Chapitre IX. Nouveaux horizons et retour au pays
p. 143-157
Texte intégral
1Les années 1891-1894 constituent incontestablement un « creux » dans la trajectoire de l’homme d’affaires, non qu’il ait manqué d’initiative ou ralenti un tant soit peu son rythme d’activité mais sa bonne étoile semble alors lui faire défaut. Politiquement, le bilan est bien médiocre. Battu aux cantonales en 1892, il perd son siège de député aux législatives de septembre 1893, son projet de canal des Deux-Mers ne rencontre pas d’écho. Du côté de ses activités de travaux publics, le bilan n’est guère réjouissant : le chantier de chemin de fer espagnol est alors interrompu – on sait que les travaux ne reprendront qu’en 1895 –, sa proposition de reprise du chantier du canal de Panama va avorter en juin 1894. Le Roussillon tarde à répondre à ses espérances : la diffusion de l’éclairage électrique n’est pas aussi rapide qu’il l’escomptait et le projet de démolition des remparts de Perpignan est au point mort. Enfin, les capitaux engagés dans la Compagnie de Mozambique ne lui rapportent guère. Au total, Bartissol est alors dans une situation pour le moins inconfortable. Fragilisé par sa défaite politique et plus encore par ses échecs économiques, il risque de se faire exclure du milieu des affaires, un monde où il n’est guère permis de trébucher. Comme il ne peut escompter se replier sur des biens de famille ou espérer valoriser un quelconque diplôme, l’autodidacte n’a qu’une alternative : rebondir pour éviter la chute définitive. Confronté à l’adversité, Bartissol va savoir réagir et réorienter une trajectoire qui semblait fort compromise.
Une implantation durable à Salonique
2Bartissol préfère garder toute sa liberté d’action, ce qui ne le confine pas pour autant à des marchés de second ordre. Il obtient en 1896 la construction et la concession du port de Salonique. L’homme d’affaires revient dans cette Europe orientale qu’il semblait avoir dédaignée depuis trente ans, depuis que, sortant du chantier de Suez, il travaillait à la commande pour le Comptoir d’escompte. Probablement ses liens avec Théodore Berger expliquent-ils ce recentrage géographique. Par delà ses incursions dans les tabacs portugais ou à la Compagnie de Mozambique, Berger est avant tout l’un des patrons de la Banque impériale ottomane qui, comme l’indique sa raison sociale, exerce l’essentiel de son activité et de son influence sur le territoire de la Sublime Porte1. Aucun investissement de quelque importance ne saurait alors être engagé dans cette zone sans l’aval et le concours de la Banque ottomane. On retrouve donc Berger administrateur des Tabacs de l’Empire ottoman, de la Compagnie du gaz de Beyrouth ou encore de la Société ottomane des mines d’Héraclée2. Théodore Berger disparaîtra prématurément en mars 1900 à l’âge de cinquante-trois ans ; sa contribution à l’implantation orientale de Bartissol ne pourra donc s’inscrire dans la durée. Toutefois, contrairement à ce qu’il en est en affaires, en termes de travaux publics, une fois le marché obtenu, il est difficile de déloger un partenaire gênant et Bartissol s’implantera durablement à Salonique.
3Pour financer son activité, Edmond Bartissol fonde dès cette année 1896 la Société ottomane d’exploitation du port de Salonique. Il s’agit d’une société anonyme régie par la législation ottomane dont l’objet est de construire et éventuellement d’exploiter le port, les quais et les entrepôts de Salonique mais aussi de créer, mettre en valeur, louer et exploiter des terre-pleins et faire toutes opérations immobilières en dépendant. Le capital de 5 millions de francs est divisé en 10 000 actions de 500 francs ou 22 livres turques libérées et au porteur et le service des titres est assuré, évidemment, par la Banque impériale ottomane3. À notre connaissance, si l’on met à part la Société d’études des réservoirs et canaux d’arrosage en Roussillon et la Compagnie de Mozambique dans laquelle il n’était pas en position dominante, il s’agit de la première société anonyme fondée par Bartissol ; jusqu’alors, il avait effectué ses travaux publics dans le cadre de sociétés en nom collectif. Faute de connaître la répartition du capital, la composition de conseil d’administration en 1912 donne quelques indications sur son origine. La direction comprend alors huit administrateurs. Le clan Bartissol est fortement représenté : outre Bartissol lui-même qui occupe le fauteuil de président du CA, on retrouve plusieurs membres de la parentèle : deux neveux, Jules Robert et l’amiral Louis Caubet, époux de Marie Bartissol, ainsi que l’amiral Joseph Nabona, beau-frère de Léon Jaubert, autre neveu d’Edmond4. Un Audois de ses relations, le marquis de Laurens-Castelet5, et trois financiers orientaux (Salem, Levi Modiano et Hadjibar Effendi) complètent cet organe de direction. Si le siège social de la société est officiellement à Constantinople, le conseil d’administration siège à Paris, au 7 rue La Fayette. Comme les commissaires aux comptes (Merzbach et Masseron) sont directement impliqués dans les affaires du « groupe », Bartissol contrôle réellement cette société. N’en déduisons pas pour autant que lui et ses hommes détiennent la majorité du capital. Comme pour toute société cotée à la Bourse de Paris, une partie du capital est, sinon souscrite par le grand public, tout au moins entre les mains des banquiers associés ou de quelques agioteurs. Les 17 000 obligations de 500 francs à 5 % émises en 1903 sont aussi cotées à Paris.
