Télévision, publics, citoyenneté
1950-1974
p. 91-111
Texte intégral
1Les trois termes de cet article, « télévision », « publics », « citoyenneté » appellent une mise au point sur leur sens. Ils désignent une nouvelle technique de communication et son développement, la définition des missions et usages, leurs mises en œuvre et leurs régulations. Ils recouvrent l’histoire de cette nouvelle technique – née dans les années trente – qui permet la transmission d’images à distance sur un écran (appelé téléviseur ou récepteur) sur le lieu même de résidence, qu’il soit collectif et public ou domestique et privé. Ces images résultent des possibilités qu’offre cette technique : la diffusion quotidienne en temps réel d’informations et de spectacles. La télévision, en ce sens, prend corps et a partie liée avec le réel, avec l’actualité et avec le temps court ; elle s’inscrit, dans sa réception, dans le temps de la vie : au jour le jour. Ces informations et spectacles sont autant de fois dupliqués et vus qu’il existe de récepteurs, ces appareils vendus, timidement certes, dès le début des années cinquante. Elle permet de découvrir – là où l’on est – ce qui se passe ailleurs : elle élargit de façon « révolutionnaire », disent les contemporains, le champ de vision offert à l’homme. Elle est lucarne sur la France puis sur le monde. « La télévision tout en s’accordant très utilement aux loisirs découvre un monde nouveau et fait voyager dans l’espace l’homme le plus sédentaire »1. Ces images venues d’ailleurs, « ces multiples expressions de la vie »2 reçues à domicile ont pour vocation d’être regardées : Par qui ? Comment ? Pourquoi ?
2Ces trois questions renvoient aux interrogations et réponses qui parcourent les débats sur la construction culturelle et politique de la télévision aux lendemains de la guerre. Responsables et professionnels (ingénieurs, techniciens, réalisateurs) – ces artisans de la télévision – posent les principes de son ancrage dans la République et les associations, religieuses, familiales et culturelles, font entendre leurs attentes à l’égard de cet outil au service de projets et d’idées distincts. Cet ample débat accompagne le lancement puis l’essor de la télévision. Il caractérise les fondements de la télévision en France et pèse sur son statut, ses programmes, les relations au public qui s’édifient conjointement : un public pensé comme citoyen. « On ne naît pas citoyen : on le devient. On le devient à mesure que l’on s’initie aux problèmes de la cité, que l’on prend sa part des tâches en même temps que des privilèges. Comment devenir citoyen de la télévision française3 ? »
3Comment la télévision – l’institution, ses représentants et ses programmes – va-t-elle prendre en considération et associer ceux-là même qui sont investis des devoirs et responsabilités du citoyen et comment, en retour, va-t-elle inciter le citoyen à la prise en compte du bien public ? Cette réflexion s’impose dès lors que la transmission d’images se mue en ambition de les donner à voir au plus grand nombre et que cette ambition trouve sa traduction dans la fabrication et la vente de téléviseurs : favorisant le développement d’un marché dont les enjeux industriels et financiers ne sauraient être sous-estimés.
4Comment vont donc cohabiter et se transformer sur vingt ans ces relations et liens entre ces différents pôles : technique et commercial, civique et politique, culturel et ludique ? En quoi ces mutations, tensions et affrontements nous renseignent-ils sur l’histoire culturelle du temps présent et concourent-ils à l’éclairer ?
LES FORMES D’APPRENTISSAGE DE LA TÉLÉVISION (1948-1959)
5Aux lendemains de la guerre, la télévision sort des studios. Techniquement, elle peut capter et diffuser des images d’extérieur – transmises par l’émetteur de la Tour Eiffel. Ainsi s’ouvre l’ère du direct et des événements qui la font connaître. La retransmission, le 24 décembre 1948, de la célébration de la messe de minuit à Notre-Dame, en est le moment initial. Il consacre, par ailleurs, la prise de conscience en France par le clergé du développement de la télévision. Le cardinal Suhard déclare alors : « Cette invention géniale vient à son heure dans le salut du monde. » L’Église, par la personne du révérend père Pichard, conseiller ecclésiastique à la télévision, entend à la fois faire représenter le public catholique auprès des instances dirigeantes de la TV et favoriser l’extension de la télévision et de ses programmes. Il voit en ce moyen de communication un instrument de culture d’une part, et de diffusion du message religieux au cours d’émissions programmées régulièrement le dimanche, dès le 9 octobre 1949 et produites par les Productions du Parvis.
6Le révérend père Pichard apporte son soutien au développement de la télévision. En 1949, il lance l’idée de télé-clubs catholiques, projet qui se concrétise trois ans plus tard, alors même que les télé-clubs ruraux créés de façon pionnière par les Mouvements d’éducation populaire dans l’Aisne, en 1950, pris en charge, à partir de 1952, par la Ligue de l’enseignement, se multiplient.
7À partir de 1955, la Confédération nationale de la famille rurale, vaste organisation membre de l’UNAF (Union nationale des associations familiales), qui regroupe 90 000 familles en 7 000 associations, s’associe elle aussi au développement des télé-clubs afin d’éduquer les familles à la réception et à l’usage de la télévision.
8Les approches et les objectifs de ces trois courants sont à la fois complémentaires et rigoureusement distincts : les télé-clubs catholiques doivent contribuer à « détruire les contre-vérités qui circulent sur la télévision », « aiguiser l’esprit critique », développer « une plus grande liberté d’expression », préfigurer ce que sera à court terme la réception de la télévision en famille. Le révérend père Pichard anticipe en 1952 ce basculement de la réception collective de la télévision vers l’écoute familiale quand il écrit : « La famille est un télé-club naturel4. »
9Les Mouvements d’éducation populaire voient en la télévision un moyen de réaliser ce que la Constitution du 27 octobre 1946 proclame : « l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle, à la culture ». La conception de la culture de ces Mouvements (Peuple et Culture notamment) réside dans la redistribution de savoirs et de connaissances mis en débat d’où résulte l’élaboration d’« une culture commune à tout un peuple ».
