Chapitre II. Entre arabité et syrianité : la permanence d’une ambiguïté identitaire
p. 73-90
Texte intégral
1Les liens pouvant exister entre la naissance de l’arabisme, en tant que mouvement idéologique qui naquit et se développa au sein d’une nation arabe progressivement perçue par les acteurs politiques de l’époque comme distincte de l’ensemble ottoman, et la formation d’une certaine forme de sentiment d’appartenance nationale en Syrie (comprise dans le sens territorial large de l’époque), lié à des références identitaires à la fois arabes, syriennes et pan-syriennes, devront être appréhendés à travers un retour historique suffisamment profond pour être significatif. Cette rétrospective, qui sera essentiellement orientée vers l’analyse des rapports existant entre les notions de territoire et d’identité, semble indispensable afin de mieux saisir le long processus de construction d’un modèle idéal de la nation de même que la genèse des enjeux actuels des représentations du passé, en en montrant les ruptures et continuités. Il existe ainsi, dès le milieu du xixe siècle, au-delà des nombreuses vicissitudes politiques, des constructions historico-symboliques et des modes d’identification territoriale que l’on retrouve aujourd’hui, bien que dans un autre contexte. Une brève généalogie du syrianisme peut être retracée : faible avant le siècle passé, c’est à partir de l’ébranlement de l’ordre ottoman traditionnel que la Syrie devint un enjeu, Ibrāhim Bāšā1 jouant en ceci un rôle prépondérant. Mais c’est après les massacres de maronites par les Druzes au Liban puis de chrétiens par la population musulmane à Damas, en été 1860, qui firent près de 10 000 victimes sous l’œil indifférent – voire complice – des autorités ottomanes, puis l’intervention humanitaire de l’émir algérien ‘Abd al-Qādir (exilé dans cette ville par les autorités françaises), que la Syrie se constitua en un objet politique pour les relations internationales (conférence des Ambassadeurs). L’évolution ultérieure resta toutefois indécise, en particulier le sens de la politique de la Porte, incarnée dans l’action de Midhat Pacha, grand vizir (de 1872 à 1877) puis gouverneur de Damas, ensuite exilé et enfin assassiné, qui fit déposer le sultan Abdülaziz, nommer Abdülhamit II et promulguer la première Constitution (le 23 décembre 1876)2. L’idée levantine germant ainsi progressivement vers la fin du siècle dernier, la notion de Syrie naturelle, promue surtout par des penseurs francophones, en aurait été l’extension.
2Par ailleurs, la montée du nationalisme arabe en Syrie peut en partie se comprendre d’après le paradigme (de la frustration) des notables urbains. Le remplacement progressif de ces élites locales par des Turcs (dès les années 1890), dans les provinces syriennes de l’Empire ottoman, n’aurait ainsi laissé à ces notables d’autre choix que de se détourner de l’ottomanisme pour adhérer à l’arabisme, qui serait devenu le seul vecteur idéologique leur permettant de revendiquer un statut social perdu3. Lors de la Première Guerre mondiale, le syrianisme entra en conflit avec l’arabisme, particulièrement durant la tentative de réunion de la nation syrienne (dans ses limites naturelles) dans le cadre du royaume arabe chérifien de Damas (avec Fayṣal pour roi, du 8 mars au 24 juillet 1920 : défaite devant les troupes françaises), puis, après les déboires de cette dernière idéologie, devint une alternative crédible4. Si le principe de l’utilisation de l’imaginaire nationaliste à des fins étroites de défense d’intérêts de groupe peut être transposé de la fin de l’époque ottomane au contexte postérieur à 1970, une telle comparaison ne saurait de toute façon suffir à expliquer la complexité de la construction nationale actuelle. Enfin, si le régime syrien baathiste ne se distingue de ses prédécesseurs que par la nouvelle nature de l’environnement international et des contraintes régionales, par la consolidation des institutions étatiques nationales (à laquelle il a largement contribué) depuis l’accession du pays à l’indépendance, par son orientation idéologique et enfin par la base communautaire de son pouvoir, il n’en demeure pas moins que le processus d’imagination de la nation par le discours historique a des points communs avec les représentations passées. Les lignes qui suivent chercheront à mettre en évidence les aléas de l’élaboration d’un modèle idéal de l’identité nationale, à base largement territoriale, ainsi qu’une certaine continuité de la démarche des acteurs politiques, même si les objectifs ont pu changer. Enfin, l’absence de référence directe (car éloignée du sujet) à des penseurs comme Rašīd Riḍā (1865-1935, tendance religieuse du nationalisme arabe) ou Šakīb Arslān (1869-1946, réformisme musulman et activisme politique), pour ne citer qu’eux, ne signifie nullement que leur influence doive être ignorée.
A – DE L’APPARTENANCE OTTOMANE A UNE IDENTITE DISTINCTE
3Buṭrus al-Bustānī (1819-1883) fut certainement l’un des premiers Syro-Libanais à développer l’idée d’un foyer national, bien défini historiquement, avec une culture arabe distincte, et à invoquer une certaine forme de patriotisme (waṭaniyya) syrien5. Quand la Porte promulgua en 1856 un édit (précédé du décret de 1839, première déclaration générale portant sur les principes de la réforme) qui accordait les mêmes droits civiques et politiques aux non-musulmans de l’Empire, l’ancienne solidarité religieuse se trouvait enfin remplacée, pour Bustānī, par une solidarité nouvelle de nature patriotique. De plus, afin d’éviter que la Syrie ne devînt une Babel linguistique, qu’elle était déjà au niveau confessionnel, Bustānī proposa que la langue arabe fût le ciment culturel de la nouvelle entité syro-libanaise au sein de l’Empire. Si la langue était ainsi perçue comme l’un des fondements essentiels de l’identité nationale à construire, l’arabité se voyait pour sa part projetée en avant alors que la place de l’islam, en tant que fait purement religieux, se voyait diminuée6, selon un schéma que l’on retrouve aujourd’hui (et que l’on pourrait qualifier d’approche minoritaire). Bustānī lança de plus de nombreux appels à ses compatriotes, particulièrement après les conflits sanglants de 1860 entre communautés druze et maronite, afin de dépasser le sectarisme confessionnel et d’atteindre une vision plus « nationale » de la Syrie7. Il aurait de la sorte développé l’idée qu’il était impératif de promouvoir une identité arabe, au niveau national (de toute la nation arabe), sans tenir compte des diverses origines raciales ou religieuses8. Afin de donner plus de consistance à l’association qu’il s’évertuait à établir entre nation et territoire, Bustānī semble avoir été l’un des premiers penseurs du siècle dernier à réemployer le terme géographique de Sūriyā / Sūriyya, tombé en désuétude. Dans ses écrits apparaissent ainsi, avec un sens politique moderne, des expressions comme Bilād Sūriyya (les terres, ou régions, de Syrie) et ḥubb al-waṭan (amour de la patrie). Alors que le terme même de Syrie (Sūriyā ou Sūriyya), en tant qu’entité territoriale, aurait été emprunté par Bustānī (cette notion était déjà présente dans les années 1840 en langues turque et arabe) ; le terme concurrent était celui de Šām, ou Ša’m (graphie ancienne), mot ayant le sens de « gauche » et de « nord » chez les anciens Arabes. La Syrie était en général nommée, dès la conquête du pays par les armées musulmanes, par les termes de barr (pays, terre) et de Bilād al-Šām, noms qui conservèrent, plus que celui de Sūriyya, une connotation traditionnelle9. La naissance même de cette conception nationale à base territoriale, que l’on peut considérer comme l’esquisse du modèle identitaire que l’on retrouvera sous des formes proches dans le discours historique contemporain, mérite d’être relevée : le fait d’hésiter entre de telles dénominations signifiait souvent un changement de perception identitaire, le pays cessant de n’être qu’une simple région de l’Empire pour devenir une patrie (waṭan) sur laquelle pouvait se cristalliser un sentiment nouveau de loyauté nationale10. Bustānī aurait de plus usé dans ses œuvres des termes d’« arabe » et de « syrien » de manière apparemment interchangeable11, ce qui caractérise encore aujourd’hui le discours historique avec la nuance que ces deux qualificatifs forment une paire récurrente et quasiment indissociable (dans des expressions comme « république arabe syrienne », « culture arabe syrienne », etc.).
