Santé : des maux particuliers
p. 64-65
Texte intégral
16 % | 40 % | 2017 |
Part des diabétiques chez les adultes en 2017 | Part des décès dus à des maladies cardio-vasculaires en 2016 | Adoption de la loi sur l’assurance-maladie universelle |
Sources : CAPMAS ; Fédération internationale du diabète ; OMS |
1Si l’Égypte enregistre des taux de vaccination très satisfaisants, le pays se singularise par l’ampleur du tabagisme, de l’hépatite C et du diabète, ainsi que par une prévalence record de l’obésité. Le style de vie, marqué par la sédentarité, et une alimentation déséquilibrée privilégiant la quantité, les plats sucrés et les matières grasses sont des facteurs de risques, tout comme l’usage de pesticides et la pollution environnementale. Les maladies cardio-vasculaires, les maladies du foie et l’hypertension artérielle sont les trois premières causes de mortalité.
2La population est confrontée à une dégradation des services publics hospitaliers (au profit du secteur privé) et à des pénuries régulières de médicaments depuis 2014, en lien avec les difficultés de l’industrie pharmaceutique, contrainte de limiter les prix par le cadre réglementaire, puis fragilisée par la dévaluation de la livre égyptienne en 2016.
Tabagisme, diabète, hépatite C
3Plus de la moitié des Égyptiens de plus de 10 ans fument quotidiennement. Depuis plusieurs siècles, le narguilé ou chicha est un pilier de la sociabilité en Égypte, présent dans la plupart des cafés de rue. Consommé sous forme de cigarettes (au coût bas) ou de chicha, le tabac est responsable d’une hausse des maladies chroniques (cancer du poumon, maladies pulmonaires, accidents vasculaires cérébraux et maladies coronariennes). Près d’un quart de la population adulte souffrirait de tension hyper-artérielle. Le gouvernement prévoit une augmentation des taxes sur le tabac et ses produits.
4L’Égypte figure parmi les 10 premiers pays ayant le plus grand nombre de diabétiques. Selon la Fédération internationale du diabète, le pays compterait, chez les 20-79 ans, 8,2 millions de personnes atteintes du diabète en 2017 et 2,2 millions de pré-diabétiques. Il y aurait 53 % de diabétiques non diagnostiqués. L’Égypte dépense le moins dans la région MENA pour le diabète (116 $ par patient et par an). Les pesticides sont un facteur de risque majeur pour le diabète de type 2 et la résistance à l'insuline.
5L’Égypte avait, en 2008, l’un des plus forts taux d’hépatite C au monde selon l’OMS, une situation imputable en partie à la campagne de vaccination contre la schistosomiase, dans les années 1960-1980, qui avait été source de nombreuses infections. Le taux de prévalence a reculé grâce à la diffusion de traitements à faible coût, atteignant 7 % en 2014 chez les 15-59 ans. L’insuffisance de la stérilisation et de la désinfection dans les structures de soins favorise la transmission de la maladie. L’hépatite C constitue la principale cause de décès, car les procédures de greffe du foie sont rares. En 2018, une vaste campagne étatique de dépistage de l’hépatite C a été initiée en vue de son élimination d’ici 2022.
Le VIH mal connu
6Avec 16 000 individus concernés et un taux de prévalence de 0,1 % en 2017, l’Égypte est officiellement peu concerné par le sida, une maladie associée dans les esprits à l’homosexualité et aux comportements déviants. Néanmoins, ONUSIDA a alerté sur l’expansion très rapide de l’épidémie, avec une hausse de 30 % par an, en particulier chez les jeunes. Une base de données nationale est en cours de constitution. Le dépistage, bien qu’anonyme et gratuit, est peu répandu par crainte de rejet social. Les jugements moraux, la peur d’être infecté de la part du personnel médical, son manque de formation, faute d’enseignement dans les écoles de médecine ou de discussion lors des conférences, rendent peu aisée la prise en charge des malades. L’identification de la maladie est le défi à relever pour contenir la propagation.
La santé, une priorité affichée depuis 2017
7La santé fait partie des priorités de la constitution de 2014 et du second mandat du président al-Sissi. Les dépenses publiques de santé, inférieures à 2 % du PIB en 2014, doivent dépasser 3 % selon la constitution. Le gouvernement égyptien a multiplié les campagnes de soins ou de dépistage contre l’hépatite C, l’anémie, le nanisme, la poliomyélite ou l’obésité. Surtout, face aux laissés-pour-compte de la couverture médicale, une loi sur l’assurance maladie universelle a été adoptée, qui prévoit une couverture minimale pour tous avec une carte de santé : la réforme mise en place dans cinq gouvernorats doit être étendue à tout le pays d’ici 2032.
Auteur
Zinat Hany, Public health practitioner and researcher
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