Mises en scène d’un rituel. Les installations des présidents de la République
1947-1974
p. 219-236
Texte intégral
1L’étude du rituel d’installation des présidents de la République de 1947 à 1974 croise deux problématiques qui, de prime abord, peuvent sembler distinctes. La première concerne l’évolution de ce rituel, inscrit dans une longue tradition qui excède l’existence de la République et se redéfinit en fonction des changements institutionnels, notamment, de la mutation du rôle dévolu par la constitution au président de la République et de son mode de désignation. La seconde traite de l’affirmation de la télévision comme média majeur et de ses effets sur la mise en scène du politique1.
UN « RITUEL DE COURONNEMENT »2
2Les gestes qui marquent l’installation du président de la République appartiennent pleinement à la catégorie du rituel politique. Ils constituent un rite de consécration au cours duquel le citoyen élu est formellement reconnu comme chef de l’État, ce qu’enregistre aussitôt le protocole. C’est cette consécration qui est mise en scène et formalisée par la cérémonie, acte performatif et instituant. Ce rituel ne revêt, cependant, sa pleine dimension que lors des « inaugurations » de mandat. Les reconductions ne donnent lieu, quant à elles, qu’à des cérémonies plus modestes.
3Ce rituel s’effectue sous deux types de contraintes.
4Comme tout rituel républicain, celui-ci est, tout d’abord, un rituel en tension. Il se doit d’être, à la fois, solennel – il marque pour l’élu un changement de statut et permet l’incarnation de la République3 – et, en même temps, d’affecter une certaine simplicité pour se distinguer des sacres monarchiques – le Président n’est que le détenteur provisoire de la magistrature suprême.
5D’où une certaine retenue, une sobriété voulue, qui n’est pas propre à la période qui nous intéresse et qui avait, par exemple, empêché, sous la IIIe République, que le projet de Félix Faure de doter le Président d’un somptueux uniforme ne voie le jour4.On trouve l’indice de cette réserve permanente dans le fait que la presse n’use du qualificatif fastes qu’assorti de guillemets5 comme si le terme insinuait tout aussitôt le risque d’une dérive monarchique du régime ou indiquait une gestion peu économe des deniers publics.
6C’est, en second lieu, un rituel concurrencé. En effet, la cérémonie n’est que la conséquence d’un acte plus important : l’exercice de la souveraineté nationale soit, sous la ive République, le vote du Congrès et, sous la ve – à partir de 1962 – celui de l’ensemble de la nation. Or, c’est autour de ce vote que se cristallisent les passions. D’où une question récurrente, mais exacerbée sous le double effet de l’élection au suffrage universel direct et du développement de la télévision : comment valoriser (voire faire exister) la cérémonie au regard du moment du vote du Congrès et, plus encore, de la soirée électorale qui voit s’afficher immédiatement, sur tous les écrans de télévision, le portrait du nouveau président ?
7Ces deux difficultés constitutives rendent malaisée la définition de ce qui se passe lors de la cérémonie. Elles brouillent jusqu’à sa dénomination puisque sont concurremment utilisés les termes d’« installation », de « prise de fonction », d’« investiture » et même d’« intronisation » et ce, aussi bien par la presse, que par les services officiels de l’Élysée.
8Enfin, on peut, d’emblée, relever un troisième problème : la non-concordance du temps cérémoniel et du temps télévisuel. Le premier s’accomplit dans la lenteur car il est héritier d’un dispositif qui suppose l’assistance physique, la présence réelle, voire la ferveur et la communion. Un dispositif dans lequel l’attente participe de la solennité et suscite l’émotion. Le second ne supporte guère de temps mort, il appelle l’action. D’où le recours à un commentaire abondant qui doit faire patienter le téléspectateur en attendant qu’il se passe quelque chose de vraiment montrable. En même temps, comme le soulignent Daniel Dayan et Elihu Katz, ce commentaire émis sur un ton emphatique – « Tout se passe [...] comme si [celui-ci] n’était qu’une exclamation6 » – participe, comme le choix d’un commentateur emblématique – par exemple Léon Zitrone pour l’installation de Valéry Giscard d’Estaing7 – de l’initiation des téléspectateurs. Le ton conforte le sentiment qu’ils vont assister à un événement exceptionnel dont le journaliste leur livre les clés de lecture. Par ce truchement, le téléspectateur se trouve de plain-pied dans l’intimité des grands et au cœur des symboles de l’État8. Pourtant retransmettre ce genre d’événement, notamment en direct, demeure pour la télévision un véritable défi en raison du déficit d’image marquante et d’action qui le caractérise. Le différé permet une mise en intrigue plus ramassée. L’enjeu est donc pour les services du Président – ce qui deviendra dans les années 1980 sa « cellule de communication » – de transformer une cérémonie codifiée en événement télévisuel...
