordonné à celui du vaisseau principal. Un rapport analogue était en outre établi entre la nef et les chapelles latérales indépendantes : les églises franciscaine (fig. 7) et dominicaine (fig. 13) de Douai figurant sur le plan en relief de la ville illustrent respectivement ces deux cas de manière flagrante. Un échelonnement des masses plus hiérarchisé était obtenu quand la nef principale était flanquée de deux collatéraux couverts en appentis, et se dressait au milieu d’eux comme si elle prenait appui sur un socle. L’église des Carmes rémois offre un bon exemple de cette disposition.
20La verticalité des églises était quelque peu accentuée par la présence des clochers. Ceux-ci étaient majoritairement de taille réduite (conformément aux prescriptions mendiantes et aux exigences des autorités ecclésiastiques locales35) et de forme carrée36 ou octogonale37. Outre leur fonctionnalité, les clochers jouaient aussi le rôle d’« enseigne » des églises : dressés sur le faîte de ces dernières, ils étaient souvent placés à la limite entre le chœur et la nef afin de baliser, à l’extérieur, la compartimentation majeure de l’espace ecclésial. Nous pouvons mentionner ici les exemples des Franciscains d’Amiens38 et de Paris, des Clarisses de Bar-le-Duc (fig. 26) ainsi que des Dominicains berguois et parisiens (fig. 44). Par ailleurs, l’implantation fréquente des clochers à l’extrémité de la toiture exposée vers une rue ou un espace public attenants était un moyen de notifier aux fidèles le caractère sacré de l’édifice. Citons le cas de l’église des Dominicaines de Valenciennes (fig. 8), des Dominicains et des Carmes messins ainsi que des Augustins d’Amiens. Certes, l’accentuation verticale était davantage marquée par des clochers en forme de tour. Ces derniers, malgré leur proscription formelle au xiiie siècle, apparurent aux siècles suivants en concomitance avec l’adoucissement de la réglementation édilitaire mendiante. Les clochers-tours flanquaient le plus souvent le chevet, comme aux églises dominicaines de Reims et de Langres. Parfois, ils étaient également greffés au flanc latéral de l’édifice, alignés sur la façade comportant le portail principal : c’était le cas de l’église franciscaine de Caen.
21Les murs des églises offraient de grandes surfaces souvent planes ou scandées par des contreforts. Ces derniers, prévus pour répondre aux nécessités d’épaulement, présentaient (à quelques exceptions près39) un aspect résolument simple : rectangulaires ou à ressauts, d’épaisseur moyenne, ils s’intégraient à la surface murale en assumant un rôle formel, sans pour autant substituer l’effet esthétique à la fonctionnalité. Citons l’exemple d’une des rares constructions de ce type conservées, le chevet de l’église franciscaine de Valenciennes (fîg. 45). Le même édifice illustre d’ailleurs un autre mode d’articulation murale dicté par des impératifs de stabilité : la partie basse du chevet est ceinte d’un mur bahut couronné d’un glacis sur lequel prennent naissance les contreforts. Ce dispositif, qui consolide le bâtiment et lui ménage formellement un socle, était appliqué également aux chevets des églises des Franciscains d’Abbeville (fig. 25), de Reims (fîg. 10) et de Metz, ainsi que le long des chapelles latérales de l’édifice cultuel franciscain de Rouen. Dans ce dernier cas, le soubassement unifiait aussi symboliquement les chapelles40. Le même effet d’unification était sans doute recherché par les moulurations qui, parfois, animaient horizontalement les surfaces murales sur le pourtour de l’église. Nous pouvons renvoyer ici à l’exemple de l’édifice cultuel des Augustins de Châlons-en-Champagne, où une corniche moulurée courait le sommet des fenêtres, ainsi qu’à l’église des Franciscains rémois où deux moulures parallèles soulignaient la partie basse de l’édifice (fig. 10).
22Les autres éléments architecturaux qui intervenaient dans la structure même des murs et qui, par extension, façonnaient l’aspect extérieur des églises étaient naturellement les fenêtres. Celles-ci, généralement en arc brisé et de dimensions imposantes, évidaient littéralement la maçonnerie en y substituant des grandes surfaces vitrées. Nous pouvons renvoyer ici au cas de l’église augustinienne de Rouen, où les murs gouttereaux étaient complètement éliminés : en effet, les seuls surfaces maçonnées sur les deux longs côtés de l’édifice étaient les minces contreforts, qui servaient de piédroits aux fenêtres (fig. 42). Ainsi, fréquemment, les vastes ouvertures dans les murs gouttereaux reproduisaient implicitement la rythmique des colonnades structurant l’espace intérieur : les fenêtres correspondaient aux grandes arcades, tandis que les portions de maçonnerie intermédiaires répondaient aux supports41. Les églises des Dominicains d’Argentan et des Franciscains de Châlons-en-Champagne en offrent deux exemples caractéristiques. Il convient néanmoins de signaler que, dans les églises des sœurs, les fenêtres étaient de dimensions réduites, sans doute afin de préserver l’intimité de la communauté. Ainsi, d’après les sources écrites, dans l’édifice cultuel des Clarisses d’Arras les fenêtres, étroites, étaient percées dans la partie supérieure des murs, tant sur les côtés qu’au chevet42. L’église des Dominicaines nancéiennes était qualifiée d’« obscure » en raison du petit nombre et de l’étroitesse de ses fenêtres43. C’était également le cas des églises des Dominicaines lilloises (fig. 9), messines (fig. 46) et valenciennoises (fig. 8). Dans ce dernier édifice, le côté méridional comportait une unique et étroite lancette à son extrémité occidentale, tandis que le reste de la surface murale n’était percé que de deux oculi, placés à la limite de la toiture.
L’ornementation
23Les éléments décoratifs n’intervenaient qu’avec parcimonie à l’extérieur des églises. Une discrète ornementation sculptée servait ainsi à souligner la structure des façades ou de certaines composantes architecturales des édifices, telles que les portails et les fenêtres. Le décor était donc complètement subordonné aux articulations constructives. Souvent même, le simple jeu plastique de ces seuls éléments architecturaux suffisait à la production d’un effet décoratif.
24Le côté des églises qui accueillait le grand portail se devait d’être particulièrement soigné. Nous pouvons mentionner à cet égard l’exemple de l’église dominicaine de Reims. Sa façade occidentale comportait deux niveaux : l’inférieur était aveugle sur ses portions latérales correspondant aux bas-côtés ; dans sa partie centrale, il présentait un porche correspondant à la largeur de la nef médiane et atteignant en hauteur le sommet des collatéraux. Il se composait de deux arcs brisés géminés, encadrés de colonnettes cylindriques coiffées de chapiteaux. Au milieu du mur du fond s’ouvrait le portail de l’église, relativement étroit et en forme d’arc brisé. La partie supérieure de la façade présentait une analogie formelle avec celle du dessous. La double arcature qui dessinait le contour du porche était reprise par la grande verrière qui occupait pratiquement en hauteur toute le surface du mur et avait la même largeur que le portail. Cette grande baie vitrée, divisée en deux lancettes trilobées coiffées d’une rose, était surplombée d’un pignon orné de denticules dans lequel étaient logées deux petites ouvertures rectangulaires, servant sans doute à l’aération des combles. L’ornement de la partie supérieure de la façade était complété par deux tourelles d’angle en encorbellement, coiffées en poivrière et percées à l’ouest de deux fines et longues ouvertures. Ces deux dispositifs étaient probablement accessibles de l’intérieur de l’église et conduisaient aux combles. L’adaptation de la décoration aux éléments constructifs fonctionnels régissait aussi l’aménagement de la façade occidentale de l’église des Carmes de Metz. La partie médiane de ce côté, correspondant au vaisseau principal, présentait au sommet du pignon un grand oculus servant à l’aération des combles. Elle était en outre percée dans son registre inférieur d’un grand portail. Celui-ci était orné d’une triple mouluration sur son sommet en arc brisé, et était encadré de deux colonnes polygonales dans le prolongement desquelles étaient implantées deux tourelles cylindriques surmontées de pignons denticulés44.
25L’ornementation des fenêtres se limitait essentiellement au remplissage des tympans, qui adoptait les principes décoratifs de l’époque. Nous pouvons renvoyer ici aux vestiges de l’église des Carmes messins45, où les lancettes jumelées et trilobées des fenêtres sont couronnées d’un remplage sinueux de type gothique tardif. Au chevet de l’église franciscaine de Valenciennes, le remplissage des fenêtres date de l’époque post-médiévale et est le résultat des remaniements apportés par les Récollets. Seul l’encadrement des baies date du xiiie siècle (fig. 45). Il consiste en deux colonnettes d’encadrement couronnées de tailloirs carrés et surmontées d’une archivolte brisée agrémentée d’un filet qui se poursuit le long des fûts ; il s’agit là d’un vocabulaire ornemental du gothique classique volontairement épuré.
L’aménagement intérieur
26L’intérieur des édifices cultuels mendiants comportait, bien évidemment, deux espaces distincts, à savoir le chœur et la nef. Mais par delà les différences structurelles et formelles dictées par leurs fonctions respectives, ces deux parties de l’église étaient mises en corrélation par la présence de certains dispositifs architecturaux et décoratifs communs qui assuraient l’unification de l’espace ecclésial.
L’espace des frères
Le couvrement et le traitement mural
27Destiné à recevoir le maître-autel et à accueillir le déroulement des offices, l’espace des frères bénéficiait d’un traitement architectural et décoratif privilégié, comme le stipulaient les textes fondateurs mendiants. La présence fréquente d’un voûtement46 au-dessus du chœur se répercutait structurellement sur le traitement mural. Ainsi, l’enveloppe spatiale du chœur était animée d’effets plastiques (correspondant aux retombées du voûtement), sobres cependant et conformes au dépouillement esthétique de l’architecture mendiante. Nous pouvons nous référer ici à l’exemple de l’église franciscaine de Sarrebourg47. L’extrémité orientale du chœur, composée d’une abside à trois pans et de sa travée attenante, est couverte d’une voûte pentapartite. Les nervures de celle-ci sont profilées à cinq pans droits sans cavet et retombent sur six fines colonnes engagées, cylindriques, à tambours. Ces supports reposent sur des socles octogonaux et sont couronnées de chapiteaux également octogonaux aux arêtes arrondies, placés aux deux tiers de la hauteur de l’abside. Les corbeilles se séparent du fût par un astragale profilé en amande pointue, tandis que les cinq pans visibles des tailloirs octogonaux correspondent à ceux des nervures. Les trois autres travées du chœur sont couvertes de voûtes quadripartites, dont les nervures sont identiques à celles du sanctuaire. Le traitement plastique de cette ossature, limité à sa plus simple expression mais fondé sur une cohérence formelle, accentue davantage la structure du chœur où les parois, percées par des grandes fenêtres, sont reléguées à un rang subsidiaire. Un effet analogue était produit dans le chœur méridional de l’église des Carmes caennais48. La voûte de cet espace retombait sur de fines colonnes engagées, établies aux interfaces des fenêtres, qui, de dimensions considérables et reposant sur un soubassement étroit, formaient une galerie lumineuse enveloppant l’espace sacré.
Les dispositifs liturgiques
28La délimitation spatiale du chœur par rapport à la nef pouvait se matérialiser au moyen d’un jubé, tout comme dans les églises des ordres religieux traditionnels et dans les cathédrales49. Entre autres, les édifices cultuels des Franciscains d’Amiens, de Châteauvillain, de Metz et de Troyes ainsi que ceux des Dominicains châlonnais et troyens disposaient d’un jubé50. Les sources ne précisent pas les dimensions de ces dispositifs. Mais Gérard de Frachet évoque la lecture des leçons depuis le pontile de l’église dominicaine de Paris. Cette mention suggère que les jubés mendiants ne servaient pas seulement de clôture mais également de tribune et étaient par conséquent volumineux. Les relations historiques qualifient ainsi le jubé des Franciscains rémois51. Dans l’église des Dominicains d’Argentan, ce dispositif avait sans doute une taille imposante étant donné que, à la suite de sa démolition en 1726, ses matériaux furent réemployés pour l’aménagement de quatre chapelles dans la nef52.
29Le maître-autel occupait une place éminente au sein du chœur. Placé parfois au sommet de quelque marches, comme chez les Dominicains de Châlons-en-Champagne et de Troyes (fig. 4), ou érigé derrière un chancel qui le séparait des stalles, comme dans les églises franciscaines de Bar-sur-Aube53 et de Metz, son emplacement n’était pas précisément stipulé dans les textes fondateurs mendiants. En effet, les sources nous transmettent plusieurs dispositions possibles. Ainsi, chez les Franciscains de Sarrebourg54, les Dominicains de Châlons-en-Champagne et les Dominicaines de Nancy, le maître-autel était adossé au pan axial de l’abside. Il pouvait aussi être érigé à la corde de celle-ci, comme dans les églises verdunnoises des Franciscains (fig. 5), des Augustins (fig. 24), des Clarisses et des Dominicains (fig. 23). La pratique bénédictine de l’alignement de deux autels dans l’axe du chœur55 était appliquée dans les églises des Franciscains d’Amiens56, des Dominicains de Langres et dans le chœur primitif des Franciscains valenciennois57. En outre, la multiplication des autels n’était pas exclue. Chez les Franciscains amiénois, un troisième autel était appuyé au revers de la clôture, à la limite occidentale du chœur58. Dans l’église franciscaine de Beauvais59, le chœur abritait le maître-autel et trois autels secondaires dédiés à saint François, à la Vierge et à saint Antoine. Étant donné qu’à l’instigation des textes fondateurs franciscains, ces trois personnages sacrés étaient souvent représentés sur les verrières absidiales, l’emplacement des trois autels secondaires contre les pans latéraux de l’abside60 (sous des vitraux à l’iconographie correspondante) paraît probable.
30La piscine liturgique, indispensable pour l’eau des ablutions61 était de préférence installée sur les côtés du chœur. C’était le cas dans l’église franciscaine d’Amiens, qui disposait de deux de ces piscines contre la paroi méridionale du chœur62.
31La formation de chapelles au moyen de niches creusées sur le pourtour du chœur était courante, notamment après le xive siècle63. Remplissant une fonction funéraire, elles étaient en outre munies de leurs propres autels et piscines liturgiques afin d’assurer le déroulement de la célébration eucharistique. Le second chœur de l’église franciscaine de Valenciennes conserve jusqu’à nos jours les vestiges de ce dispositif64. Deux chapelles axiales en forme de niches sont aussi signalées par les sources dans le chœur des Dominicains de Compiègne65 et de Reims66. Il importe d’établir ici une distinction entre les chapelles aménagées dans le chœur et celles qui lui étaient greffées depuis l’extérieur. Ces dernières ne constituaient pas une partie intégrante de l’aire des frères et, par extension, leur organisation intérieure n’influait pas sur l’aspect de celle-ci. De plus, elles étaient souvent séparées du chœur au moyen d’une clôture. C’était le cas de la chapelle de Notre-Dame-de-la-Recouvrance, greffée en 1462 au sud du chœur des Carmes rouennais. Cette chapelle à destination funéraire accueillait quotidiennement une messe et servait également de siège à la confrérie de la Recouvrance. L’autonomie de son fonctionnement était soulignée par une balustrade qui la séparait du chœur67.
32Dès le xive siècle, des cryptes sont également aménagées dans l’espace du chœur, de préférence sous l’autel majeur. Leur apparition tardive rend peu probable une affiliation à la coutume analogue des ordres monastiques traditionnels68. L’aménagement des cryptes mendiantes s’inscrit vraisemblablement dans le contexte de la spiritualité de l’époque, marquée par le triomphe définitif de l’idée de la rédemption, auquel la pensée théologique et les prédications des frères avaient considérablement contribué69. En effet, dans la spiritualité mendiante, la mort donnait son sens à la vie et concrétisait le passage de l’existence terrestre au destin eschatologique70. Ainsi l’aménagement d’une crypte au sous-sol du chœur, au voisinage immédiat de nombreuses sépultures tant des frères que des fidèles, représentait manifestement pour les âmes des trépassés un espoir supplémentaire de rédemption. Celui-ci était par ailleurs amplifié par le choix des dédicataires des cryptes. Nous pouvons renvoyer ici au cas de l’église augustinienne de Bayeux sous l’extrémité absidiale de laquelle fut aménagée en 1499 une crypte dédiée à la Passion, thématique par excellence associée à la rédemption. Il convient de souligner que l’initiative fut prise par le frère Simon Cupersli, théologien et prédicateur de renom71, qui avait développé à maintes reprises dans ses sermons le sujet de la mort. C’est dans un registre spirituel analogue que s’inscrivait également la crypte construite sous le chœur des Franciscains de Châteauvillain, afin d’accueillir les reliques de sainte Catherine de Sienne72, qui était une représentante exemplaire de la nouvelle image des saints forgée par les Mendiants, à savoir des personnes dont la réalité historique était indéniable et qui étaient ainsi potentiellement imitables par les fidèles en quête de rédemption73.
Le mobilier liturgique
33Une grande partie du chœur était occupée par les stalles des frères. Celles-ci, réparties en stalles hautes et stalles basses74, étaient en bois et de facture généralement simple, comme c’était le cas chez les Carmes arrageois75. Les stalles sculptées furent introduites dans les églises mendiantes à la fin du Moyen Âge. Mentionnons ici l’exemple de l’église dominicaine d’Évreux : les soixante-huit stalles simples du xiiie siècle furent remplacées au xvie siècle par d’autres, en chêne finement sculpté76. Par ailleurs le mobilier liturgique était sobre et se limitait aux pièces fonctionnelles. Nous pouvons renvoyer ici à l’exemple du chœur des Clarisses de Bar-le-Duc : il comportait un grand pupitre pour le bréviaire, deux autres plus petits pour les livres d’heures, et un banc percé pour les flambeaux allumés à l’occasion des grandes fêtes77. Seuls les reliquaires, en tant que relais dévotionnels entre la communauté et les saints78, recevaient un soin décoratif particulier, notamment par la préciosité des matériaux employés. C’était manifestement le cas du reliquaire que les Dominicains de Lille furent contraints de vendre à l’abbaye Saint-Winnoc de Bergues en 1405, afin de financer une partie des travaux de rénovation de leur couvent79.
Le décor
34Le décor, introduit progressivement dans les églises mendiantes, demeurait néanmoins discret. Financés le plus souvent par les fidèles, les éléments décoratifs consistaient principalement en vitraux et en carreaux de pavement. Nous pouvons citer ici – mais il s’agit naturellement d’un cas exceptionnel – l’exemple de l’église des Franciscains de Sées où une grande verrière décorée avec les armes de France et de Castille ornait la paroi orientale du chœur. Les mêmes motifs étaient repris sur le pavement de celui-ci80, ce qui suggère que le financement des travaux fut assuré par le roi Louis IX et sa mère Blanche de Castille. Il importe de signaler que l’église ne comportait pas ce décor lors de sa fondation, en 1252, car Louis IX manifesta pour la première fois sa bienveillance envers la communauté en 125981. Dans le chœur des Dominicains rouennais, le vitrail placé à l’extrémité orientale de la paroi méridionale avait été offert au début du xve siècle par le dominicain espagnol Jean de Torquemada, parent de l’inquisiteur général homonyme82. De même, chez les Dominicains caennais, la verrière absidiale était ornée de l’effigie de saint Louis offrant au Christ une église et guérissant les malades83. Un vitrail latéral représentait le clerc du bailli de Caen et grand bienfaiteur du couvent84, Guillaume Acarin, offrant à la Vierge une porte85.
35Le second chœur des Franciscains valenciennois, tapissé d’un pavement composé de carreaux présentant alternativement les inscriptions rétrogrades VALEN et CHIENS qui se complétaient d’un carreau à l’autre86, offre un exemple caractéristique de pavage dans l’aire des frères.
36Le parement des autels au moyen d’antependia est attesté pour les Clarisses rémoises87. C’était probablement aussi le cas d’autres couvents mendiants. Mais l’utilisation ponctuelle des ces dispositifs décoratifs88ne permet pas de les classer parmi les éléments principaux de l’aménagement du chœur.
Les sépultures
37Les sépultures, des frères comme des fidèles, n’intervenaient initialement pas dans la structure intérieure du chœur. Mais la répartition des inhumations dans des zones distinctes, définies selon un ordre hiérarchique religieux89 ou social90, finit par influer sur l’aspect général de l’aire des frères, qui revêtait alors le caractère d’espace-dépositaire du « patrimoine funéraire »91 du couvent.
38Tout comme dans les abbayes et les églises séculières, les sépultures consistaient en dalles ou en plaques commémoratives placées au sol ou encastrées contre les murs. La présence de monuments funéraires isolés ou abrités sous des enfeus était également fréquente dans les chœurs mendiants. Ainsi, la partie centrale du chœur des Franciscains de Bayeux était tapissée de plaques en cuivre qui commémoraient les illustres religieux du couvent92. Chez les Dominicains ébroïciens, l’évêque et protecteur du couvent Philippe de Chaource, décédé en 1281, reposait sous une dalle funéraire placée au pied de l’autel-majeur93. De même, la dalle funéraire de Raoul de Puthur, fondateur du couvent franciscain de Roye, fut placée à côté du maître-autel94. Dans le chœur méridional des Carmes caennais et sur le piédroit gauche de la deuxième porte conduisant à la sacristie fut découverte une plaque datant de 1489 et portant une épitaphe de Jean d’Estouteville, chevalier de l’ordre de Saint-Michel et seigneur de Torcy et de Blainville95. Deux gisants d’un couple provenant du chœur de l’église dominicaine de Compiègne et datant du xve siècle96 reflètent vraisemblablement la taille et l’aspect des monuments funéraires volumineux qui investissaient l’espace des chœurs mendiants. Le second chœur des Dominicains valenciennois en offre un des exemples les plus complets (fig. 47)97. Au milieu de l’espace, un caveau funéraire surmonté d’un imposant monument abritait les sépultures de Jean Ier d’Avesnes et d’Alix de Hollande98. Dans l’épaisseur du mur nord et pratiquement au milieu de sa longueur, deux sépultures pourraient être identifiées comme celles de Baudouin Ier d’Avesnes, décédé en 1289, et de sa femme Félicité de Coucy. Plus à l’est, pratiquement à la naissance de l’abside, fut découverte la sépulture de Jacques de Verchain, sénéchal de Hainaut, mort vers 1310, ainsi que celle de son épouse. Au milieu du mur méridional du chœur, dans un caveau datant de 1279, reposaient Jean II d’Avesnes et sa femme Agnès de Valence. Toutes ces sépultures étaient signalées dans le pourtour du chœur par des enfeus en arc brisé, abritant des gisants rehaussés de polychromie.
Le chœur des sœurs
39De caractère sacré mais n’accueillant pas la célébration eucharistique, le chœur des sœurs était protégé par une clôture qui l’isolait du reste de l’église. Cette séparation s’effectuait par divers moyens architecturaux. Chez les Clarisses d’Arras, deux arcades brisées, fermées par des grilles et munies d’épais rideaux99, assuraient l’intimité de la communauté. Le chœur des Dominicaines messines, surmonté d’une tribune avec vue sur le maître-autel et destinée vraisemblablement aux sœurs malades, était fermé de part et d’autre par deux portions de mur (fig. 31) pourvues d’une grille en leur milieu100. Ce dernier chœur, ainsi que celui des Dominicaines de Nancy, était surélevé de quelques degrés par rapport à la nef101.
40La présence d’autels marquait la sacralité de l’espace des sœurs. Dans le chœur des Clarisses d’Arras était ainsi installé un autel en l’honneur de la Vierge102. Le chœur des Clarisses rémoises comportait deux autels. Sous celui dédié à saint Pierre fut aménagée en 1420 une crypte recelant une représentation de la mise au tombeau103. Ce choix était manifestement fondé sur la trame théologique et spirituelle qui motiva à la même époque l’aménagement de cryptes dans les chœurs des frères104. Les sources ne précisent pas l’emplacement exact des autels, mais ils devaient vraisemblablement être érigés dans la zone centrale du chœur, étant donné que celui-ci était ceint des stalles des sœurs. Ce mobilier était en bois chez les Dominicaines messines105, comme probablement chez les autres communautés des religieuses mendiantes.
41Outre la présence d’autels et de stalles, l’accueil des sépultures constitue un autre point commun entre les chœurs des sœurs et ceux des frères. En forme de caveaux, de dalles ou de monuments en relative élévation, elles étaient dans tous les cas soumises à une disposition hiérarchique calquée sur celle des couvents masculins. Dans le chœur des Clarisses arrageoises, un caveau funéraire abritait la sépulture du fondateur du couvent, Philippe de Saveuse, seigneur du Bailleul-au-Montet, et de son épouse106. Chez les Clarisses rémoises, le sol du chœur des religieuses était tapissé des plaques funéraires des membres de la communauté107. Les Dominicaines messines étaient inhumées dans un caveau collectif. Aménagé dès la fondation du couvent et accessible depuis l’angle nord-est du chœur des religieuses, celui-ci se développait sous le chœur liturgique et formait un espace souterrain composé de couloirs articulés autour d’une pièce centrale mesurant 3 mètres carrés108.
42Dans la même église, dans l’angle sud-est du chœur des religieuses se trouvait le confessionnal109, qui s’ouvrait par une petite grille vers l’église où se tenait le confesseur (fîg. 31). Nous supposons que les chœurs des religieuses dans les autres couvents étaient pourvus de dispositifs analogues110.
43Chez les Dominicaines messines, l’avant-chœur des religieuses servait de lieu de conservation de certains ornements liturgiques, d’où son appellation « Trésor »111. Cet aménagement architectural établissait une corrélation symbolique avec le binôme « chœur-sacristie » des couvents masculins. Mais les sources ne fournissent pas d’indications confirmant l’existence de dispositions analogues dans les autres églises des sœurs.
44Le chœur des Dominicaines nancéiennes constitue l’unique exemple d’un aménagement spatial purement utilitaire. D’après un plan daté de 1746 (fig. 48), dressé lors des travaux de réfection du cloître, une cave précédée d’un pressoir se trouvait sous le chœur des religieuses. L’accès à cet espace s’effectuait par un escalier accessible depuis la galerie septentrionale du cloître. L’éclairage des pièces était assuré par trois soupiraux protégés par des barres métalliques112. Cette organisation du sous-sol fut vraisemblablement mise en place dès le moment de la fondation de l’église. Une excavation ultérieure d’une telle ampleur aurait pu en effet compromettre la stabilité de l’édifice113.
L’aire des fidèles
L’articulation générale
45L’organisation spatiale de l’aire des fidèles s’attachait à respecter la forme rectangulaire et allongée de l’église. Même dans le cas où la nef principale était flanquée d’un ou deux collatéraux, la liaison de ces parties s’opérait dans le souci d’unification maximale de l’espace. Le nombre des supports internes était réduit au minimum indispensable à la stabilité de la construction114. Ce procédé entraînait une portée considérable des arcs qui matérialisaient la séparation entre les vaisseaux. Ainsi, à la mise en œuvre traditionnelle des travées en tant que procédé constructif fut substituée une ordonnance de l’espace fondée sur la recherche d’effets rythmiques, affranchis des contraintes statiques115. Nous pouvons renvoyer ici à certains exemples caractéristiques. La nef des Franciscains verdunnois, longue de 26 mètres, comportait trois vaisseaux délimités par deux files de trois colonnes116. Par conséquent, l’envergure des arcades dépassait 6,5 mètres. Dans l’église franciscaine de Valenciennes, les cinq arcades formées, de part et d’autre, entre le vaisseau principal et les collatéraux s’ouvraient sur 6,8 mètres117. Dans ces deux exemples, il s’agit d’églises où la nef et les collatéraux furent construits pendant la même campagne. Lors de l’adjonction postérieure des collatéraux, l’ampleur des arcades (qui se substituaient tectoniquement à l’un des murs gouttereaux du vaisseau principal) était réduite pour des raisons de stabilité, mais elle demeurait toutefois importante. Le collatéral du xve siècle de l’église dominicaine de Rouen, long de 25 mètres, était séparé de la nef par une série de cinq arcades qui avaient donc une portée de 5 mètres. Le collatéral qui flanquait au sud la nef de l’église franciscaine d’Amiens était long de 33 mètres118. Il était délimité vers le vaisseau principal par sept arcades, dont la portée atteignait presque 5 mètres.
46La présence de chapelles dans les collatéraux pouvait potentiellement compromettre l’unification spatiale. Mais, le plus souvent, la seule diversification entre ces chapelles consistait en l’érection d’autels distincts119, ou à des aménagements constructifs de caractère simplement subsidiaire. Dans l’église dominicaine de Troyes, les cinq chapelles du collatéral septentrional étaient délimitées entre elles par des piliers engagés qui rythmaient l’avers de la façade septentrionale et faisaient pendant aux quatre colonnes cylindriques marquant la séparation avec la nef principale (fig. 4). Le couvrement intervenait en tant que moyen secondaire d’individualisation des espaces du collatéral. La chapelle orientale ainsi que la deuxième à partir de l’ouest étaient voûtées, tandis que le reste du bas-côté était couvert de charpente120. Un dispositif analogue était appliqué dans l’église franciscaine de Metz où les chapelles latérales121 étaient délimitées par des colonnes engagées contre la paroi du bas-côté méridional et où aucune séparation perpendiculaire ne compartimentait le collatéral. Cependant, celui-ci pouvait aussi comporter des murs de refend construits entre les chapelles comme dans l’église augustinienne de Verdun où les six chapelles latérales du collatéral nord étaient séparées par des cloisons maçonnées hautes de 2 mètres122. Il nous paraît opportun, cependant, d’envisager le rapport entre la hauteur de ces murs de refend et la hauteur totale du bas-côté. À l’examen d’une gravure du début du xviie siècle, qui reflète la situation médiévale, le collatéral était percé à son extrémité occidentale d’un assez grand portail (fig. 6) qui, encadré de deux piédroits massifs et surmonté d’un fronton, était à l’évidence d’une hauteur relativement importante (2 mètres au moins). Étant donné que ce portail était ouvert dans la moitié basse du mur gouttereau, la hauteur du collatéral n’était pas inférieure à 4 mètres au nord, tandis que, en raison de la toiture en appentis, elle était pratiquement double à la limite de la séparation avec la nef. Ainsi, proportionnellement, les cloisons des chapelles étaient de taille modérée par rapport à la hauteur totale du collatéral et ne produisaient vraisemblablement pas un effet de compartimentation cellulaire de l’espace ecclésial. L’absence de sources ne nous permet guère, une fois encore, de reconstituer les dispositifs mis en œuvre pour la séparation des chapelles dans d’autres églises de la région étudiée123. Nous considérons cependant qu’étant donné l’attachement des Mendiants à l’unification de l’intérieur de leurs nefs, l’aménagement spatial appliqué dans l’église des Augustins verdunnois ne constitue pas un cas unique.
