La Balagne sans villes : l’occupation médiévale des sols
p. 25-36
Texte intégral
1La ville coloniale génoise des temps médiévaux en Corse peut être définie, avec de nécessaires nuances, comme une greffe stratégique, démographique et économique sur le liséré côtier, en position de frontière et d’échanges limités mais réels avec l’hinterland insulaire15. Sous cet aspect, la région géographique de la Balagne, entendue des Agriates au Sia, ne connaît d’histoire citadine, avec Calvi, sa première et principale création proto-urbaine allogène (sur le modèle partiel du Bonifacio génois fondé en 1195), qu’à partir de la fin du xiiie siècle, mais pour des effets notables ou en tout cas discernables, qu’à compter de la seconde moitié du xive siècle. Quant à l’autre création « médiévale » (en vérité du milieu du xve siècle), Algajola, les caractères typologiques de sa fondation, à l’initiative d’une branche de l’albergo génois des Lomellini, sont de caractère familial, « privé » donc, et ne doivent rien à l’action publique de la Commune de Gênes en Corse.
Les cadres de vie médiévaux de longue durée : pieve16, seigneuries, habitats
2La Balagne d’avant le plein xve siècle est donc encore un monde très profondément rural, à la faible ouverture sur l’environnement méditerranéen de la Corse – sans doute bien plus que le Delà-des-Monts insulaire, mais moins que le Cap Corse pourtant voisin.
3La structuration de la vie sociale se fait encore principalement dans le cadre des pieve, circonscriptions ecclésiastiques divisoires des diocèses, entités religieuses et déjà également civiles, réparties du nord au sud entre trois évêchés. Au nord-est, du diocèse de Mariana, dépendaient les pieve de Tuani et de Sant’Andria. En direction du sud, au diocèse de Sagone étaient rattachées celles de Pinu, Lumiu, Calvi, Olmia et, dans ce qu’on allait parfois appeler plus tard, à partir du xvie siècle, la « Balagne déserte », Lioli, Luzzipeu, Armitu, Chjumi et Falasorma. Au nord-ouest au contraire, la pieve d’Aregnu, coupée du corps central du diocèse par celles de Caccia et de Ghjunsani, était dépendante de l’évêché d’Aleria. L’origine de cette enclave territoriale du diocèse d’Aleria à l’intérieur de celui de Mariana n’est pas clairement reconnue à ce jour. Il pourrait s’agir d’une donnée ancienne liée aux débuts de la christianisation. On peut aussi penser, sans doute plus vraisemblablement, à un phénomène médiéval plus récent, peut-être lié au partage des évêchés insulaires (avec la création de celui d’Accia), en 1133, sous le pontificat d’Innocent II.
4Les pieve, grandes paroisses primitives, étaient au nombre d’une cinquantaine environ pour le nord-ouest de la Corse et d’une dizaine pour la seule Balagne (Carte 2). Détentrices avec les cathédrales du privilège de la fonction baptismale, leur origine est rapportée au haut Moyen Âge par l’historiographie traditionnelle, de type « continuiste », mais réfutée dans cette acception par les recherches récentes qui y voient l’instauration dans l’île d’un modèle péninsulaire italique, spécialement toscan, dans le sillage de l’œuvre réformatrice globale du Saint-Siège sous les pontificats de Grégoire VII et d’Urbain II17.
5La Balagne médiévale était enserrée dans un maillage complexe de seigneuries puis de dominations post-seigneuriales, maillage très évolutif et mouvant au fil de la chronologie. Au xie et au début du xiie siècle, l’autorité des marquis Obertenghi, appuyée notamment sur le castellu de San Colombanu, entre Ghjunsani et pieve de Tuani, domine largement la région. Mais il entre par la suite dans une phase d’érosion puis de désagrégation qui, à partir du siècle suivant, le cantonne dans les pieve de Tuani, d’Ostriconi et de Ghjunsani. Ce sont d’autres lignages seigneuriaux, locaux ceux-là et d’affirmation plus récente, qui sont à l’origine du déclin des Obertenghi et en profitent de manière opportuniste et rapidement conquérante : en tout premier lieu les seigneurs Pinaschi, les seigneurs de Bragaghju, dans une moindre mesure les Avazeri, les Maraninchi ou les seigneurs de Sant’Antonino et de Corbara, ces deux derniers groupes sans doute descendants des Pinaschi. Dans la seconde moitié du xive siècle, de puissants clans familiaux de caporali, d’origine populaire ou, partiellement, aristocratique, apparaissent et se substituent graduellement aux anciens seigneurs dans l’encadrement et la coercition des populations rurales18.
