Chapitre VI. Une architecture totalitaire : la communion des masses
p. 251-269
Texte intégral
1Jusqu’à présent, notre étude de l’architecture s’est concentrée, pour l’essentiel, sur des éléments pris dans leur individualité (les matériaux, les décorations, etc.). Cependant, l’étude des équipements sportifs ne saurait se passer d’une analyse plus macroscopique de l’architecture, c’est-à-dire de l’étendue des volumes et des échelles1. La composition générale des volumes joue un rôle de premier ordre, surtout en ce qui concerne les équipements du spectacle sportif.
2Cette question sera d’abord traitée en étudiant la manière dont les spectateurs sont réunis dans l’espace spécifique que constituent les gradins. La volonté de réunir toujours plus d’individus n’a pas seulement conduit à augmenter le nombre de places dans les tribunes ; on verra qu’elle s’est aussi traduite par une nouvelle organisation générale de l’espace des sites sportifs. En effet, au-delà de la capacité toujours plus grande des stades, c’est leur insertion dans l’environnement urbain qui caractérise vraiment les interventions urbanistiques du fascisme et du national-socialisme.
Un principe de base des fascismes : le rassemblement des masses
3Les premiers stades modernes étaient certes construits pour réunir un grand nombre d’individus, mais, fréquemment construits en forme de fer à cheval2, ils n’étaient pas étudiés pour produire un sentiment d’union parmi les spectateurs. Dans les années 1920, avec l’adoption du schéma constitué de deux lignes droites et de deux demi-cercles3, les spectateurs sont enfermés dans une construction englobante. Par la suite, les stades adoptèrent souvent la forme elliptique, dérivée du modèle de l’amphithéâtre romain4. En effet, dans les années 1930, le stade est construit pour accueillir un grand nombre de personnes tout en leur offrant un grand confort, notamment visuel ; les gradins forment d’ailleurs « une parabole inclinée appelée ‘‘courbe de visibilité’’5 ».
4Mais si la masse des spectateurs se fait toujours plus importante, elle est strictement encadrée. Les stades sont ainsi construits de manière à casser les mouvements de la foule ; dans certains cas, « on a créé, toutes les six rangées, des murs bas ou des garde-corps nécessaires pour casser la foule et contenir l’éventuelle pression du public vers le terrain6 ». Les deux cas les plus connus sont le stade de Vienne et celui de Turin.
L’expérience italienne de l’encadrement des masses
5Nous avons vu, dans la partie précédente, que par le sport, le fascisme italien visait dans un premier temps à ancrer un nouveau type d’éducation de la population italienne. Le spectacle sportif restait au second plan.
6C’est dans cet esprit que fut lancé – grâce à des facilitations financières – le projet de construction des Stadi del Littorio. C’est dans cet esprit, également, que Renato Ricci – président de l’ONB de 1927 à 1937 – concevait sa mission. Les deux stades du forum Mussolini inaugurés en 1932, le stade des marbres et le stade des cyprès, en témoignent. Le premier, malgré sa capacité de vingt mille places, est un stade d’entraînement, et « la tribune d’honneur […] est seulement occupée quand Son Excellence le Chef du Gouvernement intervient dans les manifestations7 ». De même, le second est caractérisé par l’absence presque complète de travaux de maçonnerie. Il est en effet constitué de gazon : « Sur toute une longueur, les gradins sont taillés dans la colline à laquelle ils sont flanqués. L’aspect de cet immense stade est naturel [et] naît de la conformation au terrain dans lequel il est extrait8. »
7Mais dès le début des années 1930, les équipements sportifs se soucient d’accueillir de plus en plus de spectateurs dans un cadre confortable. À ce titre, l’architecte se préoccupe de la visibilité, de l’illumination, des accès, de l’évacuation des foules, etc. La tendance est à la construction d’équipements pour le spectacle sportif : dans ces infrastructures, les masses célèbrent ensemble les performances et les victoires des sportifs italiens.
8Même le forum Mussolini, bastion de l’éducation par le sport, est touché par cette évolution. En 1937, le stade des cyprès prend la dénomination de stade olympique, dans l’optique d’une célébration des Jeux à Rome ; les travaux d’agrandissement sont directement inspirés des stades américains9. Cette étape correspond à l’affirmation, en Italie fasciste, d’un infléchissement totalitaire de la politique mussolinienne. Renato Ricci perd son poste de président de l’Onb et les structures pour la jeunesse se fondent dans la Gioventù Italiana del Littorio, dont l’encadrement se limite à l’inculcation du dévouement total de l’individu aux ordres du Duce.
9Pour les dirigeants fascistes, le rassemblement des masses paraît être la fin ultime du sport. Un reportage radiophonique sur le sport rapporte en effet :
Un projet architectural est achevé quand la foule le complète, quand [...] on atteint le zénith où les athlètes en compétition [...] et la masse [...] sont synchronisés. De cet instant de dynamisme naît la créature de l’Art, naissent les constructions qui paraissent favoriser l’effort sportif, comme la ligne d’un navire favorise la navigation. L’architecture passe de l’état de construit à quelque chose de plus intensément fondé, qui lie la sensibilité de l’artiste-architecte à celle de la foule, à la détente de l’athlète, à la rapidité de la machine, à la plasticité des masses10.
10Les grands stades, qui étaient auparavant perçus comme des lieux de perdition contraires à l’éthique fasciste, sont pourvus désormais d’une bienveillante « fonction de propagande11 ». Le CONI, qui contrôle les projets de construction par le biais de sa Commission des équipements sportifs (CIS), veille d’ailleurs à ce que l’architecture s’adapte bien aux exigences du spectacle sportif à travers cette politique de soutien financier et d’encadrement technique, la fusion des individus dans la foule est le but recherché. L’unité de la nation est incarnée dans l’unité d’une foule qui partage dans les stades l’émotion des rencontres sportives – métaphore de la célébration des conquêtes impériales de l’Italie fasciste. Pour un écrivain fasciste comme Gallian, les stades sont de surcroît des monuments appelés à durer, qui constituent des points de repère de l’histoire nationale : « Les œuvres restent, comme celle du Littoriale : il restera pour des siècles et des siècles, comme tous ces monuments qui, dans l’architecture, conservent les marques des passions de la foule12 », une foule « chorégraphiée, mise en scène13 ».
