Les élections présidentielles de décembre 1965 en France
p. 69-87
Texte intégral
1Les 5 et 19 décembre 1965, les électeurs français procèdent à l’élection au suffrage universel direct du président de la République selon la procédure adoptée par référendum, le 28 octobre 1962. Cette élection présente un caractère inédit, elle ressemble à une aventure à laquelle sont conviés, hommes politiques, observateurs français et étrangers, journalistes et citoyens. Comment, en effet, mettre en œuvre les principes inscrits dans ce nouveau mode de scrutin : désignation des candidats, modèles et stratégies de campagne, usages des moyens de communication politique, comportements politiques révélés par la dynamique de cette élection.
2Cette élection nationale se situe dans un contexte où la télévision intervient comme un élément puissant de la campagne. Déjà, les analystes des élections françaises du 2 janvier 1956 affirmaient que la télévision – comme la radio – avait « la puissance de créer un univers permanent auquel l’individu se réfère de plus en plus » et ils s’interrogeaient au sujet de la « relation entre le "charme" d’une voix, et le crédit apporté aux messages qu’elle véhicule »1.
3En décembre 1965, les candidats s’engagent dans une campagne sans précédent dans l’histoire politique française2 : un événement national, politique et télévisuel. En France, le questionnement sur le rôle de la télévision comme facteur politique devenait une question centrale pour les analystes et les hommes politiques. Ainsi, François Mitterrand se demandait : « La TV a-t-elle un pouvoir décisif ? Nous le saurons bientôt3 ! »
4Revenir sur ces élections présidentielles et les processus politiques de la campagne du premier et second tour, c’est tout d’abord, s’interroger à partir de l’étude des sources écrites et audiovisuelles de la télévision, sur l’« invention d’une tradition politique »4 sous la Ve République ; celle-ci se développe dans une télévision de masse reconfigurant à son tour le débat démocratique. La télévision s’inscrit désormais dans un univers médiatique à l’intérieur duquel elle joue un rôle de premier plan. La réception saisie à travers la presse écrite – nationale, régionale, spécialisée – les enquêtes et sondages, les courriers, sont autant d’indices pour instruire, une fois encore, à partir d’une approche historienne, ce questionnement.
LE CADRE NATIONAL ET DÉMOCRATIQUE : DE NOUVELLES RÈGLES
5L’institution d’une Commission nationale de contrôle chargée de veiller à l’équité entre les candidats en même temps que l’adoption du principe de l’élection du président au suffrage universel direct créent les conditions d’une campagne démocratique d’un genre nouveau. Alors que près d’un foyer sur deux se trouve équipé d’un téléviseur, la campagne télévisée de 1965 s’adresse à plus de dix millions de Français5. Ce n’est pourtant pas la première fois que des représentants politiques s’expriment dans le cadre de campagnes nationales. Pour les élections législatives du 2 janvier 1956, entre le 20 et le 30 décembre 1955, trois interventions à la radio (deux de dix minutes et une de cinq minutes) et une émission de télévision d’une durée maxima de cinq minutes sont octroyées à chaque parti (ce qui correspond à un texte de 60 lignes dactylographiées, lues à une vitesse d’élocution normale). Un tirage au sort fixe l’ordre de passage. Les enregistrements sont réalisés dans les studios de la rue Cognac Jay. Il est également prévu6 la possibilité de bénéficier de trente minutes de répétition7.
6Lors du référendum de septembre 1958, des élections législatives des 23 et 30 novembre 1958, des référendums d’avril et d’octobre 1962 et des élections législatives de novembre 1962, le temps d’antenne attribué aux candidats oscille entre une heure trente et trois heures : temps réparti entre la radio et la télévision8.
7La loi du 28 octobre 1962 prévoit que l’élection présidentielle se déroule au scrutin uninominal à deux tours. Seuls les deux premiers candidats du premier tour peuvent se présenter au second tour. Le décret du 14 mars 1964 fixe le cadre général de la campagne radiotélévisée. Le décret du 18 novembre 1965 rend publique la liste des candidatures. Les règles du jeu électoral sont alors radicalement modifiées lors des élections de décembre 1965.
8Ce décret pose pour principe un accès aux ondes rigoureusement égal pour tous les candidats. Il établit que chaque candidat bénéficie de deux heures de radio et de deux heures de télévision pour chacun des deux tours, au total 24 heures de campagne au premier tour et huit heures de campagne pour les deux candidats du second tour. Ainsi, au lieu des deux ou trois heures d’expression accordées jusqu’ici, cette campagne prévoit trente-deux heures d’expression politique sur les ondes. Les représentants du gouvernement et le ministre de l’Information Alain Peyrefitte ne manquent pas une occasion de faire remarquer que pour la première fois dans une élection, le temps d’expression à l’antenne offert à l’opposition est largement supérieur à celui de la majorité ; ils invitent à la comparaison avec les pratiques politiques de la IVe République. Alain Peyrefitte, déclare devant l’Assemblée nationale le 14 octobre 1965 : « On peut donc estimer [...] que l’opposition disposera de vingt heures d’émission alors que le candidat de la Ve République ne disposera que de quatre heures9. »
9Le décret de mars 1964 instaure une Commission nationale de contrôle (CNC)10 qui veille au respect de la loi et à l’application des dispositions et règles qu’elle a pour mission d’élaborer afin que soit respecté le principe d’égalité entre les candidats. Cette commission qui travaille depuis le 20 octobre 1965 est officiellement installée le 29 octobre 196511.
