Chapitre 7. L’action de la Mission
p. 153-171
Texte intégral
1Les difficultés à définir une ligne commémorative tout comme la distance et le scepticisme affichés par « l’opinion nationale » ont conduit la Mission à porter une attention soutenue aux manifestations régionales. Elles assurent une véritable fonction de réassurance à tel point qu’un voyage en région est parfois proposé comme remède aux doutes des cadres de la Mission. En effet, la scène régionale contraste avec la posture ironique des principaux médias. Elle témoigne, aux yeux de la Mission, du bon vouloir commémoratif des Français, de leur capacité à se mobiliser pour commémorer la Révolution. Et, quand la commémoration y est combattue, cette contestation franche, sans ironie, atteste a contrario de l’actualité et de l’importance de la mémoire de la Révolution.
Régions : une attente limitée ?
2En 1988, pourtant, l’avancement des projets régionaux n’est guère plus important que celui des projets nationaux. Peu de collectivités locales participent au forum « 89 Avant-Première »1 qui se tient à la Grande Halle de la Villette et doit permettre de confronter les projets et de mettre en contact « porteurs de projets » et collectivités locales. Cette présence clairsemée n’est pas l’indice d’une grande anticipation. Sa géographie n’exprime guère une mobilisation différentielle selon l’orientation politique des collectivités locales. Certes, les deux conseils généraux communistes ainsi que les villes de Saint-Denis et de Montreuil dont les maires appartiennent à la mouvance « refondatrice » du PCF et la région Nord-Pas-de-Calais, l’une des deux régions détenues par les socialistes, assurent une forte présence. En revanche, seuls cinq des vingt-cinq départements dirigés à cette date par la gauche non communiste sont représentés.
3Sans doute est-il possible d’expliquer cette faible mobilisation par l’attrait limité d’un salon programmé alors que l’orientation du Bicentenaire demeure floue et que chacun se trouve dans l’attente des résultats de l’élection présidentielle. Elle est, néanmoins, l’indice que le Bicentenaire ne s’impose pas au niveau municipal ou départemental comme une perspective forte. Elle montre que beaucoup de collectivités n’ont pas de projets assez construits ou assez originaux pour qu’ils contribuent, dans le cadre d’un salon, au développement de leur image de marque et que l’opinion des édiles est perméable à l’idée très répandue, en ce mois de juin 1988, que le Bicentenaire risque de s’inscrire en décalage des sensibilités contemporaines. Plus simplement, ce forum destiné à faire contrepoids au sentiment d’inertie et d’impréparation n’est peut-être pas un lieu attractif pour les municipalités et les collectivités territoriales. Belfort ou le conseil général des Côtes-du-Nord, dont les projets sont très avancés, ne figure pas parmi les exposants.
4En septembre 1988, le responsable de la Mission chargé des collectivités locales, Christian de Montrichard, mentionne que les « trois-quart des villes importantes n’ont pas de projets2 ». Cette affirmation alarmiste, lancée en réunion de service, doit être nuancée par l’appréciation émise à l’attention du nouveau président de la Mission, le 30 mai 1988, qui évalue entre deux mille et deux mille cinq cents « les actions et les intentions […] allant du souhait au projet ferme et quasi “ficelé” techniquement et financièrement3 ». L’importance de la mobilisation des réseaux savants – archives départementales et sociétés historiques – est soulignée ainsi que le dynamisme de quelques villes : Grenoble, Montpellier, Nîmes, Lyon, Besançon, Strasbourg, Rennes, Rouen, Versailles, La Rochelle et Lille.
5Sans doute ne faut-il pas perdre de vue les effets de la conjoncture marquée par « sept élections en l’espace de seize mois » touchant l’ensemble des instances élues à l’exception des seuls conseils régionaux4. Toutefois, l’impossibilité de la Mission de s’appuyer sur les associations regroupant les représentants des collectivités locales ou territoriales5 témoigne de ce que les régions, plus que des terres promises furent bien elles aussi, des terres de mission.
Le dispositif de la Mission
6Pour développer une dynamique commémorative en « régions », la Mission s’appuie sur un réseau de correspondants désignés par les préfets. Il est constitué durant l’hiver 1987-1988. « Une grande moitié [d’entre eux est composée] de fonctionnaires de préfecture, directeurs de cabinet, sous-préfets, etc. 30 % sont des directeurs de services d’archives départementales et le solde, de 20 % environ, des personnalités d’origines diverses : universitaires, responsables d’associations et même un maire de ville moyenne (La Flèche [Sarthe])6. » Selon la philosophie de la Mission, leur rôle est « l’incitation locale, l’examen des demandes et leur transmission ». Christian de Montrichard considère que « la Mission a eu 25 % de correspondants très actifs, 50 % assurant leur tâche assez convenablement et 25 % de “dormants”7 ». Qui plus est, du fait du jeu des nominations et de la mobilité des équipes administratives, le réseau des correspondants n’est pas demeuré identique au cours des deux années de fonctionnement. Entre mai 1988 et 1989, 20 % des correspondants départementaux et 30 % des correspondants régionaux changent. L’appréciation globale sur le manque d’efficacité des correspondants est attestée par le nombre des rapports détaillés concernant le bilan des manifestations du Bicentenaire parvenus à la Mission – trente-quatre pour l’ensemble des départements de France métropolitaine et sept émanant des régions8.
