Le temps des mariages (1868-1869)
p. 67-78
Texte intégral
Ludovic et Louise Halévy : un mariage arrangé
1Le 3 juillet 1868, au temple de l’Oratoire, Ludovic épouse Louise Breguet, arrière-petite-fille du célèbre horloger et nièce du chimiste Marcelin Berthelot. Louise est protestante. Élevée avec simplicité et rigueur, elle témoigne, dès sa jeunesse, d’un caractère solide et volontaire, d’une grande lucidité, de beaucoup de fermeté. C’est un tempérament plein de force, qui fut très tôt éprouvé. Dans ses souvenirs, Louise a évoqué la demande en mariage de Ludovic : « Mme Halévy est venue hier soir, Ludovic l’a chargée de me demander en mariage. Je me souviens que je n’eus aucune minute d’hésitation, je dis oui. Le lendemain, nous étions fiancés1 ».
2Quatre ans après la mort d’Esther, Ludovic accepte donc un mariage arrangé par sa mère. Ce ne fut pas sans réticence. Surnommé dans les milieux du théâtre « la pluie qui marche », il ne devait pas afficher un air des plus enjoués. Les Concourt prétendent que « la cour commencée, le mariage même arrêté, Ludovic voulait rompre ; mais il retrouvait une résistance chez la petite-bourgeoise, qui se refusait à lui rendre la parole donnée et se faisait fort de se faire aimer un jour2 ».
3On trouve une allusion au manque d’enthousiasme de Ludovic dans une lettre d’Offenbach. En juin 1868, le compositeur s’efforçait de motiver son ami : « Heureux homme... Tu vas avoir une femme charmante. Tu seras un excellent mari, tu feras d’adorables pièces, tu as une famille qui t’adore, des amis plus que tu ne le mérites, heureux homme, que le ciel te conserve la santé. C’est le souhait sincère de ton copain3 ».
4Marié début juillet, Ludovic reste très absorbé par son travail. Il négocie la vente de la partition de La Périchole avec Heugel, tout d’abord, puis avec les éditeurs Brandus et Dufour. Cette partition n’est pourtant pas encore achevée ; elle le sera fin juillet, lors d’un séjour de toute la famille Halévy à Étretat. Là, Ludovic, Meilhac et Offenbach mettent un point final à La Périchole. Le manuscrit est remis au théâtre des Variétés le 5 août, les répétitions peuvent commencer.
5À peine marié, en proie à une véritable panique, Ludovic se trouve dans l’incapacité de supporter sa jeune femme auprès de lui et demande au Dr Blanche de la reconduire chez ses parents.
6Dans une lettre à Mme Trélat4, Georges Bizet évoque sa stupeur en apprenant que Ludovic, qui vient de faire un mariage excellent sous tous les rapports, « a mis sa charmante femme à la porte sous prétexte qu’il n’est pas fait pour le mariage. Il est fou, je pense – écrit Bizet –, car il me répugne de le croire malhonnête homme ».
7Edmond de Concourt, à qui une amie de Louise, Mme Sichel, a fait des confidences, raconte aussi comment « le Dr Blanche [fut] chargé de ramener la jeune épouse chez ses parents, par suite de la répulsion [que Ludovic] avait pour elle, répulsion dont on ne sait pas les causes, mais répulsion ayant pris un moment un caractère d’agressivité, qui faisait redouter un malheur5 ».
8C’est le 22 août, un mois et demi après son mariage, que Ludovic se sépare de Louise. Il est évident qu’il a fait disparaître de son journal comme de sa correspondance toute trace de cette crise. Un mot de Nanine, daté par Ludovic de 1868, évoque la consternation dans – laquelle elle fut plongée6 :
Blanche est-il en délire ou s’est-il passé quelque chose d’épouvantable qu’on doive me cacher ? Il est venu tout à l’heure dans une exaspération tout à fait folle et dont il a absolument refusé de me dire les causes. Il t’a demandé avec emportement, et il s’est sauvé en disant, comme la romance, je reviendrai, mais d’un ton qui n’était pas celui de la romance, et puis il n’est pas revenu ; il a repassé sous les fenêtres d’un pas très exalté, car je me suis aperçue ainsi qu’on pouvait avoir le pas exalté et puis il n’est pas revenu. Qu’est-ce que ça peut être ? Qu’est-ce que ça peut être ? Je crois que c’est des cancans de Félicie ou Mélanie7. Ma pénétration est-elle en défaut ?
9Oui, elle était en défaut, et Nanine, bouleversée par l’attitude incompréhensible de son fils, n’eut bientôt plus d’autre ressource que de se réfugier dans la maladie et le silence puisqu’elle ne répondit pas personnellement à la lettre où Caroline Breguet, la mère de Louise, évoquait le désarroi de la jeune femme répudiée et les « doutes » d’une mère avertie qui envisage l’éventualité d’une naissance, puisque Louise a vécu quelques semaines avec son mari8.