4L’usage sélectif de l’une ou l’autre appellation du même espace géographique (Bilād al-Šām et Sūriyya, ce dernier terme étant parfois accompagné d’épithètes comme al-kubrā, « grande », al-ṭabl‘iyya, « naturelle », etc.), que l’on rencontre dans le discours historique syrien actuel, montre que le même territoire peut encore être doublement imaginé. Quel que soit en effet le champ sémantique que chaque terme peut recouvrir (le premier ayant une connotation islamique alors que le second renvoie aux périodes hellène et romaine de même qu’aux époques moderne et contemporaine, occultant de la sorte en partie la phase historique de l’islam), une concordance de représentations se dissimule derrière la variété des désignations dans le sens où l’ancienneté commune aux deux termes vise (différemment dans chaque cas) à refléter la profondeur historique et l’authenticité de l’entité désignée. Le discours historique actuel propose de bons exemples de continuité : une analyse à base biblique (à dessein ad hominem, la Bible étant souvent perçue comme favorable aux thèses sionistes) prétend ainsi que le nom le plus proche de celui de Sūriyā, qui aurait été cité par les historiens anciens, est celui de Sīryūn (Deutéronome et Livre des psaumes) qui signifierait tout le côté oriental de la montagne libanaise et du mont Hermon. Mais au-delà des questions de terminologie, les véritables enjeux concernent la maîtrise des représentations territoriales, à travers l’ancienneté accordée au terme de Sūriyā (avec sa forme première, Sīryūn). Plus loin, délaissant la référence biblique pour l’exemple hellène, perçu comme plus neutre et scientifique, le même auteur considère Hérodote (ve siècle avant notre ère) comme le premier historien à avoir, dans ses Récits assyriens, à partir du mot Assyrie, nommé Sūriyā la région qui « s’étendait du Taurus à l’Égypte, et comprenait donc la Palestine », imaginant un territoire à l’identité propre12.
5Un autre auteur syrien contemporain trouve pour sa part plus convaincant de conférer une origine étymologique arabe au nom de Sūriyya en considérant sa racine comme sémitique, et donc finalement – dans son esprit – arabe. La perception des identités sémitique et arabe peut en effet se résumer à l’idée simple que l’arabité est plus primordiale que l’identité sémitique, l’appellation même de ce dernier terme étant souvent vue avec suspicion par les penseurs syriens, car inventée au xixe siècle par des savants occidentaux étudiant la Bible. Rappeler que le terme de Sūriyā fut utilisé par les Babyloniens pour un district du nord de l’Euphrate et que ce nom apparaît aussi dans les tablettes découvertes à Ougarit revient donc à insister sur le caractère spécifique, fût-il sémitique ou arabe, de la notion territoriale de Syrie13. Par ailleurs, les historiens étrangers sont aujourd’hui accusés par leurs pairs syriens d’avoir intentionnellement limité le sens des deux termes de Sūriyā et de Šām de telle sorte que la portée du concept géographique ne s’appliquerait plus qu’à la seule Syrie byzantine (qui s’étendait du Taurus et de l’Euphrate jusqu’à Suez). Ces historiens étrangers, par leur acception limitative des mots, auraient ainsi soustrait de l’entité imaginée Babylone et Ninive de même que les Assyriens et les Chaldéens, civilisations et peuples revendiqués par le discours syrien contemporain sur le passé. Dans le même esprit partisan, que conteste l’historiographie officielle et autorisée, d’autres auraient encore restreint le concept géographique de Syrie à la seule région comprise entre la Cilicie et la Palestine14.
6Rappelons que certains historiens syriens contemporains préfèrent le terme de Šām, spécifiquement arabe dans leur esprit, à celui de Sūriyya, compris comme sémitique et donc identitairement plus dilué. Ce terme signifierait « historiquement [...] la terre s’étendant du Taurus à Ġazza », les colonisateurs anglais (en lieu et place des historiens étrangers) étant accusés d’être la cause de la division politique actuelle de la « Syrie arabe historique »15. Le recours à un savant médiéval, arabe et musulman, cité comme autorité linguistique afin de justifier l’authenticité du terme de Šām et donc l’intégralité ontologiquement arabe (ou plutôt arabo-islamique) du territoire imaginé, peut aussi être une démarche fréquente des stratégies historiographiques16. Plusieurs sources géographiques arabes anciennes, prises comme preuves légitimantes, auraient par ailleurs considéré le Bilād al-Šām comme « une des provinces (iqlīm) de la Péninsule arabique », remarque visant à sceller l’ancrage de la notion territoriale de Syrie dans le lieu originel tant de l’arabité que de l’islam17. Même si le terme de Sūriyā peut être considéré comme sémitique (et donc finalement arabe), l’appellation de Bilād al-Šām lui serait préférée quand il y a souhait d’insister sur une arabité liée (même implicitement) à l’islam. La gestion de ces deux termes semble enfin refléter deux perceptions différentes – mais complémentaires – de l’arabité : l’une, antéislamique, serait primordiale et considérée comme la donnée identitaire de base, alors que l’autre serait imbriquée avec l’islam dans une relation de régénération mutuelle. Le régime actuel joue sur ces deux registres qui semblent converger vers un même but de territorialisation identitaire : la notion de syrianité. Il semble bien que l’on retrouve là, sous une forme différente, des considérations déjà présentes dans l’esprit de Bustānī.