10La CNC établit ainsi le dispositif suivant : l’accès à l’antenne est gratuit ; les horaires et ordres de passage des candidats doivent être équilibrés et tirés au sort. Chaque candidat s’exprimera tantôt au milieu de journée (13 h-13 h 30) tantôt le soir (20 h 30-21 h). Les candidats ne se présenteront pas le même jour sur les antennes de radio et de télévision et ils ne s’y succéderont pas toujours dans le même ordre. Si par ailleurs, un candidat décide de ne pas utiliser – tout ou une partie – de son temps d’antenne, celui-ci sera consacré à des programmes n’ayant aucun rapport avec la campagne électorale
11Le cadre est, soit un décor conçu par les services de l’ORTF, soit un décor reproduisant le lieu de travail habituel. Cependant les candidats peuvent demander à l’ORTF de procéder à un enregistrement sur film réalisé sur leur lieu de travail. Les émissions sont enregistrées par magnétoscope électronique et diffusées en différé pour permettre à la Commission une intervention éventuelle, assurer leur retransmission sur les antennes des DOM et TOM, donner aux candidats la possibilité de juger de la qualité technique des enregistrements et de reprendre les passages qu’ils estiment peu satisfaisants.
12Les candidats peuvent se faire conseiller par un ou deux collaborateurs et par un technicien de leur choix sans que ceux-ci puissent se substituer au personnel de l’ORTF, responsable de la direction et de la réalisation de l’enregistrement.
13La CNC autorise les candidats à se faire « assister d’un journaliste choisi parmi ceux qui sont employés à l’ORTF à condition que l’intéressé se borne à poser des questions ». « Ce journaliste [précise le texte juridique] ne doit pas tenter d’agir sur l’opinion des électeurs ni par son commentaire ni par son attitude12. »
14Aucune reproduction de photographie ou d’enregistrement filmé ou sonore ne doit être insérée dans les émissions réservées à la campagne.
15Enfin, la Commission pourra procéder à la vision ou à l’audition avant diffusion des enregistrements. Elle pourra demander le remplacement d’un enregistrement ou la modification d’un passage d’enregistrement non conforme aux principes définis : prudence qui s’impose et prévention de troubles de l’ordre public.
16En cas de refus, elle pourra s’opposer à la diffusion de l’enregistrement ou faire procéder aux coupures qu’elle estime nécessaires.
17Cette dernière attribution de la CNC, première instance de régulation instituée dans le domaine de la radio-télévision, suscite la méfiance de la presse : « La CNC se réserve le droit d’exercer une censure sur les émissions radiotélévisées des candidats », titre Le Monde13. Les associations (Ligue des Droits de l’Homme), des syndicats (SNJ), les organes des partis de gauche manifestent également leur opposition à cette clause. La contestation porte sur le droit que s’attribue la CNC de décider de ce qui relève ou non de la « prudence qui s’impose, en toutes circonstances à ceux qui utilisent des moyens de communication de caractère national d’aussi grande portée14 ».
18L’instauration de cette instance de régulation qui a pour mission de faire respecter un ensemble de principes et le bon déroulement de la campagne fait ainsi l’objet d’une vive mais passagère polémique entre le 14 et le 18 novembre 1965 : veille de l’ouverture de la campagne officielle. Néanmoins, le décret de mars 1964 instaure un principe d’équité entre les candidats : une équité respectée et contrôlée par l’application des règles adoptées. Au cœur de ce dispositif juridique, s’inscrivent les délimitations ou frontières dans lesquelles le débat démocratique s’exerce dans le cadre de la campagne pour les élections présidentielles : un genre qui désormais se constitue, s’affirme, se modélise.
LES HOMMES EN CAMPAGNE : UN ÉVÉNEMENT TÉLÉVISUEL
19Entre le 25 avril et le 19 novembre1965, six candidats se déclarent : Pierre Marcilhacy (le 25 avril), François Mitterrand (le 9 septembre), Jean Lecanuet (le 26 octobre), le général de Gaulle (le 4 novembre) Marcel Barbu (le 17 novembre), Jean-Louis Tixier-Vignancour les 18-19 novembre. Le parti communiste ne présente pas de candidat mais il apporte son soutien à la candidature de François Mitterrand, président de la FGDS. Quant au général de Gaulle, il annonce lors de son intervention du 4 novembre, qu’il fera une déclaration unique le 3 décembre, jour de clôture du premier tour.
20La campagne pour le premier tour s’ouvre le 19 novembre et dure jusqu’au 3 décembre. La Commission de contrôle établit avec précision le temps imparti à chaque candidat entre le 19 novembre et le 3 décembre. Ce jour-là les six candidats « passeront »15 entre 20 h et 21 h 23 pour de courtes interventions de huit minutes entrecoupées d’intermèdes musicaux.
