L’administration de l’Afrique occidentale française et les libertés démocratiques (1944-1946)
p. 467-479
Texte intégral
1La décolonisation ayant eu lieu, les historiens démontrent qu’elle était inéluctable. De fait, les empires coloniaux se sont écroulés en quelques années et de façon assez semblable. Le processus apparaît si clair dans sa nécessité et si parfaitement conforme à la morale internationale qu’on ne comprend plus qu’il ait pu rencontrer des doutes ou des oppositions. Sur le moment, cependant, les gouvernants eurent l’illusion de pouvoir diriger les événements. Aussi est-il fascinant de suivre en un lieu donné (l’Afrique occidentale française) l’attitude des hommes confrontés à une évolution proprement vertigineuse.
2L’Afrique occidentale française a eu pour gouverneur général de juillet 1943 à avril 1946, Pierre Cournarie (1895-1968). La carrière administrative de celui-ci s’était déroulée au Cameroun où il était, en 1940, administrateur en chef à Maroua1. Il fut parmi les premiers à se rallier au général de Gaulle. Peu après la formation du C.F.L.N. à Alger (3 juin 1943), Cournarie fut nommé pour remplacer Pierre Boisson, le gouverneur général de l’affaire de Dakar, en septembre 1940, et du ralliement de l’Afrique occidentale française à Darlan en novembre 1942.
3Boisson avait été un proconsul usant largement des pouvoirs conférés par un gouvernement autoritaire. Cournarie fut tenu étroitement en lisières. C’était nouveau. Traditionnellement les gouverneurs généraux, et avant eux, les gouverneurs du Sénégal et Dépendances avaient été dotés de larges pouvoirs qui leur permettaient, assistés de leurs principaux collaborateurs et de quelques notables réunis en conseil2, de légiférer pratiquement pour la colonie. Cette tradition s’était établie au temps des lenteurs et des incertitudes de la marine à voiles. En août 1936, alors qu’on commençait à utiliser l’avion et qu’on connaissait depuis longtemps le télégraphe, Marius Moutet, ministre d’un gouvernement qui avait l’ambition d’inaugurer une nouvelle politique coloniale, écrivait au gouverneur général de l’Afrique occidentale française : « Ces questions [les soldes du personnel indigène] relevant de votre initiative et non de celle du pouvoir central, je ne puis que vous recommander... »3.
4Après 1943, il n’y eut plus de domaine propre à l’administration locale. La plus infime décision requérait l’autorisation préalable du ministre, lui-même très timide devant les autres membres du gouvernement. Moutet, revenu rue Oudinot depuis le 26 janvier 1946, priait le successeur de Cournarie, à propos du prix du karité, de ne pas mettre son ministre devant un fait accompli : « Nous devons amener le ministre de l’Economie nationale à une meilleure compréhension de nos difficultés, mais nous devons comprendre les siennes... »4. Ce refus de délégation de pouvoirs avait l’inconvénient d’encombrer les transmissions et de retarder les décisions. Dans les deux sens abondent les rappels de lettres et de télégrammes demeurés sans réponse, quelquefois depuis plusieurs mois5. Des désaveux inattendus mettaient le gouverneur général en position délicate. Ainsi, le Conseil colonial du Sénégal, rétabli en ses droits par l’ordonnance du 14 mars 1943 sur les assemblées élues, avait voté en novembre 1944 un prélèvement sur les bénéfices exceptionnels de guerre. Cournarie, qui pour une fois s’était montré insistant, ne put obtenir de ne pas rapporter l’arrêté par lequel il avait, selon la coutume, approuvé en Conseil de gouvernement cette délibération du Conseil colonial6.
5Le gouverneur général était devenu un simple relais. Ses subordonnés, gouverneurs de colonie et administrateurs de cercle, avaient vu les vagues de l’épuration contre le vichysme s’étendre. Le gouvernement de quatre des sept colonies du groupe avait changé de titulaire entre août 1943 et février 1944. La Chambre civique de l’A.O.F., qui commença à siéger le 14 mai 1945, reçut les dossiers de 200 fonctionnaires, les uns déjà révoqués, les autres encore en service7. L’atmosphère du temps garantissait que ceux qui demeuraient en place n’élèveraient pas d’objection contre la politique qu’on leur ordonnerait d’appliquer8. Ce qui gênait alors le plus l’administration coloniale, c’était l’insuffisance numérique du personnel de commandement, thème d’inépuisables lamentations dans les rapports de 1944 et 1945. Les administrateurs les plus jeunes avaient été mobilisés au début de 1943 et la relève ne se faisait pas. Dans beaucoup de cercles, l’administrateur était seul là où avant la guerre, il avait plusieurs subordonnés. Reclus en sa résidence, il n’avait plus le temps de faire les tournées, de tenir les palabres, qui constituaient auparavant une part importante de la politique indigène.
6En 1943-1944, le pouvoir de décision était à Alger. Mais il était difficile au C.F.L.N. d’avoir une politique coloniale originale et ferme dans le maelström des événements. Ses intentions au jour le jour peuvent être saisies dans les longs télégrammes que son service d’information envoyait chaque semaine au gouverneur général de l’Afrique occidentale française pour lui donner connaissance des nouvelles du monde et lui indiquer le jour sous lequel il convenait de les présenter à ses administrés.