7Pour revenir à l’apparition de la notion d’espace grand-syrien en terme de conscience politique, on peut également citer le cas de Ḫalīl al-Ḫūrī pour qui les limites territoriales de la Syrie étaient définies comme allant de l’Euphrate à la Méditerranée et du désert d’Arabie à l’Anatolie18. Ce qui était alors un nouveau concept politico-géographique s’opposait à l’ottomanisme tout en se démarquant de l’arabisme (non spécifiquement syrien), et était marqué par des tendances unitaires pan-syriennes constituant l’une des formes d’un « proto-nationalisme » croissant au Proche-Orient19. Un autre écrivain syrien, Adīb Isḥāq, d’origine arménienne et formé chez les missionnaires français, fit quant à lui appel vers la fin du xixe siècle à une société basée sur une solidarité nationale et patriotique, mais non religieuse20. Citons également le cas d’un ouvrage présenté en 1874 aux autorités de Constantinople pour imprimatur21, qui suggérait déjà une unité territoriale bien définie possédant les caractéristiques essentielles d’une nation, même si son auteur percevait la Syrie plus comme une unité géographique, définie en tant que territoire vaste, clairement délimité par des barrières naturelles et habité par un peuple particulier composé d’un mélange inextricable de races, que comme une véritable entité nationale, au sens politique moderne22. Cet auteur fut de plus frappé par le personnage de Zénobie, la célèbre reine de Palmyre – déjà symbole des gloires « nationales » passées – dont la grandeur fit naître en lui l’espoir d’une possible renaissance historique de la Syrie sous la bannière d’une nouvelle Zénobie23. Il semblerait à ce propos que l’historiographie contemporaine a construit une image de cette reine qui ne manque pas de rappeler les réalisations de son mâle successeur. Dans une optique tout à fait différente, on notera des penseurs comme Ğamāl al-Dīn al-Qāsimī (1866-1914) et Ṭāhir al-Ğazā’iri (1852-1920) qui furent parmi les premiers à demander une réforme religieuse et une amélioration de la situation des Arabes.
8Un continuateur de l’œuvre de Buṭrus al-Bustāni fut Ğurği Yannī (1856-1941), un grec-orthodoxe qui entreprit – comme d’autres – la rédaction d’une histoire de la Syrie24. En ce qui concerne Palmyre et Zénobie, le traitement analytique de son ouvrage, qui imagine un passé nationaliste, donne de ces deux symboles l’image d’une grande cité-État dirigée par une reine ayant mis fin à une domination étrangère que minimise (selon lui) le récit historique25. Anticipant sur les constructions actuelles, le prophète Muḥammad (présenté avec une certaine condescendance chrétienne) se voit reconnaître des qualités nationales dont celle d’avoir uni les Arabes. La période umayyade est pour sa part valorisée alors que le transfert du pouvoir vers l’Iraq ‘abbāside est vu comme une phase de régression pour la Syrie. Les croisades, enfin, ne sont pas considérées positivement, la période mamlūke étant quant à elle traitée par cet auteur en moins d’une page26. À la recherche d’autres schémas de pensée précurseurs des représentations ultérieures, il nous semble utile de rappeler qu’un courant chrétien (début de ce siècle), basé sur une conception étroitement communautaire et estimant qu’islam et arabisme se rejoignaient finalement, rejetait ces deux manifestations politico-religieuses pour trouver son expression dans la promotion d’une entité chrétienne libanaise indépendante de l’ensemble syrien. Ce courant communautaire peut être considéré comme la base idéologique d’une historiographie laudative de la civilisation phénicienne (promue par les maronites qui tentent une jonction entre l’Antiquité phénicienne et l’arrivée dans la montagne libanaise des fidèles de saint Maron au ixe siècle, avec un ancrage dans un christianisme vu comme antérieur et supérieur à l’islam) que le discours syrien cherche encore aujourd’hui à récupérer en l’intégrant dans une vision plus large (arabiste ou syrianiste) de l’histoire27.
9Si l’expression d’une conscience nationale arabe prit une forme marquée au début de ce siècle (création de sociétés secrètes comme al-Fatāt, Les Jeunes [Arabes], en 1911 et al-’Ahd, Le Pacte, fin 1913, de même que le congrès de Paris en juin 1913, la révolte arabe de 1916, etc.) en réaction au nationalisme séculier et chauvin des Jeunes-Turcs, ce n’est qu’à la fin de la Première Guerre mondiale qu’un sentiment d’identité nationale arabe et syrienne se répandit réellement28. Durant le bref gouvernement de Faysal à Damas (1918-1920), le nationalisme arabe, tant comme mouvement politique syrien que philosophie de l’histoire (question de la diabolisation des Turcs ottomans), se développa de manière importante29. Il est intéressant de remarquer que, dès le milieu des années 1910, le discours « nationaliste » arabe, en Syrie, se mit à utiliser de plus en plus fréquemment le terme de « syrien » comme synonyme de celui d’« arabe », mots considérés à l’époque comme globalement interchangeables. Le congrès syro-palestinien de 1921, réuni à Genève, semble d’une certaine manière avoir marqué un point culminant dans l’identification entre la notion politique d’arabisme et celle, territoriale et culturelle, de Syrie, dans le sens où il affirma que « la Syrie est une nation » formant « un ensemble d’hommes de même race, de même langue, de même civilisation », et ayant « un patrimoine historique identique et commun »30. Dans la Syrie post-ottomane, une intense activité politique, caractérisée par la mise en avant de représentations à portée nationaliste, visait à prouver la réalité organique intemporelle de la Syrie de même que sa continuité historique. La communauté politique imaginée, territorialisée, était alors constituée des hommes vivant à l’intérieur de ce qui était vu comme les frontières naturelles de la (Grande) Syrie et partageant un héritage historique et culturel commun31. On notera enfin que le discours historique contemporain utilise une terminologie et des postulats semblables aux constructions antérieures, si bien que l’on peut se demander dans quelle mesure il peut exister un autre schéma conceptuel pour imaginer un ensemble syrien intégré.
В – CROISSANT FERTILE, ORIGINE SEMITIQUE ET SYRIANITE
10La prégnance d’une identification autour du concept de Croissant fertile remonte au début de ce siècle : plusieurs plans de nature politique, conçus par des groupes nationalistes syriens avant puis pendant la Première Guerre mondiale, visaient à établir une sorte de souveraineté mésopotamienne, incluant la Syrie et l’Iraq. Le concept de Mésopotamie en tant que territoire spécifique, par son arabité imaginée, doit être considéré comme l’une des premières tentatives nationalistes arabes en vue de concevoir un espace (régional) coïncidant avec les représentations d’une nation arabe opposée à la nation turque. Alors que c’était l’élément arabe qui prédominait dans la représentation historique de ce territoire mésopotamien imaginé (la nature naissante du nationalisme arabe étant en quête d’affirmation), il n’en sera plus de même après les indépendances et l’arrivée au pouvoir, dans les deux pays, de régimes baathistes et minoritaires qui, malgré leur discours idéologique unitaire, cherchèrent à justifier leur emprise monopolistique sur l’État en construisant une identité nationale (dans les frontières respectives) à même de gommer les différences portant atteinte à leur légitimité. Ces régimes ont de la sorte su fouiller dans le passé afin de mettre progressivement en valeur l’ancienneté et l’authenticité des héritages dont ils se réclament les dépositaires.