21Au cours de la première semaine de campagne, la télévision se constitue comme une tribune aux résonances sans égal, le lieu d’expression publique et massive des oppositions (au-delà des lieux et cercles traditionnels d’expression politique et militante – partis, assemblées, associations – et des médias traditionnels – radios et journaux nationaux et régionaux16). La télévision contribue à l’amplification des arguments oppositionnels entendus désormais par tout électeur dans le cercle de la vie familiale. Elle impose aux candidats de trouver un ton, un style, un langage pour présenter de façon claire et synthétique un programme17. Mais, il s’agit aussi d’être crédible, de convaincre l’électorat, de faire preuve des compétences exigées d’un homme d’État qui doit posséder des qualités personnelles et des traits de caractère montrant notamment son autorité.
22Les candidats disposent de deux formes d’adresse aux Français : l’allocution et l’entretien. Ils en useront chacun dans un ordre différent.
23Ainsi le 20 novembre, François Mitterrand choisit tout d’abord de se présenter devant les Français en tant qu’homme politique pouvant prétendre à la plus haute fonction. Il fait donc le choix de l’allocution : l’héritage télévisuel gaullien – un rituel auquel doivent se soumettre les candidats. Solennel et grave, c’est en homme d’État, en homme responsable, qu’il se présente devant les Français. En désignant le général de Gaulle comme seul adversaire18, il se hisse à la hauteur de l’adversaire qu’il se désigne et se situe ainsi comme le successeur crédible : son égal en quelque sorte.
24Assis derrière un bureau, vêtu d’un costume sombre assorti d’une cravate noire, le visage tendu, François Mitterrand offre la vision d’un homme sérieux intervenant dans un moment important de l’histoire de la France. Sa position est à la fois celle d’un candidat et du successeur par lequel le changement pour les Français peut s’opérer. Ce successeur se distingue par un programme, des idées, des choix politiques. Il scande les différences et les oppositions : l’âge, la fidélité aux principes d’égalité et de justice sociale, les choix pour l’avenir en France et en Europe.
25Le ton est à l’offensive, les remarques incisives, les attaques rapides. François Mitterrand se situe au niveau de la fonction présidentielle telle que de Gaulle l’incarne tout en construisant sa propre « figure politique » : celle de représentant unique de la gauche. Il s’érige ainsi comme l’autre figure du rassemblement : « Il faut bâtir la République des citoyens », proclame-t-il au terme de son allocution19.
26Par cette attitude déterminée, en établissant cette forme d’interpellation, le candidat installe une dynamique de l’affrontement et s’institue comme l’autre voie pour la France. Le candidat peut alors prétendre à l’investiture populaire.
27Parmi les formes d’expression politique, les candidats ont la possibilité de répondre aux questions posées par un journaliste. À l’exception de de Gaulle, ils y recourent tous. Jean-Louis Tixier-Vignancour est interrogé par Claude Darget, François Mittterrand par Roger Louis le 22 novembre, Pierre Marcilhacy par Claude Darget le 23. Léon Zitrone s’entretient avec Jean Lecanuet le 27 novembre. Cette forme d’échanges permet la présentation de soi et l’approche biographique.
28Le lundi 22 novembre 1965, François Mitterrand change de registre de communication. Il opte pour l’entretien : par le dialogue avec Roger Louis, au cœur d’un studio aménagé comme un salon comprenant une petite table basse entourée de fauteuils – un lieu qui invite à la conversation –, François Mitterrand dévoile aux Français comment s’est forgé l’homme, l’homme de gauche : évocation des origines familiales, de l’enfance, de ses lieux et paysages, son éducation, le rôle de son père, les études et les lectures ; puis les premières épreuves rencontrées à l’âge de jeune homme et les engagements : ce sont les années de guerre auxquelles succèdent l’entrée dans l’action ou la vie politique20.
29Par l’entretien, le candidat présente l’homme en son for intérieur : ses valeurs, ses idées, ses principes, ses choix aux heures sombres, son projet pour la France ancré dans l’expérience et les apprentissages de l’existence. Ainsi dessine-t-il le visage de celui qui se veut un guide digne de la Nation.
30Deux éléments ressortent de cette stratégie de communication politique au cours du premier tour de cette élection. D’une part, une logique d’affrontement s’affirme dès le début de la campagne ; la télévision la révèle et contribue à l’installer et à la déployer. Elle renforce et exacerbe les oppositions. D’autre part, une personnalisation de l’action politique se développe. La télévision est un facteur d’amplification de ce processus dans un contexte où l’élection au suffrage universel porte elle-même cette dynamique. Cette personnalisation prend deux visages : incarner une figure d’homme d’État et se dévoiler comme homme moral et comme candidat. Les candidats se présentent personnellement devant les Français : ils font connaître leur âge, leur passé moral et politique, leur programme. Celui-ci est même énoncé sans référence au parti qui le porte21.
31La télévision intervient comme puissance active hypertrophiant cette dynamique alors même que l’un des débats récurrents de cette élection porte sur le combat contre le pouvoir personnel incarné par le général de Gaulle. Les candidats sont conduits à se construire une stature d’homme d’État en passant par un processus de personnalisation de l’action politique sans apparaître ou être perçus comme portés précisément à la conquête d’un pouvoir personnel. Cette personnalisation que renforce le média, par la présence physique des hommes à l’écran, implique pour tout candidat l’invention d’un style de campagne où il lui faut acquérir une popularité personnelle22. Il s’agit donc de prouver et de montrer des qualités et des compétences : fermeté, énergie, rigueur, moralité, passé irréprochable au service d’une vision et d’un programme pour la France.