47Les chapelles indépendantes, greffées sur la nef principale, communiquaient avec elle au moyen de grandes arcades. Les sources ne signalent aucune séparation matérielle entre les deux espaces qui s’articulaient sans heurter la cohérence spatiale de l’aire des fidèles. Dans l’église dominicaine de Verdun, sur le mur septentrional, à la hauteur de la troisième travée, se distinguent encore les claveaux d’un grand arc plus haut que celui des fenêtres contigües. Il s’agit manifestement de l’ouverture qui permettait la communication entre le vaisseau principal et la chapelle latérale fondée à cet endroit au xvie siècle (fig. 23). Dans l’église des Franciscains messins, deux grandes ouvertures en arc brisé reliaient la nef aux chapelles de Saint-Antoine et de la Vierge, greffées à l’extrémité nord-ouest du vaisseau principal dès le xiiie siècle124. De plus, ces chapelles, de dimensions relativement réduites et munies de leurs propres fenêtres, créaient probablement l’effet de grandes niches ajourées qui amplifiaient le corps ecclésial principal. C’était sans doute le cas dans l’église franciscaine de Compiègne, où la chapelle Sainte-Catherine, greffée sur le collatéral de l’église et communiquant avec lui au moyen d’une grande arcade125, était munie de trois amples verrières126.
Le traitement des parois et des supports
48Le couvrement de l’espace des fidèles présentait souvent des variations au sein du même édifice. L’église des Carmes caennais était composée de deux nefs parallèles. Celle du nord datait de la fin du xiiie siècle et celle du sud du xve siècle. La première était voûtée d’ogives tandis que la seconde était couverte de charpente127. Toutefois, dans la majorité de leurs églises, les Mendiants ont su exploiter les deux types de couvrement afin d’établir une liaison, fonctionnelle et esthétique à la fois, entre le plafond et les parois de l’aire des fidèles. Mentionnons l’église des Franciscains de Toul, qui était entièrement voûtée. Le voûtement de la nef retombait sans doute sur les colonnes qui séparaient le vaisseau principal des bas-côtés. Dans les collatéraux, les retombées des voûtes étaient reçues par des colonnes engagées, qui alternaient sur les parois avec des consoles sculptées, placées au sommet des baies vitrées128. La fonction de mur porteur était ainsi symboliquement assignée aux fenêtres, traitées comme des « transsubstantiations » translucides des parois maçonnées de la nef. Dans l’église des Dominicains messins, la nef principale était entièrement voûtée de croisées d’ogives dont les nervures retombaient sur des piliers composites s’élevant aux deux-tiers de la hauteur du vaisseau pour animer ensuite les parois entre le sommet des arcades et la base de la galerie formée par les fenêtres hautes129 (fig. 49). Des voûtes d’ogives couvraient également les collatéraux où des colonnes engagées animaient la surface des longues parois130 et recevaient les retombées du voûtement. Dans l’église des Augustins rouennais, la nef unique était couverte de charpente dont les entraits étaient portés par des consoles sculptées131. Celles-ci formaient une bordure décorative le long des sommets des fenêtres qui donnaient ainsi l’impression de soutenir – presque en apesanteur – le couvrement de l’espace (fig. 42).
Les dispositifs liturgiques et dévotionnels
49La sacralité de l’aire des fidèles était soulignée par la présence d’autels. Les chapelles latérales plus particulièrement constituaient des endroits privilégiés pour l’installation de ces dispositifs. En outre le jubé, la limite matérielle entre le chœur et la nef, servait d’appui à des autels qui, adossés à cette clôture, encadraient souvent la porte faisant communiquer les espace des frères et des fidèles. C’était le cas dans l’église des Franciscains rémois, où les deux autels médiévaux furent conservés malgré le remplacement du jubé par une grille au xviiie siècle132. De même, dans l’église des Dominicains troyens, deux autels flanquaient la porte qui ouvrait au milieu de la clôture du chœur (fig. 4). Dans l’église des Dominicaines messines, deux autels, consacrés à saint Pierre et à saint Thomas, se dressaient aux extrémités de la clôture qui isolait le chœur des religieuses (fig. 31).
50Destinés à l’accueil des fidèles, et a fortiori à la prédication, la nef et les collatéraux abritaient systématiquement une chaire à prêcher. L’examen de la disposition de ce mobilier dans les édifices de la région que nous étudions ne révèle guère une observance systématique de prescriptions incontournables. Dans l’église franciscaine d’Amiens, la chaire à prêcher était installée à l’extrémité sud-est de la nef133, à proximité du chœur et du collatéral méridional abritant des chapelles privées. Cet emplacement offrait des avantages acoustiques. En effet, la voix du prédicateur portait mieux quand celui-ci prononçait ses sermons du fond de la nef, tourné vers la totalité de l’assemblée des fidèles. En outre, le voisinage immédiat du chœur soulignait la sacralité de la parole des frères. Une gestion spatiale différente avait été appliquée dans l’église des Augustins de Bayeux134 où l’aire des fidèles se limitait à une nef unique dont la partie septentrionale abritait les chapelles privées. La chaire à prêcher était installée dans la partie méridionale du vaisseau135. Ainsi, deux des fonctions principales de l’église mendiante, l’accueil de la dévotion privée et la prédication étaient à la fois spatialement distinctes et complémentaires.
51L’importance accordée à la chaire à prêcher se reflétait souvent dans les matériaux utilisés et dans les dispositifs décoratifs qui l’accompagnaient. Ainsi le bienfaiteur du couvent des Dominicains de Saint-Quentin, Baudoin d’Hervilly, fit ériger une chaire en pierre dans l’église136. La chaire à prêcher de l’église dominicaine de Valenciennes était vraisemblablement ornée d’un décor sculpté comportant un masque en pierre d’« homme-feuille » et des colonnes torsadées137. Dans l’église des Carmes caennais, elle était installée dans la nef méridionale, à proximité d’un panneau sculpté représentant en grandeur naturelle l’Assomption de la Vierge138. De même, dans l’église des Dominicains de Saint-Omer, un retable datant du milieu du xvie siècle (fig. 50) et représentant des scènes de la vie de saint Dominique faisait vraisemblablement pendant au dispositif de prédication139. Outre le rôle instructif des représentations iconographiques que les Mendiants ne déniaient aucunement140, les deux exemples cités ci-dessus avaient sans doute un rapport intrinsèque avec le contenu des sermons prononcés depuis la chaire à prêcher attenante141. En effet, tant la mort de la Vierge que la vie de saint Dominique s’inscrivaient dans le contexte des exempla qui étaient censés susciter l’imitatio pietatis chez les fidèles en quête de rédemption142. Dans le cas de l’église des Dominicains audomarois, les scènes de la vie de saint Dominique étaient un moyen de sacraliser la personne du prédicateur qui exerçait sa fonction dans le sillage spirituel et théologique du fondateur de l’ordre.
52Avec la bulle Ad fructus uberes de Martin IV, le droit de confesser fut pleinement concédé aux Mendiants dès 1282143. En effet, dans les églises mendiantes que nous étudions, la présence d’un confessionnal est souvent mentionnée dans les sources. Dans l’église dominicaine de Douai, où les frères assuraient les confessions deux fois par jour144, l’aménagement d’un confessionnal n’est cependant attesté qu’au xvie siècle. Dans l’église des Dominicains d’Évreux existaient deux confessionnaux, dont la date d’installation demeure inconnue145. Nous supposons que, jusqu’à l’extrême fin du Moyen Âge, les confessions se déroulaient dans un endroit de l’église relativement isolé, dépourvu le plus souvent d’un mobilier spécifique146. Pourtant, au xiiie siècle, un sermon d’Étienne de Bourbon évoque la présence d’une clôture qui isolait le fidèle, en l’occurence une femme147. Étant donné que des précautions particulières étaient prises pour la confession des ouailles de sexe féminin, nous pouvons supposer que des dispositifs spéciaux, faisant office de confessionnaux, étaient mis en place dans certaines églises. Toutefois la pénurie de sources interdit la confirmation et, a fortiori, la généralisation de cette hypothèse.
53Dans la nef des Augustins rouennais était aménagé un dispositif exceptionnel, destiné sans doute à une célébration rituelle d’origine païenne. Sur la paroi septentrionale, à 3 mètres de distance de la façade occidentale et à 3 mètres du sol, était aménagée une niche fermée par une plaque148. Elle contenait un calice en verre en forme de tulipe à base élargie, datant des premières décennies du xve siècle (fig. 51). Il serait intéressant d’associer ce calice (et son dispositif de conservation) avec une cérémonie mentionnée dans les archives communales rouennaises du début du xve siècle : les maçons « cachaient » solennellement le vin nouveau en automne, afin de le « découvrir » à Pâques149. La pratique de ce rituel est attestée dans la paroisse Saint-Maclou150où se trouvait érigée l’église des Augustins. Il est vraisemblable que le « verre des Augustins » servait de réceptacle lors d’une cérémonie analogue, tandis qu’il demeurait dissimulé dans la niche pendant le reste de l’année. Les célébrations se déroulaient probablement dans les deux salles voûtées qui s’ouvraient à la hauteur des deux dernières travées occidentales de la paroi sud et qui communiquaient avec l’extérieur et avec la nef (fig. 33).
54Les sources ne traitent pas de manière détaillée le mobilier liturgique installé dans l’aire des fidèles. Néanmoins, pour l’église des Franciscains douaisiens subsiste un renseignement, indicatif sans doute pour les autres églises : un grand bénitier en cuivre fut installé au milieu du vaisseau principal à la mémoire de Robert le Regnier, teinturier, inhumé à cet endroit en 1530151. Quant aux reliquaires, dont l’impact sur l’encadrement dévotionnel des fidèles était indéniable, ils étaient nombreux et balisaient l’évolution des laïcs dans l’aire qui leur était destinée. Dans la nef des Franciscains de Châteauvillain, par exemple, était exposée la chaire à prêcher de saint Antoine de Padoue ; son emplacement exact n’est pas précisé dans les sources, mais son voisinage avec le dispositif de prédication est probable. D’après les archives conventuelles, les trois chapelles latérales de l’église franciscaine de Rouen recélaient elles aussi des précieuses reliques152.
55La présence de stalles dans l’aire des fidèles est attestée par des témoignages datant de l’extrême fin du Moyen Âge. Dans l’église augustinienne de Bruges, les marchands génois disposaient dès le xve siècle de leurs propres stalles, richement sculptées et établies dans la partie orientale du collatéral153. De même, les archives des Carmes brugeois de 1607 font état de la cession de droit de stalle au grand bienfaiteur du couvent Nicolas van Nieuwenhove et à son épouse Agnès154. Il est donc probable que l’installation de sièges dans les églises mendiantes s’est développée à la fin du Moyen Âge et était manifestement destinée, aux fidèles les plus illustres (et les plus généreux).
Les inhumations
56À l’instar de l’espace des frères, l’aire des fidèles accueillait des sépultures qui, en application de la hiérarchie en vigueur au sujet des inhumations, appartenaient surtout aux fidèles et aux membres moins illustres de la communauté. Néanmoins, les exemples de personnages éminents ensevelis dans l’aire des fidèles ne manquent pas155. Dans l’église des Dominicains messins, d’après les archives conventuelles, le fondateur du couvent et ancien maître-échevin René Tigniane était enseveli au milieu de la nef156. Dans l’église des Franciscains de la même ville, la fondatrice Odile Belgrée, veuve du maître échevin Simon Belgrée, fut inhumée en 1250 près de l’entrée de l’église157. De même dans l’église des Augustins rouennais, l’espace des fidèles abritait, au même titre que le chœur, des nombreuses sépultures de suffragants et de vicaires généraux des archevêques de Rouen158. Les chapelles latérales, de caractère souvent funéraire, accueillaient un grand nombre de plaques et de monuments commémoratifs. Ainsi, sur la paroi méridionale du collatéral de l’église franciscaine d’Amiens étaient encastrées deux plaques datant du xve siècle en métal gravé, encadrées de moulures sculptées et rehaussées de polychromies159. Dans la chapelle de la Conception, dont l’emplacement dans le bas-côté n’est pas précisé, se trouvait une plaque (également du xve siècle) richement ornée de motifs architecturaux160. L’entrée de l’église franciscaine de Valenciennes était tapissée des dalles funéraires des bourgeois et autres nobles de la ville161. Dans l’église des Dominicains rouennais, au milieu de la première travée de la nef, fut érigé en 1326 le monument funéraire du frère prêcheur Nicolas de Fréauville, confesseur de Philippe le Bel, cardinal et archevêque de Lyon, accompagné d’une inscription funéraire au sommier de la colonne attenante162.
57Tout comme dans le chœur, des caveaux funéraires étaient aménagés au sous-sol de l’aire de fidèles. Nous pouvons renvoyer ici au cas de l’église des Dominicaines valenciennoises163: lors d’une campagne de fouilles en 1973164, deux caveaux funéraires furent découverts contre la paroi méridionale de la nef à la limite du chœur. Ils remontent à la première moitié du xive siècle et sont construits en pierre de taille blanche. De proportions identiques et de forme trapézoïdale, ils étaient recouverts de lourdes poutres de calcaire. Ils étaient vraisemblablement destinés aux sépultures des religieuses. Tous deux comportent des peintures exécutées directement sur la paroi. Sur le petit côté oriental du premier caveau figure la crucifixion (fig. 52) faisant face à une Vierge à l’enfant assise. Les quatre parois sont parsemées de croix rouges potencées disposées en quinconce. Dans le second caveau, et dans la même disposition, se trouvent une Vierge à l’enfant et un saint Jean-Baptiste. Tous les côtés sont constellés de croix de Malte et de fleurettes165. Un décor peint représentant la Vierge trônante et des anges thuriféraires ornait également des caveaux funéraires (découverts lors d’une campagne de fouilles en 1993) aménagés à la fin du Moyen Âge dans la partie occidentale de l’église dominicaine de Bruges166. Un caveau funéraire destiné aux fidèles fut creusé au xvie siècle au sud de l’entrée de l’église franciscaine de Reims167. Dans l’église des Dominicains messins, la première travée occidentale168 était plus large que les autres et comportait un voûtement distinct, composé de trois paires de croisées d’ogives. Cet espace, autonome de par son ampleur et par son traitement architectural, était appelé « chapelle des Trépassés ». Dans son sous-sol était aménagé un caveau funéraire voûté qui accueillait les sépultures des fidèles. D’après une aquarelle du xixe siècle (fig. 49), cette chapelle était isolée du vaisseau principal par un mur de cloison percé dans sa partie supérieure de deux fenêtres à lancettes géminées sous un oculus. Nous supposons aussi qu’à l’époque médiévale, sur la partie basse du mur, et dans l’axe des fenêtres, étaient percées deux ouvertures en arc brisé permettant la communication avec la nef169. L’aménagement d’une chapelle dédiée aux défunts laïcs se faisait sans doute l’écho des doctrines théologiques mendiantes selon lesquelles la société céleste était partagée en commun entre les anges et les hommes. Thomas d’Aquin exprima clairement cette théorie : « Par le don de la grâce, les hommes peuvent mériter une telle gloire qu’ils égalent à un certain dégré les anges : ainsi, les hommes sont présents dans les ordres angéliques170. » Il paraît également certain que les prédicateurs de l’ordre inculquaient cette conviction aux fidèles au moyen des sermons prononcés notamment lors des fêtes de saint Michel et de la Toussaint171.
L’ornementation
58Outre le traitement mural, qui conférait souvent à l’enveloppe de l’aire des fidèles un effet plastique volontairement dépouillé mais néanmoins esthétique, d’autres procédés de décor architectural étaient aussi mis en œuvre. Il importe de souligner cependant que l’ornementation (conforme au vocabulaire décoratif gothique courant) intervenait sans prolifération et était, à quelques exceptions près, appliquée aux éléments structurels de l’édifice. Ainsi, les chapiteaux des colonnades de la nef recevaient parfois un décor sculpté. C’était le cas dans l’église des Franciscains de Valenciennes et dans celle des Dominicains de Rouen. Dans le premier cas, les colonnes cylindriques de la nef sont surmontées de tailloirs à douze pans et de chapiteaux à corbeille animée d’un décor végétal172. Dans le second cas, la colonnade qui séparait la nef du collatéral présentait des chapiteaux sculptés173 qui, d’après les relations174, s’apparentaient à ceux de la cathédrale rouennaise. Ailleurs, le traitement des chapiteaux était géométrique, mettant l’accent plutôt sur le volume que sur le décor. Dans l’église des Dominicaines messines, la nef principale était séparée du collatéral par trois arcades brisées soutenues par deux colonnes octogonales aux bases moulurées. Les chapiteaux étaient manifestement de forme octogonale, comme ceux qui couronnaient les trois colonnes engagées recevant les retombées des arcs de décharge qui entouraient les fenêtres du collatéral. Dans la nef des Franciscains de Metz, les chapiteaux de la colonnade de la nef présentaient une corbeille surhaussée, légèrement évasée et dépourvue de tout décor ; seul le tailloir était animé de moulures. Les nervures des voûtes reçues par ces chapiteaux étaient profilées en amande pointue : cette forme, propre à l’architecture gothique175, permettait d’affiner les effets visuels du voûtement grâce aux glissements subtils entre la lumière et l’ombre.
59Élément structurel et liturgique à la fois, le jubé pouvait recevoir un décor sculpté sur sa partie faisant face à l’aire des fidèles. Dans l’église des Dominicaines valenciennoises, le jubé du xve siècle était orné de sculptures en calcaire blanc rehaussées de polychromies ; elles représentaient – entre autres – saint Michel psychopompe, le Christ et sainte Ursule en Vierge de la miséricorde176. Les sources ne mentionnent pas d’autres exemples de jubés sculptés dans la région que nous étudions, mais, étant donné que nombre de jubés furent détruits lors des guerres de Religion, nous supposons que le cas de l’église valenciennoise n’était pas unique.
60En outre, les représentations figuratives sculptées étaient fréquentes dans l’espace des fidèles, essentiellement aux deux derniers siècles du Moyen Âge. Certaines d’entre elles avaient probablement une fonction liturgique, comme les groupes de Depositio et de la Mise au Tombeau, qui constituaient vraisemblablement l’encadrement figuratif des célébrations de la Passion177. Ainsi, dans la nef de l’église augustinienne de Bar-le-Duc existait une Depositio en bois polychrome datant du xve siècle ainsi qu’une Mise au tombeau en pierre178. Une composition analogue, rehaussée de polychromie, fut installée dans la nef de l’église franciscaine de Verneuil au xvie siècle179. D’autres statues, de date généralement tardive, représentaient les grands saints de l’ordre et les protecteurs des confréries attachées au couvent. Dans l’église franciscaine de Troyes furent installées au xvie siècle un groupe sculpté des saints Crépin et Crépinien, et l’effigie de saint Bonaventure180, dont l’emplacement exact demeure inconnu. En revanche, les sources nous informent que dans l’église des Dominicains troyens les chapelles latérales étaient ornées, à la fin du Moyen Âge, de culs de lampe qui, placés contre les piliers engagés, servaient de support à des statues abritées sous des petits dais sculptés181. Il est probable que, dans la majorité des églises mendiantes, ces sculptures, commandées par les donateurs, faisaient partie du décor des chapelles privées182.
61Le décor peint, à l’égard duquel les ordres mendiants ne se sont point montrés hostiles183, était mis en œuvre dans l’église des Augustins de Bar-le-Duc184. Dans la nef, une grande peinture murale sur deux registres comportait six scènes encadrées de bordures décoratives. Quatre d’entre elles étaient inspirées de la vie du fondateur de l’ordre, tandis que les deux autres représentaient sainte Ursule tenant les flèches et saint Yves distribuant l’aumône. D’après leurs fonds peints, parsemés respectivement de fleurs de lys et de bars héraldiques, il est probable que ces deux fresques évoquaient les fondateurs du couvent, Marie de France et son époux Robert, duc de Bar185. Des fresques, dont les sujets demeurent inconnus, animaient également les parois des chapelles latérales de l’église des Dominicains troyens. Une commande datée de 1435 nous informe d’un décor peint dans la chapelle Sainte-Ursule en l’église des Carmes de Metz186.
62Tout comme dans le chœur, des vitraux conféraient une polychromie décorative à l’aire des fidèles. Il convient de signaler que les verrières historiées de la nef étaient le plus souvent dues à l’initiative de certains donateurs, désireux de magnifier leurs chapelles privées ou de pérenniser leur mémoire au moyen d’effigies translucides. Dans l’église des Dominicains d’Évreux, deux des verrières de la nef représentaient les évêques protecteurs du couvent, Philippe de Chaource et Ambroise le Veneur de Tillières. Ces vitraux dataient, respectivement, du xiiie et du xvie siècle, mais leur emplacement précis demeure inconnu187. Un vitrail sur lequel figurait un jeune homme en prière ornait sans doute une chapelle privée188. Cependant, la présence de vitraux historiés dans l’aire des fidèles n’était pas systématique. Ainsi, les fenêtres de l’église des Dominicaines nancéiennes étaient serties de simples verres translucides189, de même que les baies du collatéral de l’édifice cultuel des Franciscains sagiens190.
63Davantage que les verrières historiées, les retables ornant l’aire des fidèles étaient fréquemment les vecteurs à la fois de la dévotion du donateur et de son désir de commémoration sociale191. L’exemple de l’église franciscaine de Douai est caractéristique : dans la chapelle de l’immaculée Conception était installé un retable homonyme, peint par Jean Bellegambe au début du xvie siècle192. Il représente les principaux édifices de Douai, ainsi qu’un Franciscain et un Dominicain193 protégeant la famille des commanditaires194.
64Un décor à usage ponctuel est mentionné dans l’église des Dominicaines messines. À l’occasion des fêtes les plus importantes, les sœurs ornaient l’espace des fidèles de quatorze tapisseries dont la disposition et l’aspect demeurent inconnus. Il semble que ces tissus d’apparat aient parfois été exécutés par les religieuses elles-mêmes195.
Le cloître
65Les cloîtres s’adaptaient naturellement aux effectifs et aux besoins spécifiques de chaque communauté. Ainsi, ils présentaient souvent des variations tant au niveau du plan que de l’élévation et de l’organisation intérieure. De plus, la disposition des cloîtres était susceptible de modifications pour répondre à d’éventuelles nouvelles contingences conventuelles, sans toutefois transgresser les principes édilitaires fondamentaux des ordres.
Formes et dimensions
66En règle générale, les cloîtres mendiants ont suivi la configuration monastique traditionnelle, à savoir quatre ailes renfermant le préau196. La forme du cloître était, à quelques exceptions près, carrée ou rectangulaire. Mais en fait, la réglementation édilitaire ne favorisait pas un dispositif géométrique spécifique. Ainsi, le choix des communautés était guidé par les particularités topographiques du terrain ou par le besoin de donner une ampleur supplémentaire aux ailes destinées à renfermer des salles de grandes dimensions. Les cloîtres des Franciscains caennais et compiégnois ainsi que le « grand » cloître des Dominicaines de Nancy étaient tous de forme carrée. Les cloîtres de Franciscains de Beauvais, des Augustins de Verdun (fig. 24) et des Dominicains d’Amiens étaient rectangulaires. La configuration parallélépipède du cloître des Dominicains troyens (fig. 4) ou celle légèrement polygonale du second cloître des Dominicains douaisins (fig. 13) étaient rares. Les cloîtres de forme autre étaient exceptionnels, et en général issus de conjonctures constructives contraignantes. Nous pouvons renvoyer ici au cas du couvent franciscain de Verdun, fondé au milieu du xiiie siècle. La communauté ne put initialement assumer la construction du cloître, faute de moyens, et le financement des édifices par Simon de la Porte, à la fin du xive siècle197, fut sans doute encore insuffisant. On s’en tint donc à quatre galeries claustrales dont seule l’est était bordée par une longue aile ; du reste, deux pièces quadrilatérales de dimensions réduites se greffaient sur la galerie occidentale (fig. 5).
67Outre les variations par rapport à la forme générique du « carré » claustral, les cloîtres mendiants présentaient des écarts, parfois considérables, quant à leurs dimensions, en corrélation avec l’importance et les occupations spécifiques de chaque communauté. Les cloîtres des Franciscains d’Arras et de Compiègne mesuraient, respectivement, 30 mètres sur 35198 et 18 mètres sur 18199, hors œuvre. Les ailes du couvent dominicain de Langres atteignaient la longueur de 73 mètres200. Les différences de longueur des ailes allaient souvent de pair avec des variations de largeur. Dans le couvent franciscain de Beauvais, toutes les ailes étaient larges de 13 mètres201 alors que dans celui des Dominicains de la même ville, la largeur des ailes oscillait entre 8 et 10 mètres202. Les ailes claustrales des couvents des Franciscains rémois et des Augustins rouennais étaient larges, respectivement, de 10203 et de 9 mètres204.
68Il importe de souligner que l’aile mitoyenne avec l’église était systématiquement plus étroite que les autres205, car elle ne comportait que la galerie claustrale. En effet, le caractère sacré du cloître ainsi que le besoin de faciliter l’accès à l’église depuis les lieux réguliers dictèrent dans la majorité des couvents l’élimination de l’aile claustrale qui aurait flanqué la nef. À cet endroit, seul le couloir de la galerie était conservé en tant que relais de communication avec l’édifice cultuel. Celui-ci devenait ainsi, symboliquement, l’aile magistrale du couvent à laquelle s’annexaient et se subordonnaient les lieux réguliers. Par ailleurs, la suppression de la galerie adossée à l’église n’était pas exclue. Dans les couvents dominicains de Douai (fig. 13) et d’Évreux, une série de chapelles latérales s’étaient substituées au couloir claustral qui aurait pu longer le flanc de l’édifice cultuel. A contrario, les communautés optaient parfois pour la dissociation entre le cloître et l’église en raison de certains aménagements liturgiques et fonctionnels. Nous pouvons renvoyer ici aux exemples des couvents des Dominicaines (fig. 34) et des Carmes valenciennois : dans les deux cas, une étroite portion de terrain servant de cimetière conventuel séparait le carré claustral de l’édifice cultuel.
69L’augmentation des effectifs, l’amplification des activités conventuelles ou le besoin de distinguer les pôles de la vie communautaire dictaient parfois la construction d’un second cloître, qui, toutefois, ne constituait que le prolongement organique du noyau claustral principal. Ainsi, au xive siècle, les Dominicains douaisiens érigèrent un second cloître composé de trois ailes et fermé vers l’est par l’aile occidentale du premier carré claustral (fig. 13)206. Dans le couvent des Dominicaines nancéiennes, le « grand » cloître occidental abritait le dortoir et les espaces liturgiques et fonctionnels de la vie communautaire. L’aile orientale de ce carré claustral était en commun avec le « petit » cloître207, qui renfermait des parloirs, les appartements du confesseur du couvent et ceux des sœurs tourières (fig. 53208).
70Les agrandissements ultérieurs du cloître se limitaient souvent à l’adjonction d’un simple corps de logis au noyau claustral principal. De par leurs dimensions modérées et par leur lien organique avec le cloître, ces édifices s’annexaient à celui-ci sans en compromettre la suprématie ni nuire à la cohésion de l’ensemble. Nous pouvons renvoyer ici au cas du noviciat du couvent dominicain d’Argentan : il s’agissait d’un corps de logis placé dans le prolongement méridional de l’aile orientale. Étant de la même largeur que cette aile claustrale mais plus court qu’elle, le noviciat s’apparentait à un appendice en périphérie du cloître. Un raccordement plus « dynamique », quoique hiérarchisé, était mis en œuvre dans le couvent dominicain de Troyes. La bibliothèque conventuelle, érigée au xive siècle, était abritée dans un édifice rectangulaire. Celui-ci, articulé presque perpendiculairement au milieu du côté occidental du cloître et présentant les mêmes dimensions que les ailes claustrales (fig. 4), s’appuyait vers l’ouest à l’enceinte conventuelle. Ainsi, cette bibliothèque opérait la jonction entre deux composantes essentielles du complexe et, malgré son apparence imposante, elle ne créait pas l’impression d’une entité constructive isolée. En revanche, ce corps de logis canalisait vers le cloître l’attention des fidèles qui longeaient l’enclos, opérant ainsi la médiation architecturale entre le milieu urbain et le noyau conventuel209.
