La Suède
p. 343-345
Texte intégral
1Plus grand pays Scandinave (450 000 kilomètres carrés pour presque 9 millions d’habitants), la Suède a stabilisé sa fréquentation au début des années quatre-vingt-dix après avoir perdu les quatre cinquièmes de ses spectateurs en quarante ans (70 millions en 1957). À l’instar de la Norvège, elle est l’un des rares pays à ne pas avoir vu ses entrées progresser au cours de la dernière décennie (≈ 15 millions d’entrées), et son taux de fréquentation stagne à 1,8 sortie par an et par habitant. Cette faible fréquentation est demeurée quasiment étale depuis une quinzaine d’années, à l’instar du niveau de l’offre, très élevée depuis 1975 avec 1 100 à 1 200 écrans, qui permet de disposer et de loin, du plus grand nombre de salles par habitant en Europe continentale : 7 500 habitants seulement par écran (contre 12 300 par exemple pour la France). Ce qui illustre spectaculairement que la quantité de l’offre est une condition nécessaire mais non suffisante à une forte fréquentation, la Suède se classant de ce point de vue dans les derniers rangs européens.
2Pour lutter contre la concentration de la fréquentation qui s’opère essentiellement autour des grandes villes, le gouvernement avait lancé en 1989 un plan pour maintenir en activité les salles des plus petites villes qui engendraient peu d’entrées, les vingt premières villes accueillant le tiers de la population, mais les quatre cinquièmes des entrées. Cette aide importante lancée avec le concours des régions (1,5 millions d’euros) a contribué à consolider le parc, mais est demeurée sans effet sur la fréquentation nationale. Au-delà de la stabilité du nombre d’écrans, le parc a entamé sa restructuration depuis deux décennies ; nombre de mono-écrans, encore largement prédominants, cèdent lentement la place aux complexes, puis aux grands complexes et multiplexes des années quatre-vingt. En une décennie, une centaine de mono-écrans ont disparu, tandis qu’une vingtaine de grands complexes (8 à 16 écrans) se sont implantés sur l’ensemble du territoire (2000). Depuis le premier multi-salles en 1980, et à 90 % aujourd’hui, les complexes ont été construits par le principal exploitant, AB Svensk Filmindustri (SF), les autres étant le fait du second groupe d’exploitation, Sandrew Metronome Sverige AB. La concentration dans l’exploitation s’est accélérée récemment, les cinq plus grands circuits contrôlant 60 % des écrans et 82 % de la recette, le premier (SF) en accaparant respectivement 16 % et 57 %. Si la construction de grands complexes et multiplexes n’a eu aucune incidence sur la fréquentation, outre le fait que l’offre était déjà quantitativement satisfaisante, il faut souligner que le marché fortement oligopolistique de l’exploitation a poussé la fixation du prix des places à un niveau très élevé, le deuxième plus élevé d’Europe (≈ 7,6 €) tant en niveau absolu que rapporté au PIB par habitant. Cette tendance est encore accentuée par le caractère particulièrement urbain de la consommation cinématographique, les trois premières villes du pays (Stockholm, Göteborg, Malmö), qui ne rassemblent que 16 % de la population et 11 % des écrans, générant la moitié des entrées (1999).
3Les mois les plus propices à la fréquentation des salles se situent en hiver tandis que la fin du printemps est la période la plus creuse, janvier pouvant accueillir quatre fois plus de spectateurs que mai ou juin.
4Malgré sa relative faiblesse (20 à 30 films par an), la Suède arrive à placer régulièrement quelques titres de sa production en tête du B-O1 et à conserver une pdm significative (15 à 30 %), même si la moitié des films diffusés proviennent des États-Unis et enregistrent les deux tiers des entrées. Le plus important distributeur est suédois, Svensk Filmindustri, et malgré la présence de toutes les Majors états-uniennes (Columbia, Buena Vista, UIP, Fox, Warner) d’autres distributeurs nationaux continuent d’occuper une place notable (Folkets Bio, Triangel, Sandrew, etc.) et sont les principaux importateurs de la vingtaine de films français qui attirent chaque année 2 à 4 % des entrées. La quinzaine de distributeurs en activité se répartissent les deux cents titres annuels de manière assez équilibrée, réduisant la concentration au sein du secteur, les cinq premiers générant moins de la moitié des entrées.
5Il n’y a pas de TVA, ni aucune taxe locale spécifique. Pour les salles offrant au moins cinq séances par semaine, en sus de la taxe nationale de 6 %, 10 % des recettes brutes sont affectées à l’Institut suédois du cinéma qui attribue deux grandes aides à l’industrie (≈ 28 millions d’euros), l’une à la production, l’autre à l’exploitation, tant pour sa modernisation que pour l’inciter dans sa programmation en direction du cinéma national et de qualité.
6Le délai de sortie vidéo est en général de six mois, d’un an pour le pay-per-view, et de dix-huit mois pour la télévision (accords privés contractuels).
Notes de bas de page
1 Le premier en 1995 fut Anglagard et en 1997 Adam et Eva, le deuxième en 1996 fut Jägarna et il y en eut trois dans les dix premiers en 1999.
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Économies contemporaines du cinéma en Europe
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