32Cette campagne place les candidats sur un pied d’égalité et leur permet, par la télévision, de se faire connaître du plus grand nombre et au même moment. Dans cette dynamique de l’élection au suffrage universel direct qui implique de se présenter comme candidat devant les Français, selon de nouveaux rites d’intronisation, l’absence de celui qui est désigné comme l’adversaire s’avère criante et l’objet d’observations quotidiennes de la part de l’opinion et des médias.
33Alors que les candidats découvrent l’outil et le langage télévisuel dont ils font l’apprentissage, le général de Gaulle pourtant si familier des écrans de la télévision n’a pas pris la mesure du changement induit par l’élection au suffrage universel direct et des effets possibles de la campagne télévisée. Il refuse de se présenter en candidat, d’utiliser son temps de parole alors même que les adversaires s’entraînent, répètent leurs interventions, étudient leurs vêtements, leurs mimiques, etc.
34La campagne de 1965 marque aussi la naissance du marketing politique. Les candidats se sont entourés pour cette campagne de « conseils en communication ». Ainsi on raconte23 que François Mitterrand, corrigeant sans cesse ce qu’il venait de dire, pouvait mettre 7 heures à préparer une intervention. Lecanuet, que la presse surnommait « dents blanches » avait travaillé son sourire, son image « moderne » (en référence à celle de John Kennedy24). Les archives de l’Inathèque ont conservé des images de l’entraînement du candidat Lecanuet qui faisait des enregistrements le 3 décembre 1965. Les deux enregistrements de l’intervention de Lecanuet le 3 décembre 196525 témoignent des essais du candidat. En revanche, à l’heure de programmation des interventions du général, c’est une horloge qui apparaît sur les écrans de télévision26.
35Plusieurs éléments peuvent éclairer le comportement du général de Gaulle. Si l’on se réfère aux archives du Service de liaison interministérielle de l’information (SLII), le 3 novembre le gouvernement tout en suivant avec une grande attention les sondages d’opinion (dont le rôle a été consacré en 1965), ne semble pas avoir de doute quant à la réélection du général dès le premier tour. Sa principale crainte est que les Français s’abstiennent d’aller voter. Il présente un sondage IFOP auquel il ne semble pas accorder l’attention nécessaire : sur 100 personnes réellement inscrites sur les listes électorales, se prononçaient en faveur de de Gaulle 43 %, Mitterrand 15 %, Lecanuet 3 %, Tixier Vignancour 3 %, Marcilhacy 1 %. Ne se prononcent pas 35 %.
36Le 26 novembre 1965 apparaît comme un tournant dans la campagne, tant pour les candidats que pour l’opinion. La synthèse des prévisions des préfets27 enregistre les tendances électorales et atteste que « l’opinion porte incontestablement un très vif intérêt à la consultation du 5 décembre... » ; elle prévoit une forte participation des électeurs (80 %). Elle souligne la sensibilité de l’opinion aux prestations télévisuelles des candidats, son incompréhension grandissante devant « l’absence » du général de Gaulle.
L’intérêt ainsi manifesté s’explique d’abord par la nature même de l’élection et les Français ont une claire conscience de la portée de leur décision. Ce sentiment a été conforté à la suite des premières émissions télévisées. Les apparitions à l’écran de certains des candidats sont attendues, suivies et commentées. Tous les préfets soulignent que la télévision est l’instrument essentiel de la campagne : elle donne une nouvelle dimension à l’élection [...]. Le silence du chef de l’État déconcerte l’opinion et sa prochaine intervention sera déterminante [...]
37Le général de Gaulle qui a pris acte de ces positions et de celles de la presse reprend l’offensive et annonce qu’il interviendra dès le 30 novembre.
38À l’issue du premier tour, les résultats des élections présidentielles28 donnent de Gaulle en ballottage :
39L’analyse des résultats du premier tour des élections met en évidence que la surprise manifestée par l’opinion réside non pas tant dans une diminution de l’audience du général que dans la capacité qu’ont manifestée les candidats de « l’opposition » à se faire entendre par les électeurs, principalement grâce à la télévision.
40La campagne pour le deuxième tour s’étend du 5 au 19 décembre. Les Français assistent à l’affrontement, au « duel » des deux candidats29 entre lesquels s’effectue une sorte de chassé-croisé. François Mitterrand se fait pompeux, solennel alors que le général de Gaulle, qui a tiré les enseignements du premier tour « descend de son piédestal » comme les Français l’avaient souhaité. Il enregistre en différé, conformément aux dispositions de la CNC, trois entretiens avec Michel Droit diffusés respectivement les 13, 14, 15 décembre 1965. Les entretiens se déroulent dans son bureau.
41Michel Droit débute l’entretien du 13 décembre en soulignant l’innovation que constituent ces entretiens placés sous le signe du dialogue : « Mon Général, c’est la première fois que vous acceptez de répondre sur l’écran de la télévision aux questions d’un journaliste ». Le premier entretien s’oriente sur les questions sociales et sur le Marché commun, deux thèmes dont de Gaulle sait qu’ils suscitent le mécontentement. Le deuxième entretien s’intéresse aux questions internationales, à la place de la France dans l’Europe et dans le monde. Le 15, l’entretien porte sur la République et les institutions et finit par une adresse aux Français.