Aspect extérieur
71Destiné à abriter les multiples activités conventuelles, le cloître comportait souvent plus de deux niveaux, étant donné que la cristallisation du parcellaire urbain210 qui enclavait les couvents ne permettait pas l’extension de ceux-ci en surface. Ainsi les communautés adoptèrent rapidement pour leurs cloîtres211 le développement vertical qui caractérisait le bâti urbain à la fin du Moyen Âge212. D’après le plan en relief de Douai, les deux cloîtres du couvent dominicain étaient de hauteur égale à celle des demeures voisines (fïg. 13) et comportaient deux étages au-dessus du rez-de-chaussée, tandis qu’un quatrième niveau était aménagé sous les combles213. Le cloître pouvait aussi comporter deux niveaux, comme au couvent des Augustins d’Amiens, des Franciscains de Châlons-en-Champagne et des Dominicains de Beauvais214. Au sein du carré claustral, la hauteur des différentes ailes variait. Notamment, l’aile adossée à l’église était systématiquement moins développée que les autres étant donné que, souvent, elle abritait uniquement la galerie215215. Par ailleurs, une hauteur considérable de cette aile aurait eu l’inconvenient de diminuer l’ampleur des fenêtres du flanc ecclésial216. La configuration naturelle de l’enclos ou le besoin d’agrandir certaines ailes imposaient parfois une variation de hauteur entre les différentes parties du cloître. Ainsi, dans le couvent des Carmes messins, l’aile occidentale comportait deux étages dans sa partie septentrionale et un seul dans son extrémité méridionale. En outre, le terrain présentant une déclivité vers l’ouest, l’aile septentrionale s’élevait à trois étages dans sa partie orientale et à quatre dans sa partie occidentale.
72L’enveloppe extérieure du cloître avait deux faces hiérarchisées : l’interne, articulée autour du préau, était plus intime car visible surtout par les membres de la communauté ; l’externe faisait face à l’enclos et, au-delà de lui, à l’environnement urbain.
73La partie inférieure de la face interne du cloître était animée par les arcades de la galerie claustrale. Celle-ci, tant par son caractère solennel que par sa rythmique architecturale, formait un soubassement à la fois symbolique, fonctionnel et esthétique pour les parties supérieures des ailes claustrales. Toutefois, les dimensions des arcades, mais également leur forme et le type de leurs supports conféraient aux différentes galeries leur propre caractère. Ainsi, les arcades de la galerie du cloître franciscain de Metz étaient larges de 75 centimètres et hautes de 2 mètres217. Dans le couvent des Franciscains rémois, les arcades du couloir occidental qui subsistent actuellement présentent une largeur variant entre 2 mètres 90 et 3 mètres pour une hauteur de 4 mètres environ218. Quant à la forme, au cloître dominicain de Troyes, les galeries nord, est et sud du cloître remontaient au xiiie siècle et présentaient vers le préau une alternance de piliers et de faisceaux de trois colonnettes219. Au xve siècle, la galerie occidentale fut en outre bordée de sept grands piliers220 : dans leurs entrecolonnements se formaient des grandes arcades en arc brisé, soulignées vers l’est par des colonnettes appareillées engagées qui épousaient la forme de la voussure. Les quatre côtés du cloître des Franciscains troyens présentaient vers le préau une série de huit arcades portées par des colonnes cannelées alternées avec des pilastres221. Une plus grande uniformité dominait au couloir claustral des Dominicaines messines, où les arcades brisées étaient portées par des colonnes cylindriques à chapiteaux trapézoïdaux, tandis que, dans le cloître oriental des Dominicaines nancéiennes, les arcatures appareillées retombaient sur des piliers alternés avec des colonnes. Au cloître des Franciscains de Metz, l’arcature de la galerie était portée par un mur bahut tandis que des meneaux divisaient les arcades en deux lancettes ; la moulure qui soulignait le contour des arcades se prolongeait sans interruption le long des supports en conférant à l’ensemble une uniformité rythmée.
74Le niveau supérieur de la face interne du cloître était percé par les fenêtres qui éclairaient chaque étage. Ces ouvertures étaient régulièrement disposées. C’était le cas dans le couvent des Augustins rémois, des Carmes messins et des Dominicains douaisins (fig. 13). Cependant, la taille et la forme des fenêtres pouvaient aussi varier222. Ainsi, au premier étage du couvent des Franciscains de Roye, l’aile occidentale présentait vers le préau une série de cinq grandes fenêtres ogivales, tandis que la partie supérieure de l’aile méridionale était percée de fenêtres en arc brisé également, mais plus petites. Dans le couvent des Dominicains troyens, les fenêtres du premier étage étaient rectangulaires, sauf sur l’aile occidentale qui, au xve siècle, fut munie de petites fenêtres jumelées à arc brisé223. Parfois une galerie ouverte vers l’extérieur était aménagée au premier étage. Ce dispositif permettait la communication entre les ailes tout en assurant l’éclairage abondant des pièces. Nous pouvons renvoyer ici aux exemples des Dominicains de Rouen224 et des Franciscains de Compiègne225.
75Les faces externes du cloître comportaient des fenêtres a priori réparties sur tous les étages. Toutefois, le besoin de préserver l’intimité de la vie conventuelle excluait la présence d’ouvertures sur la partie inférieure des ailes érigées à la lisère de l’enclos, et par conséquent exposées aux regards extérieurs. Les couvents des Dominicains (fig. 13) et des Franciscains (fig. 7) douaisins, des Dominicains d’Évreux, des Dominicaines de Valenciennes (fig. 8) et des Augustins châlonnais constituent à cet égard des exemples caractéristiques. Les ailes qui donnaient sur l’enclos étaient percées de fenêtres sur tous les niveaux. Certes, la taille de ces ouvertures variait selon le caractère de la pièce qu’elles éclairaient. Les salles destinées aux assemblées de la communauté ou à l’étude étaient munies de grandes fenêtres qui assuraient une lumière abondante. Ainsi au couvent dominicain d’Argentan, le premier niveau de l’aile orientale était percé de cinq grandes baies en arc brisé qui éclairaient la sacristie et la salle capitulaire ; trois fenêtres identiques, ouvertes sur le rez-de-chaussée de l’aile méridionale, donnaient le jour au réfectoire. De même, le rez-de-chaussée du cloître des Dominicains langrois présentait vers l’extérieur treize grandes fenêtres, éclairant vraisemblablement les principaux lieux réguliers226. De grandes fenêtres étaient également percées sur les deux côtés de la salle des assemblées bourgeoises qui fut aménagée au xve siècle au premier étage de l’aile septentrionale du couvent franciscain de Reims (fig. 19)227. En revanche, les fenêtres qui éclairaient les cellules des religieux étaient de dimensions réduites, comme dans les couvents des Carmes rémois, des Clarisses de Cambrai et des Dominicains douaisins (fig. 13).
76La face externe du cloître était également munie de portes qui permettaient l’accès tant aux espaces découverts de l’enclos qu’à l’extérieur. La porte ouverte au milieu de l’aile orientale du cloître des Augustins amiénois conduisait au jardin attenant. De même, dans le cloître occidental des Dominicaines nancéiennes, une grande porte ouvrait depuis l’aile ouest sur le jardin et la fontaine conventuels. La possibilité des fidèles d’accéder au cloître était matérialisée par l’aménagement de portes secondaires sur la face externe des ailes claustrales. Ces ouvertures, sans doute attentivement contrôlées et vouées à un usage moins fréquent que l’entrée principale du couvent, étaient de moindres dimensions que cette dernière, comme dans le couvent des Augustins amiénois. Toutefois, la porte secondaire du cloître pouvait être mise en valeur, notamment si son aménagement était l’objet d’une donation. Ainsi, le cloître des Dominicains troyens disposait d’une entrée indépendante précédée d’un vestibule et ouverte à l’extrémité de l’aile occidentale jouxtant l’église (fig. 4). Le tympan en arc brisé de ce portail datait du xive siècle et était orné d’un bas-relief représentant le Christ trônant entouré de la famille des donateurs228. Par ailleurs, la multiplication des portes secondaires s’ouvrant vers l’extérieur n’était pas exclue, sans doute afin de permettre aux confréries attachées au couvent d’accéder aisément aux salles d’assemblées qui leur étaient destinées. C’était manifestement le cas dans le cloître des Carmes valenciennois, disposant de trois portes sur son côté occidental229.
77Les murs du cloître étaient rarement cantonnés de contreforts, étant donnée la rareté de salles conventuelles voûtées. Le cas échéant, ces contreforts étaient des simples dispositifs d’épaulement dépourvus de traitement ornemental. Dans le cloître des Augustins châlonnais, par exemple l’aile méridionale était scandée de quatre minces contreforts à un seul ressaut. De même, les faces externes du cloître étaient systématiquement dépourvues d’éléments décoratifs. Une simple moulure horizontale marquait parfois l’articulation des étages. C’était le cas dans les cloîtres des Franciscains et des Augustins de Châlons-en-Champagne, ainsi que dans celui des Clarisses rémoises.
78L’aile claustrale accolée à l’église était couverte le plus souvent en appentis, alors que les autres parties du cloître présentaient des toitures à double pente fréquemment ponctuées de lucarnes servant à l’éclairage des greniers aménagés sous les combles. Mentionnons à cet égard les cloîtres des Augustins et des Franciscains (fig. 10) rémois, des Franciscains et des Dominicains de Beauvais, des Augustins d’Amiens et des Dominicains de Saint-Omer230.
Organisation intérieure
79Les lieux réguliers distribués dans le cloître répondaient, bien évidemment, aux différents besoins de la vie conventuelle. Outre la fonction liturgique, réservée cependant à un nombre limité de salles, les lieux réguliers accueillaient les manifestations de la vie conventuelle collective et individuelle ou avaient un caractère purement utilitaire. De plus, les rapports privilégiés qu’entretenaient les Mendiants avec les bourgeois, les commerçants et les artisans231, ainsi qu’avec les Universités232, dictèrent souvent l’aménagement de salles vouées aux assemblées laïques. Le caractère spécifique et l’utilité des différentes pièces conditionnaient leurs dimensions, leur agencement intérieur et leur emplacement. Toutefois, un critère décisif pour la distribution des lieux réguliers était le déroulement aisé des activités conventuelles, qui pouvaient varier selon les communautés.
80En règle générale, les pièces du rez-de-chaussée, disposées en couronne autour du préau et facilement accessibles de la galerie claustrale, étaient affectées aux manifestations liturgiques et collectives233, tandis que l’(les) étage(s), surélevé(s)par rapport à l’espace « fédérateur » du préau, accueillai(en)t de préférence les activités individuelles. L’examen des couvents de la région que nous étudions nous montre que certains lieux réguliers avaient des emplacements récurrents mais point obligatoires. De même, la présence des pièces auxiliaires dans le cloître était souvent aléatoire.
Les galeries
81Dans la majorité des couvents234, seules les arcades délimitaient vers l’extérieur la galerie claustrale, que nous pouvons pourtant classer parmi les lieux réguliers. Faisant office d’« antichambre » commune pour les principales salles du cloître, elle accueillait aussi les processions conventuelles et abritait des sépultures235. Par conséquent, elle représentait un espace claustral polyvalent, à la fois liturgique, funéraire et diversement fonctionnel.
82Certes, le traitement constructif, voire décoratif, de la galerie ainsi que l’emplacement à cet endroit de dispositifs liturgiques et funéraires, n’étaient pas identiques dans tous les couvents. À cet égard, l’importance et les moyens financiers de la communauté, ainsi que la volonté des supérieurs religieux et de certains donateurs, jouaient un rôle décisif. La galerie claustrale du couvent dominicain de Beauvais, par exemple, recevait sur toute sa longueur236 un voûtement porté par des consoles sculptées, appuyées contre le mur du fond. À la suite de sa réparation à la fin du xvie siècle237, la galerie du couvent franciscain de Douai était voûtée d’ogives ornées de clés-de-voûte sculptées, tandis que les murs de fond étaient décorés de fresques238. Les quatre couloirs claustraux du couvent des Carmes parisiens ont été ornés au xive siècle de fresques évoquant l’arrivée des religieux en Occident sous la protection de Louis IX239. De même, une peinture sur bois représentant le Jugement dernier était disposée au xvie siècle dans le couloir méridional du cloître franciscain de Troyes240. La galerie du cloître des Franciscains messins était couverte en charpente241 à poutrelles apparentes et était munie d’un autel242. Celui-ci constituait sans doute un voisinage recherché pour les nombreuses sépultures de religieux et de fidèles qui remontaient au xive siècle243 et conféraient, indirectement, un caractère « décoratif » à cet espace. La galerie claustrale des Dominicaines messines présentait une configuration analogue, associant les sépultures disposées de manière hiérarchique et les dispositifs liturgiques244. Ainsi, les sœurs de chœur étaient ensevelies dans le couloir longeant l’église. Le caractère sacré de cet endroit était souligné par la présence d’un crucifix et d’un autel de la Passion (fig. 31). Les extrémités septentrionales des couloirs est et ouest étaient également un lieu de sépulture privilégié, sans doute à cause de leur proximité avec l’église. Les parties méridionales de ces mêmes couloirs étaient réservées aux sépultures des sœurs converses et des domestiques. Dans l’angle nord-est du couloir oriental était placée une vasque destinée aux ablutions des mains avant de gagner le réfectoire.
La sacristie
83Contenant les ornements liturgiques indispensables à la célébration des offices, la sacristie était obligatoirement attenante au chœur et communiquait avec lui. Le plus souvent, l’économie d’espace dictait l’emplacement de la sacristie dans l’extrémité de l’aile claustrale greffée au chevet de l’église. C’était le cas, entre autres, dans les couvents des Carmes et des Clarisses d’Arras245, des Dominicains de Beauvais246, d’Évreux247 et de Coutances, et dans ceux des Franciscains de Châteauvillain248 et de Compiègne249. Les sources ne précisent pas les dimensions des sacristies, mais les inventaires révolutionnaires fournissent une énumération exhaustive du mobilier que contenaient ces pièces, ce qui permet d’appréhender de manière approximative la superficie de ces dernières. Par exemple, la sacristie des Dominicains d’Évreux, meublée de deux armoires, de quatre petits buffets renfermant des habits et autres ornements liturgiques et de deux grandes tables en chêne, était sans doute de dimensions importantes250. De même, au cloître des Franciscains de Compiègne, la sacristie était manifestement assez grande pour abriter, en plus des ornements et des livres liturgiques, les archives du couvent251.
84Sa proximité avec le chœur, voire son annexion spatiale et fonctionnelle à celui-ci, conférait à la sacristie un caractère sacré252 qui rejaillissait sur le traitement intérieur de la pièce, qui était souvent voûtée253. Ainsi, des voûtes d’ogives couvraient la sacristie dans les couvents des Franciscains de Châteauvillain254 et des Dominicains messins255. Le décor peint n’était pas exclu. Au xve siècle, le voûtement de la sacristie des Dominicains gantois était entièrement enduit de couleur blanche et orné, autour des clés de voûte, de quatre effigies identiques de saint Dominique accompagnées d’anges musiciens256 (fig. 55).
85Les vestiges de la sacristie des Dominicains rémois, qui subsistèrent jusqu’au début du xxe siècle257, offrent un exemple caractéristique du traitement mural de la sacristie et de son agencement spatial par rapport au chœur (fig. 56). Sous un voûtement en berceau, les murs étaient animés de part et d’autre de deux arcatures brisées, géminées et aveugles, agrémentées au sommet d’une double moulure qui se développait en quart de rond jusqu’au sol. La paroi mitoyenne avec l’église était percée de trois arcatures brisées, dont les deux latérales, plus courtes, formaient des niches. La baie médiane permettait l’accès au chœur258. Dans tous les cas, la communication de la sacristie avec la galerie du cloître était établie au moyen d’une porte fermant à clé pour des raisons de sécurité259. Par ailleurs, des fenêtres percées sur la face externe de l’aile claustrale assuraient l’éclairage de la pièce260.
86L’accroissement des effectifs de la communauté et l’intensification des activités religieuses qui en résultait ont imposé parfois l’aménagement d’une seconde sacristie. Ce fut le cas dans le couvent des Dominicains douaisins261, mais les sources ne précisent pas l’emplacement de cette pièce postérieure. Nous supposons que, pour des raisons de fonctionnalité, elle était située à proximité de la sacristie primitive, probablement au-dessus de celle-ci262. Cette solution fut appliquée dans le couvent des Clarisses de Bar-le-Duc, où les Franciscains chargés de l’encadrement spirituel des religieuses avaient aménagé à l’étage leur propre sacristie, qui accompagnait leur chapelle et communiquait directement avec la sacristie principale au moyen d’un escalier263.
87Les contingences spatiales impliquaient parfois l’aménagement de sacristies indépendantes du cloître mais attenantes au chœur. Nous pouvons renvoyer, à cet égard, à l’exemple du couvent des Franciscains amiénois. L’église n’étant pas mitoyenne avec le cloître, l’aile orientale de celui-ci se prolongeait jusqu’au chœur et abritait à cet endroit la sacristie. Une porte indépendante permettait l’accès à cet espace depuis l’ouest264. Dans le couvent des Dominicaines valenciennoises, une configuration analogue265 avait sans doute dicté la construction d’une sacristie indépendante, greffée au sud de l’abside. La sacristie des Franciscains de Paris s’élevait sur deux étages dès la fondation du couvent266 et était mitoyenne au cloître mais s’en dissociait par sa configuration au sol (fig. 57). En effet, comportant un vaisseau terminé par une abside à trois pans, la sacristie des Franciscains parisiens était une micrographie d’un édifice cultuel mendiant.
88En raison de son caractère sacré, la sacristie accueillait parfois des sépultures. Ainsi, dans le couvent des Clarisses rémoises, sur la marche palière de l’escalier qui établissait la communication entre le chœur et la sacristie était placée la pierre tombale de la première supérieure du couvent, Marie de Braye267. De même, une pierre tombale tapissait le seuil occidental de la sacristie du couvent franciscain d’Amiens268.
La salle du chapitre
89Espace conventuel solennel, revêtant une grande sacralité durant tout le Moyen Âge269, la salle du chapitre bénéficiait d’une configuration et d’un traitement intérieur soignés dans les couvents mendiants, tout comme dans les établissements des ordres monastiques traditionnels. Le besoin d’accéder facilement au chapitre après les offices, ainsi que le caractère sacré de cette pièce, dictaient un emplacement au rez-de-chaussée, à proximité du chœur et, par conséquent, à côté de la sacristie270. C’était le cas dans les cloîtres des Clarisses d’Arras271 et de Bar-le-Duc272, des Dominicains de Beauvais273, de Compiègne274 et de Langres275, des Franciscains de Châteauvillain276, de Beauvais277 et de Metz278. Toutefois l’aménagement de la salle du chapitre dans une autre aile que celle accolée au chœur n’était pas exclu279. Dans le cloître des Dominicains coutançais, par exemple, la salle du chapitre occupait tout le rez-de-chaussée de l’aile méridionale. De même, dans les couvents des Dominicaines nancéiennes280 (fig. 32) et messines281 (fig. 31), la salle du chapitre était organisée dans l’aile occidentale du cloître282.
90Les dimensions des salles capitulaires mendiantes ne sont pas précisées par les sources. Toutefois, l’ampleur de ces pièces était induite par l’importance numérique de la communauté283. Un soin particulier était fréquemment accordé à l’aménagement intérieur de cet espace. Dans le couvent des Dominicaines de Metz, la salle du chapitre était couverte d’une voûte agencée autour d’un support central284. Chez les Dominicains de la même ville, deux colonnes disposées dans l’axe de la pièce recevaient les retombées de six croisées d’ogives285. Le voûtement de la salle capitulaire des Dominicains gantois était porté au milieu par deux puissantes colonnes qui, dépourvues de chapiteaux, canalisaient les nervures jusqu’au sol. Un traitement structurel et plastique identique était appliqué aux demi-colonnes adossées aux quatre coins et sur les longs côtés de la pièce (fig. 58). L’accès à la salle du chapitre depuis la galerie claustrale était mis en valeur au moyen d’une porte de grandes dimensions, souvent flanquée de baies percées à hauteur d’appui286. Nous pouvons renvoyer ici aux exemples des couvents des Dominicaines nancéiennes (fig. 32), et des Dominicains messins287, où deux ouvertures encadraient l’entrée du chapitre. Chez les Dominicains châlonnais, cette entrée était accompagnée d’une seule baie, tandis que deux baies flanquaient de part et d’autre la porte de la salle du chapitre des Franciscains parisiens. L’aménagement de ces ouvertures était courant dans les couvents des ordres monastiques traditionnels : il permettait aux membres de la communauté (notamment aux novices), qui n’étaient pas admis dans le chapitre, de suivre de l’extérieur le déroulement des assemblées288. Étant donné que les réglementations mendiantes, pourtant précises et explicites quant à l’organisation architecturale des principales salles par rapport à leur fonctionnement, ne stipulent pas la présence de baies de part et d’autre de la porte du chapitre, nous supposons que cet aménagement était facultatif. Par ailleurs, d’après les sources, la salle du chapitre dans les couvents des Dominicains de Troyes (fig. 4) et de Compiègne présentait vers la galerie claustrale uniquement une porte. Par ailleurs, le besoin d’un éclairage suffisant pour le déroulement des assemblées dans la salle du chapitre dicta l’aménagement de larges fenêtres en face de la porte d’entrée. Ainsi, dans les salles du chapitre des Franciscains et des Dominicains289 de Metz s’ouvraient vers l’est, respectivement, six et trois grandes fenêtres. Un aménagement analogue était mis en œuvre dans les couvents des Franciscains de Compiègne290 et des Dominicains de Toul291.
91La fonction funéraire que revêtait la salle du chapitre dans les établissements monastiques des ordres traditionnels292 fut conservée dans les couvents mendiants. Certes, seules les dépouilles des religieux éminents ou des grands bienfaiteurs des communautés étaient accueillies dans cet espace. La salle du chapitre des Franciscains caennais, par exemple, abritait les sépultures de nombreux membres de la famille des Beleth, grands bienfaiteurs du couvent au xiiie et au xive siècle293. Dans la salle du chapitre des Dominicains de Reims reposaient les religieux illustres du couvent294. Dans le couvent des Clarisses rémoises le chapitre abritait la sépulture du premier confesseur du couvent, frère Étienne295. La sacralité de la salle du chapitre rejaillissait aussi sur ses abords immédiats : Grégoire Lombard, le premier prieur du couvent franciscain de Bayeux était enseveli au seuil de cette pièce296, tandis qu’au xve siècle, dans le couvent des Dominicains de Coutances, l’obtention d’une sépulture devant la salle du chapitre se faisait en contrepartie de dons importants297. Par ailleurs, l’association de la salle du chapitre à une chapelle funéraire (dispositif courant dans les abbayes normandes dès le xie siècle298 ainsi que dans les établissements clunisiens299) n’était pas absente dans les couvents mendiants. La salle du chapitre des Dominicains de Châlons-en-Champagne était munie sur son côté occidental d’une abside qui abritait manifestement la chapelle où étaient célébrés les offices à la mémoire des défunts inhumés dans cette pièce300.
92Le mobilier des salles du chapitre est rarement mentionné dans les sources. Cependant, étant donnée leur fonction identique, nous supposons que les chapitres mendiants étaient tous munis de sièges en bois sur leur pourtour (c’était le cas dans les couvents des Clarisses rémoises301 et des Dominicaines messines302), et disposaient d’un pupitre destiné au religieux qui présidait les assemblées. L’emplacement de ce mobilier variait sans doute en fonction de l’aménagement général de la pièce. Ainsi, chez les Dominicaines de Metz, le pupitre était adossé à la colonne centrale qui portait le voûtement de la salle303. Quant au traitement décoratif, les sources font état de lambris dans la salle du chapitre des Dominicains compiégnois304 et dans celle des Franciscains parisiens305. Étant donné la date tardive de diffusion du revêtement mural lambrissé306, nous supposons que ce dispositif ne fut pas installé dans les chapitres mendiants avant l’extrême fin du Moyen Âge. De même, un décor peint, à l’instar de celui qui ornait la salle du chapitre des Franciscains parisiens au xvie siècle307, n’est pas attesté dans les autres couvents de la région que nous étudions.
Le réfectoire
93Aménagé dans le rez-de-chaussée du cloître pour des raisons de facilité d’accès, le réfectoire occupait souvent toute la superficie d’une aile claustrale. L’emplacement de cette salle variait dans les différents cloîtres308. Dans les couvents des Dominicains ébroïciens309 beauvaisins310, rémois311 et langrois312, et dans ceux des Dominicaines messines (fig. 31) et des Franciscains beauvaisins313, le réfectoire était aménagé dans l’aile méridionale. Dans les cloîtres des Carmes314 et des Clarisses315 d’Arras, des Dominicains de Coutances, des Franciscains de Metz316 et de Troyes317, il se trouvait dans l’aile occidentale. Chez les Franciscains d’Arras318 et les Dominicains de Metz319, il était aménagé dans l’aile septentrionale, tandis que, chez les Dominicains d’Argentan320, il se situait dans l’aile orientale.
94Les dimensions du réfectoire étaient adaptées aux effectifs de la communauté. D’après les sources, il s’agissait généralement d’amples salles de forme rectangulaire. Citons, à titre d’exemple, le réfectoire des Dominicains de Langres, qui était long de 36 mètres, et celui des Franciscains de Compiègne, qui mesurait 18 mètres sur 9321. Le réfectoire des Franciscains d’Évreux était sans doute de dimensions imposantes pour avoir accueilli en 1623 les états généraux de la province de Normandie. L’utilisation des réfectoires mendiants comme lieu de réunions et de manifestations laïques était fréquente. Ainsi, le réfectoire des Franciscains troyens abrita les assemblées générales des maires et échevins de la ville jusqu’en 1673, date de construction de l’hôtel de ville322. De même, le réfectoire des Dominicains châlonnais accueillait des représentations théâtrales organisées à l’initiative des frères323.
95La présence de deux réfectoires dans le cloître n’était pas rare, étant donné que (d’après la réglementation mendiante) les repas des hôtes avaient lieu dans une salle indépendante. C’était le cas dans le couvent des Franciscains324 et des Dominicains325 de Compiègne, ainsi que chez les Franciscains de Douai326.
96L’aménagement intérieur du réfectoire était conforme à l’esthétique dépouillée des Mendiants. Ceux-ci tiraient parti des éléments structurels de la salle afin d’obtenir un résultat décoratif et excluaient toute ornementation autonome qui aurait pu enfreindre les principes architecturaux des ordres. Le réfectoire des Franciscains troyens en offre un exemple caractéristique327. Il s’agissait d’une grande salle, dont le plafond en charpente était soutenu par deux rangées de colonnes cylindriques monolithes, portées par des doubles bases octogonales et couronnées de chapiteaux décorés de feuillages. Le long des murs, des corbeaux sculptés en forme de figures animalières soutenaient les poutres transversales du plafond. Deux grandes fenêtres jumelles, ouvertes à hauteur d’appui, éclairaient la salle depuis le préau. Dans le couvent des Dominicains messins, le réfectoire comportait dans son axe une série de quatre colonnes monolithes, hautes de 6 mètres, qui recevaient les retombées du voûtement sur ogives. Cinq grandes fenêtres ouvraient vers le jardin septentrional. Les communautés accordaient vraisemblablement une importance considérable à l’éclairage du réfectoire. Dans le cloître des Franciscains compiégnois, la salle destinée aux repas des hôtes prenait le jour à travers de grandes fenêtres donnant sur le jardin méridional du couvent328.
97La reconstitution du mobilier du réfectoire pâtit de la pénurie documentaire. Outre les tables et les bancs indispensables pour le déroulement des repas, les réfectoires étaient sans doute munis d’une chaire pour le lecteur, comme c’était le cas dans le couvent des Franciscains de Bernay329 et de Paris330. Les lambris qui ceignaient cette dernière salle dès sa construction, à la fin du xive siècle, étaient vraisemblablement un élément decoratif exceptionnel, dû sans doute aux libéralités de la fondatrice de l’édifice, la reine Jeanne, veuve de Charles IV331.
La bibliothèque
98Étant donné le rôle primordial de l’étude dans la formation des frères pour l’exercice de leur mission apostolique, la présence de bibliothèques était indispensable dans les couvents mendiants. Les religieuses, qui pourtant n’assuraient pas de prédications, disposaient elles aussi d’une bibliothèque afin d’obtenir au travers de l’étude une formation spirituelle identique à celle des frères. D’après les sources, tous les couvents de la région que nous étudions étaient munis d’une salle où étaient conservés les ouvrages mis à la disposition des religieux. Les dimensions et le contenu de ces bibliothèques variaient selon les effectifs conventuels mais également selon l’activité intellectuelle de chaque communauté. Certains couvents, comme celui des Clarisses de Verdun, possédaient une bibliothèque modeste332. En revanche, d’autres établissements étaient renommés pour l’importance de leurs bibliothèques333. Les informations de ce type constituent des indices révélateurs quant à l’ampleur de ces salles, dont les dimensions ne sont pas systématiquement précisées par les sources.
