Chapitre III. Les lieux du triomphe du sport-spectacle
p. 133-179
Texte intégral
1Si l'endoctrinement des masses par le sport n'est pas une spécificité fasciste et nazie, c'est sans doute dans l'Italie et l'Allemagne de l'entre-deux-guerres que le maniement les émotions par le biais des pratiques et des rencontres sportives a été le plus “raffiné”. L'historien Peter Reichel a bien démontré, pour l'Allemagne nazie, comment « les mythes, le décorum et les mises en scènes du régime, ainsi que les manifestations culturelles et politiques innombrables » ont exprimé « le pouvoir d'attraction [du Troisième Reich] sur de larges fractions de la population1 ». Il en va de même des manifestations sportives, pour l'organisation desquelles les régimes italien et allemand se sont investis avec une efficacité propagandiste redoutable. L'objectif était double : d'une part renforcer le consensus national interne par une propagande intense, mais parfois très subtile au point de devenir imperceptible, et, d'autre part, afficher sur la scène internationale, aux yeux du plus grand monde, la supériorité de leur régime politique et/ou de leur « race ».
2Les dictatures italienne et allemande donnent ainsi un sens similaire au sport. Le sport n'est pas seulement une pratique physique il acquiert tout son sens dans l'intention de la pratique. L'utilisation politique du sport est d'autant plus efficace qu'elle peut toujours se retrancher derrière les « valeurs sportives » ; toute la “finesse” idéologies totalitaires fasciste et nazie sera de faire en sorte que le sport, bien que leur étant entièrement soumis, reste toujours fidèle à la « doctrine sportive » C'est ainsi que le nazisme saura parfaitement incorporer l'olympisme dans son corpus idéologique, et par là même donner l'impression, lors des Jeux de 1936, d'honorer les valeurs libérales et pacifiques.
3Mais la mise en scène des régimes fascistes par le sport nécessitait des espaces de rassemblement adaptés. Pour des raisons pas uniquement fonctionnelles : les installations participent elles-mêmes du spectacle sportif ; elles n'en sont pas simplement les supports, mais contribuent à la mise en scène de l'union populaire, obsessionnellement recherchée par les régimes fasciste et nazi elles enferment intérieurement les masses nationales et impressionnent extérieurement les observateurs étrangers.
4La Coupe du Monde de football de 1934 en Italie et les Jeux olympiques de Berlin en 1936 sont emblématiques de cette « technique de communication » qui utilise l'endoctrinement préalable des populations pour afficher la force et la légitimité du pouvoir en place. Les espaces sportifs construits pour les grandes rencontres sportives matérialisent la particularité du fascisme et du nazisme dans leur manière de gérer les masses ces idéologies visent l'individu en l'interpellant directement et en le subordonnant à la communauté, et elles tirent profit de sa soumission pour légitimer leur politique sur le plan international.
5Avant d'interroger l'architecture même de ces équipements, il est donc utile d'analyser les modalités de construction des « grands stades » – souvent intégrés dans des complexes sportifs majeurs –, et la propagande à laquelle ils ont donné lieu en Allemagne nazie et en Italie fasciste.
Une politique de grands travaux
6La construction d'infrastructures pour le sport présente tout d'abord un avantage économique : elle participe de la lutte contre le chômage. En Italie fasciste, l'investissement dans les infrastructures sportives s'inscrit dans une politique de travaux publics fréquemment utilisée à l'époque2. Dès sa nomination au poste de ministre du Trésor, le 9 juillet 1928, Antonio Mosconi « lance aussitôt un programme de grands travaux, destinés en principe à résorber le chômage, mais qui obéissent en même temps à des préoccupations stratégiques ou à des soucis de prestige : électrification d'une partie du réseau ferroviaire, travaux d'urbanisme et de mise en valeur du passé (on dégage le Colisée et le forum de Trajan à Rome), et surtout, mise en place du premier réseau autoroutier européen3 ». Il ne fait aucun doute que les constructions de stades communaux et de grands équipements sportifs participent de cette entreprise plus générale de Mosconi, qui se poursuit dans les années 1930. Le stade Mussolini de Turin, par exemple, relève clairement d'une telle préoccupation4. À propos du gros œuvre, le podestà de Turin s'exprime en effet ainsi : « Ces travaux peuvent être effectués par des journaliers employés par la Ville elle-même, pour lutter contre le chômage5. »
7Le développement d'une politique de grands travaux n'est pas propre à l'Italie. En France, « l'industrie du bâtiment sportif (stades, vélodromes, piscines, gymnases) devient en quelques années un marché exclusivement public, alors qu'il était jusque-là réservé aux capitaux privés6 ». L'Allemagne y participe aussi activement : « Plus encore qu'en France, cette politique de grands stades publics prend un caractère décentralisé sous la République de Weimar et sera concrétisée après 19337. » En 1933, la construction d'équipements sportifs fait en effet intégralement partie d'un ensemble de mesures économiques destinées à relancer la croissance et l'emploi. La ville de Minden, par exemple, demande en 1933 des renseignements sur l'architecture sportive au Deutscher Gemeindetag, en introduisant ainsi sa requête : « Nous sommes actuellement occupés avec la construction d'un grand stade. Les travaux de gros œuvre ont déjà été effectués par des chômeurs et le stade sera bientôt achevé8. »
8Cette stratégie économique est bien sûr de mise pour l'organisation des Jeux olympiques de 1936. La lutte contre le chômage et pour la relance de l'économie est mise en avant dès le printemps 1933 par le comité d'organisation afin de pousser le Reich hitlérien à s'investir dans l'organisation des Jeux. Pour l'aménagement du Deutsches Stadion, avant que la configuration du site ne soit totalement révisée par Hitler, Lewald demande une garantie du Reich de six millions de reichsmark, et cherche à rassurer les dirigeants en soulignant que les travaux devraient « d'ailleurs être financés par le Programme de création d'emplois [Arbeits-beschaffungsprogramm]9 ». Ces programmes avaient été lancés sous Weimar10. La transformation du site olympique, après l'arrivée au pouvoir des nazis et l'intervention personnelle du Führer, sera d'autant plus efficace, en termes d'emplois créés, que l'ampleur des travaux nécessitera une activité continue, pour laquelle les hommes sont, dans la mesure du possible, préférés aux machines. Richard Sponholz, le directeur du chantier du Reichssportfeld, commente en effet : « Pour donner du travail et du pain au maximum de chômeurs possible, car il y en avait des centaines de milliers à Berlin, on a essayé d'effectuer toutes les réalisations avec aussi peu de machines que possible et de soutenir le travail manuel d'une manière presque anti-économique11. »
9Si ce sont surtout de grandes entreprises disposant du matériel et de l'expérience nécessaires pour effectuer de grands et difficiles travaux qui signent des contrats pour la construction du site olympique, de nombreuses moyennes et petites entreprises y travaillent aussi. Compte tenu de l'urgence extrême dans laquelle se déroulent les travaux, plus de mille contrats sont signés. Sponholz rapporte que « toute personne qui pouvait prouver qu'elle connaissait son métier recevait un contrat ». Pour lui, la construction monumentale rendue possible par le Reich a une valeur supplémentaire, symbolique il souligne d'ailleurs que « tout maître artisan avec ses ouvriers qualifiés, était honoré d'avoir travaillé pour la construction du Reichssportfeld12. » L'architecte Werner March abonde dans son sens en soulignant la qualité du travail effectué : « Ils [les chômeurs] ont fait preuve à plusieurs reprises, de manière visible, d'un esprit d'engagement vis-à-vis du grand devoir patriotique et d'une compréhension étonnante des nécessités artistiques et artisanales13. »
10Les conditions d'embauche sont à l'image de l'idéologie raciste des nazis seules les personnes de nationalité allemande, « aryennes », et n'ayant pas manifesté d'opposition au national-socialisme ont le droit d'être embauchées – l'embauche de sportifs est souhaitée14. L'emploi, en tout cas, ne manque pas. Dans la région de Würzburg15, où doit être extrait la pierre calcaire servant à recouvrir les constructions du site olympique, le contrat de deux millions de reichsmark signé avec le Reich contribue à ce qu'il n'y ait plus un seul chômeur en l'espace de quatre semaines « Oui, raconte Sponholz, on en arriva même à ce que les agences pour l'emploi des environs lointains ne puissent plus mettre à disposition assez d'ouvriers spécialisés16. » Des évolutions similaires, nous dit-il, sont à constater dans de nombreuses régions d'Allemagne.
De Rome au fascisme : une nouvelle architecture sportive
Vers les grands stades
11L'intérêt des fascistes pour le spectacle sportif n'est pas né en un jour. Comme tous les pays occidentaux, le pays possède quelques espaces capables d'accueillir des rencontres de masse. Les spectacles d'équitation et les courses de chevaux comptent en Italie, comme dans beaucoup d'autres pays, parmi les passe-temps traditionnels de la haute société du début du xxe siècle. L'architecte et ingénieur Paolo Vietti-Violi se spécialise ainsi à cette époque dans la construction d'hippodromes, réalisant notamment ceux de San Siro à Milan, des Cappannelle à Rome, de Mirabello à Monza et l'Ippodromo del Trotto à Milan17. Les premiers grands lieux de rencontres sportives marqués par la tradition « bourgeoise » du sport montrent cependant rapidement leurs limites dès lors qu'il s'agit d'accueillir des masses populaires. Datant tous deux de 1911, le Stadium de Turin et le Stadio Nazionale à Rome, idoines pour les manifestations équestres ou cyclistes, ne sont en revanche pas adapés aux spectacles sportifs modernes comme le football.
12Or, ces rencontres sportives de masse s'imposent de plus en plus comme une composante essentielle des loisirs populaires. Voulant encore défendre le projet éducatif du fascisme, Filippo Muzi écrit en août 1929 dans Lo sport fascista : « D'accord, le Fascisme n'a pas créé le sport, mais il a su créer la masse des sportifs, la conscience athlétique du peuple italien18. » Celle-ci devait bientôt être exploitée au mieux par le régime…
13Si l'on ne peut nier que les dirigeants fascistes cherchent à développer le spectacle sportif à des fins politiques, il faut reconnaître qu'ils ne font qu'exploiter une tendance générale du sport de l'entre-deux-guerres, qui s'impose à eux. Le football, le cyclisme et la boxe ont conquis les foules avant que les fascistes ne s'en préoccupent. En conséquence, plusieurs entrepreneurs ou municipalités s'investissent dans la construction d'équipements adaptés aux rencontres, bien avant que le régime fasciste n'intervienne dans le même sens en mettant en place une ambitieuse politique sportive nationale.
14En 1923 est ainsi construit un Palais des sports à la Foire de Milan. Paolo Vietti-Violi, qui en est l'auteur, conçoit un espace interne modulable et une coupole à base rectangulaire qui est alors la plus grande jamais réalisée en Italie19. Malgré ces caractéristiques techniques insolites pour l'époque, l'équipement est construit en à peine cinq mois. Milan est particulièrement en avance en matière d'architecture sportive elle est aussi dotée de la première patinoire italienne en 192820. D'autres équipements, moins spectaculaires mais également significatifs, sont construit peu après, essentiellement dans le nord du pays. En 1924 est inauguré à Udine le stade Moretti, un important équipement de football ; en 1926 c'est le tour du stade Filadelfia de Turin et du San Siro de Milan21. Paolo Vietti-Violli utilise aussi son savoir-faire pour construire, à Gênes, le stade Carlini (plus connu sous le nom de « Nafta », l'entreprise qui l'a financé), qui est inauguré les 26 et 27 novembre 192722. Ce stade, tout comme celui de L'Aquila dessiné par le même ingénieur-architecte, comporte un vélodrome pour répondre à la passion des foules pour les courses cyclistes23. Au même moment, l'arène de Milan est rénovée et adaptée aux sports modernes24 – avec difficulté, d'ailleurs, car sa grande taille éloigne les spectateurs du terrain où se déroulent les actions sportives. Parmi les professionnels du sport, certains semblent regretter que « le coût et la grandeur d'une construction sportive [comme les vélodromes et les grands stades de football] ne soient pas toujours en rapport avec son utilité pour l'amélioration de la race25 » …
15Mais le premier stade adapté au spectacle sportif doté officiellement d'une « haute fonction politico-sportive26 » est le Stadio Nazionale de Rome, datant de 1911, qui prend le nom de Stadio del Partito Nazionale Fascista après sa rénovation en 1927 et accueille le premier grand match international de football dans la capitale en mars 1928. L'enthousiasme spontané des Italiens pour cette rencontre qui oppose l'Italie à la Hongrie, ne laisse pas les fascistes indifférents : « Quand trente mille personnes convergent dans un stade pour assister à un match de football, ça ne sert plus à rien d'ergoter27 ! »
16Les exemples d'espaces adaptés aux grandes manifestations sportives se multiplient au début des années 1930, surtout à partir du moment où Achille Starace prend les rênes du Pnf, et donc du CONI. En 1933 débutent des constructions de stades à Livourne28, Lucques, et l'on pense à construire un forum Mussolini à Milan29. À la même époque, l'ingénieur Pier Luigi Nervi et l'architecte Cesare Valle projettent un « Grand stade » pour Rome, tandis que la revue d'architecture La casa bella centre ses numéros d'avril et décembre 1933 sur les grandes réalisations d'architecture sportive30. Milan est dotée en 1935 d'un nouveau vélodrome, le Vélodrome Vigorelli31.
17Mais l'acquisition de grands équipements de spectacle n'est pas seulement due à l'intérêt des masses. Souvent, les villes italiennes souhaitent aussi posséder un grand stade pour prouver, par une réalisation de prestige, tout leur dévouement à la « révolution » fasciste. Ainsi De Finetti reconnaît-il, en 1933, que l'arène de Milan construite en 1806-1807 sous Napoléon, une fois rénovée, doit être « aussi un monument pour signaler l'époque admirable où Milan avec toute l'Italie vécut l'avènement du Fascisme ». Il estime en effet que dans le domaine des grands stades, « Milan est en retard sur beaucoup de grandes et moyennes villes italiennes qui construisent ou ont construit de très beaux stades c'est le cas de Bologne, de Florence, de Palerme, de Turin, de Rome32 ». Milan possède certes le stade San Siro, mais celui-ci est exclusivement réservé au football. Les municipalités souhaitent disposer d'espaces plus modulables, permettant des rencontres sportives, mais aussi politiques. L'investissement du fascisme dans le sport donne par conséquent l'occasion de rénover l'arène de cette ville pour y organiser, en 1934, les compétitions des Littoriali des Groupes universitaires fascistes (GUF). Les journaux suivent de près l'adaptation du lieu pour cinquante mille spectateurs et pour une meilleure gestion des flux humains33. Cette évolution de l'arène n'est pas surpremante. Elle correspond à la volonté des dirigeants fascistes, notamment d'Achille Starace, de mettre en scène le fascisme et ses hommes à chaque fois que l'occasion s'y prête.