9Comme tout rituel, celui de l’installation emprunte des éléments à des traditions et des gestes symboliques hérités. C’est d’ailleurs comme « marque d’un travail de pérennisation de la société sur elle-même »9 qu’une partie des anthropologues proposent de le lire. En ce qui concerne le rituel d’installation, les gestes repris ne manquent pas. On peut notamment dénombrer : le port d’un collier qui est, depuis qu’Henri III reçut lors de son sacre celui de l’ordre du Saint-Esprit, une des marques de l’élévation monarchique ; la salve d’artillerie qui annonçait la naissance des héritiers du trône ; la musique de cour ; l’usage des cloches, attesté en 1969 en marge du rituel d’installation quand sonne le beffroi de l’hôtel de ville de Paris lors de la réception donnée en l’honneur du nouveau président ; ou bien encore le congé accordé aux enfants des écoles.
10Cette cérémonie est donc un « bricolage » qui associe des éléments hétérogènes et les actualise dans son économie propre. Elle n’en possède pas moins un certain nombre de passages obligés qui imposent que le jeu avec les formes traditionnelles – celles reprises de la IIIe République, elle-même inspirée par certains gestes symboliques des régimes précédents – s’effectue à la marge, dans l’insistance donnée à tel ou tel moment de la cérémonie ou la modification des modalités de son déroulement (par exemple le port ou la présentation du collier).
11C’est dans le type de dramatisation, le choix de la mise en récit de la cérémonie, qu’il faut d’abord chercher la différence – au demeurant patente – entre les cérémonies.
L’INSTALLATION DE RENÉ COTY : MANIFESTER LA CONTINUITÉ DE L’ÉTAT
12L’ordonnancement de l’installation du président Coty est largement dépendant des conditions dans lesquelles s’est déroulée celle de Vincent Auriol, de la façon dont celui-ci l’a vécue et du regard qu’il porte sur sa fonction.
13Le moins que l’on puisse dire est que la cérémonie qui porte Auriol à la présidence le 16 janvier 1947 – bien que radiodiffusée en direct pour la première fois – n’a pas été mûrement réfléchie, à tel point que la presse (Libération en l’occurrence) commet des erreurs majeures en en décrivant le déroulement, ce qui signifie qu’aucun service n’en avait fourni le détail ! Au demeurant l’incertitude ne concerne pas uniquement le cérémonial d’installation. Rappelons que l’on hésite encore, quelques jours avant le scrutin, pour savoir, si le premier tour passé, le président devra être élu à la majorité absolue des suffrages ou à la majorité relative...
14Comme le souligne la presse, la iiie République sert de modèle à la cérémonie qui se déroule en deux lieux distincts : d’abord, à Versailles, – avec la remise dans le bureau de la présidence du Congrès du procès-verbal de l’élection –, puis à Élysée quand le nouvel élu est fait, en fin d’après-midi, grand croix puis grand maître de l’Ordre de la Légion d’honneur et signe le procès-verbal d’installation. Pas d’unité de lieu donc, non plus que d’unité de temps... Ce n’est que le lendemain matin, du fait de l’heure tardive de la cérémonie, que le président Auriol va – première sortie officielle – sous l’Arc de triomphe, honorer le soldat inconnu.
15Même si Auriol tente de donner un peu de lustre à la cérémonie en embrassant le drapeau national10, son installation lui laisse un goût amer et présage d’un mandat où il aura fort à faire pour que ses prérogatives soient reconnues. Il se promet alors d’agir pour que l’entrée en fonction du prochain président ne se fasse plus à la sauvette : « Si j’arrive au terme de mon mandat, je ferai procéder à l’investiture du chef de l’État avec toute la solennité et l’éclat dus à l’Autorité suprême de la Nation11. » En 1954, la presse rapporte un autre propos : « Je suis entré ici comme un parvenu. Je veux que mon successeur y pénètre comme un roi. ». « Comme un roi », c’est à cette ambition que fait écho le titre du reportage des Actualités françaises, « Vive le Président ! », qui entend marquer la continuité républicaine en reprenant la phrase traditionnelle qui manifestait la permanence du souverain. « Comme un roi » mais pas tout à fait...
16Pour répondre à ce vœu et comme pour effacer l’élection difficile de Coty – élu au 13e tour après plusieurs jours de scrutin12 – le protocole de l’Élysée, qui, cette fois, a largement diffusé les modalités de la cérémonie à venir, en modifie le déroulement.
17Par rapport à 1947, les services de l’Élysée établissent une unité du temps cérémoniel qui est disjointe de celle de l’élection : l’ensemble des gestes symboliques sont accomplis le même jour et la scène élyséenne et parisienne est dissociée de celle de Versailles13. En second lieu, Auriol évite à Coty la solitude qu’il a personnellement connue. Après avoir fait prendre le nouvel élu à la porte de son domicile par le chef du gouvernement, Joseph Laniel, il l’accueille à l’entrée de la cour de l’Élysée. C’est ensemble qu’ils parcourent le tapis rouge qui mène au porche au palais, et qu’ils passent en revue le détachement de la Garde républicaine ou encore qu’ils saluent les invités – représentants des corps constitués et du corps diplomatique. Plus tard, quand le collier de grand-maître de la Légion d’honneur a été passé au cou de René Coty et que ce dernier est officiellement devenu chef de l’État, tous deux restent ceints du grand cordon. Enfin, ils ne se séparent que devant le domicile d’Auriol, après que le nouveau président a raccompagné l’ancien, à pied, au sortir de la réception à l’Hôtel de ville de Paris14.