99Quant à l’emplacement de la bibliothèque dans le cloître, le choix des communautés était porté vers les étages. En effet, cette disposition permettait davantage d’éclairage pour la salle (celle-ci pouvait disposer d’une rangée de fenêtres de part et d’autre sur ses longs côtés), et la fréquente absence d’étage plus haut encore éliminait la nuisance sonore provoquée par la circulation des membres de la communauté334. Parfois, la bibliothèque était aménagée dans un corps de logis greffé au cloître, afin d’assurer davantage d’indépendance et de calme à l’endroit d’étude. Nous pouvons évoquer ici certains exemples qui illustrent ces choix. Les bibliothèques de Franciscains de Beauvais335, de Noyon336 et de Béthune337, des Clarisses de Bar-le-Duc338 et des Dominicains de Metz339 étaient disposées au premier étage du cloître. La bibliothèque des Dominicaines messines était installée à l’extrémité méridionale du premier étage de l’aile occidentale. Les fenêtres de cette salle ouvraient vers l’est sur le préau et vers le sud et l’ouest sur le jardin conventuel340. La bibliothèque des Dominicains de Verdun était aménagée sous les combles341, au premier étage du corps de logis qui se greffait perpendiculairement à l’extrémité ouest de l’aile méridionale du cloître (fig. 23). Les fenêtres de la salle donnaient d’un côté sur le jardin conventuel et de l’autre côté sur le parterre aménagé près de l’entrée du couvent342. De même, les Franciscains rémois avaient installé la bibliothèque conventuelle au premier étage du prolongement occidental de l’aile nord, directement sous les combles343. Il convient de souligner que l’emplacement et la disposition de la bibliothèque pouvaient être modifiés a posteriori en fonction des nouveaux besoins de la communauté. Ce fut le cas dans le couvent des Dominicains troyens. Lors de la vaste campagne de restructuration du couvent, entreprise par l’évêque Pierre de Villiers au xive siècle, fut construit un grand corps de logis appuyé perpendiculairement sur la galerie occidentale du cloître (fig. 4), et abritant la bibliothèque conventuelle. L’envergure de cette entreprise répondait à l’intense activité apostolique des frères344, mais également à l’intérêt que portait aux études le prélat troyen345, à l’origine religieux du couvent dominicain346.
100Le mobilier des bibliothèques conventuelles était généralement limité aux pièces nécessaires pour le fonctionnement de ce lieu. Un exemple en est fourni par la bibliothèque des Dominicains d’Évreux qui contenait mille deux-cents volumes de différents formats posés sur des tablettes et était pourvue d’une table en chêne et d’un coffre fermé à clé347. Les murs de la bibliothèque des Franciscains beauvaisins étaient revêtus de tapisseries historiées348. Étant données les qualités isolantes de celles-ci, nous supposons qu’elles avaient une fonction autant utilitaire que décorative. En effet, les bibliothèques mendiantes ne disposaient pas systématiquement de chauffage : c’était le cas au couvent des Franciscains de Bernay349.
Les studia
101La nécessité pour les frères de suivre des études au sein même du couvent fut perçue et stipulée dès le xiiie siècle350. Les Dominicains, et ensuite les autres ordres, instaurèrent l’aménagement d’une salle conventuelle destinée à l’enseignement des frères. Ces studia ou praedicatoria accueillaient aussi des religieux extérieurs à la communauté351, et parfois même des laïcs352. L’emplacement et les dimensions de ces pièces s’adaptaient aux besoins particuliers et aux dispositions générales de chaque couvent. Ainsi, dans le couvent des Dominicains de Beauvais, le praedicatorium était aménagé au premier étage de l’aile occidentale, sous les combles qui avaient reçu un traitement décoratif discret et particulièrement soigné. La aula theologica des Franciscains parisiens était attenante à la salle du chapitre au rez-de-chaussée du cloître353. Le couvent des Dominicains douaisins disposait au moins de deux salles d’études, dont l’emplacement n’est pas précisé par les sources354. Le studium voisinait parfois la bibliothèque, pour des raisons sans doute de fonctionnalité. C’était le cas dans le couvent des Dominicains verdunnois, où les cours dispensés par le lecteur se déroulaient au rez-de-chaussée du corps de logis qui abritait la bibliothèque355. L’aménagement intérieur des studia n’est pas décrit dans les sources.
Les scriptoria
102La présence de salles consacrées à la copie des manuscrits, aménagement courant dans les monastères des ordres traditionnels, était rare dans les couvents mendiants de la région que nous étudions. Les sources ne font pas spécifiquement état de scriptoria, mais la présence de ceux-ci est suggérée indirectement. Ainsi, l’information que les Franciscains de Douai, au xve siècle, copiaient des manuscrits sur la commande de l’abbaye d’Anchin suppose qu’ils disposaient d’une salle destinée à ce travail356. Par ailleurs, la recette pour la fabrication d’encre conservée dans les archives conventuelles du xve siècle des Carmes rouennais357 indique que l’écriture et a fortiori la copie de manuscrits faisaient partie des activités principales de la communauté. Nous pouvons également renvoyer à l’exemple des Dominicaines nancéiennes, qui commandaient fréquemment du parchemin, de l’encre rouge et de la laque. Indice que le cloître contenait vraisemblablement un endroit destiné à la copie, et éventuellement à l’illustration de manuscrits358. Faute de sources, l’emplacement et l’aménagement intérieur des scriptoria mendiants demeurent malheureusement inconnus.
Les salles des archives
103Certaines communautés, comme les Clarisses de Verdun359, les Dominicaines messines360 et les Dominicains valenciennois361, avaient prévu des salles destinées à la conservation des archives conventuelles. L’emplacement et l’aménagement intérieur de ces pièces ne sont pas systématiquement précisés par les sources. Cependant, celles-ci nous informent que le bureau des archives des Dominicaines de Metz voisinait la bibliothèque au premier étage de l’aile occidentale362, et que les archives des Clarisses de Verdun étaient rangées dans des armoires363. Toutefois, la présence d’une salle recélant les archives conventuelles n’était pas obligatoire364.
Les oratoires
104En dehors des offices, les religieux avaient la possibilité de prier individuellement dans les oratoires conventuels. L’emplacement de ceux-ci variait, mais assurait toutefois un accès facile pour tous les membres de la communauté. Ainsi, dans le couvent des Clarisses d’Arras, l’oratoire était aménagé au premier étage de l’aile orientale, à proximité des cellules365. L’oratoire des Dominicaines messines était contigu à l’ouvroir, au rez-de-chaussée de l’aile orientale du cloître366. Là encore, la pénurie documentaire ne permet pas la reconstitution des dimensions et de l’agencement intérieur de ces espaces.
Les parloirs
105En tant que moyen de cohésion interne, les discussions individuelles des membres dans la communauté se déroulaient dans des espaces spécifiques, les parloirs. Ceux-ci étaient disposés dans le cloître de manière variable, adaptée aux contingences spatiales de chaque couvent. Le parloir des Dominicaines de Metz était établi au rez-de-chaussée de l’aile orientale. Celui des Dominicains beauvaisins occupait une partie du rez-de-chaussée de l’aile méridionale367. Les Dominicaines nancéiennes avaient aménagé deux parloirs au rez-de-chaussée de l’aile orientale du cloître est (fig. 32). Les Clarisses d’Arras disposaient elles aussi de deux parloirs, installés au premier étage de l’aile occidentale. L’unique parloir des Franciscains de Noyon se trouvait à l’étage du cloître.
106Les dimensions de ces salles étaient manifestement proportionnelles à l’importance des effectifs des couvents. Les Dominicains de Douai, nombreux, disposaient d’un parloir suffisamment grand pour servir de chapelle conventuelle à la suite de l’incendie de 1595 qui dévasta la majeure partie du couvent368. Les sources ne fournissent pas, par ailleurs, d’éléments permettant la reconstitution intérieure des parloirs mendiants.
Les cellules des religieux
107Pour les couvents de la région que nous étudions, les sources sont généralement tardives et ne font pas état de dortoirs communs qui furent en effet assez rapidement remplacés par des cellules individuelles369 permettant aux religieux de prolonger leur étude sans être dérangés et sans incommoder les autres membres de la communauté. Même dans les couvents féminins, dans lesquels pourtant la présence du dortoir était strictement stipulée370, les cellules ne tardèrent pas à se généraliser. Tout comme dans les monastères des ordres traditionnels, les cellules occupaient l’étage (ou les étages) du cloître371. Leur nombre correspondait aux effectifs de la communauté372. Leurs dimensions et leur aménagement obéissaient à la hiérarchie interne des ordres. Les cellules du prieur, du gardien, du procureur et du lecteur373 du couvent étaient plus grandes et étaient précédées d’un cabinet d’étude. C’était le cas de la chambre du gardien des Franciscains beauvaisins374 et des cellules du procureur et du prieur des Dominicains ébroïciens, qui étaient du reste assez spacieuses et (à une époque tardive du moins) meublées avec soin375. L’importance accordée au déroulement aisé de l’étude des frères motiva l’installation de grandes portes vitrées à certaines cellules du couvent des Carmes parisiens376 et à toutes les chambres des Augustins de la même ville dès 1328. D’après les arguments du prieur général de ces derniers, Guillaume de Crémone, ces dispositifs assuraient un éclairage abondant tout en permettant le contrôle des chambres par le gardien du dortoir377.
108Les dimensions des chambres des religieux étaient variables. Les cellules des Dominicaines messines mesuraient 2,4 mètres sur 1,8378 et celles des Franciscains d’Arras étaient sensiblement plus petites379. Les Dominicaines de Lille disposaient quant à elles de chambres particulièrement confortables380. Les cellules des Dominicains ébroïciens étaient toutes pourvues d’un cabinet d’étude381. En revanche, les chambres des domestiques382 dans ce couvent (et probablement aussi dans les autres) étaient fort exiguës et meublées de manière rudimentaire383. D’une manière générale, le mobilier des cellules était austère et se limitait aux meubles et objets indispensables pour la prière individuelle, l’étude et le repos des religieux. Les cellules des Clarisses de Bar-le-Duc en offrent un exemple caractéristique : elles contenaient (au xviiie siècle mais probablement aussi à la fin du Moyen Âge) une paillasse posée sur une planche, un coffre en bois, un prie-Dieu, un banc et une tablette-écritoire384.
Les cellules des novices
109Regroupés parfois dans un édifice indépendant, les appartements des novices pouvaient aussi être organisés dans le cloître. Toutefois, l’emplacement du noviciat respectait l’écart obligatoire entre les novices et les membres réguliers de la communauté. Dans le couvent des Dominicaines de Nancy, les sœurs logeaient au même étage que les novices, qui étaient sans doute relativement isolées, car elles disposaient de leur propre jardin de repos, accessible depuis leurs appartements385. Au xvie siècle, les Franciscains douaisins aménagèrent le noviciat dans un corps de logis qui prolongeait vers le nord le bras occidental du cloître (fig. 7)386. Manifestement, ce bâtiment abritait également les salles d’enseignement des novices. Une organisation analogue était probablement en vigueur dans le couvent des Clarisses de Bar-le-Duc où le rez-de-chaussée du cloître comportait deux noviciats387. Le premier était sans doute destiné au logement et le second à la formation des novices.
Les appartements des directeurs spirituels des communautés féminines
110Les couvents féminins comportaient des appartements destinés aux frères chargés de la direction spirituelle des religieuses et de la célébration eucharistique. Ces pièces étaient souvent aménagées dans le cloître388, de préférence à proximité de l’église pour des raisons évidentes d’accessibilité. C’était le cas dans le couvent des Dominicaines messines, où les appartements du père dominicain étaient disposés au-dessus de la sacristie, dans un court bâtiment qui s’agençait en retour d’équerre à l’extrémité septentrionale de l’aile orientale (fig. 31). Deux escaliers à vis permettaient au directeur spirituel de la communauté d’accéder facilement à la sacristie et à l’église, ainsi qu’à la procure attenante. Un cabinet d’étude était par ailleurs aménagé sous les combles (fig. 54). Dans le cloître les Clarisses de Bar-le-Duc, les frères disposaient de leur propre chapelle, située à l’étage du cloître. Celle-ci était desservie par un escalier indépendant depuis la sacristie et était pourvue d’une petite sacristie389. Les pièces destinées au directeur spirituel des Dominicaines nancéiennes390 étaient aménagées au premier étage de l’aile orientale du petit cloître et se prolongeaient au-dessus du passage conduisant à la cour principale, pour s’aligner à la chapelle du Sépulcre et à l’église (fig. 53). Composés de trois chambres communicantes, ces appartements étaient desservis par un premier escalier à vis jouxtant la chapelle du Sépulcre et par un second conduisant à une petite cour intérieure, réservée vraisemblablement au père Dominicain391.
L’infirmerie
111Traitée systématiquement avec soin par les communautés, l’infirmerie occupait parfois un édifice indépendant, mais son aménagement dans le corps même du cloître était le plus courant. Certes, chaque communauté procédait à sa propre gestion spatiale et, par conséquent, l’emplacement ainsi que les dimensions de l’infirmerie présentaient des variations. L’infirmerie des Franciscains beauvaisins était organisée à l’étage de l’aile méridionale392. Une disposition analogue était réservée à l’infirmerie des Franciscains de Bernay393 et de Noyon394. Dans le couvent des Dominicaines de Metz, la salle des malades se trouvait au rez-de-chaussée de l’aile occidentale (fig. 31)395. L’aménagement de l’infirmerie dans un corps de logis greffé au cloître était adopté par les Dominicains de Metz et de Saint-Omer. Les frères messins avaient organisé l’espace pour les malades dans le prolongement occidental de l’aile septentrionale396, et les religieux audomarois l’avaient disposé dans le prolongement méridional de l’aile occidentale397.
112L’aménagement intérieur de l’infirmerie n’était pas uniforme dans tous les couvents. Les Clarisses verdunnoises avaient prévu trois salles contiguës destinées aux malades398, tandis que les Clarisses d’Arras avaient aménagée deux infirmeries distinctes au rez-de-chaussée de l’aile méridionale du cloître399. Le mobilier de ces salles était sans doute fonctionnel mais austère. C’était le cas dans le couvent des Clarisses de Verdun400. La présence d’une cheminée est attestée dans l’infirmerie des Dominicaines de Nancy401. Nous supposons que des dispositifs semblables étaient également prévus dans les infirmeries des autres couvents, étant donnée l’attention portée par les communautés au confort des religieux malades.
Les salles auxiliaires
113La distribution des pièces secondaires, telles que la cuisine, la boulangerie, la buanderie, la brasserie, ou même les remises et les latrines, était très variable et s’adaptait aux dispositions générales de chaque couvent. Cependant, dans tous les cas, la cuisine402 était attenante au réfectoire pour des raisons de fonctionnalité. C’était le cas dans les couvents des Clarisses d’Arras403, des Franciscains de Beauvais404 et de Sarrebourg405, ainsi que des Dominicains de Compiègne406 et de Metz407.
114Certaines pièces étaient souvent regroupées en raison de leur infrastructure identique. Ainsi, la buanderie des Clarisses d’Arras408 et la brasserie des Dominicains de Saint-Omer409 étaient aménagées à proximité immédiate de l’infirmerie conventuelle. Toutes ces salles étaient en effet obligatoirement pourvues de conduites d’eau et de canalisations d’évacuation. Manifestement pour le même motif, dans le couvent des Dominicains messins, la brasserie et les latrines étaient aménagées dans le corps de logis qui abritait l’infirmerie410. Chez les Clarisses de Saint-Omer, les latrines étaient greffées à l’aile qui contenait la cuisine411. En outre, le souci de la rapidité du service et la volonté de procurer aux visiteurs un séjour confortable dictèrent, sans doute, le voisinage de la lingerie avec les trois chambres des hôtes dans le couvent des Franciscains sarrebourgeois412.
Les salles et les chambres pour les hôtes
115L’accueil des visiteurs imposa l’aménagement de deux types de salles dans le cloître. Les pièces destinées à la réception générale des hôtes étaient disposées au rez-de-chaussée pour des raisons d’accessibilité, et afin que les visiteurs ne perturbent pas l’intimité de la communauté. Nous pouvons citer ici les cas des couvents des Carmes arrageois ainsi que des Franciscains beauvaisins413 et sarrebourgeois414. Les sources ne précisent pas les dimensions de ces salles, ni leur aménagement intérieur. Néanmoins, elles étaient sans doute amples, comme l’indique l’exemple du couvent dominicain de Châlons-en-Champagne où la salle des hôtes, aménagée au rez-de-chaussée du cloître, accueillait souvent des assemblées politiques et des représentations théâtrales415.
116Les chambres des visiteurs auxquels était accordé un séjour dans le couvent étaient disposées souvent à l’étage. De nombre limité, elles offraient un tant soit peu de confort à leurs usagers. Ainsi, le couvent des Franciscains compiégnois comportait cinq chambres pour les hôtes. Aménagées à l’étage de l’aile occidentale, elles bénéficiaient d’un éclairage abondant, étaient pourvues de cabinets d’étude, et deux d’entre elles comportaient une cheminée416. Toutefois, l’organisation des chambres pour les hôtes au rez-de-chaussée n’était pas exclue. C’était le cas dans les couvents des Franciscains arrageois417 et sarrebourgeois418.
Les salles des assemblées laïques
117Le dessein mendiant de s’intégrer dans le contexte urbain supposait l’établissement d’un double contact avec les habitants : à savoir l’encadrement religieux de ceux-ci ainsi que leur assistance spirituelle fondée sur la prédication, et la proposition d’un nouveau modèle de vie monastique. L’accomplissement de la partie spirituelle de cette mission impliquait la possibilité pour les laïcs d’investir l’espace ecclésial tant par les sépultures que par les chapelles privées. Quant à l’osmose des fidèles avec les principes de la vie mendiante, elle se concrétisait avec l’accueil de manifestations laïques dans le noyau de la vie conventuelle, à savoir le cloître419. Ainsi, certains couvents comportaient dès leur fondation des salles destinées aux assemblées bourgeoises. Dans d’autres cas, ces pièces furent aménagées a posteriori afin de répondre aux nouveaux liens tissés entre les religieux et la communauté urbaine. Nous pouvons renvoyer ici à l’exemple des Franciscains rémois, qui établirent dès le xiiie siècle des contacts étroits avec les bourgeois de la ville, en désignant ceux-ci comme procurateurs laïcs de la communauté420. De même, les réunions électorales ou délibératoires des bourgeois avaient lieu dans une grande salle (fig. 19) aménagée à cet effet au premier étage de l’aile septentrionale du cloître421. Par ailleurs, dans la deuxième moitié du xive siècle, et en l’absence d’un Hôtel de Ville, les archives du conseil communal furent abritées dans une des pièces du couvent422. À Caen, depuis 1440, les assemblées de l’Université de la ville se tenaient dans le cloître des Franciscains, dans la salle de Bretagne, aménagée spécialement à cet effet423. Par ailleurs, les réunions indépendantes des facultés avaient lieu dans le réfectoire du couvent424. De même, depuis sa création en 1562, l’université de Douai s’associa étroitement aux Dominicains. Une salle du couvent fut affectée aux assemblées et aux séances universitaires tandis qu’une pièce plus petite accueillait les réunions du collège des bacheliers425.
Les greniers et les caves
118Les restrictions qu’imposait le quadrillage urbain à l’extension en plan des édifices incita les communautés à pourvoir systématiquement leurs couvents de greniers et de caves426. Espaces subsidiaires aménagés sous les combles du cloître, les greniers étaient souvent mansardés, comme dans le couvent des Franciscains arrageois427. L’éclairage y était systématiquement assuré par des lucarnes. C’était le cas, entre autres, dans les couvents des Augustins d’Amiens, des Clarisses de Cambrai et des Dominicaines de Nancy428. Quand la hauteur du cloître le permettait, les greniers étaient pourvus de grandes fenêtres, comme dans le couvent des Dominicains verdunnois429. Développés généralement sur une ou deux ailes430, les greniers pouvaient parfois s’étendre sur tout le cloître, offrant ainsi un vaste espace de stockage431. Les sources ne fournissent pas de renseignements quant à l’aménagement intérieur de ces greniers. Toutefois, ces espaces étaient protégés par des portes fermant à clé, comme dans le couvent dominicain de Beauvais432.
119Facilement accessibles depuis le rez-de-chaussée du cloître, des caves étaient aménagées dans la majorité des couvents mendiants433. Elles remplissaient de multiples fonctions. Tout comme les greniers, elles fermaient à clé. De plus, la réglementation conventuelle interdisait aux frères de s’y rendre seuls, afin que soit écarté tout risque de soustraction de vin et de subsides qui y étaient conservés434. Dans le couvent des Dominicains langrois, les caves étaient pleinement exploitées. Elles étaient divisées en seize caveaux voûtés qui abritaient, entre autres, la boulangerie, la cuisine et la buanderie « avec citerne et pierre à laver ». Tous ces espaces (munis sans doute d’installations hydrauliques) étaient éclairés par des soupiraux435. Un traitement soigné était conféré aussi à la cave aménagée sous l’aile orientale du cloître des Dominicaines messines, qui était couverte d’un plafond à poutres apparentes et, qui, étant donnée la déclivité du terrain, était éclairée par de grandes fenêtres donnant sur la cour d’entrée et par des soupiraux depuis le couloir claustral (fig. 54).
Les bâtiments conventuels indépendants
120L’exploitation très réfléchie de l’enclos, conjuguée aux besoins spécifiques de chaque communauté436, dictait souvent la construction d’édifices conventuels dans le voisinage du cloître mais indépendants de celui-ci. La destination ou la fonction de ces bâtiments restait cependant liée à la vie communautaire437. Ainsi, la dissociation de ces constructions par rapport au noyau claustral fondamental ne heurtait pas la cohésion du complexe conventuel. En outre, le traitement architectural des édifices indépendants était conforme aux principes édilitaires mendiants.
Le noviciat
121Assez souvent abrité dans le cloître ou greffé à celui-ci, le noviciat pouvait aussi être aménagé dans un corps de logis indépendant. Les moyens financiers de la communauté, mais aussi l’importance numérique des nouvelles recrues, constituaient des conditions décisives pour ce choix. Nous pouvons renvoyer ici à l’exemple du couvent des Dominicains langrois où le cloître n’avait sans doute pas la capacité d’abriter le noviciat, étant donné qu’il accueillait déjà les multiples activités de la communauté438. En outre, de nombreux novices portaient manifestement leur choix au couvent de Langres, attirés par la renommée de ses prédicateurs439. Ainsi, le noviciat langrois fut aménagé dans un bâtiment indépendant, érigé au sud-ouest des édifices claustraux, le long de la rue de la Clochette440. Au xve siècle, les Dominicaines de Lille reçurent l’autorisation d’assurer la formation religieuse des novices441. La prospérité de la communauté442 permit la construction d’un noviciat indépendant. Il s’agissait d’un bâtiment rectangulaire, bâti en briques et couvert de tuiles, qui occupait la partie occidentale de la cour d’entrée (fig. 9). Organisé sur deux étages éclairés par des fenêtres rectangulaires, il comportait sans doute les chambres des novices ainsi que les salles destinées à l’enseignement, tandis que des greniers étaient aménagés sous les combles443.
Les appartements des frères dans les couvents féminins
122Les religieux chargés de la direction spirituelle des sœurs étaient le plus souvent logés dans le cloître (certes, dans des appartements isolés de ceux de la communauté). Cependant, la construction de bâtiments autonomes n’était pas exclue. Dans le couvent des Clarisses d’Arras444, l’édifice indépendant destiné aux Franciscains s’élevait sur deux niveaux. Il comportait, au rez-de-chaussée, une chapelle, une petite salle de chapitre, le réfectoire accompagné de la cuisine, et une infirmerie. L’étage abritait les chambres des religieux, qui disposaient également de leur propre parterre, aménagé devant leur bâtiment.
Les appartements des sœurs tourières
123Dans les couvents féminins, les sœurs converses chargées des contacts avec l’extérieur, logeaient dans des appartements indépendants qui, contigus à l’entrée du couvent, formaient une barrière protectrice pour les religieuses cloîtrées445. Dans le couvent des Clarisses de Bar-le-Duc, le bâtiment des tourières flanquait le portail principal et comportait ses propres dépendances446. C’était également le cas dans le couvent des Clarisses de Saint-Omer, où les appartements des sœurs converses contenaient leurs propres réfectoire, infirmerie et dépendances447. Les appartements des tourières pouvaient également être aménagés dans deux bâtiments distincts, afin que les chambres des sœurs converses soient séparées des salles où celles-ci accueillaient les visiteurs. Ainsi, dans le couvent des Dominicaines lilloises, deux édifices mitoyens, de taille différente, construits en briques et couverts de tuiles, étaient érigés au revers de la partie occidentale du mur de clôture (fig. 9). Leurs étages étaient éclairés par des fenêtres et des lucarnes. Dans le couvent des Clarisses de Verdun, le portail conventuel était flanqué, de part et d’autre, de deux bâtiments rectangulaires : celui du nord était adossé au mur de clôture, tandis que celui du sud se greffait à l’extrémité occidentale de l’église. Nous supposons que le premier édifice accueillait les chambres des tourières, alors que le second était destiné à l’accueil des fidèles qui, au moyen d’une volée de marches, pouvaient accéder directement à la nef448. Les sources nous apprennent que les appartements des tourières verdunnoises étaient très simples449, mais elles ne fournissent aucun élément quant à l’aménagement intérieur de ceux-ci.
L’infirmerie
124Installée le plus souvent dans une des ailes claustrales ou dans un corps de logis greffé au cloître, l’infirmerie pouvait aussi être aménagée dans un édifice indépendant. C’était le cas dans les couvents des Carmes valenciennois450 et des Franciscains parisiens. L’infirmerie de ces derniers fut construite au milieu du xive siècle, grâce à l’initiative et à la munificence de la veuve du roi Charles IV le Bel, Jeanne d’Évreux451.
125Il s’agissait d’un édifice autonome452 (fig. 57), de forme rectangulaire, s’élevant sur deux étages et pourvu, à son extrémité occidentale, d’une chapelle aménagée sur deux niveaux.
Les écoles
126L’impact de l’enseignement mendiant et l’accueil d’étudiants extérieurs à la communauté contribuèrent à l’essor des écoles conventuelles453. Afin d’accorder une certaine autonomie à celles-ci, tant du point de vue de l’espace et du fonctionnement que de l’accessibilité, les religieux procédaient parfois à la construction de bâtiments scolaires indépendants. Certes, cette initiative était motivée par le nombre élevé des étudiants et par le potentiel financier de la communauté. Nous pouvons renvoyer, à cet égard, au couvent des Augustins rémois : ceux-ci s’étaient distingués pour leur enseignement de théologie et de rhétorique, et les élèves affluaient à l’école conventuelle. Ainsi, en 1427, lors de la répartition d’un don royal entre les ecclésiastiques de Reims, le maître augustin fut l’objet d’une imposition particulière car ses revenus d’enseignement étaient déjà satisfaisants454. Ces conditions justifiaient la construction d’une école autonome. Un grand bâtiment fut alors érigé à l’est du cloître. Simple, rectangulaire, cet édifice était pourvu de greniers éclairés par des lucarnes ainsi que de cheminées455. Au début du xvie siècle, la construction de l’école de théologie des Franciscains parisiens bénéficia des libéralités royales456 et sans doute pour cette raison cet édifice était particulièrement spacieux457. De plus, les religieux avaient veillé à ce que l’aménagement de la salle soit propice au déroulement des cours : aucune colonne n’interrompait l’espace intérieur, tandis que onze grandes fenêtres assuraient un éclairage abondant458.
La chapelle et le cloître de la Passion du couvent franciscain de Troyes
127Issue de l’initiative édilitaire du ministre de la province de France, Nicolas Guiotelli, la Chapelle de la Passion du couvent franciscain de Troyes comportait une bibliothèque à l’étage et était accompagnée de son propre cloître appelé « prédicatoire ». Cet édifice constitue un rare exemple de noyau claustral secondaire destiné à une fonction parallèle et autonome par rapport au cloître principal. Les travaux débutèrent en 1459 et s’achevèrent en 1486, sous la supervision du provincial Regnault de Marescot459.
128Tout en respectant les principes architecturaux mendiants quant à la structure, la Chapelle de la Passion revêtait un caractère particulier découlant tant de la nature des espaces intérieurs que du décor extérieur460. Elle était rectangulaire, relativement étroite, longue approximativement de 26 mètres et large de 7 mètres (fîg. 35). Une moulure séparait à l’extérieur les deux niveaux. Celui du bas était éclairé par quatre grandes baies en arc brisé (fig. 59). Allignée à celles-ci, l’entrée de la chapelle était dissimulée sous la galerie occidentale du prédicatoire et était flanquée d’une fresque représentant le Jugement dernier461. À la base du premier étage de la chapelle étaient disposées une série de huit grandes plaques rectangulaires ornées d’écussons portant, entre autres, les armes de Champagne, du pape Sixte IV, bienfaiteur de la chapelle, de la reine Charlotte de Savoie et des rois Louis XI et Charles VIII.
129À l’étage, la bibliothèque était éclairée par des grandes fenêtres rectangulaires à l’exception des deux centrales, qui étaient en arc brisé. Un grand arc brisé surplombant ces deux fenêtres présentait sur son tympan une croix monumentale sculptée en bas relief. Ce dispositif, évoquant la Passion et le vocable de la chapelle, conférait un caractère sacré au premier étage de l’édifice, destiné pourtant à un usage profane. Cet effet était renforcé par les deux niches aménagées entre les fenêtres voisines : posées sur des culs-de-lampe ornés de sculptures, elles abritaient des statues de saints. D’autres statues de saints, parmi lesquelles figuraient saint François et saint Michel, étaient abritées dans des niches creusées, entre le premier et le second étage, sur la face des quatre contreforts. La face est du contrefort oriental comportait une tourelle ornée d’un bas-relief inspiré d’un fabliau de Virgile. L’entrée de la bibliothèque s’effectuait depuis le premier étage de l’aile ouest du couvent.
130À l’intérieur, la chapelle était couverte de voûtes qui retombaient sur des colonnes engagées, couronnées de chapiteaux décorés de sujets néo- et vétérotestamentaires. De nombreuses plaques funéraires jonchaient le sol. Toutefois, l’espace du sanctuaire était réservé aux grands bienfaiteurs de la chapelle. La bibliothèque avait les mêmes dimensions et le même système de voûtement que la chapelle, mais les chapiteaux des colonnes engagées comportaient des effigies de savants.