18À bien y regarder, la loi de juin 1928 sur les équipements sportifs reflète déjà l'ambiguïté latente du fascisme par rapport au spectacle sportif. Les Campi Sportivi del Littorio sont certes une réponse du parti à l'inégale répartition des équipements entre les villes et les campagnes, et en particulier celles de l'Italie méridionale. Mais la réalisation « complète » et « efficace » du « programme de la nouvelle Italie34 », c'est-à-dire la diffusion de la pratique sportive, consiste en « l'amélioration de la race » dont le but ultime est la recherche de l'athlète d'élite. Cette recherche des nouveaux champions sportifs apparaît très clairement dès 1928 : « Alors seulement [si le programme est pleinement réalisé], l'athlète sera l'authentique représentant de toute la nation, qui, à travers une solide préparation sportive, marquera dans le monde de nouveaux et grands destins35. »
19La volonté de démocratisation du sport par la construction massive d'espaces sportifs porte le projet de la formation de champions que l'on imagine en futurs ambassadeurs du fascisme à l'étranger, faisant la une des journaux ! Sur le terrain, dans les réalisations concrètes des espaces pour le sport, cette tendance est très présente. Ainsi, même pour un petit stade comme celui d'Albaro (Gênes), le podestà de la ville accepte en 1930 de financer la construction d'un pavillon en bois permettant d'accueillir la presse36.
20L'imbrication de ces deux tendances (le sport comme moyen d'éducation et comme spectacle) conduit à ce que les stades construits sous le fascisme – même les plus grands – soient le plus souvent des équipements multisports, illustrant la volonté persistante de faire du sport un moyen d'éducation. Pendant longtemps, rappelons-le, le football ne fut pas un sport apprécié des hiérarques fascistes, la violence entre supporteurs témoignant, selon eux, d'un manque d'ordre et de discipline incompatible avec leurs codes et leurs valeurs37.
21Le nombre de places dans les stades donne une indication précise de la vocation spectaculaire des équipements sportifs à la fin des années 1920. Quand le Littoriale de Bologne est achevé en 1927, il permet l'accueil de 37 000 spectateurs. Par comparaison, le stade San Siro de Milan ne possède à cette époque que 25 000 places38. Dans les faits, une partie des Campi Sportivi del Littorio construits depuis 1928 sont des équipements adaptés aux manifestations sportives populaires. Le nombre de places pour les spectateurs dans ces équipements est révélateur de la prise en compte, dès le début, des attentes populaires et fascistes en manière de spectacles sportifs. Le stade de Padoue (1928) peut réunir environ 15000 personnes et un espace doit être aménagé pour les automobiles39. Pour la construction du stade de Trieste, également réalisée dans le cadre des Campi Sportivi del Littorio, les flux de véhicules et leur stationnement sont étudiés de très près et les tribunes comportent environ 23 000 places. Ainsi, de par le nombre des spectateurs qu'il peut accueillir, le stade est un équipement construit pour le spectacle sportif40.
22Dès 1929, Gian Carlo Eynard regrette de « voir se définir deux tendances bien définies et quelques fois antithétiques en matière de constructions sportives » et il estime que le Coni doit agir comme « modérateur » pour assurer l'équilibre entre l'éducation sportive et le spectacle sportif41. Et c'est bien ce qu'il a commencé à faire en diffusant, en 1928, une brochure pour aider à la construction d'équipements sportifs destinés à l'apprentissage et à la pratique des sports. Mais les impératifs éducatifs ne sont pas les mêmes que ceux du sport de haut niveau qui s'affirme de plus en plus. La brochure du Pnf comporte en effet des indications techniques qui sont en désaccord avec les normes sportives des années 1930. Les instance sportives italiennes ne sont pas très réactives et ce n'est qu'à la fin de l'année 1933 que la Commission des équipements sportifs rédige de nouvelles indications. Celles-ci montrent clairement que l'entraînement sportif a pris beaucoup d'importance en l'espace de quelques années. Le procès-verbal du Conseil du CONI du 20 décembre 1933 apporte des précisions sur cette publication : « Ce règlement, sous presse, a pour but de retenir l'attention des organismes et des architectes sur les critères généraux dont il faut absolument tenir compte, sans quoi un projet de terrain sportif, de stade, de piscine ou de gymnase ne pourra pas être approuvé par la Commission compétente du CONI42. »
23Évidemment, la brochure vante tout d'abord les efforts du régime pour la construction d'équipements sportifs, soulignant l'intérêt grandissant et la diversification de ce type d'infrastructures. Le but du régime est que tous les équipements servent « utilement la pratique normale des sports ». Le sport pour tous doit devenir une réalité, dans un but de propagande : « Il ne faut absolument pas oublier que toute œuvre sportive, de la plus modeste à la plus monumentale, est toujours un moyen puissant et efficace de propagande43. »
24Mais dans cette brochure, le sport fasciste se dévoile aussi sous son double aspect populaire et spectaculaire. L'année de diffusion de la brochure, 1934, est aussi celle de l'organisation italienne de la Coupe du monde de football. Il n'est alors pas surprenant de lire que les exigences techniques doivent permettre la pratique des sports, mais correspondre aussi « aux exigences de celui qui y accède comme simple spectateur44 », et que les équipements doivent respecter les normes des fédérations pour que les performances puissent être validées.
25La brochure illustre très bien la volonté du régime de développer tant le sport de spectacle (quel que soit le niveau) que le sport de masse. Ainsi, les terrains d'entraînement sont indispensables dès la planification d'un terrain de rencontres sportives, « sauf si l'on peut démontrer l'existence d'autres terrains facilement accessibles par la masse des sportifs ». Le dossier présenté à la Commission des équipements sportifs, pour la construction d'un nouvel équipement, doit faire état des terrains d'entraînement. Pour les centres urbains les plus importants, il est nécessaire de joindre les plans des terrains d'entraînement ou « du système des terrains de quartier permettant la pratique quotidienne des sports45 ». Le règlement précise que l'approbation d'un projet peut dépendre de la présence de terrains d'entraînement ou « de proximité ».
26Pour les « stades et grands terrains de sport », des caractéristiques supplémentaires sont exigées un réseau de moyens de communication, des aires de parking, un passage souterrain et une entrée pour les athlètes. Il est particulièrement intéressant de souligner que dès la conception du stade, l'architecte est invité à penser l'utilisation extra-sportive du stade « en prévision des grandes manifestations collectives, chorégraphiques46 ».
27Avec l'importance grandissante du spectacle sportif, la diffusion des normes et des techniques de construction d'équipements sportifs est assurée par un certain nombre de publications spécialisées. L'ouvrage le plus important est celui de l'architecte Giuseppe De Finetti, publié en 1934 et intitulé Stadi. Esempi-Tendenze-Progetti, dans lequel il présente un nombre important d'équipements47. Les réussites architecturales en Europe et dans le reste du monde font référence pour les futures constructions. De même, l'ouvrage de Benito Del Marco intitulé La costruzione dei campi sportivi propose une compilation des informations nécessaires pour la construction de terrains de sport48.
28La concurrence entre les villes se traduit aussi sur le plan des caractéristiques techniques et architecturales, car – comme nous le verrons dans la partie suivante – les nouveaux matériaux et les structures audacieuses donnent un sens politique et social aux constructions.
29Conscients du rôle que l'architecture sportive peut jouer en matière de propagande, le CONI institue en 1933 une section spécialisée en architecture au sein de son Service de la presse et de la propagande (Ufficio stampa e propaganda). Celle-ci conserve notamment une « collection d'œuvres plastiques des stades les plus grands et les plus parfaits qui contient des ébauches, des maquettes et des plans49 ». Le secrétaire du CONI, Giorgio Vaccaro, présente ainsi cette section en décembre 1933 :
Le recueil des graphiques qui contient des ébauches, des maquettes, des plans, des photographies de terrains de sport construits ou à construire en Italie ou à l'étranger, est en cours d'organisation car il n'existait pas une telle banque de données.
Il pourra être complété par une collaboration directe de la Commission des équipements sportifs et servir (en plus d'une section spéciale de la bibliothèque) aux activités et aux buts particuliers de cette Commission50.
30Si l'investissement du fascisme dans l'architecture sportive commença à la fin des années 1920 avec un effort particulier pour les petits stades multisports, on voit donc qu'il glissa rapidement vers la promotion des équipements adaptés aux rencontres de masse. Le travail effectué par le CONI pour la récolte et la diffusion des connaissances en matière d'architecture sportive illustre les efforts déployés par les institutions sportives fascistes pour développer un domaine d'excellence l'architecture sportive.
Fascisme et propagande dans les stades la Coupe du monde de 1934
31Alliant qualité d'organisation, performances sportives et prestige architectural, la Coupe du monde de football de 1934 offre à elle seule un condensé de l'histoire sportive de l'Italie fasciste.
32L'investissement du régime fasciste dans le spectacle sportif trouve son apogée avec la deuxième Coupe du monde de football, dont la phase finale se déroule en Italie du 27 mai au 10 juin 193451. Le choix de la Fifa (Fédération internationale de football association), opéré en 1932, était justifié d'une part par la stabilité du pays, d'autre part par la qualité des stades dont il disposait. Les dirigeants du football italien – notamment le président de la Fédération italienne de football, Giorgio Vaccaro, et le représentant italien à la Fifa, Giovanni Mauro – avaient présenté les meilleures conditions possibles pour le bon déroulement du tournoi52. En effet, bien que le football fût peu apprécié de certains dirigeants fascistes, le jeu avait rapidement révélé ses potentialités en termes de propagande, pour être progressivement soumis à la botte du parti. Dès 1924, avec la nomination de Vittorio Pozzo comme « Commissaire unique » de l'équipe nationale53, le football était devenu un enjeu politique, et la Charte de Viareggio de 1926 avait signé la soumission totale de la Fédération italienne de football au fascisme ainsi que l'introduction du professionnalisme54.
33Les hiérarques des années 1930 sont donc tout à fait enclins à soutenir le calcio, qu'ils considèrent – à juste titre d'ailleurs – comme une passion populaire pouvant leur être socialement utile et comme un formidable vecteur politique sur la scène internationale. Sans compter les bénéfices économiques qui peuvent être escomptés des rencontres, les clubs de football étant déjà comparés à des « sociétés industrielles » par certains critiques55.
34Après avoir aplani quelques réticences internes – notamment de la part de Mussolini – les organisateurs ont les mains libres pour valoriser les acquis sportifs et architecturaux de la nouvelle Italie56. Les pays participants leur assurant un spectacle sportif de qualité, leur tâche est d'organiser au mieux la mise en scène des rencontres et le bien-être des visiteurs. Un effort de communication particulièrement important est effectué par l'Office national italien du tourisme (ENIT), et, sur place, les journalistes bénéficient d'excellentes conditions de travail57. Évidemment, les journaux et périodiques italiens publient des textes dithyrambiques sur le déroulement du tournoi et sur les performances de la squadra azzurra58, mises sur le compte du « miracle des dix années de régime fasciste59 ». Les plus hauts dirigeants du parti et les membres de la maison de Savoie60 se montrent d'ailleurs volontiers dans les stades, y compris Mussolini, qui, rapidement conquis par l'événement, assiste à tous les matchs joués à Rome. Cette participation du Duce renforce sa popularité et son identification aux masses fascistes. La propagande orchestrée par le régime redouble d'efficacité sous l'effet de la tension liée aux rencontres sportives elles-mêmes. Car les matchs sont tout à fait passionnants, notamment le quart de finale entre l'Italie et l'Espagne, joué par deux fois à Florence, les 31 mai et 1er juin 193461. Ce n'est qu'à l'issue de la deuxième rencontre, jouée à guichet fermé, que l'Italie finit par gagner le droit de poursuivre son « combat » dans la Coupe du monde.
35Quelques jours plus tard, le 10 juin 1934, l'Italie se retrouve en finale contre la Tchécoslovaquie. La nazionale Vittorio Pozzo marque trois buts, ses adversaires seulement deux. L'équipe italienne est championne du monde ; la victoire est sportive, mais aussi politique. Après la mémorable rencontre au Stadio del Partito Nazionale Fascista, les journaux italiens manifestent leur fierté. Mais ce qu'ils apprécient tout particulièrement, ce sont les éloges des observateurs62 et des journaux étrangers, notamment européens63.
36Mais les commentaires italiens et étrangers ne portent pas seulement sur les questions de logistique, la qualité des matchs ou les résultats des rencontres. Nombre d'articles font référence, plus ou moins longuement, à une composante essentielle de cet événement sportif mondial : les stades. Plusieurs journalistes, en effet, expriment leur éblouissement devant les nouveaux temples du sport (re)construits par le fascisme. Il Piccolo di Trieste résume de la façon suivante les commentaires élogieux d'un journal de Vienne :
Aucun État en Europe, pas même l'Angleterre, n'a des équipements sportifs aussi beaux que l'Italie. Chaque ville a un stade magnifique dont on ne peut surpasser la beauté architecturale. La tour Mussolini au stade de Turin et les magnifiques tribunes dans le stade Berta de Florence sont des œuvres d'art d'éminente beauté. Après avoir souligné qu'ailleurs la beauté est négligée dans les équipements sportifs […], le correspondant observe que les équipements sportifs italiens sont créés « ex novo » sous tous les angles. Il y a plusieurs siècles, les Romains nous considéraient sur le plan culturel comme des barbares aujourd'hui, nous, par rapport aux Italiens, nous sommes les barbares du sport64.
37Cette admiration est, à la vérité, tout à fait justifiée. Car les stades dans lesquels se déroulent les matchs de la Coupe du monde de 1934 sont tous particulièrement bien construits et équipés, et, pour certains, ont marqué l'histoire de l'architecture moderne65.
38Si les huits stades utilisés pendant la Coupe ont des histoires singulières, tous sont perçus comme des monuments du fascisme, comme en juge l'écrivain Camillo Barbarino dans son ouvrage Lo sport fascista e la razza (Le Sport fasciste et la race) : « Des stades, nous en avons de nombreux et de beaux. Milan a le Palais du sport, Turin a le Stade Mussolini, Bologne le fameux Littoriale, Florence le très moderne “Giovanni Berta”, Rome le “Stade du Parti”, celui du “forum Mussolini”, celui de la “Rondinella”. En plus de ceux-ci, il y a, dans toutes les villes d'Italie, des stades pouvant accueillir des milliers de spectateurs et une véritable pléiade de terrains de jeux qui appartiennent aux communes, aux associations, aux groupes sportifs, etc.66 »
39Le but n'est pas, ici, de retracer l'histoire de chacun de ces stades, mais de voir comment ils s'insèrent dans l'histoire du sport italien de la fin du xixe siècle au fascisme.
40(1) Une première catégorie de stades regroupe ceux qui témoignent de l'installation du sport dans la péninsule avant le fascisme. C'est essentiellement dans les villes industrielles du nord du pays que le football et plus généralement le sport, s'est installé au tournant du siècle. La configuration rectangulaire des équipements de Milan et de Gênes témoigne de l'influence du football britannique. C'est à Gênes que plusieurs commerçants britanniques fondent, en 1893, le premier club de football d'Italie, le Genoa, n'admettant des membres italiens qu'à partir de 189767. L'avant-gardisme sportif génois se traduit aussi par la création d'autres clubs sportifs importants comme la Sampiedarena et la Doria, qui s'entraînent sur divers terrains dispersés dans la ville. Reflétant la tradition britannique, le Genoa dispose à partir de 1911 d'un stade relativement moderne pour l'époque, grâce au don d'un riche membre du club. En 1928, le club s'installe au stade de la Caienna et deux vagues de travaux ont lieu jusqu'à l'inauguration, le 1er janvier 1933, d'un équipement, évidemment rectangulaire, « à l'anglaise », pouvant accueillir 30 000 spectateurs. Le stade est baptisé Luigi Ferraris, en l'honneur du demi-centre génois des années 1910-1912 décédé lors de la Première Guerre mondiale68.