18L’image finale de l’installation de Coty, qui le montre accueilli par sa famille à l’Élysée, y insiste : cette fois le palais présidentiel n’est plus la froide demeure dépeinte en 1947 par Auriol, elle est déjà une demeure familiale. Enfin, c’est bien une passation de pouvoirs qui est mise en scène. L’élévation du citoyen Coty à la magistrature suprême et le retour du citoyen Auriol à la vie ordinaire à Muret, sur lequel se clôt le résumé filmé des Actualités françaises, prennent valeur de fable républicaine. Ils sont soulignés par le choix de la bande sonore, qui accompagne d’une musique solennelle les cérémonies élyséennes tandis que le retour d’Auriol à la vie ordinaire, s’opère aux accents d’une mélodie bucolique et légère. Le Monde, dans sa « une » n’y est pas indifférent :
S’il est quelque chose de réconfortant c’est bien le geste de ces deux chefs de l’État s’accompagnant à pied, le long des rives de la Seine, vers un domicile sans faste, que l’un regagne, sa mission accomplie, et que l’autre quitte pour de rudes responsabilités. Témoignage d’un sentiment démocratique solidement ancré dans les mœurs15.
DE CHARLES DE GAULLE À GEORGES POMPIDOU : MAGNIFIER L’INFLEXION PRÉSIDENTIELLE DE LA Ve RÉPUBLIQUE
19L’élection de Charles de Gaulle à la présidence de la République, alors qu’une nouvelle constitution, qui modifie l’équilibre des pouvoirs en faveur du président a été massivement ratifiée, infléchit l’économie de la cérémonie. Si Charles de Gaulle renonce, en définitive, pour marquer la rupture avec la IVe République, à transférer le siège de la présidence de l’Élysée vers un lieu jugé plus prestigieux16, il veille personnellement à ce que l’entrée en fonction d’un président aux prérogatives considérablement étendues se traduise par un style nouveau17.
20Les images de la cérémonie diffusées au journal télévisé du 8 janvier 1959 montrent d’abord une imposante escorte de motocyclistes de la Garde républicaine accompagnant l’automobile du nouveau président dans laquelle a aussi pris place Georges Pompidou18. Quand celle-ci a atteint l’Élysée, Charles de Gaulle, en habit – jaquette et pantalon rayé – selon la tradition, s’avance seul, suivi à courte distance du secrétaire général de l’Élysée, du secrétaire général militaire, du chef du protocole et de Georges Pompidou, sur le tapis rouge déployé dans la cour d’honneur en saluant le détachement de la Garde républicaine qui lui rend les honneurs. Le drapeau s’abaisse à son passage mais il ne l’embrasse pas. René Coty, quant à lui, reste cantonné en haut des marches de l’escalier en attendant l’arrivée du général. Les deux hommes se retirent alors un long moment – plus de cinq minutes –, hors du regard des invités et des téléspectateurs, dans le salon des Ambassadeurs où de Gaulle reçoit les insignes et le grand cordon. Pendant ce temps, la caméra offre, en alternance avec une vue des invités qui attendent, plus ou moins cérémonieusement, l’entrée du président19, un plan fixe de la table placée au centre de la salle des fêtes sur laquelle sont déposés les deux colliers de grand maître20. Puis de Gaulle, accompagné de René Coty, pénètre dans la salle aux accents de la marche du Thésée de Lulli et les deux hommes s’immobilisent à l’avant des groupes qui forment l’assistance. La phase publique de l’installation peut commencer. Après la proclamation des résultats par le vice-président du conseil d’État, René Cassin, et les vingt et un coups de canon, le général Catroux, Grand Chancelier de l’ordre de la Légion d’honneur, passe le collier au cou du général, puis Coty et de Gaulle prononcent, comme leurs prédécesseurs, une brève allocution. Si, dans ses Mémoires, le second rend hommage à son prédécesseur qui l’a salué en disant que « le premier des Français est désormais le premier de France »21, les images traitent différemment les deux hommes : Coty, dominé par la stature du général, est, de surcroît, le plus souvent filmé de profil ou de trois-quarts tandis que le nouveau président apparaît de face – ce qui a pour effet d’accroître la majesté du personnage. La gestuelle elle-même est différente : alors que Coty appuie ses mots de grands gestes, de Gaulle se montre plus économe même si le ton, dans les deux cas, est plutôt lyrique – « il chantait » note, à propos de ce dernier, Olivier Guichard22.
