Chapitre III. La famille et le marché du logement : une logique cachée
p. 57-77
Texte intégral
1Dans nos sociétés libérales, le logement est un bien complexe. C’est d’abord un bien de consommation au même titre que l’alimentation, l’habillement, mais c’est également un bien durable transmissible, un élément important du patrimoine des Français. Le logement représente actuellement 19 % des dépenses des ménages, 53 % de leur patrimoine1. Les recensements et les enquêtes de l’INSEE fournissent des statistiques très détaillées sur le parc de logement, le nombre de propriétaires, le pourcentage de résidences secondaires et l’on peut à partir de ces chiffres analyser les liens entre les différentes variables, par exemple le nombre de pièces des logements selon la taille et le revenu des ménages, ou la proportion de propriétaires selon l’âge de la personne de référence. A partir d’hypothèses fondées sur la rationalité des consommateurs, les économistes ont construit des modèles pour expliquer les choix de statut d’occupation des ménages et décrire leurs comportements patrimoniaux au cours du cycle de vie. Toutefois, cette approche économique ne permet pas à elle seule de comprendre les comportements des ménages en matière d’habitat, car d’autres dimensions de caractère juridique, social et culturel interviennent dans leurs stratégies.
2Récemment, par le biais de l’étude de l’héritage, la place de la famille est apparue dans le domaine du logement chez les économistes qui ont intégré les transferts intergénérationnels dans leurs modèles de cycle de vie2, ou chez les sociologues urbains3. Mais les relations familiales ne se réduisent pas à l’héritage, elles sont le solde de tout un système d’échanges de services, d’entraide entre les générations. L’analyse des récits de vie montre que ce système d’échange est une donnée fondamentale pour cerner l’attitude des individus par rapport au logement. Si la famille occupe une place négligeable dans les études sur le logement, c’est en partie parce qu’elle n’est pas saisie dans les statistiques en tant que telle. Nous ne disposons en effet dans les recensements et les enquêtes que de la notion de « ménage », définie comme l’ensemble des personnes habitant le même logement, ménage qui peut être une famille nucléaire ou monoparentale, une personne seule ou plusieurs personnes non apparentées. Il en ressort une confusion entre famille et ménage, ce dernier étant trop souvent assimilé à la famille.
3Si les enquêtes statistiques sur le logement entraînent dans un premier temps un effacement de la famille, l’analyse approfondie des trajectoires résidentielles des individus révèle au contraire, dans un second temps, l’influence du groupe familial. Bien qu’on assiste à l’heure actuelle à une redécouverte des liens familiaux4, en particulier avec les grands-parents, les relations familiales n’apparaissent pas plus fortes aujourd’hui qu’hier. C’est le regard porté sur la famille qui a changé. Dans les années 50 et 60, avec les débuts de la société de consommation, le regard sur le ménage et le jeune couple était privilégié. On pensait alors que la famille nucléaire n’avait plus besoin de son réseau de parenté. Par le système de prêt mis en place dès 1953, les familles en cours de constitution devenaient propriétaires au prix d’un effort financier important. On passait sous silence l’aide du réseau familial, le ménage apparaissait isolé dans le processus de l’accession à la propriété. Et ce n’est pas l’effet du hasard si, après les années fastes des « Trente glorieuses », la famille réapparaît. La crise économique, le chômage, les difficultés de logement ont révélé l’importance du soutien de la parenté pour pallier les insuffisances des systèmes économiques5. D’autres facteurs jouent, comme l’allongement de la vie qui se traduit par une durée de vie en couple plus longue et l’augmentation du pouvoir d’achat des retraités par rapport aux générations précédentes. Non seulement la famille à trois, voire quatre générations, est de plus en plus fréquente, mais elle a les moyens d’aider les jeunes à s’insérer dans le monde adulte, ce qui ne signifie pas pour autant que « toutes choses égales par ailleurs » (espérance de vie et revenu égaux) la famille actuelle soit plus solidaire qu’elle ne l’était auparavant.
Le rôle de la famille sur le marché du logement
4Notre étude s’appuie sur une enquête de l’INED retraçant l’histoire résidentielle et familiale de 2 000 Parisiens âgés de 50 à 60 ans, complétée par une quarantaine d’entretiens semi-directifs6. Nées entre 1926 et 1935, ces générations de Parisiens qui ont bénéficié du soutien familial à de multiples reprises sont à leur tout en mesure de rendre aux jeunes générations ce qu’elles ont reçu de leurs aînés. Ce double rapport entre générations, d’une part avec la génération des parents, d’autre part avec celle des enfants, nous fait pénétrer dans un univers familial complexe où le logement s’avère être une composante non négligeable.
La cohabitation entre générations
5En matière de résidence, la séparation des générations s’est peu à peu imposée au cours du XXe siècle comme norme dominante. La première aide fournie par la famille consiste à ne pas suivre cette norme en logeant un membre de la famille, en cohabitant entre générations1. Trois types de cohabitation peuvent être distingués : la cohabitation prolongée des jeunes chez leurs parents, le retour d’un enfant au domicile parental et l’accueil temporaire ou non d’un parent âgé. Les personnes interviewées sont arrivées à l’âge adulte après la guerre, c’est-à-dire en pleine crise du logement. Le manque de constructions entre 1919 et 1939, ajouté aux démolitions de la guerre, a créé une grave pénurie de logements, surtout en région parisienne où affluaient des milliers de migrants. En raison de cette pénurie, les jeunes couples parisiens, ne trouvant pas de logement, ont continué à vivre chez leurs parents ou beaux-parents. Ils bénéficiaient par là d’un avantage considérable par rapport aux migrants dont la famille était restée « au pays ». Beaucoup d’entre eux ont vécu dans des sous-locations, des meublés à l’hôtel, certains dans des garages, voire des péniches ou caravanes.
6Une des constantes de l’économie du logement veut que lorsque le marché est tendu, les ménages s’adaptent à l’offre en restreignant leur demande, c’est-à-dire en s’entassant à plusieurs familles dans un même logement. Cette réponse au marché du logement, difficile et faite de compromis quotidiens, sous-entend une solidarité familiale très forte, que l’on a tendance à oublier. Dans l’enquête sur les Parisiens, un couple sur cinq a commencé sa vie familiale en cohabitant avec les parents ou les beaux-parents. A vingt-cinq ans, 37 % de l’ensemble des enquêtés étaient encore logés chez la famille ou belle-famille, 18 % à 30 ans et près de 10 % à 35 ans.
7Ce n’est souvent qu’à la naissance du premier enfant, voire du second lorsque le logement devient vraiment trop petit et la cohabitation « pesante », que les enquêtés ont quitté le domicile parental. Mais si cette cohabitation n’était pas sans poser de problèmes, elle en résolvait également beaucoup, notamment grâce à la garde des enfants par les grand-mères qui permettait aux femmes de travailler.
8Tandis que les années 70 ont vu en France la cohabitation régresser avec la construction de nombreux logements et l’amélioration du parc existant, les années 80 sont marquées par une nouvelle pénurie de logements locatifs. Par ailleurs, le chômage, le développement des emplois précaires ont freiné la décohabitation des jeunes. Depuis le début des années 80, filles et garçons ont tendance à reculer leur départ du domicile parental7. La solidarité familiale s’exerce donc de nouveau à travers la cohabitation entre générations, les parents acceptant d’héberger plus longtemps leurs enfants adultes. La décohabitation est un phénomène complexe, différent chez les filles et les garçons, différent selon le milieu social, différent également selon la position du père sur le marché de l’emploi8. De même, il n’existe pas un type de cohabitation, car la cohabitation prolongée peut recouvrir en fait une autre réalité que celle d’une aide des parents apportée aux enfants. Francis Godard et Thierry Bloss opposent au diplômé de l’enseignement supérieur qui réside chez ses parents tout en recherchant « le meilleur créneau professionnel possible » le cas du jeune ouvrier « fils aîné d’une famille d’ouvrier dont le père est sans emploi, qui par sa paye contribue à nourrir la famille tout entière ». La cohabitation prolongée prend alors un tout autre sens, celui du « contre-don familial » des enfants vers les O parents9.