Buisson, dimanche 20 septembre 68
Voici, chère Madame, après-demain un mois que ma pauvre Louise a été séparée de son mari, et je ne vois pas, hélas ! qu’il y ait à s’applaudir du grand sacrifice qu’on a exigé d’elle ; et d’après M. Blanche, d’après vos lettres même, le résultat n’est pas ce qu’on en attendait. Elle est prête, vous le savez, à se partager entre vous et lui, car, chère Madame, nous sentons combien vous devez être épuisée par la douleur et la fatigue.
Oui Madame, je n’ignorais pas la terreur qui possédait notre malheureux Ludovic et je la comprends même en ce moment. Mais je ne regardais pas moins comme un devoir de vous faire partager nos doutes qui ne sont même pas encore bien confirmés. Votre silence, à ce sujet, m’étonne envers Louise, le pauvre enfant n’a pas demandé à venir au monde, mais si son père l’abandonne comme il le fait de la mère, nous en prendrons soin et ma pauvre fille après ce court et triste [illisible] présent plus triste encore trouverait au monde un être qu’elle oserait aimer et auquel il lui serait permis de donner ses soins.
Je vois hélas, par la lettre de Valentine que vous êtes toujours abîmée par ces douloureuses crises, que nous vous plaignons, chère Madame, et que nous souffrons avec vous.
Caroline Breguet
10Propos sévères, incontestablement, mais sur lesquels Caroline Breguet reviendra le lendemain, les justifiant par la cruauté du sort imposé à Louise et l’ampleur du préjudice moral causé à toute la famille Breguet.
Buisson, lundi 21 septembre < 1868 >
Pardonnez-moi, je vous en supplie chère Madame, les méchantes paroles que je vous ai adressées hier, mais en vérité, et vous devez le comprendre, plus je vous vois inquiète et malheureuse de l’état de notre pauvre cher Ludovic, plus mon cœur se révolte de l’éloignement de sa femme ; plus je déplore ce cruel caprice de malade qui repousse ma pauvre Louise. Quand je songe au blâme qu’on peut rejeter sur elle et que mérite si peu son dévouement, au bonheur qu’elle aurait (quelle que fût la manière dont elle serait reçue) à retourner près de lui, c’est encore ce qu’elle me disait hier ; je trouve la situation de ma pauvre enfant si digne de pitié que j’espère que vous excuserez un mouvement d’irritation provoqué, hélas, par de si justes motifs.
Nous comptons retourner incessamment à Paris. L’impossibilité de prévoir la durée de nos cruelles épreuves fait que malgré l’espèce de terreur que nous éprouvons en faisant à notre chère enfant une sorte d’installation, et à la pensée de revoir successivement nos amis, qui nous croient si heureux, nous allons nous y résigner. Il faut boire ce calice, Dieu nous donne les forces nécessaires. Mon mari et mon fils ne peuvent rester toujours seuls il nous faudra donc prendre ce rude et cruel parti. Nous envoyons même aujourd’hui Joséphine avec M. Breguet pour arranger un peu la maison bien que nous n’ayons point fixé de jour.
Adieu chère Madame, pardon encore. Nos affections, nos souffrances sont les mêmes. Puissent les dernières avoir bientôt un terme ! c’est le vœu bien ardent de votre toute dévouée et affectionnée
Caroline Breguet
11Les causes profondes de cette incroyable histoire n’ont pas été clairement élucidées. Il est probable que le souvenir d’Esther ait eu une importance capitale. Ludovic aurait accepté le principe d’un mariage, comme acte social, mais n’aurait pu supporter la présence de Louise à ses côtés.
12D’autres facteurs déstabilisants ont aussi pu contribuer à cette situation.
13Que Ludovic ait été déprimé, cela ne fait aucun doute. Pourtant il ne chercha pas de refuge dans la clinique du Dr Blanche, son nom n’est pas mentionné sur les registres. La correspondance d’Offenbach montre que Ludovic est resté à Paris, sans doute dans sa garçonnière du boulevard Montmartre, et qu’il suivait les répétitions de La Périchole9.
14Cependant, il resta environ six mois séparé de Louise.
15Les Concourt s’accordent ici avec la tradition familiale des Halévy pour souligner le rôle décisif tenu en la circonstance par Prévost-Paradol, dont Ludovic s’était beaucoup rapproché.