4Le 15 juillet 1896, Bartissol accorde procuration à son neveu Jules Robert pour « conduire les travaux du port de Salonique ». Robert obtient les pleins pouvoirs pour « passer les marchés, acheter les terrains nécessaires et assurer tous les actes financiers au nom d’Edmond Bartissol6 ». Rétrospectivement, ce chantier de Salonique apparaît comme la grande œuvre de Jules Robert. Lorsqu’il obtient la Légion d’honneur, le 1er janvier 1904, la fonction de Jules Robert est « administrateur délégué de la société de construction du port de Salonique7 » ; ses états de service en Espagne et au Portugal ne sont mentionnés qu’à la suite, pour mémoire. Dans le livre du centenaire de l’École centrale édité en 1929, ses pairs le présenteront comme ayant « projeté et construit le port de Salonique8 ». Esprit de corps oblige, les travaux de construction et d’aménagement du port qui se poursuivent de 1896 à 1903 sont dirigés par un tout jeune centralien de la promotion 1901, Marcel Pouard9. Ces travaux consistent en un quai de 400 mètres de long accolé à l’ancien, en deux môles perpendiculaires de 200 mètres et de 150 mètres de long et en un brise-lames éloigné de 200 mètres de l’extrémité des môles10.
5En cette fin de siècle, la ville est en pleine transformation. Capitale de la Macédoine, Salonique est une cité cosmopolite courtisée tout à la fois par les juifs et de nombreux ressortissants des nations occidentales. Qu’ils soient marchands, architectes, bâtisseurs ou artistes, français, allemands ou britanniques, les Européens se regroupent dans le « quartier Franc11 ». Très vite, partant de l’activité strictement portuaire, Bartissol s’intéresse à toute la ville. En 1905, avec un certain Paul Félix qui apporte la moitié du capital, il crée la Compagnie immobilière et de régie de terrains à Salonique. Il s’agit d’une société anonyme au capital de 2,5 millions de francs divisé en 25 000 actions de 100 francs dont le siège social est évidemment au 7 rue La Fayette. En dépit de son intitulé, la société ne tient pas à cantonner son activité aux limites étroites d’une ville. L’objet social est « l’achat et la revente de tous terrains et immeubles en France et à l’étranger, le courtage et la vente ainsi que la régie de propriétés et de terrains, notamment à Salonique12 ».
6La gestion du port sera tout sauf une sinécure. Les entrepôts manquent, les quais sont envahis par les marchands de tapis et l’administration ottomane, soucieuse de ne pas déplaire, se refuse à intervenir. Le cours des actions est un indicateur de ces difficultés. L’action de 500 francs ne vaut plus que 350 francs en 1903, s’effondre à 272 francs en 1906 avant de se redresser péniblement à 364 francs en 191113. Il est vrai que le dividende servi par la société d’exploitation du port est modeste : 10 francs en 1905, 15 francs de 1906 à 1911. Le cours des obligations à 5 % est plus ferme : 502 francs en 1911. Nous n’avons pas d’informations sur le devenir de la société immobilière, peut-être fut-elle absorbée par la société d’exploitation. En revanche, la première société conçue pour la construction et la gestion du port va traverser les décennies et l’histoire agitée des Balkans et la famille Bartissol/Robert en gardera le contrôle. Sous le nom de Société franco-hellénique d’exploitation du port de Salonique, l’entreprise, devenue société de droit français en 1928, fonctionnera jusqu’en 1960. À cette date, trois des administrateurs (Louis Bergé, Jacques Violet et René Patrouix) étaient les trois gendres de Jules Robert et donc des héritiers d’Edmond Bartissol14.
Les choix de Duparchy
7À partir de 1898, les itinéraires professionnels d’Edmond Bartissol et Alexis Duparchy vont suivre des voies différentes. Il ne semble pas qu’une quelconque dissension soit à l’origine de cette séparation ; les deux hommes garderont d’ailleurs des relations privilégiées et se retrouveront ponctuellement sur certains chantiers, comme à Constantinople ou dans le cadre de la Compagnie de Mozambique.
8Les affaires initiées par Duparchy durant cette dernière phase de sa trajectoire professionnelle connaîtront un inégal succès. En 1896, Duparchy s’associe avec Michel Vigoureux dans l’Entreprise générale des chemins de fer éthiopiens pour construire les 350 kilomètres de voies ferrées entre Djibouti et Harar. Mais les démêlés avec l’entreprise concessionnaire et les violentes attaques des Issas le contraignent à interrompre les travaux en 190115. Duparchy se lança dans une autre entreprise délicate. La Société des quais, docks et entrepôts de Constantinople avait été fondée en 1891 par un Français, Marius Michel (alias Michel Pacha) pour construire et exploiter à l’embouchure de la Corne d’Or des installations portuaires dont la concession lui avait été accordée16. Duparchy obtint en 1902 le marché des travaux qui furent contrariés par des tremblements de terre et des effondrements successifs17. Bartissol fut associé à ce chantier de Constantinople mais son implication paraît marginale18. Il semble que Duparchy perdit le contrôle de la société puisqu’en 1906 la Banque ottomane et la Banque d’Angleterre devaient racheter la majorité des actions de la société.