42Dans ces entretiens, de Gaulle apparaît détendu, maniant l’humour et le franc-parler. Il affirme qu’il « n’est pas la droite », qu’« il n’est pas la gauche », pas plus qu’il n’est anti-américain et souligne les contradictions de son adversaire dont il s’emploie à ne pas prononcer le nom. Celui-ci, note-t-il avec habileté, bénéficie du soutien de Tixier-Vignancour. Lui se place « du côté » de la France et considère que l’affrontement droite/gauche, c’est l’affrontement des partis. Familier de la France et des Français, des Grands de ce monde, il explique, confortablement installé dans un fauteuil Louis XV, tantôt véhément face à la caméra, tantôt dialoguant avec Michel Droit, que la France est comme une « ménagère qui ne veut pas que sa fille aille bambocher »30.
43Le général a retrouvé au terme de ses entretiens, son langage imagé, son savoir-faire télévisuel, sa façon de parler familièrement de la France qu’il connaît, affirme-t-il, mieux qu’aucun candidat. Sans attribuer sa victoire au rôle de la télévision, il ne faut pas en négliger l’impact dû à sa « présence » télévisuelle comme à ses arguments. Il est élu à la présidence avec 54,49 % des suffrages exprimés.
LA TÉLÉVISION COMME ACTEUR DÉMOCRATIQUE
44La campagne pour les présidentielles de 1965 a constitué la télévision en acteur de la vie politique et du débat démocratique. Face aux candidats et à l’opinion qui refusaient l’image solitaire du pouvoir, elle a permis aux Français de découvrir, de voir les visages de l’opposition et d’entendre ses arguments.
45L’interrogation sur son rôle « réel » était, dans les années soixante, largement partagée. Si certains la créditaient d’emblée d’un rôle majeur, une grande partie de l’opinion, du gouvernement, des médias, a tenté de comprendre les ressorts de cette campagne. Ces interrogations et questionnements prolongent, quelquefois même en s’y référant, les questions posées en 1963, par l’article « La télévision fait-elle l’élection » ? des politologues René Rémond et Claude Neuschwander31.
46Le déroulement de la campagne apparaît comme une « leçon » dont il faut titrer les enseignements pour de futures élections. Tant le gouvernement que l’opposition analysent le résultat des élections comme une victoire de « la télévision ». François Mitterrand estime le 12 décembre 1965 qu’« il n’est pas possible dans les affrontements politiques des prochains mois, et notamment pour préparer les élections législatives, que le moyen technique considérable que représente la télévision française ne soit pas mis à la disposition, dans des conditions égales et justes, de toutes les familles politiques de notre pays32 ».
47Dès le 18 décembre, le ministre de l’information Alain Peyrefitte tente de faire l’analyse de la campagne. En refusant la « démagogie »33 et en laissant la parole à l’opposition, le gouvernement n’a pas mesuré les conséquences de l’application du statut de 1964 ; par son comportement, son refus de polémiquer (par exemple sur le passé de François Mitterrand), il a favorisé au premier tour le « déséquilibre » entre le général de Gaulle et les nombreux candidats de l’opposition, créant ainsi un passif qu’il est ensuite difficile de rattraper.
48La presse écrite s’est quotidiennement fait l’écho de la campagne électorale. Mais la prédominance accordée à la campagne télévisée dans les pages des grands quotidiens nationaux et l’analyse en temps réel des interventions télévisées qu’elle propose, propulse la télévision comme le lieu d’expression, d’incarnation de la campagne et de fabrique de l’événement. Qu’il s’agisse du premier et du deuxième tour et plus encore pour le second tour, dans l’ensemble, les journaux authentifient la télévision comme scène politique, lui reconnaissent une crédibilité comme moyen d’expression et d’information des citoyens, l’installe dans l’espace politique national comme un acteur de premier plan.
49Ainsi dès le samedi 20 novembre, le journal Le Monde titre : « Les premières allocutions radiotélévisées des candidats et les déclarations de M. Pompidou marquent l’ouverture de la campagne électorale. » Sous la plume de Pierre-Vianson Ponté il propose à ses lecteurs un récit épique de la campagne construit autour de la télévision. L’adresse en direct avec ses révélations sur les tempéraments des candidats, l’introduction du suspense, la dimension spectaculaire de la joute, l’éditorialiste en est le témoin singulier. Cette analyse qu’il livre à vif s’accompagne, par ailleurs, de critères – exigence de courtoisie, d’aptitude à convaincre, évaluation de la force de caractère – autant de qualités personnelles et politiques qui définissent dorénavant le profil d’un candidat à l’élection présidentielle au suffrage universel.