16En février 1869, Prévost-Paradol, très affecté par la mort de sa femme, aurait fait valoir les attraits du mariage aux yeux de Ludovic. C’est vers cette date, en effet, que Ludovic rentre au bercail et que Louise, confondante de maîtrise de soi et de dévouement écrit à ses parents :
Tout est le mieux qu’on le pouvait espérer, Ludovic est réellement bien, maintenant c’est surtout sa santé physique qu’il s’agit de remettre [...] A-t-on été bien étonné ? Mr. Blanche dit être surpris et ravi, je le suis aussi car j’espère que tout ira bien10.
17Le 7 mars, elle écrit encore :
Mme Halévy [...] a été enchantée, je crois qu’elle n’est pas fâchée de me voir approuvée par d’autres que par elle, et pour autre chose que pour ma bonté et mon angélique douceur ; à force de l’entendre dire et de voir le peu d’enthousiasme de Ludovic pendant si longtemps, je crois qu’elle en était venue à se demander si je n’étais peut-être pas un monstre, ou tout au moins quelque chose de très désagréable11.
18Tant de sang-froid et de fidélité constante seront pour Ludovic l’assurance d’avoir épousé une femme forte, capable de l’épauler et de lui donner une famille. Louise sut également lui apporter l’apaisement dont sa nature angoissée avait le plus grand besoin. Préfigurant les commentaires qu’il fit sur elle au moment de la mort de Bizet, Ludovic aurait déjà pu écrire : « Louise au milieu de tout cela a été admirable de cœur et de raison... »
Geneviève et Georges Bizet : une union difficile
19Crise conjugale, difficultés sentimentales... à la même époque Geneviève n’est pas plus favorisée. En 1867, elle est toujours chez les Rodrigues, car sa mère est encore internée, à Ivry cette fois, chez le Dr Marcé, mais toujours suivie par le Dr Blanche.
20Très réservée envers sa mère qu’elle ne revoyait pas sans appréhension, Geneviève ne lui a rien confié de ses problèmes sentimentaux : elle a retrouvé l’un des anciens élèves de son père, Georges Bizet, dont la maison du Vésinet est à quelques centaines de mètres du château des Lions. Leur amour mutuel lui apporte enfin la « nouvelle affection », le « nouvel appui » dont elle a tant besoin.
21C’est en octobre 1867 que Bizet écrit à son ami Galabert : « J’ai rencontré une adorable fille que j’adore ! Dans deux ans elle sera ma femme12 ! » C’était sans compter sur les Rodrigues de Bordeaux qui ne voyaient pas d’un bon œil les prétentions du jeune musicien. Pour eux, Bizet n’avait guère d’envergure : il vivait des leçons qu’il donnait. Les Rodrigues-Henriques, familiers du monde des affaires et du négoce, n’avaient aucune considération pour ce prétendant artiste. À peine vient-il d’annoncer son bonheur tout neuf à Galabert que Bizet doit renoncer à ses projets. « On a brisé les espérances que j’avais formées. [...] La famille a repris ses droits13 ! »
22Les droits de la famille se nomment Frédéric Soria. À une époque où les mariages arrangés étaient courants, les Rodrigues, responsables de l’avenir de Geneviève, avaient envisagé de la marier avec un négociant en vins14. Léonie, internée à Ivry, n’avait rien su de ces tractations, mais, malgré son trouble, elle se rendait compte de la situation de sa fille. Plus tard, elle évoquera les questions qu’elle posait alors à Geneviève lorsqu’elle venait lui rendre visite : « Je lui ai demandé avec toute la mesure qu’une mère met à semblable demande si on pensait à la marier dans la famille, si elle prévoyait un mariage qui lui plût plus qu’un autre, elle ne m’a rien dit15... »
23Bizet aura la rancune tenace : « Soria ! Ce nom m’a fait bondir !... Mais le prénom m’a un peu calmé. Mr. Frédéric Soria, le frère du vôtre, m’a inspiré la haine la plus vive, la plus furieuse !... J’ai eu l’intention de tuer ce Monsieur, et j’aurais sans doute trouvé le moyen de mettre mon projet à exécution si les événements n’avaient pas détruit le motif de cette haine corse ! Pourtant, comme je suis mauvais comme une gale, il m’en est resté un grand fond de malveillance pour ce nom là16 ».
24C’est à cette époque que Geneviève écrit au Dr Blanche une lettre empreinte de résignation et de tristesse ; elle cède à la fatalité et manifeste une attitude de repli.
25Dans cette lettre17, Geneviève se confie au vieil ami de la famille :
Comment, cher Monsieur Blanche, pouvez-vous douter un instant de tout le plaisir que vous me ferez en venant me voir ! Dans de si tristes moments on est sensible à toutes les marques de sympathie et principalement lorsqu’elles viennent des personnes pour lesquelles on a une sincère affection [...]. Je suis bien triste et bien découragée, cher Monsieur, et j’aurais grand besoin que vous puissiez me donner de meilleures nouvelles. Mais malheureusement, tout me réussit trop mal pour que j’ose l’espérer. À peine je venais de contracter une nouvelle affection, de trouver un nouvel appui, que je vois tout cela se briser et que je me retrouve encore une fois seule. Il me semble qu’il en sera toujours ainsi et que je n’oserai plus m’attacher à personne, dans la crainte de m’attirer un nouveau chagrin, ce qui pourtant ne devrait plus être possible. Enfin je ne veux pas penser à un avenir qui m’inspire à juste titre si peu de confiance.