9Le départ des enfants peut dans certains cas être suivi, à quelques mois ou quelques années d’intervalle, d’un retour chez les parents. Dans notre génération, plus d’une personne sur dix (11,6 %) est retournée vivre momentanément chez ses parents, le temps de passer un moment difficile, ou une période de perturbation professionnelle. De même, les migrations professionnelles peuvent elles aussi entraîner une recohabitation temporaire, notamment les migrations vers Paris. Le scénario est le suivant : le mari part le premier pour trouver un logement pendant que sa femme reste chez ses parents avec les enfants. De telles situations s’observent également entre deux déménagements, la date d’entrée dans le nouveau logement ne correspondant pas toujours à celle où le logement précédent doit être libéré2.
10Parmi les personnes qui ont été revivre chez leurs parents, on note une sureprésentation de femmes ayant connu une séparation ou un divorce. Il est certain que les aléas de la vie conjugale des jeunes ont pour effet de multiplier ces « retour au bercail », comme le montre une autre enquête de l’INED réalisée auprès d’un échantillon de 2 300 femmes qui se sont séparées de leur mari au cours des vingt dernières années. Ce retour est d’autant plus fort que le départ du domicile conjugal est immédiat : 70 % des femmes qui déménagent au moment de la séparation sont hébergées par leur famille, et au total 19 % des femmes séparées retournent vivre un moment chez leurs parents dans les cinq premières années qui suivent la séparation10.
11Ces mouvements de « va-et-vient résidentiel » sont observés également dans une étude sociologique sur les cités HLM marseillaises : « Observé sur le temps long de cycles générationnels, c’est un mouvement fluide autour de foyers de stabilité, les vieux bien sûr, ou plus exactement les parents qui vieillissent, mais tout aussi bien un ménage stable, frère ou sœur marié, autour desquels partent et reviennent les plus instables11. »
12La famille apparaît comme le recours, le point d’ancrage. Elle permet aux personnes de se stabiliser à nouveau, de faire face aux moments difficiles, qu’ils soient d’ordre professionnel ou sentimental. Les parents d’ailleurs ont tendance à tenir compte de ces nouveaux comportements et lorsque leurs conditions de logement le permettent, à conserver une chambre pour les enfants, au cas où...
13La solidarité familiale entre générations se manifeste enfin au moment de la vieillesse. La cohabitation entre générations, considérée aujourd’hui comme marginale, touche pourtant en France 23 % des ménages comprenant au moins un retraité (18 % si les retraités sont en couple, 26 % si le retraité est sans conjoint). Au-delà de 75 ans, le retraité sans conjoint a deux fois plus de chances de vivre en cohabitation avec sa famille (30 %) qu’en institution (15 %)12. Dans notre enquête sur les Parisiens âgés de 50 à 60 ans, plus de 5 % des individus ayant encore un parent survivant ou un beau-parent habitent avec lui. Même si la cohabitation est liée à la fois à des modes de vie (agriculteurs), à la transmission d’un capital d’exploitation (commerçants) et à la faiblesse des revenus, la plupart des cohabitations avec les retraités ne se réduisent pas à la prise en charge d’une personne âgée. Très souvent, les échanges ont lieu dans les deux sens, une partie des retraités apportant en fait une aide indispensable à des enfants adultes dont la situation est fragile, comme dans le cas de chômage ou d’une femme seule avec enfant. Il existe également des situations intermédiaires entre la cohabitation entre générations et la séparation résidentielle, c’est la cohabitation partielle, celle où les parents viennent passer périodiquement quelques semaines, quelques mois chez leurs enfants, certains parents âgés vivant en alternance chez leurs enfants plusieurs mois de suite13 .
14Si le modèle résidentiel se caractérise par une grande autonomie entre générations, les situations de cohabitation résultent souvent d’un besoin d’entraide provoqué par un événement comme le chômage, le divorce, la maladie ou la perte d’autonomie. La relation parent-enfant est souvent plus complexe qu’il n’y paraît, l’échange entre générations fonctionnant dans la majorité des cas dans les deux sens.
L’accès au logement
15Le rôle des parents ne disparaît pas pour autant lorsque les enfants sont partis. Les échanges, les aides persistent au-delà de la séparation14. Avec l’emploi, le logement est l’un des domaines privilégiés d’intervention familiale, peut-être parce que « le logement est un bien essentiel pour la vie familiale, un bien symbolique du foyer15 ». Dans l’enquête sur les Parisiens, 27 % des personnes interviewées ont trouvé leur premier logement grâce à l’aide de leur famille, et lorsque l’on considère tous les logements habités durant le cycle de vie, cette proportion passe à 40 %. Si ces quelques chiffres montrent bien l’efficacité du groupe familial en matière d’accès au logement, elle est pourtant inférieure à celle des amis (28 % pour le premier logement, 51 % pour tous les logements). L’aide de la famille et des amis est surtout importante au moment de la décohabitation, ensuite les ménages ont davantage recours aux agences immobilières, aux municipalités et aux relations de travail. Contrairement à d’autres types d’aides, l’aide au logement n’est pas spécialement réservée à une catégorie sociale particulière (voir tableau 1), car selon leurs moyens financiers, leurs relations, leur implantation géographique, les parents essayent en général de faciliter « au maximum » l’émancipation de leurs enfants, se sentant responsables de leurs premiers pas dans le monde adulte.
16La première forme d’aide consiste à mettre à la disposition des enfants le patrimoine familial en transmettant un logement par héritage ou donation. Mais seuls quelques privilégiés sont concernés : en France, 14,4 % des propriétaires ont hérité du logement qu’ils occupent (INSEE, 1988). Dans notre enquête sur les Parisiens où les agriculteurs sont quasiment absents, la proportion est plus faible : une personne sur vingt seulement a occupé à un moment de sa vie un logement hérité.
17En revanche, la mise à disposition d’un logement est pratique plus courante : 11 % ont vécu à un moment donné dans un logement appartenant à la famille. Le prêt d’un logement se fait surtout en début de cycle de vie ; à 25 ans, 6 % des enquêtés sont logés gratuitement par la famille dans un logement indépendant, 3 % à 35 ans et 1 % à 50 ans : « C’était un appartement que ses parents avaient acheté dans les années trente ou quelque chose comme ça, c’était un appartement qui était dans la famille depuis très longtemps et pour nous c’était une grosse chance. » (Fils d’ingénieur des Mines, Paris)
18Entre le prêt d’un logement par la famille et la location à un propriétaire inconnu, existent toutes sortes de situations quelquefois fort complexes. Le propriétaire peut être quelqu’un de la famille, un beau-père, un oncle, une cousine qui accepte de louer son appartement, souvent à des conditions avantageuses, mais pas toujours... Le rapport se complique en cas de viager ou d’indivision. Un technicien EDF explique sa situation : « Alors c’est là que l’idée m’est venue en causant avec ma tante, je lui dis “écoute, tu me le vends et puis moi, à ce moment-là, j’agrandirai” . Alors bon, après un certain nombre d’années ça s’est fait. Si vous voulez, pour le terrain, je suis en viager et je suis propriétaire de la maison. C’est une situation assez ambiguë. » (Maisons-Alfort).