21Notons, cependant, que tous deux s’adressent plus aux invités qu’à la caméra... Enfin, pour accroître l’impression de solennité, aucun applaudissement ne retentit quand cessent les discours et que le général signe le procès-verbal d’installation. Après le déjeuner, le nouveau président – revêtu de son uniforme militaire – et l’ancien se rendent ensemble à l’Arc de Triomphe. Mais sitôt les rites accomplis, le premier va à la rencontre de la foule massée derrière les barrières et se détache du second en lui lançant « Au revoir, monsieur Coty ! »23.
22L’installation du Général, ainsi mise en scène, n’est pas une passation mais un acte fondateur. Au demeurant, et pour bien montrer quel est le nouveau statut du chef de l’État, Charles de Gaulle est le premier des présidents de la République française à arborer sur la photographie officielle, dans une posture toute monarchique qui rappelle celle les peintures des rois de France en habits de sacre, le collier de grand maître de Légion d’honneur et non plus seulement le cordon et les insignes, comme il était d’usage depuis 1870.
23Une même austérité et une même solennité président à l’installation le 20 juin 1969 du second président de la Ve République, Georges Pompidou, qui respecte, à quelques détails près24, le déroulement conçu par son prédécesseur25. Son intérêt pour notre propos réside, principalement, dans la conservation du commentaire de Michel Anfrol qui présente la cérémonie26.
24Le reportage diffusé en direct débute par un plan fixe de l’Élysée filmé depuis les jardins du palais puis se poursuit par une vue de la cour d’honneur. Comme, pendant dix longues minutes, le journaliste n’a aucune action qui mette en scène le Président à commenter, le propos procède de l’initiation. Il décrypte, à l’intention des téléspectateurs néophytes, les différentes phases du rituel – « Si vous le voulez pour que vous compreniez mieux encore le déroulement de la manifestation qui aura lieu... ».
25C’est d’abord l’insistance sur la prise de possession « physique » du pouvoir, une fois le seuil de l’Élysée franchi, quitte à tordre le sens de la cérémonie, puisque, en tant que telle, l’entrée dans le palais n’a aucune valeur symbolique.
26« En quelque sorte [...] c’est au moment où Georges Pompidou montera sur la première marche [de l’escalier] que vous apercevez dans le fond de l’image [...] que physiquement, il sera président de la République » [...]. En écho, dix minutes plus tard : « Première marche, M. Pompidou, physiquement, est donc maintenant président de la République française ». (Les italiques traduisent l’insistance du commentateur. Note de l’auteur.)
27C’est ensuite l’évocation de la remise, dans le Salon des Ambassadeurs et à l’écart des regards, des insignes de grand croix qui est presque présentée comme un mystère : « Il s’agit là d’une cérémonie d’une grande intimité. »
28Par la monstration et l’explicitation de son étrangeté (habit, description du collier, symbolique du drapeau hissé quand le président entre en fonction et lorsqu’il est présent dans le palais ou incliné à son seul passage...) le rituel revêt sa dimension sacrée et c’est à la construction de cette sacralité que participe le reportage.
TRANSFORMER UN RITUEL EN ÉVÉNEMENT : L’INSTALLATION DE VALÉRY GISCARD D’ESTAING
29Troisième et dernière figure : la mise en scène du premier président non gaulliste de la Ve République qui a fait du « changement » le thème majeur de sa campagne.
30Dans la foulée d’une campagne électorale d’un style nouveau27, la cérémonie d’installation du 27 juin 1974 doit donner le ton et illustrer les premières paroles que prononce le nouveau président de la République lors de la cérémonie : « De ce jour, date une ère nouvelle de la politique française28. » Les étapes du rituel étant, par définition, imposées, c’est la façon de les effectuer qui est, à nouveau, infléchie par l’équipe présidentielle : cette dernière utilise toutes les marges possibles pour prouver que le changement est bien au rendez-vous en rompant délibérément avec la solennité gaullienne29.
31L’intention du Président est claire. Il s’en explique en 1988, omettant de faire référence aux entrées en fonction des deux premiers présidents de la ve République.
En France, sous la IVe République, l’entrée en fonction d’un président était un événement secondaire, peu ou mal vécu. Je me souvenais avoir assisté, par curiosité, à l’arrivée à l’Étoile du président Vincent Auriol : les trottoirs des Champs-Élysées quasi déserts, la chaussée débarrassée des autos par la police, et le président de la République, dans une voiture découverte d’un vieux modèle, debout, en habit, adressant des saluts à une foule absente. Je ne voulais pas recommencer cela30.
32Pour manifester la rupture avec le decorum hérité, Giscard d’Estaing arrive au volant de sa voiture près du théâtre Marigny. Puis il se rend à pied jusqu’à l’Élysée – interpellé, sous le regard des caméras, par sa fille restée parmi ses jeunes supporters31. Il porte le costume et non l’habit. Dans la cour de l’Élysée retentit le Chant du départ au lieu du traditionnel Aux Champs ! Lors de la prise officielle de fonction, il se fait présenter le collier de grand maître qu’il ne passe pas à son cou, pas plus qu’il ne ceint le grand cordon.