11Quelques nationalistes arabes des années 1920, s’appuyant sur des ouvrages orientalistes, défendirent la thèse des vagues sémitiques de migration en provenance de la Péninsule, considérée comme le berceau originel des sémites, et donc des Arabes en tant qu’élément unificateur et fondamental – voire primordial – de cette famille. Le semitisme est en ce sens un type de discours historique qui s’est inscrit en opposition aux thèses orientalistes (complexe par rapport à l’Occident, ayant mené à un surinvestissement vis-à-vis du passé) comme au sionisme et a proposé une récupération arabe du concept des origines péninsulaires en valorisant la pureté autochtone et le brassage par la migration. Ce sont des penseurs sunnites comme Muḥibb al-Dīn al-Ḫatīb et ‘Izzat Darwaza qui se feront les propagateurs de ces thèses, conciliant ainsi sémitisme, arabisme et islam32. Selon ces auteurs nationalistes arabes du début du siècle, tous les peuples sémitiques (de même que, par extension, les Égyptiens et les Berbères chamito-sémitiques) auraient une origine commune qui ferait d’eux, au bout du compte, des Arabes – le peuple primordial –, au même titre que ceux dont la généalogie arabe serait directe. Ces vagues sémitiques successives auraient engendré un processus d’arabisation qui n’aurait été possible que dans la mesure où des éléments arabes se trouvaient déjà sur place. Cette construction « sémitiste » et arabiste de l’histoire ne permettait pas aux Juifs européens, étrangers à un processus d’arabisation ayant eu lieu dans le strict cadre géographique du Proche-Orient, d’être considérés comme sémites. La promotion de cette thèse, qui soutenait que les descendants des anciens Hébreux étaient exclusivement les Arabes de Palestine, qu’ils fussent d’origine arabe ou eussent seulement été arabisés, visait essentiellement à nier toute prétention sioniste (non indigène) en Palestine. Un certain nombre de promoteurs de cette thèse eurent une grande importance idéologique à travers la consécration dans la langue arabe de l’expression orientaliste de Croissant fertile33. La pérennité de cette démarche, que l’on rencontre (avec des variantes) dans le discours historique syrien actuel, peut être remarquée, ce discours reprenant le même concept de lieu de fermentation puis de développement de la culture arabe, mais en le situant dans le cadre géographique d’une Grande Syrie incluant (en partie) la Mésopotamie.
12La notion d’une patrie arabe située à l’est de l’isthme de Suez semble avoir été influencée en partie par les idées d’un orientaliste, l’égyptologue américain James Henry Breasted (1865-1935). Le penseur nationaliste arabe Muḥibb al-Dīn al-Ḫaṭīb fait une mention (en 1925) de ce savant américain en tant que source étrangère de référence justifiant la théorie de mouvements migratoires sémitiques en provenance des plaines fertiles de Mésopotamie. Il fut attribué à cet égyptologue la promotion de l’idée (alors commune) selon laquelle de très importantes vagues sémitiques de migration seraient venues, aux époques préhistoriques, du Croissant fertile jusqu’en Égypte via la péninsule du Sinaï et l’isthme de Suez, et que de nombreux éléments constitutifs de ces migrations seraient restés dans les terres qu’ils traversaient, explication de l’histoire qui permettrait d’éclairer l’origine du peuplement de l’Égypte34. À la suite de la publication d’une traduction arabe du texte de Breasted (en 1926), il semblerait que le concept de Croissant fertile devînt plus répandu. La formulation finale de ce concept prit l’image d’une « île (ğazīra) arabe » constituant un « corps vivant » dont la « tête » aurait été le Croissant fertile, le « cœur » l’Arabie (pour sa position centrale), et les « extrémités » les côtes (du golfe de ‘Aqaba à celui de Basra). Mais la « patrie » arabe, bien qu’assez compacte d’un point de vue naturel, avait toutefois moins de signification au niveau géographique dans le sens où c’était alors plus l’élément humain qui était vu comme décisif. Toutes les terres peuplées d’Arabes devaient en ce sens être considérées elles aussi comme arabes. Une conception plus large consistait même à soutenir que la patrie arabe s’étendait partout où il y avait des Arabes, c’est-à-dire jusqu’en Asie, Europe et Afrique et que la majorité des peuples anciens de la région devaient être considérés avec certitude comme arabes. Selon ces constructions historiographiques, chaque nouvelle vague sémitique se serait harmonieusement mélangée à la précédente, la vague arabe – la dernière – ayant quant à elle restauré l’unité originelle des peuples sémitiques. Parmi les contributeurs des publications dirigées par al- Ḫaṭib, certains n’hésitaient pas à proposer une vision « universaliste » du passé selon laquelle il était fait des Arabes les héritiers culturels des sémites35. Cette analyse historique voyait par ailleurs dans l’avènement de l’islam la manifestation la plus achevée des migrations commencées depuis la période préhistorique, la prédication islamique étant imaginée comme ayant conduit à l’unification des foyers (mawāṭin) de peuplement sémitique et les ayant revivifiés de telle sorte qu’ils se seraient ensuite constitués en « patrie (waṭan) arabe »36.
13Certaines des théories développées autour de Muḥibb al-Dīn al-Ḫaṭib se retrouveront dans les constructions ultérieures. Même si le contexte politique s’est modifié, il semblerait qu’un type de discours historique se soit ainsi imposé, les constructions des nationalistes arabes du début du siècle sur le Croissant fertile ayant été reprises, à la nuance près que la référence géographique de base a quitté le cadre régional pour s’ancrer, sous l’effet du processus de construction nationale, dans un territoire limité par des frontières. Le discours historique syrien continue aujourd’hui à défendre l’idée d’une extension naturelle de la Syrie jusqu’aux plaines de Mésopotamie, et ce dès les périodes préhistoriques (prétention qui serait en fait plus une utile affirmation irrédentiste qu’une réelle volonté de réunification).
14Une autre thèse historiographique mérite d’être abordée : celle de la syrianité, dont on trouve les premières formulations au début du siècle sous la plume de l’orientaliste Henri Lammens37 selon lequel les Syriens auraient existé en tant que peuple distinct bien avant l’arrivée des Arabes, et auraient réuni de la sorte toutes les conditions culturelles, au sens large, pour former une nation à part. Cette théorie eut des précurseurs parmi certains historiens libanais, dont Ğurği Yannī (m. 1941), un grec-orthodoxe, et Yūsuf al-Dibs (1833-1907), un archevêque maronite. Une certaine sympathie se manifesta aussi de la part de Philip Hitti (1886-1978), un orientaliste américain d’origine libanaise formé à l’université américaine de Beyrouth (qui soutint une thèse sur les langues sémitiques à l’université de Columbia). Parmi les réactions négatives, on peut citer celle de Muḥammad Kurd ‘Alī (1876-1953), le fondateur (1919) et président de l’Académie arabe38. Quelques années avant Lammens et dans une perspective plus locale, René Dussaud semble pour sa part avoir défendu l’idée d’une identité nuṣayrie (alaouite) distincte et très ancienne, remontant à une époque « syro-phénicienne »39. L’argumentation principale de Lammens était que la Syrie avait des frontières naturelles remarquables : les montagnes du Taurus (au nord), la steppe (à l’est), le désert (au sud), et la mer (à l’ouest). La représentation presque parfaite de cette organisation naturelle de l’espace était alors vue, par ailleurs, comme autorisant l’existence de communautés distinctes et séparées, vision qui diffère du discours historique actuel en ce sens qu’il se veut au contraire intégrateur. L’analyse arabiste postérieure considère que si la Syrie avait, au début du siècle, tout pour être une nation au sens territorial, elle ne possédait toutefois encore rien pour former un peuple uni. Selon l’optique défendue par Lammens, les différences communautaires étaient en revanche facilement surmontables grâce aux points communs (imaginés) unissant les habitants de la Syrie ; cet auteur réservait de plus au Liban une place historique spéciale due à sa qualité de refuge pour les communautés persécutées (ce qui risquait d’ailleurs fort d’être en contradiction avec sa conception d’un nationalisme grand-syrien). Le rejet de l’arabité, de l’arabisme et de l’islam, considérés comme des éléments intrus dans l’histoire nationale syrienne, encourageait enfin, pour Lammens, la justification historique d’un mouvement grand-syrien séculier, interconfessionnel et indépendant de l’arabisme ambiant. L’évolution sociopolitique en Syrie a paradoxalement voulu que le discours sur l’histoire se sente aujourd’hui obligé de promouvoir une certaine forme de syrianité – notion qui a su s’imposer comme cadre indispensable d’imagination de la communauté nationale –, tout en valorisant l’arabité et en ménageant l’islam.