19Se posent également des problèmes d’équité au sein des familles comme pour ce fils d’ingénieur logé par ses parents dans un studio situé dans le même immeuble : « C’est un problème de famille. Disons que notre fils ne paye pas, mais il aide sa sœur, il participe au loyer de sa sœur. Mais ça, c’est un problème de famille. Nous, on ne lui fait pas payer de loyer, mais il s’arrange avec sa sœur, y a pas de raisons qu’on en aide un plus que l’autre. Ça, ce sont des histoires de famille... » (Paris).
20A défaut de posséder et de transmettre un patrimoine immobilier, certains ménages ont pu transmettre l’usage de logements dont ils n’étaient pas propriétaires. Au hasard des discussions, on découvre qu’un logement est loué depuis des années, voire des décennies à une même famille, les enfants reprenant le bail d’une grand-mère, d’un oncle : « Mon grand-père était locataire et alors il est mort, et maman a mis un cousin là-dedans jusqu’à ce qu’on arrive. » (Architecte, fils de cadre supérieur)
21Des stratégies d’occupation s’élaborent pour que le logement ne sorte pas de la famille et qu’il soit récupérable lorsque l’un de ses membres en a besoin. Beaucoup de logements soumis à la loi de 1948 sont ainsi restés des années dans les mêmes familles, les différents membres occupant successivement le logement. Il ne restait qu’une solution au propriétaire : vendre le logement occupé au locataire.
22Le dernier type d’aide pour l’accès au logement consiste à servir d’intermédiaire entre les enfants et les bailleurs, en transmettant l’information à propos d’un logement qui se libère dans tel immeuble, tel quartier et en mettant l’enquêté en relation avec le propriétaire. Dans ce cas, les Parisiens apparaissent d’emblée privilégiés par rapport aux migrants, car l’implantation de la famille dans le quartier est essentielle pour avoir accès à l’information.
23Le contact entre le propriétaire et la famille peut être direct, comme dans le cas de cet employé des Postes : « Dans l’immeuble où était mon père, on connaissait le propriétaire puisque j’étais né là-bas, puis elle nous a loué une pièce et une cuisine. » Ou plus lointain : « C’était un vieux pavillon parce que le propriétaire à l’époque avait pas loin de quatre-vingt et quelques années, on est rentré dedans par relation, mes parents connaissaient une dame et cette dame connaissait le propriétaire. » (Argenteuil, artisan maçon)
24En ce qui concerne les migrants, la situation est plus difficile, d’autant qu’à l’époque le marché immobilier était plus rigide que le marché de l’emploi. Les parents restés le plus souvent au pays n’étaient d’aucune aide car ils ne connaissaient pas le marché immobilier. Cependant, comme de nombreuses études sur les migrations l’ont montré, d’autres circuits d’information et d’entraide fonctionnaient. A Paris, les associations régionales, bretonnes ou auvergnates apportent leur soutien aux nouveaux migrants16. Le réseau familial intervient également, mais au niveau de la parenté plus éloignée : les oncles et tantes, frères et sœurs, cousins déjà installés accueilleront le migrant et l’aideront à s’insérer dans le monde urbain. Les relations de parenté constituent donc ici encore un moyen d’accès à la communauté 17. Au moment de leur migration vers Paris, 35 % des provinciaux avaient un oncle ou une tante déjà installé à Paris, 29 % un frère ou une sœur, 11 % des cousins. Mais l’hébergement chez un membre de la famille reste minoritaire, l’exiguïté des logements rendant difficile l’accueil d’une personne supplémentaire : 16 % des migrants sont logés chez un parent en arrivant dans la capitale. Faute de pouvoir les héberger, la famille facilitera leur implantation, de par sa connaissance du marché du logement parisien. A Nanterre, par exemple, « il faut le truchement d’un parent, d’un copain, pour que s’effectue l’installation18 ».
25Bien que la situation actuelle du logement soit moins dramatique qu’elle ne l’était après-guerre, la recherche d’un logement est toujours difficile en raison de la diminution de l’offre locative, de la disparition des chambres de bonnes en centre ville et du coût élevé des loyers. Cette situation entraîne une intervention perceptible des parents. Un cadre supérieur (chercheur au CNRS) a préféré avec sa femme habiter en grande banlieue ; mais ne voulant pas que ses enfants étudiants pâtissent de leur choix, il se propose de les aider : « Mon fils aîné est parti à Paris faire des études de sciences économiques à Assas. Il a d’abord été logé chez une de mes cousines qui avait une chambre de bonne boulevard St-Michel. Après, nous avons acheté un studio à Paris du côté de Montparnasse que Pierre a habité deux ans... Pendant ce temps là le deuxième était à l’IUT de Créteil de biologie, on lui a trouvé une chambre chez l’habitant, puis il est parti au service militaire. Ensuite, mon dernier fils a fait la fac de philo à Tolbiac, alors il a repris le studio et il rentre tous les week-ends. »
26Depuis quelques années, outre les aides mentionnées (information sur un logement qui se libère, transmission ou mise à disposition d’un logement appartenant déjà à la famille), se développe une autre stratégie d’aide à la décohabitation : l’achat d’un studio à Paris ou en proche banlieue, studio qui sera occupé successivement par les enfants durant leurs études. Si les 2/3 des logements achetés à Paris en 1988 sont occupés par leur propriétaires, 14 % d’entre eux sont en effet habités par un membre de la famille du propriétaire, le plus souvent des jeunes, mais aussi des parents âgés19 . En achetant ainsi un logement, les ménages poursuivent deux objectifs : d’une part ils constituent un capital dont les chances de plus-value ne sont pas négligeables, surtout en centre ville, d’autre part ils résolvent le problème de logement de l’un des leurs3.
27D’une façon générale, la pénurie actuelle de logements locatifs privés et les listes d’attente pour entrer dans le parc social ont pour conséquence d’accroître l’intervention du réseau familial ou de la rendre plus visible. Son efficacité est si forte que ce réseau est l’objet d’une reconnaissance plus ou moins implicite de la part d’institutions comme les HLM, les bailleurs privés ou les banques. Les responsables des offices HLM, notamment, ont été surpris par l’importance des liens familiaux dans des cités très différentes d’un point de vue social ou ethnique. Cette existence de réseaux familiaux au sein d’une même cité révèle l’extraordinaire capacité de la famille à « affronter avec succès le passage par une attribution institutionnelle20 ». « Les premiers installés guettent les appartements vides et proposent des frères ou des fils, des cousins ou des neveux, pour leurs locations21 ». Il n’est alors pas rare de voir plusieurs générations françaises ou immigrées résider dans la même cité. Si les responsables des offices HLM prennent en compte dans leur politique d’attribution les liens familiaux, c’est parce qu’ils constituent un gage, un élément de contrôle supplémentaire sur la cité. « En fait de candidature individuelle à la location, c’est bien de la candidature familiale dont il s’agit concrètement22 » : pour que leur dossier soit pris en compte, les jeunes doivent appartenir à des familles de « bons locataires ». Cette implantation des familles dans certaines cités HLM entraîne parfois un sentiment de quasi-propriété chez de nombreux locataires, pouvant induire de véritables stratégies de patrimonialisation des logements où les enfants prennent la suite des parents, héritant ainsi d’un logement HLM23.