7La géographie des rapports des correspondants de la Mission semble exclusivement obéir à l’engagement individuel du correspondant concerné et entretient peu de relations avec l’état de la mobilisation commémorative. Ainsi, aucun ne couvre le département du Nord ou la région Nord-Pas-de-Calais, pourtant hauts lieux du dynamisme commémoratif. La passivité de la plupart des correspondants n’exclut cependant pas que certaines situations se soient révélées complexes à gérer. Bernard de Singly, nommé correspondant en Vendée, doit abandonner la direction de la société d’histoire locale jusqu’au terme de son mandat9. Dans un tout autre contexte, Roger Bourderon, vice-président de « 89 en 93 », rapporte que son association a systématiquement évité de reconnaître le moindre rôle au correspondant de la Mission10. De façon globale, il peut sembler sage de conclure que les correspondants ne furent pas les militants de la commémoration sur lesquels la Mission aurait souhaité s’appuyer et que, souvent, ils se trouvèrent fort éloignés de la ligne commémorative redéfinie par Jean-Noël Jeanneney11.
La communication en direction des élus
8Le second instrument de la Mission pour susciter l’initiative locale a été la mise au point d’un Guide du Bicentenaire à l’usage des élus qui a connu deux éditions, l’une en mai 1988, l’autre en février 1989. La première brochure présente, principalement, les divers projets du concours « Inventer 89 » et fournit une liste des divers correspondants de la Mission. La seconde, plus volumineuse, se différencie de la précédente par plusieurs aspects. Tout d’abord, et de façon emblématique, une citation de Saint-Just succède à celle de Jean Lacroix cher à Edgar Faure – ce qui correspond à l’inflexion de la ligne commémorative précédemment signalée12. Le ton de l’éditorial se fait plus ferme. Certes, la première édition ne manque pas de rappeler que les communes et les départements fêtent en 1989 leur propre bicentenaire et que « les élus et toutes les structures ou associations qu’ils aident savent combien leur rôle est fondamental dans ce qui est la célébration de la Démocratie, de la République et des Droits de l’homme13 ». Mais le langage demeure celui des grands principes. À l’opposé, le style de l’éditorial de Jean-Noël Jeanneney se veut plus intime et plus assuré. « L’intérêt et la ferveur sont la règle. » Pour fonder son propos il se réfère à sa propre expérience : « Mes déplacements dans une partie des régions de France me l’ont prouvé d’abondance ». Il insiste sur la dimension festive du Bicentenaire, « année attrayante et joyeuse ». Il précise que pour la Mission « il n’existe ni petit ni grand projet » et rappelle aux élus que « c’est [à leur] niveau aussi que se fêtera le Bicentenaire ». Certes, la dissemblance provient, pour une part, de l’entrée de plain-pied dans l’année commémorative. Elle tient aussi au resserrement de la stratégie commémorative qui, éloignée des considérations métaphysiques des premiers temps de la Mission, permet de se sentir plus à l’aise dans la dimension festive. L’orientation opérationnelle du second guide est confirmée par l’exposé des « temps forts » du calendrier commémoratif et une multitude d’informations pratiques qui doivent permettre aux élus d’enrichir la programmation locale (rétrospectives cinématographiques ou télévisuelles, spectacles disponibles, animations diverses, expositions, publications pédagogiques ou encore produits commerciaux labellisés). La liste des différents correspondants de la Mission clôt la brochure. Cet esprit plus pratique, davantage tourné vers l’usage immédiat des élus, se retrouve dans la présentation de la brochure sur les arbres de la Liberté dont nous traiterons plus loin.
9Une autre façon de susciter l’élan commémoratif ou de l’accompagner est de se rendre sur les lieux de la commémoration. Le Rapport fixe la philosophie de ces déplacements. Faute de liens institutionnels avec les associations d’élus, la Mission « a réorienté son système de contacts en privilégiant les relations avec les collectivités les plus ardentes et les plus dynamiques dans la célébration du Bicentenaire, relations renforcées à l’occasion des nombreux déplacements du président de la Mission dans les régions14 ». En 1988, les deux-tiers des départements reçoivent la visite de responsables de la Mission. De 1988 à 1989, Jean-Noël Jeanneney effectue lui-même trente-neuf voyages en régions.