7En 1944, quand la crise intérieure fut enfin résolue, le C.F.L.N. affirma sa volonté de maintenir la souveraineté de la France sur son Empire, de faire reconnaître « l’unité de l’Empire libéré »9. Les difficultés étaient énormes. Le gouvernement du général de Gaulle dut attendre jusqu’au mois d’octobre la reconnaissance internationale qui avait été espérée au début de 194410. Les intentions des Américains étaient menaçantes pour les empires coloniaux. On estimait au département d’Etat que les principes de la Charte de l’Atlantique ne concernaient pas les seuls peuples européens à libérer de la domination nazie. Diverses commissions préparaient, pour l’après-guerre, des projets d’émancipation qui eurent la faveur du président Roosevelt jusqu’à la veille de sa mort, en avril 1945. Ces projets, dont le Pr Roger-Louis a fait l’histoire minutieuse11, étaient connus du gouvernement français. Sous la forme d’une revue de presse étrangère – procédé qui permettait de faire connaître des nouvelles sans prendre la responsabilité de l’information – la très officielle Quinzaine résuma sans commentaires, en son n° 11 d’août 1944, un article d’un journal américain opposant la volonté du général de Gaulle de conserver l’Empire français et le désir du président Roosevelt d’nternationaliser certaines colonies françaises, en particulier, outre la Martinique, la Guyane et Saint-Pierre et Miquelon, Dakar et « même l’Indochine »12.
8Une parade pouvait consister à essayer de persuader l’opinion internationale que les métropoles étaient les tuteurs les plus qualifiés et les meilleurs garants du progrès des populations coloniales. Les directives du Service d’information du 4 janvier 1944 préconisaient d’insister sur « la volonté [du C.F.L.N.] de faire aboutir rapidement des réformes substantielles », et sur la prochaine discussion par l’Assemblée consultative des problèmes coloniaux qui « trouve[aient] leur solution à la Conférence de Brazzaville » prévue pour le 28 janvier13. En attendant, le rétablissement de la légalité républicaine en Afrique occidentale française devrait suffire à satisfaire automatiquement une partie des revendications des Africains, affirmait Pleven, après avoir reçu à Alger deux Sénégalais : MM. Lamine Guèye et Thierno Amath M’Bengue. Pour commencer, le gouverneur général était invité à entreprendre « une répression vigoureuse et générale des faits de racisme en A.O.F. »14. Condamner le racisme et assimiler racisme et vichysme était facile à dire.
9Il allait se révéler beaucoup plus difficile de définir une nouvelle politique coloniale. P.-O. Lapie, ancien et futur député de Meurthe-et-Moselle, gouverneur du Tchad de novembre 1940 à juillet 1942 et rapporteur de la commission de la France d’outre-mer devant l’Assemblée consultative, eut le 13 janvier 1944 une image qui montra, sans doute involontairement, la contradiction fondamentale de sa proposition de Fédération française. Dans celle-ci, il y aurait d’abord la France qui « tient le gouvernail, surveille le moteur, la France heureuse de voir les mains des autres à côté des siennes, à la barre du navire, je dis bien à côté, pas dessous ». La fédération en question devait s’étendre à tous les territoires de l’Empire, y compris notre « grande, admirable Indochine, qu’à côté de tous nos grands alliés, nos troupes et nos vaisseaux vont bientôt reconquérir »15. Au cours d’un débat ultérieur, un délégué salua l’Indochine, « cette Alsace-Lorraine d’outremer »16.
10Le style fut plus concis, les propositions plus concrètes à Brazzaville, mais les recommandations adoptées n’en laissèrent pas moins apparaître beaucoup de contradictions17. La plus évidente résidait entre le principe écartant d’entrée de jeu « la constitution éventuelle, même lointaine de self-governments dans les colonies » et les conséquences prévisibles des réformes politiques annoncées. Il est vrai que la France était alors, selon le général de Gaulle, « en mesure d’octroyer ce que nul n’os[ait] encore lui arracher »18. Non moins contradictoires, en tout cas dans l’immédiat, le souci d’améliorer le bien-être des indigènes et la volonté de faire participer l’Empire à l’effort maximum de guerre19.
11Après le retour du gouvernement à Paris, la propagande officielle marqua un grand souci de l’Empire. En juillet 1945, une exposition de dessins d’enfants sur le thème de l’Empire fut inaugurée par Giacobbi et dotée de prix20. En octobre fut organisée au Grand Palais une exposition destinée à « rendre plus vivants pour chaque Français les liens qui l’attachent à l’Empire »21.
12Chanter la gloire de l’Empire et l’indéfectible loyalisme de ses populations, tout en développant la production, voilà les deux volets d’un programme qui ne risquait pas de désorienter les administrations locales.
13Les rapports de 1944 et de 1945 abondent en récits colorés de fêtes où les chefs traditionnels, les autorités musulmanes22, les enfants des écoles et les européens communient dans le culte de « la mère-patrie ». Encore en mars 1946, dans le lointain Niger, Cournarie, inaugurant en grande pompe la foire-exposition de Niamey remercie les chefs présents, parmi lesquels le Djermakoye, chef de la province de Dosso, les sultans de Zinder et d’Agadès pour « le loyalisme et l’attachement qu’ils n’ont jamais cessé de témoigner à la mère-patrie et pour l’aide efficace apportée à l’effort de guerre »23.
14Le plus étonnant fut, peut-être, le zèle mis à cette époque à développer des sentiments de solidarité impériale à l’égard des peuples de notre colonie d’Extrême-Orient. Une association nationale pour l’Indochine française comptait, au début d’octobre 1944, 8 500 adhérents européens et 59 670 indigènes en Afrique occidentale française et on en attendait beaucoup d’autres24. Sans doute, l’un des administrateurs les plus enthousiastes pour cette association crut-il nécessaire d’affirmer que les résultats qui témoignaient, selon lui, « de l’excellent esprit des indigènes » avaient été obtenus « sans aucune pression »25.
15Il est d’autres cas, néanmoins, où la spontanéité ne peut être mise en doute. Le discours assimilationniste coule à flot en 1944-1945. C’est celui d’Ely Manel Fall, délégué du Conseil colonial du Sénégal à l’Assemblée consultative26, celui de Me Lamine Guèye sur radio-France le 10 janvier 194427 et, de nouveau, lorsqu’il reçoit, en tant que maire de Dakar, le ministre de l’Air, Charles Tillon, en août 194528 et Gaston Monnerville, président de la commission de la France d’outre-mer à l’Assemblée consultative, peu avant les élections d’octobre 194529. Aux Conseils de gouvernement de 1944 et de 1945, les délégués indigènes des colonies du groupe rivalisèrent dans l’expression de leur indéfectible attachement à la France30.