28Le processus de sélection des candidats selon le milieu familial fonctionne également dans le parc locatif privé24. L’examen des dossiers de candidature pour entrer dans un parc de logement régi par des bailleurs privés révèle que l’existence d’une caution est tout à fait discriminante dans le choix des locataires : 2/3 des dossiers de candidatures retenus comportaient la caution d’un parent proche, le plus souvent du père ou de la mère. A contrario, 70 % des dossiers refusés ne mentionnaient aucune caution. Cette solidarité financière prend une forme plus étroite encore lorsque les parents deviennent les locataires fictifs d’un logement qu’occupera leur enfant25.
29Ces observations sur le terrain remettent en cause l’analyse du marché du logement en terme de stocks, dans laquelle le rapport entre l’offre et la demande est étudié à partir d’un filtrage de la demande fondé sur le niveau de solvabilité dans le secteur privé, et sur la procédure d’attribution bureaucratique par les organismes de logements sociaux dans le secteur public26 . L’individu se caractérise en effet non seulement par son âge, son revenu, sa catégorie sociale, mais aussi par son appartenance familiale, ou plutôt par l’existence d’un réseau familial et sa capacité à le mobiliser pour accéder au logement.
30Mais le rôle de la famille ne se cantonne pas à l’accès au logement, il existe des situations où l’intervention d’un parent, d’un frère ou d’une sœur est essentielle pour conserver son habitation et éviter une expulsion, une saisie. Tout indique que ces « coups de mains », ces dépannages financiers sont loin d’être négligeables27. Les aléas professionnels (chômage, emploi précaire) ou conjugaux (divorce, séparation) rendent souvent indispensable le recours à la famille. Il s’agit bien « du réseau souterrain et invisible de la solidarité familiale28 ».
L’accession à la propriété
31Il existe dans le cycle de vie un moment particulièrement privilégié pour l’intervention de la famille, celui où le jeune ménage achète un logement, et ce n’est pas un hasard si la famille est aussi présente à cette occasion. L’image de la famille dans la société française a toujours été très liée à la propriété, peut-être en raison de ses origines fortement paysannes et rurales, la France s’étant industrialisée et urbanisée tardivement. Toujours est-il qu’aujourd’hui la constitution de la famille semble aller de pair avec la constitution d’un patrimoine immobilier. Très vite après le mariage, ou au moment de la naissance des enfants pour les concubins, les jeunes ménages projettent d’acheter leur résidence principale, aidés et soutenus par leur réseau de parenté. Ce phénomène d’accession précoce est relativement nouveau, lié à la diffusion de la propriété qui s’est opérée depuis trente ans dans toutes les couches de la société (la proportion de propriétaires est passée de 35 % en 1954 à 54 % en 1988). L’accession à la propriété constitue actuellement la grande décision patrimoniale des ménages puisque le logement acquis représentera une proportion importante du patrimoine détenu et que le capital emprunté impliquera des remboursements élevés sur une longue période. C’est une décision qui engage l’avenir, qui se mûrit et dont on parle en famille.
32Paul Cuturello et Francis Godard29 ont mis les premiers en évidence la mobilisation de la famille autour de l’accession à la propriété. Ils ont réintroduit la dimension intergénérationnelle dans un processus où auparavant seul le ménage était pris en compte. Les théories économiques du cycle de vie nous avaient habitués à penser l’individu comme parfaitement rationnel, faisant le calcul entre les avantages et les inconvénients de la location et de la propriété, entre la consommation immédiate au travers de la location et la consommation différée par le biais de la propriété. Mais cet individu n’est pas seul, il appartient à un groupe familial – deux groupes familiaux en cas de mariage –, ce qui peut profondément modifier, dans un sens ou dans un autre, ses stratégies patrimoniales. Les aides familiales, compte tenu de leur caractère invisible au niveau de l’économie, faussent considérablement les calculs de solvabilité et de taux d’effort, tout simplement parce que l’effort des ménages est loin de se réduire au simple rapport entre le prix du logement et les ressources financières. L’aide matérielle a des effets, différents selon le milieu social. Si elle permet aux cadres d’anticiper le moment d’accès à la propriété, c’est-à-dire d’acheter leur logement plus jeunes, elle constitue pour les ouvriers et employés la condition pour s’engager dans le processus de l’accession à la propriété.
33Dans l’enquête sur les « histoires résidentielles », 32 % des ménages propriétaires répondent avoir été aidés financièrement au moment de l’achat de leur logement. Cette proportion varie légèrement selon le milieu social d’origine. Les fils d’artisans-commerçants et d’ouvriers sont plus nombreux à avoir reçu une aide de la famille que les fils de cadres et d’agriculteurs. Toutefois ces chiffres sont à relativiser car l’analyse des entretiens semi-directifs auprès des propriétaires révèle la sous-estimation des réponses dans l’enquête statistique. Dans la moitié des cas, le prêt familial mentionné au cours de l’entretien n’apparaît pas dans la réponse au questionnaire, il est en fait assimilé à l’épargne. Ainsi, l’aide familiale sous forme de prêts et de dons serait plus ou moins « cachée », contrairement à l’héritage cité aussi bien dans les entretiens que dans l’enquête statistique.
34La mobilisation familiale prend des formes variées selon les familles et les milieux sociaux. Pour certains, le recours à la famille en cas d’achat du logement est presque d’essence « naturelle ». Un artisan parisien décrit ainsi la manière dont il a réuni avec sa femme la somme nécessaire pour acheter son logement : « Jeunes mariés, on a quand même sonné un peu à toutes les portes, de tous les côtés, deux mille francs là, trois mille là, on a réussi. On a sonné à toutes les portes, les parents, les oncles et tantes où on pouvait. On n’aurait pas eu assez, on aurait demandé à la banque, pas à l’extérieur parce qu’un ami, il ne faut pas lui emprunter de l’argent, si on veut rester amis, on reste amis, il faut pas qu’il y ait des histoires d’argent ». Il poursuit en racontant comment à leur tour ils aident leur fille : « On a acheté une petite chambre de bonne pour elle, là-haut, il y a trois quatre ans. Cette fois-ci, c’est nous la banque familiale... » La spécificité de la famille par rapport aux amis apparaît bien ici. La famille joue le rôle d’une banque où l’argent circule parmi les différents membres de la famille selon les besoins.
35Pour d’autres, l’aide pour le logement est considérée comme un « plus », l’important étant de donner d’abord à chaque enfant un métier, autrement dit de le doter d’un capital scolaire, le capital immobilier n’étant pas « un dû » aux jeunes générations qui doivent à leur tour acquérir leur propre résidence.
36Dans les zones moins urbanisées de la Région parisienne, le soutien à l’achat du logement se concrétise par la donation du terrain qui constituera l’apport personnel nécessaire à la construction d’une maison individuelle. Les plus favorisés ont bénéficié d’une avance sur héritage et parmi eux, quelques uns ont pu combiner héritage et prêts familiaux.
37C’est en partie grâce à l’autoconstruction partielle ou totale que les ménages de milieux plus modestes ont pu acquérir leur maison. Dans les cas d’autoconstruction de la maison s’observe une véritable division intergénérationnelle du travail, où les ascendants apportent l’essentiel de l’aide financière tandis que les frères et beaux-frères participent directement à la construction de la maison30. Celle-ci est alors vécue comme une aventure dont certains gardent un souvenir de très forte cohésion familiale : « On allait un peu chez l’un, un week-end chez l’autre, puisqu’on travaillait la semaine. C’était vraiment tous chacun notre tour, on allait les uns chez les autres. Femmes et hommes, tout le monde travaillait... Oh ! C’était vraiment une entente, une entente merveilleuse. Vraiment, les frères étaient toujours là quand vous aviez besoin d’eux. Tout le monde arrivait le samedi matin de très bonne heure, pour aider et rester là toute la journée. Ils repartaient le samedi soir et ils revenaient le dimanche... » (Eragny, agent technique d’exploitation). Dans cette famille d’origine italienne composée de 6 garçons, chacun a construit, avec les conseils du père, la maison de l’autre. Un des fils se souvient d’y avoir passé tous ses week-ends de 14 à 25 ans.