Le stade olympique de Berlin ou l’apparence de l’union
11Le stade olympique de Berlin est une arène immense, presque à la taille de l’ambition nazie. Son architecte, Werner March, s’est inspiré de nombreuses expériences internationales pour dessiner les gradins de manière à ce que la masse soit organisée par l’architecture.
12Hitler aurait préféré que le stade olympique ne soit pas creusé, mais qu’il soit entièrement surélevé par rapport au sol afin d’être plus haut et plus monumental. La construction de March, au final, parvient néanmoins à impressionner les visiteurs. Les spectateurs du cercle supérieur le sont doublement, précisément parce que le stade est en partie creusé : les visiteurs sont « surpris de l’abaissement inattendu du cercle inférieur, du doublement de la dimension […]. L’échelle du grand espace est renforcée par la faible hauteur du couloir intérieur des piliers qui était elle-même choisie pour éviter d’imposer une séparation entre les spectateurs du cercle inférieur et ceux du cercle supérieur14 ». En effet, si l’espace pour les spectateurs est distribué sur deux cercles15, le stade olympique réussit son pari de rassembler 96 individus et de les transformer en une masse homogène16. Dans cette configuration, Hitler lui-même fait partie de la masse quand il est dans le stade. Les observateurs étrangers, à l’instar du photographe Paul Wolff, sont partagés entre l’effroi – en raison de la taille du stade, vu de l’intérieur – et l’enthousiasme – à la vision de cette masse de près de cent mille personnes17.
13Les caractéristiques techniques du stade donnent en effet naissance à « une atmosphère émouvante au sein du grand espace intérieur et renforcent le sentiment communautaire et le lien entre la masse populaire réunie et les compétiteurs18 ». Pour Werner March, la masse joue un double rôle d’actrice et de spectatrice19 ; il en tire d’ailleurs comme conséquence que les exigences techniques des constructions n’ont pas changé depuis deux mille ans20.
14Les membres du CIO sont particulièrement heureux de l’atmosphère générée par la distribution des espaces. Le secrétaire du CIO s’exclame en effet : « Tout est colossal, le stade spécialement est le plus parfait que j’aie vu21 . » L’idée d’unir une si grande masse autour d’une célébration olympique est très plaisante. Une nouvelle fois dans la célébration berlinoise des Jeux olympiques, les aspirations olympiques et celles du national-socialisme fusionnent, et sont unies dans les faits. Dans le stade olympique de Berlin, la masse ne vibre pas seulement pour les mythes de l’olympisme ; elle vibre aussi, elle vibre surtout pour les mythes du nazisme – qui postulent par exemple la supériorité, d’essence raciale, des sportifs allemands sur ceux des autres nations. L’union des individus est donc ambiguë dans ce lieu aménagé par le Reich hitlérien. D’autant que les Jeux olympiques de Berlin sont une mise en scène des capacités de la « nouvelle Allemagne » ; à ce titre, ils donnent aussi, au peuple allemand, l’image de ce que leur promet le national-socialisme pour le futur.
Un retour aux sources ? Le monumentalisme fasciste italien
15Le monumentalisme est une caractéristique toute naturelle pour de nombreuses infrastructures sportives de l’Italie fasciste. Gian Carlo Eynard, dans son article de 1929 sur les « Tendances et développements de la construction sportive en Italie », commente ainsi le concours national lancé pour la construction du stade de la Victoire à Bari : « Une des plus grandes difficultés imposée par le concours […] était de concilier l’élément monumental de l’architecture avec les exigences et la distribution rationnelle des équipements sportifs22 ». Si ce stade est en effet un bel exemple d’architecture monumentale au service de la propagande politique, c’est dans le forum Mussolini que cette fusion trouvera son apogée.
Vers le monumentalisme au forum Mussolini
16Le forum Mussolini de Rome n’est pas seulement un cas historique intéressant en raison de la diversité des équipements sportifs qui le composent. Son agrandissement progressif reflète aussi l’évolution du fascisme.
17Au milieu des années 1930, la construction du Palazzo del Littorio (aussi appelé « Casa Littoria ») est prévue sur le forum Mussolini. Cet impressionnant bâtiment est destiné à accueillir le siège du parti fasciste. Il est situé non loin du Stadio dei marmi et érigé entre 1937 et 1943 selon les plans des architectes E. Del Debbio, A. Foschini et V. Morpurgo. D’abord envisagé entre le Colisée et la place de Venise23, c’est Mussolini qui décide, en 1937, de le faire construire au forum Mussolini, pour obtenir « un rapprochement matériel significatif entre le centre dont provient et se diffuse l’esprit de l’idée fasciste, et la palestre où la nouvelle jeunesse d’Italie fortifie son corps pour la plus grande gloire de la Patrie24 ».
18D’une blancheur éclatante, le bâtiment – qui accueillera à partir des années 1950 le ministère des Affaires étrangères – est d’une architecture très imposante, monumentale. La construction se présente comme un bloc unique, mais les nombreuses fenêtres reproduites à l’identique sur toute la façade donnent un rythme clair et précis à l’architecture25. La partie inférieure est composée de fenêtres dont l’embrasure est très élevée, ce qui augmente l’effet vertical du bâtiment ; dans la partie supérieure, trois rangées de fenêtres prolongent les fortes lignes dessinées par les fenêtres inférieures. L’effet monumental est encore renforcé par une surélévation de la façade du bâtiment.
19Au tout début des années 1930, le conflit entre les architectes rationalistes et traditionalistes portait aussi sur le monumentalisme et opposait tout particulièrement Giuseppe Pagano (défenseur de la « ligne horizontale », qui était la plus apte à représenter la modernité) et Marcello Piacentini (défenseur de la « ligne verticale » habituellement utilisée pour symboliser la grandeur d’une idée) 26. Mais, quand les premières constructions du forum Mussolini sont inaugurées le 4 novembre 1932, la plupart des architectes ont déjà abandonné la querelle et travaillent ensemble pour la définition du « style d’État ». Celui-ci impose de plus en plus ses caractéristiques, dont la principale est sans aucun doute le monumentalisme, c’est-à-dire une organisation des espaces qui joue à la fois sur la taille réelle des constructions et sur les rapports avec l’environnement (humain, naturel, urbain) pour impressionner l’observateur. Le Palazzo del Littorio du forum Mussolini, volontairement impressionnant, est donc aussi le résultat du long débat architectural en Italie fasciste. Le choix d’une architecture monumentale y est clairement affirmé.
