Chapitre 4. Le patronyme comme métaphore de l’histoire1
Comment dénommer les anciens esclaves ?
p. 81-94
Texte intégral
1Lors de la seconde et définitive abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, en 1848, l’attribution d’un patronyme aux anciens esclaves devenus hommes libres devait être non seulement la marque première de leur entrée en citoyenneté mais encore et surtout le signe, manifeste, de la reconnaissance symbolique d’une humanité, d’une individualité et d’une dignité déniées par la condition servile. Les modalités de la désignation patronymique des nouveaux libres furent l’objet d’une réflexion parfois ardue dont rendent compte, notamment, les travaux de la commission de l’abolition de l’esclavage en 1848 mais que révèlent également plusieurs textes législatifs antérieurs à l’abolition et concernant les restrictions apportées à l’inscription des esclaves affranchis sur les registres d’état civil. Signe d’une liberté nouvelle, le patronyme des nouveaux libres sera toutefois, dans de nombreux cas, le rappel plus ou moins discret de leur sujétion ancienne et conservera, dans sa forme même, la mémoire d’un passé tumultueux et violent. Métaphore de l’histoire, la question du nom s’inscrit dans le texte de la loi coloniale mais aussi dans de larges pans de la production romanesque des Amériques ayant connu le système des plantations. La réalité ancienne de l’attribution d’un patronyme et sa recréation romanesque forment ainsi une constellation doublement signifiante permettant d’explorer le poids immense de l’esclavage et de la fonction symbolique du nom sur les consciences et les imaginaires.
2Ainsi, dans cette œuvre majeure qu’est La Chanson de Salomon, l’écrivain afro-américain Toni Morrison fait du nom et du surnom l’un des axes essentiels de son architecture fictionnelle et porte ainsi au jour les multiples sens et interrogations d’une histoire collective et individuelle. Dans ce roman, la question du « vrai nom » rythme d’obsédante façon le déroulement narratif. Ainsi, au début du roman, figure cette réflexion du père du héros dont le nom, Maçon Mort, est le résultat d’un travestissement involontaire et dont le fils, qui se nomme aussi Maçon Mort, a reçu le surnom de « Laitier » :
« Sa sœur et lui, se disait-il souvent, avaient sûrement eu un ancêtre, un homme jeune et souple, à la peau d’onyx, aux jambes droites comme des tiges de bambou, qui portait un vrai nom. Un nom qu’on lui avait donné à sa naissance avec amour et gravité. Un nom qui n’était ni une plaisanterie, ni un sobriquet, ni un nom de marque. Mais qui avait été ce jeune homme agile, d’où venait-il, où allait-il sur ses longues jambes de bambou, on ne le saurait jamais. Non. Pas plus que son nom. Ses propres parents, par perversité ou par résignation, avaient accepté de répondre à un nom dont les avait affublés quelqu’un qui s’en fichait pas mal. Accepté de prendre et de transmettre à toute leur descendance ce nom pesant gribouillé en parfaite inconscience par un Yankee ivre de l’armée nordiste » (Morrison, 1985, p. 26).
3Lors de l’enregistrement sur les listes d’état civil, après l’abolition de l’esclavage, l’officier a, en effet, inscrit dans « les mauvaises cases » les réponses aux questions diverses concernant l’ancien état des nouveaux affranchis : lieu de naissance, nom du père, nom du maître. Le grand-père du héros est né à Maçon, son père est mort et il a pu acheter sa liberté avant l’abolition générale de l’esclavage. L’erreur du « Yankee ivre de l’armée nordiste » a été d’intervertir l’ordre de ses réponses aux questions et donc de lui donner l’identité suivante : né à Chuilibre (« J’suis libre »), patronyme « Mort » (« état » de son père), prénom « Maçon » (lieu de sa naissance). Cette identité fausse restera inconnue du grand-père du héros qui ne sait pas lire jusqu’au moment où sa femme la lui révélera. Ce nom restera toutefois leur « vrai nom » et sera transmis car, dit le père du héros : « Maman l’aimait bien […] il était tout neuf et il effacerait le passé. […] il effacerait tout » (Morrison, 1985, p. 69).
4L’importance du nom – et du surnom – dans ce roman de Toni Morrison est un des exemples particulièrement signifiants de la fonction dévolue à la question de la désignation individuelle dans de nombreuses productions littéraires des Amériques (continentales et insulaires) ayant connu le système de plantation et l’esclavage. De Toni Morrison à Ralph Ellison, de Simone Schwarz-Bart à Edouard Glissant, l’envahissante présence de la question du nom manifeste le désir, diversement accompli, d’une recréation romanesque, d’une réécriture de l’histoire, mais aussi d’une tentative d’en dépasser l’innommable. Les avatars romanesques du nom permettent en effet de mettre en scène les tumultes de l’histoire et de recréer, réinventer – plutôt que retrouver ou collecter – les fragments épars, obscurs d’une diffuse mémoire collective souvent écartelée entre deux impossibles : celui du souvenir et celui de l’oubli de l’esclavage.