16Dans l’atmosphère ainsi décrite, devait se développer l’effort de guerre de l’Afrique occidentale française. La fédération aurait pu lever des tirailleurs, mais elle était complètement dépourvue de personnel d’encadrement. Sa contribution consisterait donc en produits (oléagineux et caoutchouc, en particulier) dont les indigènes avaient abandonné la culture ou la cueillette après la rupture des communications maritimes, pour se consacrer à des cultures vivrières31.
17Au Conseil de gouvernement de décembre 1943, les gouverneurs des colonies du groupe se félicitèrent des résultats acquis. Les administrateurs de Guinée avaient, selon leur chef, réussi cette gageure « non seulement de tenir le pays sans un seul incident, mais de faire partager leur foi dans les destinées de la mère-patrie à ces centaines de milliers d’humbles travailleurs indigènes » qui avaient accepté ce surcroît de travail « courageusement, joyeusement »32. Malgré son zèle, ce gouverneur fut mis à la retraite d’office en février 1944. Son successeur changea de ton, mais évidemment pas de politique : « Le souci exclusif de porter au maximum la production de guerre a[vait] dominé toutes les autres préoccupations », dit-il au Conseil de gouvernement de décembre 194433.
18Il est clair que l’intensification de la production ne pouvait être obtenue que par la contrainte, soit qu’il s’agît d’acheter les produits à bas prix et sans même que le paysan pût se procurer en échange les tissus et les marchandises habituels, soit qu’il fallût déplacer des manœuvres vers les champs arachidiers du Sénégal ou les plantations de Côte-d’Ivoire. L’administration elle-même faisait entretenir les pistes et exécuter divers travaux publics par le moyen des prestations.
19Les effets de la politique d’effort de guerre furent dénoncés au Conseil de gouvernement de décembre 1945. Au Dahomey, selon le délégué indigène, les réquisitions abusives et successives avaient été jusqu’à provoquer une véritable famine34. Pour la Guinée, c’est le délégué européen qui poussa un cri d’alarme : « On a laissé comprendre aux administrateurs qu’ils seraient notés selon leur production et non selon l’état de leur cercle »35.
20A l’effort économique, s’était ajouté un lourd effort financier. Pendant les années de guerre, les administrateurs ne cessèrent d’être sollicités pour collecter, outre les impôts, des souscriptions de toutes sortes, d’abord pour le secours national, puis, après 1942, pour les prisonniers et déportés, pour l’association nationale pour l’Indochine française, pour le milliard de la libération, pour le parrainage des villes martyres, etc. Un appel à de nouveaux dons, en juin 1944, se terminait par l’ordre d’éviter strictement toute pression sur les indigènes36. Finalement, en dons à des œuvres de guerre, souscriptions à des emprunts, participation au budget du C.F.L.N., l’effort financier de l’Afrique occidentale française de 1939 à 1945 s’éleva à 1 508 122 226 F37. Il faudrait y ajouter des sommes inscrites sans raison au budget général ou aux budgets coloniaux, comme la solde de fonctionnaires absents depuis 1942, en mission en France ou ailleurs38.
21Le lyrisme pour l’Empire et l’action concrète en faveur de l’effort de guerre se concilièrent sans problème jusqu’au début de 1945. Au cours de l’année, sous l’effet de l’évolution politique en France39, le maniement des promesses de Brazzaville allait se révéler singulièrement difficile. Les évolués les connaissaient et en attendaient impatiemment un changement de statut40.
22En ce qui concernait la politique sociale, les autorités locales s’attendaient légitimement à recevoir une subvention pour le démarrage du programme de Brazzaville41. Mais l’état des finances en France, en 1945, ne permettait pas de prévoir des subventions aux budgets coloniaux42. En Afrique occidentale française, alors que la fiscalité s’alourdissait, la part relative, dans le total des dépenses, de la santé diminua de 17,58 % en 1944 à 9,72 % en 1946, et celle de l’instruction publique de 10,09 % à 6,76 %43. Au début de 1946, Cournarie se débattit contre le recrutement par le département de nouveau personnel pour l’enseignement44. Il osa affirmer qu’avant de créer une université à Dakar, il était nécessaire de déterminer à quel budget, et certainement pas au sien, en incomberaient les frais45. Même sur ce point, il était difficile de faire entendre raison au ministère46.
23La question du travail était encore plus délicate. Le travail forcé était condamné par l’opinion internationale et haï, sous toutes ses formes, par les Africains. La Conférence de Brazzaville avait proclamé « la supériorité absolue de la liberté du travail ». Pleven ordonna la suppression totale et effective des prestations47 pour le 1er janvier 1945, afin, dit-il, de pouvoir utiliser cette mesure à la conférence du travail qui devait se tenir, sous les auspices du B.I.T. à Philadelphie, en mai 194448. Dans le même esprit, il fit adjoindre à la délégation de l’Afrique occidentale française un « ouvrier indigène », Magatte, non sans s’être assuré au préalable de ses « qualités de sérieux et de discrétion »49.
24Pour rétablir la liberté du travail, la Conférence de Brazzaville avait imparti cinq années au maximum aux autorités coloniales. Au Conseil de gouvernement de décembre 1944, le gouverneur de Côte-d’Ivoire affirma avoir diminué de 10 % le recrutement d’office et avoir prévu une nouvelle réduction de 20 % pour 1945. Pour que ces mesures ne provoquent pas une diminution de la production, il avait organisé un système de volontariat50. A cette date, il semblait encore possible, apparemment, de pourvoir à tout par un simple ajustement verbal.