9Alexis Duparchy sera plus heureux dans ses réalisations collectives. Avec Félix Allard, Jules Dollfus et Louis-Étienne Wiriot, il a constitué le groupe Arcada. Arcada n’est pas une entreprise mais un accord entre plusieurs entrepreneurs mettant en commun leurs moyens financiers et techniques pour postuler aux plus grands marchés mondiaux de travaux publics, chaque participant restant libre d’avoir une activité indépendamment de celle du groupe. Arcada réalisera de grandes infrastructures en Europe et en Amérique latine, parmi lesquelles le port de Rosario en Argentine19. Duparchy décédera en pleine activité le 2 octobre 1907. À soixante-douze ans, il venait de s’engager dans une nouvelle entreprise d’envergure, celle du percement des 14,6 kilomètres du tunnel ferroviaire du Lötschberg, en Suisse20.
Des espoirs d’élection en terre audoise...
10Bien que la politique ne lui ait jusqu’alors guère réussi, Edmond Bartissol s’obstine à reconquérir un mandat de parlementaire. Le renouvellement de la Chambre des députés qui devait intervenir en 1897 a été repoussé au mois de mai 1898 par le président du Conseil, Jules Méline. Depuis son échec de 1893, Bartissol a été très peu présent en Roussillon et il ne peut donc raisonnablement espérer séduire les électeurs des Pyrénées-Orientales ; l’homme d’affaires se souvient alors de ses racines familiales en Bas-Languedoc et il jette son dévolu sur Narbonne et sa circonscription.
11En cette fin de xixe siècle, dans le département de l’Aude, les républicains modérés détiennent tous les postes clefs de la politique locale : la présidence du conseil général, les mairies de Carcassonne et de Narbonne, les deux circonscriptions du Narbonnais ont des élus modérés, Henri Rouzaud dans la première et surtout Adolphe Turrel, ministre des Travaux publics, dans la seconde. Si l’on ajoute que préfet de l’Aude et sous-préfet de Narbonne font preuve d’un zèle électoral de tout premier ordre, on comprendra mieux ce tardif et soudain enthousiasme de Bartissol pour son pays d’origine. Rouzaud ne sollicitant pas le renouvellement de son mandat, la place paraît libre, d’autant que dans le camp des modérés, les candidats potentiels ne sont pas légion ; la perspective d’affronter le bouillant socialiste Ernest Ferroul n’enchante pas les notables du cru. Alors, sa réussite économique compensant largement ses insuffisances parlementaires, Bartissol pense faire figure d’homme providentiel.
12Par-delà ces apparences favorables, la réalité est plus complexe, plus conflictuelle. La situation politique à Narbonne est particulièrement confuse. Les élections municipales de mai 1896 avaient accordé la majorité aux socialistes mais le scrutin ayant été annulé par le Conseil d’État, les modérés avaient remporté les nouvelles élections de juillet 1897. Le nouveau maire est Paul Roques, que les opposants s’empressent de qualifier de P. Roquet. Évidemment, les socialistes à leur tour crient à la fraude électorale et en appellent à la justice administrative. Par ailleurs, si Bartissol est incontestablement originaire du « pays », en 1898, il n’est guère connu en Narbonnais. Lui-même concède qu’il connaît « bien peu les mœurs locales quoique né dans l’arrondissement21 ». Son appartenance à la modeste association des Enfants de l’Aude à Paris n’est pas de nature à lui assurer un solide réseau de relations au « pays22 ». Certes, dans son village natal, la famille Bartissol reste une référence mais, située dans le canton de Sigean, la commune de Portel fait partie de la seconde circonscription, celle d’Adolphe Turrel. Dans de telles conditions, on parlerait aujourd’hui de parachutage électoral. L’homme d’affaires n’en a cure ; il est riche et il fera une campagne de riche. Dans une note au préfet, le sous-préfet de Narbonne est on ne peut plus explicite : « On le dit intelligent et très actif. Fort riche. Possède des moyens d’action de premier ordre dans un pays où la fortune est un levier des plus puissants23. » Son nom est avancé par la presse pour la première fois en novembre 1897 et, dès décembre, il envoie à tous les maires de la circonscription une circulaire accompagnée de sa photo24. En janvier, il dévoile le projet dont il va faire son principal argument de campagne : la création d’un port à Narbonne. Évidemment, il s’agit d’un projet à la dimension du personnage : ambitieux et génial pour les uns, mégalomane et dispendieux pour les autres.
13Bartissol éprouve quelques difficultés à imposer sa candidature auprès des notables modérés ou conservateurs. Certes, après avoir longtemps tergiversé, le maire de Narbonne, Paul Roques, s’efface ; il décède d’ailleurs subitement le 18 avril, avant les élections. En revanche, il semble que le conservateur Ferrouil de Montgaillard, maire de Marcorignan, près de Narbonne, n’ait accepté d’aller se présenter dans l’arrondissement de Limoux que moyennant quelque compensation. Le 6 avril 1898, le sous-préfet de Narbonne, Lartigues, déplore : « Montgaillard qui ne se paye pas de mots, refuse de partir pour Limoux avant d’avoir eu un entretien personnel à Narbonne avec Bartissol25. » L’ancien chef de cabinet de Turrel au ministère des Travaux publics, Jean-Baptiste Descamps, accusera Ferrouil de Montgaillard d’avoir reçu 15 000 francs de Bartissol pour laisser ce dernier sans concurrent conservateur à Narbonne26. Cette élection offre la particularité de regrouper trois anciens députés puisque, outre Bartissol, ancien député de Céret, et Ferroul, élu de la circonscription de 1887 à 1893, se présente le radical Louis Cros-Bonnel, député sortant de Saint-Pons dans l’Hérault. Mais la mouvance radicale-socialiste est peu structurée en Narbonnais et l’influence de La Dépêche du Midi y reste modeste. Dans ce contexte, Cros-Bonnel se trouve rapidement marginalisé ; tout au plus peut-il espérer jouer un rôle d’arbitre dans l’affrontement entre Ferroul et Bartissol27.