5Évoquant l’obsession du nom, qui investit une grande part de la littérature des Amériques ayant connu l’esclavage et le système de plantation, l’écrivain martiniquais René Ménil estimait, dans son ouvrage Tracées, que :
« L’art antillais et de notre continent tout entier est un art qui a à ressusciter nos pays d’entre les morts en donnant un nom aux hommes et aux choses – le nom qui leur manque – et en travaillant ce nom pour donner à notre monde le lustre qui lui manque au regard de la culture universelle. Or, le problème du nommer et du dénombrer est dramatiquement mis en scène et exhibé partout […] Remarquez que ce problème est toute l’affaire des créolisants, à savoir de quel nom illustrer la vie antillaise et son site. Et c’est l’affaire de tous les écrivains antillais – le baptême du nom » (Ménil, 1981, p. 213).
6Les avatars du nom, dans les Amériques du système de plantation, sont l’une des multiples figures d’une dépossession, de cet immense traumatisme collectif que fut l’esclavage et dont la création romanesque ne peut, semble-t-il, épuiser la persistante douleur. L’acte initial de cette dépossession fut la traite, l’arrachement à l’Afrique et l’annulation du nom, bien que le surnom de l’esclave puisse être parfois un rappel de son origine, ainsi que le relève notamment Jacques Adélaïde dans son étude des noms d’esclaves d’une commune guadeloupéenne – Le Moule – pendant la période précédant directement l’abolition de l’esclavage :
7« The surname might refer to the ethnic and géographie origin of the slave ; Thus, in 1846, we find a reference to Adelaide called Ibo, Isaac called Congo » (Adélaïde, 1974, p. 70).
8Il convient toutefois, s’agissant du « vrai nom africain », de distinguer ce qu’il en est de sa fonction symbolique pour les descendants d’esclaves (et de sa fonction poétique pour les écrivains) et ce qu’il en est de sa réalité culturelle dans les sociétés africaines. Si la perte du « vrai nom africain » enclôt toute la brutalité du déracinement, toute l’ampleur de l’arrachement à la « Mère-Afrique » et la profondeur de l’affliction, si ce nom annulé rassemble, métaphoriquement, les multiples figures de la perte et du manque, s’il est le signe le plus évident et affectif de la négation de l’identité, il convient toutefois de ne pas lui apposer une grille de lecture inadéquate : la multiplicité des systèmes de désignation, dans une grande partie des sociétés africaines traditionnelles, interdit en effet la détermination d’un modèle unique de référence. Souvent ce « vrai nom » (nom d’ailleurs multiple dans nombre de sociétés africaines) peut sans doute être considéré moins comme le signe de la distinction individuelle que, celui de la place des personnes dans le groupe, de leur appartenance à une certaine strate de la collectivité (appartenance déterminée, selon les cultures, par la filiation, les systèmes de parenté, les réseaux d’alliance, les hiérarchies de castes...).
9Quelles qu’aient été les anciennes réalités africaines des modes de désignation, l’annulation du nom des esclaves nés en Afrique est un signe premier de déshumanisation. L’annulation du nom enclôt non seulement en elle les multiples formes de la dépossession de l’esclave mais projette également une illégitimité, celle de sa présence au monde, puisque son existence, contingente, n’est pas celle d’une personne mais d’un meuble, d’un objet – l’esclave est enregistré, sur les listes, sous un numéro matricule – et parce que l’esclave, ainsi réifié, est une possession, une marchandise et que sa nomination est le plus souvent l’exclusif privilège du maître. Démuni de tout, et d’abord de son nom, l’esclave – ce « migrant nu » selon l’expression d’Edouard Glissant – n’a qu’un prénom ou un surnom qui s’apparente souvent à un sobriquet et par lesquels il sera désigné (le prénom et le surnom ou le sobriquet pouvant être une double désignation d’un même individu). Cette absence de patronyme est le signe de l’inexistence légale de l’esclave, de la négation de sa personne mais également de son indistinction, de sa déréliction et de son indignité.
10Dans l’un de ses romans, Le Quatrième Siècle, roman totalement investi de la puissance métaphorique du nom, l’écrivain martiniquais Edouard Glissant exprime à de multiples reprises le poids immense de la nomination dans la société esclavagiste :
« Ils acceptaient que tu portes un nom, à condition qu’ils te le donnent. S’ils avaient décidé pour La Pointe, va donc leur faire admettre que tu veux Longoué, à cause que Longoué est comme un dongré de farine bien pris dans un bouillon de crabes et raide comme un bois campêche. Va donc leur faire admettre ! Que ton nom est pour toi, choisi par toi ? Ils n’acceptent pas ! Sauf s’ils y trouvaient un plaisir particulier […] Dans ces cas-là, oui, ils te tueraient plutôt que de te l’enlever le nom, si dans d’autres cas – quand tu osais en choisir un et décidais de le porter toi seul – ils t’auraient tué pour te l’ôter sans retour. Ils décrétaient alors : « Il n’a aucun droit à porter ce nom ». Sauf, encore, si le nom les flattait » (Glissant, 1964, p. 166 sq.).