25Mais l’administrateur n’était déjà plus le maître unique de la parole. P.-O. Lapie, à Alger, avait évoqué le syndicat comme l’un des trois moyens (les deux autres étant l’école laïque et la municipalité) par lesquels la France aiderait les populations coloniales à s’élever vers la démocratie politique51. La recommandation de Brazzaville sur le régime du travail, principalement vouée à la recherche d’une conciliation entre les nécessités de la production et l’humanisation du sort des travailleurs, évoqua abruptement in fine « le développement des associations professionnelles comme un moyen efficace d’améliorer la condition des travailleurs indigènes »52. Un décret du 7 août 1944 autorisa les syndicats professionnels à se constituer librement en Afrique occidentale française sous la condition de déposer leurs statuts, de communiquer leur bilan annuel et de réserver les postes d’administration et de direction à des citoyens ou à des sujets sachant couramment parler, lire et écrire le français53.
26La question d’une « juste consultation politique » et de la représentation des colonies avait été discutée à Brazzaville, sans qu’il en fût sorti des recommandations bien nettes, sauf pour exclure tout projet de réforme qui tendrait seulement à améliorer le système de représentation existant au 1er septembre 1939.
27A la fin d’avril 1944, les directives du commissaire aux colonies pour la presse et les radios locales évoquèrent pour la première fois la promesse d’élections « partout, dès que possible, municipales, puis générales »54. Cet engagement, à la veille du débarquement de Normandie, concernait évidemment la France et, par contrecoup, le Sénégal des quatre communes. Alfred Goux, maire de Dakar, gaulliste interné en Afrique du Nord après l’affaire de septembre 1940, exprimait une opinion sans doute largement partagée, en demandant au gouverneur général, lors de la session du Conseil de gouvernement de décembre 1944 de « prendre des mesures pour qu’on laisse les indigènes de ce pays en dehors de toute agitation politique » et de faire l’impossible « pour soustraire la population sénégalaise à l’exploitation verbeuse des professionnels du désordre »55. Goux qui employait, au service de l’association qu’il présidait « Combat de l’A.O.F. », des agents africains à Saint-Louis et en Casamance56 était peut-être mal placé pour freiner un mouvement qui allait, en juillet 1945, lui faire perdre la mairie de Dakar au profit de Me Lamine Guèye57.
28De toute façon, la question de l’introduction des populations africaines à la vie politique n’était pas du ressort du gouvernement général. Les élections de 1945 furent une étrange improvisation. Privé de toute initiative, sans être pour autant pourvu de directives claires, Cournarie, malgré son immense bonne volonté, ne put, quelquefois, cacher son étonnement.
29Les élections municipales, quoique reposant sur une tradition ancienne, ne furent déjà pas faciles à organiser. Ainsi, Cournarie croyait savoir qu’il n’était pas dans l’intention du gouvernement d’étendre à l’Afrique occidentale française le vote des femmes, mais il souhaitait se faire préciser le sort réservé aux femmes européennes58. La question, posée en novembre 1944 et, de nouveau, le 25 mai 194559 ne reçut de réponse que le 1er juin : les citoyennes françaises seraient électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les citoyens60.
30Pour les élections à l’Assemblée constituante, il n’y avait pas de précédent. Au cours de sa conférence de presse du 24 août 1945, à Washington, de Gaulle, interrogé sur « l’avenir des colonies françaises » répondit très brièvement : « Les Colonies françaises vont être appelées à participer, pour la première fois dans l’Histoire et c’est, je crois, exceptionnel dans le monde, aux élections générales de l’Assemblée constituante française... L’avenir des Colonies françaises est l’Union française, la communauté française, chaque Colonie se développant autant qu’il se peut avec l’aide de la France61 ».
31Quelques jours plus tard, Cournarie assura son ministre de l’adhésion de l’Afrique occidentale française à des déclarations, dont on ne lui avait d’ailleurs pas encore communiqué le texte intégral. Préventivement, il réaffirmait que « toutes les recommandations de la Conférence de Brazzaville [étaient] parfaitement connues et acceptées par tous les fonctionnaires en service en Afrique occidentale française et qu’aucune hésitation ni restriction ne se manifesteraient] dans leur exécution62.
32Cournarie avait reçu, le 10 août, l’ordre d’établir pour le début d’octobre les listes électorales de l’Afrique occidentale française et du Togo, en application d’un décret du 9 août 194563. Or ce texte, long et obscur, n’évoque en aucun de ses articles l’existence de non-citoyens. Cournarie pouvait penser que le gouvernement avait entendu ses arguments contre le collège unique, qui aboutirait à exclure tout métropolitain de la représentation de l’A.O.F.64 et contre le suffrage universel, le droit de vote, selon lui, ne pouvait être exercé que par une fraction de la population sénégalaise et par les éléments les plus évolués des autres colonies. Avant tout, disait-il, il fallait « agir avec prudence pour ne pas bouleverser des organisations sociales traditionnelles, auxquelles il serait impossible pour longtemps de substituer de nouvelles formes d’organisation65 ».
33Le 14 août, on ne savait pas encore à Dakar si les listes électorales devaient « comprendre certaines catégories de sujets français »66. L’ordonnance relative à la représentation des territoires d’outre-mer à l’Assemblée constituante fut promulguée le 22 août 194567. Le texte n’en était pas encore parvenu à Dakar le 29 et Cournarie se permit de remarquer qu’il lui serait difficile « d’organiser les élections sur le plan technique » et de faire « des commentaires valables et indispensables »68.
34La liste des électeurs et électrices à inscrire dans le 2e collège (non-citoyens) ne comprenait pas moins de douze catégories, censées contenir la totalité des élites traditionnelles et nouvelles69. Ils furent 115 422 inscrits dans le 2e collège, pour ce premier scrutin (et 49 028 dans le premier)70. Le premier tour eut lieu à la date prévue, le 21 octobre « dans l’ordre et le calme » comme le télégraphia, le soir même, le gouverneur général, non sans soulagement71.