14Bartissol ne sera officiellement choisi comme candidat par le Congrès républicain local que le 17 avril. Alors, fidèle à ses habitudes, en même temps que sa profession de foi, il diffuse largement une biographie flatteuse. Ses états de service et son origine audoise y sont présentés comme autant de garanties pour les électeurs : « Je suis né dans l’arrondissement de Narbonne, et je viens, après une longue campagne de grands travaux à l’Étranger, reprendre ma place parmi vous28... » Il va de soi que cette version de la biographie élude son titre de vicomte et les décorations octroyées par le roi du Portugal. Pour autant, ses adversaires ne manquent pas de se gausser de ces distinctions. Ainsi, le virulent hebdomadaire des socialistes narbonnais, La République sociale, tourne en dérision ses titres de noblesse portugaise : « Bartissol-Picratès-Hermozo de Calabazas, Vicomte de Tenglandi29. »
15Alors que la crise phylloxérique a ruiné les vignerons du Gard et du Montpelliérais dès les années 1870, le Narbonnais, comme le Biterrois, a bénéficié alors d’une heureuse conjoncture : les cours élevés du vin assurent des profits considérables. Lorsqu’en 1882, les vignes de la contrée commencent à être détruites et que la solution – reconstitution du vignoble par greffage sur des plants américains – est connue, elle est immédiatement mise en pratique. En dépit de quelques faillites liées à l’imprévoyance et à une prodigalité excessive, les moyens financiers et techniques étaient réunis et le mouvement fut rapide. En cette fin de siècle, la grande propriété viticole s’épanouit grâce à une importante main-d’œuvre salariée. Pour gagner une élection, surtout face à un candidat socialiste, il convient donc de séduire ce prolétariat agricole. Dans les colonnes du Télégramme, le comité électoral de Bartissol ne fait pas dans la demi-mesure : « Ouvriers narbonnais, le citoyen Bartissol est le vrai candidat socialiste, son programme comporte des améliorations sociales et notamment la caisse des retraites pour la vieillesse et pour les invalides du travail. Depuis trop longtemps, vous êtes dupes et votre suffrage ira à celui qui promet ce que vous êtes en droit de demander : Du bien-être par le Travail ! Du Travail pour Tous ! Vous voterez en masse pour le citoyen Bartissol et vous irez aux urnes en criant avec nous Vive la République progressiste et démocratique30 ! » C’était là pour le moins forcer le trait. Bartissol candidat socialiste : qui pouvait-être dupe ?
16Tout candidat se doit d’assurer quelques réunions publiques, même si l’exercice ne plaît guère à Bartissol. À l’inverse de Ferroul, l’éloquence n’est pas son fort. Goguenards, les partisans de son adversaire commentent ses déplacements : « Armissan, Vinassan, Fleury, Salles l’ont contemplé tour à tour, accompagné du maire des fraudeurs P. Roquet et de quelques autres satellites parmi lesquels on signale Guiter, maire de Portel31. » Désireux de compenser son déficit d’image, Bartissol s’affiche en compagnie des notabilités du lieu. La République sociale évoque avec force ironie une visite dans une des propriétés d’Adolphe Turrel, le domaine de Sainte-Marie-des-Olieux, sur la commune de Montséret. Avec Bartissol se déplacent le maire de Narbonne, Paul Roques, et son adjoint, Jules Cauvet, le sous-préfet Lartigues, le président du tribunal Antonin Cros-Mayrevieille, le procureur de la République Joseph Conte, et quelques autres notables32.
17Selon toute vraisemblance, Bartissol et Turrel se connaissaient de longue date mais ils n’entretenaient pas de relations étroites. Les deux hommes sont fort différents. Certes, ils sont natifs de cette même contrée des Corbières mais c’est à peu près leur seul point commun. Tout le reste – l’âge, l’origine sociale, la formation, le caractère – les sépare. Turrel est né en 1856 ; il a donc quinze ans de moins que Bartissol. Fils unique, issu de la bonne bourgeoisie rurale, Turrel grandit dans l’aisance de la monoculture viticole. Sa famille tient à ce qu’il poursuive de belles études, alors le jeune Adolphe Turrel cumulera les diplômes. À l’issue de son cursus de droit, il s’inscrit comme avocat à la cour d’appel de Paris et est reçu au concours d’auditeur au Conseil d’État. Très vite, il s’investit en politique et accède à la députation en 1885 alors qu’il n’a pas encore trente ans. Face à un Bartissol autodidacte, Turrel fait figure d’intellectuel ; il structure son parcours politique autour d’une doctrine, le protectionnisme. À la Chambre, il excelle dans l’exégèse des traités et accords douaniers avec les autres pays européens. Au contraire, Bartissol est et restera toujours un homme de terrain guidé par le pragmatisme et l’intuition. Enfin, Turrel est aussi impulsif et colérique que Bartissol est patient et pondéré. Au total, si les deux hommes peuvent se respecter, voire s’estimer, jamais ils ne vibreront à l’unisson.