10Le télé-club est un lieu d’échanges et de discussion animé par les instituteurs ruraux qui pour accomplir leur tâche créent le premier journal hebdomadaire spécialisé, La semaine de télévision, qui présente les programmes. Les soirées de télévision sont organisées dans les écoles de village, équipées d’un téléviseur acheté collectivement par les habitants des communes. Cette étape contribue à l’implantation de la télévision dans les campagnes et à l’œuvre éducative déployée par les instituteurs et animateurs de Peuple et Culture s’appropriant la télévision comme outil culturel. Mais l’ambition réside également dans la réalisation de programmes de télévision dans lesquels les villageois – dont la plupart sont agriculteurs – feraient connaître leur région, leur lieu de vie, leur métier et ses difficultés. Le projet prend corps en 19525. En 1954, grâce au soutien de l’UNESCO, il se renouvelle avec l’engagement de la RTF intéressée par l’enquête menée par Joffre Dumazedier, sociologue et président de Peuple et Culture : l’enquête porte sur les programmes de télévision d’une part, et la réception régionale de cet ensemble de quatorze émissions, d’autre part, intitulé : État d’urgence6.
11À des titres forts différents, ces associations investissent la télévision. Elles élaborent une réflexion approfondie sur ses usages et mettent en pratique une formation de leurs animateurs et de leurs membres constitués en publics. Peuvent-elles pour autant sommer, en quelque sorte, les responsables de cet outil de satisfaire leurs aspirations, exigences et demandes ? Quelles réponses sont ainsi apportées ?
12La télévision est devenue, en 1949, un service de la Radiodiffusion et Télévision française (RFT), organisme public sans statut mais monopole d’État rattaché à la présidence du Conseil. C’est en 1952 que Jean d’Arcy, conseiller technique, en 1948-1949, au cabinet du secrétaire d’État à la présidence du Conseil chargé de l’Information, François Mitterrand, est nommé directeur des programmes de la télévision. Il déploie en de nombreuses circonstances, discours devant le Comité de télévision et Conseils de programmes, conférences en France et à l’étranger, les caractéristiques et principes de la télévision : sa mission.
13« Distraire, informer, instruire, procurer l’oubli, le rêve ou le rire, en même temps que le plus rapide renseignement et le plus objectif des enseignements, tels sont les buts à travers le monde de toutes les organisations de radiodiffusion et de télévision », explique d’Arcy lors d’une conférence à l’École de guerre7. Lors d’un stage international de réalisateurs, en octobre 1957, il déploie sa réflexion :
Je terminerai [déclare-t-il] en m’efforçant de vous dire comment nous concevons notre mission à la télévision.
Nous considérons que c’est un service public mais, dans ce mot « service public » je voudrais que vous reteniez essentiellement le mot servir [...] Pourquoi sommes-nous un service ? Parce que les besoins que nous avons à satisfaire sont les besoins fondamentaux des hommes [...] Nos civilisations, jusqu’à maintenant leur ont donné le goût des nourritures spirituelles à l’école et, à l’âge de 13 ou 14 ans, dans beaucoup de pays, les enfants quittent l’école et n’ont plus rien pour se nourrir intellectuellement, sinon quelques journaux, quelques films. Grâce à la télévision qui apporte un spectacle complet, maintenant à domicile, nous pouvons apporter la satisfaction de ces besoins intellectuels et spirituels, qui ne sont plus réservés ainsi aux classes riches, aux classes aisées, comme c’était le cas jusqu’à maintenant. C’est en cela que nous sommes un service, et un service public8.
14Se référant à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, il réaffirme ces droits « absolus » : « droit à l’information, droit à l’éducation, droit à la culture ». À ce titre, la télévision offre une possibilité d’enrichissement et d’exercice du jugement car elle est un « merveilleux instrument d’examen de la personnalité ». Ce caractère de vérité, d’authenticité, explique que le registre propre à la télévision soit celui du réalisme et non celui de l’imagination. Par ces caractéristiques, la télévision qui s’implante sur le territoire national, constitue un « instrument d’homogénéité extraordinaire ». Elle permet de rapprocher des hommes et se constitue dans les années cinquante comme outil culturel et démocratique au service de l’unité nationale.
15En 1954, 125 088 récepteurs sont recensés en France, répartis sur un territoire qui s’équipe avec lenteur en émetteurs, après Paris, c’est au tour de Lille, Strasbourg, Marseille, Lyon... Une accélération du développement de la télévision est désormais à l’ordre du jour. La retransmission en direct du couronnement de la reine d’Angleterre, le 2 juin 1953, constitue, d’une part, les fondements de l’Eurovision – c’est-à-dire le maillage des télévisions en Europe – et d’autre part, l’événement qui, en France, mobilise les pouvoirs publics. En juillet 1953, Émile Hugues, secrétaire d’État à l’Information, présente un plan d’équipement quinquennal (1954-1959) pour la radio et la télévision. La loi est votée, le 31 décembre 1953.
16Du côté des programmes, la mise en pratique des missions de cet instrument conçu comme distributeur de biens, au service de la réconciliation et de l’harmonisation de l’homme et du citoyen, s’incarne dans l’exploration en direct d’univers jusqu’alors inconnus du plus grand nombre. « Cette démarche peut prendre diverses allures : de la flânerie touristique à la découverte d’environnements inédits, de la visite guidée des hauts lieux du patrimoine national à l’accès public à des "domaines réservés" », précise Jocelyne Arquembourg-Moreau, qui observe également « la primauté accordée à l’ancrage national » selon trois axes : le pays, la République, la Nation9. Conjointement, s’expérimentent les premières enquêtes : observations de milieux, modes de vie et métiers. Ainsi se réalisent les premiers documentaires sur les campagnes visant à rapprocher urbains et ruraux, mais aussi à faire connaître et partager les transformations de l’agriculture, à faire entendre le témoignage des familles rurales confrontées à la modernisation, à l’exode des jeunes, à l’avenir des entreprises, aux rôles des femmes10. Là prend corps un genre affirmant le « caractère de vérité, d’authenticité et de vérité » de la télévision qui permet aux spectateurs de disposer d’un « merveilleux instrument d’examen de la personnalité, d’un microscope d’analyse, d’un scalpel de vérité mettant à nu sa conscience11 ». André Bazin, attribue, pour sa part, une portée morale et un pouvoir à cet outil capable de scruter les visages et les comportements : « Les rois et les bergers, les génies et les esprits simples, écrit-il, sont égaux devant la télévision de la même façon que nous le sommes tous devant la mort. C’est que la caméra de TV est un extraordinaire révélateur humain12. » Et sur ces premiers documentaires, il exprime la force d’une expérience personnelle : « L’une des émissions les plus révélatrices, écrit-il, était de ce point de vue celle de Roger Louis sur la situation rurale. On y voyait chaque fois d’authentiques paysans venir discuter de leurs problèmes professionnels. Ce n’est pas un métier qui a la réputation d’apprendre l’aisance verbale ; or ces gens parlaient toujours sans hésiter avec une certaine autorité fascinante. Tout à fait en dehors des questions économiques évoquées, cette discussion constituait en tout cas un étonnant document humain »13.