6Alors que dans la Balagne méridionale, dite di Qua, au sud de la rivière Figarella, l’habitat dispersé et ouvert, souvent héritier des « curtes » du haut Moyen Âge, tendait à perdurer sous la forme de hameaux au semis lâche, dispersés ou semi-dispersés dans le cadre ancestral des usages communautaires céréaliers et pastoraux au sein des vallées, au nord, dans la Balagne di Là (la seule documentée par les sources médiévales les plus anciennes), le cœur le plus peuplé de ce monde féodal (pieve d’Aregnu, Tuani, Sant’Andria, Lumiu…), connaissait une tendance au regroupement de l’habitat lié à un certain processus d’« incastellamento », réel mais d’ampleur mesurée. Des sites villageois de hauteur, agglomérés et fortifiés (castra de Corbara, Sant’Antonino, Speloncato, Palmentu et Poghju de Santa Reparata, Montemaggiore, Belgodere…), villages d’éperon ou de pente subordonnés aux fortifications féodales primitives, se mirent à dominer et contrôler une série d’habitats ouverts, en cours cependant de concentration graduelle. À la fin du xive siècle, dans le cadre de l’établissement de l’autorité des caporali de Corbara et de Sant’Antonino, deux villages fortifiés succédaient, en les renforçant et les transformant, aux « castra » seigneuriaux préexistants19.
Une vie rurale active, entre archaïsmes et autarcie : la prédominance du marché intérieur
7Privé jusque vers la fin du xive siècle de toute base documentaire abondante et fiable liée par ricochet ou effet induit au monde urbain (Calvi puis, mais pas avant un xve siècle très avancé, Algajola), l’historien des réalités rurales de la Balagne médiévale n’est pourtant pas dépourvu de toute information suggestive émanant du monde des campagnes elles-mêmes. Il dispose en effet (gisements exceptionnels dans le tableau des sources écrites relatives aux paysages ruraux insulaires), pour ce qui est du régime agraire de cette région entre l’extrême fin du xie siècle et la fin des années 1300, de deux corpus chronologiquement assez cohérents, riches d’enseignements bien que fort lacunaires : ce ne sont guère plus que des échantillons détaillés, par définition très sectoriels et donc à la représentativité globale très imparfaite. L’un est relatif à des donations (ou autres types de transactions) concernant des domaines aristocratiques (Illustration 1) ou des alleux de propriétaires ruraux sans doute aisés, notables ruraux ou simples « coqs de village », en faveur de l’abbaye de la Gorgone (Archipel toscan), depuis la fin du xie siècle mais principalement dans la première moitié du xiie, puis à nouveau (inventaires) au xiiie et surtout au xive siècle. L’autre, principalement centré sur les siècles finaux du Moyen Âge, se rapporte à la description détaillée (Illustrations 2 et 3) du temporel balanin du monastère ligure de San Venerio del Tino (au large de Portovenere, à proximité de La Spezia). Le premier de ces deux dossiers porte surtout sur les finages des villages de Santa Reparata, Aregno ou Pigna, le second surtout sur ceux de Belgodere et de Lumio (et Occi), accessoirement ceux de Ville di Paraso, Speloncato, Occhiatana, Palasca20.
8Or, ces deux noyaux documentaires échelonnés dans le temps, entre le cœur et la fin du Moyen Âge, semblent livrer à l’historien une image assez nettement contrastée du système agraire des secteurs géographiques concernés. Pour les xiie et xiiie siècles (monastère de la Gorgone21), la documentation disponible tend à révéler le tableau d’une polyculture active et substantiellement assez équilibrée (céréales, vignes, jardins et vergers), avec en particulier une sensible prégnance viticole dans les mentions de parcelles ayant fait l’objet de donations à cette abbaye ou dans les contrats fonciers (baux, complants…) établis par la paysannerie du lieu en liaison avec ces domaines monastiques. Au contraire, l’ensemble documentaire relatif aux terres balanines de l’abbaye de San Venerio, plus tardif d’un siècle ou deux, suggère un vif recul des parcelles encépagées au profit des emblavures (orge ou blé, selon les cas22).
9De ces images différenciées, et même sensiblement contrastées, que deux ou trois siècles séparent et opposent, Daniel Istria (2005), dans son important ouvrage sur les pouvoirs seigneuriaux dans le nord de la Corse au Moyen Âge central, infère une hypothèse interprétative de portée générale selon laquelle, entre le xiie et le xive siècle, sur les terres monastiques mais aussi de manière vraisemblablement plus large, un régime rural diversifié, à la viticulture vigoureuse, reflet de la propriété seigneuriale comme des alleux paysans, a été supplanté, notamment dans les domaines de San Venerio (les mieux documentés), par une nette spécialisation céréalière délibérément tournée vers l’exportation en Terre Ferme, en particulier vers Gênes et la Ligurie23.
