Avant-propos
p. IX-X
Texte intégral
1Cet ouvrage ne se consacre pas à l’analyse du système télévisuel, vaste champ qui a déjà donné lieu à maintes publications. La télévision n’est pas non plus son point d’origine, l’option retenue étant de partir du cinéma et de l’étudier dans ses évolutions relatives à l’inévitable relation qu’il doit entretenir avec un système qui conditionne l’essentiel de sa diffusion et de son financement. À contre-courant de cette tendance lourde inscrite dans la réalité socio-économique, s’affirme ici un parti pris méthodologique consistant à aborder le sujet du point de vue de la cinématographie alors que les évolutions contemporaines sont de nature à remettre profondément en cause son ancrage, son intégrité et son existence même. Un cinéma qui n’a pas seulement été une forme artistique essentielle au xxe siècle, fondée sur une si singulière relation du réel et de la fiction, mais encore une pratique sociale longtemps prépondérante : le spectacle cinématographique en salles.
2Le cinéma et la télévision entretiennent des relations ambiguës marquées par une étrange combinaison de concurrence et de coopération. Rivalités, rapprochements, malentendus, fascination, antagonismes, convergences, négociations interminables et mystifications sont au menu de cette scène de genre qui suscite moult débats. Si certains commentateurs semblent s’en étonner, de telles dynamiques sont pourtant récurrentes : depuis ses origines, le cinéma est en effet marqué par le paradigme concurrentiel et l’on ne peut comprendre sa genèse, son institutionnalisation et son développement que par la prise en compte d’un combat sans cesse renouvelé pour exister et faire sa place dans un milieu par nature très mouvant. La première partie du xxe siècle lui a été particulièrement favorable, et on l’a vu se développer et se structurer au point d’occuper une position centrale au sein des sociétés industrialisées. Le dernier venu des arts du spectacle s’est si bien inséré qu’il est devenu une pratique sociale prééminente et une référence culturelle de premier plan. Double réussite pour une pratique originellement foraine, si peu légitime et tant vilipendée : de nombreux spectateurs et une reconnaissance artistique qui de surcroît lui échoit.
3Même si ses zélés défenseurs ont toujours su présenter le cinéma dans l’émouvante posture de victime injustement attaquée, on ne peut ignorer qu’il a connu une épopée héroïque qui n’inspire pas d’emblée la commisération. Certes, son glorieux parcours ne garantit pas la pérennité d’une « centralité » chèrement acquise et il se voit imposer régulièrement de remettre son titre en jeu, mais comment, au regard des autres arts du spectacle, ne pas relever l’étendue de son aire d’influence et de sa présence médiatique ? Il est courant de déplorer la violence qui lui est faite, mais on peut a contrario considérer que l’intensification et le renouvellement de la concurrence lui donnent l’occasion de revisiter ses pratiques, de réinvestir son identité et d’interroger le sens de son devenir. On peut aussi en arriver à se demander si, par-delà les références historiques, les structures institutionnelles et quelques singularités qui perdurent, la filière cinématographique existe encore vraiment.
4Un tel questionnement explique le choix fait par les coauteurs de cet ouvrage d’analyser les processus d’interdépendance et d’interpénétration qui sont de nature à remettre en cause la cohérence et l’intégrité des filières et des secteurs concernés par de telles restructurations. Pour le cinéma, la question se pose en des termes d’autant plus vifs qu’il est engagé depuis deux décennies dans une mutation profonde de ses modes de valorisation en participant, à son corps défendant, d’une recomposition industrielle autour des logiques de convergence.
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