17Au tournant de la fin des années cinquante, la télévision ancrée dans le paysage culturel et politique français, s’est érigée, nourrie d’un humanisme républicain. Comprise par les contemporains comme un instrument et un phénomène modifiant les perceptions de l’espace et de la temporalité, la télévision moins énigmatique certes, demeure néanmoins, en cette période charnière, une source d’interrogations. Alors même qu’elle pénètre dans les foyers et qu’il s’agit désormais de s’adresser également à l’individu – chacun d’entre eux concourant, selon Jean d’Arcy, à la « construction d’une conscience sociale » – s’opère un déplacement et une reformulation des questions, des craintes et des attentes.
UN HÉRITAGE CULTUREL RÉAJUSTÉ (1959-1965)
À ceux qui en doutent encore, on ne peut que conseiller de visiter la région du nord de la France, qui fut la première province française à recevoir des images télévisées. Hier encore, dans ces immenses plaines, une fumée s’échappant de la cheminée d’une maison à la campagne était le symbole du foyer, de la vie. Aujourd’hui, on ne regarde plus les cheminées ou les fumées, on cherche des yeux les antennes de télévision. Il y en a partout, dominant les toits des quartiers résidentiels de Douai, Valenciennes, Cambrai, comme au-dessus des baraquements délabrés aux alentours de Dunkerque ou de Maubeuge. On les appelle les « râteaux ». L’image est juste, car ces milliers d’antennes ratissent véritablement le ciel pour ramener dans leurs dents ces images qui n’arrivent plus à satisfaire la curiosité d’une foule de plus en plus avide14.
18La télévision figure non seulement un univers inédit de représentations mais elle imprime également d’autres marques qui modifient les paysages et les repères symboliques du foyer. Le cœur de la maison, son intérieur, son centre où se rassemblent ses occupants est désormais l’écran sur lequel s’inscrivent les images et les programmes. Cette percée de la télévision dans les foyers sème un trouble d’autant plus prégnant que persiste une inconnue formulée notamment en ces termes par Gilbert Cohen-Séat : « Mais encore une fois nous ne savons rien de précis quant à la portée humaine de cette révolution ». Dans cet article, publié en 1961, « Incertitudes de la télévision dans le monde moderne », l’auteur déploie en toute clarté ce qui se construit alors comme la « question des effets de la télévision » : « La psychologie sociale et l’anthropologie contemporaines, écrit-il, nous préparent à accepter l’idée d’une mutation de la nature de l’homme sous l’influence immédiate d’une mutation de ses conditions d’information15. » Il conclut son propos en suggérant l’éventuelle nécessité d’une régulation des effets : « Parce que la mutation en cours met en question l’homme lui-même et parce que le problème de son équilibre normal se trouve dès lors posé, il ne s’agit plus seulement de jeter le regard émouvant d’Hamlet sur une forme de civilisation mourante. Il ne suffit plus de jongler avec des idées. Il est devenu urgent de faire avancer les choses par une attentive prise de conscience, et d’intervenir au besoin dans le processus par lequel l’homme contemporain se transforme »16.
19Ce texte expose les différents paramètres qui président à la construction de discours sur la télévision à l’orée des années soixante : celui de l’édification de normes de représentations et de réception visant à protéger de l’influence de la télévision. Or ce qui suscite l’inquiétude et nourrit la peur est plus précisément encore l’ignorance des conséquences concrètes, identifiables et mesurables de ces « effets ». Les craintes sont encore exacerbées dès lors que la télévision est reçue dans l’intimité du foyer, en famille.
20La conception de la télévision agissant par la culture (accès aux grandes œuvres, enquête sur la vie quotidienne des Français, mise en contact avec les arts – peinture, musique, littérature, cinéma) afin d’entretenir ou de renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté politique unie – « le système nerveux de la collectivité nationale »17 – perdure et se modifie à l’aube de la Ve République dans un contexte de changement politique, d’essor spectaculaire de la télévision et de son implantation domestique. La question de l’ordre public et de l’ordre familial sous-tend le regard porté sur la télévision, ses programmes et ses publics et le transforme dans cette période où, en 1961, 50 % de la population française peut recevoir la télévision : 1 901 946 postes sont alors recensés. En 1963, 27 % des ménages possèdent un téléviseur. Le taux d’équipement des ménages atteint 40 % en 1964, année record de vente (1 074 000 postes achetés) et 51,7 % en 1966 alors que la couverture du territoire est enfin achevée. Le nombre d’heures passées devant le petit écran est en moyenne de 22 heures par semaine. La télévision s’impose comme la pratique d’information et de loisirs privilégiée des Français. Et 91 % d’entre eux déclarent ne pas regretter les distractions qu’ils avaient avant de posséder un récepteur18.