33L’assistance elle-même est renouvelée puisque des enfants des écoles assistent aussi à son installation. Au lieu de la traditionnelle Garde républicaine, ce sont des appelés du 2e régiment de Dragons, dans lequel il a servi en 1944-1945, qui lui rendent les honneurs. C’est encore à pied qu’il remonte les Champs-Élysées pour rendre hommage au soldat inconnu. Enfin, il pose pour la photographie officielle en costume sur fond de drapeau tricolore sans porter aucun attribut symbolique.
34Ces modifications du rituel sont l’objet de toute l’attention des services de communication présidentiels qui martèlent le message auquel la presse fait, évidemment, grand écho puisqu’il y a, enfin, quelque chose de nouveau à dire sur la cérémonie. Giscard lui-même s’en explique. Il s’agit, selon lui, d’une véritable actualisation d’un rituel daté et qui serait donc en décalage avec les sensibilités contemporaines. « À quoi vise le changement de style ? Il vise d’abord, si je puis dire, dans une certaine mesure à dépoussiérer la République. [...] [Il faut que] les institutions représentatives de la démocratie soient, à l’image de leur époque, très naturelles et très directes [...]. Donc, le style doit être simple, doit être direct32. »
35C’est le message que, pendant la cérémonie, il délivre à Léon Zitrone qui l’interroge alors qu’il chemine vers l’Élysée.
- Léon Zitrone : « Il fait beau temps M. le président. Cela s’annonce bien pour votre septennat. »
- Valéry Giscard d’Estaing : « Le temps est superbe. La foule est gaie et sympathique. »
- Léon Zitrone : « Quelle signification donnez-vous M. le Président à votre marche à pied ? »
- Valéry Giscard d’Estaing : « La simplicité ».
36Valéry Giscard d’Estaing commente, par la suite et à de nombreuses reprises, les premiers instants de son septennat :
Au moment où j’ai été élu, le cérémonial républicain était d’une rigidité effrayante. Pensez que le président de la République se présentait en habit, c’est-à-dire avec un gilet empesé blanc, une queue-de-pie et le grand collier de la Légion d’honneur ! J’ai décidé de mettre fin à ce cérémonial, et je suis arrivé en veston, mais convenable. Contrairement à mes prédécesseurs qui se rendaient à l’Étoile en automobile, je suis arrivé à l’Élysée à pied, et j’ai remonté toute l’avenue Marigny à pied. Et quand je suis allé à l’Étoile pour déposer une gerbe, j’ai fait arrêter la voiture au niveau de l’avenue Georges-V pour parcourir le reste de l’avenue des Champs-Élysées à nouveau à pied. La foule était enchantée, et elle s’est dit : « Enfin quelqu’un qui a un comportement de notre époque33 ! »
37En somme il s’agit, après avoir formulé le diagnostic d’un retard de la classe politique – l’une des causes de 1968 selon Valéry Giscard d’Estaing – de montrer que le Président est effectivement contemporain de son époque et donc proche des Français...
38L’accueil est contrasté. Il est parfois goguenard à gauche « Et s’il pleut ? verra-t-on le Président remonter les Champs-Élysées sous un parapluie ». Il est, souvent, indigné dans la presse conservatrice. Paul Bereziat, dans La Lettre de la Nation écrit que de Gaulle « tout en pratiquant une extrême simplicité dans sa vie privée, [...] s’imposait un rituel marquant la solennité de son personnage public. M. Giscard d’Estaing veut dépouiller le rituel. Mais est-il sûr que la laïcisation des prêtres ait si bien réussi à l’Église dans ce pays qui confond volontiers le respect et ses marques extérieures ? » De son côté, Le Parisien Libéré reproche au nouveau Président « d’appauvrir les traditions » et de « diminuer ses fonctions34 ».
39La réélaboration de la cérémonie impose à la télévision de s’adapter. Certes, cette adaptation est facilitée par le fait que le dispositif giscardien intègre dans sa conception la retransmission télévisée, même si Valéry Giscard d’Estaing, comme après lui François Mitterrand, demeure sensible à la présence physique du public35...
40Le commentaire, s’il renonce à toute ambition didactique – le secret des coutumes et du rituel n’est plus du tout central dans le propos des journalistes – balance entre un discours pontifiant qui serait celui de la solennité et le reportage sportif :
41Début du reportage – tandis que la caméra placée sur le sommet de l’Arc de Triomphe montre des images panoramiques de la capitale :
Paris a pris son air des beaux jours. Le ciel lavé par les pluies la nuit dernière a relevé son rideau de nuages pour que du haut de l’Arc de Triomphe nous découvrions une nouvelle fois ce spectacle d’où émergent comme autant de symboles, les clochers, l’Arc de Triomphe, le Sacré-Cœur et tout ce qui permet de reconnaître Paris et pour terminer, la voie triomphale, celle des jours exceptionnels, l’avenue des Champs-Élysées, celle que remontera tout à l’heure le nouveau président de la République jusqu’à la place Charles de Gaulle pour rendre l’hommage traditionnel au soldat inconnu.