10Le scénario de ces déplacements est connu grâce aux rushes de Serge Moati qui a suivi, à plusieurs reprises, le président de la Mission, notamment à Marseille (février 1989) et à Nantes (mai 1989). Chaque voyage est l’occasion pour Jean-Noël Jeanneney de s’informer de l’état des projets, de donner l’image d’une Mission à l’écoute des régions et de redéfinir devant les élus locaux l’esprit de la commémoration. Les quelques moments filmés par Serge Moati à Marseille sont exemplaires de cette démarche15. Accueilli par Jean-Claude Gaudin, qui ne manifeste pas encore l’exaspération que suscitera en lui le Bicentenaire quelques mois plus tard16, le président de la Mission prend la parole pour expliquer sa conception de la commémoration. Il déclare, en substance, qu’il ne s’agit pas de faire une commémoration « jacobine », « centralisée » […] « moins parce qu’il y aurait un retour en grâce des Girondins, mais parce que nous savons mieux aujourd’hui, je parle des citoyens, je parle des historiens, à quel point il faut prendre en compte la Révolution et son foisonnement dans sa diversité, prendre en compte la variété extrême des sensibilités. […] Avant de retrouver l’unité il faut commencer par prendre [la mesure de la diversité des histoires régionale, départementale, municipale]... Chaque région a vocation à célébrer à l’intérieur de l’unité nationale sa propre histoire ». Il ajoute que les mutations contemporaines suscitent une recherche de « généalogie », de « sources », de « racines propres » et conclut : « Ça dépasse la commémoration, mais ça vaut pour la commémoration ». Le message est clair, à une Révolution inscrite au cœur de dynamiques régionales et locales différentes doit correspondre une commémoration diversifiée. Cette orientation est d’autant plus affirmée que le président de la Mission n’entend pas être le représentant de la centralité parisienne. Tout au contraire, il utilise la susceptibilité régionale comme levier pour tenter d’y décupler l’ardeur commémorative. « On n’a pas beaucoup changé depuis que Stendhal observait qu’à Paris on était obsédé d’avoir le ridicule d’être fervent de quelque chose. » Naturellement, les régions échappent à cette tournure d’esprit...
11Le séjour nantais17 est l’occasion de redéfinir le contenu de la commémoration, de développer, devant les élus comme devant la presse, la « célébration du versant lumineux de la Révolution » et de proposer, citations de Jean-Clément Martin à l’appui, une réflexion sur son « versant sombre ». Pour faire pièce à l’entreprise de Philippe de Villiers, il conclut que la Révolution ne constitue plus le clivage entre la gauche et la droite mais une « ligne de fracture interne entre les familles modérées ».
12En retour, chaque séjour en région est l’occasion de manifester sa confiance et de faire état de l’importance de la mobilisation commémorative. Revenant de Vizille et de Montpellier, il déclare « qu’il a pu y constater l’enthousiasme des porteurs de projets qui contraste avec la relative atonie parisienne18 ». Cette appréciation est reprise dans le bilan esquissé lors de l’entretien accordé au Débat19. Il y mentionne à la fois la mobilisation provinciale où les missionnaires découvraient, « ancrées dans les réalités quotidiennes, une vraie attention, une vraie curiosité, une montée régulière de l’intérêt20 », et l’impossibilité à conduire les médias à rendre compte de ce foisonnement : « J’ai beaucoup voyagé en province, j’y ai beaucoup appris et j’ai pu constater combien il était difficile d’y entraîner les journalistes parisiens, non qu’ils y missent de la malignité, mais par une sorte de répugnance spontanée à remettre en cause les idées reçues et tournant en rond dans des milieux restreints21 ». L’adhésion de la France « profonde » devient vite un lieu commun du discours de la Mission.
Labellisation
13La labellisation des projets constitue un autre aspect du rôle d’incitation de la Mission. Le Rapport évalue à environ trois mille les dossiers traités soit par elle-même, soit par ses correspondants22. Mille deux cents ont reçu le fameux label auxquels il faudrait adjoindre mille sept cents PAE23. Les critères d’attribution du label restent assez larges et n’excluent pas forcément une approche critique de la Révolution. Néanmoins, le son et lumière Jean Chouan, l’insoumis soutenu par le conseil général de Mayenne, qui se présente comme une hagiographie du chef contre-révolutionnaire n’est pas labellisé sous sa forme primitive, pas plus que la manifestation organisée en juillet 1989 à l’initiative de Renaud24… De fait, l’attribution du label est surtout déterminée par les conditions de faisabilité du projet et, secondairement, par son contenu idéologique.
14Il n’en demeure pas moins que la multiplication des « oiseaux » de Folon, même si elle est rarement assortie d’une aide financière, contribue à donner une unité aux manifestations ainsi distinguées et donc à rendre visible pour le public l’action et la présence de la Mission.
Rythmer et faire connaître les initiatives locales
15Face aux critiques d’atonie et « d’atomisation25 », l’une des priorités de la Mission est de permettre, hors de grands événements fédérateurs comme la parade Goude, que se dégagent des « moments forts » afin de comptabiliser l’engouement commémoratif, d’administrer la preuve de la vitalité du Bicentenaire par la multiplicité des gestes commémoratifs et leur généralité. À cette fin, deux moments privilégiés sont choisis : le 1er janvier pour célébrer « l’envol » des idées révolutionnaires et le 21 mars pour fêter leur « enracinement ». Il est aussi envisagé de réitérer un banquet des maires de France à l’image de celui de 188926 mais ce projet est abandonné, sans doute de peur de provoquer les mêmes critiques de gaspillage sans susciter chez les élus locaux un intérêt analogue27. Des banquets départementaux laissés à l’initiative des préfets se tiennent néanmoins dans plusieurs départements dont le Territoire de Belfort, le Tam-et-Garonne, le Vaucluse, les Vosges ou l’Yonne28.