20La grandeur de l’idée fasciste ne sera pas seulement représentée par ce bâtiment. En effet, une esplanade, probablement inspirée du Maifeld du complexe olympique de Berlin27, doit être construite. L’espace est appelé « arengo », selon un terme médiéval qui indique un lieu de réunion, le plus souvent utilisé pour des rencontres populaires.
21Renato Ricci, le président de l’Onb, indique en mai 1935 dans une lettre à Mussolini que l’arengo, « qui naîtra sur l’actuel siège du Tir à la cible, occupera une aire de 120 000 m2, aura une capacité de 300 000 personnes et sera décorée de la statue de bronze qui symbolise le Fascisme, haute de 86 mètres28 ». Le plan d’urbanisme du forum Mussolini, sous la direction de Luigi Moretti, intègre en 1936 cet aménagement de l’arengo della Nazione (pour l’étude et la mise en place du projet, Moretti est assisté par l’architecte Cino Pennsini).
22En 1937, l’importante publication de l’ONB sur le forum Mussolini indique un projet plus ambitieux encore, avec une capacité d’accueil de l’arengo portée à 400 000 personnes : 75 000 assises, 65 debout, 260 000 sur la grande place29. L’esplanade, dont le pavement doit être en marbre, porte alors l’appellation de « stade des Quarante mille » (Stadio dei Quarantamila). En 1938, une publication indique un aménagement encore plus important, d’une superficie de 160 000 m2, avec une capacité de 600 000 personnes30. Il sera cependant à peine ébauché…
23Cela dit, cet espace, intégré à un complexe sportif, mais dont l’utilisation est clairement politique, n’est pas sans rappeler les autres places aménagées à proximité des équipements sportifs de l’époque. Au stade de Bologne, par exemple, l’imposante tour de Marathon s’élève devant une place de taille moyenne, mais qui met néanmoins en valeur la construction. Le stade de Padoue dispose aussi, devant son entrée principale, d’une place31 de 1 500 m2. Ricci adhérait lui-même à ce principe pour l’architecture de l’Onb. En novembre 1928, il écrivait en effet : « Les stades et les terrains de sport devraient être complétés par de nombreuses places disposées à divers endroits, surtout dans les grandes villes pour y attirer quotidiennement […] le plus de personnes possible [et] de tous les âges32. »
24Les regroupements de masse par le sport et par la politique ne font plus qu’un. Le sport et le fascisme sont devenus inséparables et ils s’unissent jusque dans leur installation commune au forum Mussolini. De par sa fonction et de par sa taille, l’arengo ressemble d’ailleurs au Maifeld du Reichssportfeld, qui fut explicitement voulu par Hitler afin d’organiser des rencontres politiques de masse. Le projet de l’arengo au forum Mussolini caractérise la politique totalitaire du fascisme de la seconde moitié des années 1930, qui renforce l’ambition impériale du Duce : « L’assemblée [arengo] nationale est destinée aux grands défilés des athlètes, aux rencontres du peuple, et surtout à ces très singuliers dialogues entre le Duce et les Italiens qui, aux grands tournants de notre histoire récente et présente, paraissent vraiment vouloir une immensité héroïque33. »
Une structuration impériale
25Au forum Mussolini, le lien à la tradition de l’Empire s’exprime également par la disposition des constructions selon l’ordre rigide qui structurait les villes romaines. En effet, l’urbanisme antique était caractérisé par le croisement de deux axes, le decumanus maximus (la voie principale Est-Ouest) et le cardo maximus, coupant le decumanus perpendiculairement. Au croisement des deux axes se trouvait le forum.
26L’urbanisme sous le fascisme reproduit volontairement cette ancienne configuration, comme le montrent les villes fondées par les fascistes, notamment celle de Littoria (renommée « Latina » après la guerre). À Littoria, les artères principales se croisent en une fontaine avec une sphère, une mundus sphérique qui, pour certains historiens, est une référence explicite à l’Empire romain34.
27Or, au forum Mussolini, la place de l’Empire, inaugurée en 1937, s’achève précisément avec la fontaine de la sphère, inspirée aux architectes Paniconi et Pediconi par un édifice antique alors récemment dégagé. La place de l’Empire constitue le nerf du forum Mussolini. Elle structure l’espace central du forum en organisant de manière rigide les constructions. Cette place allongée forme avec l’obélisque et, plus loin encore, le pont du duc d’Aoste, le decumanus maximus du forum. Sa fonction était claire dès le début elle devait avoir surtout « une fonction de représentation et de commémoration des fastes de l’Empire et, tout à la fois, se prêter au déroulement de rassemblements et de défilés35 ». La place distingue, selon un axe de symétrie, le bâtiment de l’Académie d’un côté et celui des thermes de l’autre – c’est-à-dire les deux principaux bâtiments du forum Mussolini.
28Le bâtiment de l’Académie lui-même, le premier construit sur le site, définit un axe de symétrie qui concerne la façade principale et qui se prolonge avec le stade des marbres la forme du stade et des gradins (à l’exception de la tribune d’honneur), les statues en marbre, les niches et statues de l’entrée, la petite place inclinée avec les mosaïques à l’entrée du stade, respectent cette répartition de l’espace36.
29D’ailleurs, tous ces éléments de symétrie sont développés sciemment pour renforcer la solennité des lieux : « Les concepts de symétrie qui, là où c’était possible et désirable, ont prédominé – comme autour de l’esplanade de l’Empire – ne sont jamais compris comme une correspondance artificielle des […] mesures, mais [font] plutôt [référence] au monde hellénique de contrepoint musical des masses et des justes rapports de volumes et de couleurs37. »
30La configuration spatiale dans laquelle se trouve le Palazzo del Littorio n’est donc pas fortuite ; elle reprend les principes de symétrie déjà développés sur le forum. Par ailleurs, la symétrie, alliée au monumentalisme, contribue à la création d’une architecture écrasante par rapport à l’individu38.