42Puis intervient une rupture de ton qui rapproche la retransmission de la cérémonie du reportage sportif : « Mais c’est lui ! C’est lui que nous voyons maintenant... Léon Zitrone le pouvez-vous voir ?... »
43Plus tard, alors que la cérémonie se déroule dans la salle des fêtes, le commentaire se fait plus intimiste : « Voici M. Giscard d’Estaing, son sourire, me semble-t-il, ne cache pas une certaine émotion. » (autre commentateur)
44Quelle est la part propre de la télévision36 dans les mutations du cérémonial d’installation des présidents de la République ?
45La retransmission télévisée en direct, puis le passage en boucle lors des résumés, appellent l’événement, la production d’une image symbolique... Le point d’orgue – provisoire – est atteint en 1981 par François Mitterrand quand il se rend – en marge du rituel – au Panthéon. Faute de pouvoir réitérer, après Valéry Giscard d’Estaing et Mitterrand, un geste aussi spectaculaire, l’événement qui marque l’installation de Jacques Chirac est entièrement d’ordre audiovisuel : c’est la prouesse technique qui permet de suivre le couple présidentiel dans Paris depuis des motos portant caméraman et journaliste37 !
46Poursuivre cette comparaison peut être utile. En effet, l’installation de 1995 marque une rupture d’un autre ordre. De 1954 à 1974, on assiste autant à l’adaptation progressive des services de l’Élysée à la retransmission de la cérémonie qu’à la recherche par la télévision des modalités de sa diffusion – par exemple en ayant recours à des caméras mobiles le long du parcours – ou à celle du ton approprié. La retransmission de l’installation de Jacques Chirac en 1995 est une nouvelle étape38. Comme pour d’autres cérémonies officielles, à l’exemple des panthéonisations, un plateau d’invités la commente et en explique le sens, ce qui évite aux journalistes de tenir ce rôle et d’apparaître, eux-mêmes, comme des officiants. Dans les temps (télé-visuellement) morts, des reportages se succèdent qui évoquent les précédentes installations ou l’itinéraire de l’élu... Comme si, à la suite de Valéry Giscard d’Estaing, la télévision elle-même était à la recherche d’une certaine simplicité pour « coller » à son public et rester audible quitte à recomposer, dans son langage propre, la cérémonie.
47La télévision est l’expression de son temps autant qu’elle en forge l’image. Pour ma part, je serais tenté de privilégier dans l’évolution qui vient d’être retracée les dynamiques internes au politique et à sa mise en forme, même si celles-ci bien sûr ne sont pas sans rapport avec l’inflation contemporaine des images et le rythme auquel elles se succèdent.
48De Vincent Auriol à Valéry Giscard d’Estaing la définition de la « simplicité » qu’est tenu de revêtir le rituel d’installation a changé... Depuis 1974 la simplicité, n’est plus seulement renoncement à des fastes inappropriés, elle s’apparente à la notion de « proximité », d’où l’impératif en forme d’oxymore qui n’a cessé de s’imposer depuis lors : celui de « cérémonie informelle39 ». En même temps, et pour compliquer le problème, le changement paraît aussi impossible que le maintien en l’état du dispositif. Depuis Valéry Giscard d’Estaing plus aucun président n’a posé en habit, ceint du grand cordon et porteur du collier de l’ordre de la Légion d’honneur. Pourtant, c’est toujours cette image qui paraît la plus représentative du chef de l’État à tel point que c’est ainsi que François Mitterrand puis Jacques Chirac ont été croqués par Plantu et que la marionnette des Guignols de l’info continue de représenter le président, comme les aspirants à la fonction, prouvant, qu’en définitive, un rituel est plus flexible qu’une représentation symbolique sédimentée de longue date.
Notes de bas de page
1 L’inflexion présidentielle des institutions (1958) intervient après la prise en compte effective de la télévision par les hommes politiques. L’interview donnée par Joseph Laniel, nouveau président du Conseil le 12 juillet 1953 d’une part, et la retransmission en direct la même année du couronnement de reine d’Angleterre qui inaugure « la télévision cérémonielle » d’autre part, constituent des dates charnières dans l’histoire de la télévision française. Cf. Marie-Françoise Lévy (dir.), La Télévision dans la République. Les années 50, Bruxelles, Complexe, Coll. « Histoire du temps présent », 1999 et sur le couronnement d’Elisabeth II, du même auteur, l’article qui lui est consacré in Jean-Noël Jeanneney (dir.), L’Echo du siècle. Dictionnaire de la radio et de la télévision, Paris, Hachette/Arte/La Cinquième, 1999, p. 62-63.
2 Catégorie proposée par Daniel Dayan et Elihu Katz, La Télévision cérémonielle, Paris, PUF, 1996.
3 Deux dessins, parus côte à côte dans L’Aurore le 17 janvier 1947, illustrent ce processus d’incarnation. Le premier montre une Marianne enfant, qui tient dans sa main un ballon flottant au vent et passe devant une haie de policiers, tandis qu’une flèche indique la direction du Congrès. Le second reprend les mêmes éléments mais, de retour de Versailles, le ballon est devenu visage : celui de Vincent Auriol.