41Autre haut-lieu du football italien, le stade milanais de San Siro – bien que construit en 1925-1926 – n'est pas non plus directement lié aux investissements du fascisme dans le sport, qui, dans le domaine architectural, interviennent seulement en 1927/1928. C'est en effet sur l'initiative de Piero Pirelli, célèbre chef d'entreprise et président de l'Inter, que l'ingénieur Alberto Cugini et l'architecte Ulisse Stacchini dessinent ce nouveau stade d'une réalisation coûteuse mais très rapide69. Sa forme, également « à l'anglaise », révèle à nouveau la prédominance du football dans les loisirs sportifs du nord de l'Italie et dans les préoccupations paternalistes de l'entrepreneur Pirelli. L'expérience de ce stade semble d'ailleurs indiquer que la tendance italienne, avant l'intervention du fascisme, était plutôt de suivre la voie britannique de la spécialisation sportive et de négliger la pluridisciplinarité sportive sur laquelle se base l'éducation physique. Milan possédait certes son Arena, mais malgré sa taille – ou plutôt en raison de celle-ci – elle ne se prêtait guère aux rencontres sportives70. Accueillant les plus grands matchs de football dès son achèvement, le stade San Siro est agrandi de 35000 (sa capacité initiale) à 50 000 places pour la Coupe du monde de 193471. Après la Coupe et pour répondre à la volonté du fascisme d'exploiter au plus les grands spectacles sportifs dans un but de propagande, le stade est encore agrandi. La commune le rachète en 1935 et, deux ans plus tard, l'ingénieur Giuseppe Bertera et l'architecte Perlasca dessinent un nouveau stade pour environ 55 000 spectateurs, qui sera inauguré avec la rencontre Italie-Angleterre du 13 mai 1939. Un an plus tard, le 5 mai 1940, c'est l'équipe allemande qui y joue devant 65 000 spectateurs72.
42On peut finalement compléter la liste des stades « historiques » utilisés en 1934 avec le stade du Parti national fasciste de Rome. Construit en 1911 et baptisé à l'époque « Stadio Nazionale », il est pendant longtemps le seul équipement sportif romain qui puisse accueillir des rencontres de masse à la fois sportives et politiques. Pris en charge par la ville de Rome en 1926, il est géré par le parti et subit, l'année suivante, une rénovation qui anticipe l'investissement du fascisme dans l'architecture sportive et vise « à placer Rome au tout premier plan parmi les autres villes d'Italie et de l'étranger dans le domaine du sport et de l'éducation physique73 ». À cette occasion, le stade prend le nom de « Stadio del PNF ». Les travaux avancent « à un rythme rapide, vraiment fasciste », pour permettre aux jeunes générations de « développer la puissance physique de la race italienne74 ». La rénovation est tout juste achevée quand se déroulent, en août 1927, les premiers championnats du monde de sport universitaire75. Le stade permet en effet la pratique de nombreux sports et dispose d'une piscine couverte et d'une autre de plein air. Il est, en somme, considéré comme un stade « qui est parmi les plus modernes et complets construits en Europe au cours de ces dernières années76 ». Le 25 mars 1928 marque l'inauguration du stade rénové et le début des matchs de l'équipe nationale de football à Rome77. Les Italiens gagnent « miraculeusement » face aux Hongrois et c'est la première fois que Rome tient lieu de scène pour un spectacle sportif international : « Si miracle il y a, il est dû moins aux joueurs qu'à la passion de la grande foule de l'Italie centrale et méridionale qui s'est recueillie dans le stade. Cette foule voulait la victoire, comme si la puissance millénaire de Rome ne pouvait pas tolérer l'affront d'un insuccès, maintenant que le génie d'un Homme en a ressuscité la lumière au monde78 ». Le stade devient définitivement un lieu de mémoire du sport italien quand, à la suite de la publication de la Charte du Sport en décembre 1928, toutes les fédérations sportives italiennes s'y installent, et encore plus quand l'équipe de football italienne y remporte la Coupe du monde de football le 10 juin 1934.
43(2) Viennent ensuite les grands stades directements liés à la politique sportive du fascisme ceux de Trieste et de Turin, et, indirectement, celui de Naples. Les deux premiers témoignent bien de l'évolution du sport sous le fascisme. En effet, alors que le stade de Trieste, petit et fonctionnel, est un Campo sportivo del Littorio érigé après la loi de juin 1928, celui de Turin s'insère dans un parc sportif qui, d'une part, vise la diffusion des sports et, d'autre part, sert le spectacle sportif.
44Avec deux clubs de football importants – la Juventus et le Torino – et la Fédération italienne de football qui y est installée depuis sa création en 1898, la ville de Turin est relativement bien dotée en stades. Mais ni le Stadium de 1911, ni le terrain de la Juventus (1922), ni le Filadelfia (1926) du Torino ne sont adaptés à l'ère du spectacle sportif qui s'affirme au début des années 1930. Malgré le contact pris avec la ville de Bologne en janvier 193079, Turin ne dispose toujours pas, en 1932, d'équipement satisfaisant pour accueillir les rencontres sportives universitaires, les Littoriali, qui doivent se dérouler en 1933 dans la capitale piémontaise. Sous pression, Paolo Thaon di Revel, le podestà de la ville et par ailleurs membre du CIO pour l'Italie, se tourne vers Mussolini pour lui faire part de la nécessité de construire rapidement un stade moderne pour Turin80. Le centre sportif du Stadio Mussolini (d'abord dénommé Campo Littorio) est donc construit81 dans l'urgence entre octobre 1932 et avril 1933 pour accueillir les Littoriali au printemps 1933, mais aussi les Jeux universitaires internationaux de septembre 1933 et la Coupe du monde de football en 193482.
45Conçu pour accueillir de nombreux sports – il dispose d'ailleurs d'une piscine couverte –, il offre de l'espace pour environ 65 000 spectateurs83. Les journaux italiens sont évidemment enchantés de cette réussite de l'architecture sportive attribuée à Mussolini et la population s'y rend en masse pour le visiter84. Werner March a beaucoup d'estime pour le stade Mussolini de Turin, qu'il considère comme un modèle qui reflète les progrès italiens au cours des dernières années. D'autres architectes, au contraire, désapprouvent complètement l'infrastructure. Giuseppe Pagano, en particulier, estime que la disposition des éléments est très peu heureuse, en particulier la massive tour de Marathon85.
46Si le stade de Turin n'a pas pour vocation unique d'accueillir des matchs de football, le football professionnel est son principal pilier économique. À Turin, en effet, « le football professionnel permit à la municipalité de Turin de rentabiliser les investissements importants consentis pour la construction du Stadio Mussolini. […] [De plus,] le nouveau stade n'aurait été qu'une cathédrale dans le désert sans le transfert des matchs de la Juventus dans son enceinte à partir de 193486 »…
47Le stade Ascarelli – du nom de son mécène – a été construit entre août 1929 et février 1930 à Naples. Disposant de 25 000 places87, il a été dessiné par l'ingénieur Amedeo D'Albora qui conçut auparavant le stade-type du Campo Sportivo del Littorio à l'automne 1927 pour le Parti national fasciste. À en croire une note de 1933 conservée dans le fonds archivistique du Parti national fasciste88, l'histoire du stade serait assez sombre et peu glorieuse pour D'Albora. Selon ce rapport, le stade Ascarelli profita à tort de l'aide accordée par l'État pour les Campi Sportivi del Littorio, alors qu'il était exclusivement construit pour le football et qu'il existait, à Naples, un stade multisports qui aurait réellement nécessité une telle aide. Par ailleurs, D'Albora et un de ses amis auraient fait des bénéfices importants sur la gestion du stade et du club de football après le décès de Giorgio Ascarelli, plongeant le club dans la banque-route, qui, par ailleurs, dépensait à tout vent pour acheter des joueurs. Cependant, dans la perspective de la Coupe du monde de football, les pratiques douteuses ne sont pas révélées et le parti vient en aide pour rénover et améliorer les caractéristiques du stade et porter sa capacité à 40 000 places. Au grand jour, le stade de Naples est rénové « avec le soutien des hautes hiérarchies du Parti89 », et il est présenté par la presse italienne comme « l'une des plus grandioses constructions du Régime de l'Année xii90 ». Il Mattino ainsi l'événement : « Les championnats mondiaux de football inaugureront dignement ce grand stade, l'un des meilleurs d'Italie et d'Europe, qui, agrandi et embelli, avec un paysage parfait, est un indice grandiose et éloquent de la rapide progression du sport à Naples91. »
48(3) Finalement, reste le stade de Florence, considéré comme un chef d'œuvre d'architecture moderne. Le stade est initiallement prévu comme Stadio del Littorio classique, en 1928 (la Fiorentina, seulement fondée en 1926, n'offrant pas encore un spectacle sportif digne d'attirer les masses)92. Mais avec la mise à disposition d'un périmètre plus important dans le quartier du Champ de Mars, le projet se transforme en « un équipement pour le football et l'athlétisme qui réponde aux qualités fixées par les règlements des Fédérations sportives pour les rencontres internationales93 C'est entre 1930 et 1934 que l'ambitieux projet de l'ingénieur Pier Luigi Nervi est mis en œuvre. Les éléments ajoutés à chacune des étapes de la construction attestent la primauté donnée au spectacle sportif94 et le soutien de la commune dans cette entreprise95. Le stade, qui possède une piste de 500 mètres et un auvent impressionnant, est finalement inauguré le 13 septembre 1931. Mais avec seulement 12 000 places96 et une structure favorisant l'entrée du vent sur le terrain97, le stade n'est pas vraiment adapté pour les rencontres internationales. En 1932, le stade est complété par des tribunes d'angle, une tour de Marathon et trois des cinq escaliers hélicoïdaux qui existent encore de nos jours. Comme pour la première phase de construction, et pour respecter l'harmonie avec les lots plus anciens98, c'est l'entreprise Nervi & Bartoli99 qui effectue les travaux. Une particularité du stade Giovanni Berta, qui s'inscrit dans l'évolution de l'architecture moderne, est le faible coût de l'ouvrage proportionnellement au nombre de spectateurs accueillis. Avec les nouvelles constructions, le stade est doté de 60 000 places, dont 40 000 assises (35 000 dans les tribunes découvertes et 5 000 dans les tribunes couvertes). De par son architecture originale, le stade Giovanni Berta est l'un des plus fascinants stades modernes. Avec cette œuvre, Pier Luigi Nervi et l'architecture moderne italienne s'affirment à la pointe de l'innovation architecturale, pas seulement sportive. Présenté en Italie comme une réussite du fascisme100, il ne se limite pas à être un symbole politique et émerveille les professionnels de la construction, non seulement en France101 et en Allemagne102, mais aussi en Hongrie ou en Union Soviétique103.
49Le succès de la Coupe du monde de football en Italie fasciste ne tient donc pas seulement à la bonne organisation et à la victoire finale de l'équipe encadrée par Vittorio Pozzo, mais également à la qualité des infrastructures disponibles. La Coupe du monde de 1934 est aussi l'un des premiers événements sportifs à mettre l'accent sur le tourisme104. La raison est autant politique qu'économique – et entrer dans ces nouveaux stades équivaut à visiter l'Italie de Mussolini105. La Coupe du monde ne doit pas être seulement un événement footballistique elle doit aussi favoriser la prise de conscience des effets du fascisme sur la société et inviter à la découverte culturelle de la nouvelle Italie, marquée par les bienfaits du régime de Mussolini. En somme, elle doit être vécue comme une expérience englobante.
Les ambitions déçues du fascisme
50L'utilisation du sport comme vitrine politique du fascisme passa donc par la naissance de nombreux équipements de prestige adaptés aux rencontres sportives internationales et au divertissement. Les réussites dans le domaine architectural ne sauraient cependant cacher un certain nombre de problèmes inhérents à cette course aux grands stades.
51Les débats entre les acteurs du mouvement sportif italien sous le fascisme révèlent en effet certains manques. Tout d'abord, il semble bien que la concentration sur le spectacle sportif ait fait perdre le sens des réalités à plus d'un dirigeant sportif local. Ainsi, en avril Leandro Arpinati – qui est encore président du CONI – étudie la préparation des athlètes italiens pour les Jeux de Berlin il constate amèrement que « dans certains centres, le manque de stades ou l'insuffisance des installations se sont opposés à la germination de nouvelles forces et au perfectionnement des champions106 ». Oubliant rapidement leur devoir d'éducation, les hiérarques « se faisaient les initiateurs de stades grands, imposants, en se concurrençant pour faire plus vite dans ce domaine. On peut dire que le prestige personnel et celui du fascisme local étaient en jeu, sans parler de la gloire de la ville107 ».
52Par ailleurs, la construction un peu sauvage de grands stades et complexes sportifs en Italie fasciste laissa curieusement un grand absent dans le panorama architectural italien la ville de Rome. Concentrée sur le forum Mussolini et son œuvre d'éducation par le sport, et malgré un héritage sportif intéressant108, la ville éternelle fasciste manqua longtemps d'infrastructures dignes des ambitions fascistes dans le sport international, au point que les dirigeants sportifs n'étaient pas sans en éprouver une certaine honte, à l'instar du président de la Fédération italienne d'athlétisme, le marquis Luigi Ridolfi, relevant en 1933 « la situation inconvenante de ne pouvoir accueillir à Rome, Capitale d'Italie, les équipes étrangères d'athlétisme à cause du manque absolu d'un stade muni de tous les équipements réglementaires. Il faudrait résoudre le plus rapidement possible cet inconvénient, d'autant plus que toutes les fédérations étrangères désirent être invitées à Rome109 ». Ces plaintes sont rejointes par celles du président de la Fédération italienne de boxe : « Moi, je ne peux pas faire à Rome un match de boxe avec des équipes étrangères car il y a un manque absolu de locaux et naturellement les étrangers ont aussi, dans [le monde de] la boxe, un seul souhait venir à Rome. » Et Lessona, le président de la Fédération italienne de tennis, de s'associer « aux recommandations [de] Ridolfi et Riccardi, de manière à ce qu'on puisse avoir à Rome un terrain digne d'accueillir des compétitions internationales110 ».
53Pendant longtemps, il fut question de construire à Rome un palais des sports. En décembre 1933, le CONI avait obtenu du Gouverneur de Rome un terrain proche de la basilique Saint-Paul, pour la construction d'une salle de spectacles sportifs coûtant 3 500 000 lires111. Mais le CONI refuse de s'associer avec un entrepreneur américain spécialisé dans l'organisation de spectacles sportifs à la suite d'un rapport défavorable du ministère des Affaires étrangères112. Une négociation ultérieure, menée en 1934, échoue113. En 1939, le projet n'a toujours pas avancé. Des financements plus importants sont néanmoins prévus, mais seulement dans la perspective de l'élection de Rome comme ville hôte des Jeux olympiques de 1944114.