11Dans son étude sur les noms réunionnais, Sudel Fuma établit l’inventaire, pour un nombre donné d’esclaves (5287), des critères de dénomination et donne également les pourcentages d’attribution par rapport au nombre d’esclaves considérés mais également par rapport à leur sexe. Ces critères sont les suivants : la couleur (8,6 %, hommes : 7 % ; femmes : 93 %), le comportement (46 %, H. : 57 % ; F. : 43 %), le caractère physique (2,4 %, H. : 46 % ; F. : 54 %) la géographie (5,6 %, H. : 64 % ; F. : 36 %), la mythologie (5,3 %, H. 81 % ; F. : 19 %), les noms d’animaux (3,1 %, H. : 58 % ; F. : 42 %), d’objets (2 %, H. : 87 % ; F. : 13 %), de plantes (9,1 %, H. : 35 % ; F. : 65 %), de temps (5,6 %, H. : 97 % ; F. : 3 %) de personnages historiques (9,3 %, H. : 95 % ; F. : 5 %), de sites et lieux dits (1,3 %, H. : 68 % ; F. : 32 %), et enfin les noms donnés comme prénoms (seulement deux hommes).
12Sudel Fuma relève que :
« Tels esclaves prendront les prénoms de Misère, de Malade, de Vapeur, tels autres ceux de Jacquot, Victoire, Toutou. Dans d’autres cas, ce sont les caractéristiques physiques comme Mollet, Barbe, Bras, Chinois, Caffre qui tiennent lieu de prénoms. » Certains autres seront appelés Jupiter, Samson, Goliath mais pourront aussi recevoir, comme marque de dédain du maître, des désignations telles que : « Bouillon, Boue, Cartouche, Couscous, Domino, Extrait, Gigot… » (Fuma, p. 17 sq.)
13Bien que ces procédés de nomination ne semblent pas véritablement spécifiques car ils s’inscrivent dans l’histoire générale des modes de formation du nom et bien qu’il faille noter également que la renomination, par leurs maîtres, des domestiques (individus libres mais « attachés » à une maison) peut être une pratique fréquente, ce droit de dénomination exercé par le maître sur l’esclave est cependant une autre manifestation de son pouvoir de sujétion et de coercition. À ce titre, l’attribution d’un patronyme aux nouveaux libres, lors de la seconde et définitive abolition de l’esclavage dans les colonies françaises en 1848, sera non seulement une indispensable mesure législative faisant accéder l’ancien esclave au statut d’homme libre et de citoyen mais encore une étape fondamentale dont l’extrême importance symbolique est patente.
14Il est également évident que la question du nom, avant même l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, est d’une cruciale importance pour la population blanche. Ce fait est aisément décelable dans de multiples strates de l’histoire coloniale et, notamment, dans les diverses dispositions législatives régissant le choix d’un patronyme par les affranchis, avant la seconde et définitive abolition de l’esclavage. La fameuse ordonnance de Louis-Philippe du 29 avril 1836 interdit, à l’article 4, l’usage de « noms patronymiques connus pour appartenir à une famille existante, à moins du consentement exprès et par écrit de tous les membres de cette famille ». Dans son étude sur les noms réunionnais, Sudel Fuma rappelle qu’en raison de cette ordonnance, tous les noms d’affranchis avant 1848 seront donc inventés ou créés à partir de noms et prénoms déjà existants. Les sobriquets ridicules, les noms de personnages historiques ou la mythologie gréco-latine, les jeux de mots faciles ou fantaisistes, les inversions de mots, sont des recours pratiques pour les officiers de l’état civil. Plusieurs procédés sont utilisés pour identifier les esclaves qui accèdent à la liberté avant 1848. Selon cette étude de Sudel Fuma, de 1832 à 1837, l’administration coloniale impose, à la Réunion, l’attribution des noms d’affranchis selon une lettre alphabétique donnée, ainsi qu’en témoignent divers arrêtés d’affranchissement (celui du 16 avril 1832 fixe la lettre A pour les bénéficiaires de noms propres, ceux des 14 janvier et 6 février 1833, la lettre C, etc.). Sudel Fuma note également qu’après l’arrêté du 29 avril 1837, l’attribution méthodique et par ordre alphabétique de patronymes d’affranchis n’est plus imposée par l’administration coloniale. La majorité des patronymes sont assignés par l’officier d’état civil ou imposés par le maître qui accorde la liberté à l’esclave : « Ainsi, Léonore, esclave malgache de 28 ans, affranchie le 26 février 1833 à Saint-Denis par le sieur du Temple « prendra le nom de Lagodelle sur la demande du maître ».