31La structuration forte de l’urbanisme selon des principes rigides n’est pas sans lien avec la proclamation de l’Empire et la volonté de traduire l’ambition mussolinienne dans l’urbanisme et l’architecture. L’historien de l’architecture Cesare De Seta évoque une évolution sur plusieurs années : « Les lignes de la politique culturelle du régime étaient toujours plus claires, la romanité et le monumentalisme devenaient la conséquence formelle du concept historico-philosophique de l’éternité du régime39. »
32L’agrandissement du forum Mussolini s’inscrit dans la préparation des Jeux olympiques de 1944 et n’est donc pas loin des préoccupations de l’Exposition universelle de 1942. En effet, l’« Olympiade de la civilisation » se présente comme un défi pacifique aux autres nations, sur le même modèle que la compétition sportive.
33Le site de l’Exposition de 1942 est précisément marqué par deux axes principaux. L’axe central, la via Imperiale, constitue un axe de symétrie qui mène, au Sud, à Ostie, et qui, prolongé vers le Nord, conduit précisément au forum Mussolini. Pour le Duce et les architectes qui collaborèrent à ce projet, il va sans dire que le centre de cette nouvelle ville « doit être caractérisé par le ‘‘style” de l’époque fasciste40 ».
34Les observateurs du forum Mussolini ne disent pas autre chose. Mais le forum Mussolini est surtout caractéristique du style fasciste de la période entre la fin des années 1920 et le début des années 1930. Avec le Palazzo del Littorio, en revanche, le forum adopte le ton architectural et urbanistique du style fasciste d’État. Si le site de l’E42, construit à partir de 1937, se présente comme un accomplissement de l’Empire de Mussolini, le forum Mussolini porte en lui les traces de l’évolution architecturale fasciste ; le projet originel prévoyait seulement la construction d’une école supérieure d’éducation physique, et, au final, le Palazzo del Littorio symbolise le style architectural d’État.
35« Il est clair dès le début que les appels toujours plus décidés et continus à l’exaltation du régime, de Mussolini, de l’Italie, de l’Empire, conduisaient vers un monumentalisme de célébration41. » Le monumentalisme architectural n’est pas concevable sans une ambition théorique démesurée. Les phrases élogieuses sur le forum Mussolini doivent être comprises dans le contexte intellectuel du fascisme, de plus en plus agressif et mégalomane. Renato Ricci, en 1935, s’exprimait ainsi sur le forum qu’il avait créé en l’honneur du Duce : « Le ‘‘forum Mussolini”, par son étendue, par ses finalités culturelles et sportives, tout comme par l’équipement technique, sera le plus grand, le complexe le plus original et le plus parfait qui ait jamais été conçu dans le monde pour l’éducation physique42. »
36Dans la revue Architettura, Marcello Piacentini applaudit dès 1934 le monumentalisme du forum Mussolini :
L’œuvre architectonique est rigoureusement monumentale. En plus de créer un complexe de bâtiments, de stades et de terrains satisfaisant les exigences du sport les plus modernes, on a voulu que le forum Mussolini ait une signification plus grande et plus complète, presque une célébration solennelle de l’immortelle jeunesse et des forces italiennes, presque un hymne au Fascisme que cette jeunesse a encadré, organisé, animé, pour l’élever aux plus hautes destinées. Un ensemble monumental a surgi qu’on peut rattacher aux monuments les plus extraordinaires de l’Antiquité romaine par la richesse des marbres, par l’œuvre d’art, par le caractère grandiose des lignes. Les équipements modernes les plus perfectionnés, la distribution des plantations la plus rigoureuse et harmonieuse, les matériaux les plus adaptés selon les diverses exigences sportives mais au-delà de ce qui est strictement utilitaire, on a voulu célébrer la Beauté créant une œuvre artistique immortelle, et les blocs de marbre de Carrare si blancs occupent le stade, entourés des flancs verts de Monte Mario, et les statues en marbre et en bronze décorent les bâtiments et portails, les exèdres, les escaliers.
Au centre de la composition architecturale, l’obélisque Mussolini, immense bloc de marbre, est élevé, symbole éternel de gratitude au Duce, artisan de toute renaissance et animateur de toute autre grande entreprise43.
37Le qualificatif « monumental » n’est en rien négatif dans la conception fasciste de l’architecture. Il exprime au contraire la fierté devant un accomplissement inspiré d’une « foi » dans le fascisme : « Une brève illustration de ce qui a été fait durant les sept années écoulées depuis le 5 février 1928, donnera une juste idée du rythme de travail mis dans cette œuvre monumentale, expression de volonté et de foi44 ». Le forum Mussolini est ainsi présenté comme un équipement dont le monumentalisme est le signe de la grandeur politique et nationale :
Dans aucun [autre] cas n’est manifeste, comme à Rome, la volonté de créer une œuvre digne non seulement du point de vue technique [et] urbanistique […], mais aussi d’un point de vue esthétique : l’ardeur monumentale, ce type de pacte avec l’éternité, est la caractéristique la plus vraie et la plus substantielle du forum Mussolini, caractéristique qui est bien italienne et bien romaine. […]
Il y a dans les complexes étrangers, en particulier dans celui de Schwei[t]zer, des particularités architecturales de tout premier ordre qui peuvent être à la hauteur ou, sous certains rapports, même dépasser le forum Mussolini. Le point important, fondamental, est cependant immuable. […]
[En effet, si les équipements étrangers n’ont qu’un but fonctionnel] ici à Rome, aux buts pratiques et immédiats il faut ajouter manifestement les plus vastes intentions représentatives, les visées les plus généreuses du monumentalisme45.
Le monumentalisme nazi : un pouvoir totalitaire sur l’espace
38En novembre 1936, Goebbels se félicitait des réalisations nazies dans le domaine de la culture et en particulier des « constructions monumentales de dimensions encore jamais vues46 ». Le site olympique de Berlin, dans lequel s’étaient déroulés les Jeux olympiques quelques mois auparavant, n’était certainement pas absent des pensées du ministre de la Propagande.