21Dans ce contexte où 73 % des personnes interrogées lors d’un sondage réalisé en 1962 considèrent que la télévision contribue à maintenir au foyer les membres de la famille, Raymond Janot, directeur général de la RTF annonce sous forme de déclaration au Comité de Télévision :
Je voudrais vous informer d’une disposition que j’ai prise en ce qui concerne les émissions qui ne doivent pas normalement être vues par les enfants. Vous savez que nous avons beaucoup de difficultés avec ce problème et sommes l’objet d’attaques nombreuses, et il faut bien le reconnaître, parfois pas tellement injustifiées, quels que soient les efforts que nous fassions à tous les échelons pour éviter de donner prise à ces attaques. À titre expérimental, nous allons faire la chose suivante : lorsque la speakerine annoncera que l’émission n’est pas normalement destinée aux enfants, à ce moment précis apparaîtra sur l’écran, dans le coin droit, en bas, un petit signe qui sera un petit carré, tout petit, qui sera noir en général, et blanc quand il y aura du magnétoscope [...] Donc un petit carré blanc qui restera sur l’écran, dans le coin droit, en bas, pendant toute la durée de l’émission. Ce carré est tout petit. Nous faisons la chose à titre expérimental, en tenant compte de l’avis des téléspectateurs19.
22De la sorte, la volonté d’encadrer la réception des programmes ne se réduit plus seulement à la présence de la speakerine érigée en symbole d’une vie familiale harmonieuse et digne20, accompagnatrice des soirées, guide indiquant le choix des émissions en fonction des publics et des âges. Cette volonté se manifeste désormais par un signe tracé dans l’image, repère moral et éducatif à l’usage des parents rappelés à leurs responsabilités et à leurs devoirs. Cette marque apparaît pour la première fois lors de la diffusion du film, Riz amer, de Guiseppe de Santis, tourné en 1948. Sylvana Mangano, en short et pull moulant, exprime dans la France des années soixante une charge érotique et une image du désir jugée pernicieuse. Ainsi se trouvent contrôlés et modifiés le registre des apparences et de l’intime, les images sociales du corps, les expressions du désir et de l’amour dans un temps où la jeunesse devient un sujet d’émissions programmées chaque semaine durant la décennie et un public choyé par les responsables de programmes.
23L’Avenir est à vous, de Françoise Dumayet et de Jean-Pierre Chartier s’adresse, désormais, chaque semaine, depuis le 18 février 1960, aux quinze-vingt ans en prenant pour thème majeur le choix et l’apprentissage d’un métier : condition première de l’accès à la vie sociale21. L’autre motif des documentaires se décline autour de l’avenir amoureux dont l’aboutissement est le mariage, clé de voûte reliant les années de jeunesse à l’entrée dans l’âge adulte. Ce magazine, dans une cohérence propre, soutient cet engagement qui fonde la famille22. À la croisée d’une « télévision qui a tendance à retenir les adolescents au foyer », selon une des toutes premières enquêtes d’opinion s’intéressant à ce sujet23, et d’une programmation qui cherche à se structurer autour de rendez-vous réguliers rassemblant les différents membres de la famille, prend place le feuilleton situé en amorce de soirée – vers 19 h 40 – juste avant le journal télévisé.
24Comédie de mœurs ou comédie sentimentale, elles connaissent un vif succès. Ce genre hérité du roman feuilleton radiophonique – Jean Canolle auteur de 42, rue Courte est ainsi l’auteur du Temps des copains – est conçu comme un programme d’apprentissage culturel et de divertissement et prend pour sujet les jeunesses des années soixante. Par le rire (comique de situation) et l’identification aux personnages s’opère un soutien aux rites de passage : ces feuilletons se constituent comme des « romans » d’apprentissage. Le Temps des copains, chronique de la vie de trois jeunes gens venus faire leurs études à Paris, inaugure ce genre en octobre 196124. Celui-ci présente également la particularité de décrire à travers des personnages des formes d’émancipation individuelles distinctes selon les sexes. Paris est le théâtre des transformations des relations entre les sexes, du décalage entre l’éducation des filles et des garçons et des tensions qui en résultent : un genre à la croisée des sphères publiques-privées mais également des oppositions Paris-Province. La ville est à la fois emblématique et belle, séduisante, initiatique et dangereuse. La province figure un lieu de vie tranquille et protégée.
25Janique Aimée, feuilleton dont l’adaptation d’une nouvelle de Paul Vandor et les dialogues sont écrits par Jacques Siclier25 fut programmé entre février et avril 1963. Cinquante-deux épisodes racontent « l’histoire d’une jeune fille moderne », exemplaire, vivant chez des parents honorés et respectés dans une petite ville de province26. Tous les éléments d’une existence paisible et confortable sont posés. La jeune fille, infirmière dans l’hôpital de la ville voisine, porte beau le voile blanc qu’exige son métier. L’histoire commence lors de la soirée des fiançailles réunissant dans le salon de la demeure en meulière, amis, oncles et tantes, cousins, voisins proches : toute une petite société qui s’observe en ce jour qui consacre la promesse solennelle de mariage entre les deux jeunes gens. Événement joyeux brisé par le départ imprévisible et brutal du promis. Le rituel dans toutes ses formes et conventions s’effondre : abandon, renoncement, rupture. L’intrigue se noue par la fissure de cette société d’ordre et le basculement du bonheur au malheur, du normal au mystère.
26Ainsi cette jeune fille aimée de tous, courageuse, volontaire et lucide, en quête d’un bonheur bien estimable, aime un jeune homme qui refuse – au cours d’un épisode décisif – non pas l’amour qui lui est porté mais la charge de conventions qui l’obstrue : la position de gendre idéal, le poids d’une belle-famille qui contrôle le couple, l’obligation d’exercer un métier conférant une position sociale respectable. De tous ses prétendants, l’héroïne confirme choisir le promis initial, l’élu de son cœur. Comment clore cette histoire dès lors qu’une avalanche de courrier de téléspectateurs exprime son refus catégorique de voir Janique épouser ce jeune homme : l’anti-héros27 ? En laissant en suspens l’avenir sentimental de la jeune fille qui reste célibataire, une fiancée sans promis désigné28.