26Pour une fois, les dieux tutélaires intervinrent et bousculèrent le cours des événements en faveur des amours de Geneviève : il semble que la jeune fille ait trouvé la force d’exprimer un refus au mariage qu’on lui proposait. Hippolyte Rodrigues eut alors plus de facilités pour plaider la cause de Bizet auprès des Rodrigues dont le champion semble être décédé peu de temps après. Léonie l’expliquera plus tard à Georges, devenu son gendre, espérant calmer sa rancœur : « Pourquoi cette sainte horreur du Soria ? Je sais depuis que je suis à Bordeaux qu’il a demandé Geneviève, qu’elle n’en a pas voulu, j’ai pensé tout d’abord que c’est parce qu’elle vous aimait, puis que la famille du défunt était vulgaire, donc il n’y a pas à le pourfendre parce qu’il a eu le malheur de ne pas plaire et que vous avez eu le bonheur opposé18 ».
27Ce n’est qu’en mai 1869 que Georges Bizet fait part de son mariage à Galabert : « Je vous annonce secrètement ce qui sera officiel dans huit jours. Je me marie. Nous nous aimons. – Je suis absolument heureux. Nous serons pauvres quelques temps, mais qu’importe ? Sa dot est de 150 000 fr, plus tard 550 00019 ».
28Ce revirement de situation est certainement dû à Hippolyte et Léonie Rodrigues. Hippolyte fut pour Bizet l’allié le plus dévoué et le plus fidèle. Cet ancien agent de change avait quitté sa charge en 1855 pour se consacrer à l’érudition et à la rédaction d’ouvrages scientifiques, historiques, poétiques, etc. Il composa même des morceaux pour piano, et ce sont sans doute ses goûts artistiques qui le rapprochèrent de Bizet auquel il se lia d’une profonde amitié.
29Quant à Léonie, toujours internée à Ivry, elle amorça, à cette période, une convalescence qui devait lui permettre de retrouver bientôt son autonomie et sa liberté. Prévenue la veille du mariage, elle fut cependant favorable à cette union. Dans une lettre écrite en 1872 à Georges Bizet (qu’elle appelle familièrement « mon cher terroriste »), Léonie refait la genèse du mariage de Geneviève et revient sur le rôle joué par son frère :
Je ne veux pas que vous m’attaquiez quand vous dites que vous l’aimez parce qu’il vous a seul marié.
Est-ce ma faute, si on ne m’a pas consultée, si l’on ne m’a parlé de vous que la veille de votre mariage ? On pouvait me voir tous les jours et moi je ne pouvais que prier Dieu de me sauver.
M’avez-vous parlé de votre amour pour ma fille, vous auriez pu le faire. Sitôt qu’on m’a parlé de vous je vous ai accepté. [...] On m’a même refusé de signer votre contrat. J’ai regardé cela comme la plus grande insulte qu’on pouvait faire à une mère tendre, dévouée et honorable.
J’ai passé la journée de votre mariage seule à pleurer et à prier pour votre bonheur. Mon livre de prières est usé à cette page20.
30Effectivement, le 3 juin 1869, Léonie n’assista pas au mariage de sa fille ; elle fut représentée par Léon Halévy. Les autres témoins furent Hippolyte Rodrigues, Émile Péreire, président de la Compagnie des chemins de fer du Midi et conseiller financier de Léonie, Adrien Benoît-Champy, président du tribunal civil de la Seine, Anatole Frank, de l’Institut, et le père de Georges Bizet : un mariage très protocolaire, à la mairie du IXe arrondissement.
31Ludovic a assisté au mariage. Le jour même il écrit dans ses Carnets : « Aujourd’hui, Geneviève a épousé Bizet. Qu’elle est heureuse, la pauvre et chère enfant ! Que de catastrophes autour d’elle dans ces dernières années. Que de douleurs et que de deuils. Si quelqu’un est en droit de demander à la vie un peu de tranquillité et de bonheur, c’est bien Geneviève... »
32Sous les ratures dont Ludovic a caché la suite du texte manuscrit, on peut lire :
Il y a bien déjà, il est sûr, des dangers dans le mariage qu’elle fait et il m’est assez impossible cependant de ne pas m’en réjouir. D’abord elle, Geneviève, est contente et pleine de confiance en l’avenir et puis la voilà loin du moins du danger et maîtresse d’elle-même. Elle nous aime (beaucoup de tout son cœur) comme sa vraie famille et je suis certain que nous allons la voir beaucoup avec Bizet. Bizet a de l’esprit et du talent. Il doit arriver. Mais encore faudrait-il que les circonstances s’y prêtent21.