4 Cf. Denis Fleurdorge, Les Rituels du président de la République, Paris, PUF, 2001. « [En 1895] Félix Faure présenta à son Conseil des ministres [...] un projet d’uniforme présidentiel : uniforme de satin bleu paré de feuilles de chêne et de fleurs de Narcisse brodées de fil d’or, dont chaque revers était orné d’un faisceau de licteur, chapeau bicorne avec plumes, et épée à fusée et pommeau de nacre. » L’auteur précise qu’« accueillie avec une certaine hilarité, l’idée fut abandonnée » mais souligne qu’elle répondait à la nécessité politique de trouver un protocole et une tenue qui permettent au Président de rivaliser avec les fastes monarchiques, p. 113-114.
5 Ainsi Combat le 9 janvier 1959 titre en page 3 : « "Fastes" républicains à l’Élysée ».
6 Daniel Dayan et Elihu Katz, op. cit., p. 84.
7 Qui s’est progressivement imposé, depuis qu’il a assuré la couverture du mariage de Fabiola et de Baudouin en décembre 1960, comme le commentateur par excellence des cérémonies solennelles. Cf. Daniel Dayan et Elihu Katz, op. cit., p. 83, l’article d’Isabelle Veyrat-Masson in Jean-Noël Jeanneney (dir.), op. cit., p. 334-335 et la chronique nécrologique parue dans Le Monde le 28 novembre 1995.
8 Cf. Daniel Dayan et Elihu Katz, op. cit., p. 39-40. Au risque parfois d’être redondant... Ainsi, en fin de retransmission de l’installation de Valéry Giscard D’Estaing, le commentateur laisse échapper : « Vous savez bien sûr, puisqu’on vous l’a énormément répété »... simple prétérition qui lui permet, effectivement, d’insister à nouveau sur la simplicité voulue et revendiquée de la cérémonie.
9 Marc Abélès, « Mises en scène et rituels politiques. Une approche critique », Hermès, no 8-9, 1990, p. 254. Daniel Dayan et Elihu Katz proposent, au reste, « le passé » comme « orientation temporelle » des rituels de couronnement par opposition aux événements télévisuels mettant en scène la confrontation (présent) ou la conquête (futur). La télévision cérémonielle, op. cit., p. 42-43.
10 « Un geste symbolique : j’embrasse le drapeau français » qu’il met en parallèle avec le « geste officiel » de la remise du collier. Vincent Auriol, Journal du septennat, version intégrale établie, introduite et annotée par Pierre Nora, tome 1, Paris, Colin, 1970, 3-10 janvier 1947, p. 19.
11 Ibid., p. 20.
12 Celui-ci dure du 17 au 23 décembre 1953. Le spectacle des hésitations du Congrès est si embarrassant que la retransmission télévisée de l’élection est suspendue le 22 décembre. Cf. Évelyne Cohen, « Télévision, pouvoir, citoyenneté » in Marie-Françoise Lévy (dir.), op. cit., p. 35-36.
13 Le reportage présenté au journal télévisé le jour même a été reproduit in Marie-Françoise Lévy et Monique Ageron (dir.), Voir et savoir. Images du temps présent à la télévision (1949-1964), cassette 2, INA, 1997, il dure 22’45 et s’achève avec l’envol d’Auriol et de son épouse de l’aéroport de Villacoublay où il a été accompagné par le nouveau couple présidentiel. Un autre reportage, diffusé dans les salles de cinéma, par les Actualités françaises est disponible à l’INA. Contrairement au premier, dont le commentaire assuré par Claude Darget, Jacques Donot, Jacques Perrot et Jean-Marie Coldefy, a été perdu, ce dernier est sonorisé.
14 Depuis 1913 une cérémonie est organisée à l’Hôtel de ville de Paris en l’honneur du nouveau président.
15 Le Monde, 17-18 janvier 1954, p. 1.
16 Jean Lacouture, De Gaulle, tome 3, Le Souverain, Paris, Seuil, 1985, p. 12-13. Pour résumer la pensée de Gaulle et de ses proches collaborateurs, Lacouture qualifie l’Élysée de « résidence à la Fallières ».
17 D’après Pierre Viansson-Ponté qui indique que de Gaulle avait voulu que la cérémonie soit « solennelle et [qu’il en] avait réglé le cérémonial dans les moindres détails », Histoire de la République gaullienne, tome 1. La fin d’une époque, 1958-1962, Paris, Fayard, 1970, p. 136 cité par le livret d’accompagnement de la cassette 15 de Marie-Françoise Lévy (dir.), Voir et savoir..., op. cit., note 14.
18 La séquence montre aussi la camionnette de l’ORTF qui suit le cortège avec un caméraman posté sur son toit. Journal télévisé « rétrospective de la journée » (30’40) reproduit in Marie-Françoise Lévy (dir.) Voir et savoir..., op. cit., cassette 15.