35Car il y avait eu des troubles à Conakry les 16 et 17 octobre. Des gardes avaient été désarmés, des Européens molestés, des boutiques pillées. Ces incidents avaient eu pour origine des erreurs (ou des fraudes ?) dans la distribution des bulletins de vote. La réaction immédiate de l’armée et de la police, ainsi que l’envoi de renforts de Dakar « en vue du maintien de la sécurité et du prestige français » avaient promptement ramené le calme72.
36Cournarie ne reçut pas à cette occasion les félicitations qu’il attendait pour lui-même et pour ses subordonnés. Il avait en outre profité de l’incident pour demander l’accélération de l’envoi de troupes blanches et l’attribution d’avions de transport73. Le ministre réagit avec nervosité. Il mit en doute la gravité des faits et désapprouva la précipitation de Cournarie. Des mesures militaires auraient un effet désastreux au point de vue international et ne constitueraient sur place qu’un « remède d’urgence ». C’était des « mesures politiques et autres » qu’il appartenait au gouverneur général de proposer74. En attendant, Giacobbi ordonnait de requérir « contre les auteurs de la fraude électorale... avec toute la sévérité voulue quels que soient leurs statuts et leurs qualités », mais contre les émeutiers, il conseillait de « ne pas exagérer les poursuites »75. Il fallait éviter de « faire apparaître aux yeux de l’opinion indigène, non seulement en Guinée et en Afrique occidentale française, mais dans tout l’Empire un souci répressif qui contredirait les intérêts immédiats et absolus de notre politique76 ».
37Octobre 1945 marque un tournant. Jusque-là l’administration locale avait eu lieu de croire qu’il y avait une vaste marge entre le discours et l’action. Au discours officiel, il convenait de faire écho, mais pour l’action, le premier devoir de l’administrateur avait toujours été de maintenir le calme dans sa circonscription et, si jamais l’ordre était troublé, de le rétablir le plus rapidement possible et aux moindres frais. C’était tellement évident que Cournarie, si timide en son gouvernement général, ne songea pas à demander d’instructions avant d’intervenir à Conakry. Il est vrai que le 22 juin, son ministre, tout en lui conseillant d’être « souple » au Togo, avait, comme incidemment remarqué : « En Afrique, nous sommes les plus forts, et nous devons passer pour tels77 ».
38Ainsi, il y a eu, avant même la réunion de la 1re Assemblée constituante qui allait tellement accentuer le mouvement, et avant la démission du général de Gaulle (20 janvier 1946) un infléchissement de la politique.
39Le 20 octobre 1945, Giacobbi, qui resta à la tête du ministère des Colonies du 15 novembre 1944 au 20 novembre 1945, entrepit d’expliquer au gouverneur général que la politique définie à Brazzaville n’était pas (ou n’était plus ?) essentiellement destinée à la propagande extérieure. Cournarie répercuta le texte, sous la forme d’une circulaire secrète, le 3 janvier 1946, à ses subordonnés (chefs de service, commandants de cercle, etc.). Le ministre affirmait que l’avenir des colonies s’annonçait difficile et que l’élément le plus inquiétant ne paraissait pas être l’impérialisme américain ou anglais. Après des considérations générales sur la fin du colonialisme et sur l’Union française, Giacobbi insistait pour que « les élites [soient] initiées à la pratique progressive de la responsabilité des affaires de leur propre pays par l’accession à tous les postes et emplois locaux ». Il voulait persuader les cadres administratifs qu’il « n’y a[vait] pas d’autre solution sauf la force qui [était] exclue »78. Ce texte préconise, en somme, une passation de pouvoir à l’élite occidentalisée. On pourrait y voir la première directive en faveur de la décolonisation.
40Mais il ne s’agissait pas d’une politique proclamée. On disait, non sans ambiguïté, et on en trouve des traces dans le préambule de la Constitution de 1946, que la politique libérale et humanitaire avait pour but et aurait pour résultat de resserrer les liens entre la métropole et les territoires d’outre-mer. Dans une note confidentielle du 20 juin 1945, le Directeur des Affaires politiques au ministère des Colonies avait affirmé que face au nationalisme montant « nous n’avions pas d’autre moyen de conserver l’Empire que d’entreprendre une grande opération du cœur ou de la raison. Moyennant plusieurs renoncements de notre part, nous pourr[ions] consacrer, en les renouvelant, les liens unissant les territoires d’outre-mer à la France. Faute de puissance réelle, nous faisions jouer d’autres armes »79.
41L’Union française, avatar de l’Empire dans une France régénérée, le thème eut un succès durable dans l’opinion métropolitaine. Les hommes politiques africains surent parfaitement se joindre à la célébration universelle des libertés. Les utiliseraient-ils pour continuer à « vivre sous notre drapeau80 » ? Au Conseil de gouvernement de décembre 1945, le délégué du Conseil colonial du Sénégal, Abdou Salam Kane déclara : « Notre seul désir est actuellement d’être aggloméré à la Communauté française pour mieux affirmer nos droits ». N’y avait-il pas comme un grincement entre ces réserves, moins apparentes à l’époque, d’ailleurs, qu’à la relecture aujourd’hui, et l’exclamation finale : « Nous resterons toujours français, quoiqu’il arrive, M. le gouverneur général »81.
42Pour l’administration locale, responsable du succès de l’alternative libérale, le changement de cap était difficile à imaginer. L’administration coloniale avait son origine dans la violence. Entre les deux guerres, elle était parvenue à un état d’équilibre qui lui permettait de n’avoir guère à employer la force, à peine à la montrer. Elle était parvenue à utiliser ce qui restait des aristocraties traditionnelles. En octobre 1945, les chefs de village de Casamance avaient considéré leur vote comme un « service » et demandé à leur « commandant » une indemnité pour leur déplacement82. Quant aux « élites modernes », instituteurs, médecins, commis, fonctionnaires dont l’avancement avait lieu essentiellement au choix, la prudence leur commandait de ne pas contester les autorités, même si le changement d’obédience de l’Afrique occidentale française, en 1943 avait conduit l’administration à se déjuger sur certains de ses agents africains83.