33Bizet est pauvre. Il va devoir se battre pour se faire une place au soleil... Ludovic est prêt à lui signer un chèque en blanc sur l’avenir... mais un coup de pouce du destin serait bienvenu. En tout cas, ce mariage libère Geneviève de l’emprise des Rodrigues de Bordeaux... et Ludovic s’en trouve rassuré.
34Après quelques mois passés à Saint-Gratien, près de Rueil, dans une maison prêtée par l’oncle Hippolyte, les Bizet s’installent à Paris en octobre, 22, rue de Douai, dans un appartement du troisième étage. Dans une lettre à Mme Trélat, Bizet évoque leur pénible déménagement : « Nous sommes en ce moment, morts de fatigue... quelle besogne, c’est effrayant. Le jour nous achetons des casseroles ; la nuit je travaille au Noé... pour lequel j’ai passé avec Pasdeloup un traité à courte échéance qui me remplit d’effroi. Dès que j’aurai un oreiller pour reposer ma tête, dès que j’aurai mes meubles, j’irai vous voir22 ».
35Après ces incontournables démarches qu’entraîne toute nouvelle installation, Bizet se met au travail avec enthousiasme. Il est plein de projets, d’ambition, il veut prouver sa valeur.
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41. Geneviève à Mme Léon Halévy et Valentine (1868)
D’abord toi, chère petite tante, car je veux te remercier de ne pas m’oublier plus que je ne t’oublie, et de m’avoir écrit une si bonne petite page qui m’a [fait] bien plaisir puisqu’elle me prouve encore une fois que ma tendresse pour vous est payée de retour, et bien que ce ne soit pas une nouvelle pour moi, ces sortes de choses sont toujours si agréables à entendre qu’elles se passent parfaitement du mérite de la nouveauté et supportent mieux que tout une seconde lecture.
Quant à toi, ma Valentinette, je vais tâcher de te satisfaire et de répondre à tes questions. Mais je te préviens d’avance que tout ce que je vais dire est authentique, car je ne me sens pas le moins du monde en verve et je te fais grâce de mes inventions. Je te dirai d’abord que j’ai beaucoup vu Laure la semaine dernière et qu’elle m’a demandé de tes nouvelles car elle [t’a], dit elle, toujours adorée. Mais pour le moment elle est allée chez madame Edgar Cordier et ne reviendra que dans quelques jours. Je n’ai donc pu lui faire part de tes propositions étretoises, qui du reste, je le crois aussi, n’auraient pas été bien accueillies par son geôlier, puisque geôlier il y a. Elle continue cependant à professer une grande admiration pour lui et trouve toujours moyen de faire part de ses sentiments entre un terne et un quaterne, car maintenant le loto est redevenu la passion de St-Germain. C’est un fort joli jeu, mais qui n’est pas sans inconvénients. Ainsi par exemple si on a une de ces chances insensées comme cela peut arriver dans une belle carrière, on parvient sans peine à retirer à la fin de la soirée un bénéfice net de 3. Mais comme pour cela il n’a pas fallu manquer le plus petit ambe, ce qu’on nous a dit d’injures ! ce que l’on nous a jeté de cartons ! c’est incalculable. Pourtant, une chose digne d’attirer l’attention générale c’est que madame Boilay conserve un calme parfait et s’abstient de tout murmure. Combien de temps cet héroïsme Spartiate durera ? Dieu seul le sait. Tout ce que je crois, c’est que j’aimerais surtout n’être pas en veine le jour où toutes ces colères éclateront.
Hier dimanche, il y avait des courses au Vésinet, et à Bougival la fête des canotiers accompagnée de régates, de joutes, etc. J’espérais que tout cela me fournirait quelque aventure à te narrer, mais voilà que pendant que nous étions indécis, ne sachant lequel de ces deux plaisirs nous choisirions, un troisième larron, c’est-à-dire la pluie, est venu trancher la difficulté et nous faire rester à la maison. Il est vrai que le plus bel espoir des courses était le cheval de René Petit et qu’au dernier moment il l’a retiré, préférant faire une promenade dessus. Quant à la fête des canotiers, je pense que ce n’était qu’une répétition de ce que nous avons vu l’année dernière. Cela se composait d’un ou deux bateaux contenant Rigolbochea et compagnie en costumes d’hommes. Tout cela peut se retrouver.