38Dans leur aide financière, les parents ne font aucune différence entre les filles et les garçons. Seule nuance, c’est plutôt la famille de l’époux qui aiderait plus concrètement à la construction de la maison que celle de la femme. Dans un tiers des cas recensés, sans doute près de la moitié si l’on tient compte de la sous-estimation des réponses concernant l’aide financière et l’autoconstruction, la famille des enquêtés a apporté son soutien au projet de propriété.
39La majorité des enquêtés valorisent le fait d’être propriétaire, d’avoir pu constituer un patrimoine immobilier qui, avec la hausse des prix des logements en agglomération parisienne, s’est considérablement valorisé. Cette génération est devenue propriétaire dans des conditions souvent difficiles aux prix de sacrifices importants. Elle en tire une morale qu’elle voudrait bien partager avec ses enfants, en leur apprenant à ne pas « gaspiller leur argent en payant des loyers », et en transmettant son statut de propriétaire, ou selon l’expression d’une enquêtée, le virus de la propriété.
40L’influence de la parenté est omniprésente dans le processus, qu’il s’agisse de conseils, d’informations ou d’incitations à l’achat en mettant à la disposition des enfants un compte épargne-logement ou en les faisant bénéficier des taux d’intérêts préférentiels provenant de plans d’épargne-logement. Cette attitude s’observe aussi bien chez les employés : « Mais ça c’est un sacrifice, on le savait, d’ailleurs on a incité ma fille à faire pareil, et comme elle nous a vu faire dans le contexte, ça l’a stimulée à acheter son appartement » (Brétigny), que chez les cadres supérieurs : « Dès qu’il a gagné de l’argent, mon mari lui a conseillé, on l’a tous conseillé d’ailleurs, les autres aussi ont un plan d’épargne-logement. On leur dit... enfin Pierre s’en rend compte, que donner 2 000 Francs tous les mois autant les donner pour rembourser un appartement que de les donner à fonds perdus. » (Plaisir)
41Lorsque les enfants sont devenus propriétaires grâce à leurs conseils et leur aide, les parents semblent soulagés. Leurs enfants sont à l’abri, ils « sont chez eux », même si cette stabilité est relative car elle peut être à tout moment remise en cause par un divorce ou le chômage. Toutefois, cette attitude des parents, renforcée par la publicité des promoteurs constructeurs et le discrédit jeté sur les HLM, peut entraîner les jeunes ménages dans une accession à la propriété inconsidérée. La génération née entre 1926 et 1935 s’est endettée à un taux très faible (notamment avec les prêts du Crédit foncier) dans une période où par le biais de l’inflation, le poids des remboursements diminuait rapidement. Or depuis dix ans, les conditions d’achat des logements ont changé, les taux d’intérêts ont augmenté, l’inflation s’est ralentie et les salaires ne sont plus indexés. Certains parents ne semblent pas avoir pris conscience de ces transformations.
42L’intervention des parents dans le choix du logement de leurs enfants diffère selon les familles. Elle traduit un rapport spécifique à la propriété du logement et révèle l’existence de modèles familiaux qui inciteraient les jeunes générations à devenir rapidement propriétaires ou au contraire à rester plus longtemps dans le secteur locatif31. Dans la génération de Parisiens étudiée, un lien étroit apparaît entre le statut d’occupation de l’enquêté et celui de son père. 62 % des enquêtés fils de propriétaires sont eux-mêmes propriétaires. Le poids du statut résidentiel des ascendants agit par ailleurs différemment selon le milieu social : particulièrement sensible pour les enfants d’artisans, de commerçants et d’ouvriers, il l’est beaucoup moins pour les cadres et les employés. Cette « logique de familles de propriétaires » s’observe au sein de la fratrie. Si l’enquêté propriétaire n’a qu’un frère ou une sœur, dans 70 % des cas celui-ci le sera également. La sociologie de la famille s’intéresse surtout aux rapports intergénérationnels ou aux rapports dans le couple, et néglige malheureusement les relations entre frères et sœurs, beaux-frères et belles-sœurs. Qu’il règne entre eux des relations d’entraide, d’indifférence ou de rivalité par rapport aux parents, la fratrie joue certainement un rôle dans le comportement des individus, comme l’indique le témoignage de la femme de Brétigny qui avait fortement incité sa fille à devenir propriétaire, décrivant le rôle de l’émulation familiale : « Mes frères sont en pavillon, ma sœur aussi, mon autre sœur est en appartement, mais sinon mon dernier frère n’a toujours pas acheté, plus qu’un dans la famille. Puis on se stimule beaucoup, si on n’avait pas acheté, mes frères et sœurs m’auraient poussée. Nous, mon mari et moi, on voulait acheter, mais je suis sûre qu’on aurait été stimulé par mes frères et sœurs. » Il semble donc qu’il existerait bien des « familles de propriétaires » dont les pratiques résidentielles se transmettent de génération en génération.
43Le type d’habitat, les modes de vie liés à une enfance passée dans une maison ou un appartement semblent également jouer un rôle non négligeable dans le choix du logement. Ainsi les provinciaux s’installeront-ils plus facilement en banlieue dans une maison individuelle que les natifs de Paris habitués à la grande ville et aux logements collectifs. Les trois quarts des enquêtés ayant passé leur enfance dans un logement collectif vivent actuellement en appartement, contre les deux tiers seulement de ceux qui étant enfants, ont habité dans une maison individuelle4.
Liens familiaux, liens résidentiels
La localisation de la parentèle
44Si les relations familiales sont invisibles au niveau économique, car elles ne sont comptabilisées nulle part, elles ont néanmoins une inscription spatiale. Depuis les recherches de Michael Young et Peter Willmott32 de nombreuses études ont en effet montré l’étonnante proximité géographique des différents membres de la famille comme si, malgré le jeu des migrations, les familles conservaient une cohérence spatiale : « La famille se déplace en bloc comme si un fil invisible reliait ses membres entre eux (...) Cinquante ans après leur naissance, près des deux tiers des individus habitent encore le même département que leurs parents et plus du tiers la même commune33 ».
45Deux enquêtes de l’INED avaient déjà mis en évidence ce phénomène, permettant de constater que plus de 75 % des enfants mariés habitent à moins de vingt kilomètres de leurs parents34, ce que confirmait une enquête ultérieure35 portant sur des personnes âgées de 45 à 60 ans afin de saisir à la fois les ascendants et les descendants : les 2/3 des enquêtés ont répondu vivre à moins de 20 kilomètres de leurs parents et la moitié des enquêtés à moins de 20 kilomètres de leurs enfants. On réside donc un peu plus près de ses parents que de ses enfants, un certain rapprochement s’effectuant plus tard dans le cycle de vie familial.