15La théorie de Lammens fut soutenue politiquement avant même l’époque mandataire par plusieurs personnalités françaises dont l’homme d’Etat Raymond Poincaré (1860-1934) qui était favorable à la constitution d’une zone d’influence française en Méditerranée orientale, motivée tant par la défense d’intérêts économiques traditionnels et la réaffirmation de la mission catholique de la France en Orient que par le besoin de contrer l’ingérence des autres puissances étrangères, en premier lieu le Royaume-Uni. Le syrianisme français et la notion de Syrie naturelle s’opposaient en ce sens aux projets arabistes élaborés sous l’égide de Londres40. La théorie de Lammens, qui défendait l’idée d’une syrianité authentique et distincte de l’arabité, fut plus tard remise en cause par (entre autres penseurs) l’historien libanais contemporain Kamāl (Sulaymān) al-Ṣalībī41, sous le prétexte que le livre de Lammens sur la Syrie n’avait été rédigé que pour contrer les thèses nationalistes panarabes42. Si la position des autorités syriennes actuelles par rapport aux idées de Ṣalībī reste équivoque, ces dernières jouissent cependant d’un crédit certain. Ainsi, même si Ṣalībī critique la thèse de la syrianité pour mettre en avant le concept plus large d’arabité, le discours syrien sur l’histoire gagne d’un côté ce qu’il perd de l’autre : le coup porté aux efforts de territorialisation de l’identité nationale se voit en partie compensé par un soutien aux représentations arabistes qui fondent toujours -ne fût-ce qu’en théorie – la légitimité des constructions identitaires. Bien avant Ṣalībī, les thèses arabistes furent développées par de nombreux auteurs en opposition au concept de syrianité ; d’un autre côté, l’idée d’une Syrie naturelle et historique n’était pas tout à fait nouvelle dans l’entre-deux-guerres43. On peut citer un livre publié quelques années après celui de Lammens et se situant entre plusieurs positions historiographiques. Il s’agit d’Unité syrienne et Devenir arabe, publié en français (1937) pour un public français par Edmond Rabbāṭ qui y articule des idées panarabistes et séculières. Pour ce penseur, sémite équivaut à arabe, et l’islam doit être vu comme la religion nationale des Arabes. Quant à la conquête arabe, elle est dépeinte comme une guerre de libération, Muḥammad tenant lieu de prophète arabe et de fondateur d’État. Rabbāṭ défend enfin l’idée qu’il existe une unité ethnique et culturelle dont la base est arabe44.
С – DE L’UNITE A LA SPECIFICITE : DES CONSTANTES IDENTITAIRES
16Les développements suivants, consacrés à quelques situations politiques significatives de l’entre-deux-guerres et des débuts de l’indépendance, ont pour ambition de mettre en valeur une certaine permanence des conceptions syriennes vis-à-vis des rapports régissant histoire et territoire. Ces conceptions dictant un nombre limité de choix aux acteurs politiques, ces derniers, agissant selon les intérêts du moment, déterminent leurs stratégies de construction nationale par rapport à une gamme relativement constante de représentations identitaires. Comme exemple de considérations nationales contrecarrant les aspirations unitaires, on peut rappeler le fait que lorsque le souverain hāšimite de Transjordanie, ‘Abd Allāh45, proposa des plans d’unité entre la Transjordanie et la Syrie, ces plans rencontrèrent peu d’écho dans ce dernier pays. Quand ce même souverain proposa quelques années plus tard une union de la Jordanie et de la Syrie, avec rattachement du Liban et de la Palestine, la Syrie ne montra non plus aucun enthousiasme. Soulevant une nouvelle fois le problème devant la Ligue arabe en 1944, ‘Abd Allāh reçut une réponse syrienne plus favorable, mais à la condition que ce fût la Syrie qui absorbât la Jordanie. Lors de sa réélection à la présidence syrienne (1947), Šukrī al-Quwwatlī rejeta officiellement le plan de Grande Syrie proposé par la Jordanie comme incompatible avec les aspirations syriennes. Si la jeunesse des États indépendants, l’instabilité de leur régime politique et les rivalités franco-britanniques furent les causes essentielles de l’échec de ces plans de création d’une Grande Syrie, on peut néanmoins se demander dans quelle mesure un sentiment d’appartenance territoriale (limité aux frontières) n’était pas déjà prépondérant malgré les discours panarabistes46.
17À la fin des années 1940, ce fut à l’Iraq de reprendre le flambeau des aspirations unitaires, mais ces projets se soldèrent eux aussi par des échecs47. Quant à la Syrie, elle se détourna vite, à la fin des années cinquante, des tentatives précédentes de rapprochement avec l’Iraq pour regarder vers l’Égypte, ce qui peut être compris comme une faiblesse chronique du courant panarabiste au regard d’intérêts plus nationaux. Il semblerait par ailleurs que le régime mandataire en Syrie ait causé un certain tort au processus de création d’une communauté politique nationale, à travers de nombreuses atteintes à l’intégrité territoriale48. Le mandat affaiblit de plus la centralité politique de Damas en encourageant souvent les divisions régionales et les forces centrifuges. Mais il n’en demeure pas moins que les bases des changements sociopolitiques qui eurent lieu dans la Syrie indépendante furent jetées durant le mandat, dont la contribution essentielle fut de favoriser, malgré les contradictions et hésitations, une nouvelle construction étatique. Les personnalités politiques syriennes de l’époque mandataire seraient elles-mêmes responsables, par leur défense d’intérêts privés, familiaux et locaux, du retard que connut la formation d’une même communauté politique. Quant aux partis politiques, s’ils s’entendaient sur un certain nombre de questions, ils semblaient toutefois en désaccord vis-à-vis de la définition du territoire national. Les fluctuations idéologiques du parti Baath l’ont pour sa part amené à un double discours, « syncrétisant » les divergences passées : définition de son action dans un cadre panarabe et histoire enracinée dans le territoire national. Par ailleurs, tout projet de créer une identité nationale se heurtait à des difficultés de taille dans la mesure où une partie de la population ne se considérait pas réellement comme syrienne et arabe, les communautés minoritaires (musulmans non sunnites et chrétiens) continuant à s’appuyer sur les autorités mandataires et la majorité, attachée à des références identitaires primordiales, se considérant plus comme musulmane (sunnite)49. L’idée nationale semble avoir séduit les chrétiens d’Orient (particulièrement les intelligentsias orthodoxe et protestante) en raison de deux concepts : le sécularisme et la patrie (territoriale). Ils ont ainsi toujours préféré un État syrien à une large patrie arabe à majorité musulmane dans laquelle ils auraient inévitablement été noyés50. Le régime syrien actuel (minoritaire) reprend d’une certaine manière ces paramètres dans l’élaboration de son discours historique.