L’arbre et la nuée
16L’initiative nationale qui inaugure, le 1er janvier, l’année du Bicentenaire repose sur une métaphore simple. L’entrée dans « l’année sans pareille » est signifiée par le décollage, de chaque chef-lieu de département, d’une ou plusieurs montgolfières tandis qu’un comédien lit la Déclaration des droits de l’homme. Effectuée en collaboration avec « Air 89 » la manifestation est un succès. « Sur quatre-vingt-seize villes, quatre-vingt-deux [ont participé] effectivement à l’opération dont cinquante-cinq [ont vu] un envol effectif de montgolfières, vingt et une [ont assisté] à un vol captif ou à un envol de baudruches (pour des raisons météorologiques le plus souvent)29. »
17La seconde initiative qui permet à la province de manifester son empressement commémoratif est d’une portée symbolique beaucoup plus grande.
18C’est la reprise d’un projet proposé dès la Mission Baroin par Claude Manceron, conseiller historique de François Mitterrand pour la commémoration. L’argument tient en peu de lignes : « Tout le monde est d’accord pour que le mot de Liberté soit l’un des maîtres mots du bicentenaire, on pourrait peut-être réfléchir à un vaste mouvement de plantation générale d’arbres de la Liberté dans toutes les communes de France, quelle que soit l’opinion dominante de la municipalité et l’opinion, plus ou moins fabriquée, de sa population quant à la Révolution. En effet, quelles autorités locales seraient capables, en 1989, de récuser le mot de Liberté, si celui-ci devient l’occasion d’une fête et d’un rassemblement ?30 ».
19Cette proposition est mise en œuvre par l’ultime président de la Mission. On peut penser qu’elle eût dès l’origine l’agrément du Président de la République dont le blason personnel se trouve être un arbre. Elle ne manque cependant pas de rencontrer la faveur des deux premiers présidents de la Mission. Ainsi, lors de la réunion du comité interministériel du 9 décembre 1987, au chapitre des projets, Edgar Faure déclare : « Nous avons pensé à ranimer l’idée de l’arbre de la Liberté ». La réflexion opérationnelle de la Mission ne débute vraiment qu’avec l’arrivée de Jean-Noël Jeanneney.
L’arbre et les stratèges
20Une mission de réflexion est confiée à trois cabinets de communication : Civis Conseil, Métropolis, R.S.C.G.-Entreprises.
21Le plan de communication proposé par R.S.C.G.-Entreprises tient en deux arguments. Pour que le maximum d’arbres soient plantés il faut que les plantations soient « un geste apolitique ». Il convient d’organiser, grâce à une valorisation nationale, une « pression » sur les maires. L’agence suggère que, sur le modèle du Téléthon, l’appel de chaque maire ayant planté un arbre fasse s’allumer l’une des ampoules qui formeraient un grand arbre situé sur un plateau de télévision (FR3). Les maires pourraient par la même occasion communiquer leur propre manière de faire vivre l’arbre (textes ou dessins d’enfants).
22Le dossier présenté par Métropolis s’articule sur trois principes :
« 1. L’arbre de la Liberté est un symbole “haut de gamme” de la République. On ne plaisante pas avec un sujet institutionnel. [Il faut donc exclure] l’utilisation de tous jeux/concours à des fins de notoriété ou de création de “trafic”.
2. La commune n’est pas un lieu de consommation, l’arbre de la Liberté n’est pas un produit à vendre.
3. Une référence historique [doit être] permanente. Il importe de mettre en valeur l’esprit symbolique qui se dégage de l’arbre de la Liberté. »
23Suit l’exposé d’un plan de communication à l’attention des maires et de l’opinion publique. À destination des premiers, Métropolis propose d’éditer une lettre, une brochure, des affiches et une bande dessinée. Pour sensibiliser l’opinion, l’agence envisage la diffusion sur FR3 de trente films de vingt secondes qui réuniraient des comédiens de grande notoriété. Le thème de la campagne serait : « Du bois dont on fait les lois / Du bois dont on fait les hommes / Du bois dont on fait les nations / Le 21 mars, plantez un arbre de la Liberté. » Cette campagne se fonde sur la polysémie de l’arbre puisqu’elle suggère un choix de citations qui devraient faire référence aussi bien « aux origines historiques de l’arbre de la Liberté qu’à son avenir ». « L’arbre de la Liberté, symbole historique de réconciliation et de réunification des citoyens, résiste au temps. Ancré dans l’histoire de notre nation, l’arbre peut être le prétexte pour ces citations à de nombreuses interprétations. (Arbre témoin, il survit aux hommes ; Point d’ancrage de l’effusion collective ; Rite de fécondité ; Symbole de croissance et d’évolution ; Professeur d’égalité). »
24Le projet de l’agence Civis, finalement retenu, est centrée sur les maires. Une brochure offre un kit complet de la plantation d’un arbre de la Liberté. Elle retrace son histoire (chapitre 1) et surtout suggère aux maires des idées pour dynamiser la plantation par des chants, des concours ou encore l’aménagement de l’espace de plantation (chapitres 2 à 6)31. Un petit livret répertoriant des chansons composées pour les fêtes de la Révolution complète l’envoi. La démarche est très didactique. Plutôt qu’exposées de but en blanc, les significations de l’arbre, qui sont autant de trames possibles pour le discours du maire, sont distillées au fil des pages. Il s’agit, comme l’indique Jacques Guilhaumou, d’un « guide d’action32 ». Ainsi, c’est en abordant, au chapitre 4, les soins à apporter à l’arbre que le texte met en avant sa valeur métaphorique.