46Si le nombre de kilomètres est un indicateur de proximité, il a pourtant une signification différente en ville ou à la campagne, à Paris ou en province. Habiter l’immeuble, le quartier, la commune reflète mieux la proximité de voisinage et constitue une alternative à la cohabitation entre générations. Parmi les enquêtés qui ont encore un parent survivant ou un beau-parent5, près de 3 % habitent dans le même immeuble, 5 % dans la même rue, 12 % dans le même quartier. Si l’on considère uniquement les enquêtés dont les parents ou beaux-parents résident dans la région parisienne, ces pourcentages deviennent encore plus significatifs, 6 % se trouvent dans le même immeuble, 10 % dans la même rue et 23 % dans le même quartier. Cette proximité de voisinage est très importante car elle nuance fortement les statistiques sur l’isolement des personnes âgées, une femme seule qui vit dans le même immeuble, la même rue que l’un de ses enfants étant comptabilisée dans le recensement comme une personne isolée.
47Cette proximité, qui pour certains a toujours existé, les enfants ayant trouvé un logement dans le même quartier, est vécue très différemment selon les milieux. Elle peut être le résultat d’une implantation familiale ancienne soit d’origine agricole, soit d’origine ouvrière36, et correspond alors à un véritable enracinement local37. Elle peut aussi avoir été réalisée par les parents par l’intermédiaire d’un don du terrain ou d’un prêt d’un logement familial. Dans ce cas, cette proximité familiale apparaît ambiguë : « Ce sont parfois les parents, surtout les mères, qui supportent mal la séparation et font tout pour les retenir. Les parents séduisent aussi les enfants en leur aménageant un appartement à l’étage supérieur de leur villa ou en leur donnant un terrain à proximité38». Enfin, elle peut être issue de la volonté de certains enfants, notamment de fils ou de fille unique désireux de ne pas s’éloigner de leurs parents.
48Si les événements familiaux (mariage, naissance des enfants) ou professionnels éloignent les enfants de la résidence de leurs parents, un certain rapprochement peut s’effectuer plus tard, les enfants revenant vivre près de leurs parents ou, au contraire, les faisant venir dans leur commune, leur quartier, voire leur immeuble, comme cette Parisienne, femme d’ingénieur, qui a réussi à loger dans le même immeuble sa mère, sa fille et son fils, à différents étages.
49La proximité géographique permet de résoudre bien des problèmes quotidiens des personnes âgées sans comporter les inconvénients de la cohabitation. Elle est d’ailleurs souvent présentée comme une solution idéale dans laquelle chacun conserve son autonomie.
50Le lien résidentiel est également très fort entre les parents interviewés et leurs enfants, puisque plus d’un ménage sur cinq a au moins un enfant qui habite le même quartier que lui. Mais cette forte proximité parents-enfants est liée à une période bien précise du cycle de vie. Dans leur ensemble, les enfants des enquêtés viennent juste de quitter le domicile parental (une partie d’entre eux vit d’ailleurs chez les enquêtés), il s’agit donc souvent d’une première installation, dont on sait par ailleurs qu’elle s’effectue dans la plupart des cas à proximité. Ce n’est que plus tard, au moment de la constitution de la famille, que les enfants s’éloignent, un certain rapprochement s’effectuant par la suite.
51Si l’on tient compte maintenant de toute la parentèle (fratrie comprise), près de 3 sur 10 ont au moins un membre de leur famille dans le voisinage, et près des 2/3 dans le même département. Cette proximité est loin d’être le résultat du hasard, et pour qu’elle se réalise, les familles ont dû être attentives, à l’affût du logement qui se libérait, de l’immeuble qui s’édifiait, du terrain ou de la maison qui se construisait dans leur quartier.
52Si les tendances au regroupement familial (y compris les frères et sœurs) avaient déjà été révélées dans des enquêtes anciennes, on est frappé de la force de l’implantation familiale dans la région la plus urbanisée de France où l’on supposait la famille plus isolée, plus coupée de son réseau de parenté39. Une véritable carte familiale se dessine alors (voir tableau 2). L’industrialisation et l’urbanisation n’ont pas entraîné la disparition des relations familiales et l’isolement de la cellule conjugale, la famille a su, au contraire, s’adapter aux nouvelles donnes de la société moderne et transformer ses modes d’habiter : de la cohabitation entre générations du monde rural à la proximité résidentielle dans la ville. Si la migration vers Paris a peut-être entraîné un déracinement au moment de l’exode rural, quarante ans plus tard les familles ont fait souche, non seulement à Paris mais en proche et lointaine banlieue. On trouve aussi bien des familles intégrées depuis trois générations qui revendiquent leur appartenance parisienne ou banlieusarde40 que des familles en train de s’implanter localement à travers les enfants, signe d’un enracinement en devenir41 .
La double proximité résidentielle
53Mais cette sociabilité qu’autorise la proximité résidentielle n’est pas forcément liée à la résidence principale. De même que le statut de propriétaire peut se vivre à travers la possession d’une résidence secondaire42, un certain rapprochement des familles s’effectue au moment des vacances dans les résidences secondaires, notamment pour les familles originaires de province43. Outre le regroupement de la parenté dans les traditionnelles maisons de familles, pendant les week-ends ou les vacances, on assiste à des phénomènes de transplantations familiales aussi bien dans les stations balnéaires que dans les villages les plus reculés. Le processus demeure identique, un membre de la famille, qui est installé ou s’installe à un endroit, invite les frères, les sœurs et les enfants à passer les vacances. Un terrain, un logement se libère à proximité, ou encore, pour ne pas gêner les grands-parents avec les enfants en bas âge, on achète une petite maison à côté, les frères et sœurs faisant la même chose. On observe ainsi la même règle que pour la résidence principale : « être ensemble oui, mais pas sous le même toit ».
54Qu’elles se passent dans la même maison ou la maison voisine, les vacances restent le moment privilégié du rapprochement des générations entre les grands-parents et les petits-enfants44. Ce rapprochement est d’autant plus fort que la femme est active, confrontée au problème de la garde des enfants (47 % des femmes actives font appel aux grands-parents), les femmes demandant plus volontiers à leur mère (42 %) qu’à leur belle-mère (27 %) de garder leurs enfants pendant les vacances.
55L’importance des petits-enfants apparaît nettement dans les stratégies résidentielles. Les grands-parents organisent en général parfaitement l’accueil de la descendance aussi bien dans leur résidence principale que dans leur résidence secondaire. Certains des « autoconstructeurs » rajoutent une chambre supplémentaire, d’autres arrangent un coin de la maison ou de l’appartement afin que les petits-enfants « se sentent chez eux ». La maison remplit dès lors son rôle : réunir la famille dispersée.
56Le comportement en matière de logement n’obéit pas uniquement à des logiques économiques, mais également à des logiques familiales. Invisibles au niveau macro-économique, elles fournissent souvent une clé pour comprendre l’itinéraire résidentiel des ménages. Dotée d’un pouvoir d’influence non négligeable, de moyens relationnels et financiers, la famille agit en effet dans l’ombre à toutes les étapes du cycle de vie, en offrant par le jeu des cautions ou la mobilisation financière et matérielle la possibilité d’obtenir ou d’acquérir un logement.
57En laissant la porte ouverte à ses différents membres, le groupe familial, véritable agent économique, joue de fait un rôle d’assurance et constitue un « capital-logement » auquel chacun peut avoir recours à tout instant, vacances, difficultés d’emploi, divorce, perte d’autonomie. Loin de voir ses fonctions dépérir, la famille a su conserver à travers le logement un domaine d’influence et d’intervention tel qu’il n’est plus possible aujourd’hui d’analyser le marché immobilier sans en tenir compte.
Notes de bas de page
1 Ce qui est différent de la cohabitation juvénile où deux jeunes célibataires vivent en union libre.
2 C’est souvent le cas dans la construction de maisons individuelles où les délais de livraison sont souvent plus longs que prévus.