43Le rôle de l’administration était si bien établi qu’en janvier 1946, Cournarie, accusé de « mauvaise volonté dans l’exécution de mesures d’ordre économique84 », ne put imaginer d’autre raison aux directives parisiennes que l’ignorance de la situation réelle. Il entreprit donc d’éclairer son ministre (Soustelle, 21 novembre 1945-21 janvier 1946) : « Je comprends que les mesures prises concernant la suppression du régime de l’indigénat et la liberté du travail rentrent dans le cadre de la politique générale actuelle et trouvent leur pleine justification dans la situation internationale... [mais] il faut affirmer que pour toutes les productions [et non seulement pour le caoutchouc, comme on feignait de le croire à Paris] l’effort est subordonné à la pression administrative85 ».
44Mais Paris s’abritait derrière une doctrine sur laquelle il n’était pas question de revenir. L’administration locale ne songea certainement pas à s’y opposer. Elle navigua à l’estime, inquiète de responsabilités accrues avec des pouvoirs diminués. Au Conseil de gouvernement de décembre 1945, tous les gouverneurs affirmèrent que « le calme le plus complet n’a[vait] cessé de régner » dans leur colonie, sauf le gouverneur de Guinée qui ne pouvait cacher ni les événements de Conakry, ni la grave crise du commandement indigène86. L’insistance sur le thème de l’absence de troubles montrait, en réalité, l’inquiétude des gouverneurs et leur soulagement d’avoir traversé sans incident majeur la période des élections.
45Jusqu’à la fin de 1945, l’administration locale de l’Afrique occidentale française put croire que la proclamation des libertés était un thème de propagande à usage essentiellement externe. Il semble qu’il y ait eu infléchissement de la politique gouvernementale dès l’été de 1945. Après la démission du général de Gaulle, l’orientation ne fit plus de doute. En 1946, l’administration locale dut accepter le développement du mouvement syndical87, assister au déroulement de vastes grèves, y compris dans le service public, voir monter en face d’elle, appuyé sur un suffrage de plus en plus large88, un autre pouvoir. Cournarie se faisait répéter les ordres qui lui paraissaient le plus invraisemblables. Il n’aurait pas songé à ne pas les faire exécuter89. Il fut rappelé, de façon inattendue pour lui, semble-t-il, le 31 mars 1946. Car, lui télégraphia Marius Moutet : « le gouvernement envisage de remplacer le gouverneur général par un haut commissaire chargé de l’application du régime nouveau que la Constituante demandera d’établir en Afrique occidentale française tant du point de vue des directives et institutions politiques que de la réforme des organisations administratives90 ».
Notes de bas de page
1 P(ierre] C[hauleur], « Mort du gouverneur Cournarie », Marchés tropicaux, 5 octobre 1968.
2 Conseil d’administration ou conseil privé pour le Sénégal ; Conseil de gouvernement pour l’Afrique occidentale française.
3 Ministre des Colonies (abrégé, dans les notes suivantes en « Col. ») à gouverneur général (G.G.), n° 1017, 13 août 1936, reproduite dans le Mouvement social, n° 101, octobre-décembre 1977, p. 73-84.
4 Col. à G.G., n° 1618, A.E./S., 15 juin 1946, Archives nationales section outre-mer (A.N.S.O.M.), tél. 903.
5 Col. à G.G., n°989, E.J., 23 mars 1946, A.N.S.O.M., tél. 903, dossier réclamé pour la 4e fois depuis le 1er décembre 1945.
6 G.G. à Col., n°385, 5 décembre 1944; n° 433, 11 décembre et n° 496, 16 décembre 1944, A.N.S.O.M., tél. 862.
7 G.G. à Col., n° 1330, 4 mai 1945, A.N.S.O.M., tél. 890.
8 Louis MERAT, Fictions et réalités coloniales, Sirey, 2e éd., 1947, p. 19 et suiv.
9 Col. à G.G., n°315, Colalg Inf., 13 février 1944, A.N.S.O.M., tél. 844.
10 Col. à G.G., n° 315 Colalg Inf., 13 février 1944, A.N.S.O.M., tél. 844. Les télégrammes suivants recommandent le silence absolu sur les relations entre le C.F.L.N. et les alliés, en particulier : n° 496, 14 mars 1944 et n° 1207, 7 juin 1944.
11 Wm ROGER LOUIS, Imperialism al bay, the U.S. & the Decolonisation of British Empire, 1941-1945, Oxford, Clarendon press, 1977, 595 p.
12 La Quinzaine, bulletin bimensuel d’information et de documentation, publié par le Service d’information du G.G. d’A.O.F., n° 11, juin-août 1944, p. 52. Le n° 1 est daté du 5 octobre 1943. La publication de La Quinzaine a été interrompue de mars à août 1944 « par manque de papier ».
13 Col. à G.G., n° 21 Colalg Inf., 4 janvier 1944. Programme de la conférence dans le n° 104 Colalg A.P., 18 janvier 1944, A.N.S.O.M., tél. 844.
14 Col. à G.G., n°71 Colalg A.P., 12 janvier 1944, ibid.
15 Col. à G.G., n°94 Colalg Inf., 17 janvier 1944, ibid.
16 Col. à G.G., n°522 Colalg Inf., 17 mars 1944, ibid.
17 Texte reproduit dans : MICHEL et MIRKINE-GUERZEVITCH, Les idées politiques et sociales de la Résistance, Paris, p. 339-357.
18 Général de GAULLE, Mémoires de guerre, II, L’unité, [1956], livre de poche, p. 227.
19 Directives du 19 janvier 1944, n° 118 Colalg Inf. et du 25 janvier, n" 194 Colalg Inf., A.N.S.O.M., tél. 844.
20 « Des enfants de France évoquent l’Empire », Cahiers français d’information, n° 23, 21 juillet 1945, p. 23-24.