18Durant cette année 1898, le rôle d’intermédiaire politique entre Bartissol et Turrel incombera souvent au maire de Portel, la commune natale de Bartissol33. Âgé de seulement trente et un ans, Joseph Guiter a accédé à la direction de la municipalité de Portel en mars 1896. Au début des années 1860, le jeune employé secondaire Bartissol avait côtoyé son père dans les services de l’administration des ponts et chaussés à Perpignan34. Pour accéder au grade de conducteur de travaux, Guiter père avait dû « s’exiler » à Tarbes où était né Joseph. À l’issue de ses études de pharmacie, Joseph Guiter épouse en 1891 Régine Jourda, parente de Sébastien Jourda qui dirige alors les activités d’industrie électrique de Bartissol et héritière du domaine des Campets, situé sur la commune de Portel. Enfin, Guiter est très lié au neveu d’Edmond Bartissol, Pierre Fontanel, dont il a fait son témoin de mariage et son adjoint à la mairie. Autant dire que si Bartissol est alors rarement présent à Portel, il n’en dirige pas moins la commune par procuration.
19Reprenant un thème déjà développé dans une brochure en 1886 par l’ancien maire de la ville, Marcelin Coural, Bartissol précise ses idées sur la construction d’un port à Narbonne35. N’ayant pas encore renoncé à faire admettre la nécessité économique et militaire d’un nouveau canal des Deux-Mers, il tire des plans sur la comète. Le 25 avril, il donne à Narbonne une conférence sur ce thème. La construction du port, dont le devis s’élève à 70 millions de francs, serait assurée par une société privée, l’État se contentant de garantir les emprunts obligataires. Bartissol table sur un trafic annuel de l’ordre du million de tonnes : 400 000 hectolitres de vin, 225 000 tonnes de blé et 300 000 tonnes de fourrages et d’avoine36. Ces prévisions sont peut-être trop optimistes et, surtout, elles reposent sur l’hypothèse de la construction du canal des Deux-Mers dont chacun sait qu’elle est pour le moins compromise. Si sa compétence technique ne peut guère être discutée, Bartissol a des difficultés pour convaincre, même ses partisans, du réalisme économique de son projet.
20Dans sa profession de foi, Ernest Ferroul ne ménage pas son adversaire : « L’opportunisme et la réaction ont cuisiné sa candidature en haine du suffrage universel ; voilà le millionnaire Bartissol qui fait travailler ses millions. Il commence par vous leurrer avec un projet dont l’intermittence est marquée par le retour des périodes électorales, projet dont il rirait lui-même le premier avril s’il ne le croyait pas utile à son succès37. » Évidemment, La République sociale n’épargne guère Bartissol, mais les attaques portées contre lui resteront dans le domaine de l’acceptable et ne déborderont jamais sur la vie privée de l’homme d’affaires. Rien de commun avec la façon dont l’hebdomadaire socialiste traite Turrel, littéralement traîné dans la boue, accusé en termes transparents d’inceste avec sa mère et de rapports homosexuels avec son chef de cabinet38.
21Toujours prêts à flatter les candidats du gouvernement, les informateurs de la préfecture affichent un optimisme exagéré, comme en témoigne ce rapport du commissaire spécial de police rédigé quelque huit jours avant le scrutin : « La candidature de Bartissol semble prendre de plus en plus d’extension et on croit généralement que ce candidat sera élu au premier tour. On pense en effet que le candidat du Congrès républicain de la première circonscription de Narbonne obtiendra dans la ville 3 000 suffrages ou à peu près et que dans les communes de cette circonscription, il dépassera 2 000 voix39. » La réalité allait être tout autre. Les résultats du premier tour sont plutôt décevants pour Bartissol. Certes, il devance Ferroul mais de fort peu (13 voix). Sans se désister ouvertement, Cros-Bonnel qui a rassemblé 1 128 suffrages engage ses partisans à « protester à nouveau contre la candidature officielle ». Bartissol se trouve donc en position délicate. Les esprits s’échauffent, les passions montent. En ce printemps 1898, le Conseil d’État ne devrait pas tarder à faire connaître sa décision sur la validité du second scrutin des municipales de Narbonne. En tout cas, Turrel fait jouer toutes les relations qu’il a gardées au Palais-Royal pour que l’information parvienne en temps voulu. Finalement, deux jours avant le second tour, le vendredi 21, la presse modérée annonce la validation de ces élections. Simple rumeur, même si certains ont intérêt à la propager, puisque l’arrêt en ce sens ne sera prononcé par le Conseil d’Etat que le 27 mai !