18Un aspect essentiel de l’évolution sociopolitique de la Syrie indépendante fut l’affaiblissement des traditionnelles revendications d’autonomie de même que la diminution des perceptions communautaires au sein de groupes (alaouite, druze, kurde, etc.) devenus conscients des avantages à intégrer la vie politique nationale51. L’une des premières mesures prises par le gouvernement syrien au lendemain de l’indépendance, qui allait dans le sens d’une intégration nationale, fut de réduire la représentation communautaire au Parlement, jusqu’à ce qu’un décret (1953) abolît définitivement le système communautaire52. On ne peut manquer de se demander dans quelle mesure cette évolution législative et juridique est à mettre en parallèle avec l’élaboration du discours historique. Par ailleurs, la Syrie a globalement rejeté les frontières politiques de la région, vues comme imposées et temporaires, une des conséquences de ce panarabisme étant une difficulté à assumer une existence nationale centrée sur un territoire délimité alors que toute expression d’un sentiment de loyauté à l’égard de la Syrie en tant qu’entité politique indépendante fut longtemps considérée comme la trahison d’une vision panarabe53. Ceci montre bien les obstacles symboliques que le discours historique ne peut, encore aujourd’hui, franchir qu’avec prudence. La Syrie possède-t-elle enfin un trait identitaire prédominant ? Il s’agit probablement du pays qui met le plus en valeur une arabité qui fonctionne sans aucun doute comme le mythe transcendant les limites communautaires et politiques, ce que le discours historique reflète à travers les hésitations entre visions unitaires et enracinement territorial.
Notes de bas de page
1 Chef militaire égyptien (1789-1848), deuxième fils du khédive Muḥammad ‘Alī. Il entra en conflit avec la puissance tutélaire ottomane : en 1831, il envahit la Palestine et la Syrie puis fut arrêté dans son avance vers Istanbul par des pressions diplomatiques étrangères. Après une victoire sur l’armée ottomane, il dut évacuer la Syrie en 1840 sous la contrainte occidentale. Il devint vice-roi d’Égypte à la mort de son père (1848), mais mourut peu de temps après.
2 Henry LAURENS, L’Orient arabe. Arabisme et islamisme de 1798 à 1945, Paris, Éditions Armand Colin, 1993, 372 pages (p. 71-96). Du même auteur, La Question de Palestine, tome premier, 1799-1922. L’Invention de la terre sainte, Paris, Fayard, 1999, 719 pages (p. 83-89).
3 Philip S. KHOURY, « Continuity and Change in Syrian Political Life : The Nineteenth and Twentieth centuries », in The American Historical Review, Washington (DC), décembre 1991, volume 96, numéro 5, p. 1374-1395 (p. 1384-1386). Cet article fait le point sur de nombreux travaux historiques traitant de la genèse du nationalisme arabe.
4 Daniel PIPES, Greater Syria : The History of an Ambition, New York / Oxford, Oxford University Press, 1990, viii + 240 pages (p. 45-51), sur les rapports entre syrianisme et arabisme jusqu’au début des années 1920. Et Eliezer TAUBER, The Formation of Modern Syria and Iraq, Ilford (Essex, Angleterre) / Portland (Oregon, USA), Frank Cass, 1995, x + 417 pages, sur la période 1918-1920 environ.
5 Butrus ABU-MANNEH, « The Christians Between Ottomanism and Syrian Nationalism : The Ideas of Butrus al-Bustani », in International Journal of Middle East Studies, mai 1980, vol. 11, n° 3, p. 287-304 (p. 296). On peut également citer deux chrétiens libanais, Nāṣīf al-Yāziğī (1800-1871) et Ibrahim al-Yāziği (1847-1906), promoteurs d’une renaissance de la langue et de l’histoire arabes, ou Husayn al-Marṣafî (1815-1890), un penseur musulman égyptien qui défendit l’idée de la langue en tant que fondement de la nation. Voir Nazih N. AYUBI, Over-Stating the Arab State. Politics and Society in the Middle East, Londres / New York, I.B. Tauris Publishers, 1995, 514 pages (p. 136).
6 Butrus ABU-MANNEH, « The Christians Between Ottomanism and Syrian Nationalism : The Ideas of Butrus al-Bustani », in International Journal of Middle East Studies, op. cit., p. 290-291.
7 Sur Butrus al-Bustānī et la guerre civile de 1860, voir Youssef M. CHOUEIRI, Arab History and the Nation-State. A Study in Modern Arab Historiography 1820-1980, Londres / New York, Routledge, 1989, 238 pages (p. 25-26). Sur la notion de Syrie historique jusqu’en 1918, voir Daniel PIPES, Greater Syria : The History of an Ambition, op. cit., p. 13-22.
8 Butrus ABU-MANNEH, « The Christians Between Ottomanism and Syrian Nationalism : The Ideas of Butrus al-Bustani », in International Journal of Middle East Studies, op. cit., p. 296.
9 Moshe MA’OZ, « Attempts at Creating a Political Community in Modern Syria », in Middle East Journal, vol. 26, n° 4, automne 1972, p. 389-404 (p. 391). Et Elizabeth PICARD, « Critique de l’usage du concept d’ethnicité dans l’analyse des processus politiques dans le monde arabe », in Collectif, Études politiques du monde arabe. Approches globales et approches spécifiques, op. cit., p. 73.
10 Youssef M. CHOUEIRI, « Two Histories of Syria and the Demise of Syrian Patriotism », in Middle Eastern Studies, vol. 23, octobre 1987, n° 4, p. 496-511 (p. 496-497). Et, du même auteur, Arab History and the Nation-State. A Study in Modern Arab Historiography 1820-1980, op. cit., p. 26.
11 Élizabeth PICARD, Espaces de référence et espace d’intervention du Mouvement rectificatif au pouvoir en Syrie, 1970-1982, op. cit., p. 32.
12 Muḥammad Ḥarb FARZĀT, Abrégé de l’histoire de la Syrie ancienne, op. cit., p. 92.
13 Aḥmad ISMĀ’ĪL ‘ALÎ, Histoire du Bilād al-Šām, depuis la période antérieure au Christ jusqu’à la fin de la période umayyade. Étude politique, sociale, économique, culturelle et militaire, op. cit., p. 28. Une autre explication consiste à prétendre que les Grecs auraient appelé la Syrie du nom de Sūriyā en référence à Aswar ou Asīryā, l’une des régions du royaume assyrien, les Assyriens étant alors les maîtres de la Syrie. Le mot grec ne serait ainsi qu’une simple déformation d’un mot assyrien, c’est-à-dire arabe.
14 In‘ām RA‘D, « Syrie. Civilisation et histoire », in Divers auteurs, Syrie. Histoire et civilisation, op. cit., p. 14.
15 Ibid., p. 9. Quelque peu indécis quant à ses intentions, un autre auteur avoue avoir rédigé un livre afin que celui-ci soit « un souvenir pour notre génération, qui commence à oublier le nom même de Bilād al-Šām ». ‘Afif BAHNASI, al-Šām al-ḥaḍāra (Le Šām, pays de civilisation), Damas, ministère de la Culture, 1986, 297 pages (p. 5).