21 « L’exposition de la France d’outre-mer », id. n° 35, 12 octobre 1945, pp. 10-11. Demande de participation de l’A.O.F. à l’exposition: Col. à G.G., n° 2089, 20 juillet 1945 et suiv., A.N.S.O.M., tél. 877.
22 Le grand imam de Dakar à l’occasion de la Tabaski et le marabout Ibrahima Niasse font référence à la « mère-patrie », du moins d’après Cournarie: G.G. à Col., n° 3351 Inf., 17 novembre 1945 et n° 4039, 23 novembre 1945, A.N.S.O.M., tél. 891.
23 G.G. à Col., n°605 Inf., 4 mars 1946, A.N.S.O.M., tél. 922.
24 G.G. à Col., n° 1445 C.M., 6 octobre 1945. A.N.S.O.M., tél. 862.
25 Rapport de l’administrateur de la subdivision de Bignona (Casamance). août 1944, Archives de la République du Sénégal (A.R.S.), 2 G 44/85.
26 Col. à G.G., n° 92 Colalg Inf., 15 janvier 1944, A.N.S.O.M., tél. 844.
27 Col. à G.G.. n° 53 Colalg Inf., 10 janvier 1944, ibid.
28 G.G. à Col., n° 2468 Inf., 3 août 1945, A.N.S.O.M.. tél. 890.
29 G.G. à Col., n° 2987 Inf., 11 octobre 1945, A.N.S.O.M., tél. 891.
30 G.G. à Col., n° 447, 13 décembre 1944. A.N.S.O.M., tél. 862. Voir également: A.O.F., Conseil de gouvernement, session de décembre 1944, Rufisque, Impr. du G.G., p. 108-109. 122-123, 144-145. Id. session de décembre 1945, ibid., p. 125, 135, 191.
31 A.O.F., Conseil de gouvernement, session du 20 décembre 1943, Rufisque, Impr. du G.G., discours d’ouverture du G.G., Cournarie, p. 12.
32 Ibid., p. 16.
33 Id., session de décembre 1944, ibid., p. 16.
34 Id., session de décembre 1945, ibid., p. 132-134.
35 Ibid., p. 98-99.
36 Col. à G.G., n° 1296 Colalg G, 20 juin 1944, A.N.S.O.M., tél. 844. L’hypocrite injonction, barrée d’un trait de plume sur l’original à Paris, ne fut sans doute pas envoyée.
37 G.G. à Col., n° 3335 C.A.B. 4, 8 octobre 1945, A.N.S.O.M., tél. 891. Répond à: Col. à G.G., n°2917, A.E./F1, 2 octobre 1945, A.N.S.O.M., tél. 878. Par comparaison, le projet de budget (section ordinaire, total des budgets général et locaux) s’élevait pour 1946 à 3 846 000 000 F, Conseil de gouvernement, session de 1945, p. 20.
38 Conseil de gouvernement, session de 1945, p. 110-111 (rapport du gouverneur du Niger). Inscription au budget général d’une partie des frais de la Conférence de Brazzaville : Col. à G.G., n° 1438 Colalg F., 18 juillet 1944, A.N.S.O.M., tél. 844.
39 Joseph Roger de BENOIST, L’Afrique occidentale française de la Conférence de Brazzaville (1944) à l’indépendance (1960), thèse de 3e cycle, E.P.H.E., 1978, 3 vol., 879 p.
40 Conseil de gouvernement, session de 1945, p. 87 (rapport du gouverneur de Guinée).
41 G.G. à Col., n° 268, 20 novembre 1944, A.N.S.O.M., tél. 862.
42 Col. à G.G., n° 3065 P., 13 octobre 1945, A.N.S.O.M., tél. 878.
43 Conseil de gouvernement, session de 1945, p. 22 (rapport du directeur général des Finances).
44 G.G. à Col., n°498 I.P., 5 février 1946 ; n° 510 I.P., 5 février ; n° 745 I.P., 23 février 1946, A.N.S.O.M., tél. 922.
45 G.G. à Col., n°755 F.I./A., 25 février 1946, Ibid.
46 Col. à G.G., n°2411 P., 15 novembre 1946, A.N.S.O.M., tél. 904.
47 Les « prestations » analogues aux « corvées » dans la France du xviiie siècle, par leur utilisation et leur remplacement progressif et souhaité par un impôt en argent, avaient disparu, en 1944, de tous les cercles du Sénégal, à l’exception de celui de Kédougou. Rapport annuel de l’Inspection du travail du Sénégal pour 1944, Archives de la République du Sénégal (A.R.S.), 2 G 44/27.
48 Col. à G.G., n°674 Colalg A.P./I., 1er avril 1944, A.N.S.O.M., tél. 844.
49 Col. à G.G., n° 474, 10 mars 1944, ibid. Magatte est présenté comme le secrétaire de l’Union des syndicats de Dakar, dans le télégramme d’information sur la Conférence de Philadelphie : Col. à G.G., n°922 Colalg A.P., 10 mai 1944, ibid.
50 Conseil de gouvernement, session de 1944, p. 46.
51 Col. à G.G., n°94 Colalg Inf., 17 janvier 1944, A.N.S.O.M., tél. 844.
52 MICHEL, p. 347.
53 Décret du 7 août 1944, promulgué par arrêté général 2599 A.P., 16 septembre 1944, Journal officiel de l’A.O.F., 1944, pp. 661-663. Ce décret abrogeait celui du 11 mars 1937 qui avait introduit le syndicalisme en A.O.F.
54 Col. à G.G. n°870 Colalg Inf., 25 avril 1944, A.N.S.O.M., tél. 844.
55 Conseil de gouvernement, session du 9 décembre 1944, p. 82-90.
56 Rapport politique annuel du Sénégal, 1944, p. 112-113. A.R.S. 2 G 44/20. Rapport d’ensemble mensuel de la subdivision de Kolda (Casamance), février 1945, A.R.S. 2 G 45/72.