27Ce feuilleton aux allures archétypiques se trouve, en définitive, porteur d’une contestation souterraine du mariage et de la famille. Curieux retournement de situation où ce genre de programme divertissant et prescriptif se trouve piégé lui-même dans une situation de blocage tel qu’il délivre, à son insu, une fin en forme de contre-modèle de société. Sous son apparente banalité, Janique Aimée s’achève par la mise en échec du projet initial.
28« Instrument magnifique de soutien de l’esprit public », la télévision, comme aimait à le rappeler le général de Gaulle, s’érige par ses programmes comme une maisonnée qu’il convient d’organiser et d’ordonner afin que chacun des membres qui la composent respecte le rôle qui est le sien. Ainsi conçue, elle s’adresse à ce public lui-même familial qu’elle conforte. Et si la France dans sa gouvernance peut-être comparée à une mère de famille, la télévision doit elle aussi être dirigée à l’aune de ces principes que le Général rappelait, lors de la campagne du second tour pour les élections présidentielles, dans l’entretien télévisé du 15 décembre 1965 avec Michel Droit :
Il y a pour ce qui est de la France, ce qui se passe dans une maison : la maîtresse de maison, la ménagère, veut avoir un aspirateur, elle veut avoir un frigidaire, elle veut avoir une machine à laver et même, si c’est possible, une auto ; c’est cela le mouvement. Et, en même temps, elle ne veut pas que son mari aille bambocher de toute part, que les garçons mettent les pieds sur la table et que les filles ne rentrent pas la nuit ; ça c’est l’ordre. La ménagère veut le progrès mais elle ne veut pas la pagaille, eh bien ! c’est vrai aussi pour la France. Il faut le progrès, il ne faut pas la pagaille29.
29Cette conception d’une France unifiée trouve sa traduction dans une approche culturelle du programme de télévision privilégiant sa dimension éducative et morale, c’est ainsi qu’une attention extrême est portée à la langue, au langage et à ses usages mais aussi aux comportements et aux manières30. Ce programme de préférence divertissant et de qualité a, par ailleurs, pour mission de gommer les contradictions et tensions sociales comme les difficultés et les tracas de la vie quotidienne pour présenter un tableau prospère et prestigieux d’un pays en harmonie31. Pourtant, les limites et les failles du système affleurent, laissant voir les mutations de la société française.
30Lors d’une séance du Comité des programmes de télévision, Jean Rouch présente son rapport sur le « Festival des Peuples » de Florence. La conclusion de la manifestation pose le constat d’une absence de films sociologiques à la télévision32. Comment alors concilier des exigences plurielles : élargissement des représentations et d’une information sociales, accroissement du public, fabrication et diffusion de programmes satisfaisant et fédérant les téléspectateurs ? Tel est le pari auquel l’institution se trouve confrontée. La réponse est pour partie écrite dans la loi du 27 juin 1964.
LA TÉLÉVISION COMME SPECTACLE (1965-1969)
31Les missions de ce qui devient l’Office de Radio et de Télévision française doivent désormais « satisfaire les besoins d’information, de culture, d’éducation et de distraction du public ». Le pas est ainsi franchi du point de vue de la décision politique et législative en matière d’orientation culturelle du programme de télévision. À une conception de la télévision comme auxiliaire culturel au service de l’instruction, facteur d’émancipation des citoyens, se substitue dans les principes une vision éducative du média, le promouvant comme outil de loisir et de divertissement. La conception culturelle de l’outil et de ses programmes au service de l’unité politique s’infléchit. La loi du 27 juin 1964, à ce titre, marque une rupture dans les principes institués. Elle est déclinée, en mars 1965, dans la déclaration de politique générale de Claude Contamine, prononcée devant le Comité des programmes de télévision. Il y développe trois idées qui, selon lui, « paraissent dominer le problème des rapports de la télévision et de la culture » : « Tout cependant, ou presque tout, apporte aux téléspectateurs un élément de spectacle qui constitue lui-même un élément de culture », « La culture doit être assimilable par un très large public », « Dans le domaine culturel, la télévision est surtout initiatique, et cette initiation prend la forme d’un spectacle33. »
32En vertu de ces réflexions articulées autour de la notion dominante de spectacle, le nouveau responsable de télévision entend répondre à la demande du public : « À ce spectacle, [déclare-t-il] le public demande, dans sa très grande majorité, d’être très souvent de distraction. Il est du devoir de la télévision de répondre à cette demande, mais de ne pas toujours y répondre pour détourner l’âme ou l’esprit ; il faut d’abord offrir au public un délassement ; il faut aussi, lorsque l’occasion s’en présente, que ce délassement soit l’objet de réflexion34. »
33La mise en œuvre concrète de ces idées est sans doute l’une des caractéristiques les plus novatrices de la période en instituant la variété nécessaire pour satisfaire les différentes aspirations du public. Au nom de l’équilibre et de la complémentarité et en vertu des habitudes du public demandant des rendez-vous réguliers, il s’agira donc d’opérer un choix adapté à ces différents paramètres : celui-ci prenant alors la forme de grilles de programmes composées de soirées à dominantes. Ce marquage des programmes permet l’identification des chaînes, la deuxième ayant été inaugurée en avril 1964, et la navigation simple de l’une à l’autre. Les soirées sont ainsi agencées à 20 h 30 : dimanche, sports et feuilletons ; lundi, variétés et grand film ; mardi, dramatique et jeu ; mercredi, émission pour la jeunesse et film en version originale ; jeudi, jeu et variétés ; vendredi, magazine d’actualité et variétés ; samedi, dramatiques ou variétés.
34La répartition des genres – hors émissions d’information qui représentent respectivement 25 % et 15,6 % du temps d’antenne – fait apparaître la place première des variétés (16 %) sur la première chaîne et le film long métrage (21 %) sur la deuxième ; les dramatiques en quatrième place (7,3 %) sur la première et en seconde place sur la deuxième chaîne (20 %).