15Les enfants naturels, affranchis par leur père, prennent le nom du père ou ses prénoms : « Victorine, créole, couturière, âgée de 40 ans et ses douze enfants, tous esclaves et enfants du sieur Lin, auront le patronyme de ce dernier. Dans certains cas, les membres d’une même famille auront des patronymes différents : « Antoine Bernard prendra le nom de Estournel et Marie Juliette celui de son père ». Une mère et ses deux filles, affranchies par leur maître, porteront des noms différents ; la mère et la première fille s’appelleront Ficher et la seconde fille Balma ! » (Fuma, p. 10 sq).
16Quels que soient les divers procédés de nomination des affranchis à la Réunion et dans les Antilles françaises (procédés souvent similaires ainsi qu’en témoignent les déclarations d’affranchissements), la même inquiétude persiste chez les Blancs de la colonie. Ils craignent toujours, en effet, que les affranchis, dont le nombre s’accroîtra considérablement durant la dizaine d’années précédant l’abolition, ne puissent franchir la barrière de la couleur et passer pour des Blancs, ce qui mettrait en péril l’organisation coloniale dans son entier puisque le groupe blanc, placé tout en haut de la hiérarchie sociale et raciale, se verrait ainsi menacé par la contamination d’une miscégénation impossible à contrôler. Le nom, pour nombre de familles blanches de la colonie, ne marque pas seulement leur inscription dans l’histoire ; il n’est pas seulement une preuve tangible d’antériorité historique, de légitimité. La volonté de préserver le nom est une autre forme de la crainte que la barrière de couleur ne soit franchie et que la communauté blanche ne soit infiltrée puis peut-être dévorée, annihilée en tant que communauté racialement distincte, par la présence grandissante en son sein d’individus d’origine servile mais dont le phénotype ne pourrait permettre que soit décelée leur lointaine origine africaine.
17L’on peut donc lire, dans cette obsession du nom à préserver, l’image condensée, le résumé hautement signifiant des rapports raciaux dans la colonie (rapports rendus d’autant plus subtils et complexes par le nombre d’individus, illégitimes ou reconnus par leur père, pouvant se réclamer d’une ascendance blanche ou pouvant en fournir la preuve, en cas de reconnaissance par le père). Il importe donc de maintenir « la discrimination raciale dans la distinction nominale », selon la formule de Nicole Lapierre (Lapierre, 1995, p. 43) L’importance de la préservation du nom, pour une grande partie de la population blanche dans les colonies françaises, indique clairement la peur d’un changement éventuel des identités individuelles autant que collectives, la peur d’une indistinction raciale par la dilution dans la masse grandissante des mulâtres qui revendiqueront, en raison de leur ascendance, les mêmes droits civils et politiques que les Blancs.
18C’est ainsi que l’on maintiendra, avant l’abolition, malgré les pétitions réitérées des hommes de couleur libres, la distinction entre les Blancs et eux dans les registres d’état civil car, malgré les lois prohibant le mariage de personnes de couleur libres avec des Blancs, la négligence des officiers de l’état civil a parfois permis que s’établissent des unions entre des personnes appartenant à ces deux groupes distincts, ainsi que le rappelle, notamment, un extrait de procès-verbal de délibération du Conseil privé de la Guadeloupe lors de la séance du 29 octobre 1829. Lors de cette séance, il sera rappelé que doivent s’appliquer les dispositions prévues par l’article 193, §2, du code pénal et dont le procureur général donnera lecture au Conseil :
« La même peine sera appliquée à l’officier d’état civil qui inscrira la naissance, le mariage ou le décès, soit des esclaves, soit des individus de couleur libres, sur les registres d’une population autre que celle à laquelle ils appartiennent, lorsqu’il sera reconnu qu’il a agi par négligence ou inattention2. »
19Lors de cette séance, l’on débattra également de la question de l’état civil des esclaves tel qu’il est prévu par l’ordonnance organique judiciaire du 24 septembre 1828, établissant la distinction des registres de naissances et de décès pour les Blancs, les gens de couleur libres et les esclaves : « M. le Procureur Général ne voit pas l’importance de ce dernier registre ; mais néanmoins, il doit persister à demander leur établissement parce qu’en agissant ainsi, il ne fait que réclamer l’exécution de la loi. » Lors de cette séance du Conseil privé, les interventions seront nombreuses pour affirmer l’inutilité de tenir un registre pour les esclaves car les dénombrements sont déjà suffisants. On proposera même l’abrogation de l’article 89 de l’ordonnance royale du 24 septembre 1828 car elle semble préférable au fait de « laisser subsister une disposition qui ne peut s’appliquer ».