54Le souhait d'accueillir les Jeux olympiques en Italie était en effet très ardent sous le fascisme. Dès le début du xxe siècle, Pierre de Coubertin s'interesse personnellement aux espaces disponibles à Rome, faisant grincer des dents à Turin et Milan, deux villes bien plus « sportives » que l'Urbe115. Devant renoncer à organiser les Jeux de 1908 en raison du manque de disponibilité générale, Rome abandonne provisoirement son ambition olympique. En 1926, Lando Ferretti, après sa nomination au poste de président du CONI, relance le projet pour les Jeux de 1936116. Mais la fragilité du pouvoir de Mussolini à ce moment-là ne peut lui assurer le soutien nécessaire à l'organisation d'une telle rencontre. Ainsi, moins d'un an après avoir déposé la candidature officielle de Rome, les Italiens cherchent à marchander leur retrait et leur vote en faveur de Berlin ils escomptent en retour le soutien allemand pour obtenir les Jeux de 1940117. En réalité, le pays n'est pas encore prêt pour affronter l'organisation de Jeux olympiques dignes du fascisme… Rome retire sa candidature pour 1936, mais la maintient pour 1940118, le comte Alberto Bonacossa, membre du CIO pour l'Italie, se faisant l'ambassadeur de la cause : « Dans aucune autre nation le gouvernement est aussi directement investi dans le sport qu'en Italie et c'est pourquoi nous estimons qu'à aucune autre Olympiade, les hôtes, les athlètes, les officiels, les journalistes et le public pourront jouir d'autant d'avantages que ceux que le CONI pourra mettre à disposition avec l'aide […] du Gouvernement119. »
55Les dirigeants sportifs italiens soignent leurs relations avec le CIO120, notamment avec ses membres – qui élisent les villes hôtes – en les invitant par exemple à Rome et en Italie lors de leur voyage pour se rendre à une session de travail prévue à Athènes en mai 1934121.
56Mais derrière la façade rassurante, les dirigeants sportifs s'affairent. Les problèmes financiers du Coni sont criants et la construction d'un grand stade à Rome est un problème incontournable dont la mauvaise gestion irrite Starace : « Le bilan du Comité [olympique national italien] n'est pas du tout florissant ; c'est un bilan passif. Nous sommes appelés à payer des dettes considérables, et celle qui concerne les projets du stade olympique n'est pas la moindre, [car] les ingénieurs chargés de faire des projets ont demandé environ 700 000 lires. Il faudra payer, même en réduisant, et de beaucoup, la [somme] demand[é]e122. »
57Néanmoins, les Italiens se lancent corps et âme dans la “bataille olympique”. Un fascicule intitulé Roma Olimpiaca est publié en janvier 1935 par le Bureau de la propagande et de la presse du CONI et les membres italiens du CIO123. Préparée dès 1934, il s'agit d'une brochure destinée à présenter « différents équipements sportifs dont Rome sera dotée avant 1940124 ». Sa valeur publicitaire est explicite. Le secrétaire du Coni affirme en effet qu'elle « sera largement diffusée à l'étranger dans le but de convaincre, s'ils ne le sont pas encore, les membres du CIO d'attribuer l'organisation de la xiie Olympiade à l'Italie125 ». Les dirigeants sportifs qui organisent la candidature sont, à juste titre, confiants sur l'issue de la candidature de Rome126. Mais là survient un coup de théâtre que les responsables du CIO ne comprennent pas tout de suite. À partir de février les Italiens proposent secrètement un marchandage aux Japonais, censé assurer les Jeux de 1944 à Rome. La tactique est identique à celle employée en 1931 avec les Allemands : en se désistant en faveur de Tokyo, ils s'assureraient d'un précieux soutien, japonais cette fois-ci, pour 1944127. En réalité, même les membres du CIO pour l'Italie n'ont aucune prise sur l'affaire. C'est en effet Mussolini en personne qui fait retirer la candidature de Rome pour les Jeux de 1940 au dernier moment, et sans consultation préalable, à la suite de la demande de l'ambassadeur japonais à Rome, Yotaro Sugimura128. Politiquement, cette action du Duce vise à renforcer l'entente diplomatique italo-japonaise et permet un accord tacite sur la politique expansionniste des deux pays, les Italiens regardant vers l'Éthiopie, les Japonais vers la Chine129.
58Mais les Italiens ne baissent pas les bras et, dès 1936, Rome se prépare activement à l'organisation des Jeux de 1944, qui doivent, tout comme l'Exposition internationale attribuée à l'Italie le 25 juin 1936, mettre en scène les performances fascistes dans tous les domaines, dont l'art et le sport. L'Exposition, théoriquement programmée pour 1941, mais repoussée à 1942 – d'où la dénomination « E42 » – pour concorder avec le vingtième anniversaire du fascisme au pouvoir, porte d'ailleurs le titre significatif (et choisi par Mussolini en personne) d'« Olympiades de la civilisation130 ». À cette époque, l'Italie fasciste vient de sortir victorieuse de la guerre d'Éthiopie et vit son heure de gloire. Les temps sont aux projets ambitieux. Les dirigeants qui se rendent aux Jeux de Berlin tirent de l'expérience allemande des leçons sur les difficultés liées à l'organisation de Jeux olympiques131. En novembre 1936, le Coni est déjà prêt à nommer une Commission d'organisation et Starace s'exprime une nouvelle fois en faveur de l'agrandissement de la zone du forum Mussolini132.
59À la fin des années 1930, les projets de l'Olympiade de 1944 et de l'E42 se joignent sur des points concrets (questions d'urbanisme, de style architectural…) et symboliques (représentation du fascisme). Il n'est donc pas étonnant que ce soit le commissaire de l'E42 qui nomme, en 1937, une assemblée pour étudier les équipements sportifs de Rome dans la perspective des Jeux de 1944. En février 1939, les organisateurs italiens ont préparé un plan ambitieux pour réaliser à Rome un site olympique complet133. En mars de la même année, Rome pose officiellement sa candidature pour accueillir les Jeux olympiques de 1944134. En mai, le CONI et l'ENIT (Office national italien du tourisme) éditent la brochure de propagande intitulée une nouvelle fois Roma Olimpiaca135, pour « illustrer l'imposant équipement de Rome et servir de document pour légitimer l'aspiration de l'Urbe à accueillir dignement, aux points de vue technique et d'organisation, les Jeux olympiques de 1944136 ». Le président du CIO, Henri de Baillet-Latour, semble confiant pour la candidature de Rome : « Je forme mes vœux les plus sincères pour que le choix de mes collègues se porte bientôt sur votre belle ville et nous sommes certains de trouver un accueil charmant137. »
60Mais tous les préparatifs et la qualité certaine des infrastructures de Rome ne peuvent lui garantir l'élection. Le choix de la ville hôte à lieu à l'occasion du trente-huitième congrès du CIO du 5 au 10 juin 1939, organisé à Londres, et c'est la capitale britannique qui est élue pour organiser les Jeux de 1944 en battant largement Rome par 20 voix contre 11138. Les fascistes sont furieux…
61Le rêve olympique ne s'effondre pas pour autant. Le vice président du CONI et président de la CIS estime encore en 1941 que « [l’]équipement sportif national […], après la période belliqueuse que nous traversons, reprendra certainement son plein développement ». Le moment sera alors venu pour que l'Italie s'affirme dans une « Olympiade [qui] peut aussi être reconnue comme un indice de la vie des peuples, […] et qui sanctionne la séparation entre les peuples jeunes et les vieux [peuples], entre les Nations en marche et celles qui marquent le pas139 » …
Le site olympique de Berlin : de la tradition au nazisme
62Selon la doctrine nazie, la pratique sportive de masse et les résultats sportifs et organisationnels des grandes manifestations sportives expriment de manière identique la vitalité d'un peuple et la qualité de ses propriétés biologiques. Il n'est donc pas surprenant que le Reich ait cherché à exploiter conjointement la tradition sportive solidement implantée en Allemagne et la tendance générale à la spectacularisation du sport des années 1930.
63Alors que dans le cas italien, comme on l'a vu, c'est l'ensemble des actions menées depuis la fin des années 1920 qui hisse l'Italie fasciste au rang de grande puissance sportive, en Allemagne, c'est l'événement des Jeux olympiques qui doit prouver, à lui seul, la double supériorité (politique et biologique) de l'idéologie nazie et de la « race aryenne ». Célébrés en 1936 au sommet de la gloire diplomatique de l'Allemagne, les Jeux de Berlin sont ainsi une occasion unique pour mettre en scène les succès sportifs et architecturaux du iiie Reich. De sorte que sous le nazisme, aucune construction ne surpasse, en taille ou en prestige, le site olympique du Reichssportfeld.
La préparation des « Jeux de Berlin »
64Les nazis apprécient tout particulièrement les manifestations de masse, considérées comme l'expression la plus aboutie de la communauté du Volk. Les rencontres sportives ne font pas exception. En vertu d'un arrêté du 13 décembre 1933 sur l'utilisation des terrains de sport et lieux de rencontre140, le voisinage ne peut, sauf exception, porter plainte contre les désagréments causés par les rencontres de caractère communautaire141. De nouvelles directives pour l'attribution des terrains de sport publics (Richtlinien für die Vergebung der staatlichen Sportplätzen) entrent d'ailleurs en vigueur dès le 1er mars 1933142. La mise au pas du sport est en cours, en attendant les Jeux olympiques de 1936…
65Si la nazification du sport allemand est tout particulièrement célébrée à l'occasion des trois fêtes sportives nationales que sont la quinzième Fête du Turnen à Stuttgart en 1933, les Deutsche Kampfspiele de 1934 à Nuremberg143 et la Fête du sport et du Turnen de 1938 à Breslau, ce sont les xie Jeux olympiques, organisés du 1er au 16 août 1936 à Berlin, qui illustrent le mieux l'intervention nazie dans les affaires sportives. Préparée avec le soutien du gouvernement nazi, cette rencontre olympique – dont le caractère historique n'a pas échappé aux chercheurs144 – a pu être considérée à l'époque comme la plus grande manifestation sportive internationale de tous les temps.
66La ville de Berlin est élue en avril 1931 pour organiser la rencontre. Le Comité allemand d'organisation des Jeux olympiques (Cojo) recueille le soutien des autorités de Weimar à sa fondation, dans l'urgence et grâce aux relations diplomatiques de Theodor Lewald, le 24 janvier 1933, soit quelques jours avant l'arrivée au pouvoir de Hitler145. Lewald en est le président, Carl Diem le secrétaire. Le premier, haut-fonctionnaire prussien, avait mis ses compétences administratives et ses relations au service du sport allemand depuis le début du siècle ; à ce titre, il avait joué un rôle prépondérant dans la préparation des Jeux olympiques prévus pour 1916 à Berlin. Il était président du Comité allemand du Reich pour les exercices physiques (DRA), la fédération « bourgeoise » des sports, mais aussi responsable du Comité olympique national allemand depuis 1919 et membre du CIO pour l'Allemagne depuis 1924. Le second, grand acteur du sport sous la République de Weimar, avait théorisé dans maints ouvrages la conciliation du sport moderne et des exercices physiques traditionnels sous la bannière de principes éducatifs inspirés de l'humanisme allemand, du concept de « Leibesübung » 146 ; il mettra ces principes pédagogiques en application en obtenant la création d'une école supérieure d'éducation physique en 1920, puis la construction, en 1925, d'un ensemble de bâtiments pour l'accueillir : le Sportforum.
67Le rapport entre le Cojo et les nouvelles instances gouvernementales reste très flou pendant les premiers mois de l'année 1933. Le lendemain de la prise de pouvoir par Hitler, le 31 janvier 1933, Lewald félicite le nouveau chancelier et lui demande le soutien du nouveau gouvernement pour l'organisation des Jeux de Berlin147. En effet, avec le changement de gouvernement, le dossier de demande de financement pour la rénovation des équipements est mis en suspens. Les organisateurs, craignant que « sans la préparation [diplomatique] nécessaire, [le ministre de l'Intérieur] Frick puisse facilement refuser ou retarder » le soutien escompté, souhaitent « s'assurer à temps de l'accord de Hitler » ; ils demandent ainsi, le 14 février 1933, une audition au chef de la chancellerie, Hans Heinrich Lammers, pour connaître la position du gouvernement sur les Jeux olympiques148. Le 6 mars 1933, Lewald fait par ailleurs une demande officielle pour être reçu par Hitler afin de lui présenter « un très court exposé sur la signification des Jeux olympiques de 1936149 ».
68Dans un premier temps, ce sont donc les organisateurs qui redoutent que le nouveau gouvernement nazi soit hostile aux Jeux olympiques et qui se rendent auprès des autorités, et non l'inverse. Lewald et Sahm, le maire de Berlin, rencontrent Hitler le 16 mars 1933, en présence de Lammers. Le chancelier s'exprime favorablement pour l'organisation des Jeux de 1936150. Lewald met en avant la chance inouïe qui se présente pour valoriser l'Allemagne au niveau mondial : « Aucune autre manifestation ne peut entrer en compétition, ne serait-ce que de loin, avec une telle propagande. C'est pourquoi je demande que le ministère de la Propagande soutienne […] le Comité d'organisation pour la xie Olympiade à Berlin en 1936 en Allemagne et à l'étranger151. » Le président du Comité d'organisation demande donc explicitement un soutien du ministère de la Propagande pour gérer la communication sur les Jeux olympiques en Allemagne et à l'étranger ; ce faisant, il anticipe de quelques mois une compétence que ce ministère n'a pas : la représentation du sport au niveau international n'incombera au ministère de la Propagande que quelques mois plus tard, en juillet 1933152.
69Peu après, Lewald rencontre le minisère de l'Intérieur, Wilhelm Frick, qui prie son homologue aux Finances de soutenir le Comité d'organisation des Jeux en raison du « considérable impact promotionnel pour l'Allemagne d'un point de vue culturel et économique153 ». Une aide concrète du Reich est disponible pour la préparation des Jeux dès le printemps 1933154. Le 1er avril, Lewald écrit à tous les membres du CIO que le nouveau gouvernement allemand l'a assuré de son soutien pour l'organisation des Jeux olympiques de 1936155.
70Mais les tensions ne se font pas attendre. Les premières attaques proviennent des extrémistes nazis qui ne voient pas d'un bon œil que les Jeux olympiques soient organisés par des dirigeants sportifs auparavant actifs sous Weimar – sans compter que Theodor Lewald possède des origines juives. De son côté, le Reichssportführer Hans von Tschammer und Osten intrigue dans le but de succéder à ce dernier au sein du Comité d'organisation156.
71Le président du CIO, Henri de Baillet-Latour, est agacé par ces tentatives de remaniement du COJO et, de toute évidence, il doute de la compatibilité des « valeurs olympiques » avec le national-socialisme. Le 3 mai 1933, il écrit une lettre commune aux trois membres du CIO pour l'Allemagne dans laquelle il leur rappelle quelques points essentiels relatifs à l'organisation des Jeux, en particulier la neutralité confessionnelle, politique et raciale157. Baillet-Latour exprime donc ouvertement sa méfiance quant au respect des « valeurs olympiques » en Allemagne et contraint les autorités allemandes à faire la preuve du contraire pour ne pas se voir retirer l'attribution des Jeux olympiques à Berlin. Il exige une réponse formelle pour la session du CIO Vienne, prévue pour début juin.
72C'est donc sous la pression que, le 6 mai, Lewald demande à être reçu par le ministre des Affaires étrangères, soulignant que si les Jeux devaient être retirés à Berlin, l'affaire « susciterait un remue-ménage exceptionnel dans le monde entier, car quarante-trois nations appartiennent au CIO et que les hommes qui les représentent occupent des fonctions importantes158 ». Lewald écrit aussi à Lammers pour obtenir les garanties écrites du gouvernement nazi et demande à être reçu par Hitler avec le maire de Berlin, Sahm, et ses collègues allemands du CIO, Friedrich August von Mecklenburg et Karl Ritter von Halt159.
73Mais dans son discours d'ouverture de la session du CIO à Vienne, le 7 juin 1933, Baillet-Latour n'évoque pas la mise en péril de la célébration olympique de 1936 – il se focalise sur la question de l'amateurisme. Le COJO allemand réussit à dissiper l'opposition contre Berlin, « surtout par le fait, se félicite Carl Diem, que nous étions en mesure de présenter un courrier du ministre Frick dans lequel étaient garanties l'autonomie de l'organisation olympique et l'assurance que les participants juifs ne devaient pas être systématiquement exclus160 ». À Vienne, Lewald présente de surcroît un rapport sur les préparatifs olympiques et rappelle que « le nouveau gouvernement du Reich nous aidera dans notre grande tâche avec énergie et dévouement. Le Comité organisateur, le gouvernement du Reich et toute la nation sont d'accord pour faire des Jeux olympiques de 1936 une fête de l'amitié et de la paix conformément à l'idéal olympique161 ».