50Ce sentiment d’attente envers l’expression des voix de l’opposition fait l’objet d’un nouvel article publié le 22 novembre 1965. Il rend compte des interventions de MM. Tixier-Vignancour et Barbu, le vendredi 19 novembre et de celle de François Mitterrand, le samedi 20 novembre 1965. « Ce fut une bien surprenante soirée que celle de vendredi. Depuis sept ans, les visages qui s’inscrivent à l’heure du dîner sur le petit écran sont devenus familiers. Dès lors qu’il s’agit de politique, il faut se contenter sous couleur d’actualités, de l’apologie quotidienne du bon gouvernement qui est le nôtre... Or vendredi soir, les trois coups frappés, tout a changé. Des inconnus sont venus tenir des discours si impertinents, formuler des critiques si subversives qu’on se sentait choqué comme si, par suite de quelque incident technique, ou pis, d’une révolution, la télévision était soudain tombée aux mains de redoutables rebelles34... »
51Dans Le Monde des 11 et 12 décembre, la télévision sanctionne l’ouverture de la campagne du deuxième tour : « Le match revanche s’est engagé samedi soir à la télévision, le meilleur jour et à la meilleure heure pour que toute la France soit rassemblée devant le petit écran... Pour la première fois depuis sept ans et une vingtaine d’allocutions radiotélévisées, le général de Gaulle apparaît assis derrière une simple table, devant une tenture... C’est le candidat, dans la simplicité dépouillée de l’estrade électorale ». Et le 14 décembre 1965, le journal titre : « Le général de Gaulle engage à fond le duel électoral avec François Mitterrand ».
52Le Monde développe, tout au long de la semaine du 11 au 18 décembre, le fait que cette campagne a « finalement contraint le général de Gaulle à descendre chaque soir dans l’arène et à se plier aux nouvelles lois du genre35 ». Quant à François Mitterrand, le journal note que « le ballottage lui sied fort bien et lui donne à la fois plus d’étoffe et de fermeté ».
53Le 16 décembre 1965, le titre de l’article de Pierre Vianson-Ponté, situé en page intérieure du quotidien, accentue l’idée du « duel ». Le journaliste politique scrute, dissèque l’affrontement pour mieux souligner les contrastes et ce qui partage, distingue, oppose les candidats. Il contribue, dans la réception de la campagne du second tour à construire le duel inscrit dans la logique de l’élection : duel qui se joue sur les écrans de télévision. « Il aura fallu attendre presque jusqu’au terme de la campagne pour assister enfin à un affrontement net, à une confrontation sur le fond. Du moins le duel n’aura-t-il pas été éludé, comme on pouvait le craindre36. » Et Raymond Barillon d’écrire : « Les deux protagonistes du plus grand spectacle électoral et politique auquel la France n’ait jamais été conviée se sont l’un et l’autre surpassés mardi soir et ont atteint, chacun dans son registre, à la perfection »37.
54Ainsi les deux journalistes du Monde en faisant un écho si large à la campagne télévisuelle des candidats, accréditent cette nouvelle forme d’expression politique qu’elle engendre, le duel, et appellent à « un véritable dialogue et de réelles confrontations entre les deux adversaires ».
55La chronique et l’analyse de la campagne du second tour par Le Monde résultent de l’écoute des interventions télévisées des candidats. Elles privilégient le processus de personnalisation et la logique d’opposition des hommes. Elles appellent, comme prolongement naturel, l’instauration d’un débat politique entre les candidats à la télévision. Et si la télévision intervient dans cette campagne comme acteur central d’information de l’opinion, elle contribue – reconnue et légitimée par la presse – à une ouverture de l’espace démocratique. Elle induit la demande d’une confrontation directe des candidats : un débat devant les Français à la télévision comme celui que la chaîne de radio, Europe no 1 avait organisé entre Pierre-Mendès France et Michel Debré durant la campagne38, et comme la télévision américaine l’avait précédemment mis en œuvre.
56Pour Le Figaro, si le Général se retrouve en ballottage, c’est en particulier parce que la télévision a joué dans la campagne « un rôle sans précédent »39, et que « le Président de la République n’a pratiquement pas participé à la campagne »40.
57Dans un article intitulé « Le cinquième pouvoir » (Combat, 11 décembre 1965), Pierre Paraf parle du rôle démocratique nouveau de la télévision. Les élections présidentielles ont initié « un mécanisme de liberté ». Devant chaque téléspectateur se déroule « une pièce » dont il est « l’arbitre » et dont « la France est l’enjeu ». Le public, dit l’auteur « est devenu différent de ce qu’il était jusqu’à ces dernières semaines. De nouvelles exigences ont surgi en lui. Devant ces visiteurs quotidiens si attentifs à lui plaire, il a pris l’habitude, il a ressenti le besoin impérieux du dialogue [...] On préfère n’accueillir dans le foyer familial que des candidats qu’on inviterait à sa table ».
58Si la plupart des journaux consacrent la place et le rôle de la télévision, il faut cependant mentionner les points de vue de gauche incarnés par le Nouvel Observateur. On peut y lire le point de vue de Françoise Giroud, qui, le 8 décembre 1965, au début de la campagne pour le deuxième tour parle de « l’échec de la télévision » : selon Françoise Giroud, « [...] en brisant la légende, les Français ont retrouvé leurs habitudes. Ouverte enfin à tous les candidats, la propagande télévisée n’a pas plus bouleversé leur réaction électorale que le nouveau type de scrutin. Peu importe que les divers orateurs y aient déployé des talents inégaux, puisque en fin de compte ils retrouvent à peu de chose près leurs fidèles ».
59Le ministère de l’Intérieur a commandité auprès des préfets et des Renseignements généraux une enquête départementale et nationale afin de déterminer les « effets réels et supposés de différents modes d’interventions des candidats (télévision, radio, presse écrite, tracts, réunions, presse régionale) »41.