10Apparente il est vrai, mais moins univoque et surtout de portée globale à l’échelle de l’agriculture régionale, moindre que ne le suggère tel ou tel inventaire monastique car vraisemblablement limitée aux terroirs domaniaux de San Venerio (et non étendue à l’ensemble des terroirs villageois, dont l’organisation intrinsèque en fonction de la chronologie nous demeure inconnue) : telle est l’évolution culturale qui nous paraît ressortir, du xiie au xive siècle, des tableaux ci-après24.
vignes, pastini (complants viticoles) | 20 |
vignes et fruitiers | 4 |
fruitiers | 5 |
orti, erbari (jardins) | 7 |
terres (lenze, peci terre) | 19 |
campi | 8 |
casamenti (exploitations habitées) | 2 |
vignes | 5 |
fruitiers | 2 |
enclos (chiosi) | 3 |
terres (lenze, pezzi di terra) | 13 |
exploitations familiales (casali, poderi) | 9 |
vignes | 11 |
jardins | 3 |
enclos (chiosi) | 3 |
terres (lenze) | 20 |
campi | 65 |
vignes | 12 |
fruitiers | 2 |
enclos (chiosi) | 1 |
terres (lenze, pezzi di terra) | 26 |
campi | 2 |
exploitations familiales (casali, poderi) | 13 |
vignes | 1 |
jardins, fruitiers | 2 |
terres (pecie terre, lenze) | 8 |
campi | 23 |
vignes, pastini | 33 |
fruitiers et oliviers | 10 |
jardins | 6 |
enclos (chiosi) | 15 |
domaines (tenute) | 5 |
terres (pecie, lenze) | 126 |
campi |
11Nous avons, quant à nous, une interprétation prudente de ces situations agraires apparemment décalées. La proposition de lecture de Daniel Istria dans le sens d’un éveil, voire d’un élan céréalier propre à toute la Balagne de la fin du Moyen Âge et d’un tarissement relatif de la diversité polyculturale antérieure, nous semble quelque peu forcée. Il paraît difficile d'élargir cette tendance aux terroirs des communautés rurales qui échappent à l'empire monastique, terroirs de loin les plus nombreux dans la Balagne du temps, mais privés de documentation écrite avant le xve ou le xvie siècle. Par ailleurs, l’utilisation parallèle de ces deux dossiers monastiques distincts appelle une démarche critique particulièrement attentive : il s’agit de deux gisements écrits aux enseignements non exactement superposables, sources certes de même nature diplomatique mais topographiquement, chronologiquement et génétiquement non concordantes. En particulier, l’origine et la nature foncière différenciées des donations primitives aux deux abbayes, à la fin du xie et dans le cours du xiie siècle, sont des éléments majeurs à prendre en compte dans l’interprétation de la composition et du faciès agraires des deux temporels sous l’angle de l’évolution chronologique des paysages végétaux humanisés. Il nous semble probable que les donations primitives, entre le xie et le xiie siècle, de vastes patrimoines seigneuriaux dans le cas des marquis Obertenghi (San Venerio), de domaines bien plus petits et nombreux par une pluralité de maîtres ou de puissants de villages dans le cas des Pinaschi et autres seigneurs ou simples propriétaires ruraux (la Gorgone), aient accru en termes relatifs la part majoritaire des tènements emblavés dans le premier cas, d’une quasi-marqueterie polyculturale dans le second, et cela dès le Moyen Âge central. Si nous savons peu de choses du transfert des denrées agricoles vers la Gorgone ou Pise avant 1300, celui-ci est attesté dès le début du xiiie siècle, avec l’exportation vers la terre ferme des céréales produites sur les terres de San Venerio, et se poursuit durant tout le Moyen Âge final25.