Louise Brun ne part pas cette année, et comme tu penses j’en suis fort aise. Lucie part seule avec ses enfants pour Nérisb ; la pauvre femme est toujours dans un triste état. Elle vient d’avoir quatre névralgies de suite, qui l’ont épuisée. J’ai été vendredi chez madame Ganderax. Mais elle dormait et je n’ai pu la voir. Madame Leduc m’a paru toujours fort inquiète. Elle partait pour Rueil où le reste de la maison devait la rejoindre le lendemain. Sitôt que je saurai quelque chose de nouveau je te l’écrirai.
Je t’embrasse et je t’aime. Reviens et écris.
Geneviève
Lundi
42. Ludovic à Geneviève < 1868 >c
Ma chère Geneviève,
Je ne pars que demain matin. Tes trois lettres m’ont trouvé chez moi. J’ai demandé une loge à l’Opéra Comique et tes quatre jardiniers verront les Fra Diavolo et Galathée. Je ne resterai que deux jours à Étretat – mercredi et jeudi – J’irai dîner vendredi chez Madame Perrind. Je serai de retour à Paris samedi et je compte aller aux Lions dimanche ou mardi. Les probabilités sont pour mardi.
Tout à toi.
Ludovic Halévy
Mardi soir
43. Ludovic à Geneviève < avant le 3 juin 1869 >e
Ma chère Geneviève,
Je comptais demander à Madame Henri Rodrigues de vouloir bien m’inviter à dîner demain samedi, mais je suis absolument obligé de me trouver samedi soir de bonne heure à Paris. Puis-je changer ce dîner en déjeuner et arriver dimanche à midi aux Lions ? Ne prends la peine de m’écrire qu’en cas de contre ordre [sic] ! Si tu ne m’écris pas, je viendrai.
J’ai pu avoir ce matin seulement les deux romans anglais dont Mélanie m’avait donné les titres. L’un d’eux, Ruth, était épuisé et mon libraire a eu quelque peine à le trouver. Enfin je les ai et je les envoie 28, rue de la Chaussée d’Antin.
La reprise de la reprise de l’Éclair fait de très belles recettes. On joue bien peu la Juivef, ce malheureux Villaret étant tout à fait délabré ; un nouveau ténor va répéter Éléazar ; il se nomme Morere et a d’excellentes qualités ; je crois qu’il réussira dans le rôle.
Nous allons tous bien si ce n’est l’inévitable abrutissement résultant des patiences. Valentine seule proteste en refusant d’en apprendre une seule mais il faudra bien qu’elle y vienne.
Rappelle-moi au bon souvenir de Madame Henri Rodrigues et de toute la colonie des Lions. A Dimanche sauf contre ordre.
Tout à toi.
Ludovic Halévy
Jeudi
44. Geneviève à Mme Léon Halévy (7 juin 1869)g
Ma chère petite tante,
Je ne veux pas rester plus longtemps sans t’embrasser, sans vous embrasser tous et sans te dire que je serai bien heureuse quand je pourrai le faire de plus près. Nous sommes déjà complètement et très bien installés et ai-je besoin de te dépeindre notre enchantement le jour où vous voudrez bien tous venir en juger par vous-mêmes. Ce n’est pas loin et il fait beau donc la chose n’est pas impossible, nous l’espérons bien et tous deux également. En attendant je vous envoie toutes mes meilleures tendresses et j’attends de vos nouvelles. Mille baisers à toi ma Valentinette et à vous aussi ma chère Louise et mes meilleures amitiés à Ludovic et à mon oncle. Je suis bien de son avis !
Geneviève
Dimanche
45. Geneviève à Mme Léon Halévy (18 juillet 1869)
Ma chère tante,
Tu as un neveu qui a tant à travailler dans ce moment qu’il est éreinté et qu’il ne viendra probablement pas lundi à Paris. Nous ne pourrons donc pas dîner avec vous à notre grand désespoir. Cependant comme nous ne nous voyons plus du tout et que les choses ne peuvent pas durer plus longtemps comme ça, il faut absolument que vous veniez tous dîner avec nous un des jours de la semaine prochaine. Excepté mardi ou mercredi choisissez vite vite, répondez-moi vite vite vite et venez encore plus vite.
Mille tendresses pour tous de notre part à tous deux et de celle de mon oncle.
Geneviève
Je rouvre ma lettre pour te dire que mon oncle reçoit la tienne et qu’il t’en remercie beaucoup. Il ne peut que te répéter ce que je viens de te dire et insister beaucoup pour que vous veniez le plus vite possible. Par ces chaleurs il ne va plus ou presque plus à Paris et demande que votre bonne invitation soit remise à une époque plus fraîche. Pardonne ce griffonnage insensé mais je n’ai qu’une minute et trois secondes en tout pour te dire tout ça !!! Vite votre jour !!!
Georges et moi nous vous embrassons.