19 « Un « habitué » qui avait assisté à l’intronisation du général de Gaulle en 1959 faisait remarquer que ce jour-là le silence s’était fait près de trois quarts d’heure avant l’arrivée du chef de l’État, chacun étant alors aligné « comme à la revue », L’Aurore, 21-22 juin 1969, p. 4. Toutefois les images laissent entrevoir des échanges de propos et certains invités consultant leur montre.
20 Le collier comportant seize médaillons (référence aux seize cohortes primitives de la légion d’honneur) au verso desquels est gravé le nom du président, un nouveau collier a été fabriqué pour l’installation de Vincent Auriol, 15e président de la République française.
21 « Le président Coty m’accueille avec des gestes dignes et émouvants », Mémoires, Paris, Gallimard, Coll. « La Pléiade », 2000, p. 909.
22 Cité par Jean Lacouture, De Gaulle..., op. cit., tome 2, Le Politique, p. 687. Le Monde quant à lui note : « M. René Coty laisse deviner, derrière la lenteur de son débit, une émotion, alors que le général de Gaulle surmonte rapidement la sienne pour atteindre la ferme assurance de ton qui lui est habituelle », 9 janvier 1959, p. 2.
23 Jean Lacouture, De Gaulle..., op. cit., tome 2, Le politique, p. 687.
24 « La marche des mousquetaires du Roi » de Lulli – qui devient, dans le commentaire, celle des trois mousquetaires – remplace en 1969 la marche de Thésée et lors de la sortie de Pompidou retentit la « Marche triomphale » du même compositeur.
25 De Gaulle ayant démissionné après l’échec du référendum du 27 avril 1969, c’est Alain Poher, président par intérim, qui accueille Georges Pompidou en haut des marches de l’Élysée.
26 Deux reportages sont disponibles à l’INA. L’un a été diffusé en direct (40’) l’autre est un résumé diffusé au « 20 h » (15’35).
27 Voir le film de Raymond Depardon, 1974, une partie de campagne, Arte video, 2002, 87’.
28 Cf. Patrick Garcia, « Valéry Giscard d’Estaing, la modernité et l’histoire », in Claire Andrieu, Marie-Claire Lavabre et Danielle Tartakowsky (dir.), Politiques du passé. Usages politiques du passé dans la France contemporaine, Aixen-Provence, Presses universitaires de Provence, 2006, p. 119-132.
29 La retransmission en direct de la cérémonie d’installation de Valéry Giscard d’Estaing est précédée d’un reportage de 25’ qui rappelle la campagne, la mobilisation de ses partisans et l’accueil des résultats à Chamalières. La retransmission elle-même dure 40’. (INA).
30 Valéry Giscard d’Estaing, Le pouvoir et la vie, Paris, Compagnie 12, tome 1, 1988, p. 76-77. Ce que ne relate nullement la presse de l’époque.
31 Valéry Giscard d’Estaing commente cette scène aussi bien dans ses Entretiens avec Agathe Fourgnaud (Agathe Fourgnaud, Entretiens avec Valéry Giscard d’Estaing, Paris, Flammarion, 2001, p. 158) que dans Le pouvoir et la vie..., op. cit., p. 70.
32 Le Monde, 27 juillet 1974, p. 2.
33 Agathe Fourgnaud, Entretiens avec Valéry Giscard d’Estaing..., op. cit., p. 115-116.
34 Articles cités dans la revue de presse du Monde, 25 mai 1974.
35 « C’était comme un décor de fête. Il y avait tout un public venu spontanément... » Agathe Fourgnaud, op. cit., p. 158.
36 J’envisage ici la télévision dans son ensemble comme média d’autant plus que, durant la période étudiée, il y a un monopole du service public. Au-delà de celle-ci, il conviendrait aussi de prendre en considération la concurrence entre les chaînes pour rendre compte des grands événements publics et les gains escomptés pour l’image de la chaîne.
37 Lire la chronique de Daniel Schneidermann, Le Monde, 14 mai 1995.
38 Élysée 95 diffusée sur Antenne 2.
39 Voir par exemple l’évolution des cérémonies de transfert au Panthéon. Cf. Patrick Garcia, « Les panthéonisations sous la Ve République : redécouverte et métamorphoses d’un rituel », in Maryline Crivello et Jean-Luc Bonniol (dir.), Façonner le passé, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2004, p. 101-118.
Auteur
Maître de conférences en histoire à l’IUFM de Versailles, chercheur associé à l’IHTP. Principaux ouvrages : Le Bicentenaire de la Révolution française. Pratiques sociales d’une commémoration, Paris, CNRS-éditions, 2000, en coll. avec Christian Delacroix et François Dosse, Les courants historiques en France xixe-xxe siècles, Paris, A. Colin, (1re édition 1999) et en coll. avec Jean Leduc, L’enseignement de l’histoire en France de l’Ancien Régime à nos jours, Paris, A. Colin, 2003. Il se consacre actuellement à l’étude des usages politiques du passé dans la France contemporaine.
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