Un espace de constructions harmonieux
39Le Reichssportfeld, première grande construction du Reich nazi, doit son aspect monumental non seulement à la taille des constructions, mais aussi à l’organisation structurelle du lieu. Les différents éléments du Reichssportfeld sont en effet ordonnés pour donner un rythme harmonieux au domaine ; ce dont les publications de l’époque créditent volontiers Hitler. Un article dans la revue spécialisée Moderne Bauformen précise en effet : « Cette disposition vivante des grands équipements de compétition correspond au souhait d’Adolf Hitler47 . » Au contraire, les historiens de l’architecture Wolfgang Schäche et Norbert Szymanski soulignent que la manière dont les volumes, l’apparence, les formes et le matériel sont alliés pour mettre en scène un esthétisme nazi, est surtout l’œuvre de Werner March48.
40Les bâtiments déjà existants sur le domaine sont adaptés au style des nouvelles créations, le stade olympique et le Langemarckhalle en particulier. Le Sportforum, par exemple, est rénové et agrandi pour le faire correspondre à l’architecture du site olympique, en particulier celle du stade olympique. Il en va de même pour les Terrasses du stade (Stadion-Terrasse), un restaurant lié à l’hippodrome, qui subissent une rénovation architecturale : « Ce bâtiment, avec son haut toit et son architecture à pignon, ne convenait plus aux nouvelles constructions olympiques49 ».
41Mais ce sont surtout les nouvelles constructions qui confèrent à l’endroit sa force expressive. La porte Ouest du stade olympique, la porte de Marathon, est constituée d’une entaille dans l’ovale du stade. Large de vingt-cinq mètres, elle est mise en évidence par un escalier monumental qui permet l’entrée festive des défilés50. Au loin, on aperçoit le clocher du Langemarckhalle. « Pour ne pas gêner la vue du stade sur la tour, March renonça à l’entrée Ouest aux colonnes, surmontées d’aigles, des sculpteurs Ulfert Jannsen et Josef Wackerle51. » Le Maifeld, d’une superficie de douze hectares, s’étend entre les deux constructions et les unit par là même52.
42Le Maifeld est une esplanade destinée à des rassemblements de masse qui a une place centrale sur le site olympique (au sens propre comme au sens figuré), car il renforce l’aspect monumental de l’ensemble du site, tout en reliant les constructions entre elles et en fusionnant l’espace sportif et l’espace politique. Sa capacité de 210 000 personnes pour les défilés sur le terrain et de 70 000 spectateurs dans les tribunes53 signale clairement la fonction de rassemblement des masses qui lui est attribuée. L’architecture du Maifeld, plus exactement de ses tribunes, est calculée pour que la mise en scène des défilés (sportifs, politiques) soit la plus parfaite possible. March écrit en effet : « On a construit un passage, large de huit mètres, sous la loge du Führer et sous les tribunes pour que les futurs défilés puissent être effectués soit perpendiculairement au Führer, soit latéralement avec le salut militaire54. »
43Par ailleurs, l’importance du Maifeld est accentuée par le Fahnenwall : au centre est installée la loge de Hitler et, juste derrière celle-ci, s’élève le clocher (Glockenturm), d’une hauteur de soixante-seize mètres. Mais pour ne pas être plus imposants que le stade olympique et pour mieux s’intégrer dans le paysage, les talus latéraux composés de gradins s’abaissent progressivement jusqu’aux extrémités. Ces gradins sont recouverts de pierre calcaire, de calcaire conchylien et de travertin55.
Une axialité strictement respectée
44Au Reichssportfeld, le monumentalisme est encore renforcé par les axes qui ordonnent les bâtiments de manière rigide56. La décision d’élaborer les constructions selon des axes de symétrie est prise après la visite du terrain par Hitler, à l’automne 1933. Pour permettre une meilleure utilisation de l’espace et pour pouvoir faire ressortir les axes, l’ovale du stade est déplacé de quarante-huit mètres vers le Nord et de cent vingt mètres vers l’Ouest57. L’axe Est-Ouest structure l’organisation des équipements : « De cette manière, le stade olympique et le Maifeld avec le clocher pouvaient être considérés comme les équipements les plus monumentaux, disposant des plus grandes superficies, et constituer avec l’accès Est un axe droit Est-Ouest »58.
45Dans cette conception rigide de l’espace, les statues ne sont qu’un élément accessoire, qui font contrepoids aux bâtiments. La disposition hiérarchisée des bâtiments selon des lignes claires et articulées autour d’axes est d’ailleurs une constante de l’architecture nazie des masses59. Ces principes contribuent à ordonner les masses et à leur donner une forme. Les masses et les constructions se complètent dans une mise en scène gigantesque de l’autorité.
46La « construction » du monumentalisme n’a pu être efficace que grâce à la soumission de tous les éléments du site aux principes d’axialité. Cela concerne aussi l’environnement proche du Reichssportfeld. Werner March se réjouit ainsi du développement du métro, dont une station est placée non loin de l’entrée principale, ce qui lui a permis de créer une monumentale « voie d’accès de cinq cents mètres de long sur le côté Est60 », la place olympique. Cet espace renforce d’autant plus l’axialité et l’apparence monumentale du stade qu’elle monte légèrement et que le terre-plein central « renforce l’attrait du regard sur l’entrée principale » – les lampadaires et les tours consolidant l’apparence festive.
47L’entrée Sud est également adaptée au schéma général du site. La gare ferroviaire est en effet conçue par la Direction des chemins de fer, mais en collaboration avec March61 : d’une part pour harmoniser le style architectural de la station, d’autre part parce que l’entrée Sud détermine, avec le stade olympique et le stade nautique, l’autre axe important du site, l’axe Nord-Sud, qui correspondait au cardo dans la période antique.