74Si l'acceptation du dossier allemand est sans équivoque, la rencontre de Vienne laisse une certaine amerture, notamment à la tête du CIO. Baillet-Latour commente en effet : « Vue la situation, j'aurais préféré qu'ils [les Allemands] renoncent aux Jeux, car l'avenir est bien trouble de l'autre côté du Rhin, mais nous ne pouvions leur retirer les jeux alors qu'ils acceptent toutes les conditions qui leur avaient été imposées et arrivaient même avec une lettre signée du gouvernement162. » Le 20 décembre 1933, le Comité d'organisation des Jeux de Berlin publie officiellement son invitation à la célébration olympique de 1936163.
75Derrière les accords pris avec le CIO, les nazis font des Jeux olympiques un instrument de leur propagande. Pour le Reichssportführer von Tschammer und Osten, « le travail de publicité […] doit […] présenter le concept de l'Olympiade comme une tâche politique particulièrement importante du Führer164 ». Cela dit, malgré la volonté de se montrer sous son meilleur jour, le national-socialisme a du mal, du moins dans un premier temps, à totalement masquer son antisémitisme165. En mai 1935, le président du Comité d'organisation des Jeux d'hiver, von Halt, interpelle les autorités gouvernementales pour faire cesser les campagnes antisémites à Garmisch-Partenkirchen. Ce faisant, il se défend de toute sympathie pour les juifs : « Je vous prie d'être convaincu du fait que je n'exprime pas mes soucis pour aider les Juifs, il s'agit exclusivement de l'idée olympique et des Jeux Olympiques auxquels je dédie depuis des années mon temps libre bénévolement166 ». Hans Pfundtner, sous-secrétaire au ministère de l'Intérieur, transmet le problème à Lammers, directeur de la Chancellerie : « La poursuite d'une telle propagande [pourrait] conduire à ce que de grandes nations révoquent encore au dernier moment leur participation aux Jeux Olympiques d'hiver » et « le moindre incident [pourrait] conduire à une annulation de la xie Olympiade à Berlin167 ». Une fois encore, l'affaire est « extrêmement sérieuse168 ». Une campagne de boycott est lancée aux États-Unis, à l'initiative notamment d'Ernest Lee Jahncke, membre d'origine allemande du CIO pour les États-Unis, qui tente d'alerter Baillet-Latour169.
76Mais les promesses nazies et la propagande mise en route réussissent à convaincre la plupart des observateurs que les Jeux de Berlin sont organisés en conformité avec les idéaux olympiques. Lewald est rapidement freiné, en ce qui concerne la mise en place de la publicité olympique, par le ministre de la Propagande, Joseph Goebbels170 ; de fait, la contribution des autorités du Reich augmente parallèlement à la prise de conscience de l'énorme potentiel que représentent les Jeux olympiques en terme de propagande. De sorte que l'organisation de la publicité pour les Jeux échappe complètement au Comité d'organisation.
77Un Comité de propagande pour les Jeux olympiques de Berlin de 1936 (Propaganda-Ausschuss für die Olympischen Spiele Berlin 1936) est institué au sein du ministère de la Propagande à partir de janvier 1934171. Toute la propagande sportive dépend de ce nouveau bureau : « On a décidé de fonder un Comité olympique de propagande sous la direction de monsieur le Ministerial direcktor Haegert qui ne doit pas seulement s'occuper de la propagande des Jeux olympiques, mais aussi de toutes les autres préparations concernant le sport international172. »
78L'organisation des Jeux olympiques, toujours officiellement placée sous la responsabilité de Theodor Lewald et Carl Diem, est désormais noyée dans une structure rigide, très bien organisée, et calibrée pour préparer les populations allemandes et étrangères à la célébration olympique de Berlin en 1936 : le Reichssportführer von Tschammer und Osten s'occupe de la préparation sportive, la publicité étant du ressort du ministère de la Propagande. Une note d'avril 1934 précise d'ailleurs que « dans cet état actuel des choses, il paraît inutile de travailler encore avec le Comité d'organisation […] 173 ».
79La propagande se déploie d'abord au niveau interne. Pour que les Jeux se déroulent sans accrocs, ne faut-il pas, en priorité, que les visiteurs trouvent un bon accueil sur le territoire allemand ? La propagande au niveau national concerne deux points principaux : il s'agit d'une part d'éduquer aux « valeurs olympiques » et, d'autre part, de faire comprendre l'importance des Jeux pour l'Allemagne d'un point de vue sportif, politique et, évidemment, « spirituel ». Suivant un certain nombre de directives nazies174, tous les citoyens allemands, toutes les administrations, « toute l'Allemagne », sont préparés pour faire des Jeux olympiques une gigantesque fête. Toutes les villes et tous les villages allemands sont dotés d'un comité qui sert de relais à la propagande organisée par le Bureau pour la promotion du sport du Comité de propagande pour les Jeux olympiques de Berlin en 1936 (Amt für Sportwerbung des Propaganda-Ausschusses für die Olympischen Spiele Berlin 1936) 175.
80Du 26 mai au 2 juin 1935 est organisée la Semaine de publicité pour le sport dans le Reich (Reichssportwerbewoche), qui concerne à la fois le sport de manière générale et la préparation olympique. Des brochures spécialement rédigées pour l'événement, appelées « Livrets olympiques176 », en partie financées par le ministère de la Propagande177, et des affiches sont mises à la disposition des communes. Une pression importante pèse sur leurs épaules. Se rendant compte que certaines communes prennent un peu à la légère le rôle qui leur est attribué, le directeur du Bureau pour la promotion du sport (Amt für Sportwerbung), Pay Carstensen, adresse une lettre virulente aux chefs administratifs des circonscriptions (Landräte), en les sommant d'achever le travail préparatif commencé à l'automne 1934 et d'intensifier la propagande, et en indiquant, qui plus est, qu'un manque de participation à la propagande olympique de la part des communes serait suivi de lourdes sanctions178 !
81Pour l'étranger, la communication s'efforce de donner une bonne image du pays, ce qui n'est pas évident compte tenu du regard critique que de nombreux États portent sur l'Allemagne nazie. La propagande internationale est préparée dès l'été 1933, pour être diffusée dans plusieurs langues179. En octobre 1934 sont publiées les premières directives pour « la publicité du sport olympique180 ». Après la décision de Hitler de faire construire des équipements monumentaux, la Correspondance olympique (Olympia-Pressedienst), qui paraît en allemand depuis le 17 décembre 1933181, est publiée en cinq langues comme périodique d'information sur les Jeux destiné au public étranger. Le Cojo publie de son côté le mensuel Olympische Spiele 1936 : Offizielles Organ der Olympischen Spiele, en quinze éditions et quatre langues à partir de juin 1935182. La publicité est donc largement organisée à l'étranger. Les opposants aux Jeux berlinois critiquent la propagande acharnée du Reich hitlérien, diffusée dans trente-neuf pays de part le monde183.
82Lors des Jeux, la transmission de l'information se doit d'être efficace : « Le monde entier doit être informé très rapidement, au moment même de l'action184. » Les journalistes envoyés à Berlin, dont le nombre dépasse les 1 500185, jouissent de conditions de travail exceptionnelles. Les Italiens remarquent « le caractère grandiose et la perfection des appareils techniques qui ont fait de la xie Olympiade, l'Olympiade la plus imposante des temps modernes186 ». Par ailleurs, le Reichssportblatt (Journal de sport du Reich), centré sur les Jeux olympiques de Berlin et largement illustré de photographies, paraît de 1934 à 1943.
83Parallèlement au développement de la propagande générale, les dirigeants nazis continuent à séduire les instances olympiques. Baillet-Latour est reçu personnellement par Hitler lors de son voyage à Berlin en novembre 1935, et Pierre de Coubertin est soutenu financièrement par le Reich quand il se trouve, à la fin de sa vie, dans une « situation financière absolument désespérée187 ». D'ailleurs, quelque peu étonné, Godefroy de Blonay, le vice-président du CIO, « a pu constater de façon certaine que le Baron de C. et le Comité Org. de Berlin entretiennent une correspondance suivie au sujet de la préparation des Jeux de 1936188 ». Hitler écrit personnellement à Baillet-Latour pour le remercier après les Jeux d'hiver189. Après les Jeux de Berlin, le Führer adresse ses remerciements au président du CIO dès le 16 août 1936. Il conclut sa lettre ainsi : « J'espère que l'Olympiade berlinoise a contribué au renforcement de l'idée olympique et qu'elle a ainsi aidé à construire des ponts entre les peuples190. » Baillet-Latour lui répond dès le lendemain : « Le succès n'a été possible que grâce à la compréhension si parfaite par Votre Excellence de l'idée olympique. Puissent ces Jeux contribuer à assurer au peuple allemand la paix intérieure que je lui souhaite de tout cœur et contribuer au rapprochement si nécessaire entre les peuples pour sauver notre civilisation en péril191. »
84L'excellente organisation des Jeux olympiques de 1936 marque les sportifs et spectateurs. D'ailleurs, le CIO attribue une nouvelle fois les Jeux d'hiver, ceux de 1940, à Garmisch-Partenkirchen. Hitler est très satisfait de l'honneur qui est fait à l'Allemagne nationale-socialiste : « Le Führer a vivement salué cette évolution » et promet que les Jeux seront d'une « grandeur similaire aux Jeux de l'année 1936192 » …
Le Reich, maître d'ouvrage des Jeux
85Quand la ville de Berlin est élue en avril 1931 pour accueillir les xie Jeux olympiques, il est prévu que le Deutsches Stadion de Grunewald soit simplement adapté aux exigences olympiques, selon les plans de l'architecte Werner March. En effet, les conditions économiques ne permettent pas d'envisager de nouvelles constructions. Mais pour les organisateurs, il faut néanmoins s'efforcer de faire des Jeux olympiques de 1936 les plus beaux de tous les temps. La rénovation du grand stade de Berlin doit donc être pensée en conséquence :
Le Deutsches Stadion est prévu comme le principal terrain des compétitions. Dans ce but, un agrandissement est nécessaire, qui, comme à Los Angeles, doit s'opérer par un abaissement [du sol] de sorte que 78 000 places puissent être envisagées et que le nombre puisse être augmenté à 100 000 si cela s'avère nécessaire. Cette transformation améliorerait l'équipement sous tous les points de vue. Au-delà des Jeux olympiques, l'agrandissement est aussi indispensable pour l'utilisation habituelle du stade193.
86À l'hiver 1932-1933, il est question, dans la presse, de la construction de toutes pièces d'un stade grandiose pour les Jeux de 1936194 ; la question est suivie de près par les architectes de l'époque195.
87Après l'arrivée au pouvoir de Hitler, le projet de restructuration du Deutsches Stadion selon la proposition de l'architecte Werner March reste inchangée pendant quelques mois196. Les questions financières constituent un réel problème pour les organisateurs qui, en mars 1933, n'envisagent pas encore de projet plus ambitieux. Quand, le 16 mars 1933, Theodor Lewald rencontre Hans Heinrich Lammers, il lui demande une garantie du Reich de 6 millions de Marks, les prévisions étant d'investir 1,5 millions dans la rénovation du Sportforum et 3,5 millions pour l'agrandissement du stade197. Lewald appuie son propos en mettant en avant l'avantage que pourrait représenter le projet afin de combattre le chômage et de relancer l'économie. Le ministre de l'Intérieur Wilhelm Frick, dans une lettre adressée à son homologue des Finances, souligne justement que la rénovation du stade « devrait être en premier lieu une tâche de la ville » de Berlin, mais que les coûts peuvent être abaissés en inscrivant les travaux dans le programme national contre le chômage198.
88À cette époque, le projet se limite encore à un simple aménagement du Deutsches Stadion. Le ministre de l'Intérieur se demande même « si le projet de rénovation du stade peut être réduit à l'essentiel et ainsi diminuer les frais, sans mettre en danger les buts poursuivis par la célébration des Jeux olympiques199 ». L'utilisation du Sportforum pour les activités olympiques, non loin du stade principal, semble ne faire aucun doute… tout comme le fait que ces deux équipements sont bien trop étroits pour accueillir un tel événement sportif.
89Si les nazis craignent des frais de rénovation et de construction trop élevés, ils reconnaissent néanmoins qu'il est nécessaire d'aménager un espace sportif adéquat. Et il ne leur échappe pas que le financement de la rénovation du Sportforum peut être considéré comme un coût que les entrées financières des Jeux combleront.
90Dès la fin mars 1933, l'engagement de l'État nazi est donc pratiquement acquis et une aide concrète est attendue pour qu'« on [puisse] commencer avec les travaux d'agrandissement du Sportforum dès ce printemps200 ».
91Après moultes discussions, le Reich se déclare prêt à prendre en charge le financement de l'équipement201. L'État nazi est le seul maître d'ouvrage et les travaux passent sous la direction de l'administration du Reich des constructions (Reichsbauverwaltung)202. Sous la surveillance du ministère de l'Intérieur, qui veille à ce que les différents travaux se complètent de manière « harmonieuse203 », l'organisation des Jeux olympiques, sous la houlette des nationaux-socialistes, est lancée. C'est l'architecte Werner March qui est responsable de la structure des constructions. Les instances du Reich le traitent du reste avec sollicitude, en raison de l'importance du projet national dont il a la charge : « Ses intérêts en tant qu'architecte ont non seulement été entièrement protégés, mais il a bénéficié dans le contrat de concessions exceptionnelles comparées aux autres architectes travaillant pour des constructions du Reich204. »
92Le 5 octobre 1933, Hitler prend connaissance, dans le gymnase du Sportforum, de la maquette représentant le site rénové205. Mais le Führer n'en est guère satisfait. La présence d'un hippodrome, qui occupe une grande partie du domaine, constitue un problème, et semble empêcher la réalisation d'un projet ambitieux. Hitler ordonne sans hésitation sa disparition206. Ce qui implique de revoir à la hausse l'investissement étatique dans les Jeux. Hitler affirme une nouvelle fois que c'est « le Reich qui [doit] construire le stade » et que « les travaux doivent commencer de suite207 ». L'agence allemande de presse informe le jour même que « le chancelier du peuple souhaite de nouveaux plans208 ». Puis, après d'autres réunions préparatoires, la presse publie, le 17 octobre 1933, la nouvelle de l'aménagement d'un grand complexe sportif qui doit comporter, selon le souhait de Hitler, une esplanade d'une capacité de cinq cent mille personnes209.
93Un Bureau du Reich pour la nouvelle construction du stade (Reichsneubauamt Stadion) est fondé en novembre 1933 par le ministère des Finances du Reich210 ; la direction en est assurée par le Oberregierungbaurat Richard Sponholz211. Ce bureau, tout comme l'atelier de Werner March – qui demeure responsable des questions d'architecture et dispose de vingt-deux collaborateurs212 – est installé sur le site olympique d'ensemble, bientôt appelé Reichssportfeld : « La proximité du bureau permettait un lien resserré entre l'architecte au travail et les techniciens qui réalisaient [les plans]213 ».