131Le cloître qui accompagnait vers le sud la chapelle de la Passion se composait de deux larges ailes en retour d’équerre, complétées vers l’est d’une galerie étroite et dissymétrique (fig. 35). Cet espace accueillait les prédications destinées aux assemblées (nombreuses) des laïcs.
132Par sa triple fonction religieuse, intellectuelle et apostolique et par sa structure, le cloître de la Chapelle de la Passion s’inscrivait dans le cadre fondamental de l’architecture mendiante. Toutefois, l’association insolite et l’investissement comparable des espaces ainsi que la valeur sémantique impartie au décor, conféraient à cet ensemble une véritable autonomie.
Les dépendances
133Dissociées le plus souvent des bâtiments conventuels principaux ou annexées au cloître462, les dépendances accueillaient de manière préférentielle les activités qui auraient pu provoquer une gêne sonore ou odorante pour la communauté. Ainsi, entre autres, la brasserie463, la vinaigrerie464, la buanderie465, et la boulangerie466 étaient assez souvent reléguées dans les bâtiments des dépendances. Ceux-ci étaient également construits selon les mêmes principes de simplicité structurelle et de fonctionnalité qui caractérisaient toutes les composantes de l’ensemble conventuel467. En outre, ils comportaient les dispositifs indispensables au déroulement des activités auxquelles ils étaient destinés468. Se limitant majoritairement à un seul niveau, ces édifices auxiliaires pouvaient cependant parfois aussi comporter un étage, comme c’était le cas dans le couvent des Dominicains d’Argentan, des Franciscains de Compiègne469 et des Dominicaines de Valenciennes (fig. 8).
134Étant donné que les pièces aménagées dans les dépendances étaient destinées à des activités conventuelles à part entière470, les religieux n’hésitaient pas à associer dans le même édifice des lieux réguliers de nature différente mais de fonctionnement compatible. Les dépendances du couvent des Franciscains de Beauvais offrent un exemple caractéristique de ce mode de gestion spatiale471. Un long bâtiment, datant de la première moitié du xvie siècle, prolongeait vers l’est le bras méridional du cloître et comprenait au sous-sol deux caves parallèles. Le rez-de-chaussée était aménagé en celliers et l’étage servait de dortoir, composé de cellules et de cabinets d’étude. Un grenier était aménagé sous les combles. Contre la partie septentrionale des celliers étaient installées les latrines. À l’angle sud-est du bâtiment des celliers étaient placés en angle obtus deux petits édifices servant de bûcher et de remise472, à l’intersection desquels, vers l’est, était aménagée une bibliothèque473. De même, dans le couvent des Dominicaines de Saint-Omer, la salle des archives était reléguée dans l’un des trois petits bâtiments qui abritaient les dépendances474.
135Toutefois, certains lieux réguliers spécifiques, tels les écuries, le poulailler et les cabinets d’aisance475, étaient souvent dissociés des pièces d’habitation ou d’usage quotidien. Ainsi, les deux écuries des Franciscains compiégnois n’étaient surmontées que de greniers. Dans le couvent des Dominicaines nancéiennes, le poulailler occupait un bâtiment indépendant, tout comme les latrines aménagées sur deux niveaux (fig. 60). De même, les Dominicains valenciennois avaient relégué les lieux d’aisance dans le jardin conventuel476. Au xive siècle, les Franciscains messins aménagèrent leurs latrines dans un édifice extérieur au couvent, desservi au moyen d’une passerelle enjambant la rue qui longeait le côté oriental de l’enclos.
Cohésion structurelle et fonctionnelle de l’ensemble Conventuel
136Destinés à abriter des activités de caractère différent, les bâtiments conventuels étaient toutefois investis par une seule communauté, dont la vie était axée sur la religiosité et l’apostolat mais aussi sur les occupations quotidiennes. La mise en œuvre de ces impératifs engageait à écourter les déplacements, ainsi qu’à faciliter l’action et la circulation dans l’ensemble du complexe.
La distribution des lieux réguliers
137Au travers de l’étude architecturale des composantes conventuelles, nous constatons que, outre la présence de la galerie claustrale qui « fédérait » spatialement le rez-de-chaussée du cloître, les pièces ayant des fonctions complémentaires étaient systématiquement contiguës477. Ainsi, la sacristie était attenante au chœur, la cuisine voisinait avec le réfectoire, les cabinets d’études précédaient parfois les chambres des religieux, et les pièces nécessitant une infrastructure hydraulique étaient souvent regroupées. De même, le caractère de certaines pièces induisait leur emplacement spécifique : ainsi, la proximité de la salle du chapitre par rapport à l’église permettait aux religieux de s’y rendre plus rapidement ; l’aménagement de la bibliothèque à l’étage, ou dans une aile autonome, assurait un éclairage abondant et limitait la gêne infligée aux lecteurs par le bruit des pas ; dans les couvents féminins, le logement du directeur spirituel de la communauté dans des appartements voisinant l’église y facilitait l’accès et offrait un relatif isolement par rapport à l’espace conventuel des sœurs.
Les portes
138Marquant le début ou ponctuant les ramifications d’un parcours dans l’ensemble conventuel, les portes étaient des dispositifs importants permettant la communication à la fois efficace et contrôlable vers (ou) entre les différentes parties du couvent. L’entrée de l’église, ouverte généralement dans l’axe du chœur, canalisait l’attention des fidèles vers cette partie sacrée de l’espace ecclésial478. Dans les couvents féminins, l’emplacement systématique de l’entrée sur le côté latéral de l’église établissait un contact (du moins visuel) entre la personne qui accédait à l’édifice et les deux pôles sacrés de celui-ci : à savoir le chœur liturgique et le chœur des sœurs, disposés aux deux extrémités de l’axe du bâtiment479. Quant à la circulation interne, la communication obligatoire du chœur avec la sacristie imposait la présence d’une porte entre ces deux espaces480. De même, l’accès au cloître depuis l’église (et vice versa) était possible grâce à une ouverture qui reliait la nef à la galerie claustrale481. Nous pouvons renvoyer, à cet égard, aux exemples de l’église des Franciscains et des Dominicains482 de Valenciennes, ainsi que des Augustins de Bayeux483. Dans les couvents féminins, le chœur des sœurs était desservi depuis le cloître.
139L’accueil de manifestations laïques dans les édifices claustraux dictait souvent la présence d’une ou de plusieurs ouvertures permettant l’accès direct dans une des ailes depuis la rue attenante. C’était le cas dans les couvents des Dominicains et des Franciscains troyens, des Carmes valenciennois et des Augustins amiénois. Dans les couvents des Dominicaines (fig. 31) et des Franciscains de Metz, la porte externe du cloître était accessible depuis la cour d’entrée et amenait directement à la galerie claustrale au moyen d’un couloir transversal. D’autres portes externes, réservées aux membres de la communauté, conduisaient aux jardins et parterres qui entouraient le cloître. Par ailleurs, la communication avec les bâtiments conventuels indépendants était parfois établie au moyen de passages couverts, afin que les frères ne soient pas exposés aux intempéries. C’était le cas dans le couvent des Franciscains parisiens, où une galerie longeant le côté sud du grand réfectoire conduisait à l’école conventuelle484 (fig. 57). De même, dans le couvent dominicain de la même ville, un passage couvert, disposé sur deux (et à l’époque post-médiévale trois) niveaux reliait le réfectoire avec le corps principal du cloître.
Les escaliers
140La circulation au rez-de-chaussée du cloître était articulée autour de la galerie, sur laquelle s’ouvraient les portes de tous les lieux réguliers. Le lien entre les étages était établi par des escaliers, disposés généralement aux intersections des ailes, et parfois au nombre de deux, afin de guider les déplacements verticaux sans cependant trop les canaliser. Dans le cloître des Dominicains de Compiègne, par exemple, l’escalier conduisant à l’étage était aménagé à l’angle des ailes sud et ouest485. Dans le couvent des Dominicains rémois, les deux tours carrées aménagées aux angles sud-ouest et sud-est du carré claustral abritaient sans doute des escaliers à vis permettant l’accès au second niveau du cloître. Un dispositif analogue était mis en œuvre à la Chapelle de la Passion des Franciscains troyens (fig. 59). À l’interface de la chapelle et de l’aile occidentale du cloître se dressait en encorbellement une petite tourelle à deux étages, qui contenait l’escalier desservant la bibliothèque et les combles de l’édifice. Par ailleurs, l’économie de la gestion spatiale avait dicté vraisemblablement aux Dominicains langrois l’aménagement des escaliers dans le couloir claustral septentrional. Celui-ci, accolé à l’église, était dépourvu de lieux réguliers. Il offrait par conséquent plus d’espace pour le déploiement des escaliers sans entraver le fonctionnement du cloître486.
141Destinés à accueillir les activités liturgiques, apostoliques, intellectuelles et communautaires des religieux, les couvents étaient donc construits selon les prérogatives de fonctionnalité et d’homogénéité qui ordonnaient toutes les manifestations de la vie mendiante. En outre la réglementation des constructions prenait en compte tant le principe incontournable de dépouillement (dans les édifices et dans la vie conventuelle) que les finances limitées des couvents. Ainsi, délibérément, fut adoptée pour l’ensemble des bâtiments conventuels la plus simple structure édilitaire, longitudinale et rectiligne, dépourvue d’artifices architecturaux et ornementaux qui auraient pu entraver la lecture immédiate des masses extérieures et de l’espace intérieur. Cette unité tectonique fondamentale fut appliquée à toutes les composantes du complexe conventuel ; celui-ci était aussi pourvu de dispositifs adaptés permettant un éclairage suffisant et assurant une liaison interactive des lieux réguliers. Certes, l’uniformisation absolue des édifices était exclue tant pour des raisons purement fonctionnelles qu’afin de mettre en exergue la hiérarchie intrinsèque régissant l’ensemble des édifices.
142De par ses dimensions, l’église dominait le carré claustral. De plus, le caractère liturgique et apostolique de l’édifice affranchissaient sa structure architecturale des contraintes purement opératoires. L’enveloppe extérieure du noyau ecclésial, conçue en tant que réceptacle de l’activité intérieure, était traitée avec une grande simplicité. Cette caractéristique constituait en effet le point commun entre les églises malgré les variations structurelles de celles-ci, résidant surtout dans la forme du chevet ou dans le nombre des bas-côtés et des chapelles latérales. Toutefois, ces différences étaient atténuées, voire écartées, par l’harmonisation formelle fondée sur une épuration résolue. L’accent était porté uniquement sur les éléments qui, telles les grandes fenêtres ou les portails, permettaient aux fidèles de se projeter dans l’espace ecclésial.
143La structure intérieure des églises mendiantes reflétait le souci d’unification spatiale : ainsi, le couvrement, les éventuelles colonnades ou les murs de refend entre les chapelles latérales revêtaient avant tout un rôle constructif. Subsidiairement, le traitement ornemental de ces éléments (souvent dû aux libéralités seigneuriales ou laïques) concourait à l’exaltation de la sacralité de l’édifice. Les fonctions liturgiques et funéraires de celui-ci se déroulaient dans le chœur aussi bien que dans l’aire des fidèles, qui comportaient un nombre important d’autels et de sépultures. De surcroît, les sermons, prononcés depuis la chaire à prêcher installée dans la nef, permettaient davantage aux ouailles de communier dans la spiritualité mendiante, véhiculée tant par la parole que par le mobilier liturgique et dévotionnel environnant. Ce dernier était adapté à la sensibilité religieuse des derniers siècles du Moyen Âge et, plus particulièrement, de la région française septentrionale.
144De caractère principalement fonctionnel, le cloître était composé de salles simples et rectangulaires, dont l’emplacement était interchangeable en fonction des besoins spécifiques de chaque communauté. Ce parti-pris, reflétant la flexibilité opérationnelle des principes architecturaux mendiants, allait de pair avec le refus de l’uniformité : la multitude des activités conventuelles et laïques accueillies dans le carré claustral imposaient à chaque couvent des gestions spatiales individuelles. De même, des aménagements adaptés étaient prévus pour les espaces voués à des fonctions sacrées, collectives ou individuelles. Étant donné les variations du profil des différents couvents, chaque cloître avec ses dépendances revêtait un caractère différent qui, dans le cadre régional, concourait à l’enrichissement du paysage édilitaire mendiant.
145Toutefois, les couvents n’étaient pas isolés de la réalité de leur époque et de leur région : ils y puisaient des éléments constructifs issus tant du milieu séculier et monastique que du contexte urbain. L’association de ces vocabulaires architecturaux, modelés par les principes des ordres et adaptés au profil spécifique de chaque communauté, ont donné naissance à une véritable koinê architecturale mendiante.
Notes de bas de page
1 Voir Grodecki, L., L’Architecture gothique, Paris, 1992, (trad. française de l’éd. italienne de 1978), p. 18.
2 Rappelons brièvement qu’outre les impératifs liturgiques et pastorales, ces besoins se façonnaient par l’importance numérique de chaque communauté, par les activités spécifiques intra ou extra communautaires des religieux ainsi que par l’appartenance du couvent à la branche féminine ou masculine de l’ordre.
3 Voir Pacaut, M., Les Ordres monastiques et religieux au Moyen Âge, Paris, 1993, (2e éd.), p. 150.
4 Dimension calculée d’après le plan de Caen établi par Nicolas de Fer en 1703. Voir B.N. Estampes, collection Topographie de la France, Va 14, t. 3, Nicolas de Fer, Plan de la ville et du château de Caen en Normandie, 1703 (rééd. 1718).
5 Les dimensions de l’église des Carmes de Reims sont mentionnées dans le rapport établi par l’architecte Lefebvre lors de la destruction d’une partie de l’église au xviiie siècle. A.D. Marne, 60 H 18, Carmes de Reims, n° 87, Traité entre les Carmes de Reims et l’architecte François Lefebvre au sujet des matériaux de démolition et d’abandon d’une portion du terrain.
6 D’après le plan de l’édifice établi à la suite des fouilles effectuées sur le site en 1992. Voir L’Archéologie de Beauvais ou mémoire d’une ville, op. cit., p. 49.
7 Les dimensions sont fournies par le procès-verbal de l’estimation du couvent au lendemain de la Révolution. A.D. Oise, 1 Q 2 1604, n° 63, 11 novembre 1790. Estimation de l’église, bâtiments, cours et jardins.
8 Ces dimensions figurent dans l’estimation des immeubles du couvent en 1790. A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles, invetaire des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790.
9 Maliet, V., Histoire et archéologie du couvent des Dominicains de Valenciennes, op. cit., p. 50-55.
10 Citons, à titre d’exemple, les chevets des Clarisses, des Carmes et des Dominicains arrageois, des Dominicains gantois, argentanais, beauvaisins, langrois, coutançais et caennais, des Augustins de Châlons-en-Champagne et de Rouen, des Dominicaines de Lille de Nancy et de Metz, des Franciscains rouennais, sagiens et verdunnois.
11 Mentionnons, entre autres, les cas des églises des Clarisses de Bar-le-Duc et de Cambrai ; des Franciscains béthunois, douaisins, ébroïciens, compiégnois et rémois ; des Dominicains de Châlons-en-Champagne, de Douai, d’Évreux, de Troyes ; des Augustins amiénois, messins, rémois ; des Carmes caennais et rémois ; des Dominicaines rouennaises.
12 Nous pouvons citer ici les exemples des chevets des Franciscains d’Abbeville, de Beauvais et de Metz ainsi que les cas des Dominicains de Compiègne et des Dominicaines de Valenciennes.
13 Les sept pans du chevet ne sont pas clairement représentés sur la reconstitution du plan de l’église par Rohault de Fleury. Mais cette configuration absidiale est confirmée par des documents d’archives du fonds dominicain d’Amiens. A.D. Somme, Fonds Diocésain, DA 267, Dominicains.
14 À l’époque post-médiévale, trois chapelles rayonnantes furent ajoutées au chevet de l’église franciscaine de Reims. Voir Kalas, E., « Ancien couvent des Cordeliers », art. cité, p. 69.
15 Voir A.D. Moselle, H 3691, Dominicains de Metz. Notes historiques.
16 Pour l’insertion de l’église dominicaine de Metz au cadre de l’essor constructif sous l’épiscopat de Jacques de Lorraine, voir Brachmann, Ch., Gotische Architektur in Metz unter Bischof Jacques de Lorraine (1239-1260). Der Neubau des Kathedrale und seine Folgen, thèse de doctorat, Université de Berlin, 1994, p. 109-111.
17 Rohault de Fleury, G., Galia dominicana..., op. cit., t. 2, Troyes (Saint-Paul-Apôtre).
18 Moreau-Rendu, S., Le Couvent de Saint-Jacques. Évocation de l’histoire des Dominicains de Paris, Paris, 1961, p. 79-80.
19 En effet la nef septentrionale datait du xiiie siècle et la méridionale du xve siècle. Voir Musset, L., « L’église et le couvent des Carmes de Caen... », art. cité, p. 180-182.
20 La création des chapelles funéraires fut entreprise à la suite de l’autorisation pontificale au sujet de l’accueil des sépultures dans les couvents mendiants.
21 Il convient de souligner que l’annexion des chapelles fut généralisée dans les églises mendiantes. Voir : pour la France méridionale, Durliat, M. « Le rôle des mendiants dans la création de l’architecture gothique méridionale », dans La Naissance et l’essor du gothique méridional, op. cit., p. 80 et 83 ; pour l’Italie, Romanini, A. M., « L’architettura degli ordini mendicanti : nuove prospettive di interpretazione », dans S. della C., 1978, 9, p. 14.
22 L’état de conservation lacunaire des archives conventuelles ne permet pas d’étudier systématiquement comment était défini le plan des chapelles latérales. Toutefois, nous pouvons mentionner ici un exemple indicatif : d’après les archives conventuelles des Carmes rouennais, le 16 février 1462 fut conclu un accord entre les frères et le marchand Jean Vigeureux au sujet d’une chapelle fondée par ce dernier et son épouse Laurence. Les deux fondateurs choisissent l’emplacement de la chapelle (elle fut greffée au sud du chœur) et précisent minutieusement le matériau (pierre de taille), le mode de couvrement intérieur (voûtement d’ogives) ainsi que le décor. Néanmoins ils ne font aucune mention des dimensions et du plan : vraisemblablement la régulation de ces paramètres architecturales de la chapelle incombait aux religieux. Voir A.D. Seine-Maritime, 32 HP 3, Carmes de Rouen, Fondation de la confrérie de Notre-Dame de la Recouvrance, 16 février 1462.
23 Voir A.D. Meurthe-et-Moselle, H 2638, Dominicaines de Nancy. Testaments, sépultures, fondation de chapelles, 1380-1660.
24 Renseignement fourni par Simon Le Boucq, Histoire de la ville..., op. cit., p. 97.
25 Id., ibid.
26 L’aménagement et le décor intérieur de cette chapelle sont évoqués par L. Nys dans « La tête du gisant de Guy de Châtillon, comte de Blois (†1397), conservée au musée des Beaux-Arts de Valenciennes », dans Hainaut et Toumaisis. Regard sur dix siècles d’histoire. Recueil d’articles dédiés à la mémoire de Jacques Nazet, A.B.B., 2000, n° spécial 58, p. 110-134.
27 Sur certains documents iconographiques du xviiie siècle, la chapelle des Blois est mitoyenne d’un petit édifice longitudinal, encastrée entre l’extrémité orientale de la nef et le flanc septentrional du chœur, mais cette configuration reflète l’état de l’église à la suite des remaniements apportés par les Récollets au xviie siècle, et ne correspond pas à la disposition médiévale des édifices.
28 Nous pouvons citer aussi le cas analogue de la chapelle de Rieux, attenante vers le sud-est au chœur de l’église franciscaine de Toulouse. Fondée au xive siècle par Jean Tissandier, frère Mineur et évêque de Rieux, cette chapelle présentait un plan rectangulaire couronné vers l’est par une abside à cinq pans. Pour la description détaillée de la chapelle de Rieux, voir Esquié, M., « L’église et le monastère des Cordeliers », M.A.T., 1876, 8, p. 394.
29 C’était le cas de l’église des Dominicaines de Nancy et de Metz (fig. 31), ainsi que de celle des Clarisses barisiennes (fig. 26).
30 Étant donné la rareté des vestiges monumentaux, la reconstitution de l’aspect extérieur des églises mendiantes de la région que nous étudions est fondée, pour l’essentiel, sur les descriptions post-médiévales des édifices ainsi que sur les plans des villes et sur certains dessins effectués à partir du xvie siècle. Les textes, consistant en évocations historiques et en procès verbaux révolutionnaires, permettent une appréhension générale des édifices, mais leur allusivité dans l’approche architecturale ou leur focalisation sélective sur certains éléments des églises confèrent à ces sources une portée toute relative et une valeur documentaire fluctuante. En effet, les historiens des xviiie et xixe siècles s’attardent davantage sur des analyses personnelles de l’effet esthétique des églises ou procèdent à des descriptions laconiques, quasi généralisantes, de celles-ci. Quant aux commissaires révolutionnaires, intéressés surtout par la valeur foncière des bâtiments, ils énumèrent rapidement les parties des édifices sans en fournir les détails de manière systématique. En revanche, les plans des villes, dans leur recherche de tridimensionalité, fournissent intrinsèquement des informations sur la structure et la hauteur des constructions. De plus, assez souvent, la variété des angles de représentation de ces documents offre plus d’une vue, ce qui permet la reconstitution quasi globale des bâtiments. En outre, les plans en relief et les aquarelles des Albums de Croÿ constituent un moyen efficace pour cerner avec précision l’élévation extérieure de certains édifices mendiants. Il importe de noter ici que la crédibilité de ces sources n’est pas compromise par leur date tardive : le plus souvent, les évocations historiques situent chronologiquement les éléments architecturaux qu’elles rapportent. Quant aux documents figurés, datant entre le xvie et le xixe siècle, ils sont majoritairement valables pour la période médiévale. Sur ce dernier sujet, voir Lavedan, P., Hugueney, J., L’Urbanisme au Moyen Âge, Paris, 1974, p. 162.
31 Dimension calculée d’après les élévations de l’intérieur de l’édifice établies au lendemain de l’incendie de 1940. Voir M.P., A.M.H., Seine-Inférieure, Rouen, Ancienne église des Augustins, Plan n° 35877, 1940.
32 D’après un document de 1822 dressé au sujet d’un problème de mitoyenneté. Voir M.P. Metz, Fonds lorrain et collections iconographiques. Vue de face du mur sépératif de la propriété de Mlle Klein et de la propriété de la ville, 1882.
33 Information contenue dans le rapport de la vente des biens nationaux de 1807. Voir A.D. Haute-Marne, 1 Q 32, Ventes de domaines nationaux. Dominicains de Langres, 1807.
34 Un document graphique dressé au xviiie siècle (au sujet de la mitoyenneté du couvent des Augustins avec un jardin) présente la façade occidentale de l’église et permet d’en calculer la hauteur. Voir M.P., Metz, Fonds lorrain et collections iconographiques. Plan d’un jardin occupé par Sr. I. Rouge joignant l’église des R. P. Augustins, xviiie siècle.
35 Mentionnons ici le cas de l’église franciscaine valenciennoise intra-muros, dont le clocher fut rapetissé à l’instigation du puissant prieur de l’abbaye de Saint-Saulve. Le Boucq, S., Histoire de la ville..., op. cit., p. 112
36 De forme carrée étaient, entre autres, les clochers des églises des Carmes d’Arras, des Franciscains de Châlons-en-Champagne, des Dominicains d’Évreux et de Douai, des Dominicaines de Lille (fig. 9) ainsi que des Augustins de Bruges (fig. 28).
37 Parmi les clochers de forme octogonale citons ceux des églises des Augustins de Châlons-en-Champagne, des Clarisses de Reims, des Franciscains de Sarrebourg et de la seconde église des Dominicains de Valenciennes.
38 Information contenue dans le compte-rendu de la démolition de l’église à la fin du xixe siècle. Voir Guyencourt, M. R. (de), Mémoire sur l’ancienne église des Cordeliers..., op. cit., p. 7.
39 Notons que la présence d’arcs boutants le long de l’église des Dominicains rémois et de la seconde église des Clarisses de la même ville était due aux contingences constructives de ces deux édifices : bénéficiant de l’appui des prélats de Reims, ils étaient placés dans l’orbite des entreprises édilitaires archiépiscopales et en intégrèrent certains éléments constructifs.
40 En outre, l’articulation par rapport à la terre à l’aide d’un socle consacre la rencontre de la construction géométrique avec l’irrégularité du sol connoté, lui, comme « support primordial ». Voir, Meiss, P. (von), De la forme au lieu..., op. cit., p. 96.
41 En effet, d’après Alberti : essi ordini di colonne non sono altro che un muro aperto. Voir Della architettura della pittura e della statua di Leonbatista Alberti. Traduzione di Cosimo Bartoli, Bologne, Nell’Isti-tuto delle Scienze, 1782, cap. x, p. 20.
42 Ternick, A., Arras : Histoire de l’architecture et des beaux-arts dans cette ville depuis les temps les plus reculés jusqu’à la fin du xviiie siècle, Arras, 1879, p. 142.
43 Lionnois, J. J., Histoire des villes vieilles..., op. cit., p. 269.
44 L’intérêt décoratif de ce portail avait même attiré l’attention de Napoléon Ier : l’ensemble fut enlevé pour être installé à Malmaison et il fut vendu plus tard par A. Lenoir. M.P., A.M.H., Procès verbaux de la commission des Monuments historiques, vol. 1, Séances du 5-2 et 12-21838.
45 Notons que ces vestiges proviennent de la seconde église des Carmes, agrandie et fortement remaniée au début du xve siècle. Voir Boinet, A., Le Vieux Metz..., op. cit., p. 77.
46 Notons cependant que, dans la région que nous étudions, les exemples de chœurs couverts de charpente ne font pas défaut. Nous pouvons renvoyer aux exemples des églises dominicaines d’Amiens et de Beauvais, ainsi qu’au cas des édifices cultuels des Augustins de Châlons-en-Champagne et des Franciscains de Sées. Voir, respectivement, A.D. Somme, Fonds Diocésain, DA 267, Dominicains et A.D. Oise, 1 Q 2 1602, Dominicains, Déclaration des revenus, inventaire du mobilier, titres et papiers, estimation de la maison et vente des meubles, 1790-1791. Voir aussi Barbat, L., Histoire de la ville de Châlons-sur-Marne..., op. cit., fig. 47. L’absence de contreforts sur le pourtour de l’église franciscaine de Sées (voir le plan du couvent dans Sevray (abbé), Les Cordeliers de Séez, op. cit., p. 12) exclut la présence d’un voûtement.
47 Le chœur de cette église, ayant fait l’objet d’une restauration dans le dernier quart du xxe siècle, subsiste toujours et conserve ses caractères médiévaux.
48 Une reconstitution assez fidèle de cet espace (détruit avec le reste de l’édifice au milieu du xxe siècle) est possible au travers des documents photographiques conservés aux Archives des Monuments Historiques et réalisés au moment de la démolition de l’église. M.P., A.M.H., Calvados, Caen, Ancienne église des Carmes, 1927-1950.
49 Pour les configurations des jubés dans les églises médiévales voir, Chedozaeu, B., Chœur clos, chœur ouvert. De l’église médiévale à l’église tridentine (France, xviie-xviiie siècle), Paris, 1998, p. 21-24.
50 Voir, respectivement, Guyencourt, M. R. (de), Mémoire sur l’ancienne église des Cordeliers..., op. cit., p. 13 et Carnandet, J., Notes et documents pour servir..., op. cit., p. 119. Voir M.P., Metz, Fonds lorrain et collections iconographiques, Plan de Belle-Isle, 1738. Voir aussi Arnaud, A. F., Antiquités de la ville de Troyes..., op. cit., p. 109 ; Rohault de Fleury, G., Gallia dominicana..., op. cit., t. 1, Châlons-sur-Marne, Dominicains, s.p.; Arnaud, A. F., Voyage archéologique et pittoresque..., op. cit., p. 234.
51 Kalas, E., « Ancien couvent des Cordeliers », art. cité, p. 69.
52 Rohault de Fleury, G., Gallia dominicana..., op. cit., t. 1, Argentan, s.p.
53 Voir Laurent, J., Claudon, F., Abbayes et prieurés de l’ancienne France, t. XII, Province ecclésiastique de Lyon..., op. cit., p. 201.
54 Voir Baroth, N., « L’église des Cordeliers de Sarrebourg », art. cité, p. 12.
55 Outre les abbayes bénédictines cette disposition est également présente dans certaines cathédrales anglaises qui ont été des églises monastiques. Voir Chedozeau, B., Chœur clos, chœur ouvert..., op. cit., p. 26.
56 Cuyencourt, M. R. (de), Mémoire sur l’ancienne église des Cordeliers..., op. cit., p. 33.
57 D’après la chronique du xive siècle de Jacques de Guise. Fortiad’Urban, Histoire de Hainaut..., op. cit., chap. lxxxii.
58 Cuyencourt, M. R. (de). Mémoire sur l’ancienne église des Cordeliers..., op. cit., p. 9.
59 Ce document, datant de 1716, reflète vraisemblablement l’aménagement médiéval du chœur. A.D. Oise, H 6501, Cordeliers. État du couvent en 1791.
60 Il convient de noter que l’abside des Franciscains de Beauvais avait cinq pans, ce qui permettait l’installation des autels secondaires de part et d’autre du maître-autel. Pour la forme de l’abside, voir L’Archéologie de Beauvais..., op. cit., p. 49-50.