20De nombreux rapports et lettres font en effet état de la difficulté de faire appliquer les dispositions concernant l’état civil des esclaves. Il semble qu’une tenue régulière et uniforme des registres de l’état civil soit impossible à réaliser dans les colonies françaises et qu’une grande confusion règne souvent là où, selon la loi, devrait s’exercer un ordre d’autant plus nécessaire qu’il constitue l’indispensable barrière, l’infranchissable frontière à la fois réelle et symbolique entre les différents groupes ethniques. Parmi les multiples témoignages de cette confusion, une lettre adressée par le procureur du roi au gouverneur de la Martinique le 9 décembre 1828 souligne l’urgente acuité de la question et affirme que, malgré la loi, la législation locale n’a jamais établi de registre pour les esclaves. Rappelant qu’une circulaire du préfet colonial du 27 novembre de cette même année affirme que la loi ne reconnaît pas d’état civil aux esclaves, que ceux-ci n’existent que par le recensement des maîtres, le procureur général conclut :
« Dans tous les cas, Monsieur le Gouverneur, je ne pense pas qu’une disposition pénale, qui est loin d’être formelle, puisse modifier le droit civil. L’établissement des registres pour les esclaves est une question extrêmement grave en droit colonial ; elle touche de trop près aux intérêts de la population blanche, pour qu’elle ne soit pas digne d’un mur examen3… »
21Les résistances des maîtres et des autorités locales à l’enregistrement des esclaves, conjuguées aux inévitables difficultés matérielles de l’organisation des listes, feront que les registres seront lacunaires quand ils existent et qu’on estimera que les dénombrements, chargés de retenir les naissances et les décès, seront largement suffisants pour tenir le compte de la population servile.
22Avec l’abolition de l’esclavage, cette question de l’état civil deviendra d’autant plus urgente qu’il s’agira, non seulement de former les listes électorales, mais également et surtout de faire accéder à la dignité de citoyen l’ensemble de la masse servile. Les procès-verbaux des séances de la commission instituée pour préparer l’acte d’émancipation immédiate des esclaves dans les possessions de la France rendent largement compte de la difficulté de la question et, notamment, des modalités d’attribution d’un patronyme aux nouveaux hommes libres. La procédure est compliquée par le nombre des noms à pourvoir puisqu’il s’agit d’un affranchissement en masse et par l’homonymie qui règne dans la dénomination des esclaves et de nombreux affranchis. L’on proposera donc, à un moment, de procéder à une nouvelle nomenclature des noms et prénoms pour chacun des affranchis et de se fonder, pour cela, ainsi que le suggère Mestro, un membre de la commission, sur les anciens registres matricules des esclaves. Mais l’affranchissement en masse, ainsi que le fait remarquer Gatine, complique la question car il faudra procéder par mesure générale. L’on débattra également sur la question de savoir s’il ne vaut mieux pas, plutôt que de se fonder sur les anciennes désignations – ainsi que le propose Schoelcher –, procéder à une rénovation complète des noms pour effacer jusqu’aux dernières traces de la servitude. Il reste pourtant une grande difficulté, ainsi que le soulignera Gatine : « La plupart de ces noms d’esclaves sont des prénoms, Pierre, Paul, etc. ; les mêmes peuvent appartenir à plus d’un invididu dans la même commune : comment les distinguer ? Il faut quelque chose de plus que les noms anciens » (Procès-verbaux, 1848, p. 52 sq.)
23Perrinon, un autre membre de la commission, étant donné l’urgence de la situation (on souhaite établir les listes d’état civil dans chaque commune dans le délai de deux mois qui doit s’écouler entre la promulgation et l’application du décret d’abolition), propose d’immatriculer les esclaves par numéro ou encore avec un « système de noms variés à l’infini, par interversion des lettres de certains mots pris au hasard ». Ce « système de noms variés à l’infini » sera effectivement mis en pratique par certains officiers d’état civil qui trouveront là le moyen d’exercer leur fantaisie aux dépens des nouveaux libres et dont l’imagination donnera naissance à divers modes de déclinaison de noms susceptibles de provoquer la surprise ou l’hilarité. Ainsi que le souligne Sudel Fuma dans son étude des noms réunionnais :
L’analyse des critères de dénomination montre que les mécanismes mentaux qui conditionnaient l’attribution de prénoms avant 1848 ne sont pas modifiés par l’abolition de l’esclavage. Aussi trouve-t-on tous les modes de désignation de la période servile. Le critère le plus généralement utilisé est celui des prénoms. Sur 30 106 patronymes d’affranchis, on a recensé 4635 noms qui sont au départ des prénoms. De même, les critères moraux, les noms d’objets, de métiers, de plantes sont utilisés comme moyens de dénomination. Dans de nombreux cas, l’agent suivait l’ordre alphabétique et laissait jouer son imagination lettre par lettre. Après avoir épuisé toutes les possibilités de la lettre A, il passait à la lettre B, puis à la lettre C, créant ainsi des patronymes nouveaux à chaque lettre de l’alphabet. Évidemment, les noms de l’ancienne population libre ne pouvaient être attribués et celle-ci disposait d’une voie de recours devant le tribunal au cas où un nom de Blanc avait été donné à l’affranchi. Plusieurs noms patronymiques sont des sobriquets ou des noms ridicules qui tournent en dérision le décret du 27 avril 1848 émancipant les esclaves.