57 Résultats pour les communes de plein exercice du Sénégal, Dakar, liste de Lamine Guèye: 8 590 voix, élue; liste de Goux: 951 voix. G.G. à Col. n° 2 014 A.P., 2 juillet 1945, A.N.S.O.M., tél 890.
58 G.G. à Col. n" 189, 10 novembre 1944, A.N.S.O.M., tél. 862.
59 G.G. à Col. n° 1522, 25 mai 1945, A.N.S.O.M., tél. 890. Cournarie emploie alors l’expression « les femmes sénégalaises ».
60 Décret du 30 mai 1945. Col. à G.G. n° 1562 A.P./I, 1er juin 1945, A.N.S.O.M., tél. 877.
61 Charles de Gaulle, Discours et Messages, t. I, p. 644, Le livre de poche.
62 G.G. à Col. n° 2728, 29 août 1945, A.N.S.O.M., tél. 890.
63 Décret 45/1776, 9 août 1945, Journal Officiel de la République française, 10 août 1945, p. 4971.
64 G.G. à Col. n° 1312, 2 mai 1945, A.N.S.O.M., tél. 890.
65 G.G. à Col. n° 1785, 16 juin 1945, Ibid.
66 G.G. à Col. n° 261 A.P., 14 août 1945, Ibid.
67 Ordonnance 45/1874, 22 août 1945, J.O.R.F. 23 août 1945, p. 5267.
68 G.G. à Col. n°2728, 29 août 1945, A.N.S.O.M., tél. 890.
69 Article 5 de l’ordonnance citée à la note 10 p. 475.
70 G.G. p.i. à Col., 19 octobre 1945, A.N.S.O.M., tél. 891.
71 G.G. à Col. n° 3563 C.A.B., 21 octobre 1945, Ibid.
72 G.G. à Col. n° 3507 et 3515, 18 octobre 1945 et n° 3522 et 3527, 19 octobre 1945, Ibid.
73 Denise BOUCHE, « Problèmes de sécurité en Afrique occidentale française », De Gaulle et la Nation face aux problèmes de Défense 1945-1946, Plon, Coll. « Espoir », 1983, p. 291-298.
74 Col. à G.G. n°3166 A.P., 20 octobre 1945, A.N.S.O.M., tél. 878.
75 Col. à G.G. n°3157, C.A.B., 20 octobre 1945, A.N.S.O.M., tél. 878.
76 Ibid.
77 Col. à G.G. n° 1772 A.P., 22 juin 1945, A.N.S.O.M., tél. 877.
78 Col. à G.G., 20 octobre 1945, transmise par le G.G., circulaire secrète, 3 janvier 1946. Texte communiqué par l’un de ses destinataires. En retrouver un exemplaire dans les archives publiques ne devrait être qu’une affaire de temps.
79 Note de Laurentie, Directeur des A.P. à Giacobbi, ministre des Colonies, 20/21 juin 1945, citée par William H. Wainwright, in Le général de Gaulle et l’Indochine, 1940-1946, ouvrage collectif présenté par l’Institut Charles de Gaulle, Plon, Coll. « Espoir », 1982, p. 70-71.
80 Charles de Gaulle, discours du 15 février 1945, Discours et messages, t. I, p. 553.
81 Conseil de gouvernement, session de déc. 1945, p. 84.
82 Rapport annuel d’ensemble, pour 1945, de la subdivision de Bignona, 6 avril 1946, A.R.S. 2 G 45/73.
83 Cf. G.G. à Col. n° 1162 A.P./l, 24 février 1945. Le G.G. avait communiqué, le 10 juin 1944, la liste des fonctionnaires indigènes frappés par les lois d’exception [de Vichy] avec indication des motifs de licenciement et des mesures prises à leur égard. Il avait reçu l’approbation d’Alger par 7163 du 28 juin 1944. Paris n’avait pas cette correspondance dans ses archives. Alerté par un article de Lamine Guèye dans l’A.O.F. le ministre demandait par lettre n" 263. 11 janvier 1945 le réexamen de tous les cas : « Il faut considérer a priori comme nulles toutes les sanctions prises au temps de l’obédience de Vichy ». A.N.S.O.M., Aff. po. carton 870, dossier 12. Voir aussi : Ch. ROCHE, « L’affaire Benjamin Diatta, 1942-1944 », Notes africaines, n° 155, juillet 1977, p. 70-73.
84 Col. à G.G. n° 85 A.P./l, 8 janvier 1946, A.N.S.O.M., tél. 903.
85 G.G. à Col. n° 127, 11 janvier 1946, A.N.S.O.M., tél. 921.
86 Conseil de gouvernement session de 1945, passim.
87 Deux délégués de la C.G.T. arrivèrent à Dakar le 20 février 1946, sans que le gouverneur général eût été seulement averti: G.G à Col. n° 718 C.A.B./l, 21 février 1946, A.N.S.O.M., tél. 922. Ces deux cégétistes présidèrent un congrès local qui élut six délégués dont les frais de voyage en France furent, sur ordre ministériel, mis à la charge du budget de l’A.O.F. : G.G. à Col. nos 827 et 838, 2 mars 1946, Ibid.
88 Si on en croit, en ces temps de restrictions sur le papier, le nombre d’enveloppes électorales envoyées de France : 1 000 000 pour Dakar et 50 000 pour Lomé, pour les élections à la 2e Constituante (Col. à G.G. n° 1419 S.A.C., 11 mai 1946, A.N.S.O.M., tél. 903) ; 11 500 000 pour les élections à l’Assemblée nationale (Col. à G.G. n° 2108 S.A.C., 24 septembre 1946, A.N.S.O.M., tél. 904).
89 Par exemple : pour admettre en 2e et 3e années de l’Ecole William-Ponty des élèves d’A.E.F. inaptes à en suivre les cours: G.G. à Col. n° 494/P, 5 février 1946, A.N.S.O.M., tél. 922.
90 Col. à G.G. n° 1047 C.A.B., 31 mars 1946, secret, déchiffrez vous-même, A.N.S.O.M., tél. 903.
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