94Grâce à une organisation minutieuse, les travaux commencent rapidement, et à un rythme soutenu : « Une activité intense se mit en place sur le chantier dès juin 1934 car il fallait commencer simultanément à plusieurs endroits214 ». Les travaux sont si soutenus que Frick interdit les visites pendant les grands travaux jusqu'à la fin du mois d'octobre 1935215.
95Le site olympique doit s'inscrire dans la tradition nationale du Turnen et des exercices physiques. En même temps, il centralise les compétitions sur un seul lieu, et cette particularité est également importante pour faire du Reichssportfeld un lieu représentatif de l'idéal olympique : « Avec cet immense équipement il est possible d'unir, sur le domaine du stade, toutes les manifestations sportives des Jeux olympiques, à l'exception de l'aviron et de la voile, et de créer ainsi un équipement de rencontres sportives idéal qu'aucune manifestation n'a possédé dans le passé216. »
96L'effort consenti au total par les autorités nazies est considérable 2,6 millions de reichsmark avaient été prévus au départ pour la construction du site olympique : la construction finale coûtera 36 millions217.
97Avant même que les Jeux ne débutent, les équipements sportifs contribuent à assurer la publicité du Reich hitlérien218. Ces équipements sont utilisés pour illustrer des cartes postales créées spécialement pour les Jeux olympiques ; elles constituent un outil important de propagande219. Le village olympique de Berlin est aussi construit pour impressionner les visiteurs. Alors que celui de Los Angeles était constitué de baraques provisoires, celui de Berlin, sis à Döberitz, est formé par des maisons en briques.
98Attaché à ce que l'organisation de la fête olympique soit grandiose et à ce que la participation populaire soit au rendez-vous, Carl Diem est le premier à tenir des conférences sur les Jeux olympiques de 1936, au cours desquelles il ne manque pas de parler des nouvelles installations220. Sur un ton rempli d'admiration, Frederik W. Rubien, le secrétaire du Comité olympique américain, chante les louanges des sites olympiques dans la Correspondance Olympique : « C'est avec une véritable stupeur que j'ai constaté au cours de mes visites […] l'extraordinaire rapidité avec laquelle on exécute les coûteux projets221. » Le site olympique est précisément présenté comme un ouvrage construit avec soin et rapidité grâce à la volonté et à la force de travail de l'Allemagne nationale-socialiste. Hans Pfundtner raconte en effet : « Nous avons durement travaillé durant les trois dernières années pour réaliser les grands plans de notre Führer. […] Ce que l'architecture et la plastique allemande ont [créé], ce que la technique allemande possède en précision et en soin, ce que le travailleur allemand est capable de donner en application et en persévérance a été consacré à la grande mission222. »
99Quelques jours avant l'ouverture des Jeux, Tschammer valorise le national-socialisme en suggérant d'imaginer le destin des Jeux olympiques de 1936 en Allemagne si Hitler n'était pas devenu chancelier :
Pensez encore à comment il aurait été, ne serait-ce que possible de créer les conditions matérielles préalables pour la célébration des Jeux, pour la construction des équipements. […] Comparez avec la formidable décision de notre Führer et chancelier du peuple Adolf Hitler, qui nous a accordé des terrains de compétition qui sont uniques au monde. […] C'est le devoir de reconnaissance vis-à-vis de notre Führer et de son mouvement qui nous a rendu capables, en tant que peuple libre et fier, d'accueillir les autres peuples du monde avec dignité et joie223.
* * * *
100Le poids des enjeux politiques dans le domaine sportif constitue une évidence de nos jours. Mais avant la fin des années 1920, le spectacle sportif se limitait le plus souvent, comme la pratique sportive, à des initiatives privées. Les grandes rencontres de football, de boxe ou de cyclisme n'avaient rien de politique et tenaient essentiellement du commerce et du divertissement. Avec le fascisme italien et le national-socialisme allemand, de la même manière que le sport fut intégré dans l'éducation « totalitaire » ou « holiste » (pour reprendre un concept développé par l'anthropologue Louis Dumont224) de ces régimes, il est happé par le divertissement « totalitaire » et « holiste » qu'ils organisent afin de mettre en scène l'unité organique du pays ou de la race.
101Les grands équipements sportifs construits sous le fascisme en Italie et sous le nazisme en Allemagne ont donc très clairement comme but la mobilisation des masses. Cette volonté d'emprise sur les individus se traduit en particulier par la taille et l'architecture des équipements sportifs, comme on va le voir dans la partie qui suit.
102L'architecture constitue pour les fascistes italiens et les nazis un fondement important de la culture. En plus d'être monumentale, elle doit correspondre à un style syncrétique approuvé par les hauts dirigeants politiques, à commencer par le Duce ou le Führer en personne. Une théoricienne nazie l'a très bien exprimé : « Les constructions du Führer sont les témoins du tournant dans le domaine de la vision du monde de notre époque. Elles sont du national-socialisme construit225. » Et de citer Hitler : « Quand des peuples vivent intérieurement de grandes époques, ils la façonnent aussi à l'extérieur. Leur parole la plus convaincante […] : C'est la parole de pierre226 ! »
Notes de bas de page
1 Peter Reichel, La Fascination du nazisme, Paris, Odile Jacob, 1997 [1991], p. 7.
2 Carlo Cresti, Architettura e fascismo, Florence, Vallechi, 1985, p. 75.
3 Pierre Milza, Les Fascismes, op. cit., p. 306.
4 Federica Montaldi, Roberta Motto, Lo stadio Mussolini a Torino, op. cit., p. 61-62.
5 Acs-To, Atti Municipali, delibera del Podestà, 31.10.1932, § 22, verb. 45.
6 Pierre Lanfranchi, « Entre initiative privée et question nationale », art. cit., p. 37.
7 Ibid., p. 38.
8 BArch, R 36/2048. Lettre du maire de Minden au Deutscher und Preussischer Städtetag, 20.04.1933.
9 BArch, R 43 ii/729, Bl. 16. Lettre de Lewald à Lammers, 16.03.1933, p. 2.
10 Cf. Wolfgang Schäche, Architektur und Städtebau in Berlin zwischen 1933 und 1945 : Planen und Bauen unter der Ägide der Stadtverwaltung, Berlin, Gebr. Mann, 1991, p. 74.
11 Richard Sponholz, „Der Bau des Reichssportfeldes in Berlin. Wie die Olympiabauten entstanden“, Bauwelt. Zeitschriftfür das gesamte Bauwesen, xxvii. Jg., H. 31, 1936, p. 731.
12 Ibid.
13 Werner March, „Das Reichssportfeld“, Bauwelt. Zeitschriftfür das gesamte Bauwesen, Berlin, xxvii. Jg., 1936, H. 31, p. 16.
14 Volker Kluge, Olympiastadion Berlin, op. cit., p. 73.
15 Région en crise, frappée par le chômage : « Tout était mort depuis des années. Les tailleurs de pierre qui étaient si fiers il fut un temps, s'étaient tournés vers d'autres métiers ; les grues et les convoyeurs étaient rouillés ; les débris de pierre étaient envahis par la mousse et l'herbe ou ils s'étaient noyés dans la nappe phréatique et les pluies ». Richard Sponholz, „Der Bau des Reichssportfeldes in Berlin“, art. cit., p. 738.
16 Ibid.
17 Pirro Rost, “Un artista dell'edilizia sportiva”, Lo sport fascista, a. ii, n° 12, décembre 1929, p. 59-65.
18 Filippo Muzi, “I campi sportivi comunali”, art. cit., p. 6.
19 Ornella Selvafolta, “Grandi architetture, grandi trasformazioni”, in Giorgio Rumi, Virgilio Vercelloni, Alberto Cova, Milano durante il fascismo, Milan, Casa di risparmio delle provincie lombarde, 1994, p. 283.
20 Guido Gualassini, “Pattinaggio al Palazzo del Ghiaccio”, Lo sport fascista, a. ii, n° 2, février 1929, p. 45-47.
21 Ornella Selvafolta, “Grandi architetture, grandi trasformazioni”, art. cit., p. 17.
22 Michelangelo Dolcino, “I campi calcistici genovesi”, in Ministero per i beni culturali e ambientali-FIGC, Azzurri 1990. Storia bibliografica emerografica iconografica della Nazionale Italiana di Calcio e del Calcio a Genova, Rome, La Meridiana Editori, 1990, p. 133-134. Son coût total s'élève à 18.500.000 lires. Cf. aussi Pirro Rost, “Un artista dell'edilizia sportiva”, art. cit.
23 Pirro Rost, “Un artista dell'edilizia sportiva”, art. cit., p. 61 et p. 63.
24 “L'Arena com'era, L'Arena com'è”, Lo sport fascista, a. i, n° 7, juillet 1928, p. 56-60.
25 Gian Carlo Eynard, “Tendenze e sviluppi dell'edilizia sportiva in Italia”, Lo sport fascista, a. ii, n° 6, juin 1929, p. 17.
26 Leone Boccali, “Lo stadio della nuova Roma”, Lo sport fascista, a. ii, n° 1, janvier 1929, p. 29.
27 Ibid.
28 Voir Architettura, f. 11, novembre 1935, p. 609-620.
29 Ferdinando Reggiori, “A Milano, il Foro Mussolini”, Architettura, f. 9, septembre 1933.
30 Dans le numéro d'avril 1933, on trouve notamment les articles suivants : Pier Maria Bardi, “Lo stadio Berta a Firenze” Giuseppe Pagano, “Lo stadio di Norimberga” ; Giuseppe Pagano, “Lo stadio di Vienna”. Dans le numéro de décembre 1933 : Giuseppe De Finetti, “Stadi antichi e moderni” ; Pier Luigi Nervi, “Considerazioni techniche e costruttive sulle gradinate e pensile per stadi” ; Pagano Giuseppe, “Case Balilla costruite dagli architetti Mensutti e Miozzo” ; Giuseppe Pagano, “Parte tecnica dello stadio di Firenze” ; Paolo Vietti-Violi, “Alcuni dati per le costruzioni sportive”.
31 Ornella Selvafolta, “Grandi architetture, grandi trasformazioni”, art. cit., p. 290-291. Elena Boriani, “Il velodromo Vigorelli da “pista magica” a impianto polifunzionale”, in Ornella Selvafolta, Costruire in Lombardia. 1880-1980. Impianti sportivi. Pachi e giardini, Milan, Electa, 1990, p. 80-89.
32 Giuseppe De Finetti, Lo stadio di Milano, vol. 1 : La scelta del luogo, Milan, Capriolo e Massimini, 1933, p. 4-5.
33 “L'ampliamento dell'Arena”, Il Corriere della Sera, 30.11.1933 ; “La sistemazione dell'Arena”, Il Popolo d'Italia, 07.04.1934.
34 Augusto Turati, “Préface”, in Pnf, Campo Sportivo del Littorio, op. cit., p. 3.
35 Ibid., p. 4.
36 Asc-Ge, Atti del podestà, 1930, n° 739 “Costruzione di un padiglione in legno nel nuovo Campo Sportivo di Albaro”, 07.03.1930. Des vestiaires sont également prévus dans cette construction.
37 Les rencontres de football sont d'ailleurs fréquemment surveillées pour ces raisons. Cf. Acs, Min. Interno, PS, 1928, b. 197. Phonogramme de la préfecture de police de Rome au chef de la police, 25.03.1928. Cf. également : Paul Dietschy, « “Pugni, bastoni e rivoltelle”. Violence et football dans l'Italie des années vingt et tente », Mélanges de l'École Française de Rome. Italie et Méditerranée, t. 108, 1996-1, p. 203-240.
38 Nazario Sauro Onofri, “La storia dello Stadio, di un cavallo di bronzo e del suo cavaliere perduto”, art. cit., p. 15.
39 “Il Nuovo Campo Sportivo del Littorio”, Padova, art. cit.
40 “Lo Stadio del Littorio”, Rivista mensile della Città di Trieste, septembre 1932, a. v, n° 9., p. 319.
41 Gian Carlo Eynard, “Tendenze e sviluppi del'edilizia sportiva in Italia”, art. cit., p. 18 et 19.
42 Archivio CONI. Procès-verbal de la session ordinaire du Conseil du CONI du 20 décembre 1933, p. 15. Rapport de la session de travail du 4 octobre 1933 lu par Vaccaro.
43 CONI-Cis, Regolamento, op. cit., p. 5.
44 Ibid.
45 Ibid., p. 10.
46 Ibid., p. 15.
47 Giuseppe De Finetti, Stadi, op. cit., 1934.
48 Benito Del Marco, La costruzione dei campi sportivi, Milan, Hoepli, 1938.
49 Archivio CONI. Procès-verbal de la session extraordinaire du Conseil du CONI du 4 octobre 1933, p. 30.
50 Archivio CONI. Procès-verbal de la session ordinaire du Conseil du CONI du 20 décembre 1933, p. 14. Rapport de la session de travail du 4 octobre 1933 lu par Vaccaro.
51 Un journal sportif comme La Domenica Sportiva n'hésite pas à écrire qu'il s'agit de la Première Coupe du monde, car « Personne – évidemment – n'y avait pensé avant » et que « le jeu du football est italien, émminément italien, seulement italien »… (“L'Italia organizza il Primo campionato del mondo di calcio”, La Domenica Sportiva, a. xxi, n° 3, 14.01.1934, p. 5).
52 Mauro Grimaldi, La Nazionale del Duce. Fatti, aneddoti, uomini e società nell'epoca d'oro del calcio Italiano. (1924-1938), Rome, Società Stampa Sportiva, 2003, p. 35.
53 Vittorio Pozzo, Campioni del mondo. Quarant'anni di storia del calcio italiano, Rome, Centro Editoriale Nazionale, 1973, p. 95-98.
54 Cf. Simon Martin, Football and Fascism, op. cit., p. 51-66.
55 Giuglielmo Tornabuoni, L'ascesa del football in Italia. Saggio critico, Milan, La Gazzetta dello Sport, 1932, p. 83.
56 Paul Dietschy, « La Coppa del Duce ? Fascisme et football pendant la Coupe du monde de 1934 », in Dietschy, Yvan Gastaud, Stéphane Mourlane, Histoire politique des Coupes du monde de football, Paris, Vuibert, 2006, p. 83-109.
57 À Bologne par exemple, « il y a trois cent quatre-vingt sièges, numérotés, chacun avec son bureau, de magnifiques blocs-notes, des serviettes de luxe ». In “Le migliori compagini del mondo entreranno in lotta domani per il Campionato di calcio”, Il Resto del Carlino, 26.05.1934, p. 4.
58 Par exemple : “Dopo la partita Italia-Austria. Dichiarazione del presidente della Figc” (Entretien avec le général Giorgio Vaccaro), Il Piccolo di Trieste, 03.06.1934. Pour une analyse de la presse italienne, cf. Francesco Coveney, “Un'occasione per il regime. Il ruolo della propaganda nei mondiali di calcio del ‘34”, Lancillotto e Nausica, a. vii, n° 1-2-3, 1990, p. 128-133.
59 A. P., “Si prepara la Coppa del mondo di calcio”, Lo sport fascista, a. vii, n° 1, janvier 1934.
60 Cf notamment : Emilio Marcuzzi, “L'incontro allo Stadio del Littorio. Ceco-slovacchia-Romania 2-1 (0-1). Il Duca d'Aosta e il Duca di Genova assistono alla partita”, Il Piccolo di Trieste, 28.05.1934, p. iii.
61 Antonio Giardullo, “Il doppio incontro Italia-Spagna dei mondiali del 1934”, in Ministero per i beni culturali e ambientali-Figc (dir.), Azzurri 1990. Storia della Nazionale Italiana di Calcio e del Calcio a Firenze, Rome, La Meridiana, 1992, p. 31-34.