22Au soir du second tour, le 23 mai, les résultats sont très serrés. Alors qu’à l’issue du dépouillement, il semblait acquis que Ferroul l’avait emporté de 50 voix, après centralisation des résultats, le préfet annonce l’élection de Bartissol par 49 voix d’avance. Évidemment, aussitôt ces résultats proclamés, socialistes et radicaux contestent l’élection. Dans les colonnes de La République sociale, Ferroul enrage : « La canaillerie administrative mise, après la fraude, au service des millions de Bartissol, sera frappée. Ce candidat de corruption peut acheter des fonctionnaires. Il n’anéantira ni notre énergie ni notre droit40. »
... à la résignation
23Le surlendemain de l’élection, Edmond Bartissol vient à Portel pour participer à la cérémonie du baptême du second enfant du maire de la commune, Joseph Guiter. Jamais sacrement religieux n’aura été aussi ouvertement politique ! Le parrain est Edmond Bartissol, ce qui vaut évidemment à l’enfant d’être prénommé Edmond. La marraine est Cécile Turrel, l’épouse du ministre des Travaux publics. Bartissol, qui décidément ne se déplace jamais sans sa cour, est bien entouré puisque assistent également à ce baptême le sous-préfet de Narbonne, Lartigues, le procureur de la République, Joseph Conte, le directeur du Télégramme, Gaston Bouteillier, et le chef de cabinet d’Adolphe Turrel, Jean-Baptiste Descamps. Six mois plus tard, devant ses collègues députés désireux de savoir si le procureur a, ce jour-là, porté un toast à sa victoire, Bartissol rétorquera avec son franc-parler habituel : « Le banquet était donné en mon honneur ; il était tout naturel, puisque c’était le surlendemain des élections, qu’on portât un toast à mon succès. J’étais dans mon village natal ; il ne s’agissait pas de faire un banquet pour s’adresser des compliments ; ce n’était autre chose qu’une manifestation électorale. » Interloqué, un député s’exclame : « Vous baptisiez un enfant ! » Loin de se démonter, Bartissol insiste : « Nous avons parcouru les rues du village accompagnés de M. le Procureur de la République ; c’était donc bien une manifestation41. »
24Pour l’heure, début juin, Bartissol rejoint la Chambre des députés qu’il avait dû quitter cinq ans plus tôt. L’environnement politique est en train d’évoluer rapidement. Le gouvernement de Méline auquel appartenait Adolphe Turrel est renversé dès le 16 juin. Prenant acte de l’évolution politique de la Chambre, le président de la République Félix Faure propose à Henri Brisson de constituer une nouvelle équipe gouvernementale. Ce ministère Brisson d’ossature radicale-socialiste sollicite et obtient la confiance de la Chambre le 30 juin. En votant contre cette investiture, Bartissol et Turrel se situent clairement dans l’opposition42.
25Selon le rituel de la Troisième République, la fastidieuse procédure de validation de chaque élection occupe le premier mois de la législature. La Chambre devant aborder l’élection d’Adophe Turrel le 8 juillet, Bartissol demande et obtient que la discussion sur sa propre élection ait lieu le même jour43. À l’issue d’une séance qui tourne au psychodrame, l’élection de Turrel est invalidée44. En raison de l’heure tardive, la discussion pour l’élection de Bartissol est repoussée au lundi suivant. Ce 11 juillet 1898, pour tenter de persuader ses collègues de la faiblesse de l’accusation portée par Ferroul, Bartissol va occuper la tribune de la Chambre plus longtemps qu’il ne le fit en douze ans de mandat. Il soutient que l’on peut avoir voté sans que la carte d’électeur ait été écornée et, inversement, que l’émargement n’implique pas le vote de la personne. Ces explications techniques pouvaient apparaître crédibles sinon déterminantes. En revanche, il commet plusieurs maladresses lorsqu’il entreprend de rappeler les principaux jalons de son itinéraire d’autodidacte et les raisons de ce qu’il dénomme sa « petite légende ». On imagine l’émotion, feinte ou sincère, que suscita auprès de certains de ses collègues une déclaration aussi lapidaire que celle-ci : « Si je possède aujourd’hui une fortune, je l’ai gagnée en travaillant tandis que beaucoup d’entre vous veulent l’obtenir sans travailler45. » La maladresse tourne au dérapage quand il reproche à Ferroul d’avoir soutenu la Commune de Narbonne. En 1871, Ferroul n’était qu’un adolescent résidant avec ses parents au Mas Cabardès, dans la Montagne Noire ; il ne viendra pour la première fois à Narbonne que dix ans plus tard pour s’y établir comme médecin une fois ses études terminées. La réplique ne se fait pas attendre. Il se trouve évidemment un député, en l’occurrence l’élu de Limoux, Étienne Dujardin-Beaumetz, pour lui rappeler que Ferroul n’avait que alors que quatorze ans ! Le rapport d’Auguste Isnard, tout nouveau député du Finistère et... radical-socialiste, conclut à la nécessité de l’enquête. Finalement, par 263 voix contre 253, la Chambre décide l’ouverture d’une enquête et, par voie de conséquence, Bartissol n’a plus le droit de prendre part aux votes. Gageons que cette mesure conservatoire ne tracassait pas outre mesure le député polyvalent qu’était l’homme d’affaires, mais elle dut l’inciter à l’absentéisme.
26Les dix membres de cette commission d’enquête parlementaire arrivent à Narbonne le 8 août et s’installent au Grand Hôtel. En trois mois, les rapports de force politiques ont bien changé. Le jour même, Turrel, ancien ministre et député invalidé, est condamné par la cour d’assises de l’Aude pour avoir divulgué le dossier militaire d’un de ses adversaires politiques. Descamps, que nous avions rencontré en bonne place au baptême de Portel, a lâché Turrel et il semblerait qu’il ait alors proposé à Bartissol de devenir son secrétaire46. Par dépit ou par vengeance envers Turrel et Bartissol, Descamps va déballer les dessous de la campagne électorale devant les parlementaires enquêteurs qui n’en espéraient pas autant. Du côté des fonctionnaires, l’heure est à la retraite ou au reniement. Le gouvernement Brisson s’est évidemment empressé de révoquer Ronzier-Joly, le trop dévoué préfet de l’Aude, et de le remplacer par Regnault, plus proche des radicaux. Le procureur de la République de Narbonne, Joseph Conte, soutiendra devant la commission d’enquête qu’il avait eu connaissance de fraudes et que Ferroul aurait dû être proclamé élu. Pourtant, au printemps, il était en relation suffisamment étroite avec Bartissol pour l’accompagner dans ses déplacements privés, notamment à la visite collective chez Adolphe Turrel et, deux jours après l’élection, au « baptême politique » de Portel. Le contexte national est également peu favorable aux républicains modérés. La très sérieuse Revue des Deux-Mondes vient de publier un article de Charles Benoist stigmatisant les pratiques électorales du moment47. L’article intitulé « Mœurs électorales » est appuyé par un sous-titre en forme de réquisitoire, « Comment se fait une élection en 1898 ». Benoist y dresse une géographie de la France de la fraude électorale dans laquelle l’élection contestée de Bartissol a évidemment droit à un paragraphe de choix48. Rédigé par un éminent professeur de droit constitutionnel à l’École libre des sciences politiques, un tel papier représentait pour le corps politique une incitation à lutter plus efficacement contre la fraude ou, à tout le moins, à faire montre d’une certaine rigueur.