3 Les mesures de la Loi Méhaignerie de 1986 ont mis sur le marché toute une offre de petits logements favorisant le développement de telles stratégies, les parents achetant des studios pour leurs enfants dans les villes universitaires et bénéficiant par là des avantages fiscaux.
4 Ces chiffres nécessiteraient une analyse plus approfondie en tenant compte notamment du conjoint, les choix de logements effectués au sein des ménages étant le résultat des deux histoires résidentielles et familiales.
5 Les parents vivant avec les enquêtés ne sont pas compris.
Notes de fin
1 Babeau, A., 1988, le Patrimoine aujourd’hui, Nathan, Paris.
2 Kessler, D, . Masson, A., 1979, « Transmission, accumulation et immobilité intergénérationnelle des patrimoines », in Consommation, n° 3-4.
Masson, A., 1990 « Logement et comportements patrimoniaux : modèles micro-économiques du cycle de vie », in Stratégies résidentielles, INED, Plan Construction, Congrès et Colloques n° 2, pp. 139- 155.
3 Gotman, A., 1988, « Le logement comme patrimoine familial », in Transformation de la famille et Habitat, INED, Direction Régionale de l’ –-Équipement d’Ile-de-France, Ministère de l’Équipement, juin 1988, Paris, Travaux et Documents, Cahier n° 120, pp. 169-180.
Gotman, A., 1988, Hériter, PUF, Paris.
Gotman, A., 1988, « Familles, Générations, Patrimoines », in les Annales de la Recherche Urbaine, n° 41, Mars-Avril 1989, pp. 87-96.
4 Segalen, M., 1988, Sociologie de la famille, Armand Colin, Paris (2e édition).
5 Pitrou, A., 1976, « Le soutien familial dans la société urbaine », in Revue Française de Sociologie, XVIII, n° 177, pp. 47-84.
6 L’enquête « Peuplement et Dépeuplement de Paris » : Le peuplement de Paris a depuis de nombreuses années suscité l’intérêt de bien des chercheurs. L’INED a largement contribué à ces recherches, notamment par l’intermédiaire de Louis Chevalier et Guy Pourcher. L’enquête « Peuplement et Dépeuplement de Paris », réalisée à l’INED en 1986, cofinancée par la Caisse nationale des Allocations familiales, la Direction régionale de l’Équipement d’Ile-de-France et le ministère du Logement. Elle a été effectuée par des enquêteurs de l’INSEE auprès de 1 987 personnes nées entre 1926 et 1935 et habitant l’agglomération parisienne au moment du recensement de 1982. Le champ géographique de l’enquête comprend en fait, outre l’agglomération elle-même, toutes les villes nouvelles, petites et moyennes, bien desservies, correspondant aux « axes et vallées » définis par l’institut d’aménagement d’urbanisme de la Région Ile-de-France.
Le questionnaire comprend une importante partie rétrospective, décrivant l’histoire résidentielle et familiale, suivie d’une série de questions sur l’origine de l’enquêté, de son conjoint et les liens avec leur famille. L’enquête elle-même a été complétée en 1988 par une quarantaine d’entretiens semi-directifs réalisées par Dominique Maison (Université de Paris X-Nanterre) et Lionel Charles (Centre de recherche sur la culture technique) auprès de personnes ayant accédé à la propriété et appartenant aux catégories socio-professionnelles « ouvriers, employés et professions intermédiaires ». Une partie des traitements statistiques ont été réalisés par A. Bringé, statisticien à l’INED.
7 Courson, J.-P. et Saboulin, M. de, 1985, « Ménages, familles : vers de nouveaux modes de vie ? », in Économie et Statistique, n° 175, mars.
8 Bloss, T. et Godard, F., 1990, « Décohabitation juvénile : Stratégies juvéniles et conjoncture de l’existence », in Stratégies résidentielles, INED, Plan Construction, Congrès et Colloques n° 2, pp. 205-222.
9 Bloss, T., 1989, « Jeunes Maghrébins des quartiers nord de Marseille, une génération charnière », in les Annales de la Recherche Urbaine, n° 41, pp. 59-66.
10 Festy, P., 1988, « Statut d’occupation du dernier domicile conjugal et mobilité résidentielle à partir de la séparation », in Transformation de la famille et Habitat, INED, Direction Régionale de l’Équipement d’Ile-de-France, Ministère de l’Équipement, juin 1988, Paris, Travaux et Documents, Cahier n° 120, pp. 95-106.
Festy, P., 1990, « Mobilité résidentielle des femmes séparées : une étape dans le cycle de vie familial », in Stratégies résidentielles, INED, Plan Construction, Congrès et Colloques n° 2, pp. 231-252.
11 Peraldi, M., 1989, « Lien familial et lien civil en cité HLM », in les Annales de la Recherche Urbaine, n° 41, Mars-Avril 1989, pp. 104- 111.
12 Cribier, F., 1989, (avec la collaboration de M. Duffau et A. Kych), La cohabitation au temps de la retraite, rapport de recherche CNRS, Tome I, II.
13 Cribier, F., 1989, (avec la collaboration de M. Duffau et A. Kych), La cohabitation au temps de la retraite, rapport de recherche CNRS, Tome I, II.
14 Voir Roussel, L. et Bourguignon, O., 1976, « La famille après le mariage des enfants », in Travaux et Documents, cahier n° 78, PUF/ INED, Paris ; Gokalp, C., 1978, « Le réseau familial », in Population, n° 6, pp. 1077-1094 ; Pitrou, A., 1976, « Le soutien familial dans la société urbaine », in Revue Française de Sociologie, XVIII, n° 177, pp. 47-84.
15 Voir Roussel, L. et Bourguignon, O., 1976, « La famille après le mariage des enfants », in Travaux et Documents, cahier n° 78, PUF/ INED, Paris ; Gokalp, C., 1978, « Le réseau familial », in Population, n° 6, pp. 1077-1094 ; Pitrou, A., 1976, « Le soutien familial dans la société urbaine », in Revue Française de Sociologie, XVIII, n° 177, pp. 47-84.
16 Barbichon, G., 1980, « Provinciaux et provinces à Paris. Propositions pour l’analyse », in Ethnologie française, n° 2.
17 Segalen, M., 1990, (avec l’assistance de F. Bekus), Nanterriens : les familles dans la ville, Presses universitaires du Mirail, Toulouse.
18 Segalen, M. et Bekus, F., 1989, « S’installer dans une ville. Nanterre 1900-1980. », in Les Annales de la Recherche Urbaine, n° 41, Mars-Avril 1989, pp. 51-58.
19 Massot, A., 1989, les Acquéreurs de logements à Paris en 1988, Chambre interdépartementale des Notaires de Paris, décembre.
20 Anselme, M., 1988, « Les réseaux familiaux dans le parc HLM », in Transformation de la famille et Habitat, INED, Direction régionale de l’Équipement d’Ile-de-France, Ministère de l’Équipement, juin 1988, Paris, Travaux et Documents, Cahier n° 120, pp. 181-185.
Anselme, M., 1988, « L’accession au parc HLM. Les filières d’accès au logement locatif social », in Transformation de la famille et Habitat, INED, Direction régionale de l’Équipement d’Ile-de-France, Ministère de l’Équipement, juin 1988, Paris, Travaux et Documents, Cahier n° 120, 1988, pp. 325-332.
21 Peraldi, M., 1989, « Lien familial et lien civil en cité HLM », in les Annales de la Recherche Urbaine, n° 41, Mars-Avril 1989, pp. 104- 111.