62 Notamment le discours de Jules Rimet, président de la FIFA : “La perfetta organizzazione del torneo rilevata dai delegati della F.I.F.A.” Il Piccolo di Trieste, 12.06.1934. Le même texte paraît le même jour en première page de La Gazzetta dello Sport sous le titre “Gli azzurri campioni del mondo elogiati dal Duce ed insigniti della medaglia d'oro al valore italiano”.
63 Sur les réactions françaises et autrichiennes cf. par exemple Il Piccolo di Trieste, 12.06.1934. Les commentaires de nombreux journaux tchécoslovaques sont publiés dans “Gli azzurri campioni del mondo elogiati dal Duce ed insigniti della medaglia d'oro al valore italiano”, La Gazzetta dello Sport, 12.06.1934, p. 2. Cf. également : Fabio Chisari, « “Une organisation parfaite” : la Coupe du monde de football de 1934 selon la presse européenne », in Yvan Gastaut, Stéphane Mourlane, Le Football dans nos sociétés. Une culture populaire. 1914-1998, Paris, Autrement, 2006, p. 174-189.
64 “L'“Italia eldorado degli sport”. Ammirati commenti di un giornale viennese”, Il Piccolo di Trieste, Trieste, 03.06.1934.
65 Francesca Agostinelli, “Stadi dalle prime olimpiadi moderne ai campionati del mondo di calcio del 1934”, Parametro, a. xx, n° 172, mai-juin 1989, p. 56-65.
66 Camillo Barbarino, Lo sport fascista e la razza, op. cit., p. 57.
67 Gianni Claudio Bruzzone, “J. R. Spensley. Un gentiluomo a Genova”, La Casana, n° 2-3, 1993, p. 34-39.
68 Michelangelo Dolcino, “I campi calcistici genovesi”, art. cit., p. 130-131.
69 Gurrado Lello, Milano la scala del calcio : San Siro Meazza, Milan, Rizzoli, 1989, p. 6.
70 L'architecte de l'arène est Luigi Canonica. Cf. Livio Toschi, “Gli stadi : monumenti urbani”, in Riccardo Grozio (dir.), Catenaccio e contropiede : materiale e immaginari del football italiano, Rome, Pellicani, 1990, p. 65. Cf. également : “L'Arena com'era, l'Arena com'è”, Lo sportfascista, art. cit. et Giuseppe De Finetti, Lo stadio di Milano, vol. 1, op. cit. ; Giuseppe De Finetti, Lo stadio di Milano, vol. 2 : I problemi sportivi della città, il progetto centrale nelle suefasi, le terme, Milan, Caprioli e Massimini, 1933.
71 Les architectes embauchés sont alors Raffaele Fragnoni et Dagoberto Ortensi, ainsi que l'ingénieur Enrico Bianchini. Cf. Ornella Selvafolta, “San Siro la “città dello sport''”, in Silvana Sermisoni (dir.), San Siro. Storia di uno stadio, Milan, Electra, 1989, p. 53.
72 Simon Inglis, The Football Grounds of Europe, Londres, Willow Books, 1990, p. 12.
73 Acs, Pnf, Direzione Nazionale, Servizi Vari, Seria II, b. 267. “Lo Stadio Nazionale verso una nuova vita”, s.d., s.l.
74 Id.
75 Livio Toschi, “Sport e urbanistica a Roma durante il fascismo”, Studi Romani, a. xliii, n° 3-4, juillet-décembre 1995, p. 281.
76 Leone Boccali, “Lo stadio della nuova Roma”, art. cit., p. 29. Si les piscines sont aux normes internationales (25 m et 50 m), la piste d'athlétisme est d'une longueur de 404,28 m.
77 Walter Perosino, Il libro Azzurro. Storia, dati, protagonisti, avvenimenti di un secolo di storia della Nazionale italiana di calcio, Ancône, Kelles, 1998, p. 140.
78 Leone Boccali, “Lo stadio della nuova Roma”, art. cit., p. 29.
79 Asc-Bo, Carteggio Amministrativo, 1930, Tit. X, Rub. 3, Sez. 1-7, Corda n° 1441. Lettre du podestà de Turin au podestà de Bologne, 31.01.1930.
80 Federica Montaldi, Roberta Motto, Lo stadio Mussolini a Torino, op. cit., p. 60.
81 Asc-To, Atti Municiali, delibera del Podestà, 04.06.1932, § 43, verb. 23.
82 La presse italienne publie sensiblement les mêmes données et les mêmes commentaires sur le stade voir par exemple “Lo stadio Mussolini nel quale si stanno svolgendo i Littoriali”, Lo sportfascista, a. vi, n° 5, mai 1933, p. 8-10.
83 90 % des places sont debout ; elles sont transformables en partie en places assises, ce qui abaisse la capacité totale de l'équipement. Cf. Angelo Giaccaria, “Campi di gioco e stadi a Torino”, in Ministero per i beni culturali e ambientali-Figc, Azzurri 1990. Storia bibliografica emerografica iconografica della Nazionale Italiana di Calcio e del Calcio a Torino, Rome, La Meridiana Editori, 1990, p. 118.
84 Mario Pennacchia, Il calcio in Italia, op. cit., p. 165.
85 Giuseppe Pagano, “L'urbanistica e il nuovo Stadio di Torino”, Casabella, n° 3, mars 1937, p. 44.
86 Paul Dietschy, « Les matchs du Stadio Mussolini » art. cit., p. 173.
87 Guido Panico, “Il campione e il suo presidente”, in Ministero per i beni culturali e ambientali-Figc (dir.), Azzurri 1990. Storia della Nazionale Italiana di Calcio e del Calcio a Napoli, Rome, La Meridiana Editori, 1990, p. 338.
88 Acs, Pnf, Dir. Naz., Servizi Vari, Seria ii, b. 265. Rapport non signé sur les stades de Naples, 31.05.1933. Les archives communales de Naples déclarent ne rien posséder sur l'équipement.
89 “Alla vigilia del Campionato del Mondo di calcio”, Il Mattino, 22.05.1934.
90 “Il nuovo grandioso Stadio napoletano”, Tutti gli Sports, a. 11, n° 22, 27.05.03.06.1934, p. 9.
91 “Alla vigilia del Campionato del Mondo di calcio”, Il Mattino, 22.05.1934.
92 Alberta Zuffanelli, “I luoghi dello sport”, in Piero Forosetti (dir.), Lo sport a Firenze. Fatti e personaggi di ieri e di oggi, Florence, Alinari, 1985, p. 105.
93 Ibid.
94 Asc-Fi, BA 118. Lettre de la commune de Florence, l'ingénieur [E. Pelleschi] (directeur), au podestà de Florence, 27.06.1931.
95 Cf. Carlo Battiloro, “La vicenda architettonica”, in Andrea Galluzzo, Carlo Battiloro, Francesco Varrasi (dir.), La grande vicenda dello stadio di Firenze, op. cit., p. 36.
96 Asc-Fi, BA 118. Commune de Florence, l'ingénieur E. Pelleschi (directeur) et l'ingénieur F. De Reggi (chef de service), au podestà de Florence, 08.06.1932.
97 R. Del Nord (et al.), Stadio Comunale di Firenze. Tribune scoperte e scale elicoidali, Université de Florence, Faculté d'architecture, Corso integrato di Tecnologia dell'Architettura, a.a. 1996/97 Corso A, p. 17.
98 Asc-Fi, BA 118. Commune de Florence, l'ingénieur E. Pelleschi (directeur) et l'ingénieur F. De Reggi (chef de service), au podestà de Florence, 08.06.1932.
99 Asc-Fi, BA 118. Commune de Florence, Bureau Stade Giovanni Berta, délibérations 13 juin-19 juillet 1932, Ingg. Nervi e Bartoli, Capitolato d'Appalto, 04.08.1932.
100 Le stade Giovanni Berta illustre de nombreuses revues et les éditeurs demandent fréquemment des photographies de l'équipement. C'est le cas de l'Illustrazione Italiana, qui veut le présenter au grand public en 1933. Cf. Asc-Fi, BA 119. Lettre de Gian Capo, directeur de L'Illustrazione Italiana, au podestà de Florence, 05.10.1933. Il s'agit d'un numéro dédié au 28 octobre, l'anniversaire de la Marche sur Rome.
101 Asc-Fi, BA 119. Lettre de Bonacossa, de La Gazzetta dello Sport, au chef du Bureau technique de la commune de Florence, 04.03.1936.
102 Asc-Fi, BA 117. Lettre de Werner Krueger (Hambourg) à la commune de Florence, 11.02.1934.
103 Asc-Fi, BA 119. Lettre de l'Union des architectes soviétiques (section de Léningrad) à Pier Luigi Nervi, 14.04.1936.
104 Georges Vigarello, « Les premières coupes du monde ou l'installation du sport moderne », Vingtième siècle, n° 26, avril-juin 1990, p. 8.
105 “Otto stadi italiani segno della volontà di lavoro e di potenza della Patria Fascista saranno teatro domani degli ottavi di finale del più grande torneo del mondo”, La Gazzetta dello Sport, 26-27.05.1934.
106 “L'olimpiade nazionale di Bologna. La preparazione per Berlino”, Il Resto del Carlino, 19.04.1933. p. 4.
107 Lando Ferreti, Lo sport, Rome, L'Arnia, 1949, in Lucio Rigo, “Storia della normativa del CONI dalle sue origini alla legge istitutiva del 1942 (1° parte)”, art. cit., p. 582.
108 Sandra Facchini, I luoghi dello sport nella Roma antica e moderna, Rome, Istituto Poligrafico dello Stato, Libreria dello Stato, 1990, p. 136.
109 Archivio CONI. Procès-verbal de la session extraordinaire du Conseil du CONI du 4 octobre 1933, p. 29.
110 Id., p. 35.
111 Archivio CONI. Procès-verbal de la session ordinaire du Conseil du CONI du 20 décembre 1933, p. 18. Rapport de la session de travail du 4 octobre 1933 lu par Vaccaro.
112 Asd, Carte del Gabinetto del ministro e della segreteria generale dal 1923 al 1943, b. 5 (Gab. 489). Lettre du ministère des Affaires étrangères au CONI, 01.05.1934 ; Id. Note du 02.03.1934 jointe à la lettre de l'Ambassade d'Italie à Paris, au ministère des Affaires étrangères, 02.03.1934.
113 Archivio CONI. Procès-verbal de la session ordinaire du Conseil du CONI du 29 septembre 1934, p. 37. Intervention de Riccardi, président de la Fédération italienne de boxe.
114 Archivio CONI. Procès-verbal de la session ordinaire du Conseil du CONI du 23 février 1939, p. 4.
115 Livio Toschi, “Lo sport a Roma. Da Porta Pia alla candidatura per le olimpiadi del 1908”, Studi Romani. Rivista trimestriale dell'Istituto Nazionale di Studi Romani, a. xxxvi, n° 3-4, juillet-décembre 1988, p. 317 et 319.
116 Acs, Pcm, 1928-1930, b. 3/2-5, f. 2409. Lettre de Ferretti à Suardo, 10.11.1926 et lettre de Suardo au chef du gouvernement, 11.11.1926.
117 BArch, R 8077/46/170/503, Bl. 171. Lettre de Montù, membre du CIO pour l'Italie, à Lewald, 17.04.1931.
118 Ah-CIO, Procès-verbal de la 29e session du CIO, Barcelone, 26.04.1931.
119 “Le Olimpiadi del 1940 toccano all'Italia. Alberto Bonacossa chiarisce il nostro diritto”, Corriere della Sera, 23.11.1932. Le même texte paraît sous le titre : “Problemi olimpici. Un'intervista di Alberto Bonacossa con il “Corriere della Sera””, La Gazzetta dello Sport, 24.11.1932.
120 Archivio Coni. Procès-verbal de la session ordinaire du Conseil du CONI du 20 décembre 1933, p. 34.
121 Ah-Cio, 33e session Athènes 1934, Correspondance : 1931-1934. Lettre du Membre du CIO délégué pour la Grèce, Bolan[aki], aux membres du CIO, 21.02.1934.
122 Archivio CONI. Procès-verbal de la session extraordinaire du Conseil du CONI du 4 octobre 1933, p. 5.
123 CONI, Roma olimpiaca, 1935. La majeure partie de la brochure est dédiée aux équipements sportifs.
124 Archivio CONI. Procès-verbal de la session du CONI du 29 septembre 1934, p. 48.
125 Id.
126 Archivio CONI. Procès-verbal de la session ordinaire du Conseil du CONI du 7 novembre 1935, p. 7. La brochure a eu un impact de propagande efficace. Cf. aussi : Lando Ferretti, "Roma olimpiaca", Lo sport fascista, a. viii, n° 2, février 1935.
127 « Rome, si elle obtenait les Jeux de 1944, se désisterait en faveur de Tokyo pour ceux de 1940 ! » Ah-Cio, Administration CIO/A.G. Berdez/Correspondance Berdez/Blonay 1934-1937. Commentaire manuscrit d'Albert Berdez, secrétaire du CIO, au vice-président du CIO, Godefroy de Blonay, 11.02.1935.
128 Livio Toschi, “Sport e urbanistica a Roma durante il fascismo”, art. cit., p. 288.
129 Livio Toschi, “I giochi negati. Roma e le Olimpiadi del 1940 e del 1944”, Lancillotto e Nausica, a. xiv, n° 1, 1997, p. 75.
130 Giorgio Ciucci, Gli architetti e il fascismo, op. cit., p. 178-179.
131 Archivio CONI. Procès-verbal de la session ordinaire du Conseil du CONI du 28 novembre 1936, p. 33.
132 Id., p. 43.
133 Archivio CONI. Procès-verbal de la session ordinaire du Conseil du CONI du 23 février 1939, p. 9-10.
134 Ah-CIO, Jo/Été 1944 (non célébrés), Correspondance générale. Lettre du Gouverneur de Rome à Baillet-Latour, 27.03.1939.
135 CONI-Enit, Roma olimpiaca, mai 1939. La brochure fait l'objet d'une recension dans Lo sportfascista, a. xi, n° 6, giugno 1939, p. 10-12.
136 Ah-CIO, JO/Été 1944 (non célébrés), Correspondance générale. Lettre de Vaccaro, secrétaire du CONI accompagnant la brochure, 24.05.1939. Le destinataire n'est pas indiqué il peut s'agir d'un envoi effectué à tous les membres du CIO.
137 Ah-CIO, Jo/Été 1944 (non célébrés), Correspondance générale. Lettre de Baillet-Latour au Gouverneur de Rome, 10.06.1939.
138 Livio Toschi, “I giochi negati. Roma e le Olimpiadi del 1940 e del 1944”, art. cit., p. 80.
139 Acs, Pnf, Servizi Vari, Seria ii, b. 1514, f. CONI 2. Rapport du président de la CIS, “Origini, scopi ed attività della Commissione Impianti Sportivi del CONI”, 12.01.1941, p. 7.
140 GRBl. i, p. 1058.
141 BArch, R 36/2048. Note pour l'agence de presse allemande, 19.12.1933.
142 BArch, R 36/2048. „Richtlinien für die Vergebung der staatlichen Sportstätten“. Ces directives remplacent celles du 15 mars 1931.