Opposés à la libération massive des esclaves, les notables de la colonie manifestaient à travers la rédaction de registres spéciaux leur ressentiment à l’égard des nouveaux libres. Consciemment ou inconsciemment, ils refusaient à l’esclave libéré sa place dans le monde libre en le différenciant des Blancs par un patronyme qui conservait la marque de l’esclavage. Les générations de « Collera », de « Néant », se voyaient pour toujours imposer des noms à travers lesquels il était difficile de s’identifier ! Les dénominations agressives expriment inconsciemment le refus de l’émancipation des esclaves » (Fuma, p. 18).
24Malgré la prescription ministérielle d’attribuer des noms patronymiques aux nouveaux libres, le processus d’attribution fut lent et, pour certaines communes de Guadeloupe, s’étendra, selon l’historienne Josette Fallope, jusqu’en 1862 (Fallope, 1992, p. 368). On ne s’étonnera pas de cette lenteur qui tient à la relative complexité de la procédure, aux difficultés matérielles de l’organisation de cette nomination, à l’obligation, pour les nouveaux libres, de débourser la somme de deux francs pour obtenir un extrait d’état civil comme titre officiel commémoratif de l’avènement de la liberté, ainsi qu’à certaines résistances des autorités locales, des maîtres de plantation ou à l’état lacunaire des anciens registres matricules.
25Condition première de l’identification et de l’individualité, signe d’une liberté nouvelle, le nom nouveau des anciens esclaves devenant citoyens apparaît donc souvent, par les difficultés d’organisation de son attribution et les spécificités de son invention, non comme la marque éclatante d’une nouvelle condition mais comme un rappel plus ou moins subtil de la sujétion ancienne. Loin d’être l’annulation totale de la dépossession ancienne et la preuve d’une légitimité désormais incontestable, le nom nouveau maintiendra souvent l’écho d’un passé dont la seule abolition de l’esclavage ne saurait abolir la douloureuse indignité.
26Il est toutefois permis de considérer que certaines nouvelles nominations, après l’abolition de 1848, purent parfois résulter d’un choix et témoigner ainsi du réel exercice d’une toute neuve liberté. L’on peut penser également que les marrons – esclaves s’enfuyant de la plantation – aient choisi leur nom comme ils avaient choisi la liberté malgré les conséquences, souvent graves, de leur acte. Au nombre des proclamations faites par Gatine, commissaire général à la Guadeloupe, figurait un appel aux marrons à s’inscrire sur les registres d’état civil et les listes électorales, et ainsi « reprendre leur place au sein de la grande famille civique française » (Schmidt, 1995, p. 86).
27Dans Le Quatrième Siècle, roman d’Édouard Glissant, l’épisode de la cérémonie d’attribution des noms après l’abolition permet de mettre en scène cette autre figure du nom, celle d’une liberté choisie par les marrons :
« Les anciens esclaves des plantations étaient là, y compris les femmes. Mais aussi, majestueux dans leurs haillons, traînant comme une parure de dignité leur boue et leur dénuement, et les seuls d’ailleurs à s’être armés de coutelas, les marrons. Dans le contexte de loques et de hardes, ils trouvaient moyen d’être les plus démunis et les plus superbes. Ils s’en venaient par petits groupes, comme autant d’îles fermes dans la mer bouillonnante […] Les marrons étaient partagés entre la satisfaction de celui qui voit légitimer son existence ou ratifier son passé, la curiosité d’aller et venir sans souci dans le dédale des ruelles qu’ils avaient naguère parcourues à la dérobée, et le vague regret des jours révolus, quand le danger de vivre les élisait au plus haut de l’ordre de vie. […] Leur particularité (en plus du coutelas) était qu’une fois arrivés près de la table, ils annonçaient d’eux-mêmes leur nom et celui de leurs proches, au contraire de la masse qui eût été bien en peine de proclamer des noms ou d’exciper d’une vie familiale. Les deux commis ne pouvaient s’y tromper, leur indignation s’en renforçait » (Glissan, 1964, p. 176 sq.).
28Il faut également prendre en compte les nouveaux citoyens nés en Afrique et dont le patronyme, selon Josette Fallope, marquera souvent l’origine, de même que le prénom de certains esclaves créoles, donc nés aux Antilles, pouvait être suivi d’un surnom d’origine africaine, tel, par exemple : « Joseph dit Congo », ainsi qu’en témoignent les avis de recherche des esclaves en fuite, notamment ceux parus dans La Gazette officielle de la Guadeloupe de 1810 à 1848. Ainsi que le note J. Fallope :
« Dans certains cas, le prénom d’origine africaine de l’esclave est utilisé tel quel pour constituer le nom patronymique : l’esclave Ada reçoit le patronyme d’Aïda, l’esclave Betey celui de Yetebe. […] Différents types de noms africains constituent des noms patronymiques analysés à partir d’un échantillonnage puis dans diverses communes dont particulièrement celle des Abymes : noms individuels, noms de désignation proprement africains et actuellement encore utilisés dans l’anthroponymie africaine : Séri, Yaan, Tapé, Haïa, Koa… ; noms de peuple : Moko, Mindé, Fanty, Ibo, Naïo, Bété, Caplaou… ; noms de lieux concernant l’Afrique dans sa globalité ou certaines grandes régions, fleuves, villes, villages : Africain, Africanus, Congo, Niger, Mali, Éthiopien, Dahomet, Gamby, Calama, Gomon » (Fallope, 1983, p. 19).