« La liberté n’est pas une valeur éphémère. Fondement de notre démocratie, elle a pris racines voici deux siècles et, depuis lors, n’a cessé de se développer malgré les frimas de l’histoire. Elle est notre oxygène. Il nous incombe d’en transmettre le souffle à nos enfants. L’arbre de la Liberté doit être à l’image de cette idée force, ancré au sol comme la liberté l’est dans nos cœurs, stable, durable, symbole inaltérable pour aujourd’hui et pour demain. Cet arbre de la Liberté doit nous survivre et devenir un futur arbre remarquable. Être vivant, sa croissance et sa longévité dépendront des soins que nous lui prodiguerons33… »
25En elle-même la construction de cette métaphore est intéressante tant les termes en sont imbriqués. L’arbre est la métaphore d’une liberté qui se décline spontanément dans le langage de description de la vie végétale. La mise en page ôte toute lourdeur à l’énonciation métaphorique. On y voit un sans-culotte, râteau à la main, veiller sur un enfant qui prend soin d’un arbuste. Sur la même page, un autre dessin représente les différentes parties de l’arbre (radicelles, pivot, racine principale...). L’emblème de la campagne est un arbre bleu dont certaines feuilles sont rouges et blanches sans, pour autant, reproduire les proportions du drapeau tricolore. Le slogan est minimal et essentiellement axé sur l’idée d’une plantation étendue à l’ensemble des communes de France : « 21 mars 1989. 36 000 arbres pour la Liberté ». Le sens de la plantation reste très vague et ouvert. La mention « arbre pour la Liberté » se suffit à elle-même. La substitution de « pour » à « de » met l’accent sur l’action. Le projet est inscrit dans l’acte même de la plantation. La préposition retenue pose la plantation autant comme acte tourné vers l’avenir que comme commémoration des plantations précédentes et, à travers elles, de la Révolution française. Elle suggère l’idée, reprise par le bilan présenté par le président de la Mission, d’un acte « naturel ». Il est fort vraisemblable que ses concepteurs ont pensé que toute explicitation supplémentaire ne pourrait qu’entraîner un « bruit » préjudiciable au succès de l’opération, introduire des clivages là où seule l’unanimité est à la fois recherchée et requise. La journée du 21 mars bénéficie du soutien du ministère de l’Éducation nationale qui choisit d’en faire la journée de commémoration du Bicentenaire à l’école et invite l’ensemble des établissements scolaires à planter leur propre arbre.
26Le choix de la campagne, son thème, montre que la Mission entend se présenter comme conseiller technique plus qu’elle ne cherche à développer une réflexion philosophique explicite. Cela dit, associer la figure des régions et celle de l’enracinement tout comme prendre l’arbre comme métaphore de l’État de droit et de la démocratie est une prise de position philosophique implicite. Le geste est façon d’hommage à la continuité, à la permanence, à l’enracinement autant qu’il est proposition d’enraciner34. Le qualificatif de « belle » retenu dans le Rapport pour désigner la tradition républicaine de plantation d’arbres de la Liberté invite à souligner la dimension esthétique du rituel proposé aux communes. Cette qualité ne pouvait supporter d’être traitée sur le modèle des grandes campagnes publicitaires. Le Téléthon, tout autant que le slogan répétitif, n’auraient pu qu’altérer ce qui s’est voulu, à l’échelle locale, comme un instant de recueillement35. Il n’est pas anodin à ce titre que Jean-Noël Jeanneney cite son propre père36 parmi les élus ayant, comme dernier geste de leur mandat, planté un arbre de la Liberté.
27De façon plus technique, l’opération repose sur une offre faite aux maires de recevoir pour chaque arbre planté un bon de 100 francs. Cette proposition est redoublée à l’échelon départemental par un certain nombre de conseils généraux (Ariège, Hérault, Essonne, Seine-et-Marne, Tam-et-Garonne, Yvelines…) qui offrent l’arbre aux communes qui le désirent ou en subventionnent l’achat. L’offre de bons possède, en outre, l’avantage de permettre le recensement des arbres plantés. C’est sur la base des six mille cent cinquante et une demandes enregistrées au 21 février 1989 par l’agence Civis que nous avons établi la carte 4.