16 ‘Abd al-Hādi NAṢRĪ, « La Syrie arabe. La Syrie et la Péninsule arabique. La Syrie et l’arabisation de la Méditerranée jusqu’en Andalousie », in Divers auteurs, Syrie. Histoire et civilisation, op. cit., p. 97 : « Le savant al-Bakri [deux historiens égyptiens ; père : m. vers 1619, ou fils : vers 1596-vers 1650] définissait la Syrie comme comprenant le Šām et la Péninsule arabique. De plus, selon lui, les Byzantins appelaient la région du Šām et d’Iraq, qui était habitée par des musulmans, sous le nom de Syrie (Sūriyya). » Si les limites de ces différentes entités restent à préciser, l’objectif est surtout de prouver l’étendue géographique d’une construction politique ancienne dont la Syrie serait l’héritière.
17 Cf. Muḥammad Ḥarb FARZĀT, Abrégé de l’histoire de la Syrie ancienne, op. cit., p. 6-8, qui précise que le Bilād al-Šām peut se diviser en différentes entités : la Syrie du nord (du Taurus à la steppe syrienne, avec la Ğazīra à l’est, la région qui va de l’Euphrate à l’Oronte à l’ouest, et la Syrie supérieure au nord-ouest) ; la Syrie moyenne (« Dans cette partie, au cœur de la Syrie, au centre de l’ancien domaine araméen, se trouvent les principales villes, comme Ḥamāh, Palmyre et Damas, qui sont les cités historiques qui ont joué le plus grand rôle dans l’unification du monde araméen, dans la première moitié du 1er millénaire avant J.-C. ») ; et enfin la Syrie méridionale (« Elle est connue depuis l’époque romaine sous le nom de Palestine. C’est une région vaste qui s’étend de l’Hermon à la mer Morte, et jusqu’aux portes de l’Égypte. Le Jourdain en est l’artère vitale. On l’appelait auparavant la région de Canaan, car les Cananéens en sont les premiers habitants, avant même l’arrivée des Amorrites (fin du IIIe millénaire) puis des Araméens, et enfin de différentes tribus arabes »).
18 Ḫalīl al-Ḫūrī était un lettré libanais (1836-1907) qui fut le fondateur de l’imprimerie en Syrie comme du premier journal arabe non officiel. Moshe MA’OZ, « Attempts at Creating a Political Community in Modern Syria », in Middle East Journal, op. cit., p. 391.
19 Elizabeth PICARD, Espaces de référence et espace d’intervention du Mouvement rectificatif au pouvoir en Syrie, 1970-1982, op. cit., p. 32. Francis Marrāš (1836-1873), alépin ayant étudié la médecine à Paris ; influencé par les idées européennes humanistes et positivistes de l’époque, il fut l’un des précurseurs de l’arabisme laïc. Albert HOURANI, La Pensée arabe et l’Occident (traduit de l’anglais par Sylvie Besse Ricord), Paris, Groupe Naufal Europe Sari, 1991, 415 pages (p. 256-257). Quant au penseur alépin ‘Abd al-Raḥmān al-Kawākibī (1849-1902), l’un des premiers formulateurs du nationalisme arabe, on ne saurait évidemment omettre son rôle, même s’il n’est pas intégré dans ce travail.
20 Wafik RAOUF, « Mouvement du nationalisme arabe et influence des minorités à l’est de la Méditerranée dans l’entre-deux-guerres », in Guerres mondiales et conflits contemporains, revue trimestrielle d’histoire, PUF, janvier 1989, n° 153, p. 105-116 (p. 111).
21 Tārīḫ al-mamlaka al-sūriyya (Histoire du royaume syrien), ouvrage rédigé par Ilyas Maṭar (1857-1910), disciple libanais grec-orthodoxe de Buţrus al-Bustānī et continuateur de son œuvre. Youssef M. CHOUEIRI, « Two Histories of Syria and the Demise of Syrian Patriotism », in Middle Eastern Studies, op. cit., p. 499-500.
22 Voir Youssef M. CHOUEIRI, Arab History and the Nation-State. A Study in Modern Arab Historiography 1820-1980, op. cit., p. 34-40.
23 Palmyre représentait en ce sens le modèle d’une cité prospère devenue une grande puissance militaire ayant défié les légions romaines comme les armées parthes. Sous le règne de Zénobie (m. vers 274), les frontières de la Syrie réunifiée atteignirent l’Égypte et le cœur de l’Asie Mineure, selon Ilyās Maṭar.
24 Ğurğī Yannī publia son Histoire de la Syrie après l’accession du sultan Abdülhamit (1876-1909) au trône, qui s’accompagna de la fin de la très courte expérience constitutionnelle. Cet ouvrage contient plusieurs chapitres sur la Phénicie, entité présentée sans complaisance car n’ayant jamais aspiré à l’indépendance, peu patriotique et encline à s’allier à des pouvoirs forts en échange de la liberté de commerce. Youssef M. CHOUEIRI, « Two Histories of Syria and the Demise of Syrian Patriotism », in Middle Eastern Studies, op. cit., p. 502-503.
25 Ibid., p. 505-506.
26 Ibid., p. 505-506. Et, du même auteur, Arab History and the Nation-State. A Study in Modern Arab Historiography 1820-1980, op. cit., p. 40-50.
27 Wafik RAOUF, « Mouvement du nationalisme arabe et influence des minorités à l’est de la Méditerranée dans l’entre-deux-guerres », in Guerres mondiales et conflits contemporains, op. cit., p. 112-113. Voir aussi John F. DEVLIN, Syria. Modem State in an Ancient Land, série Profiles. Nations of the Contemporary Middle East, Boulder (Colorado) / Westview Point / Londres, Croom Helm, 1983, XI pages + 140 pages (p. 126-127).
28 Moshe MA’OZ, « The Emergence of Modern Syria », in Moshe MA’OZ et Avner YANIV (éd.), Syria under Assad. Domestic Constraints and Regional Risks, op. cit., p. 14. La demande arabiste puis nationaliste arabe s’orienta, après l’accession des Jeunes-Turcs au pouvoir en 1909, vers la revendication de l’autonomie, voire de l’indépendance, consacrant le changement irréversible du lien établi entre nation et territoire.
29 Abdul-Karim RAFEQ, « Social Groups, Identity and Loyalty, and Historical Writing in Ottoman and Post-Ottoman Syria », in Dominique CHEVALLIER (sous la direction de), Les Arabes et l’histoire créatrice, Paris, Presses de l’université de Paris-Sorbonne, collection Mondes contemporains, 1995, 200 pages, p. 79-93 (p. 91).
30 Henry LAURENS, L’Orient arabe. Arabisme et islamisme de 1798 à 1945, op. cit., p. 285-286.
31 James L. GELVIN, « The Social Origins of Popular Nationalism in Syria : Evidence for a New Framework », in International Journal of Middle East Studies, novembre 1994, vol. 26, n° 4, p. 645-661 (p. 652-653).
32 Muḥibb al-Dīn al-Ḫaṭīb (1886-1969), né à Damas. Cofondateur (à Istanbul en 1905) d’une association damascène, al-Nahḍa al-’arabiyya (La Renaissance arabe). Chassé de Damas par les troupes françaises, il se réfugia au Caire où il publia deux revues. Parmi ses nombreuses autres activités intellectuelles engagées, il fut chef de la rédaction de la revue religieuse Mağallat al-Azhar (La Revue [de l’université] d’al-Azhar).