48La situation urbanistique du domaine de Grunewald a été, selon Werner March, capitale pour le choix de Berlin comme ville hôte des Jeux olympiques. Et de fait, l’accès y est très facile grâce à ce que l’architecte appelle lui-même la « via triumphalis » de Berlin. Cet axe, qui est défini par l’avenue Unter den Linden, passe par la porte de Brandebourg, se poursuit par la grande artère Charlottenburgen Chausee et, avec l’aménagement urbain pour les Jeux olympiques, arrivera jusqu’au stade. Ces allées constituent d’ailleurs un parcours fréquent pour les parades militaires de l’époque62. Pour préparer les Jeux, la ville de Berlin, qui regrette de ne pouvoir financer les travaux sur le site olympique, consacre huit millions de mark aux travaux de chaussée, dans l’optique de présenter aux étrangers une métropole homogène et fonctionnelle, symbolisant la « nouvelle Allemagne63 ». La ville fera en effet tout son possible pour décorer les axes d’accès au site olympique64. L’allée qui mène du centre-ville au stade olympique est rénovée et décorée selon les plans du scénographe du Reich (Reichsbühnenbildner) Benno von Arent65. La ville de Berlin, par sa décoration olympique et nazie, offre ainsi un avant-goût des célébrations olympiques sur le Reichssportfeld.
Vers la démesure
49Si le Reichssportfeld est le premier édifice nazi important et comporte des éléments typiques de l’architecture et de l’urbanisme nazis, il ne correspondait pas exactement aux souhaits de Hitler ; ses bâtiments possèdent en effet – nous l’avons vu – des caractéristiques (en particulier en ce qui concerne les techniques) diversifiées, en raison de l’expérience de l’équipe qui travaillait autour de Werner March. En fait, le Führer voyait beaucoup plus grand que le site olympique de Berlin
50D’ailleurs, Adolf Hitler n’appréciait pas Berlin ; il lui préférait de loin Munich. Aussi, parmi les monstrueux projets qu’il avait pour l’Allemagne, figurait celui de la transformation de la capitale : le « Réaménagement de Berlin, capitale du Reich » (Neugestaltung der Reichshauptstadt Berlin). À la suite de ce réaménagement, la ville devait être dotée d’un nouveau nom : « Germania ». Très impressionné par sa visite de Rome, en 1938, Hitler avait chargé Albert Speer de travailler à ce réaménagement, avec l’ambition de surpasser la capitale italienne ; ce qu’il fit secrètement, dès mars 1936, sous le titre d’Inspecteur général des constructions de la capitale du Reich (Generalbauinspektor-Gbi) 66.
51Speer reprit dans son projet les plans des villes romaines, dont le croisement perpendiculaire de deux axes principaux67. L’axe Est-Ouest avait déjà été aménagé à l’occasion des Jeux olympiques ; mais il devait être encore plus prestigieux sur ses treize kilomètres de long. L’axe Nord-Sud, d’une longueur d’environ sept kilomètres, était à créer. Achevés en 1942, ces plans ne seront pas réalisés.
52Un monumental stade de vingt mille places était aussi prévu68, sous la responsabilité de Werner March – lequel, à partir du 1er juin 1941, toucha mensuellement huit mille rm69. Situé au sud de la ville, il devait être entouré de terrains, de bâtiments sportifs et d’un parc. Des bains gigantesques étaient aussi prévus vers l’extrémité Sud de l’axe Nord-Sud. Les ébauches montrent qu’il devait s’agir d’un établissement thermal gigantesque, mais qui n’avait pas de but sportif particulier70. Le projet de construction nazie s’inspirait de toute évidence des constructions de l’Empire romain antique.
53En voulant redessiner la ville de Berlin, Hitler laissait libre cours – par l’intermédiaire de Speer – à son ambition d’architecte créateur. Il cherchait à mettre en application sa théorisation de l’architecture comme moyen d’incarnation du pouvoir, qu’il avait développée dans Mein Kampf. À l’extrémité des axes qui devaient structurer la nouvelle ville de Berlin, des bâtiments communautaires représentaient symboliquement la supériorité de la communauté sur l’individu. Hitler avait aussi exigé ‘‘son” arc de triomphe. De plus, un gigantesque hall surmonté d’une coupole, appelé « le Hall du peuple » (Volkshalle), était prévu ; il devait ni plus ni moins que rivaliser avec Saint-Pierre de Rome. Loin d’intégrer la religion catholique dans leur système social, à l’instar des fascistes italiens, les nazis souhaitaient donc la dépasser sur le plan des symboles. Tandis qu’à Berlin, il était prévu que le Volkshalle domine l’axe Nord-Sud, à l’E42 de Rome, c’est l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, située en hauteur, qui dominait le decumanus…
54Si Speer ne put réaliser ses nouveaux plans pour Berlin, il eut néanmoins le temps de réaliser quelques constructions à Nuremberg, qui devaient expérimenter sa théorie de la valeur des ruines. Les installations de Nuremberg, avec le Zepperlinfeld (un espace de réunions politiques qui fut achevé) et le gigantesque stade, présentent une synthèse d’architecture militaire et sportive. Hitler voulant que le stade accueille toutes les célébrations olympiques à partir de 1944, cette nouvelle construction dessinée par Speer occupait une place centrale sur ce domaine créé pour les manifestations nazies. Le monumentalisme nazi s’y exprimait à la perfection : d’une taille de 540 mètres sur 445 et d’une hauteur de 82 mètres, cette installation en granite, dénommée Deutsches Stadion (stade allemand), devait être le plus grand stade du monde et accueillir 400 000 spectateurs. La première pierre du gigantesque équipement de Speer est posée le 9 septembre 1937. Avec sa forme en fer à cheval, il se rattachait clairement aux constructions antiques71. Il ne sera cependant jamais achevé.
Notes de bas de page
1 Cf. Bruno Zevi, Saper vedere l’architettura, op. cit., p. 50.
2 C’est par exemple le cas du stade des Jeux olympiques d’Athènes de 1896, des stades utilisés pour les Jeux olympiques de Paris (1900), Saint-Louis (1904) et Stockholm (1912), et du Stadio Nazionale construit en 1911 à Rome. Cf. Edoardo Loi, “Sport, edifici per lo”, in Grande dizionario enciclopedico, Turin, Utet, 1991, p. 209.
3 Le stade d’Anvers, où se déroulèrent les Jeux olympiques de 1920, et celui de Colombes, qui accueillit ceux de Paris en 1924, présentent cette configuration.