29L’on peut également considérer que l’importance et la persistance du surnom ou du « nom de voisinage » – dont l’usage dépasse largement le seul cadre des Amériques du système de plantation – témoignent également de l’exercice d’une liberté : celle de subsituer, au nom officiel d’état civil que doit posséder tout individu, celui attribué par ses proches et ses pairs et d’en faire la seule désignation valide.
30Dans son étude des noms de personnes dans un village français, Françoise Zonabend note que la discontinuité dans l’appellation des individus, telle qu’elle a pu être observée dans les « sociétés exotiques », manifeste un changement d’état auquel correspond une dénomination différente et que « toute la vie de l’individu était jalonnée d’identités où le nouveau nom chassait le précédent » (Zonabend, 1977, p. 267). De même, dans le village français qu’elle a pris pour terrain d’analyse, l’on peut constater que :
« Avec le prénom se produit une rupture entre l’identité officielle – inscrite dans l’état civil ou religieux – et l’identité assignée – par les parents ou le groupe – et qu’au cours de son existence, l’individu subit une constante dissociation entre identité reçue et identité vécue. Et cette variation dans le temps et l’espace aboutit à une sur-identification de l’individu. Certes on peut supposer que chaque appellation possède une coloration psychologique qui reflète l’image que se font les autres de l’individu qui le porte. Donner ou permettre que chaque membre du groupe possède de multiples noms signifie en quelque sorte que l’on restitue à chacun les nombreuses facettes de sa personnalité. L’éclatement de l’identité concourt donc à mieux refléter l’individu et la prolifération des dénominations correspond à une attention soutenue, à une observation particulièrement fine des uns envers les autres » (Zonabend, 1977, p. 267).
31II est également évident que si l’usage du surnom et du « nom de voisinage », dans les Amériques du système de plantation, n’est pas spécifique à cet ensemble géographique, historique et culturel, il peut toutefois être considéré comme une autre forme de résistance à l’imposition d’un ordre qu’on ne reconnaît pas comme véritablement légitime. L’usage du surnom, du « nom de voisinage », fait en effet du nom officiel d’état civil une forme non signifiante, une coquille vide, une simple formalité légale. Ces différentes dénominations – parmi lesquelles le travestissement ludique du patronyme – témoignent souvent d’une inventivité réjouissante et sont une distance ironique par rapport au nom, en même temps qu’elles manifestent un désir de la communauté de se nommer elle-même et d’abolir, ainsi, symboliquement, le poids de l’autorité administrative qui fait du nom d’état civil la marque première de l’identité individuelle. Ainsi que le révèle, notamment, Édouard Glissant : « aujourd’hui encore il en est parmi nous, flandrins de plus de cinquante ans, dignitaires de loges de francs-maçons, élus du peuple, poètes tombés dans l’ailleurs ou fonctionnaires bien assis, qui de vrai – dans la vie et non pas dans le conte – se nomment (pour nous) Apocal ou Babe-Sapin ou Tikilik-Atikilik, ou Godby ou Totol… » (Glissant, 1981 a, p. 176 sq)
32Il faut ajouter, à l’usage du surnom donné par la communauté, le désir individuel de changer son nom, donc d’être soi-même l’artisan de sa nomination et de marquer ainsi, par le déni du nom reçu, l’abandon du passé, la construction d’une autre identité, l’expression d’une revendication et d’une réappropriation. C’est ce que montre, notamment, pour les Etats-Unis, le choix, par de nombreux Noirs américains, de marquer leur ascendance africaine ou d’indiquer leur conviction religieuse ou militante par le changement de leur nom : Leroy Jones devenant Amiri Baraka, Cassius Clay prenant le nom de Mohammed Ali, ou encore Malcom X, revendiquant et subvertissant le signe de l’indistinction et de l’anonymat, en sont les exemples les plus célèbres.
33Le fait de vouloir changer de nom ou de répondre à une autre désignation que le nom officiel marque évidemment le désir de rendre visible le changement d’identité ou de signifier l’appartenance « véritable » (notamment dans le cas de l’africanisation du nom) ou de dénier la filiation par l’interruption de la transmission du nom. Il s’agit d’établir ainsi une coupure aisément repérable avec le passé même, parfois, si cette coupure signifie également le désir de ressusciter un passé enfoui, occulté mais aussi reconstruit, fantasmé (notamment celui de l’Afrique). A l’inverse, le désir de préservation du nom (tel qu’il a pu être manifesté par les Blancs des colonies) se confond avec celui de la perpétuation de la lignée et marque évidemment, outre l’attachement au passé, la peur de l’indistinction raciale et la volonté d’affirmer, par le recours à l’antériorité historique, la légitimité de la filiation.