‘Izzat Darwaza (1886-1984), historien et chercheur d’origine palestinienne ; il fut directeur général des biens de mainmorte (awqāf) avant de se lancer dans l’activité politique contre l’occupation étrangère. Citons parmi ses œuvres Naš’at al-ḥaraka al-’arabiyya al-ḥadīṯa. Inbi’āṯu-hā wa maẓāhiru-hā wa sayru-hā fi zaman al-dawla al- ‘uṯmāniyya ilā awā’il al-ḥarb al-‘ālamiyya al-ūlā. Tārīḫ wa muḏakkirāt wa ḏikrayyāt wa ta’liqāt (Naissance du mouvement arabe moderne...), Sidon, Manšūrāt al-maktaba al-’aṣriyya, 1971 (deuxième édition revue et augmentée ; première édition en 1949), in Nāğī ‘ALLŪŠ (rédaction), Muḫtārāt qawmiyya li-Muḥammad ‘Izzat Darwaza (Recueil de textes nationalistes de Muḥammad ‘Izzat Darwaza), Beyrouth, Markaz dirāsāt al-waḥda al-qawmiyya, 1988, 825 pages, p. 327-531.
33 Henry LAURENS, L’Orient arabe. Arabisme et islamisme de 1798 à 1945, op. cit., p. 290-291.
34 Selon cette théorie, une partie de ces migrations se serait dirigée vers l’Ethiopie alors qu’une autre aurait continué à nomadiser en Afrique du Nord jusqu’à ce qu’une sédentarisation progressive eût lieu.
35 Selon une vision de l’histoire mettant en parallèle deux périodes séparées l’une de l’autre par une phase de déclin : l’installation sémitique puis la revivification arabe. Concernant les nuances sémantiques, on notera que l’actuel ministre de la Défense, le général Muṣṭafā Ṭlās, récuse l’accusation d’antisémite, car il estime que les Arabes sont aussi des sémites et soutient que la patrie des Syriens d’origine juive est la Syrie. France-Pays arabes, juillet-août 1999, n° 254, p. 4-5.
36 Ernest C. DAWN, « The Formation of Pan-Arab Ideology in the Interwar Years », in International Journal of Middle East Studies, février 1988, vol. 20, n° 1, p. 67-91 (p. 69-70). Il semblerait par ailleurs que l’idée de la primauté de la langue (arabe) sur la race aurait alors prévalu en tant que facteur déterminant au sein du processus de mélange de populations ayant mené à la création de la nation arabe.
37 Jésuite et orientaliste belge, 1862-1937, auteur de nombreux ouvrages. Il fut directeur des études orientales à l’université Saint-Joseph à Beyrouth. Henri LAMMENS, La Syrie. Précis historique, Beyrouth, Imprimerie catholique, 1921, premier volume : 279 pages, deuxième volume : 277 pages. L’auteur admet dans la préface que « ce livre est né d’une pensée du général Gouraud », haut-commissaire de Syrie. La seule table des matières donne une idée précise de l’orientation idéologique : « La nationalité syrienne avant la conquête arabe », « Comment s’est manifestée la vitalité de la race syrienne », etc. (chapitre I).
38 Sur Lammens et les réactions arabes à son livre, cf. Ulrike FREITAG, Geschichtsschreibung in Syrien 1920-1990. Zwischen Wissenschaft und Ideologie, op. cit., p. 89-102.
39 René DUSSAUD, Histoire et religion des Noṣairîs, op. cit., p. 7-16.
40 Vincent CLOAREC, La France et la question de Syrie, 1914-1918, Paris, CNRS Éditions, 1998, 243 pages.
41 Professeur d’histoire et d’archéologie (d’origine palestinienne, protestant) à l’université américaine de Beyrouth. Ses thèses, diffusées en Syrie, seront abordées dans la partie concernant l’historiographie sur l’identité juive. Kamal SALIBI, A House of Many Mansions. The History of Lebanon Reconsidered, Londres, I.B. Tauris & Co Ltd, 1988, 247 pages (p. 132-135).
42 Les thèses panarabistes étaient alors soutenues par les Britanniques et les Américains dans la mesure où elles pouvaient gêner les visées françaises au Levant.
43 Les chrétiens melchites auraient pour leur part été sensibles à la nouvelle appellation de « Syrie naturelle » qui pouvait leur rappeler leur diocèse historique d’Antioche.
44 1902-1991, alépin syriaque-catholique, parlementaire, membre du Bloc national (fondé en 1928), et professeur de droit public à l’Université libanaise. Ulrike FREITAG, Geschichtsschreibung in Syrien 1920-1990. Zwischen Wissenschaft und Ideologie, op. cit., p. 109-112.
45 Chassé d’Iraq en 1926 pour laisser le trône à son frère Faysal, ‘Abd Allāh fut installé en Transjordanie par les Britanniques. Son émirat devint royaume en 1946. Nazih N. AYUBI, Over-Stating the Arab State. Politics and Society in the Middle East, Londres / New York, I.B. Tauris Publishers, 1995, 514 pages (p. 114).
46 Voir Andrew RATHMELL, Secret War in the Middle East : The Covert Struggle for Syria, 1949-1961, Londres / New York, Tauris Academic Studies – I.B. Tauris Publishers, 1995, 246 pages. Et Daniel PIPES, Greater Syria : The History of an Ambition, op. cit., p. 53-61, 71-82 et 82-88.
47 Reeva S. SIMON, « The Hashemite “Conspiracy” : Hashemite Unity Attempts, 1921-1958 », in International Journal of Middle East Studies, avril ( ?) 1974, vol. 5, n° 3, p. 314-327 (p. 317-318 et 320).
48 Les autorités mandataires diminuèrent la taille de provinces syriennes historiques en incorporant dans le Liban, en 1920, les districts de Tripoli, de Sidon et de la Biqā ‘ ainsi qu’en donnant le sanğaq d’Alexandrette (Hatay) à la Turquie, en 1938. Vincent CLOAREC, La France et la question de Syrie, 1914-1918, op. cit., p. 45-47. Pierre FOURNIE et Jean-Louis RICCIOLI, La France et le Proche-Orient, 1916-1946. Une chronique photographique de la présence française en Syrie et au Liban, en Palestine, au Hedjaz et en Cilicie, Paris, Casterman, Les beaux livres du patrimoine, 1996, 285 pages.
49 Moshe MA’OZ, « The Emergence of Modern Syria », in Moshe MA’OZ et Avner YANIV (éd.), Syria under Assad. Domestic Constraints and Regional Risks, op. cit.,p. 15-17.
50 Élizabeth PICARD, Espaces de référence et espace d’intervention du Mouvement rectificatif au pouvoir en Syrie, 1970-1982, op. cit., p. 83.
51 Moshe MA’OZ, « The Emergence of Modern Syria », in Moshe MA’OZ et Avner YANIV (éd.), Syria under Assad. Domestic Constraints and Regional Risks, op. cit., p. 21-22.
52 C. H. BLEANEY, « The Turkic Peoples of Syria », in M. BAINBRIDGE (édité par), The Turkic Peoples of the World, Londres, Kegan Paul International, 1993, p. 207-213.
53 Alasdair DRYSDALE et Raymond A. HINNEBUSCH, Syria and the Middle East Peace Process, New York, Council on Foreign Relations Press, 1991, 244 pages (p. 55-56).
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