4 Par exemple le stade de Los Angeles pour les Jeux de 1932 (Cf. Bruno Zauli, “La tecnica degli stadi. Progressi e tendenze moderne nelle costruzione degli impianti di gara”, Lo sport fascista, a. x, n° 5, mai 1937, p. 33) et celui de Berlin pour les Jeux de 1936. C’est aussi le cas du stade de Vienne, construit par l’architecte Otto Ernst Schweitzer (Cf. Giuseppe De Finetti, “Lo stadio moderno nella città moderna”, Conferenza tenuta il 4 gennaio 1934-xii, in Atti dei sindacati provinciali fascisti ingegneri di Lombardia, Milan, janvier 1934). Notons que pour avoir une référence moderne, les constructeurs européens se tournèrent le plus souvent vers les stades américains. Dans le domaine de l’architecture sportive outre-Atlantique, relevons la figure de l’ingénieur américain G. Hadden, à l’origine de nombreuses constructions sportives.
5 E[nrico] D[el] D[ebbio], “Stadio”, Enciclopedia Italiana, 1936, p. 441.
6 Ibid.
7 “L’inaugurazione del Foro Mussolini”, Bollettino dell’Opera Nazionale Balilla, 15.11.1932, p. 2.
8 Ibid.
9 Cf. Agnoldomenico Pica-Onb, Il Foro Mussolini, op. cit.
10 CONI, Cronache radiofoniche dello sport, Anni xii-xiii E.F., 01.06.1935, Rome, Eiar, 1936, p. 223.
11 Ibid., p. 222.
12 Marcello Gallian, Arpinati politico e uomo di sport, op. cit., p. 131.
13 Ibid., p. 55.
14 Werner March, „Das Reichssportfeld“, art. cit., p. 4.
15 Cf. Hans Pfundtner, „Die Gesamtleitung der Errichtung des Reichssportfeldes“, art. cit., p. 17.
16 Le nombre de places au stade olympique est modifié en mai 1935. Le stade devait à l’origine comporter 39.000 places debout. Mais « en raison d’une demande très élevée de places assises, le Comité d’organisation a demandé d’en multiplier leur nombre » (BArch, R 1501/5612, Bl. 141. Lettre de Pfundtner au ministre de la Propagande, 02.05.1935, p. 1). Le grand nombre de places assises n’est donc pas dû à une technique de mise en scène des masses, même s’il est clair que l’idée de communion était sans doute présente chez les organisateurs. En raison de cette révision du type de places, le stade est constitué de 33 000 places debout et de 63 200 places assises, soit un total de 96 200 pour les Jeux olympiques, la transformation de certaines places assises en places debout permettant d’atteindre les 106 000 spectateurs (BArch, R 1501/5612, Bl. 141. Lettre de Pfundtner au ministre de la Propagande, 02.05.1935, p. 1-2). En 1936, des communiqués indiquent même une capacité globale de 115 000 spectateurs, « soit 10 000 de plus que ne pouvait accueillir le stade de Los Angeles » (BArch, R 1501/5615, Bl. 359. „Das deutsche Olympia-Stadion. Rundfunkvortrag von Staatssekretär Pfundtner“ (1936).
17 Paul Wolff, Was ich bei den Olympischen Spielen 1936 sah, Berlin, Karl Specht, 1936.
18 Werner March, „Das Reichssportfeld“, art. cit., p. 4.
19 Il exploitera également cette double position du spectateur au Kuppelhalle dans la Maison du sport allemand en proposant un « aménagement d’où ressort visiblement une unité autour de la communauté des exécutants et des observateurs ». Werner March, „Die baukünstlerische Gestaltung des Reichssportfeldes“, art. cit., p. 48.
20 Werner March, „Kunst und Technik im Stadionbau“, art. cit., p. 497.
21 Ah-CIO, Administration CIO/A.G. Berdez : 1928-1940. Lettre de Berdez à [Coubertin], 08.08.1936.
22 Gian Carlo Eynard, “Tendenze e sviluppi dell’edilizia sportiva in Italia”, art. cit., p. 22.
23 Cf. Giorgio Ciucci, Gli architetti e il fascismo, op. cit., p. 139 et suiv. (“Polemiche per il Palazzo del Littorio”).
24 “La “Casa Littoria” a Roma”, in Annali dei Lavori Pubblici, 1937, f. 11, cité in Emilio Gentile, Il culto del littorio, p. 227.
25 Un style similaire est analysé pour la rue du Quirinal, à Rome, par Steen Eiler Rasmussen. Cf. Steen Eiler Rasmussen, Experiencing Architecture, op. cit., p. 129.
26 Giuseppe Pagano, “Del ‘‘monumentale’’ nell’architettura moderna”, La Casabella, avril 1931-ix, n° 40, p. 11.
27 Livio Toschi, “Sport e urbanistica a Roma durante il fascismo”, art. cit., p. 283. Deux stades devaient être construits symétriquement de part et d’autre de cette grande place, présentant « une reprise historique du complexe palais/stadium de l’Empire romain » (Alex Scobie, Hitler’s State Architecture, op. cit., p. 74).
28 Acs, Pcm, 1934-1936, b. 7.2, f. 3856. Texte de Ricci à Mussolini sur le Foro Mussolini, 22.05.1935, p. 14. Nous avons vu que cette statue gigantesque n’a jamais été construite et que le projet, soutenu par Ricci, a été abandonné avec son renvoi en 1937.
29 Agnoldomenico Pica-Onb, Il Foro Mussolini, op. cit., p. 93.
30 V. Civico, “La Casa Littoria”, Capitolium, 13, 1938, p. 15-18, cité in Alex Scobie, Hitler’s State Architecture, op. cit., p. 46.
31 “Il Nuovo Campo Sportivo del Littorio”, Padova, art. cit.
32 Acs, Pcm, 1928-1930, b. 3/2-5, f. 4301. Opera Nazionale Balilla (R. Ricci), réponse au mémento de la présidence du conseil des ministres, 15.11.1928.
33 Agnoldomenico Pica-Onb, Il Foro Mussolini, op. cit., p. 93.
34 Cf. Alex Scobie, Hitler’s State Architecture, op. cit., p. 49.
35 Plinio Marconi, "Il Piazzale del’Impero al Foro Mussolini in Roma”, Architettura, a. xx, f. ix-x, septembre-octobre 1941, p. 347.