35Deux observations s’imposent dans ce nouvel agencement : le glissement d’une conception du programme culturel héritée de la tradition des années cinquante en introduisant un éventail des genres dramatiques à la forme spectaculaire que doit désormais prendre une émission à caractère culturel : « un équilibre entre les œuvres de recherche, explique Claude Contamine, et celles qui sont destinées à un plus vaste public [...] Le jeudi soir, la télévision donnera la transmission d’une pièce enregistrée dans les conditions du théâtre et avec la présence du public »35. Le programme qui incarne au plus près cette conception s’appelle, Au théâtre ce soir.
36Dans l’incertitude résultant de l’ignorance de la composition des publics, le programmateur opte pour une organisation de la soirée en deux temps : celui du loisir auquel succèdent les émissions à caractère proprement culturel. Ainsi se trouve entérinée la césure entre moments ou programmes « gais » et moments plus sérieux où il s’agit de s’efforcer de rendre accessible au public si divers des téléspectateurs tout ce qui se présente. Ce sont sur les horaires que se joue le changement des politiques de programmes et que se dessine une conception d’un « public populaire » appelé encore, « grand public »36.
37Au-delà des clivages que construit l’introduction de ces catégories, l’idée s’impose de formes de langages et d’émissions adaptées aussi bien à un public compris aussi comme somme d’individus avec des goûts et attentes propres que comme ensemble figurant la communauté nationale. Cette approche se traduit concrètement par l’émergence de dispositifs, d’adresses, de récits, et d’un renforcement de la télévision pensée comme une instance de médiation au moment où celle-ci s’affirme comme un moyen de communication de masse. La création des Dossiers de l’écran, d’Armand Jammot en 1967, incarne, notamment, cette nouvelle approche d’un programme d’information sociale et politique.
38C’est dans ce contexte de mutations dans lesquelles la télévision d’État s’inscrit et s’ajuste que les programmes s’ouvrent vers d’autres perceptions de la vie des Français et que les indices d’un malaise affleurent. Prenons-en pour exemple l’évolution des sujets traités dans Cinq Colonnes à la Une. Si la mémoire collective a retenu la portée des reportages sur le monde étranger et le positionnement du magazine pendant la guerre d’Algérie37, il n’en demeure pas moins que la présence de Cinq Colonnes sur le terrain des questions sociales s’affirme : crise de l’agriculture, crise de la métallurgie, crise des chantiers navals, conflits sociaux et grèves dans les mines sont autant de sujets dont les images, les dossiers et les témoignages, changent les descriptions et les visions de la France entre 1965 et 196838. Cette ouverture résulte pour partie de la volonté de la direction de la télévision d’« élargir le domaine des émissions pouvant servir à la compréhension de notre époque. En accord avec les producteurs, elle va essayer d’apporter certaines améliorations à des magazines comme Cinq Colonnes à la Une »39. Mais cette ouverture répond également à une demande de la presse : avoir une « émission régulière qui serait, au fil des mois, le bulletin de la vie sociale dans tous ses aspects40 ». La création du magazine Panorama41, réalisé à partir d’avril 1965 par l’équipe des Actualités télévisées, correspond à ce souci de montrer une France moderne tout en élargissant l’horizon de l’information42.
39La programmation de quatre magazines d’information en alternance, chaque mardi, sur la seconde chaîne, témoigne de ce frémissement d’ouverture aux lendemains des élections présidentielles de décembre 1965. Cet inventaire des difficultés quotidiennes, André Harris et Alain de Sédouy le dressent dans le cadre de leurs émissions, Seize millions de jeunes et Zoom43. Les problèmes de scolarité des jeunes, de logement, de financement des études, d’emploi, de racisme, d’insertion, sont source de reportages de même que les grèves et conflits dans l’entreprise (la grève des femmes à Liège fait ainsi l’objet d’une enquête de même que le conflit syndicat-patronat chez Citröen sur le droit d’expression des syndicats dans l’entreprise)44. Se trouvent ainsi disséqués les indices d’un malaise social. Ces magazines diffusés sur une seconde chaîne, plus confidentielle, adoptent une attitude critique à l’égard d’un fonctionnement social. Ils contribuent à traduire les questions sociales en termes politiques et à les introduire comme enjeux politiques dans l’espace public.
40Dans le registre de la vie domestique, la somme des œuvres et documents que présentent Les Femmes aussi, d’Éliane Victor déplace les registres attendus en portant atteinte aux modèles de l’épouse et mère, ménagère et maîtresse de maison45. La succession des témoignages révèle à l’opinion une crise du mariage et du lien conjugal, d’une part, et conteste la maternité comme unique devenir pour les femmes, d’autre part46. À travers ces portraits s’écrit l’affranchissement des femmes de ce que les contemporains nomment « la condition féminine » et plus encore s’affirme une contestation réfléchie de cet « état » de femmes.
41L’ensemble de ces programmes de télévision propose ainsi, au tournant de 1965, un autre « Tour de la France » où les visées consensuelles et normatives coexistent avec des approches critiques de l’ordre social qui, en retour, viennent fragiliser les représentations d’une France, une et sereine, éprise de distractions. La télévision sous de Gaulle porte cette double empreinte : distraire et informer. L’une ayant, en quelque sorte, pour fonction d’alléger une confrontation, in fine inévitable, aux réalités sociales en mouvement.
42La crise de l’ORTF pendant les événements de mai-juin 1968 rend officielles les tensions et conflits à l’intérieur de l’institution sur l’organisation et les conditions de travail. Elle favorise une étape d’affranchissement de l’information de la tutelle politique, ce qui redéploie un débat sur les missions de la télévision47. La rentrée de septembre 1968 est marquée par la suppression d’un ensemble d’émissions et le licenciement de producteurs et de journalistes ; pourtant la nécessité de proposer des débats à l’antenne est promue par André François au cours de cette même période48. Alors que le « nouvel impératif industriel » imposant les règles de rentabilité et de concurrence, introduit par la loi du 27 juin 1964, se confirme au cours des années 1968-1974 et que l’autorité culturelle des réalisateurs de télévision s’affaiblit49, s’ouvre le temps des confrontations politiques instaurant un nouveau rapport entre télévision et citoyenneté.