27En dépit des chaleurs estivales et d’un climat particulièrement tendu, les membres de la commission vont travailler avec ardeur49. Pas moins de 123 dépositions seront enregistrées en l’espace de cinq jours. Les trois candidats viennent plaider leur cause. Manifestement, Bartissol est beaucoup moins accrocheur en août qu’en juillet. Il concède l’existence de certaines irrégularités en sa faveur mais soutient ne pas en avoir été informé50. Quand on l’interroge sur son attitude le soir du scrutin, il répond avec détachement : « La politique n’est pour moi qu’une question secondaire. J’étais en affaires avec quelques personnes et pour leur indiquer que j’allais revenir immédiatement, j’ai envoyé trois télégrammes dans lesquels je disais : je crois que je suis battu51. » La discussion sur la validité de l’élection ne sera portée devant la Chambre que plusieurs mois plus tard, le 5 décembre. Cette fois, Bartissol ne sollicite pas l’accès à la tribune, il intervient brièvement, de sa place. Probablement perçoit-il que la cause est perdue. D’ailleurs, ce débat parlementaire dépasse largement sa personne ; les radicaux-socialistes stigmatisent les méthodes électorales du gouvernement de Méline qu’ils accusent d’avoir réhabilité la candidature officielle chère au Second Empire. À débat politique, vote partisan. Républicains modérés et conservateurs soutiennent Bartissol, radicaux et socialistes votent l’invalidation : l’élection est invalidée par 280 voix contre 24152. Autant Bartissol est entreprenant et optimiste en affaires, autant, en politique, il est fataliste et désabusé. Il renonce à se présenter à la nouvelle élection législative fixée en février 1899. Le 24 janvier, Le Télégramme lui ouvre ses colonnes : « Quand j’ai accepté d’être dans mon pays d’origine le porte-drapeau du parti républicain, j’avais la pensée d’être un élément de paix et de réconciliation, d’apporter à mes compatriotes toute mon activité et de mettre à la disposition de notre région tous les moyens d’action que je dois à toute une vie de labeur ininterrompu53... » Pour tirer sa révérence, l’homme providentiel incompris recourt à un style grandiloquent qui ne lui ressemble guère : « j’ai le regret de constater que mes adversaires politiques ont répondu par des injures violentes à mes intentions les plus loyales. Je ne saurai consentir à recommencer pareille épreuve quel que soit le regret que j’en éprouve pour mes amis et pour mon pays54 ». Ainsi s’achève la seule incursion politique d’Edmond Bartissol dans son département de naissance.
28Narbonne continue de s’agiter dans les soubresauts de ces joutes électorales. La République sociale se réjouit de la décision de la Chambre de mise en accusation qui, en août 1899, renvoie devant la cour d’assises de l’Aude 34 membres des bureaux électoraux de mai 1898. Mais quelques mois plus tard, c’est au tour des modérés de fêter leur acquittement par la cour d’assises55. En revanche, cette tentative électorale malheureuse n’est qu’un épiphénomène dans le parcours de Bartissol. Élu ou battu, l’essentiel de sa vie n’est pas dans la politique. En cette année 1899, il déploie son énergie au Mozambique et à Salonique mais aussi en Roussillon où ses affaires d’électricité vont prendre un nouvel élan.
Notes de bas de page
1 Sur l’activité de Théodore Berger, cf. Autheman André, La Banque impériale ottomane, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1995, notamment p. 169.
2 Thobie Jacques, Les Intérêts économiques financiers et politiques français dans la partie asiatique de l’Empire ottoman de 1895 à 1914, thèse de doctorat, Université Paris I, 1973, t. III, annexes.
3 Annuaire des valeurs admises à la côte officielle de la Bourse de Paris, 1912, p. 2021.
4 Domicilié à Thuir où il possède une grande propriété viticole, Joseph Nabona, né en 1841, fut capitaine de vaisseau puis contre-amiral. Il est reçu officier de la Légion d’honneur en 1888 et commandeur en 1914.
5 Sur Laurens-Castelet, cf. Curinier C.E., Dictionnaire national des contemporains, tome IV, p. 60 et Les Audois. Dictionnaire biographique, pp. 214-215.
6 Acte étude de Ridder, A.N., MC Et LVI/1167.
7 JO, 3 janvier 1904, p. 92.
8 Guillet Léon, Cent ans de la vie de l’École centrale des arts et manufactures (1829-1929), Éditions artistiques de Paris, 1929, p. 411.