143 Les Deutsche Kampfspiele étaient une sorte d'équivalent des Jeux olympiques réservé à tous les Allemands, « où qu'ils habitent sur terre ». Ils avaient été institués en 1922, à l'initiative de Carl Diem, pour compenser, précisément, la non-participation de l'Allemagne aux Jeux olympiques de 1920 et de 1924. Articulant le sport et l'art, sous l'égide de la tradition festive allemande, ils se présentaient comme une véritable « fête nationale ».
144 Voir la bibliographie spécifique en fin d'ouvrage.
145 BArch, R 36/2080. Lettre de Lewald et Sahm à Dr. Mulert, président du Deutscher Städtetag, 10.01.1933, p. 2.
146 Citons notamment Carl Diem, Der olympische Gedanke, Leipzig, Grethlein, 1919 ; id., Die Deutsche Hochschulefür Leibesübungen, Berlin, Weidmann, 1924 id., Das Deutsche Sportforum, Denkschrift zur Feier der Grundsteinlegung, 18. Oktober 1925, s.l., DRA, 1925.
147 BArch, R 8077/46/173/612, Bl. 75. Lettre de [Lewald] à Lammers, 31.01.1933.
148 BArch, R 8077/46/173/612, Bl. 73. Carl Diem, „Aktennotitz. Besprechung. Oberregierungsrat Dr. Becker im Reichsministerium des Innern am 14. II. [Feb.] 1933“.
149 BArch, R 8077/46/173/612, Bl. 72. Lettre du secrétaire d'État [Lewald] à Lammers, 06.03.1933.
150 BArch, R 43 ii/729, Bl. 14. Lammers au Service de presse, 16.03.1933.
151 BArch, R 43 ii/729, Bl. 16-17. Lettre de Lewald à Lammers, 16.03.1933, p. 2-3.
152 Les affaires sportives sur la scène internationale sont transmises du ministère des Affaires étrangères au ministère de la Propagande en juillet 1933 (Cf. Reichsgesetzblatt, Teil 1, n° 75-I, 05.07.1933, § 1). De plus, ce ministère possède sous sa tutelle la Reichskulturkammer. Tout ce qui touche à la Kultur est contrôlé par ce ministère et le président de la Chambre de la culture du Reich (Goebbels) est d'ailleurs le ministre de la Propagande (Reichsgesetzblatt, Teil I, n° 123, § 11, 03.11.1933).
153 BArch, R 43 ii/729, Bl. 24. Lettre de Frick au ministre des Finances, 28.03.1933, p. 1.
154 Id., p. 4-5.
155 Ah-CIO, Jo/Été 1936, Correspondance, Lettres importantes : 1932-1935. Lettre de Lewald aux membres du CIO, 01.04.1933.
156 Lewald se retirera du CIO en 1937, sous la pression des nationaux-socialistes, et Karl Ritter von Halt prendra sa succession au sein de la Commission Exécutive du CIO.
157 Ah-CIO, Jo/Été 1936, Lettres importantes : 1932-1936. Lettre de Baillet-Latour à Lewald, von Mecklenburg-Schwerin et von Halt, 03.05.1933.
158 BArch Berlin, R 8077/46/173/612, Bl. 365. Lettre de Lewald au ministre des Affaires étrangères, Dr. Freiherr von Neurath, 06.05.1933.
159 BArch, R 43 ii/729, Bl. 64-65. Lettre de Lewald à Lammers, 06.05.1933.
160 Diem-Archiv, Nachlass Diem, Mappe 28. Lettre de Diem à Dr. Georg Struve, ambassade allemande à Washington D.C., 28.06.1933.
161 Ah-CIO, 32e session Vienne 1933, rapport : 1933-1933, « L'état de l'organisation des Jeux de la xie Olympiade, Berlin 1936 p. 15.
162 Ah-CIO, Jo/Été 1936, Correspondance : 1932-1936. Lettre de Baillet-Latour à un ami [Pierre de Coubertin ?], 04.07.1933.
163 Organisationskomitee für die xi. Olympiade Berlin 1936 e.V. (éd.), xi. Olympiade Berlin 1936. Amtlicher Bericht, Bd. i, Berlin, Limpert, 1937, p. 56.
164 Diem-Archiv, Nachlass Diem, Mappe 29. Von Tschammer und Osten, „Protokoll über die gemeinsame Sitzung der Baubeauftragten und Fachamtsleiter des Reichs-sportführers am 14.12.1934“, p. 8.
165 Pour les dirigeants politiques nationaux, il faut cacher au monde les nombreuses actions de mise à l'écart des sportifs juifs. Cf. par exemple la circulaire de von Tschammer und Osten du 17.07.1934 (Ah-CIO, Jo/Été 1936, Correspondance, Lettres importantes : 1932-1935).
166 BArch, R 43 ii/729, Bl. 213. Lettre de von Halt à Pfundtner, 14.04.1935, p. 4.
167 BArch, R 43 ii/729, Bl. 210. Lettre de Frick à Lammers, 22.05.1935, p. 1.
168 Id., p. 3.
169 Ah-CIO, Jo/Eté 1936, Correspondance : 1932-1936, notice n° Lettre de Ernest Lee Jahncke à Baillet-Latour, 25.11.1935.
170 BArch R 43 ii/729, Bl. 50-51. Lettre de Lewald à Lammers, 29.03.1933.
171 Organisationskomitee für die xi. Olympiade Berlin 1936 e.V. (éd.), xi. Olympiade Berlin 1936. Amtlicher Bericht, Bd. I, op. cit., p. 58.
172 BArch, R 8077/46/169/437, Bl. 68. „Bericht über die Besprechung bei Herrn Reichsminister Dr. Goebbels am 15.1.34“. Voir aussi Gerhard Krause, Erich Mindt, Olympia 1936. Eine nationale Aufgabe, Berlin, Reichssportverlag, 1935, p. 73.
173 BArch, R 36/2080. Deutscher Gemeindetag, Abteilung iii. Vermerk, 16.04.1934.
174 Cf. Diem-Archiv, Nachlass Diem, Mappe 29. Arno Breitmeyer, adjoint (Stellvertreter) du Reichssportführer von Tschammer und Osten, „Protokoll über die gemeinsame Sitzung der Baubeauftragten und Fachamtsleiter des Reichssportführers am 14.12.1934“, p. 14.
175 Arnd Krüger, Die Olympischen Spielen 1936 und die Weltmeinung, Berlin, Bartels & Wernitz, 1972, p. 11.
176 Rd.Erl.d.RuPrMdJ.zgl.i.N.d. RMfVuP v. 7.5.1935-IV 7575/4150 b, §4 (Cet arrêté se trouve dans les archives du Deutscher Gemeindetag BArch, R 36/2075).
177 Voir les archives du ministère de la Propagande : BArch, R 55/843.
178 BArch, R 36/2077. Lettre de Pay Carstensen (Amt für Sportwerbung), aux Landräte, 01.06.1935, p. 2.
179 [Gerhardt] Krause-Organisationskomitee für die xi. Olympiade Berlin 1936 e.V. Pressestelle, „Die Pressearbeit für die Olympischen Spiele Berlin 1936“, (in Ah-CIO, JO/Été 1936, Presse : 1933-1937).
180 Ah-CIO, JO/Été 1936, Correspondance, Lettres importantes : 1932-1935. „Richtlinien Nr. 1 für die olympische Sportwerbung“, fin octobre 1934.
181 Françoise Hache, La Place du sport dans le système national-socialiste, Thèse de doctorat, Université de Paris viii, 1988, t. I, p. 154.
182 Ibid.
183 Ah-CIO, JO/Été 1936, Correspondance : 1932-1936. Lettre de quatre habitants de Bâle à Baillet-Latour, 15.01.1936.
184 Hans Pfundtner, „Die Gesamtleitung der Errichtung des Reichssportfeldes“, in Reichsministerium des Innern (éd.), Das Reichssportfeld. Eine Schöpfung des Dritten Reichesfür die Olympischen Spiele und die deutschen Leibesübungen, Berlin, Reichssportverlag, 1936, p. 22.
185 Bruno Roghi, “Io chiamo la giovinezza del mondo”, Annuario della Gazzetta dello Sport, 1937, p. 39.
186 Ibid., p. 35.
187 BArch, R 43 ii/730, Bl. 141. Lettre de Baillet-Latour aux membres du CIO, 02.03.1936, p. 1.
188 Ah-CIO, Administration CIO/A.G. Berdez/Correspondance Berdez/Blonay 1930-1932. Lettre de Berdez à Blonay, 20.09.1933.
189 Ah-CIO, Jo/Été 1936, Correspondance, Lettres importantes : 1932-1935. Lettre de Hitler à Baillet-Latour, 16.02.1936.
190 Ah-CIO, 36e session Berlin 1936, Correspondance : 1935-1936. Lettre de Hitler à Baillet-Latour, 16.08.1936.
191 Ah-CIO, 36e session Berlin 1936, Correspondance : 1935-1936. Lettre de Baillet-Latour à Hitler, 17.08.1936.
192 BArch, R 43 ii/939b, Bl. 25. Lettre de von Tschammer und Osten au ministre du Reich pour la Science, l'Éducation et l'Instruction populaire, Dr. h.c. Rust, 27.06.1939, p. 1.
193 BArch, R 36/2077. DRA. Deutscher Olympischer Ausschuss, “Denkschrift über die Vorbereitung der xi. Olympischen Spiele zu Berlin”, 4 pages, s.d.
194 „Wir wünschen zu Weihnachten ein neues Olympia-Stadion und Olympiakämpfer aus eigenem Antrieb“, Illustriertes Sportblatt. Sport-Spiegel des Berliner Tageblatts, 25.12.1932 (in BArch, R 36/2077).“Olympia-Stadion. Projekt für einen 100 000 Zuschauer fassenden Neubau am Schlachtensee”, BZ am Mittag, 09.01.1933 (in BArch, R 36/2077).
195 L'architecte Heinrich Kosina écrit ainsi au Deutscher Städtetag pour faire part de sa proposition d'un nouveau grand stade (Cf. BArch, R 36/2077. Lettre de l'architecte Heinrich Kosina au Deutscher Städtetag, 16.01.1933).
196 „Olympia-Stadion Berlin 1936“, Olympia-Pressedienst, n° 1, 17.02.1933, p. 2-3 (in Ah-CIO, Jo/Été 1936, 1931-1934).
197 BArch, R 43 ii/729, Bl. 16. Lettre de Lewald, à Lammers, 16.03.1933, p. 2.
198 BArch, R 43 ii/729, Bl. 25. Lettre de Frick au ministre des Finances, 28.03.1933, p. 2.
199 Id.
200 Id., p. 5.
201 Le Deutsches Reichsausschussfür Leibesübung (Dra) qui s'était auparavant engagé à prendre en charge l'aménagement de la zone sportive de Grunewald, évaluée à 4 millions de Marks pour d'extension du stade et de 1,4 millions pour le Sportforum, est dissout après l'arrivée au pouvoir de Hitler et l'entreprise de réaménagement passe sous le contrôle du Reich. Cf. Hans Pfundtner, „Die Gesamtleitung der Errichtung des Reichssportfeldes“, art. cit., p. 12.
202 Richard Sponholz, „Der Bau des Reichssportfeldes in Berlin“, art. cit., p. 731.
203 Hans Pfundtner, „Die Gesamtleitung der Errichtung des Reichssportfeldes“, art. cit., p. 14.
204 BArch, R 1501/5608, Bl. 143. Lettre de Reichele au secrétaire d'État [Pfundtner], 15.09.1933.
205 „Die Vorbereitung der Spiele“, Organisationskomitee für die xi. Olympiade Berlin 1936 e.V. (éd.), xi. Olympiade Berlin 1936. Amtlicher Bericht, Band i, op. cit., p. 54.
206 L'association propriétaire de obtient des compensations pour permettre l'activité hippique ailleurs à Berlin.
207 BArch, R 1501/5608. Lewald à Pfundtner, 05.10.1933.
208 Bundesarchiv Koblenz, ZSg. 116/51, fol. 1. Deutsches Nachrichtenbüro, Sportdienst des WTB, 05.10.1933, Bl. 3.
209 La nouvelle apparaît dans le Berliner Tageblatt et la Vossische Zeitung du 17 octobre 1933, cités in Volker Kluge, Olympiastadion Berlin, op. cit., p. 66. L'édition du 17 octobre de la Vossische Zeitung est aussi citée in Thomas Schmidt, Werner March. Architekt des Olympia-Stadions. 1894-1976, Bâle-Berlin-Boston, Birkhäuser, 1992, p. 30.
210 Hans Pfundtner, „Die Gesamtleitung der Errichtung des Reichssportfeldes“, art. cit., p. 17.
211 Organisationskomitee für die xi. Olympiade Berlin 1936 e.V. (éd.), xi. Olympiade Berlin 1936. Amtlicher Bericht, Bd. i, op. cit., p. 377.
212 Volker Kluge, Olympiastadion Berlin, op. cit., p. 69.
213 Richard Sponholz, „Der Bau des Reichssportfeldes in Berlin“, art. cit., p. 731.
214 Ibid.
215 BArch, R 43 ii/729, Bl. 219. Lettre de Frick aux ministres du Reich, au président des ministres de Prusse, au ministre des Finances, 18.07.1935, p. 2.
216 BArch, R 1501/5615. „Das Olympia-Stadion für 1936“.
217 Hajo Bernett, „Der deutsche Sport im Jahre 1933“, art. cit., p. 270.
218 Après les Jeux de 1936, le Reichssportfeld est visité et est utilisé pour des congrès (BArch, R 43 ii/731. Lettre de Pfundtner aux hautes instances du Reich, 26.06.1937).
219 Voir par exemple les photographies de ces cartes postales dans : Dieter Germann, „Die deutsche Reichspost und die Olympischen Spielen 1936 in Deutschland“, Archiv für Postgeschichte, H. 1, 1986.
220 Diem-Archiv, Nachlass Diem, Mappe 564. O.S. 1936 Berlin, Materialien IV. Carl Diem [ ?], „Vortrag Reichssender Leipzig 18.01.1935. Die Olympische Kampfstätte 1935“, 18.01.1935.
221 Frederick W. Rubien, « Une opinion américaine sur la préparation des Jeux olympiques », Correspondance Olympique, publiée par le Comité Organisateur de la xie Olympiade, Berlin 1936, 28.08.1935, p. 1. Parmi les très nombreuses présentations des infrastructures berlinoises en Italie, voir par exemple Almanaco Illustrato della Gazzetta dello Sport, 1936, “Olimpiadi a Berlino e a Garmisch-Partenkirchen” (p. 12 “Gli impianti di Berlino”).
222 BArch, R 5101/5613 (Rep. 320, Nr. 613), Bl 39 & 41. Pfundtner, „Das Reichssportfeld im Dienst des Olympischen Gedankens“, p. 2-3.
223 Bundesarchiv Koblenz, ZSg. 116. Pressedienst-Sammlung Deutsches Nachrichtenbüro, Nr. 639, Mappe 2 (15.7.-31.7.1936). „Die Rede des Reichssportführers“, DNB-Sportdienst, Deutsches Nachrichtenbüro, Zentrale Berlin, Hauptstelle München Munich, 15.07.1936, Bl. 4-6.
224 Gunter Gebauer, „Zwischen Besitz und Gemeinschaft. Individualismus und Holismus im Sport“, in Gunter Gebauer (dir.), Körper- und Einbildungskraft. Inszenierungen des Helden im Sport, Berlin, Dietrich Reimer, 1988, p. 196.
225 Gerdy Troost (dir.), Das Bauen im neuen Reich, Gauverlag bayrische Ostmarkt, 1941 [1938], p. 10.
226 Cité in Ibid., p. 10.
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