L’ampleur d’un geste
28La carte 4 montre que le geste de l’arbre n’est pas fortement anticipé ou que, du moins, la majeure partie des communes ne pense pas avoir besoin de l’État pour le réaliser. Seuls vingt-quatre départements comptent plus de 20 % de communes répondantes, deux d’entre-eux, la Haute-Marne et le Tam-et-Garonne, dépassent le seuil de la 50 %37. Une confrontation avec les résultats des élections législatives de 1988 ou bien encore avec la géographie politique des conseils généraux exclut tout lien systématique entre le positionnement politique et l’adhésion à la structure mise en place par Civis. Pour mesurer l’ampleur du geste, la Mission elle-même s’est fondée sur les appréciations, plus ou moins détaillées, émanant des correspondants et sur la revue de presse constituée par Civis. C’est sur la base de cette « montagne » (Jean-Noël Jeanneney) de huit mille coupures de presse que la Mission est arrivée à l’estimation globale, somme toute assez réaliste, de douze à quinze mille communes – auxquelles il faut ajouter douze mille établissements scolaires – ce qui représenterait de cinq à six millions d’individus concernés dont trois millions d’enfants selon Jean-Noël Jeanneney38, vingt-cinq millions selon l’agence39, soit une fourchette qui postule entre deux cents et mille participants en moyenne par plantation. Ces chiffres paraissent nettement excessifs. Hors du cadre scolaire, où les élèves n’ont guère la possibilité de ne pas participer à la plantation, l’assistance aux diverses cérémonies dont nous avons eu connaissance est bien moins nombreuse. Nous serions volontiers enclin à réduire de moitié l’estimation proposée par le président de la Mission. Quoiqu’il en soit, en dépit des incertitudes qui pèsent sur le nombre d’individus effectivement mobilisés par les plantations et compte tenu de la proximité des élections municipales (mars 1989), le bilan est très satisfaisant pour la Mission. D’un strict point de vue quantitatif, la plantation de « l’arbre pour la Liberté » est l’événement qui, le même jour, a réuni le plus de personnes autour d’un même rituel commémoratif.
29Jean-Noël Jeanneney commente ainsi la carte établie par l’agence Civis (carte 5).
« On constatera que les zones particulièrement actives ont été […] le Nord-Pas-de-Calais, les régions centrales, allant des Pays de Loire à la Franche-Comté et l’Alsace. Le Sud-Ouest, de manière hachée, reste plutôt fidèle à sa tradition de gauche. Le rapprochement avec la géographie des résultats électoraux législatifs de 1988 est intéressant, car il y a une faible cohérence. La pâleur des départements bretons et picards peut avoir pour explication le climat (date tardive pour les zones atlantiques) ou le notabilisme pour la région Picardie, comme pour certains départements du centre de la France. L’examen attentif des coupures de presse montre significativement l’implication des élus de gauche et la relative absence des élus de droite, pour ce qui concerne les élus de notoriété nationale. […] On peut dire qu’il s’est agi d’une manifestation “micronisée”. C’est la France rurale et “profonde” qui s’est investie par un effet naturel d’entraînement et par une adhésion tout aussi naturelle à une telle action. Par-delà une image qui peut apparaître banale et répétitive, la plantation des “36 000 arbres pour la Liberté” a été l’occasion pour les élus, des plus obscurs aux plus en vue, d’accomplir localement un acte civique commémoratif. Elle reste dans les mémoires, ne serait-ce que par l’annonce que toutes les communes y participeraient, la marque d’une action généralisée qui devait avoir lieu et qui a eu lieu40. »
30Sans remettre en cause la justesse de cette appréciation, on peut remarquer que l’argumentation finale fonctionne de façon circulaire avec les présupposés qui ont conduit aux formes prises par l’opération. Le seul élément nouveau est la recherche a posteriori de clivages politiques dans la façon dont le geste a été assumé. De ce point de vue, la note adressée au Président de la République est encore plus tranchée puisque les réactions différenciées des élus conduisent le président de la Mission à écrire : « que les traditions anciennes, si elles s’atténuent par rapport au premier centenaire, sont loin d’être effacées41 ».
31De fait, le croisement de la géographie des élections législatives avec celle des plantations est peu pertinent. Les huit départements dans lesquels un arbre a été planté dans plus de 75 % des communes se répartissent également entre la droite et la gauche tout comme ceux dans lesquels la plantation aurait touché moins de 10 % des communes (quinze départements). La différence d’attitude est plus sensible quand on prend en compte l’assise cantonale des deux grands courants politiques.
Tableau I. Les majorités départementales dans les conseils généraux et l’estimation Civis de l’ampleur de la plantation des « arbres pour la Liberté » le 21 mars
Tendance majoritaire au sein du conseil général en 1989 | Plantation <à 10 % des communes | Plantation comprise entre 10 et 50 % des communes | Plantation > à 50 % des communes | Nombre de conseils généraux |
Gauche | 5 (19 %) | 10 (37 %) | 12 (44 %) | 27 (100 %) |
Droite | 10 | 37 | 21 | 68 |
(15 %) | (54 %) | (31 %) | (100 %) | |
Totaux | 15 (16 %) | 49 (49 %) | 33 (35 %) | 95 (100 %) |
32Pour clore ces lignes consacrées aux plantations d’arbre de la Liberté et avant d’en étudier les mises en scène locales, il faut ajouter que la date du 21 mars ne correspond qu’à une partie des plantations. Pour se contenter d’un exemple, pas moins de cent cinquante communes des Yvelines plantent un arbre de la Liberté le 14 juillet.