9 Ibid.
10 D’après Gallois Louis, Le Port de Salonique, « Questions européennes », t. II, Imprimerie nationale, 1919, p. 505.
11 Cf. Salonique, (1850-1918). La ville des Juifs et le réveil des Balkans, Éditions Autrement, 1992, pp. 167-177.
12 Extraits des statuts.
13 Annuaire des valeurs admises à la cote officielle de la Bourse de Paris, 1912, pp. 2022-2023.
14 D’après Annuaire Desfossés, t. II, 1956, p. 485, 1960, p. 1048.
15 Entreprise générale de construction des chemins de fer éthiopiens. Exposé général de l’Affaire (1901), document dactylographié, 59 p.
16 Autheman André, La Banque impériale ottomane, op. cit., pp. 167-168.
17 AN 207 AQ 372 à 375.
18 Notice biographique.
19 Sur Arcada et la SNTP, voir Barjot Dominique, La Grande Entreprise française de travaux publics (1883-1974) : contraintes et stratégies, op. cit., p. 790 et 2555.
20 Sur ce chantier, cf. la thèse du neveu d’Alexis Duparchy, Duparchy Jean, Le Percement des Alpes bernoises. Antécédents généraux et conséquences économiques du tunnel du Lötschberg, thèse de doctorat, Paris, 1913, 200 p.
21 Déposition devant la commission d’enquête, 10 août 1898, AN C 5650.
22 Cf. Fourié Jean, Un exemple de comportement collectif face à l’exil : les enfants de l’Aude à Paris (Essai de présentation historique), Paris, Collection des Amis de la langue d’oc, 1993, p. 9.
23 AD Aude 2 M 67.
24 AD Aude 5 M 92, pièces nos 45 et 46.
25 Chambre des députés, 5 décembre 1898, JO, pp. 2365.
26 Ibid., p. 2364.
27 Cf. « Les luttes politiques à Narbonne à la fin du XIXe siècle. Un exemple, le duel Ferroul-Bartissol aux élections législatives de 1898 », Narbonne : archéologie et histoire, Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, Montpellier, t. III, 1973, pp. 95-105.
28 Biographie de M. Edmond Bartissol, candidat du Congrès républicain, élections législatives du 8 mai 1898, 1re circonscription de Narbonne, Imprimerie Bousquet, Narbonne, 1898, p. 9.
29 Cité par Guidoni Pierre, La Cité Rouge. Le socialisme à Narbonne (1871- 1921), Privat, 1979, p. 99, à partir de La République sociale, notamment n° 455, 24 mars 1898.
30 Coupure du Télégramme non datée, AD Aude, 2 M 67.
31 La République sociale, 24 mars 1898, n° 455.
32 Ibid., article « Sainte Marie des Olieux ! Priez pour nous ».
33 Archives privées, correspondance.
34 AD Pyrénées-Orientales, 1 S 19.
35 Coural Marcelin, Le Canal maritime de Narbonne et le port de Narbonne, Narbonne, Imprimerie Bousquet, 1886, 45 p.
36 Le Télégramme, 25 avril 1898.
37 AD Aude. 2 M 67.
38 La République sociale, notamment 26 mai, 9 et 23 juin 1898.
39 AD Aude, 5 M 87.
40 Cité par E. Bartissol, Chambre des députés, 11 juillet 1898, JO, pp. 2034.
41 Chambre des députés, 5 décembre 1898, JO, p. 2363.
42 Chambre des députés, 30 juin 1898, J. O, p. 1992.
43 Chambre des députés, 8 juillet 1898, JO, p. 1992.
44 Sur le détail de cette séance, voir notre ouvrage : Viticulture et politique en Languedoc. L’action d’Adolphe Turrel, ministre de la IIIe République, Les Presses du Languedoc, 1995, chap. XI, pp. 115-127.
45 Chambre des députés, 11 juillet 1898, JO, p. 2037.
46 Cité par Le Franc Parleur toulousain, 10 décembre 1898.
47 « Mœurs électorales. Comment se fait une élection en 1898 », Revue des Deux-Mondes, juillet 1898, pp. 405-434.
48 Ibid., pp. 428-429.
49 Sur les incidents, notons l’algarade, le 11 août, entre Gaston Bouteillier et Ernest Ferroul : AD Aude, 2 M 67.
50 Déposition devant la commission d’enquête, 10 août 1898, AN C 5650.
51 Ibid.
52 Le 16 décembre 1898, la Chambre reviendra longuement sur les conditions de cette campagne électorale, et sur le rôle de l’énigmatique Descamps.
53 Le Télégramme, 24 janvier 1899, AD Aude, 2 M 67.
54 Ibid.
55 La République sociale, 29 septembre 1899, et AD Aude, 2 M 67.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Archives « secrètes » , secrets d’archives ?
Historiens et archivistes face aux archives sensibles
Sébastien Laurent (dir.)
2003
Le darwinisme social en France (1859-1918)
Fascination et rejet d’une idéologie
Jean-Marc Bernardini
1997
L’École républicaine et la question des savoirs
Enquête au cœur du Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson
Daniel Denis et Pierre Kahn (dir.)
2003
Histoire de la documentation en France
Culture, science et technologie de l’information, 1895-1937
Sylvie Fayet-Scribe
2000
Le photoreportage d’auteur
L’institution culturelle de la photographie en France depuis les années 1970
Gaëlle Morel
2006