61 Voir Chedozeau, Chœur clos, chœur ouvert..., op. cit., 1998, p. 27.
62 Cuyencourt, M. R. (de), Mémoire sur l’ancienne église des Cordeliers..., op. cit., p. 33.
63 En effet, l’aménagement de ces dispositifs liturgiques, fondés pour l’essentiel par les fidèles, coïncidait avec l’essor du dogme de la présence réelle du corps du Christ dans l’église. La modification de la spiritualité qui s’ensuivit incita les fidèles à vouloir faire une expérience permanente de la présence christique au sein de l’église, et a fortiori dans la partie sacrée du chœur. Au sujet de cette évolution de la mentalité religieuse, voir Recht, R., Le Croire et le Voir. L’art des cathédrales xiie-xve siècle, Paris, 1999, p. 97-103.
64 Machelart, F., L’Église Saint-Géry, haut lieu de la mémoire de Valenciennes, Valenciennes, 1995, p. 6.
65 Information contenue dans le procès verbal de l’estimation de l’église au lendemain de la Révolution. A.D. Oise, 1 Q 2 1604, n° 63, 11 novembre 1790. Estimation de l’église, bâtiments, cours et jardins.
66 Cette chapelle abritait une imposante sculpture de la Mise au tombeau. Voir Tarbé, P., Reims. Essais historiques sur ses rues et ses monuments, Reims, 1845, p. 38.
67 A.D. Seine-Maritime, 32 HP 3, Carmes de Rouen, Fondation de la confrérie de Notre-Dame de la Récouvrance, 16 février 1462.
68 Au sujet des cryptes, notamment dans les églises abbatiales bénédictines, voir Chedozeau, op. cit.,1998, p. 26.
69 À ce sujet, voir Le Goff, J., Un autre Moyen Âge,Paris, 1999, p. 1151-1153.
70 Id., ibid., p. 1152.
71 Béziers, M., Histoire sommaire de la ville..., op. cit., p. 136.
72 Carnandet, J., Notes et documents..., op. cit., p. 119. Les sources ne précisent pas la date d’aménagement de la crypte. Cependant la mort de Catherine de Sienne en 1380 constitue un terminus post quem pour la construction de ce dispositif qui, en conséquence, ne remonte pas au-delà de l’extrême fin du xive siècle.
73 À ce sujet, voir Vauchez, A., Saints, prophètes et visionnaires..., op. cit., p. 60.
74 Citons l’exemple du chœur des Franciscains de Noyon qui, d’après l’inventaire des biens meubles du couvent en 1790, comportait des stalles hautes et des stalles basses.
75 Ternick, A., Arras : Histoire de l’architecture..., op. cit., p. 142.
76 Chapotin, M.-D, Étude historique sur la province dominicaine..., op. cit., p. 100.
77 Vincent-Dubé, E., Le Monastère des Clarisses..., op. cit., p. 18-19.
78 Les ordres mendiants furent à l’origine d’un type de reliquaire où coexistaient les restes sacrées d’un corps saint et les représentations de scènes de la vie des principaux saints mendiants. Voir à ce sujet, Recht, R., Le Croire et le Voir..., op. cit., 1999, p. 124-127.
79 Renseignement contenu dans les archives conventuelles. A.D. Nord, 127 H 43, Dominicains de Lille, Bâtiments, 1302-1654.
80 Sevray (abbé), Les Cordeliers de Séez, op. cit., p. 6.
81 Id., ibid.
82 Rohault de Fleury, G., Gallia dominicana..., op. cit., t. 2, Rouen (Saint-Jacques), s.p.
83 Robillard de Beaurepaire, E. (de), Caen illustrée, son histoire, ses monuments, Caen, 1896, p. 237. Notons que Louis IX était considéré comme le fondateur du couvent.
84 Désert, G. (dir.), Histoire de Caen, Toulouse, 1981, p. 53.
85 Robillard de Beaurepaire, E. (de), Caen illustrée..., op. cit., p. 237.
86 Beaussart, Ph., « L’archéologie des lieux de culte... », art. cité, p. 41.
87 Midoux, C., « Le manuscrit des remarques des antiquités du monastère de Saincte Claire de Reims », T.A.R., 1913, 132, p. 1-17.
88 Pour l’utilisation occasionnelle de l’antependium du xive siècle dans l’église des Cordeliers de Toulouse, voir Durliat, M., Le Parement d’autel brodé du musée Paul-Dupuy, Toulouse, 1995, p. 10.
89 Nous pouvons mentionner ici le cas du chœur de la première église des Dominicains lillois qui était réservé aux frères ayant excellé à la prédication et les études. Rohault de Fleury, Gallia dominicana..., op. cit., t. 1, Lille, couvent des Dominicains (Saint-Jacques Majeur).
90 Citons, à titre d’exemple, que dans l’église franciscaine de Châteauvillain le fondateur Jean Ier était inhumé dans le chœur tandis que sa fille, Alix de Châteauvillain, reposait dans la nef. Voir Didier, C., Histoire de la seigneurie et de la ville de Châteauvillain (suivie d’une notice sur les communes du canton), Chaumont, 1881, p. 164-165.
91 Selon l’expression employée par Philippe Racinet au sujet de la gestion des inhumations par les ordres monastiques traditionnels. Voir Racinet, Ph., « Pratiques funéraires dans deux monastères picards », dans Moines et moniales face à la mort, op. cit., p. 251.
92 Béziers, M., Histoire sommaire de la ville..., op. cit., p. 145.
93 A.D. Eure, H 1173, Inventaire des Jacobins.
94 Cette dalle du xiiie siècle fut répertoriée en 1787, lors de la démolition du chœur médiéval de l’église. Voir Coêt, E., Histoire de la ville..., op. cit., p. 258.
95 Découverte effectuée lors de l’étude archéologique de l’édifice au lendemain de la seconde guerre mondiale. La plaque commémorative était placée dans une niche ; l’épitaphe précisait les donations foncières que Jean d’Estouteville avait fait aux religieux qui devaient en retour célébrer pour lui et pour sa femme, Françoise de la Rochefoucault, quatre messes hautes quatre fois par an. Jean d’Estouteville était bien connu pour sa générosité envers les ordres religieux : il avait fondé à Rouen le couvent des Clarisses urbanistes et, sur son fief de Blainville, il fonda, six mois avant sa donation caennaise (en date du 5 janvier 1489), une collégiale dédiée à saint Michel et consacrée en 1492. Voir Musset, L., « L’église et le couvent des Carmes... », art. cité, p. 194-195.
96 Ces deux sculptures funéraires furent découvertes en 1840, mais leur emplacement exact dans le chœur n’est pas connu. Ballyhier, L. (de), Compiègne historique et monumental, Compiègne, 1842, t. 2, p. 281.
97 Les dispositifs funéraires du second chœur des Dominicains de Valenciennes furent mis au jour lors des fouilles de 1989. Voir Maliet, V., Histoire et archéologie du couvent..., op. cit., p. 55-78.
98 Notons que les sépultures de l’église dominicaine valenciennoise furent identifiées grâce aux descriptions des historiens du xviie siècle et plus particulièrement de Simon le Boucq.
99 Ternick, A., Arras : Histoire de l’architecture..., op. cit., p. 142.
100 Thiriot, G., Obituaire du couvent..., op. cit., p. 8.
101 Voir, respectivement, id., ibid. et Chapotin, M.-D., Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 734.
102 Ternick, A., Arras : Histoire de l’architecture..., op. cit., p. 142.
103 Tarbé, P., Reims. Essais historiques..., op. cit., p. 394.
104 Supra, p. 133.
105 Thiriot, G., Obituaire du couvent..., op. cit., p. 9.
106 Ternick, A., Arras : Histoire de l’architecture...,op. cit., p. 142.
107 Tarbé, P., Reims. Essais historiques..., op. cit., p. 394.
108 Benoît, M., « Le couvent des Dames prêcheresses à Metz », M.A.M., 1897-1898, 79, p. 49.
109 Thiriot, G., Obituaire du couvent..., op. cit., p. 8.
110 En effet la confession des sœurs auprès de leurs directeurs spirituels mendiants était explicitement stipulée dans les textes fondateurs des ordres.
111 Benoît, M., « Le couvent des Dames prêcheresses... », art. cité, p. 48.
112 Ces informations sont contenues dans les archives conventuelles. A.D. Meurthe-et-Moselle, H 2645, Dominicaines de Nancy. Travaux effectués dans les bâtiments au xviiie siècle.
113 Par ailleurs, sur le plan du xviiie siècle (fig. 48) l’aménagement spatial sous le chœur des sœurs est désigné comme « cave ancienne ».
114 Dans certains cas, comme dans l’église franciscaine de Sées, les supports de séparation entre la nef et le collatéral étaient supprimés. Toutefois, cette solution spatiale était plutôt rare dans les édifices cultuels mendiants de la région que nous étudions.
115 Il convient de signaler que ce choix d’aménagement spatial des églises mendiantes était facilité par la généralisation du couvrement en charpente : celle-ci allégeait considérablement la charge portée par les arcades.
116 D’après le plan du couvent : B.M. Verdun, Fondsi conographique, E.R. 108, Aubert, J., Couvent des Récollets, 1699.
117 En effet, la première église franciscaine, longue de 48 mètres, comportait au total sept travées, dont les deux orientales étaient occupées par le chœur.
118 Ce collatéral fut ajouté en 1484 à la nef reconstruite à la fin du xive siècle.
119 Citons ici, à titre d’exemple, l’église des Dominicains rouennais et celle des Dominicaines messines. Dans le collatéral de celle-ci, l’autel du Rosaire était érigé à l’extrémité orientale (fig. 31) ; la deuxième travée occidentale contenait un autel en l’honneur de l’Assomption de la Vierge et de saint Dominique. À ces deux endroits était attribuée la dénomination de « chapelles », mais les sources ne mentionnent guère de dispositifs de séparation établis dans le collatéral.
120 Arnaud, A. F., Voyage archéologique et pittoresque..., op. cit., p. 234.
121 Les dédicataires ou les fondateurs de ces chapelles ne sont pas précisés dans les sources. Seule est indiquée la date ante quam de fondation de la chapelle de l’immaculée Conception : 1502. Ignace Marie, O. F. M., « Le premier couvent franciscain en Lorraine », R.H.F., 1930, 7, p. 45.
122 D’après les constatations archéologiques effectuées à cet endroit en 1984. Bilan scientifique de la région lorraine, 1995, p. 47-51.
123 Citons ici, à titre d’exemple, l’église des Carmes messins où deux des cinq chapelles du collatéral septentrional étaient séparées par des cloisons, figurant sur les Cahiers de Développement du plan en relief de la ville (fig. 39). De même, d’après les mémoires des travaux du xviie siècle conservés dans les archives des Dominicains de Rouen, certaines des chapelles latérales étaient délimitées par des murs de refend, dont la hauteur n’est pas indiquée. Toutefois, leur installation dès le Moyen Âge n’est pas certaine. Par ailleurs, d’après les archives conventuelles des Franciscains de Béthune, la création de quatre chapelles indépendantes dans les collatéraux était très tardive : datant de 1594, cet aménagement ne pourrait pas être considéré comme un exemple représentatif de la gestion spatiale médiévale. Voir, respectivement, M.P.R., Cahiers de développement, Metz, Cahier E, îlot 69 ; A.D. Seine-Maritime, 36 HP 10, Dominicains de Rouen, Mémoires et devis de travaux, xviie-xviiie siècles ; A.D. Pas-de-Calais, 35 H 6, Cordeliers de Béthune. Inventaire des meubles, 1762.
124 Voir M.P., A.M.H., Moselle, Metz, Ancien couvent des Récollets, n° 1782.
125 D’après l’estimation révolutionnaire de 1790. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles. Inventaire des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790.
126 Renseignement livré par les devis de réparation conservées dans les archives conventuelles. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1591, n° 94, Administrations et liquidations des créances, 1790. Travaux de vitrerie.
127 Il convient de signaler que le chœur de la seconde nef était unifié à celui du vaisseau primitif non seulement du point de vue spatial mais également par le moyen du voûtement.
128 Fouvrier de Bacourt, E., Épitaphes et monuments funèbres inédits de la cathédrale et autres églises de l’ancien diocèse de Toul, Bar-le-Duc, s.d., p. 35.
129 En effet, la nef principale était surélevée par rapport aux collatéraux.
130 Les sources ne précisent pas la longueur exacte de la nef des fidèles ; cependant, celle-ci était sans doute importante, étant donné que la longueur totale de l’édifice était de 81 mètres.
131 Cochet (abbé), Répertoire archéologique..., op. cit., p. 380.
132 Kalas, E., « Ancien couvent des Cordeliers », art. cité, p. 72.
133 Guyencourt, M. R. (de), Mémoire sur l’ancien couvent..., op. cit., p. 15.
134 Béziers, M., Histoire sommaire..., op. cit., p. 136.
135 L’emplacement exact de la chaire à prêcher n’est pas précisé par les sources.
136 Chapotin, M.-D., Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 150.
137 Il s’agit de découvertes effectuées lors des fouilles entreprises à cet endroit à la fin du xxe siècle.
138 Information livrée par les sources historiques du xvie siècle. Voir Bourgueville, C. (de). Les Recherches et antiquités..., op. cit., p. 175. Nous supposons que, étant donné son sujet, le bas-relief qui représentait la résurrection de Lazare en grandeur naturelle, et est mentionné par les sources dans la nef des Franciscains caennais à la fin du Moyen Âge, accompagnait probablement la chaire à prêcher de l’église. Au sujet de ce bas-relief, voir id., ibid., p. 176.
139 Trésors de l’église de l’arrondissement de Saint-Omer, Saint-Omer, 1992, p. 154-155.
140 Voir Recht, R., Le Croire et le Voir..., op. cit., 1999, p. 290-291.
141 Il convient d’établir ici un parallèle avec les chaires à prêcher sculptées de l’aire italienne qui ont connu un grand essor dans les édifices ecclésiaux séculiers de la fin du xiiie et du début du xive siècle. Outre leur rôle de vecteurs de messages socio-politiques, ces ensembles sculptés matérialisaient vraisemblablement la parole sacrée prononcée depuis la chaire. Cette fonction parait indéniable du moins pour les œuvres exécutées sous la houlette de l’archevêque de Pise Federico Visconti, qui accordait une grande importance aux prédications et aux moyens d’optimisation de leur impact. Au sujet des chaires sculptées du domaine italien, voir, entre autres, Ames-Lewis, F., Tuscan marble curving, 1250-1350. Sculpture and civic pride, 1997 ; Angiola, E., « Nicola Pisano, Federico Visconti and the classical style in Pisa », T.A.B., 1970 ; Testi Cristiani, M. L., « Nicola Pisano e la commitenza dell’archivescovo Visconti », C.A., 1975.
142 Au sujet des exempla en tant que médiateurs du message religieux, voir Delcorno, C., Exemplum e letteratura tra Medioevo e Rinascimento, Bologne, 1989. Il convient de souligner aussi que les quatre grandes fêtes de la Vierge (à savoir la Nativité, l’Annonciation, la Purification et l’Assomption) servaient de trame aux sermons qui traitaient les questions difficiles liées au culte marial qui animaient la spiritualité médiévale, surtout à partir du xiiie siècle. En outre, les sermons mariaux s’inscrivaient dans le grand essor de la dévotion à la Vierge et de la croyance à l’« omnicontenance de la grâce mariale » qui dominaient la religiosité de la fin du Moyen Âge. Voir Gaffuri, L., « Paroles pour le clergé, paroles pour le peuple. Définition de la foi et réfutation de l’hérésie dans deux sermonnaires mariaux du xiiie siècle », dans Dessi, R.-M., Lauwers, M. (dir.), La Parole du prédicateur, op. cit., p. 343-362.
143 B.O.F.P., 2, p. 1-2. Le pontife exhorta néanmoins les fidèles qui se confessaient aux frères d’en faire autant dans leur église paroissiale au moins une fois par an. Voir Vicaire, M.-H., Les Prêcheurs et la vie religieuse des Pays d’Oc au xiiie siècle, C. de F., h.s., 1998, p. 170-171.
144 Voir Dancoisne (abbé), « Mémoires sur les établissements... », art. cité, p. 511.
145 Information contenue dans l’inventaire révolutionnaire du couvent, datant de 1790. Voir A.D. Eure, H 1173, Inventaire des Jacobins, 1790.
146 Par ailleurs, certaines sources iconographiques médiévales, antérieures au xvie siècle, suggèrent l’absence d’un mobilier spécifique à la confession. Ainsi, dans une Bible moralisée du xve siècle (B.N.F., ms. fr. 166, f°15) figurent deux Franciscains en train de prêcher et de confesser les fidèles. L’action se déroule devant une église, dans un paysage fermé par une montagne (allusion peut-être à la topographie du premier établissement franciscain). Le prédicateur est installé sur une chaire à prêcher agrémentée d’un tissu orné, tandis qu’aucun mobilier n’accompagne la scène de la confession. Nous supposons qu’il ne s’agit pas d’une omission de la part de l’enlumineur, qui représente visiblement avec exactitude le mode de déroulement le plus fréquent de ces deux activités mendiantes.
147 Lecoyde La Marche, A., Anecdotes historiques légendes et apologies tirés du recueil inédit d’Étienne de Bourbon, dominicain du xiiie siècle, Paris, 1877, p. 162-163, Qualis debet esse confessio. Certes dans son récit, où il est question d’un confessional fermant par un chancel, le prédicateur dominicain évoque un sacerdos : l’évènement qu’il décrit a donc dû se dérouler dans une église paroissiale. Néanmoins, étant donné l’importance accordée par les Mendiants à la confession, il est probable que certaines communautés aient adopté un mobilier pour le déroulement de celle-ci, à l’instar des églises paroissiales.
148 Ce dispositif fut découvert en 1949, lors de la démolition de l’église. Voir Sennequier, G., « Le verre dit des Augustins de Rouen », D.A., 1989, 143, p. 28-29.
149 Ibid.
150 Ibid.
151 Dancoisne (abbé), « Mémoires sur les établissements... », art. cité, p. 458.
152 La chapelle Saint-Didace contenait quatre reliquaires et la chapelle Sainte-Geneviève deux : le premier était placé sur l’autel et l’autre entre les images de sainte Geneviève et de sainte Syre. Voir A.D. Seine-Maritime, 36 HP 43, Cordeliers de Rouen, Reliques conservées dans l’église Saint-Clément des frères mineurs de Rouen, 1502-1629.
153 Voir Keelhof, A., Histoire de l’ancien couvent..., op. cit., p. 22.
154 Rijksarchiev Bruges, Inventaris van de verzameling oorkonden met blauwe nummer. T. 37, n° 2171-5194, Droits de stalle.
155 En effet, l’espace des fidèles était également sacré et, n’étant pas investi continuellement de la célébration des offices, offrait davantage d’espace pour le déploiement des sépultures. Celles-ci en outre, exposées dans l’aire des fidèles, incitaient implicitement ces derniers à commémorer les défunts.
156 A.D. Moselle, H 3691, Dominicains de Metz. Notes historiques.
157 Ignace Marie, O. F. M., « Le premier couvent franciscain... », art. cité., p. 37.
158 Cochet (abbé), Répertoire archéologique...,op. cit., p. 381.
159 La dalle occidentale portait le nom de Jacqueline, épouse de Ferry d’Angest, bailli d’Amiens. Voir Guyencourt, M. R. (de), Mémoire sur l’ancienne église..., op. cit., p. 27.
160 Agrémentée d’une inscription, cette plaque commémorait Marguerite de Roie, épouse de Gallerand Soissons-Moreuil, seigneur de l’Orsignol. Voir ID., ibid., p. 45.
161 Voir Le Boucq, S., Histoire ecclésiastique de la ville..., op. cit., p. 118-119.
162 Voir Rohault de Fleury, G., Gallia dominicana..., op. cit., t. 2, Rouen (Saint-Jacques). Il convient de noter ici l’intervention indirecte des monuments funéraires dans le décor des églises mendiantes.
163 Beaussart, Ph., Patrimoine archéologique du Valenciennois,Valenciennes, 1987, p. 111-112.
164 Les deux caveaux funéraires sont actuellement conservés au musée des Beaux-Arts de Valenciennes.
165 Le traitement pictural, consistant en larges traits noirs qui délimitent les surfaces colorées, s’apparente davantage au dessin qu’à la peinture et évoque les illustrations des manuscrits.
166 Voir de Witte, H., « Archeologisch onderzoek aan de Predikherenrei », M.B., 1993, 5, p. 12.
167 Ce caveau accueillait les membres de la famille des Rolland. Les sources ne précisent pas si des dispositifs analogues existaient dans la nef aux siècles précédents. Voir Tarbé, P., Reims. Essais historiques..., op. cit., p. 203.
168 Chapotin, M.-D., Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 670.
169 Au xixe siècle, la partie inférieure du mur de séparation présentait trois arcatures en plein cintre flanquées de colonnes engagées et soutenant une tribune (fig. 49). D’après la forme des arcs et le décor des chapiteaux, il s’agit visiblement d’un aménagement post-médiéval, servant probablement à recevoir l’orgue, qui fut installé dans l’église en 1590. Sur ce dernier sujet, voir Jeanmaire, A., Vieux Metz. Autour..., op. cit., p. 106.
170 Thomae Aquinatis, « Summa theologica », dans Opera omnia, op. cit., 2, Ia, Quaestio CVIII, art. VIII, p. 20. Cette idée trouva son expression poétique dans le « Dixième ciel » du Paradis de Dante : In forma dunque di candida rosa mi si mostrava la milizia santa che nel suo sangue Cristo fece sposa ; ma l’altra che volando vede e canta la gloria di colui che la « nnamora en la bontà che la fece cotanta [...] Questo sicuro et gaudïoso regno, frequente in gente antica e in novella, viso e amore avea tutto ad un segno. Voir, Dante, La Divine Comédie, Paris, 1992, t. 3, (éd. bilingue), Canto XXXI, v. 1-27, p. 288. Au sujet de l’ascendant de la spiritualité mendiante sur Dante, et plus particulièrement l’influence de Remigio Girolami, disciple de Thomas d’Aquin, voir Bonan-Garrigues, M., Dante, Paris, 1970, p. 3-17. Sur la portée théologique de la pensée de Dante Allighieri et sur ses rapports avec les ordres mendiants, voir Mandonnet, P., Dante, le théologien, Paris, 1935.
171 Sur ce sujet voir, Bruderer, B., « Rôle et emplacement des neufs chœurs angéliques dans deux paradis monumentaux du trecento italien », C.I.A.M., 1996, 2, p. 67.
172 M.P., A.M.H., Nord, Valenciennes, Saint-Géry, n° 1893.
173 A.D. Seine-Maritime, 36 HP 10, Dominicains de Rouen, Mémoires et devis de travaux, xviie-xviiie siècle.
174 Rohault de Fleury, G., Gallia dominicana..., op. cit., t. 2, Rouen (Saint-Jacques).
175 Sur la conception géométrique et les effets esthétiques du tore en amande, voir Recht, R., Le Croire et le Voir..., op. cit., 1999, p. 177.
176 Les fragments de ces trois sculptures furent découverts lors des fouilles de 1973. Voir Beaussart, Ph., Hardy, A., « Peintures et sculptures gothiques du couvent des Dames de Beaumont à Valenciennes », R.N., 1980, 247, p. 907-913.
177 Les cérémonies commémoratives de la Passion, organisées à proximité des dépositions de Croix sculptées, étaient courantes en Italie et notamment dans les églises mendiantes. Voir Recht, R., Le Croire et le Voir..., op. cit. 1999, p. 270.
178 A.D. Meuse, Q 805, 22 décembre 1790, Inventaire du mobilier des Augustins de Bar-le-Duc.
179 LE Chat, C., Histoire de la ville de Verneuil (Eure) depuis sa fondation jusqu’à nos jours, Verneuil, 1888, p. 118.
180 Roserot, A., Dictionnaire historique de la Champagne..., op. cit., p. 1631.
181 Arnaud, A. F., Voyage archéologique et pittoresque..., op. cit., p. 234.
182 D’après les relations historiques, c’était le cas dans l’église augustinienne de Bar-le-Duc : dans l’ensemble des chapelles de la nef étaient placées à la fin du Moyen Âge neuf statues, dont saint Crépin, patron d’une confrérie attachée au couvent, saint Roch, saint Sébastien et sainte Madeleine, une des patronnes de l’église. Voir Aimond, C., L’Église Saint-Antoine..., op. cit., p. 74-75.
183 Citons les exemples des églises dominicaines de Constance et de Guebwiller. Au sujet du décor peint – tant extérieur qu’intérieur – dans l’architecture gothique, voir Recht, R., Le Croire et le Voir..., op. cit., 1999, p. 228-240. L’auteur cite également des exemples mendiants. Pour les fresques de l’église dominicaine de Guebwiller, voir Gardner, A., « Le couvent des Dominicains de Guebwiller », C.A.F., 1982, 136, p. 260-262.
184 Aimond, C., Histoire de Bar-le-Duc, op. cit., p. 57.
185 Sur les faveurs ducales accordées aux Augustins, voir id., ibid., p. 56-57.
186 Voir, respectivement, Arnaud, A. F., Voyage archéologique et pittoresque..., op. cit., p. 234 et Lorentz, Ph., « Le processus d’une commande : la décoration de la chapelle Sainte-Ursule en l’église des Carmes de Metz, par le peintre Jost Haller (1453) », dans JOUBERT, F. (dir.), L’Artiste et le commanditaire aux derniers siècles du Moyen Âge (xiiie-xvie siècle), Paris, 2001, p. 131-147.
187 Rohaultde Fleury, G., Gallia dominicana..., op. cit., t. 1, Évreux, s.p.
188 D’après le costume du personnage, ce vitrail datait probablement du xive siècle.
189 Lionnois, J. J., Histoire des villes vieilles..., op. cit., p. 269.
190 A.D. Orne, H 5531, Registre 1786-1787.
191 Au sujet de la « fonction sociale » des retables, voir Recht, R., Le Croire et le Voir..., op. cit., 1999, p. 282.
192 Dehaisnes, C., La Vie et l’œuvre de Jean Bellegambe, Lille, s.d., p. 137-139.
193 Les deux religieux sont accompagnés de phylactères contenant des citations relatives à l’immaculée Conception. Voir id., ibid.
194 Il s’agit de Jean Pottier, son épouse Marguerite Muret et leurs enfants Jean, Jeanne et Marguerite ; l’exécution du retable était la volonté mortuaire de cette dernière.
195 Benoît, M., « Le couvent des Dames Prêcheresses... », op. cit., p. 47.
196 Pacaut, M., Les Ordres monastiques..., op. cit., 1993, p. 150.
197 Robinet, Gillant (abbés), Pouillé du diocèse..., op. cit., p. 290.
198 Dimensions calculées d’après le plan du couvent établi au lendemain de la Révolution en vue de l’insertion de celui-ci dans l’aménagement urbain projeté à cet endroit. Voir A.D. Pas-de-Calais. 1 Q 55 (5/7), 25 avril 1792. Estimation de la maison des Récollets.
199 D’après l’estimation des immeubles du couvent en 1790. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles. Inventaires des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790.
200 Les informations sur les dimensions du cloître sont livrées par le rapport de vente du couvent dominicain à l’époque concordataire. Voir A.D. Haute-Marne, 1 Q 32, Ventes de domaines nationaux, Dominicains de Langres, 1807.
201 Dimensions calculées d’après un plan de la ville de Beauvais du xviie siècle : B.N. Estampes, Collection Topographie de la France, Va 60, t. 8, Plan de Beauvais, xviie siècle.
202 Information fournie par l’inventaire révolutionnaire. Voir A.D. Oise, 1 Q 1602, Dominicains, Déclaration des revenus, inventaire du mobilier, titres et papiers, estimation de la maison et vente des meubles, 1790-1791.
203 Dimensions fournies par le plan du couvent établi au début du xxe siècle d’après un plan de 1791. Voir Kalas, E., « Ancien couvent des Cordeliers », art. cité, p. 67.
204 La largeur de 9 mètres concerne plus particulièrement l’aile occidentale, dont les vestiges étaient les seuls à subsister au milieu du xxe siècle. À cette époque furent établis les plans du site conventuel qui nous permettent d’en calculer les dimensions. Nous supposons que les autres ailes étaient de largeur sinon identique du moins analogue, étant donné que les sources ne signalent aucun écart considérable quant aux dimensions des ailes claustrales. Voir M.P., A.M.H., Seine-Inférieure, Rouen, Ancienne église des Augustins, Plan n° 69471, 1941-1943.
205 Mentionnons, à titre indicatif, les galeries des Franciscains et des Dominicains de Compiègne, larges, respectivement, de 3 et 4 mètres. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles. Inventaires des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790 et A.D. Oise, 1 Q 2 1604, n° 63, 11 novembre 1790. Estimation de l’église, bâtiments, cours et jardins.
206 La construction d’un second cloître au xive siècle était sans doute impérative pour avoir obtenu l’accord des échevins de la ville : en effet ceux-ci, à la fin du xiiie siècle, avaient interdit aux religieux toute acquisition foncière en entravant aussi, indirectement, tout projet d’agrandissement du couvent. Voir Dancoisne (abbé), « Mémoire sur les établissements... », art. cité, p. 486-487.
207 Par conséquent, seule l’aile orientale appartenait complètement au petit cloître. Les côtés nord et sud de celui-ci comportaient uniquement le couloir claustral.
208 A.D. Meurthe-et-Moselle, H 2646, Dominicaines de Nancy. Plan du bâtiment des parloirs, 1746.
209 Il importe de signaler que cet agencement dynamique de la bibliothèque avec le cloître et l’enceinte du couvent reflétait la structuration de l’action apostolique mendiante : en effet, la transmission des idéaux religieux et spirituels des ordres s’effectuait par le biais des études qui trouvaient leur application directe dans les prédications à l’intention des fidèles.