G.
Samedi
46. Geneviève à Valentine Halévy, 19 août 1869h
Merci ma bonne chérie de m’avertir toi-même du petit accident de Ludovic car j’aurais en effet été très tourmentée si j’avais appris la chose par la voix publique d’une façon incomplète, ou peut-être même trop complète comme cela arrive toujours. Dis au pauvre déclaviculéi que nous irons le voir et que nous irions tout de suite si Georges n’était pas forcé de travailler au point de compter les minutesj. En attendant dis-lui que nous le plaignons un peu, et que nous l’aimons beaucoup. Donne-moi de ses nouvelles chérie et embrasse tout ce que tu peux pour moi, sans sortir des bornes de la convenance, bien entendu. Dis à Louise que ce serait avec le plus grand plaisir que je lui prêterais le patron qu’elle me demande, si je l’avais ! mais malheureusement on a fait ma casaque sur le patron de Thérèse Doux à laquelle je l’ai rendu fidèlement. Par exemple je suis persuadée qu’elle ne s’en sert plus et qu’elle serait enchantée de rendre ce petit service à Louise. Du reste Joséphinek me dit en ce moment, pendant que j’écris, que le patron seul ne peut servir exactement à rien, et qu’elle n’elle [sic] n’a pu se tirer de ce vêtement compliqué qu’avec le modèle complètement fini que Thérèse m’a prêté avec le patron. Donc si elle veut ma casaque marron, elle est à sa disposition. Je tâcherai de trouver un moyen de la lui faire parvenir, et j’espère que l’occasion se présentera d’ici à peu de jours.
Mille amitiés de notre part à tous deux pour vous tous. Toi chère je t’embrasse et t’aime de tout mon cœur.
Geneviève
Jeudi 19 août
J’espère que tu parviendras à comprendre les explications embrouillées que je te donne. Le style n’est pas bon mais en revanche le tout me paraît assez incompréhensible [sic]. C’est en relisant ma lettre que je m’aperçois de cela et il faut que je compte bien sur toute l’intelligence qui te caractérise (flattons-la), pour ne pas la recommencer.
47. Geneviève à Mme Léon Halévy < été 1869 >
Ma bien chère tante !
Quel bonheur ! Je vais enfin vous voir et vous embrasser ! J’irai vous trouver samedi matin si le temps me le permet, car le voyage est presque impossible par la trop grande chaleur depuis que le chemin de fer nous abandonne à Rueil. Mais malgré sa complication (du voyage) j’ai si envie de vous voir que je ne m’arrêterai que devant une impossibilité.
Georges vous embrasse tendrement ! Moi aussi et je vous aime bien.
Geneviève
Jeudi matin
48. Geneviève à Mme Léon Halévy et Valentine < septembre 1869 >l
Mais, mes bonnes petites dames, je ne pouvais pas vous prévenir, puisque je me suis décidée à partir pour Paris, hier à onze heures c’est-à-dire une heure avant mon départ ! Je suis stupide, car vous êtiez pour beaucoup dans le but de mon voyage, et il ne m’est pas venu à l’esprit une seule minute que je pourrais ne pas vous trouver ! Tu peux donc juger de mon désappointement quand je suis arrivée rue de Douai ! J’ai fort envie de vous voir et voici ce que je vous propose afin d’être sûre de ne pas vous manquer ; écoutez bien !
Georges ira à Paris mardi prochain et il serait possible que j’aille avec lui ! Dans ce cas je serais chez vous à deux heures et je resterais jusqu’à mon départ. Si au contraire je ne viens pas (il se pourrait que je ne le puisse pas !) Georges qui arrivera à Paris vers dix heures vous fera porter un mot de suite, afin de vous rendre votre liberté, et s’il fait beau vous pourriez profiter de cette liberté pour venir me voir ! En partant à onze heures et demie de Paris vous seriez chez moi à une heure moins un quart et vous pourriez repartir à quatre heures et demie ce qui vous mettrait à six heures chez vous. Si vous préférez venir mercredi vous me trouverez également. J’espère donc que nous finirons par nous voir bientôt et dans cette espérance je vous embrasse comme je vous aime.
Geneviève
Vous n’aurez pas une minute de marche !
49. Geneviève à Mme Léon Halévy < 1869 >
Ma chère tante,
Georges ne connaît pas personnellement la personne en question, mais il lui semble bien en avoir toujours entendu dire le plus grand bien par ses camarades. En tous cas, il va se mettre en campagne et espère bien te rapporter ce soir des renseignements exacts. Je t’embrasse et t’écrirai dès que je saurai quelque chose.
