Les producteurs
p. 24-25
Texte intégral
1Il convient tout d’abord de souligner le rôle essentiel de quelques hommes qui ont véritablement créé de toutes pièces le cinéma burlesque américain. Sans eux, les comédiens, aussi talentueux fussent-ils, seraient restés sur la scène des théâtres de vaudeville et n’auraient jamais enchanté les écrans du monde. Hommes d’affaires, certes, mais aussi hommes de goût, ils savaient détecter les talents nouveaux, laisser s’épanouir leur personnalité, insuffler à leur équipe enthousiasme et dynamisme tout en conservant à leurs productions un style personnel : un film de Mack Sennett ne ressemble pas à une comédie de Hal Roach.
2La plupart d’entre eux n’étaient certes pas des auteurs complets comme Tati ou Chaplin, mais tous connaissaient admirablement leur métier. Cependant, certains – tels Mack Sennett et Al Christie, comme nous le verrons – peuvent être considérés comme de vrais créateurs. Parmi ces producteurs, deux grands noms se détachent : Mack Sennett et Hal E. Roach. Le cinéma burlesque leur doit beaucoup : ils ont tout inventé ou presque. Le premier, acteur médiocre, abandonna très vite la carrière de comédien et ne fut metteur en scène qu’épisodiquement (à ses débuts et dans les années 1929-1931), mais il resta toujours le maître incontesté de ses films. « Superviseur », tel était généralement sa fonction officielle ; il choisissait les acteurs, les réalisateurs, contrôlait les scénarios, excitait l’imagination des gagmen et surveillait le montage final. On pouvait lire dès novembre 1917 dans la revue Moving Picture Classic :
3« La supervision de Mack Sennett dans les comédies de la Triangle-Keystone signifiait exactement ce qu’elle voulait dire. Sennett travaillait ferme et longtemps, et sa supervision n’était pas superficielle. Le chef a une capacité incroyable de dénicher des trouvailles comiques là où personne ne l’aurait cru possible. En contrôlant la réalisation d’une scène dirigée par un de ses metteurs en scène, Sennett observait un moment et, une fois la séquence tournée, la faisait refaire en suggérant des modifications pour la rendre plus drôle. »
4Sennett parvint ainsi à donner à ses comédies cette touche particulière qui permet en quelques plans d’identifier sans erreur une de ses productions. Chaplin lui-même fut obligé de se plier à ses exigences. Seul, sans doute, Roscoe Arbuckle, vers la fin de sa collaboration avec le génial Canadien, réussit à gagner une certaine autonomie. Quant au second, Hal Roach, auteur complet à ses débuts, il eut assez de lucidité pour reconnaître ses propres limites : il abandonna la mise en scène assez rapidement pour laisser s’exprimer quelques hommes de talent tels Leo McCarey, Stan Laurel ou Charley Chase. Cependant, il veilla constamment à conserver à ses productions cet esprit particulier qui les caractérise, alternant la loufoquerie anarchisante et le sentimentalisme bien pensant.
5Après ces deux géants, il convient de citer Albert E. Christie – père des Christie Comedies, qui travailla pour Educational, puis pour Paramount, Henry « Pathé » Lehrman, élève malhabile de Sennett mais pionnier incontournable du slapstick, et Jack White, infatigable créateur de multiples séries pour Educational et qui relança le burlesque dans les années vingt.
6Enfin, nous dirons quelques mots sur quelques autres, moins connus mais souvent très actifs : les frères Stern, créateurs entre autres des Century Comedies, loseph Schenck, producteur de Keaton et de Fatty, Joe Rock, l’ami et le conseiller de Stan Laurel, et enfin David Horsley, qui lança George Ovey (en France : Georget).
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