210 Dès le xive siècle, les parcelles urbaines initiales étaient déjà regroupées ou morcelées et progressivement bâties, même dans les villes de moyenne envergure. Voir Arigaza Bolumburu, B., « Formation et évolution du tissu urbain dans le Pays basque : l’exemple de Guipuzcoa », dans Coulet, N., Guyotjeannin, O. (dir.), La Ville au Moyen Âge..., op. cit., p. 46.
211 Dès le xiiie siècle Bonaventura de Bagnoreggio avait souligné la nécessité de ne point limiter la hauteur des édifices conventuels en raison des contraintes imposées par le quadrillage urbain.
212 À partir du xvie siècle, l’augmentation constante de la hauteur du bâti fut à l’origine de la légalisation, dans certaines villes, de la construction de trois étages en plus du rez-de-chaussée. Voir ARIGaza Bolumburu, B., dans Coulet, N., Guyotjeannin, O. (dir.), La Ville au Moyen Âge..., op. cit., 1998, p. 48. Au sujet du nombre des étages aux xiiie et xive siècles. Voir aussi, Roux, S. et Piponnier, F., « Distribution et fonctions des maisons », dans Esquieu, Y., et Pesez, J.-M., Cent maisons médiévales en France..., op. cit., p. 90.
213 Ce troisième étage, éclairé par des lucarnes, avait sans doute une fonction secondaire et, comme c’était le cas dans la majorité des couvents, il abritait vraisemblablement les greniers.
214 Information fournie par l’inventaire révolutionnaire. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1602, Dominicains, Déclaration des revenus, inventaire du mobilier, titres et papiers, estimation de la maison et vente des meubles, 1790-1791.
215 Pourtant, cette disposition n’était pas de rigueur dans tous les couvents : ainsi, chez les Dominicaines messines l’aile adossée au cloître comportait un étage au-dessus de la galerie (fig. 54).
216 Cependant, notons que la croissance des effectifs ou la multiplication des activités conventuelles imposaient parfois l’élévation considérable de l’aile adossée à l’église. Ainsi, les fenêtres de cette dernière étaient dissimulés, parfois complètement, derrière le cloître. Ce fut le cas du couvent parisien des Franciscains.
217 Serent, A. (de), « L’ancien cloître des frères mineurs de Metz », R.F., 1931, 8, p. 80-82.
218 Ces dimensions sont fournies par l’étude de la consolidation des vestiges du cloître en 1926. Voir M.P., A.M.H. Reims, Ancien couvent des Cordeliers, n° 1576.
219 Roserot, A., Dictionnaire historique de la Champagne..., op. cit., p. 1634.
220 Arnaud, A. F., Voyage archéologique et pittoresque..., op. cit., p. 234.
221 Id., ibid., p. 111.
222 La taille des fenêtres était conditionnée par la fonction des différentes pièces et par conséquent, par les besoins d’éclairage de celles-ci.
223 Arnaud, A. F., Voyage archéologique et pittoresque..., op. cit., p. 234.
224 Cochet (abbé), Répertoire archéologique du département..., op. cit., p. 379.
225 Information contenue dans le procès verbal de l’estimation des immeubles du couvent en 1790. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles. Inventaire des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790.
226 Renseignement livré par l’inventaire du couvent en amont de la vente des biens nationaux au début du xixe siècle. Voir, A.D. Haute-Marne, 1 Q 32, Ventes de domaines nationaux, Dominicains de Langres, 1807. Toutes les ouvertures du premier niveau étaient systématiquement protégées par des barreaux métalliques, sans doute pour des raisons de sécurité.
227 Nous supposons que la bibliothèque du couvent (qui voisinait la salle des assemblées bourgeoises et était couverte d’une charpente identique) bénéficiait aussi d’un éclairage abondant grâce à des grandes fenêtres.
228 Les effigies des donateurs, malgré les armoiries qui les accompagnaient, n’ont pas pu être identifiées par les historiens du xixe siècle.
229 L’hypothèse que les portes secondaires du cloître desservaient les salles des assemblées laïques est corroborée par le fait que ces ouvertures étaient flanquées par des fenêtres percées vers l’extérieur au niveau du rez-de-chaussée : ce dispositif était proscrit pour les lieux réguliers de la communauté.
230 Rohaultde Fleury, G., Gallia dominicana..., op. cit., t. 2, Saint-Omer (Saint-Jacques-Majeur).
231 Notons que les Mendiants furent les premiers religieux à reconnaître la variété sociale et professionnelle de la fin du Moyen Âge. De plus, ils habilitèrent dans leurs sermons les nouvelles classes, et notamment les marchands : ceux-ci, soupçonnés de négociations malhonnêtes, étaient appréhendés par la pastorale traditionnelle. À cet égard, voir Martin, H., Mentalités médiévales..., op. cit., p. 355-358.
232 Malgré les discordes universitaires entre réguliers et séculiers au xiiie siècle, les frères entretinrent des liens étroits avec les milieux universitaires jusqu’à la fin du Moyen Âge. Parmi l’abondante bibliographie sur ce sujet, voir Verger, J., Les Universités au Moyen Âge, Paris, 1973, p. 83-91.
233 La sacralité de la galerie du cloître rejaillissait sur les salles qui la cernaient et leur conférait, un tant soit peu, un caractère solennel.
234 Dans la région que nous étudions, le couloir claustral était délimité par rapport au préau dans le couvent des Franciscains de Sézanne, où des grilles étaient installées dans l’entrecolonnement des arcades. De même, dans le cloître des Franciscains messins, le mur bahut sur lequel reposaient les arcades ainsi que l’articulation de ces dernières en deux lancettes jumelées formaient une cloison ajourée entre la galerie et le préau.
235 La fonction funéraire des galeries claustrales mendiantes était « normalisée » dans les cloîtres-cimetières aménagés dans les couvents des Carmes, des Dominicains et des Franciscains de Perpignan à la fin du xiiie et au début du xive siècle. Pour la problématique in extenso de ces constructions, voir Mallet, G., « Les cloîtres-cimetières du Roussillon », dans La Mort et l’au-delà en France méridionale (xiie-xve siècle), op. cit., p. 417-434.
236 Chapotin, M.-D., Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 197.
237 En 1553, un incendie endommagea gravement le cloître des Franciscains douaisins. Le gardien François Pétrart sollicita activement l’aide des bourgeois et seigneurs de la ville et la région. Les nouveaux édifices furent consacrés en 1564.
238 Les sujets des fresques du cloître douaisin ne sont pas précisés par les sources. De même, la pénurie documentaire ne nous permet pas d’affirmer avec certitude que ce décor peint existait avant les importantes réparations du xvie siècle. Néanmoins, il importe de signaler qu’au Moyen Âge, dans les établissements des ordres monastiques traditionnels comme dans les couvents mendiants, le mur de fond de la galerie claustrale comportait souvent un décor peint. En raison de leur meilleure préservation, citons certains exemples du milieu monastique toscan : les galeries claustrales bénédictines de San Miniato et de Badia à Florence, décorées de fresques — respectivement — au xive et au xve siècle, ainsi que les deux cloîtres du couvent dominicain florentin de Santa Maria Novella, ornés de fresques au xve et xvie siècle. Au sujet du décor peint des galeries claustrales médiévales, voir Viollet Le Duc, E., Dictionnaire raisonné de l’architecture française du xie au xvie siècle, Paris, 1859, t. 3, art. « Cloître », p. 416. Pour les fresques des galeries de cloître en milieu français, voir Labie-Leurquin, A. -F., « La peinture dans les cloîtres. L’exemple de Saint-Michel en Thiérache », dans Pratique et sacré dans les espaces monastiques au Moyen Âge et à l’époque moderne, Actes du colloque de Liessies-Maubeuge, 1997, H.M.A., 1998, 9, p. 209-218.
239 Christ, Y., Églises parisiennes, Paris, 1947, p. 27. Le décor peint du cloître carmelite de Paris a été manifestement enrichi grâce à des dons de la part fidèles : ainsi, dans son testament de 1419, Nicolas de l’Espoisse, notaire et secrétaire du Roi, greffier des présentations au Parlement de Paris, légua douze francs aux Carmes parisiens pour l’exécution d’une fresque le représentant avec son épouse et ses enfants devant la Vierge, en précisant que ces « ymages en parois » pourraient être exécutées « dedens le cloistre contre les murs de l’église ». Voir Tuetey, A., Testaments enregistrés au parlement de Paris sous le règne de Charles VI, Paris, 1880, p. 374.
240 Arnaud, A. F., Voyage archéologique et pittoresque..., op. cit., p. 111.
241 Serent, A. (de), « L’ancien cloître des frères Mineurs... », art. cité, p. 80.
242 Information livrée par les archives conventuelles post-médiévales, qui ne précisent pas l’emplacement et la date d’installation de ce dispositif liturgique. Nous supposons que l’autel fut installé au Moyen Âge car, d’après les archives du couvent, il servait de repère pour la disposition hiérarchisée des sépultures. Voir A.D. Moselle, H 3772, Cordeliers de Metz, Décès et sépultures.
243 Serent, A. (de), « L’ancien cloître des Frères mineurs... », art. cité, p. 80-83
244 Thiriot, G., Obituaire du couvent..., op. cit., p. 9-11.
245 Voir, respectivement, A.D Pas-de-Calais, 1 Q 55 3-7, Estimation de la maison des Carmes rue Saint-Jean de Roanville et A.D Pas-de-Calais, 1 Q 60 4/9, 11 octobre 1792.Estimation de la maison des sœurs Clarisses.
246 Information contenue dans l’estimation du couvent au lendemain de la Révolution. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1602, Dominicains. Déclaration des revenus, inventaire du mobilier, titres et papiers, estimation de la maison et vente des meubles, 1790-1791.
247 D’après l’inventaire révolutionnaire du couvent. Voir A.D. Eure, H 1173, Inventaire des Jacobins, 1790.
248 Carnandet, J., Notes et documents pour servir..., op. cit., p. 120.
249 Information contenue dans l’estimation du couvent en 1790. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles. Inventaire des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790.
250 Éléments livrés par l’inventaire du couvent en 1790. Voir A.D. Eure, H 1173, Inventaire des Jacobins, 1790. Il est probable que ce mobilier ne reflète pas la situation médiévale : mais, étant donné que la sacristie ait pu contenir tous ces meubles sans que son agrandissement a posteriori soit impératif, nous supposons que les dimensions de cette pièce étaient considérables dès la fondation du couvent.
251 D’après le procès verbal révolutionnaire. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles. Inventaire des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790.
252 Le caractère sacré de cette pièce était particulièrement accentué dans le couvent des Franciscains de Paris, où la sacristie était couronnée vers l’est d’une abside à trois pans.
253 Le voûtement et la construction solide de la sacristie étaient stipulés par les textes constitutifs mendiants.
254 Carnandet, J., Notes et documents pour servir..., op. cit., p. 120.
255 D’après l’échelle du plan du couvent, la sacristie était de dimensions imposantes, mesurant 10 mètres sur 7 dans l’œuvre.
256 Architecturgids : Gent. Brepols, 1994, p. 26.
257 Ces vestiges ont été fortement endommagés pendant la première guerre mondiale et ensuite détruits. Pourtant un cliché photographique de 1919 (fig. 56) permet la reconstitution partielle de la sacristie.
258 Les archives conventuelles du xviiie siècle conservent le mémoire d’un serrurier qui nous informe que cette ouverture était protégée par une porte fermant à clé. A.D. Marne, 61 H 4, Dominicains de Reims, n° 1, 2, 3. Bâtiments et mobilier : mémoire de serrurier et de couvreur, 1780-1791.
259 C’était le cas, entre autres, dans le couvent franciscain de Compiègne. A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles. Inventaire des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790.
260 Citons, à titre d’exemple, les sacristies des couvents des Franciscains et des Dominicains messins.
261 Richard, C. L., Histoires du couvent des Dominicains...,op. cit., p. 51.
262 Les étages, contenant généralement le dortoir et les salles destinées aux activités individuelles des religieux, offraient plus de possibilités d’aménagement et de redistribution des pièces par rapport au-rez-de-chaussée, occupé pas les principaux lieux réguliers.
263 Information livrée par l’inventaire du couvent, établi en 1790. Voir A.D. Meuse, Q 806, 3 août 1790, Inventaire du mobilier des Clarisses de Bar-le-Duc.
264 Guyencourt, M. R. (de), Mémoire sur l’ancienne église..., op. cit., p. 16.
265 Notons que, tout comme au couvent franciscain d’Amiens, le cloître des Dominicaines de Valenciennes n’était pas accolé à l’église.
266 Beaumont-Maillet, L., Le Grand Couvent des Cordeliers..., op. cit., p. 313.
267 Tarbé, P., Reims. Essais historiques..., op. cit., 394.
268 Guyencourt, M. R. (de), Mémoire sur l’ancienne église..., op. cit., p. 10.
269 Pour un aperçu diachronique du rôle de la salle du chapitre dans les ensembles monastiques, voir Gillon, P., « Un exemple de la communion du pratique et du sacré : la salle du chapitre en Occident », dans Pratique et sacré dans les espaces monastiques..., op. cit., p. 259-278.
270 Celle-ci communiquait impérativement avec le chœur.
271 D’après le procès verbal de l’estimation du couvent en 1792. Voir A.D Pas-de-Calais, 1 Q 60 4-9, 11 octobre 1792. Estimation de la maison des sœurs Clarisses.
272 Information contenue dans l’inventaire révolutionnaire du couvent. Voir A.D. Meuse, Q 806, 3 août 1790, Inventaire du mobilier des Clarisses de Bar-le-Duc.
273 Renseignement livré par l’estimation des immeubles du couvent au lendemain de la Révolution. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1602, Dominicains. Déclaration des revenus, inventaire du mobilier, titres et papiers, estimation de la maison et vente des meubles, 1790-1791.
274 D’après l’estimation de l’église et des bâtiments conventuels en 1792. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1604, n° 63, 11 novembre 1790. Estimation de l’église, bâtiments, cours et jardins.
275 D’après le rapport de vente du couvent à l’époque concordataire. Voir A.D. Haute-Marne, 1 Q 32, Vente de domaines nationaux, Dominicains de Langres, 1807.
276 Carnandet, J., Notes et documents pour servir..., op. cit., p. 120.
277 Information livrée par l’inventaire révolutionnaire. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1588, liasse 1, Couvent des Cordeliers de Beauvais. Inventaire des meubles, titres et papiers. Compte des religieux, vente des meubles et effets. 1790, an II.
278 M.P., Metz, Fonds lorrain et collections iconographiques. Plan du cloître des Cordeliers, 2e moitié du xxe siècle.
279 Les motifs de ces choix ne peuvent pas être cernés, faute de documentation. Néanmoins, l’absence de restrictions quant à l’emplacement de la salle du chapitre permettait aux communautés d’aménager celle-ci en fonction de leurs besoins spécifiques. Par ailleurs, il est probable que l’organisation du chapitre dans une autre aile que celle qui abritait la sacristie conférait davantage de rayonnement à ces deux lieux réguliers magistraux.
280 A.D. Meurthe-et-Moselle, H 2646, Dominicaines de Nancy. Plan du bâtiment des parloirs, 1746.
281 Thiriot, G., Obituaire du couvent..., op. cit., p. 9.
282 Dans le cas de ces deux couvents, l’aménagement de la salle du chapitre dans l’aile occidentale en facilitaient l’accès : en effet, les sœurs n’étant pas habilitées à célébrer les offices, elles étaient installées dans leur propre chœur, organisé dans la partie occidentale de l’église.
283 Au sujet de la capacité de la salle du chapitre et de l’adéquation de celle-ci aux effectifs de la communauté, voir Gillon, P., « Un exemple de la communion du pratique et du sacré : la salle du chapitre en Occident », dans Pratique et sacré dans les espaces monastiques..., op. cit., p. 297-307.
284 Benoît, M., « Le couvent des Dames prêcheresses... », art. cité, p. 45.
285 Néanmoins, l’absence de voûtement au-dessus de la salle du chapitre ne peut pas être considérée comme une négligence constructive. La fonction de la pièce comme endroit d’assemblée solennelle de la communauté impliquait une visibilité optimale pour les frères qui assistaient comme pour le supérieur installé sur un pupitre, généralement au milieu de la salle. En effet, la présence des colonnes qui portaient le voûtement aurait pu empêcher un tant soit peu la visibilité des participants. Les communautés pouvaient aussi opter pour un couvrement en charpente. Pour les colonnes dans la salle du chapitre et l’infléchissement de ces dispositifs sur la visibilité des assistants, voir Gillon, P., « Un exemple de la communion du pratique et du sacré : la salle du chapitre en Occident », dans Pratique et sacré dans les espaces monastiques..., op. cit., p. 291.
286 Il convient de signaler que ces baies étaient vraisemblablement protégées par des verrières, comme c’était le cas dans la salle du chapitre du couvent des Dominicains de Metz. Voir Chapotin, M.-D, Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 670.
287 Id., ibid.
288 Voir Gillon, P., « Un exemple de la communion du pratique et du sacré : la salle du chapitre en Occident », dans Pratique et sacré dans les espaces monastiques..., op. cit., p. 285-289.
289 Chapotin, M.-D, Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 670.
290 Information livrée par le procès verbal de l’estimation du couvent au lendemain de la Révolution. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles. Inventaire des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790. Le fait que les commissaires révolutionnaires ont précisé que les grandes fenêtres de la salle du chapitre donnaient sur le jardin attenant, suggère que la vue était attractive. En effet, les communautés mendiantes prêtaient une attention considérable à l’encadrement des espaces conventuels par un environnement naturel agréable.
291 Rohaultde Fleury, G., Gallia Dominicana..., op. cit., t. 2, Toul (Assomption).
292 Voir Gillon, P., « Un exemple de la communion du pratique et du sacré : la salle du chapitre en Occident », dans Pratique et sacré dans les espaces monastiques..., op. cit., p. 283.
293 Huet, P. D., Les Origines de la ville de Caen revues, corrigées et augmentées, Rouen, 1706 (2e éd.), p. 229.
294 A.G.O.P., Rome, K 483, Fondation du couvent des frères Prêcheurs de Reims, en Champagne, de la Province de France.
295 Tarbé, P., Reims. essais historiques..., op. cit., p. 395.
296 Béziers, M., Histoire sommaire de la ville..., op. cit., p. 140.
297 Toussaint, J., Coutances des origines..., op. cit., p. 93.
298 À ce sujet voir, Beck, B., « Recherches sur les salles capitulaires en Normandie et notamment dans les diocèses d’Avranches, Bayeux et Coutances », B.S.A.N., 1968, 58, p. 7-118 et id., « Les salles capitulaires des abbayes de Normandie : éléments originaux de l’architecture monastique médiévale », I.H.A., 1973, 17, p. 204-215.
299 Voir Gillon, P., « Un exemple de la communion du pratique et du sacré : la salle du chapitre en Occident », dans Pratique et sacré dans les espaces monastiques..., op. cit., p. 283-284.
300 De même, la chapelle carrée (d’une superficie d’environ 5 mètres carrés) aménagée à l’intersection des ailes occidentale et septentrionale du cloître des Franciscains rémois, découverte lors des travaux de consolidation des vestiges claustraux en 1926, était sans doute attenante à la salle du chapitre et accueillait les cérémonies funéraires des religieux ou des fidèles ensevelis dans cette pièce.
301 Midoux, C., « Le manuscrit des remarques... », art. cité, p. 11.
302 Chapotin, M.-D, Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 663
303 Id., ibid.
304 La présence de lambris à hauteur d’appui sur le pourtour du chapitre est mentionnée dans le procès verbal de l’apposition de scellés au couvent, en 1790. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1604, n° 2, 29 novembre 1790. Procès verbal de l’apposition des scellés aux Jacobins.
305 Beaumont-Maillet, L., Le Grand Couvent des Cordeliers..., op. cit., p. 322.
306 En effet, l’installation de lambris à la fin du xive ou au xve siècle était réservée aux édifices royaux ou seigneuriaux : citons, à titre d’exemple, les lambris du donjon de Vincennes, datant de la fin du xive siècle. À ce sujet, voir Chapelot, J., « Le château de Vincennes, un grand programme architectural sous les quatre premiers Valois », dans Les Bâtisseurs du Moyen Âge..., op. cit., p. 67.
307 Ce décor comportait une fresque représentant une église, qui s’apparentait à celle du couvent, et une série de médaillons (placés à la lisière du plafond) où figuraient les principaux saints et religieux de l’ordre. Voir Beaumont-Maillet, L., Le Grand Couvent des Cordeliers..., op. cit., p. 322.
308 Étant donné la diversification de leurs activités, les communautés aménageaient souvent dans le cloître des salles supplémentaires qui alternaient avec les principaux lieux réguliers. La disposition de l’ensemble n’étant pas soumise à des règles spécifiques, il incombait à chaque communauté d’organiser les espaces claustraux en fonction de ses besoins et de la disposition générale des édifices conventuels.
309 Information livrée par l’inventaire révolutionnaire du couvent. Voir A.D. Eure, H 1173, Inventaire des Jacobins, 1790.
310 Renseignement fourni par l’inventaire révolutionnaire. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1602, Dominicains. Déclaration des revenus, inventaire du mobilier, titres et papiers, estimation de la maison et vente des meubles, 1790-1791.
311 A.G.O.P., Rome, K 483, Fondation du couvent des frères Prêcheurs de Reims, en Champagne, de la Province de France.
312 Information livrée par le procès verbal de la vente du couvent en 1807. Voir A.D. Haute-Marne, 1 Q 32, Ventes de domaines nationaux, Dominicains de Langres, 1807.
313 D’après l’inventaire du couvent établi au lendemain de la Révolution. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1588, liasse 1, Couvent des Cordeliers de Beauvais. Inventaire des meubles, titres et papiers. Compte des religieux, vente des meubles et effets. 1790, an II.
314 Information livrée par le procès verbal révolutionnaire de l’estimation du couvent. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 55 3/7, Estimation de la maison des Carmes rue Saint-Jean de Roanville.
315 Renseignement contenu dans l’estimation du couvent en 1792. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 60 4-9, 11 octobre 1792. Estimation de la maison des sœurs Clarisses.
316 D’après les plans établis en 1972, lors du classement du couvent comme monument historique. Voir M.P., A.M.H., Moselle, Metz, Ancien couvent des Récollets, n° 1782.
317 Arnaud, A. F., Voyage archéologique et pittoresque..., op. cit., p. 111.
318 D’après le procès verbal de l’estimation du couvent en 1792. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 55 (5-7), 25 avril 1792. Estimation de la maison des Récollets.
319 Chapotin, M.-D., Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 670.
320 Rohaultde Fleury, G., Gallia dominicana..., op. cit., t. 1, Argentan, s.p.
321 Dimensions contenues dans l’estimation du couvent au lendemain de la Révolution. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles. Inventaire des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790.
322 Arnaud, A. F., Voyage archéologique et pittoresque..., op. cit., p. 111.
323 Barthélemy, É. (de), Histoire de la ville de Châlons-sur-Marne..., op. cit., p. 98-99.
324 D’après le procès verbal de l’estimation du couvent en 1792. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles. Inventaire des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790.
325 Information contenue dans le rapport de l’estimation du couvent en 1790. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1604, n° 63, 11 novembre 1790. Estimation de l’église, bâtiments, cours et jardins.
326 D’après l’énumération des salles du couvent détruites lors d’un incendie au milieu du xvie siècle, reprise dans Dancoisne (abbé), « Mémoire sur les établissements... », art. cité, p. 463.
327 Les sources attestent de l’état du réfectoire au xive siècle. Voir Arnaud, A. F., Voyage archéologique et pittoresque..., op. cit., p. 111.
328 D’après le procès verbal de l’estimation du couvent en 1792. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles. Inventaire des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790. Cette source révolutionnaire fait également état d’une cheminée et de lambris dans la « salle à manger » des hôtes. Nous supposons que ces dispositifs furent mis en œuvre à l’extrême fin du Moyen Âge, voire à la période post-médiévale.
329 Information livrée par les procès verbaux des visites des ministres de l’ordre au xviie siècle. Voir A.D. Eure, H 1152, Cordeliers de Bernay, 1690-1729, Procès verbaux des visites du couvent des Cordeliers de Bernay par les ministres de l’ordre de la province de France. Malgré sa date tardive, nous supposons que cette source reflète également l’état médiéval.
330 Beaumont-Maillet, L., Le Grand Couvent des Cordeliers..., op. cit., 353-355.
331 Id., ibid., p. 59.
332 Renseignement contenu dans l’inventaire révolutionnaire du couvent. Voir A.D. Meuse, Q 835, Extrait du procès verbal d’inventaire dressé par la municipalité de Verdun dans la maison de Sainte-Claire , 10 juin 1790.
333 Citons, à titre d’exemple, les Dominicains de Lille qui – ayant excellé dans les prédications et la gestion des affaires religieuses de la région – bénéficièrent d’un don important d’ouvrages de la part de la comtesse Jeanne de Flandre. Voir Chapotin, M.-D., Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 289-290. Il convient aussi de souligner que la grandeur et la richesse des bibliothèques était souvent associée à certains illustres religieux : dans le couvent des Augustins de Bayeux, les ouvrages du prédicateur renommé Simon Cupersli contribuèrent grandement au rayonnement de la bibliothèque conventuelle. Voir Béziers, M., Histoire sommaire de la ville..., op. cit., p. 137.
334 En effet, les étages aménagés sous les combles du cloître abritaient le plus souvent des greniers qui n’étaient vraisemblablement visités qu’occasionnellement.
335 D’après l’inventaire révolutionnaire du couvent. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1588, liasse 1, Couvent des Cordeliers de Beauvais. Inventaire des meubles, titres et papiers. Compte des religieux, vente des meubles et effets. 1790, an II.
336 Information contenue dans le compte-rendu de l’enlèvement des effets des religieux en 1791. Ce document révolutionnaire précise que le bibliothèque avait une vue sur le jardin conventuel. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1592, Enlèvement des affaires des Cordelier , 18 mars 1791.
337 D’après les archives conventuelles du xviie siècle relatives aux dommages provoqués par une tempête à l’étage du cloître contenant, entre autres, la bibliothèque. Voir A.D. Pas-de-Calais, 35 H 6, n° 28, Extrait des comptes des biens et revenus de la ville de Béthune pour les années 1572-1682. Papiers concernant les Cordeliers de Béthune au sujet de la réparation de leurs bâtiments par M. le Magistrat.
338 D’après l’inventaire révolutionnaire de 1790. Voir A.D. Meuse, Q 806, 3 août 1790, Inventaire du mobilier des Clarisses de Bar-le-Duc.
339 Chapotin, M.-D., Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 673.
340 Benoit, M., « Le couvent des Dames... », art. cité, p. 51.
341 Les archives conventuelles conservent un mémoire de travaux du xviie siècle où il est question de réfection de la toiture au-dessus de la bibliothèque. Voir A.D. Meuse, 21 H 1, Dominicains, couvent de Verdun, n° 12-25, Mémoires concernant les réparations des bâtiments conventuels, 1688-1736.
342 Ibid.
343 Kalas, E., « Ancien couvent des Cordeliers », art. cité, p. 68. La charpente qui couvrait la bibliothèque était identique à celle de la salle des assemblées bourgeoises attenante et datait de la restauration du couvent à la suite de l’incendie de 1450.
344 Au sujet de la qualité des prédications des Dominicains troyens, voir Aufauvre, A., Troyes et ses environs, guide historique et topographique, Troyes, 1860, p. 105.
345 Pierre de Villiers était le confesseur du roi Charles V. Il incita le souverain à faire don aux Dominicains de Troyes d’un nombre important de manuscrits précieux, qui furent dispersés au xvie siècle. Voir Roserot, C., Dictionnaire de la Champagne..., op. cit., p. 1634.
346 Id., ibid.
347 Information livrée par l’inventaire révolutionnaire. Voir A.D. Eure, H 1173, Inventaire des Jacobins, 1790. Malgré sa date tardive, cette source reflète probablement la situation médiévale.
348 Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1588, liasse 3, Inventaire chez les Cordeliers, 16 août 1790. Certes la source est tardive, mais nous supposons que les tapisseries furent installées à la bibliothèque franciscaine à l’époque médiévale, étant donné que la confrérie des compagnons brodeurs était établie au couvent dès le Moyen Âge. Voir A.D. Oise, H 6501, Cordeliers, État du couvent en1791.
349 D’après le procès verbal de la visite du couvent par le ministre de la province de France en 1694. Voir A.D. Eure, H 1152, Cordeliers de Bernay, 1690-1729. Procès verbaux des visites du couvent des Cordeliers de Bernay par les ministres de l’ordre de la province de France.
350 Au sujet de l’organisation hiérarchisée et de la gestion des studia mendiants, voir Martinaud, S., « Le réseau des studia mendiants dans le Midi (xiiie-xive siècle) », dans Église et culture en France méridionale (xiie-xive siècle), C.F., 2000, 35, p. 93-126.
351 La prestation d’enseignement au clergé local était souvent sollicitée par les évêques eux-mêmes. Souvent ceux-ci désiraient instaurer des cours de théologie pour leur clergé mais n’en avaient pas les moyens, en raison du refus du chapitre cathédral de contribuer à la rémunération du professeur. Ainsi, les prélats trouvèrent dans les studia mendiants une solution palliative, qu’ils n’hésitaient pas à présenter comme une raison fondamentale de leur bienveillance à l’égard des frères. Nous pouvons renvoyer ici aux cas des couvents Dominicains de Reims et de Metz. Voir, respectivement, Chapotin, M.-D., Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 372 et A.D. Moselle, H 3691, Dominicains de Metz. Notes historiques. Le couvent dominicain de Liège offre un exemple analogue : en 1229 l’évêque Hugues de Pierrepont ordonna l’établissement des frères dans sa ville en les désignant comme professeurs attitrés du clergé local. Cet argument fut par ailleurs présenté au maître général Jourdain de Saxe ainsi qu’au provincial de Teutonie Conrad de Höxter afin qu’ils consentent à la fondation. Sur le cas liégeois, mais également sur les exemples de Reims et de Metz, voir Meersseman, G., « Jeanne de Constantinople et les frères Prêcheurs... », art. cité, p. 157-158.
