Introduction à la première partie
p. 43-44
Texte intégral
1Laissant provisoirement de côté le débat théorique sur l’adéquation d’un modèle spécifique de diaspora à l’univers noir des Amériques, cette partie s’intéresse avant tout à l’expérience humaine concernée par ce débat. Quelle que soit la diversité des termes utilisés, « diaspora noire », « diaspora africaine », « diaspora afro-antillaise », « Black Atlantic », « diaspora hybride »…, les populations qu’il s’agit de désigner offrent une unité liée à une origine identique : la traite transatlantique. La diaspora en question est celle formée par les descendants des millions d’Africains déportés aux Amériques à partir du xvie siècle.
2Cette première partie se concentre sur l’histoire de la diaspora noire et souhaite fournir les repères empiriques nécessaires à notre progression. Elle envisage d’abord la traite et décrit ce qui est au fondement de l’expérience noire du Nouveau Monde : l’arrachement violent et la soumission de l’Africain à des conditions inhumaines commandées par le seul impératif de l’enrichissement économique. Le caractère violent de cette expérience primordiale ne s’arrête pourtant pas à un moment « fondateur », mais se prolonge dans l’exil, quand les terres d’installation se révèlent impossibles à la mise en œuvre d’une destinée maîtrisée. L’objet du deuxième chapitre est de s’intéresser à cet univers « plantationnaire » où les populations dispersées se doivent de recomposer leur existence. La matrice des sociétés de plantation fondées sur l’institution esclavagiste y est décrite de manière à comprendre dans quelles conditions ont pu s’élaborer les formations culturelles noires des Amériques, tout particulièrement celles de la Caraïbe. Les héritages de ces formations historiques lourdes sont ensuite abordés au travers d’un rapide panorama sur la trajectoire de ces sociétés depuis les abolitions jusqu’aux périodes les plus récentes. La longévité du trait constitutif des sociétés esclavagistes – le clivage racial – peut paraître surprenante. Pourtant, l’examen des caractéristiques de la migration contemporaine depuis la Caraïbe vers les espaces urbains des grandes villes occidentales montre la réactualisation d’un tel schème au travers des processus de ségrégation qui répercutent cette manière ancienne, archaïque, de construire le rapport social sur la base du phénotype de couleur. Cette migration contemporaine, dont le chapitre III se consacre à décrire les principales caractéristiques, est à l’origine de la formation de la « deuxième strate » de la diaspora noire des Amériques qui, déplaçant la localisation de l’origine, n’en continue pas moins d’être historiquement liée à la première dispersion forcée depuis l’Afrique.
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La diaspora noire des Amériques
Expériences et théories à partir de la Caraïbe
Christine Chivallon
2004
La brousse et le berger
Une approche interdisciplinaire de l’embroussaillement des parcours
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2003
Les territoires de la mobilité
Migration et communautés transnationales entre le Mexique et les États-Unis
Laurent Faret
2003
Histoire et devenir des paysages en Himalaya
Représentations des milieux et gestion des ressources au Népal et au Ladakh
Joëlle Smadja (dir.)
2003