34L’obsédante présence, dans de nombreuses productions littéraires des Amériques, du nom et de ses multiples figures, permet une certaine lecture de l’histoire, notamment de celle de la filiation dans les sociétés esclavagistes et post-esclavagistes. La question de l’origine, de la filiation, de la légitimité est autant posée qu’elle est, de multiples façons, dépassée et même évacuée. L’obsession du nom, dans nombre de romans des Amériques, semble être, souvent, autant la preuve d’un manque et d’une blessure que celle d’une stratégie singulière qui fait du nom, non l’espace circonscrit et emblématique d’une absence douloureuse, mais le territoire neuf d’une liberté sans limite, celle de l’imaginaire. Mettre en scène les figures du nom permet d’exhiber la profondeur de la blessure de l’histoire mais permet également d’en dépasser, par le jeu sur la nomination, le caractère innommable. Édouard Glissant affirme dans Le Discours antillais :
« Le Nom est d’abord pour nous collectif, n’est pas le signe d’un Je mais d’un Nous. Il peut être indifférencié (X), sa force vient d’être choisi et non pas imposé. Ce n’est pas le Nom parental, c’est le nom conquis. Peu importe que je m’appelle X ou Glissant : l’important est que je ne subisse pas mon nom, que je l’assume avec et dans ma communauté. La responsabilité dans le Nom ne relève pas d’un désir de filiation dont nous avons montré qu’il n’est pas atavique dans nos cultures » (Glissant, 1981b, p. 285, n. 5).
35La règle commune, qu’il s’agisse des descendants d’esclaves ou d’autres populations, est que l’on ne choisit pas son nom mais qu’on le reçoit. Il est parfois possible de le refuser comme il est possible d’en décider l’acceptation, d’en effectuer la reconquête ou de le dénier en tant qu’identification autre que légale et obligatoire, donc d’en faire ainsi une forme non signifiante. Il est certaines façons d’« habiter son nom » selon l’expression de Saint-John Perse et d’échapper à son emprise contraignante, à la surdétermination qu’il peut induire. Ainsi que le déclare un autre personnage de La Chanson de Salomon dont le surnom est « Guitare » et le patronyme « Bains » : « Guitare, c’est mon nom. Bains est le nom du maître des esclaves. Et je suis tout ça. Les noms d’esclave ne me dérangent pas ; mais le statut d’esclave, si » (Morrison, 1985, p. 198).
36Si le patronyme attribué aux nouveaux libres après l’abolition générale de l’esclavage est l’un des nombreux signes d’une imposition continuée de « Tailleurs », s’il peut être le vestige d’une indignité et d’une sujétion anciennes, il est également le signe d’une inscription – difficile mais ordonnée par la loi – dans un vaste ensemble, dans une communauté humaine où sont garantis, théoriquement, les droits des personnes et, notamment, leur statut d’hommes libres. Le nom attribué – quels que soient sa forme et le rejet qui peut en être fait – retient le manque du passé, la blessure de l’histoire mais enclôt également la possibilité d’un avenir autre, même si cette possibilité de changement doit rester à jamais, pour nombre d’individus, un impossible désir. En ce sens, le nouveau nom, le patronyme attribué aux anciens esclaves qui deviennent citoyens est bien une réelle coupure historique. Il est la marque visible d’un réel changement identitaire. Quelles que puissent être, par ailleurs, les différentes et successives identités ultérieurement construites par les individus, ce nouveau nom marque la frontière entre l’ancien état d’indistinction légale et ce qui figure désormais dans la lettre de la loi. Le nouveau nom des anciens esclaves désormais citoyens est autant le signe tangible d’une libération consentie que celui d’une liberté à conquérir, quels que puissent être les différents freins apposés aux constructions identitaires, notamment l’ampleur et la persistance, sous des formes diverses, de la discrimination raciale et de la déréliction sociale.
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Références bibliographiques
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Zonabend Françoise (1977), « Pourquoi nommer », L’Identité, séminaire dirigé par Claude Lévi-Strauss, Paris, Grasset, p. 257-286.
Notes de bas de page
1 Ce texte reprend certains éléments de ma contribution au colloque « Esclavagisme : résistances et abolitions » qui s’est tenu à la Martinique en avril 1998 dans le cadre du 123 e congrès des sociétés historiques et scientifiques, et certains points de ma communication au colloque : « 1848 – Esclavage et abolition : mémoire et système de représentation, » tenu à Montpellier en novembre 1998 à l’Université Paul-Valéry.
2 ANSOM, « Dispositions et circulaires relatives à l’état civil dans les colonies », « Généralités », 390/2237.
3 ANSOM, ibid.
Auteur
Université Aix-Marseille 3
CESA 6058, CNRS
Université Aix-Marseille III -IEFFE UMR 6058 du CNRS.
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