60L’enquête publiée en février 1966 devait servir à la préparation des prochaines législatives42. Elle constitue la télévision en facteur politique de première importance Elle décrit avec une grande précision, pour chaque département, les opinions exprimées par les citoyens sur les émissions de télévision des candidats ; elle les compare aux effets d’autres formes de « propagande ». Elle met en rapport les résultats électoraux des départements, les thèmes de campagne des candidats en relation avec les problèmes sociaux régionaux, la qualité de leur prestation télévisuelle, pour conclure sur l’impact « réel » ou « supposé » de la télévision sur la campagne. Les réponses des enquêtés s’avèrent largement convergentes. À leurs yeux, la télévision joue un rôle déterminant et supplante les autres médias (radio, presse écrite, nationale et régionale, conférences...) utilisés par les politiques. Elle suscite l’intérêt, touche les téléspectateurs sensibles à la présence « physique » des candidats.
61L’enquête montre que les Français attribuent la responsabilité du ballottage à l’absence du Général au premier tour, à la télévision. Elle affirme que la campagne a contribué à une « re-politisation de l’opinion » qui a rallié le principe du suffrage universel, mais aussi qu’une partie de l’opinion s’est déterminée plus en fonction de « critères télégéniques » qu’en fonction des programmes (Haute-Marne). Nombreux sont les commentaires qui soulignent que « ce sont le ton et le style qui ont frappé », plus que le fond des propos (Haute-Saône). L’impact de la télévision semble avoir été plus important au premier qu’au deuxième tour de l’élection en raison de l’effet de surprise provoqué par la découverte physique des candidats. Au deuxième tour, on souligne que le « ton familier du général a détruit sa réputation d’homme seul », imperméable aux aspirations des petites gens. « Le Général est, dit-on, descendu de son piédestal pour s’entretenir avec les électeurs » (Pas-de-Calais).
62Ainsi l’enquête est un bon témoignage des opinions des Français qui s’interrogent sur l’efficacité de la télévision, devenue désormais la première source d’information, partenaire « obligée » des hommes politiques, instrument, acteur, véhicule et propagateur du débat démocratique.
63La télévision offre le contact direct avec l’électeur et contribue à la démocratisation de la vie politique au moment même où la mise en place de nouvelles règles électorales garantit l’équité entre les candidats. Tout candidat doit se présenter personnellement devant les Français sous peine de sanction. La télévision contribue au renforcement de la personnalisation des hommes politiques et des oppositions. La logique de l’affrontement inscrite dès le premier tour appelle l’instauration d’une confrontation télévisuelle finale entre les deux candidats du second tour. À ce titre, elle suscite de nouvelles attentes démocratiques. La télévision, en décembre 1965 se constitue comme un acteur de la campagne par l’apprentissage et l’usage qu’en font les candidats. Elle instaure de nouvelles pratiques d’expression et rituels politiques. Elle ne fait pas l’élection mais, ayant forgé sa place au sein de l’espace public, elle contribue désormais à l’information des citoyens et à la formation des opinions. Le général de Gaulle lui-même a dû se plier à ces nouvelles exigences.
Notes de bas de page
1 Bernard Blin, « La radio et la télévision », Cahiers de la Fondation nationale des sciences politiques, 1957 [N° spécial : Maurice Duverger, François Goguel et Jean Touchard (dir.), « Les élections du 2 janvier 1956 »].
2 71 millions d’Américains ont regardé le « grand débat » entre le vice-président Richard Nixon et le sénateur John F. Kennedy le 26 septembre 1960 alors qu’ils répondaient aux questions des reporters. Ce débat, premier du genre, a contribué à répandre l’idée du rôle décisif et de l’impact de la télévision comme « arme politique ». En effet, Nixon apparut exténué, amaigri, mal fardé, présenté sous un éclairage et un angle peu flatteur, face à un Kennedy, jeune, beau, détendu et bronzé, trait qui plut particulièrement aux téléspectateurs.
3 « La première campagne présidentielle à la télévision », Télé 7 Jours, n 298, 4 décembre 1965.
4 Eric Hobsbawm et Terence Ranger (dir.), The Invention of Tradition, New York, Cambridge University Press, 1983.
5 45,6 % des ménages français possèdent un récepteur de télévision en 1965.
6 Décret du 8 décembre 1955.
7 Archives nationales (AN) F. 41/ 2369
8 Guy Drouot, Les Campagnes électorales radiotélévisées, Aix-en-Provence/ Paris, Presses universitaires d’Aix-Marseille/Economica, 1995, 425 p.
9 Assemblée nationale, 14 octobre 1965.
10 La Commission nationale de contrôle est présidée par Alexandre Parodi.
11 Le Monde, 14-15 novembre 1965.
12 Note d’information sur la Commission nationale de contrôle, AN 950481/6.
13 Le Monde, samedi 14 et dimanche 15 novembre 1965.
14 Le Monde, jeudi 18 novembre 1965.
15 Le Monde, 20 novembre 1965, p. 2.
16 Roland Cayrol, Jean-Luc Parodi et al., « La campagne électorale septembre-décembre 1965 », in Centre d’étude de la vie politique française contemporaine, L’Élection présidentielle des 5 et 19 décembre 1965, Paris, CEVIPOF/Colin, 1970, p. 99-285.
17 Ibid., p. 232.
18 Il déclare « Je suis candidat contre le général de Gaulle et contre lui seul ».
19 INA, campagne pour l’élection présidentielle, intervention de François Mitterrand, 1re chaîne, 20 novembre 1965, 13 h.