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33Outre l’organisation de « moments forts », l’une des tâches de la Mission est de recenser, de labelliser le cas échéant, les diverses initiatives locales puis de les faire connaître. C’est l’objet du Programme dont la dernière édition paraît en avril 1989.
34L’ouvrage frappe par son volume. Il compte trois cent dix-huit pages. Il est divisé en trois grandes parties :
- 1. Les grands moments et les principales manifestations.
- 2. Le Bicentenaire dans les régions.
- 3. Le Bicentenaire dans le monde.
35À ces grandes rubriques s’ajoutent de nombreuses parties annexes plus modestes, telles que le recensement des œuvres audiovisuelles, quelques données chiffrées concernant les PAE ou encore les produits commerciaux labellisés.
36Sa couverture est frappée d’un paragraphe de la Constitution de l’An III : « Il sera établi des fêtes nationales pour entretenir la fraternité entre les citoyens et les attacher à la constitution, à la patrie et aux lois. »
37Le choix de cette citation donne un double sens au Programme : il lie le passé et le présent et tente de (re)nouer le fil de l’histoire. Au-delà de cette inscription du geste dans un continuum, il s’agit de montrer à la fois la réalité de la commémoration en cours et de permettre que l’on en prenne la mesure. Le président de la Mission est très explicite dans son introduction. « Je gage que la publication du tableau ainsi constitué dans sa pleine richesse, en nous faisant entrer décidément dans l’ère des réalisations, va contribuer à dissiper les derniers scepticismes. [Le lecteur] appréciera ce que ce foisonnement signifie quant à la portée de la Révolution aujourd’hui encore : si vivante dans les esprits et dans les cœurs que surgissent de partout les initiatives proposées en sa mémoire. »
38S’agit-il, pour autant, d’un panorama complet des milliers de spectacles suscités par le Bicentenaire ? Assurément, non. Sans parler d’initiatives isolées de petites communes, des départements entiers sont sous-estimés, telle que la Haute-Garonne où l’action des CLEF n’est pas prise en compte pas plus que, de façon générale, celle de Vive 89. La cellule chargée de recueillir les données – malgré le serveur minitel – et peut-être du fait que la Mission ne distribuait, la plupart du temps, que de simples labels – n’a guère été à même de totaliser les actions commémoratives.
39Le Programme recense, en France, mille huit cent quatre-vingt-douze initiatives dans sept cent quatre-vingt-huit villes en incluant Paris, mille sept cent onze en excluant la capitale. Ces deux totaux tiennent compte des cent quatre-vingt colloques – cent dix-sept sans Paris – signalés. La répartition géographique de ces initiatives est assez déséquilibrée, ce qui tient pour partie à la réalité de l’intensité commémorative et, pour partie, aux lacunes dans l’information de la Mission.
40. La carte établie à partir du Programme est significative de la géographie de la commémoration. Fondée sur le nombre de villes citées par ce document, elle montre un plus grand dynamisme dans le Nord, la petite et grande banlieue parisienne, un large triangle étendu de la Saône-et-Loire jusqu’à l’arc méditerranéen (du Var à l’Hérault), l’Est (du Bas-Rhin jusqu’au Doubs) et enfin sur la façade atlantique.
41Mais revenons sur le sens même de ce programme qui connaît aussi une édition abrégée, plusieurs éditions en langues étrangères, et une publication partielle dans Télé 7 jours. S’agit-il vraiment d’une brochure d’information ? Si tel avait été son objectif, on peut penser qu’au plan départemental il n’a pas été atteint puisqu’il est très loin de recenser l’ensemble des initiatives ni ne fournit une image proportionnelle à l’activité commémorative déployée. Son objet est autre : mettre les Français et leurs élus en face d’une prolifération rendue sensible par l’épaisseur du volume, convaincre de l’écho du Bicentenaire, de la richesse des initiatives. Il permet aux artisans isolés d’initiatives locales de s’inscrire dans un mouvement, de sentir qu’ils participent d’un geste général. La fonction du Programme est d’administrer la preuve par la province et l’étranger de l’écho du Bicentenaire.
Notes de bas de page
1 On ne compte parmi les exposants que vingt-deux villes dont deux étrangères, treize conseils généraux et quatre conseils régionaux.
2 Réunion de service du 21 sept. 1988, A.N. 900 506/ 41.
3 AN. 900 506/664
4 Jean-Noël Jeanneney, Rapport du président de la Mission du Bicentenaire à Monsieur le Président de la République sur les activités de cet organisme et sur les dimensions de la célébration, La Documentation française, 1990, p. 250.
5 À l’exception de la plantation des arbres de la Liberté à laquelle participe l’Association des maires de France. « L’élu local qu’était le président Edgar Faure avait voulu s’appuyer sur les associations regroupant les représentants des collectivités locales et territoriales. Il s’est malheureusement avéré que des relations systématiques et institutionnelles avec ces organisations n’ont pas pu, de leur fait, s’instaurer. » Jean-Noël Jeanneney, Rapport, op. cit., p. 251.