22 Godard, F. et Bloss, T., 1990, « La décohabitation des jeunes », in Transformation de la famille et Habitat, INED, Direction régionale de l’Équipement d’Ile-de-France, Ministère de l’Équipement, juin 1988, Paris, Travaux et Documents, Cahier n° 120, 1988, pp. 31-55.
23 Anselme, M., 1988, « Les réseaux familiaux dans le parc HLM », in Transformation de la famille et Habitat, INED, Direction régionale de l’Équipement d’Ile-de-France, Ministère de l’Équipement, juin 1988, Paris, Travaux et Documents, Cahier n° 120, pp. 181-185.
Anselme, M., 1988, « L’accession au parc HLM. Les filières d’accès au logement locatif social », in Transformation de la famille et Habitat, INED, Direction régionale de l’Équipement d’Ile-de-France, Ministère de l’Équipement, juin 1988, Paris, Travaux et Documents, Cahier n° 120, 1988, pp. 325-332.
24 Grafmeyer, Y., 1990, « Solidarités intergénérationnelles dans l’accession au parc privé lyonnais », in Stratégies résidentielles, INED, Plan Construction, Congrès et Colloques n° 2, pp. 183-194.
25 Grafmeyer, Y., 1990, « Solidarités intergénérationnelles dans l’accession au parc privé lyonnais », in Stratégies résidentielles, INED, Plan Construction, Congrès et Colloques n° 2, pp. 183-194.
26 Vervaeke, M., 1990, Les réseaux d’accès au logement, Paris, IRESCO, séminaire Lasmas, février 1990.
27 Pitrou, A., 1978, Vivre sans famille ?, Privat, Toulouse.
28 Pitrou, A., 1978, Vivre sans famille ?, Privat, Toulouse.
29 Cuturello, P. et Godard, F., 1982, Familles mobilisées, Paris, Plan Construction.
30 Cuturello, P., 1988, « Entraide familiale », in Transformation de la famille et Habitat, INED, Direction Régionale de l’Équipement d’Ile-de-France, Ministère de l’Équipement, juin 1988, Paris, Travaux et Documents, Cahier n° 120, pp. 149-168.
Cuturello, P., 1989, « Itinéraires résidentiels : statuts du logement, activité féminine et patrimoine », in Itinéraires féminins. Les calendriers familiaux-professionnels et résidentiels de deux générations de jeunes femmes dans les Alpes-Maritimes, rapport de recherches du Germ-Cercom, pp. 485-547.
Cuturello, P., 1990, « Statut du logement et réseau familial », in Stratégies résidentielles, INED, Plan Construction, Congrès et Colloques n° 2, pp. 195-202.
31 Cuturello, P., 1988, « Entraide familiale », in Transformation de la famille et Habitat, INED, Direction Régionale de l’Équipement d’Ile-de-France, Ministère de l’Équipement, juin 1988, Paris, Travaux et Documents, Cahier n° 120, pp. 149-168.
Cuturello, P., 1989, « Itinéraires résidentiels : statuts du logement, activité féminine et patrimoine », in Itinéraires féminins. Les calendriers familiaux-professionnels et résidentiels de deux générations de jeunes femmes dans les Alpes-Maritimes, rapport de recherches du Germ-Cercom, pp. 485-547.
Cuturello, P., 1990, « Statut du logement et réseau familial », in Stratégies résidentielles, INED, Plan Construction, Congrès et Colloques n° 2, pp. 195-202.
32 Young, M. & Willmott, P., 1957, Family and Kindship in East London, Routledge and Kegan Paul, Londres, traduit en français : le Village dans la ville, Paris, Centre G. Pompidou, 1983.
33 Le Bras, H. et Gore, C., 1985, Géographie physique et sociale de la famille dans la France actuelle, CNRS A.T.P. Famille.
34 Voir Roussel, L. et Bourguignon, O., 1976, « La famille après le mariage des enfants », Travaux et Documents, cahier n° 78, PUF/INED, Paris ; Gokalp, C., 1978, « Le réseau familial », in Population, n° 6, pp. 1077-1094 ; Pitrou, A., 1976, « Le soutien familial dans la société urbaine », in Revue Française de Sociologie, XVIII, n° 177, pp. 47-84.
35 Gokalp, C., 1978, « Le réseau familial », in Population, n° 6, pp. 1077-1094.
36 Voir Maison, D., 1990, Rapport à l’espace urbain et stratégies résidentielles en Région parisienne, Colloque de l’Aidelf de Rabat, Mai ;
37 Segalen, M., 1990, (avec l’assistance de F. Bekus), Nanterriens : les familles dans la ville, Presses universitaires du Mirail, Toulouse.
38 Voir Roussel, L. et Bourguignon, O., 1976, « La famille après le mariage des enfants », in Travaux et Documents, cahier n° 78, PUF/ INED, Paris ; Gokalp, C., 1978, « Le réseau familial », in Population, n° 6, pp. 1077-1094 ; Pitrou, A., 1976, « Le soutien familial dans la société urbaine », in Revue Française de Sociologie, XVIII, n° 177, pp. 47-84.
39 Pitrou, A., 1976, « Le soutien familial dans la société urbaine », in Revue Française de Sociologie, XVIII, n° 177, pp. 47-84.
40 Segalen, M. et Bekus, F., 1989, « S’installer dans une ville. Nanterre 1900-1980. », in Les Annales de la Recherche Urbaine, n° 41, Mars-Avril 1989, pp. 51-58.
41 Voir Maison, D., 1990, Rapport à l’espace urbain et stratégies résidentielles en Région parisienne, Colloque de l’Aidelf de Rabat, Mai ;
42 Bonvalet, C., 1988, (avec la collaboration d’A. Bringé et B. Riandey) : Cycle de vie et changements urbains en Région Parisienne. Histoire résidentielle d’une génération, Rapport de recherche INED, Caisse nationale des Allocations familiales, Direction Régionale de l’Équipement d’Ile-de-France, Ministère de l’Équipement, juin.
Bonvalet, C. et Lelièvre, E., 1989, « Mobilité en France et à Paris depuis 1945 : bilan résidentiel d’une génération », in Population, n° 3, pp. 531-560.
Bonvalet, C., 1990, « Accession à la propriété et cycle de vie », in Stratégies résidentielles, INED, Plan Construction, Congrès et Colloques n° 2, pp. 129-137.
43 Le Wita, B., 1984, « La mémoire familiale des Parisiens appartenant aux classes moyennes », in Ethnologie française, n° 14.
44 Toulemonde, L. et Villeneuve-Gokalp, C., 1988, « Les vacances des enfants », in Population, n° 6, pp. 1065-1087.
Auteur
Chargée de recherche à l’institut national d’études démographiques
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les chemins de la décolonisation de l’empire colonial français, 1936-1956
Colloque organisé par l’IHTP les 4 et 5 octobre 1984
Charles-Robert Ageron (dir.)
1986
Premières communautés paysannes en Méditerranée occidentale
Actes du Colloque International du CNRS (Montpellier, 26-29 avril 1983)
Jean Guilaine, Jean Courtin, Jean-Louis Roudil et al. (dir.)
1987
La formation de l’Irak contemporain
Le rôle politique des ulémas chiites à la fin de la domination ottomane et au moment de la création de l’état irakien
Pierre-Jean Luizard
2002
La télévision des Trente Glorieuses
Culture et politique
Évelyne Cohen et Marie-Françoise Lévy (dir.)
2007
L’homme et sa diversité
Perspectives en enjeux de l’anthropologie biologique
Anne-Marie Guihard-Costa, Gilles Boetsch et Alain Froment (dir.)
2007