43Sur trente ans, la télévision, en France, s’est édifiée comme une instance incarnant des conceptions politiques différentes de la dimension culturelle du programme et qui chacune ont produit des traces. La télévision qui s’ancre sous la Quatrième République instaure un modèle de télévision fondé sur la transmission du patrimoine et soutient l’idée d’une télévision comme instrument culturel au service de l’unité et de l’égalité entre les hommes. La télévision sous de Gaulle est investie d’une mission d’éducation morale et de guide au service du rassemblement des Français. Elle est aussi pensée comme une représentation de la France. Ces objectifs doivent s’ajuster au poids des logiques économiques et financières. C’est dans ce contexte que se redéfinit et s’impose une conception d’un programme populaire compris comme une distraction et un spectacle50. Cependant, les transformations de la société française imposent, au milieu de la décennie soixante, leur prise en compte dans les programmes. Ainsi s’introduisent les débats – prenant des formes multiples – où percent les indices de crise. Débats51, lors de l’après-68, qui porteront de nouveaux acteurs sur la scène publique, les jeunes, les femmes, et instruiront de nouvelles questions où les banlieues et l’immigration prendront place. Ces différentes conceptions du programme et du public concourent à la fabrique de traditions culturelles qui viennent régulièrement nourrir le débat national dont la télévision, depuis les années cinquante, est un des emblèmes.
Notes de bas de page
1 Paul Benoist, Guide des télé-clubs et téléspectateurs de la CNFR, Paris, 1955.
2 Michel Logié, « La critique de télévision dans la presse quotidienne de province », Cahiers d’études de radio-télévision, no 20, décembre 1958.
3 Étienne Lalou, Regards neufs sur la télévision, Paris, Seuil, 1957.
4 Revue internationale de télévision et de radio, no 2, printemps 1952.
5 Marie-Françoise Lévy, « La création des télé-clubs. L’expérience de l’Aisne », in Marie-Françoise Lévy (dir.), La Télévision dans la République. Les années cinquante, Bruxelles, Complexe, 1999.
6 État d’urgence, de Roger Louis réalisé par Marcel Bluwal, 7 janvier 1954-31 mars 1954, 1re chaîne.
7 Archives Jean d’Arcy, discours de février 1956 prononcé à l’École de guerre, Comité d’histoire de la télévision, Bry sur Marne.
8 Jean d’Arcy, discours, Stage international des réalisateurs, 21 octobre 1957, Archives Jean d’Arcy, Bry sur Marne.
9 Jocelyne Arquembourg-Moreau, Le Temps des événements médiatiques, Paris, De Boeck/INA, 2000.
10 État d’urgence et À la découverte des Français, de Jean-Claude Bergeret et Jacques Krier avec la participation de Paul-Henry Chombart de Lauwe, 5 avril 1957-11 mai 1960, 1re chaîne.
11 Archives Jean d’Arcy, discours de février 1956 prononcé à l’École de guerre, Comité d’histoire de la télévision, Bry sur Marne.
12 André Bazin, « L’avenir esthétique de la télévision. La TV est le plus humain des arts mécaniques », Réforme, samedi 17 septembre 1955.
13 Ibid.
14 Michel Lagié, « La critique de télévision dans la presse quotidienne de province », Cahiers d’études de radio-télévision, no 20, décembre 1958.
15 Gilbert Cohen-Séat, « Incertitudes de la télévision dans le monde moderne », La NEF, no 8, octobre-décembre 1961. [No spécial : « La télévision »].
16 Ibid.
17 Jean d’Arcy, discours du 21 octobre 1957, stage international des réalisateurs, archives, Bry-sur-Marne.
18 Jean Cazeneuve, Jean Oulif, La grande chance de la télévision, Paris, Calmann-Lévy, 1963.
19 Comité de télévision du 16 mars 1961, Archives nationales (AN), Centre des archives contemporaines de Fontainebleau (CAC), 900214, art. 34.
20 Patrick Champagne, « La télévision et son langage : l’influence des conditions sociales de réception sur le message », Revue française de sociologie, vol. 12, 1971, p. 406-431.
21 L’Avenir est à vous ou Le Journal des jeunes, de Françoise Dumayet et de Jean-Pierre Chartier avec la collaboration de Georges Paumier, 18 février 1960-18 mai 1968, 1re chaîne.
22 Marie-Françoise Lévy, « Les représentations sociales de la jeunesse à la télévision française », Hermès, n13-14, CNRS-Éditions, 1994.
23 Rapport, Enquête et Sondage, Télévision-opinions, mars 1962, AN, CAC, 890447, art. 1.
24 Le Temps des copains, de Jean Canolle. Réalisation Robert Guez ; 1re chaîne, 26 octobre-22 décembre 1961 et 26 mars-22 juin 1962.
25 Janique Aimée, scénario de Paul Vandor, adaptation et dialogues de Jacques Siclier, réalisation, Jean-Pierre Desagnat, février-avril 1963, 1re chaîne, 19 h 40.
26 Jacques Siclier, « Le soir de ses fiançailles, Janique Aimée perd son fiancé. Elle le cherche pendant cinquante et un épisodes », Télérama, no 68, 3 février 1963.
27 Le feuilleton a une audience moyenne de 76 % et un indice de satisfaction de 51 à Paris et de 70 en province. Dans ce rapport d’écoute, on peut lire, « Janique Aimée peut être considéré comme une “date” dans l’histoire des feuilletons télévisés (date, malgré tout, moins importante que le Temps des copains, dont les indices étaient supérieurs). Une preuve en est l’audience à 19 h 40, heure de passage du feuilleton : 76 % en moyenne pour mars, et à Paris, c’est-à-dire une audience aussi importante, sinon plus, qu’à 20 h et 20 h 30. En Province, on peut estimer le nombre de spectateurs à 85 % », Rapport Télévision-Opinions, mars 1963, AN, CAC, 890447, art. 2.
28 Jacques Siclier, « Les trois fins de Janique Aimée », Télérama, 14 avril 1963 et « Les téléspectateurs n’ont pas voulu que Janique Aimée épouse Bernard », Télérama, 1er novembre 1970.