20 Campagne pour l’élection présidentielle, intervention de François Mitterrand, lundi 22 novembre, 1re chaîne, 20 h 30.
21 C’est en particulier le cas dans la campagne de Jean Lecanuet qui affirme sa volonté de créer une force politique neuve en oubliant les étiquettes. Voir Roland Cayrol, Jean-Luc Parodi et al, op. cit., p. 126.
22 Roger Gérard Schwarzenberg, Essai d’interprétation d’une campagne présidentielle (candidats, programmes et partis dans la campagne, 18 juin-19 décembre 1965), mémoire pour le diplôme d’études supérieures de Science politique sous la direction de Georges Vedel, Facultés de Droit et de Sciences économiques de Paris, octobre 1966, 236 p.
23 Compte rendu du 18 décembre 1965, séance du Service de liaison interministérielle de l’information (SLII).
24 Roland Cayrol, Jean-Luc Parodi et al., op. cit.
25 INA, Lecanuet, le 3 décembre, 2 émissions (durées respectives 12 mn et 16 mn, l’une diffusée, l’autre non diffusée) qui montrent les essais du candidat.
26 Philippe J. Maarek, Communication et marketing de l’homme politique, Paris, Litec, 1992.
27 « Note à l’attention de monsieur le ministre. Objet : Élection du Président de la République. Synthèse des prévisions des préfets », ministère de l’Intérieur, AN 890 523/1.
28 Id., AN 890 523/1.
29 Chronologie des interventions établie d’après Le Monde : samedi 11 décembre 1965, 20 h 30 : De Gaulle, dans une allocution d’un quart d’heure, dénonce le « flot de la démagogie », « Pour la « République nouvelle » ; suivi de 20 h 50 à 21 h 05 par Mitterrand ; lundi 13 de 20 h 15 à 20 h 42 : Mitterrand ; lundi 13 de 20 h 50 à 21 h18 : De Gaulle ; mardi 14 décembre, Mitterrand : « Non, ce n’est pas vrai », « Le général de Gaulle puissant et solitaire » ; vendredi 17 décembre, allocution d’un quart d’heure chacun.
30 De Gaulle entretien avec Michel Droit diffusé le 15 décembre 1965.
31 René Rémond et Claude Neuschwander « La télévision fait-elle l’élection » ?, Revue de Sciences politiques, juin 1963.
32 François Mitterrand, « Le 12 décembre 1965 », Politique, Paris, Fayard, 1977, p. 431-433.
33 SLII.
34 Le Monde, 20 et 22 novembre 1965.
35 Le Monde, 15 décembre 1965.
36 Le Monde, 16 décembre 1965.
37 Ibid.
38 Le débat organisé par Europe n 1 qui voyait s’affronter Pierre Mendès-France et Michel Debré prévu pour deux heures devient une confrontation – un duel – qui se prolonge au cours de trois soirées : les 22 et 29 novembre et le 1er décembre. C’est un événement.
39 Le Figaro, 6 décembre 1965.
40 Le Figaro, 8 décembre 1965.
41 L’analyse de cette enquête est développée dans le mémoire d’habilitation à diriger des recherches d’Évelyne Cohen « Télévision et politique ».
42 Rapports adressés par les RG sur la perception de la campagne et sur la façon dont est perçue l’intervention télévisée (février 1966).
Auteurs
Maître de conférences à l’Université Denis Diderot (Paris 7), habilitée à diriger des recherches. Co-responsable de la Fédération de recherches en Sciences de la ville de l’Université Paris 7. Elle a notamment publié : Paris dans l’imaginaire national de l’entre-deux-guerres, Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, 398 p. Maurice Agulhon, Annette Becker, Évelyne Cohen (Études réunies par), La République en représentations - Autour de l’œuvre de Maurice Agulhon, Paris, Publications de la Sorbonne, 2006, 421 p. ; membre du Comité éditorial de la Collection d’archives audiovisuelles « Voir et savoir-Images du Temps Présent à la Télévision 1949-1964 », Paris, 1997, (Institut national de l’audiovisuel, CNRS, Paris 3-Paris 7-Paris 10-Paris 13). Un manuscrit inédit (à paraître) La télévision sur la scène du politique-Un service public pendant les Trente Glorieuses, 196 p.
Chercheur au CNRS (UMR Identités, Relations Internationales et Civilisations de l’Europe, Universités Paris 1 Panthéon – Sorbonne - Paris 4). Parmi ses publications : La télévision dans la République. Les années cinquante (dir.), Bruxelles/Paris, Complexe-IHTP, 1999 ; « Les années soixante-huit. Le temps de la contestation », Bruxelles/Paris, Complexe-IHTP, 2000 et « Crises et conscience de crise. Les années grises de la fin de siècle », Vingtième siècle. Revue d’histoire, no 84, 0ctobre-Décembre 2004 (en co-direction avec Geneviève Dreyfus-Armand, Maryvonne Le Puloch, Robert Frank, Michelle Zancarini-Fournel). Elle a également contribué à L’Écho du Siècle. Dictionnaire historique de la radio et de la télévision en France, sous la direction de Jean-Noël Jeanneney, Hachette, Nouvelle édition, Pluriel, 2001.
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