6 Jean-Noël Jeanneney, Rapport, op. cit., p. 252.
7 Ibid., p. 252.
8 A.N. 900 506/823-825.
9 Rushes Moati. A.N. 900 519/72.
10 Lors de sa communication au séminaire de l’IHTP, Roger Bourderon a expliqué que le conseil général de Seine-Saint-Denis ne souhaitait pas que l’attribution d’un label par la Mission brouille la politique de communication engagée par le département ni que l’action du correspondant le dessaisisse de la maîtrise totale de la commémoration. Lettre d’information, n° 7, mai 1993. Pour une approche globale, voir Roger Bourderon. « 89 en 93 : le Bicentenaire en Seine-Saint-Denis », Cahiers d’histoire, n° 69, 1997, pp. 33-44.
11 Steven Kaplan, Adieu 89, Fayard, 1993, pp. 496-497.
12 « La vérité du souvenir c’est la promesse ». Jean Lacroix, « Formez les institutions civiles, les institutions auxquelles on n’a point encore pensé ; il n’y a point de liberté durable sans elles ; elles soutiennent l’amour de la patrie et l’esprit révolutionnaire même quand la révolution est passée », Saint-Just (discours à la Convention du 26 germinal, 15 avril 1794).
13 Mission du Bicentenaire, Guide du Bicentenaire à l’usage des élus, mai 1988, p. 9.
14 Jean-Noël Jeanneney, Rapport, op. cit., p. 251.
15 Rushes Moati. A.N. 900 519/ 12.
16 En juillet, Jean-Claude Gaudin s’exclame « le Bicentenaire me pompe l’air » et s’oppose au nom de la défense des langues régionales à la panthéonisation de l’abbé Grégoire. A.N. 900 506/ 1051.
17 Rushes Moati. A.N. 900 519/72 et 73.
18 Réunion de service du 26 juillet 1988. A.N. 900 506/41.
19 Jean-Noël Jeanneney, « Réflexions d’un commémorateur », Le Débat, n° 57, nov. déc. 1989, pp. 75-105.
20 Ibid., p. 93.
21 Ibid., p. 92.
22 Jean-Noël Jeanneney, Rapport, op. cit., p. 256.
23 Projets d’action éducative réunissant plusieurs enseignants sur un thème et bénéficiant de financements spécifiques. Ibid., p. 167.
24 La labellisation avait été demandée par une délégation conduite par Gilles Perrault. Intervention de Jean-Noël Jeanneney in Cercles Condorcet, Premiers regards sur le Bicentenaire, n° 11, mars 1990, p. 14.
25 Yves Agnès, « Une célébration atomisée », Le Monde, 15 mars 1989.
26 A.N. 900 506/74.
27 Voir Pascal Ory, Une nation pour mémoire, op. cit., pp. 130-131.
28 « Le Gouvernement a prévu l’organisation de deux banquets républicains à la préfecture de chaque département pour célébrer la création des collectivités locales. Ces banquets réuniront tous les maires du département le 12 novembre 1989, et tous les conseillers généraux le 9 décembre 1989. » Cabinet du préfet de l’Yonne, réunion du 23 décembre 1988 du comité départemental pour le préparation du Bicentenaire, réponse à notre questionnaire.
29 Jean-Noël Jeanneney, Rapport, op. cit., p. 60.
30 Termes soulignés dans l’original. Claude Manceron, note à l’attention du président Baroin, 15 décembre 1986. A.N. 900 506/666.
31 Le plan de la brochure est le suivant :
– Chapitre 1. Les racines de la Liberté (histoire des arbres de la Liberté 1790-1945), 4 pages.
– Chapitre 2. Quel arbre pour la Liberté ? (choix de l’essence), 2 pages.
– Chapitre 3. Quel espace lui offrir ? (l’aménagement du site), 2 pages.
– Chapitre 4. Longue vie à l’arbre de la Liberté ! (conseils pratiques pour la plantation et l’entretien), 4 pages.
– Chapitre 5. 1789 façons de fêter l’arbre de la Liberté, 7 pages.
– Chapitre 6. 36 000 projets, 36 000 communes (la diversité), 2 pages.
32 Jacques Guilhaumou, « Les 36 000 racines de la démocratie locale », Mots, n° 31, juin 1992, pp. 42-55.
33 Mission du Bicentenaire, « 36 000 arbres pour la Liberté », brochure, 1989, p. 16.
34 Le Rapport définit le geste en ces termes : « symbole de l’enracinement des valeurs républicaines, fidélité à une belle tradition républicaine et salut à l’instauration du statut communal ». Jean-Noël Jeanneney, Rapport, op. cit., p. 63.
35 L’organisation d’un Téléthon comportait le risque d’une politisation du geste interprété comme un soutien à la Mission.
36 Jean-Noël Jeanneney, Rapport, op. cit., p. 65.
37 58,5 % (cent quatorze communes) pour le Tam-et-Garonne, 73,5 % (trois cent onze communes) pour la Haute-Marne.
38 Jean-Noël Jeanneney, « Note pour le Premier ministre sur l’opération “36 000 arbres pour la Liberté” », A.N. 900 506 / 843.
39 Rapport d’activité, 25 mai 1989, A.N. 900 506 / 840.
40 Rapport de synthèse, A.N. 900 506 / 843.
41 A.N. 900 506/88.
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