36 L’absence de symétrie du site sportif de Turin a été fortement critiquée par l’architecte De Finetti. Ce dernier déplore en effet que le stade et le terrain d’athlétisme adjacent « soient trop adossés l’un à l’autre ». Les architectes « auraient pu […] déterminer une artère principale, un boulevard de dégagement [et] si la cité sportive avait eu un axe dorsal, c’est à son entrée qu’il y aurait dû y avoir la tour de Marathon ». Cf. Giuseppe De Finetti, “Il più recente Stadio d’Italia”, L’Illustrazione Italiana, n° 38, 17 septembre 1933, p. 428.
37 Agnoldomenico Pica-Onb, Il Foro Mussolini, op. cit., p. 39.
38 Giuseppe Pagano, "Del “monumentale” nell’architettura moderna”, La Casa bella, avril 1931-ix, n° 40, p. 12.
39 Cesare De Seta, “Cultura e architettura in Italia tra le due guerre : continuità e discontinuità”, art. cit., p. 11.
40 Giorgio Ciucci, Gli architetti e il fascismo, op. cit., p. 183.
41 Ibid., p. 185.
42 Acs, Pcm, 1934-36, b. 7.2, f. 3856. Texte de Ricci à Mussolini sur le Foro Mussolini, 22.05.1935, p. 1.
43 Marcello Piacentini, “Il Foro Mussolini in Roma”, Architettura, a. xvi, 1934, p. 81 et 84.
44 Acs, Pcm, 1934-36, b. 7.2, f. 3856. Texte de Ricci à Mussolini sur le Foro Mussolini, 22.05.1935, p. 5.
45 Pica-Onb, Il Foro Mussolini, op. cit., p. 16-17.
46 Joseph Goebbels, „Rede des Reichsministers Dr. Goebbels über die Neugestaltung des deutschen Kulturlebens aus der dritten Jahrestagung der Reichskulturkammer in der „Philharmonie“ zu Berlin vom 27. November 1936“, in Axel Friedrichs (bearbeitet von), Deutschlands Aufstieg zur Grossmacht, Berlin, Junker & Dünnhaupt, 1942, 6. Aufl., p. 320.
47 Herbert Hoffmann, „Das Reichssportfeld Berlin“, art. cit., p. 445.
48 Wolfgang Schäche, Norbert Szymanski, Das Reichssportfeld, op. cit., p. 10.
49 Richard Sponholz, „Der Bau des Reichssportfeldes in Berlin“, art. cit., p. 736.
50 Herbert Hoffmann, „Das Reichssportfeld Berlin“, art. cit., p. 446.
51 Cf. Volker Kluge, Olympiastadion Berlin, op. cit., p. 73.
52 Werner March, „Das Reichssportfeld“, art. cit., p. 4.
53 Hans Pfundtner, „Die Gesamtleitung der Errichtung des Reichssportfeldes“, art. cit., p. 18.
54 Werner March, „Das Reichssportfeld“, art. cit., p. 12.
55 Thomas Schmidt, Werner March, op. cit., p. 58.
56 Wolfgang Schäche, „Das ehemalige Reichssportfeld in Berlin. Von “Olympia 2000”, der Last der Geschichte und der Hilflosigkeit im Umgang mit NS-Bauten“, Bauwelt, 84. Jg., n° 18, 07.05.1993, p. 934.
57 Richard Sponholz, „Der Bau des Reichssportfeldes in Berlin“, art. cit., p. 731.
58 Werner March, „Die baukünstlichen Gestaltung des Reichssportfeldes“, in Reichsministerium des Innern (éd.), Das Reichssportfeld, op. cit., p. 31.
59 Cf. Wolfgang Schäche, „Das ehemalige Reichssportfeld in Berlin“, art. cit., p. 933 Thomas Alkemeyer, Körper, Kult und Politik, op. cit., p. 338.
60 Werner March, „Das Reichssportfeld“, art. cit., p. 2.
61 Hans Pfundtner, „Die Gesamtleitung der Errichtung des Reichssportfeldes“, art. cit., p. 22.
62 Helmut Engel, „Zum Geleit“, in Wolfgang Schäche, Architektur und Städtebau in Berlin zwischen 1933 und 1945, op. cit., p. 13.
63 Wolfgang Schäche, Architektur und Städtebau in Berlin zwischen 1933 und 1945, op. cit., p. 104.
64 BArch, 43 ii/729, Bl. 91. Lettre de Julius Lippert, Staatskommissar in der Hauptstadt Berlin, à Hitler, 15.12.1933.
65 Wolfgang Schäche, Architektur und Städtebau in Berlin zwischen 1933 und 1945, op. cit., p. 108.
66 Wolfgang Schäche, „Zu Geschichte und Aufbau des ‚‚Generalbauinspektors für die Reichshauptstadt Berlin’’ (Gbi)“, in Hans J. Reichhardt, Wolfgang Schäche (dir.), Von Berlin nach Germania, op. cit., p. 35.
67 Alex Scobie, Hitler’s State Architecture, op. cit., p. 51. Sur les axes de Berlin, cf. Hans J. Reichhardt, „Notizien zur Austellung“, in Hans J. Reichhardt, Wolfgang Schäche (dir.), Von Berlin nach Germania, op. cit., p. 49-55.
68 Cf. Thomas Schmidt, „Das Stadion der 200 000. Eine dokumentarische Skizze zur Planungsgeschichte des Südstadtstadions in Berlin. 1941-42“, Sozial- und Zeitgeschichte des Sports, 3. Jg., H. 3, 1989, p. 18-27.
69 BArch, R 4606/1726, Bl. 8/1. Lettre de Speer Prof. March, 26.06.1941.
70 Alex Scobie, Hitler’s State Architecture, op. cit., p. 120.
71 Cf. Eckhart Dietzelfinger, „Reichsparteitagsgelände Nürnberg. Restaurieren – Nutzen – Vermitteln“, in Werner Durth, Winfried Nerdingen (dir.), Architektur und Städtebau der 30er/40er Jahre, Schriftenreihe des Deutschen Nationalkomitees für Denkmalschutz, Bd. 48, 1994, p. 65.
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