Geneviève
50. Geneviève à Mme Léon Halévy (1869)
Ma chère petite tante,
Je voudrais essayer de soigner mon pied en restant en pantoufles toute la journée. Peux-tu venir me voir seulement car je ne t’ai pas vue depuis deux jours et il est triste d’en être réduit à correspondre si cérémonieusement. Je vous embrasse toutes. Dis aussi à Louise de venir.
51. Geneviève à Valentine Halévy, non datée
Dimanche
Ma chère bichette,
Je n’ai décidément pas le temps d’aller t’embrasser avant deux heures, mais je serai sûr chez moi à quatre heures et demie et je compte tout à fait sur toi. Remercie Ludovic de sa loge d’hier, et dis-lui que je vais recommencer à l’ennuyer pour en avoir une autre. Je commence à lui prouver que ce n’est pas une sinécure, d’être mon cousin.
À tantôt et tout à toi.
Geneviève
Notes de bas de page
a Marguerite Bédel, dite Rigolboche, ancienne danseuse du Prado et reine du cancan aux Délassements-Comiques.
b Louise Brun et son frère, Édouard-Georges Rodrigues Henriques, avaient hérité du château des Lions. Lucie (née Étignard de Lafaulotte) était la femme d’Édouard.
c Date de la création de Fra Diavolo.
d Madame Perrin, femme d’Émile Perrin, ex-directeur de l’Opéra-Comique.
e Avant le 3 juin 1869, date du mariage de Geneviève avec Georges Bizet, et alors qu’elle séjournait encore au château des Lions.
f L’Éclair et La Juive, œuvres scéniques de Fromental Halévy. L’Éclair fut repris quatorze fois en 1869.
g Quatre jours après le mariage de Geneviève avec Georges Bizet. Geneviève était alors âgée de vingt ans. Provisoirement, le jeune couple était « campé » à Saint-Gratien, près de Rueil, dans une maison prêtée par Hippolyte Rodrigues. À cette date, Ludovic était marié avec Louise Breguet depuis un an (3-7-1868).
h Geneviève et Georges Bizet sont toujours à Saint-Gratien et Nanine et Valentine Halévy au 31, rue de La Rochefoucauld à Paris.
i En août 1869, Ludovic s’était cassé la clavicule en tombant de cheval. Il dut longtemps dicter ce qu’il ne pouvait écrire.
j Au moment du mariage, le jeune couple n’est riche que d’espérances et Bizet doit travailler avec acharnement. De plus, il s’est engagé à terminer et instrumenter Noé, un opéra laissé inachevé par son beau-père.
k Joséphine était la femme de chambre de Geneviève.
l Lettre écrite de Saint-Gratien courant septembre 1869, pendant les six semaines de travaux qui ont précédé l’installation des Bizet au 22, rue de Douai.
Notes de fin
1 Louise Halévy, Souvenirs inédits, cités par Claude Nabokoff, dans Henri Loyrette, op. cit., p. 330.
2 Goncourt, Journal, op. cit., p. 417.
3 Jacques Offenbach, Correspondance avec Meilhac et Halévy, Paris, Séguier, 1994, p. 136.
4 Citée par Mina Curtis, Bizet et son temps, p. 213.
5 Goncourt, op. cit., p. 416-417.
6 Cité par Jean-Pierre Halévy, dans Henri Loyrette, op. cit., p. 143.
7 Félicie, femme du Dr Blanche.
8 Papiers de J.E. Blanche, bibliothèque de l’institut, Ms 7046, n° 205-206.
9 J. Offenbach, Correspondance, op. cit., lettres 81, 82, non datées mais écrites en juillet 1868, et lettres 83, 84, 85.
10 Lettre de Louise à ses parents, datée du 28 février 1869, archives J.-P. Halévy.
11 Archives J.-P. Halévy.
12 G. Bizet, Lettres à un ami (1865-1872), Éd. Galabert, Paris, Calmann-Lévy, 1909.
13 Ibid.
14 Cf. Leslie A. Wright, IS p. 27, Letters of the Nydal Collection, Stockolm, 1988.
15 Lettre de Léonie Halévy à Georges Bizet, 1872, archives J.-P. Halévy.
16 Lettres de George Bizet à Léonie Halévy, BNF Nafr 14345.
17 Lettre non datée mais écrite sur le même papier à lettre que celui qu’elle utilisait en 1867 et que celui d’une lettre datée du 9 janvier 1867. Bibliothèque de l’institut de France, MS 7046, archives de J.-E. Blanche.
18 Lettre de Léonie Halévy à Georges Bizet, < 1871 >, archives J.-P. Halévy.
19 Cité par Mina Curtis, op. cit., p. 214.
20 Lettre de Léonie à Georges Bizet, 1872, archives J.-P. Halévy.
21 Ludovic Halévy, Carnets, BNF Ma. 19 920 (30 et 31).
22 Cité par Mina Curtis, op. cit., p. 219.
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