352 Citons ici l’exemple du couvent franciscains gantois : l’école conventuelle connut un tel essor à la fin du xiiie siècle, que le supérieur de l’abbaye de Dunes sollicita auprès du lecteur en théologie franciscain une dizaine de jeunes gens de son studium, instruits en logica et artibus, afin qu’ils étoffent les effectifs cisterciens déficitaires. Voir Lippens, H., « Les frères Mineurs à Gand du xiiie au xvie siècle », F. F., 1930, 13, p. 71-72. Il s’agissait manifestement de laïcs ayant sans doute une vocation religieuse.
353 Gonzague, F.-S. (de), De originae Seraphicae Religionis..., op. cit., p. 127.
354 Dancoisne (abbé), « Mémoire sur les établissements... », art. cité, p. 506.
355 L’emplacement de cette salle n’est pas précisé explicitement par les sources. Cependant l’inventaire révolutionnaire qui énumère les lieux réguliers du corps principal du couvent ne cite pas la bibliothèque ni le studium: nous supposons que celui-ci était abrité dans le même corps de logis que la bibliothèque, mais ils étaient probablement tombés en désuétude au moment de la Révolution étant donné le déclin du couvent à partir du début du xviiie siècle.
356 Dancoisne (abbé), « Mémoire sur les établissements... », art. cité, p. 449.
357 A.D. Seine-Maritime, 32 HP 1, Carmes de Rouen, Recette pour l’encre au xve-xviiie siècle.
358 Ces commandes furent conservées dans les archives conventuelles à partir du xviie siècle. Cependant nous supposons que l’éventuel scriptorium existait dans le couvent dès le Moyen Âge, étant donné que les sources ne font pas état de modifications des occupations des sœurs à la période post-médiévale. Voir A.D. Meurthe-et-Moselle, H 2704, Dominicaines de Nancy. Parchemin vert, carmin et laque fine, 1725.
359 D’après l’inventaire du couvent dressé en 1790. Voir A.D. Meuse, Q 835, Extrait du procès verbal d’inventaire dressé par la municipalité de Verdun dans la maison de Sainte-Claire, 10 juin 1790.
360 Benoît, M., « Le couvent des Dames... », op. cit., p. 51.
361 D’après l’inventaire révolutionnaire du couvent. Voir A.D. Nord, Q 649, Estimation de la maison des Dominicains de Valenciennes.
362 Benoît, M., « Le couvent des Dames... », op. cit., p. 51.
363 A.D. Meuse, Q 835, Extrait du procès verbal d’inventaire dressé par la municipalité de Verdun dans la maison de Sainte-Claire, 10 juin 1790.
364 Il convient de signaler que souvent les archives conventuelles étaient conservées dans la sacristie. C’était le cas dans les couvents des Franciscains parisiens (jusqu’au xviie siècle) et compiégnois.
365 Information contenue dans l’estimation du couvent en 1792. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 60 4-9, 11 octobre 1792.Estimation de la maison des sœurs Clarisses.
366 Étant donné que le travail était obligatoire dans les couvents féminins, le voisinage de l’ouvroir avec l’oratoire rendait celui-ci accessible pour toutes les sœurs.
367 D’après l’estimation du couvent au lendemain de la Révolution. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1602, Dominicains, Déclaration des revenus, inventaire du mobilier, titres et papiers, estimation de la maison et vente des meubles, 1790-1791.
368 L’emplacement exact du parloir n’est pas précisé par les sources.
369 Nous pouvons renvoyer ici à l’exemple du couvent des Franciscains châlonnais qui, dès sa fondation au xiiie siècle, disposait de cellules individuelles construites grâce aux libéralités du bienfaiteur de la communauté, Michel Papelart. Voir Barbat, L., Histoire de la ville de Châlons-sur-Marne..., op. cit., p. 103.
370 En effet les cellules individuelles n’étaient pas a priori indispensables pour les sœurs, étant donné que celles-ci ne se consacraient pas obligatoirement aux études.
371 Citons, à titre d’exemple, les cloîtres des Carmes d’Arras, des Franciscains de Noyon, des Dominicains de Compiègne, de Langres et de Metz.
372 Ainsi, d’après l’inventaire révolutionnaire, les cellules des Franciscains de Noyon étaient au nombre de quinze. Le procès verbal de la vente du couvent des Dominicains langrois fait état de quarante cellules. Les évocations historiques du cloître des Clarisses de Bar-le-Duc rapportent trente cellules. Voir, respectivement, A.D. Oise, 1 Q 2 1592, Enlèvement des affaires des Cordeliers, 18 mars 1791 ; A.D. Haute-Marne, 1 Q 32, Ventes de domaines nationaux, Dominicains de Langres , 1807 ; Vincent-Dubé, E., Le Monastère des Clarisses..., op. cit., p. 16.
373 Les supérieurs conventuels furent les premiers à disposer de cellules indépendantes.
374 Information fournie par l’inventaire révolutionnaire du couvent. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1588, liasse 1, Couvent des Cordeliers de Beauvais. Inventaire des meubles, titres et papiers. Compte des religieux, vente des meubles et effets. 1790, an II.
375 Renseignements livrées par l’inventaire du couvent en 1790. Voir A.D. Eure, H 1173, Inventaire des Jacobins, 1790. D’après le document révolutionnaire ces chambres étaient lambrissées de bois blanc. Cependant ce dispositif datait vraisemblablement de l’extrême fin du Moyen Âge.
376 A.N., S 3735, 1-2, Carmes de la place Maubert. Titres de propriété. 1495-1776.
377 Voir supra, p. 80.
378 Voir Benoît, M., « Le couvent des Dames... », art. cité, p. 46.
379 Information contenue dans l’estimation du couvent en 1792. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 55 (5-7), 25 avril 1792. Estimation de la maison des Récollets.
380 D’après les évocations historiques du couvent. Voir Regnault-Warin, J. J., Lille ancienne et..., op. cit., p. 62.
381 Information fourni par l’inventaire du couvent en 1790. Voir, A.D. Eure, H 1173, Inventaire des Jacobins, 1790. D’après le document révolutionnaire les cellules des religieux étaient pourvues de cheminées. Cependant, la date tardive de cette source ne permet pas d’affirmer la présence de ce dispositif au Moyen Âge.
382 Il convient de signaler que les domestiques dans les couvents mendiants étaient des frères convers qui vivaient leur vocation dans le travail. Ils n’étaient pas admis dans le chapitre, mais partageaient le réfectoire des frères et étaient logés à l’étage des cellules, quand l’espace de celui-ci le permettait. À ce égard, voir Vande Perre, D., « La place des frères lais dans les monastères (xie-xiiie siècle). Leur statut juridique et leur place dans les bâtiments », dans Pratique et sacré dans les espaces monastiques..., op. cit., p. 177-178.
383 Renseignement livré par l’inventaire révolutionnaire du couvent. Voir A.D. Eure, H 1173, Inventaire des Jacobins, 1790.
384 Voir Vincent-Dubé, E., Le Monastère des Clarisses..., op. cit., p. 11-12.
385 Voir A.D. Meurthe-et-Moselle, H 2645, Dominicaines de Nancy. Travaux effectués dans les bâtiments au xviiie siècle.
386 Les sources ne nous renseignent pas quant à l’emplacement primitif du noviciat qui fut agrandi au xvie siècle grâce aux libéralités de Marguerite d’Autriche.
387 D’après l’inventaire du couvent en 1790. Voir A.D. Meuse, Q 806, 3 août 1790, Inventaire du mobilier des Clarisses de Bar-le-Duc.
388 Il convient de signaler que les appartements des frères pouvaient aussi être établis dans les bâtiments indépendants.
389 Information livrée par l’inventaire du couvent en 1790. Voir A.D. Meuse, Q 806, 3 août 1790, Inventaire du mobilier des Clarisses de Bar-le-Duc.
390 Étant sous la direction spirituelle des Dominicains toulois, les religieuses nancéiennes étaient assistées par leur propre confesseur, rémunéré par la communauté. Voir A.D. Meurthe-et-Moselle, H 2710, Dominicaines de Nancy. Honoraires des confesseurs et prédicateurs, xviiie siècle.
391 Au sujet des espaces destinés au repos intellectuel des religieux, voir supra p. 114.
392 D’après l’inventaire du couvent en 1790. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1588, liasse 1, Couvent des Cordeliers de Beauvais. Inventaire des meubles, titres et papiers. Compte des religieux, vente des meubles et effets. 1790, an II.
393 Information livrée par les procès verbaux des ministres de la province de France. A.D. Eure, H 1152, Cordeliers de Bernay, 1690-1729, Procès verbaux des visites du couvent des Cordeliers de Bernay par les ministres de l’ordre de la province de France. Ce document ne précise pas l’aile dans laquelle était aménagée l’infirmerie.
394 D’après le procès verbal de l’enlèvement des affaires des Cordeliers en 1791. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1592, Enlèvement des affaires des Cordeliers, 18 mars 1791.
395 Voir Benoit, M., « le couvent des Dames... », art. cité, p. 46.
396 Voir Chapotin, M.-D., Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 670.
397 Information contenue dans l’inventaire révolutionnaire du couvent. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 1823, n° 1785, Vente des biens nationaux. Séparation du couvent en lots.
398 D’après l’inventaire du couvent en 1790. Voir A.D. Meuse, Q 835, Extrait du procès verbal d’inventaire dressé par la municipalité de Verdun dans la maison de Sainte-Claire, 10 juin 1790. Cette source ne fournit pas d’indications quant à l’emplacement précis de d’infirmerie.
399 Renseignement fourni par l’estimation du couvent au lendemain de la Révolution. Voir Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 60 4-9, 11 octobre 1792. Estimation de la maison des sœurs Clarisses. La présence de deux infirmeries permettait de séparer les malades et les convalescents des frères contagieux, comme c’était le cas dans le couvent des Franciscains parisiens.
400 Information livrée par l’inventaire du couvent en 1790. Voir A.D. Meuse, Q 835, Extrait du procès verbal d’inventaire dressé par la municipalité de Verdun dans la maison de Sainte-Claire, 10 juin 1790.
401 Voir A.D. Meurthe-et-Moselle, H 2645, Dominicaines de Nancy. Travaux effectués dans les bâtiments au xviiie siècle. L’infirmerie des Dominicaines nancéiennes était aménagée dans le grand cloître occidental.
402 L’importance de la cuisine pour la vie quotidienne de la communauté dicta l’aménagement de cette pièce dès la fondation du couvent. C’était le cas dans le couvent des Franciscains baralbins, où l’aménagement de la cuisine bénéficia de la subvention du bourgeois Lambert d’Auberive.
403 D’après l’estimation du couvent en 1792. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 60 4/9, 11 octobre 1792. Estimation de la maison des sœurs Clarisses.
404 D’après l’inventaire révolutionnaire du couvent, la cuisine était aménagée dans l’extrémité méridionale de l’aile est et était ainsi attenante avec le réfectoire, qui se développait dans la partie est de l’aile méridionale. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1588, liasse 1, Couvent des Cordeliers de Beauvais. Inventaire des meubles, titres et papiers. Compte des religieux, vente des meubles et effets. 1790, an II.
405 Voir Benoît, A., « Les Cordeliers de Sarrebourg », art. cité, p. 137.
406 Renseignement fourni par l’estimation du couvent au lendemain de la Révolution. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1604, n° 63, 11 novembre 1790. Estimation de l’église, bâtiments, cours et jardins.
407 Un système hydraulique souterrain, soigneusement mis en œuvre, permettait l’évacuation des canalisations dans la Moselle, sous les fondations des murailles de la ville. Voir Chapotin, M.-D., Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 670.
408 Information livrée par l’estimation du couvent en 1792. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 60 4/9, 11 octobre 1792. Estimation de la maison des sœurs Clarisses.
409 D’après l’estimation révolutionnaire des édifices conventuels. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 1823, n° 8, Estimation des édifices des Dominicains de Saint-Omer.
410 Chapotin, M.-D., Histoire des Dominicains de la province de France..., op. cit., p. 670.
411 D’après l’estimation des matériaux du couvent en 1791.
412 Benoît, A., « Les Cordeliers de Sarrebourg », art. cité, p. 137.
413 Information livrée par l’inventaire du couvent établi en 1790. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1588, liasse 1, Couvent des Cordeliers de Beauvais .Inventaire des meubles, titres et papiers. Compte des religieux, vente des meubles et effets. 1790, an II.
414 Benoît, A., « Les Cordeliers de Sarrebourg », art. cité, p. 137.
415 Dans le couvent des Dominicains châlonnais ces manifestations se déroulaient également au réfectoire. Voir Barthélemy, É. (de), Histoire de la ville de Châlons-sur-Marne..., op. cit., p. 143-145.
416 Renseignements contenus dans l’inventaire révolutionnaire du couvent. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles. Inventaire des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790. Étant donné l’installation sélective du dispositif de chauffage, nous supposons que celui-ci était aménagé dès le Moyen Âge dans les deux chambres, destinées manifestement aux visiteurs éminents.
417 D’après l’estimation du couvent en 1792. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 55 (5/7), 25 avril 1792. Estimation de la maison des Récollets.
418 Benoit, A., « Les Cordeliers de Sarrebourg », art. cité, p. 137.
419 Les salles destinées aux assemblées bourgeoises étaient organisées uniquement dans des couvents masculins, étant donné la rigueur de la réglementation mendiante quant à l’accueil de laïcs dans les couvents féminins. Il convient de signaler que dans certains établissements des ordres monastiques traditionnels une salle spécifique accueillait les activités administratives de la communauté. Cependant, la personne qui occupait cette pièce était un moine, et non un laïc. À ce sujet, voir Bonde, S., Maines, C., « A Room with a view : The Cellarer and his office at the Augustinian Abbey of Saint-Jean--de-Vignes, Soissons », dans Joubert, F. et Sandron, D. (dir.), Pierre, lumière, couleur. Études d’histoire de l’art du Moyen Âge, Paris, 1999, p. 199-212.
420 Desportes, P., Reims et les Rémois..., op. cit., p. 327.
421 Gravement endommagée lors de l’incendie du couvent en 1450, la salle des assemblées bourgeoises fut restaurée à la fin xve siècle et couverte d’une charpente qui fut démontée au début du xxe siècle.
422 Tarbé, P., Reims. Essais historiques..., op. cit., p. 204.
423 Huet, P. D., Les Origines de la ville de Caen..., op. cit., p. 267. Les sources ne précisent pas l’emplacement exact de cette salle, ni son aménagement intérieur.
424 Il importe de souligner que les liens entre le couvent franciscain et l’Université se nouèrent dès la fondation de celle-ci, en 1432, et étaient sans doute favorisées par la proximité topographique des deux établissements. Par ailleurs, en 1492, les religieux se placèrent sous la protection de l’université pour échapper à la réforme des Cordeliers de la Bulle qui voulaient s’emparer du couvent caennais. Voir id., ibid. p. 229.
425 Notons aussi que le père Adrien Delattre fut chargé de l’enseignement théologique à l’Université dès 1564. Voir Dancoisne (abbé), « Mémoire sur les établissements... », art. cité, p. 507. Les sources ne fournissent pas d’indications quant à l’emplacement de ces pièces dans le couvent.
426 À cet égard, les couvents mendiants se conformèrent à la gestion spatiale déjà adoptée par les maisons urbaines : celles-ci comportaient le plus souvent un grenier, tandis que les caves firent leur apparition dans les villes dès avant le xiiie siècle. Voir Roux, S, et Piponnier, F., « Distribution et fonctions des maisons », dans Esquieu, Y., Pesez, J.-M. (dir.). Cents maisons médiévales en France..., op. cit., p. 90. Au sujet des caves plus particulièrement, voir Laleman, M-Chr., Raveschot, P., Inleiding tot de studie van de woonhuizen in Gent, periode 1100-1300. De kelders, Bruxelles, 1991.
427 D’après l’estimation du couvent en 1792. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 55 (5/7), 25 avril 1792. Estimationde la maison des Récollets.
428 Renseignement fourni par les archives conventuelles relatives aux travaux entrepris au couvent au xviiie siècle. Voir A. D. Meurthe-et-Moselle, H 2645, Dominicaines de Nancy. Travaux effectués dans les bâtiments au xviiie siècle.
429 Information livrée par les mémoires des réparations entreprises au couvent au xviie siècle. Voir A.D. Meuse, 21 H 1, Dominicains. Couvent de Verdun, n° 12-25. Mémoires concernant les réparations des bâtiments conventuels, 1688-1736.
430 D’après le procès verbal de la vente du couvent des Dominicains langrois en 1807, des greniers étaient aménagés uniquement dans les ailes orientale et occidentale. Voir A.D. Haute-Marne, 1 Q 32, Ventes de domaines nationaux, Dominicans de Langres, 1807.
431 Nous pouvons citer ici le cas des Augustins de Bayeux : à la fin du xviiie siècle, les greniers du couvent furent choisis comme lieu de stockage par le Magasin militaire de la ville, arguant de l’amplitude de cet espace. Voir A.D. Calvados, C 2331 19. Proposition des Augustins de mettre leurs greniers à la disposition du Magasin militaire de Bayeux. 30 octobre 1778.
432 Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1603, n° 109, Dominicains. Mémoire de serrurier de 1789.
433 D’après les sources, dans la région que nous étudions, les caves étaient exclues uniquement en raison de contraintes topographiques. C’était le cas du couvent des Dominicain caennais, dont le terrain était sujet à des inondations, ainsi que du couvent franciscain de Valenciennes, édifié sur un sol meuble.
434 Ces recommandations sont fermement exposées dans le Mare Magnum, la réglementation de la vie conventuelle du couvent augustin de Paris. Voir, YPMA, E., « Le “Mare Magnum”. Un code médiéval... », art. cité, p. 296, 10m capitulum.
435 Renseignements contenus dans le procès verbal de la vente du couvent en 1807. Voir A.D. Haute-Marne, 1 Q 32, Ventes de domaines nationaux, Dominicans de Langres, 1807.
436 Ces besoins pouvaient aussi bien exister dès la fondation du couvent ou se concrétiser a posteriori, en corrélation avec le développement individuel de chaque communauté.
437 Il importe de souligner que les espaces fonctionnels aménagés dans les bâtiments indépendants étaient souvent abrités dans le cloître même, quand le potentiel spatial de celui-ci le permettait.
438 En effet, le couvent dominicain était le noyau d’une activité apostolique et caritative intense et les frères avaient pris en charge des petites écoles de la ville. En outre les assemblées et les élections du corps administratif de Langres se déroulaient dans le cloître. Voir Laurent, J., Claudon, F., Abbayes et prieurés..., t. xii, 3e partie, op. cit., p. 206.
439 Id., ibid. Nous pouvons citer ici, entre autres, Simon de Langres et Jean de Sarrey au xive siècle ainsi que Jean le Genevois au xvie siècle.
440 Id., ibid. Les sources ne fournissent pas de renseignements quant à l’aspect et l’organisation de l’édifice ; la date exacte de la construction de celui-ci demeure également inconnue. Toutefois, la présence du noviciat est attestée dès la période médiévale.
441 Voir A.D. Nord, 130 H 3, Lille Abbiette, Privilèges pontificaux, 1479-1781.
442 Il importe de signaler que, dès sa fondation, le couvent bénéficia des libéralités des comtes de Flandre et de Hainaut, ainsi que de la générosité des fidèles. En outre, au xive siècle, les rois de France se joignirent aux bienfaiteurs de la communauté. A.D. Nord, 130 H 4, Lille Abbiette, Privilèges accordés par les rois de France, 1318-1647 ; 130 H 5-7, Lille Abbiette, Privilèges accordés par les comtes de Flandre et de Hainaut, 1251-1296 ; 130 H 21-23, Lille Abbiette, Donations et fondations, 1276-1462.
443 La présence des greniers est attestée par les lucarnes aménagées au bord de la toiture (fig. 9).
444 Information livrée par le procès verbal de l’estimation du couvent en 1792. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 60 4/9, 11 octobre 1792. Estimation de la maison des sœurs Clarisses. Cependant, l’emplacement de cet édifice demeure inconnu faute de sources.
445 Il convient de signaler que dans le couvent des Dominicaines nancéiennes les appartements des tourières étaient aménagés au rez-de-chaussée du cloître occidental (fig. 32). Toutefois, ils n’étaient pas en contact avec les principaux lieux réguliers et, munis de leur propre bûcher, ils avaient vraisemblablement un fonctionnement indépendant. Au sujet de ces appartements, voir A.D. Meurthe-et-Moselle, H 2646, Dominicaines de Nancy. Plan des bâtiments des parloirs, 1746.
446 D’après l’estimation du couvent en 1790. Voir A.D. Meuse, Q 806, 3 août 1790, Inventaire du mobilier des Clarisses de Bar-le-Duc. Le procès verbal révolutionnaire qualifie le bâtiment des tourières de « tour ». Nous supposons que cette appellation (habituelle pour les appartements de ces sœurs converses) ne reflétait pas obligatoirement l’aspect architectural de l’édifice.
447 Informations fournies par l’estimation des matériaux du couvent en 1791. Voir A.D., 1 Q 1823, n° 24, Estimation des matériaux du couvent Pas-de-Calais des Pauvres Clarisses, 1791. Les sources ne précisent pas l’emplacement du bâtiment des tourières, mais celui-ci était sans doute attenant à l’entrée conventuelle.
448 Renseignements contenus dans le procès verbal de l’estimation du couvent en 1790. Voir A.D. Meuse, Q 835, Extrait du procès verbal d’inventaire dressé par la Municipalité de Verdun dans la maison de Sainte-Claire, 10 juin 1790.
449 Ibid.
450 Information livrée par une évocation de l’incendie du couvent en 1615, et reprise par Simon le Boucq.
451 Beaumont-Maillet, L., Le Grand Couvent..., op. cit., p. 325-326.
452 Id., ibid. Toutefois, l’infirmerie était reliée au bâtiment du réfectoire par un long édifice abritant des dortoirs.
453 Voir supra, p. 167.
454 Desportes, P., Reims et les Rémois..., op. cit., p. 327.
455 Les sources ne précisent pas la date de construction de l’école conventuelle, mais la présence de celle-ci au Moyen Âge est certaine.
456 Gonzague, F.-S. (de). De origine sepaphicae religionis..., op. cit., p. 126.
457 Mesurant environ 25 mètres sur 15, l’école de théologie des Franciscains était, d’après François de Gonzague, la plus spacieuse de Paris. Voir ID., ibid., p. 127.
458 Id., ibid.
459 Longpré, P. E., « La chapelle de la Passion... », art. cité, p. 326-328.
460 Pour une présentation architecturale détaillée de la Chapelle de la Passion et du prédicatoire, voir Id., ibid., p. 192-195.
461 En bas de la composition figuraient les familles des deux donateurs accompagnées de leurs noms, illisibles cependant au xixe siècle. Les détails vestimentaires permirent la datation à la fin du xve siècle de cette œuvre, commandée vraisemblablement par des personnes ayant financé la construction de la chapelle. Longpré, P. E., « La chapelle de la Passion... », art. cité, p. 338-340.
462 Néanmoins, dans la région que nous étudions, les bâtiments des dépendances n’étaient que rarement greffés au corps claustral principal.
463 Nous pouvons renvoyer ici aux exemples des couvents des Dominicains et des Dominicaines de Lille, des Carmes de Valenciennes et d’Arras.
464 D’après l’estimation des matériaux du couvent en 1791, c’était le cas dans le couvent des Clarisses de Saint-Omer. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 1823, n° 24, Estimation des matériaux du couvent des Pauvres Clarisses, 1791.
465 Citons ici, à titre d’exemple, les couvents des Clarisses de Bar-le-Duc, des Dominicaines et des Clarisses de Saint-Omer et des Dominicaines de Nancy.
466 C’était le cas dans les couvents des Dominicaines de Lille, de Nancy et de Saint-Omer, des Carmes d’Arras, des Clarisses de Bar-le-Duc et de Saint-Omer.
467 Certes, le caractère subsidiaire des dépendances impliquait un traitement architectural sommaire qui se répercutait, un tant soit peu, sur les dimensions des édifices, l’ampleur des pièces ainsi que les matériaux de construction.
468 Ainsi, à titre d’exemple, la brasserie des Dominicains lillois était munie d’un grand foyer. De même, une cheminée était construite dans la laverie des Dominicaines nancéiennes. Voir, respectivement, A.D. Nord, 127 H 98. Coupe des maisons des Dominicains, 1694 et A.D. Meurthe-et-Moselle, Dominicaines de Nancy. Travaux effectués dans les bâtiments au xviiie siècle.
469 D’après l’estimation des immeubles du couvent en 1790. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1590, Couvent des Cordeliers de Compiègne. Estimation des immeubles. Inventaire des meubles et effets. Apposition et levée des scellés. 1790.
470 Il convient de signaler ici que les travaux manuels en vue du fonctionnement quotidien de la vie conventuelle étaient préconisés par la réglementation mendiante.
471 Notons que ces dépendances étaient annexées au cloître pour des raisons sans doute de fonctionnalité.
472 Tous les renseignements sur les dépendances des Franciscains beauvaisins sont livrées par le rapport des fouilles entreprises au site du couvent en 1992. Voir L’Archéologie de Beauvais..., op. cit., p. 48-52.
473 Cette bibliothèque secondaire était abritée dans l’ancienne chapelle du Sépulcre, l’oratoire primitif de la communauté. Voir ibid., p. 48.
474 Les autres pièces des dépendances contenaient la boulangerie, une cuisine, le lavoir et une remise. Ces informations sont livrées par le procès verbal de l’estimation des édifices au lendemain de la Révolution. Voir A.D. Pas-de-Calais, 1 Q 1823, n° 36, Estimation des édifices des Dominicaines de Saint-Omer.
475 La présence systématique de latrines soignées dans les couvents mendiants était imposée par l’installation de ceux-ci dans les villes. En effet, en raison de la promiscuité, les habitations urbaines commencèrent dès le xiiie siècle à être munies de latrines : celles-ci furent généralisées à la fin du Moyen Âge. À ce sujet, voir Alexandre-Bidon, D., « L’eau et l’hygiène », dans Esquieu, Y., Pesez, J.-M. (dir.). Cents Maisons médiévales en France..., op. cit., p. 121.
476 Le Boucq, S., Histoire ecclésiastique de la ville..., op. cit., p. 81.
477 Le voisinage des pièces complémentaires dans le cloître n’était pas, certes, l’apanage des couvents mendiants. Néanmoins, la gestion spatiale de ceux-ci était plus complexe que celle des monastères des ordres traditionnels, étant donné l’envergure de l’activité mendiante qui imposait, notamment, l’aménagement de salles destinées à des manifestations laïques et à l’enseignement. La présence et l’ampleur de ces pièces n’étaient pas souvent définies dès la fondation du couvent et variaient d’un établissement à l’autre. Ceci, d’une part, augmentait la responsabilité de chaque communauté quant à l’organisation des différents espaces, mais, d’autre part, écartait l’uniformisation dia-conventuelle, offrait davantage de souplesse dans la distribution des lieux réguliers et concourait à ce que l’aménagement de chaque couvent reflète le profil spécifique de la communauté qui l’habitait.
478 Citons, à titre indicatif, les églises des Franciscains, des Dominicains et des Carmes (fig. 39) messins, ainsi que des Augustins rouennais (fig. 33) et rémois.
479 Nous pouvons renvoyer ici aux églises des Dominicaines rouennaises (fig. 30) et nancéiennes. L’entrée de l’église des Dominicaines valenciennoises était ouverte dans l’axe du chevet, car le chœur des sœurs était greffé sur le côté méridional du chœur liturgique.
480 Dans les cas des sacristies indépendantes du cloître et par conséquent greffées au chœur, outre la porte qui établissait la communication interne entre ces deux espaces, une ouverture extérieure desservait la sacristie depuis l’enclos. Nous pouvons citer ici l’exemple de l’église des Augustins rouennais (fig. 33).
481 Outre les frères, il est probable que les fidèles empruntaient aussi ces portes latérales afin d’accéder à la galerie claustrale. Cet endroit abritait en effet des sépultures laïques que les membres de leurs familles voulaient sans doute visiter, profitant certes de la réglementation mendiante qui permettait la présence des ouailles dans le cloître.
482 D’après le plan de toiture du couvent réalisé en 1792. A.M. Valenciennes, O. 3-2.
483 Béziers, M., Histoire sommaire de la ville..., op. cit., p. 138.
484 Gonzague, F.-S. (de), De origine seraphicae religionis..., op. cit., p. 127.
485 Information fournie par l’estimation du couvent en 1790. Voir A.D. Oise, 1 Q 2 1604, n° 63, 11 novembre 1790. Estimation de l’église, bâtiments, cours et jardins.
486 Le cloître des Dominicains langrois étant de dimensions imposantes, l’étage était desservi par trois escaliers, aboutissant sans doute à une galerie aménagée au-dessus du couloir septentrional. Les renseignements sur le nombre et l’emplacement des escaliers du cloître de Langres sont fournis par le procès verbal de la vente du couvent à l’époque concordataire. Voir A.D. Haute-Marne, 1 Q 32, Ventes de domaines nationaux, Dominicains de Langres, 1807.
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