29 Campagne pour l’élection présidentielle, Troisième entretien radiodiffusé et télévisé du général de Gaulle avec Michel Droit, 15 décembre 1965 et Charles de Gaulle, Discours et Messages, tome 4, Pour l’effort, août 1962 - décembre 1965, Paris, Plon, 1970.
30 Conseil supérieur de la Radiodiffusion-Télévision française, séance du vendredi 16 février 1962, AN, CAC, 900214, art. 4.
31 Charles de Gaulle, Lettres, notes et carnets, 1961-1963, Paris, Plon, 1986.
32 Comité des Programmes de Télévision, séance du 30 janvier 1964, AN, CAC, 900214, art. 35.
33 Idem, séance du jeudi 11 mars 1965, AN, CAC, 900214, art. 44.
34 Idem, AN, CAC, 900214, art. 44.
35 Ibid., séance du jeudi 29 avril 1965, AN, CAC, 900214, art. 44.
36 Ibid., séance du jeudi 22 septembre 1966, AN, CAC, art. 44.
37 Hélène Bousser-Eck, « Cinq Colonnes et l’Algérie, 1959-1962 », in Jean-Noël Jeanneney et Monique Sauvage (dir.), Télévision, nouvelle mémoire. Les magazines de grand reportage, Paris, Seuil/INA, 1982 ; Michèle de Bussierre, Cécile Méadel, Caroline Ulmann-Mauriat, Radios et Télévision au temps des « événements d’Algérie », 1954-1962, Paris, L’Harmattan, 1999.
38 Ce sujet a fait l’objet de trois séances présentées en novembre 2002 et novembre 2003 par Évelyne Cohen et Marie-Françoise Lévy dans le cadre du séminaire qu’elles animaient, Télévision : Source, objet, écriture de l’histoire » : « La description de la France par la télévision (1958-1969) ; « Les grèves et les mouvements sociaux dans la France des années soixante » et « Les panoramas de la France (1958-1974) ». Cette recherche reposait notamment sur les documents suivants : Cinq Colonnes à la Une : « Saint-Nazaire », 6 mars 1964, « Livre blanc : le problème paysan », 5 novembre 1965 ; « Saint-Nazaire », 4 mars 1966 ; « SOS-Lorraine », 3 juin 1966 ; « Le Nord de la France », 3 mai 1968, 1re chaîne et l’étude du magazine d’information, Zoom, Cf. notes 43 et 44.
39 Comité des programmes de télévision, séance du jeudi 23 septembre 1965, AN, CAC, 900214, art. 44.
40 Jacques Siclier, « Le petit écran et la réalité sociale », Le Monde, 19 janvier 1965.
41 Panorama, d’Édouard Sablier et Gilbert Larriaga, 9 avril 1965-18 décembre 1970, 1re chaîne.
42 Benjamin Gallepe, Panorama, Le magazine hebdomadaire de la rédaction de l’actualité télévisée à Information Première (1965-1970), mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine sous la direction de Pascal Ory et de Marie-Françoise Lévy, université Paris1-Panthéon-Sorbonne, septembre 1999, 280 p.
43 Seize millions de jeunes, d’André Harris et Alain de Sédouy, magazine hebdomadaire, 18 avril 1964-mai 1968, 2e chaîne ; Zoom, d’André Harris et Alain de Sédouy, magazine mensuel, 2e chaîne, 23 décembre 1965-24 mai 1968.
44 Zoom, « Liège, une grève de femmes », 28 avril 1968, 2e chaîne et Zoom, « Social : participer ou pas », 31 janvier 1967, 2e chaîne.
45 Les Femmes aussi, d’Éliane Victor, ensemble composé de 73 documentaires diffusés entre 1964 et 1973, est programmé le jeudi soir sur la 1re chaîne, vers 21 h 30.
46 Cf. Geneviève Dreyfus-Armand, Robert Frank, Marie-Françoise Lévy, Michelle Zancarini-Fournel (dir.), Les Années 68. Le temps de la contestation, Bruxelles/Paris, Complexe/IHTP-CNRS, coll. « Histoire du temps présent », 2000. [Deuxième partie : « Individus et société : Transformation des attitudes et des pratiques »].
47 Marie-Françoise Lévy, Michelle Zancarini-Fournel, « La légende de l’écran noir. L’information à la télévision en mai-juin 1968 », Réseaux no 90, 1998.
48 Procès-verbal de la réunion du Comité des programmes de télévision, lundi 23 septembre 1968, AN, CAC, 900214, art. 44.
49 Pierre Corset, Pierre Mallein, Joëlle Périllat, Monique Sauvage, « Éléments pour l’histoire d’un corps professionnel : les réalisateurs de télévision », Bulletin du Comité d’histoire de la télévision, no 4, juin 1982 et Jérôme Bourdon, Histoire de la télévision sous de Gaulle, Paris, INA/Anthropos, 1990.
50 « Peuple, Populaire, Populisme », Hermès, n° 42, CNRS Éditions, 2005.
51 François Jost (dir.), Années 70. La télévision en jeu, Paris, CNRS Éditions, 2005.
Auteur
Chercheur au CNRS (UMR Identités, Relations Internationales et Civilisations de l’Europe, Universités Paris 1 Panthéon – Sorbonne - Paris 4). Parmi ses publications : La télévision dans la République. Les années cinquante (dir.), Bruxelles/Paris, Complexe-IHTP, 1999 ; « Les années soixante-huit. Le temps de la contestation », Bruxelles/Paris, Complexe-IHTP, 2000 et « Crises et conscience de crise. Les années grises de la fin de siècle », Vingtième siècle. Revue d’histoire, no 84, 0ctobre-Décembre 2004 (en co-direction avec Geneviève Dreyfus-Armand, Maryvonne Le Puloch, Robert Frank, Michelle Zancarini-Fournel). Elle a également contribué à L’Écho du Siècle. Dictionnaire historique de la radio et de la télévision en France, sous la direction de Jean-Noël Jeanneney, Hachette, Nouvelle édition, Pluriel, 2001.
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