12Aussi bien, selon nous, les unités foncières mentionnées et souvent décrites dans les chartes de la Gorgone pour les xiie et xiiie siècles se réfèrent beaucoup plus souvent que celles de San Venerio aux fractions les plus intensément mises en valeur des finages. Ces parcelles anciennement défrichées, délimitées et encloses, se trouvaient à forte proximité des noyaux de peuplement paysan (en particulier les hameaux groupés de Santa Reparata), là-même où s’étendaient les terroirs viticoles et les « courtils » soigneusement protégés et entretenus à l’intérieur des circuli, en vertu des règles sévères des contraintes communautaires visant à la stricte protection des cultures délicates contre les usages périlleux de la dépaissance collective. Il en va différemment des parcelles et domaines monastiques de San Venerio, certes à la vocation frumentaire affirmée au fil du temps, mais surtout implantés dès l’origine dans des secteurs céréaliers de plaines ou de coteaux, espaces traditionnels d'agriculture sèche (assolements réguliers, voire cultures temporaires – debbi – entre très longues jachères), prese à grains plus ou moins mitoyennes des habitats, ce en fonction de trois forts noyaux majeurs : la basse vallée du Reginu (surtout entre Losari et Belgodere), Monticello d’autre part, Occi et Lumio enfin. Ces terres, depuis qu’on peut les suivre dans les textes (xiiie siècle), ont toujours connu une orientation majoritairement céréalière (orge et froment) destinée à l’exportation vers l’abbaye ligure et cela de manière peut-être guère plus marquée à la fin du Moyen Âge qu’un ou deux siècles plus tôt.
13Ainsi, tout en tenant compte de l’auréole obligée des jardins et des vignes qui, dans cette région médiévale comme ailleurs dans l’île, environnait les habitats groupés (type Sant’Antonino, Belgodere, Speloncato…) ou organisés en noyaux distincts (type Aregno ou Santa Reparata), il semble que la Balagne ait été dominée dès le Moyen Âge central par une céréaliculture vivrière de large diffusion, globalement destinée au marché intérieur (par ventes, échanges ou troc), souvent temporaire et extensive dans le cas des prese de nombreuses communautés rurales, mais plus intensive sans doute, en tout cas encore plus générale, dans le cas des usages agraires du patrimoine foncier des abbayes extérieures, en particulier celle de San Venerio (Figure 2). De fait, dès le début du xive siècle, on commence à disposer d’autres types de textes, essentiellement génois, qui mentionnent la production de blé et d’orge en Balagne et leur exportation, surtout par Calvi, à côté des matières primaires de l’activité sylvo-pastorale (bois, cire, bétail sur pied, peaux non tannées) et du vin.
14C’est de cette très large place de l’agriculture céréalière d’autoconsommation majoritaire (et pour une faible partie d’exportation) que témoigne encore, pour l’historien ruraliste, le nombre très élevé dans cette région de toponymes pluriséculaires relatifs aux défrichements primaires ou secondaires et à la part dominante des emblavures (« Nuvale », « Debbiu », « Purrettu », « Aghja », « Ferraghjinale »…). Il faut naturellement ajouter à cette rubrique annonaire la part notable des légumineuses traditionnelles ou archaïques (« Mucale », « Lupinaghju », « Favale »…). Ce dense réseau toponymique présent dans les sources rurales d’époque moderne, à compter du xvie siècle, n’est certes pas entièrement d’origine médiévale, mais on peut assurer par de nombreux recoupements que la majorité des items l’est authentiquement.
15Quant à l’olivier, au rôle si considérable dans l’histoire agraire de la Balagne moderne et contemporaine, on est frappé de sa place apparemment fort modeste au sein ou aux marges des vastes soles céréalières avant la fin du xve siècle et surtout le milieu du xvie siècle. Cette présence très discrète doit recevoir plusieurs explications. La pratique médiévale insulaire faisait un large usage des oliviers sauvages, les oléastres, dont la mise à profit pour la production d’huile ressortissait à une économie de collecte et non de culture (à noter le grand nombre en Balagne de toponymes d’attestation tardive en « Ogliastru », « Ogliastriccia », etc.). Par ailleurs comme dans d’autres régions de la Méditerranée médiévale, dans les sources écrites du temps, la présence d’oliviers greffés en faible nombre dans des champs complantés ne retirait pas à ceux-ci leur désignation taxinomique de type céréalier. De plus, la consommation alimentaire paysanne corse avant 1500 revêtait encore un caractère très autarcique (un ou au plus quelques arbres, tant d’oléastres que d’oliviers, suffisaient aux besoins alimentaires de chaque famille). Songeons enfin à des traits socioculturels : la population de la Balagne médiévale, comme ailleurs dans l’île, privilégiait les corps gras d’origine animale (suif), pour se nourrir surtout mais sans doute aussi pour s’éclairer, le recours à l’huile d’olive relevant alors davantage des goûts et des modèles proprement citadins. Il convient donc de voir dans la rareté de l’olivier cultivé dans la Balagne médiévale et sa rapide diffusion à partir du début du xvie siècle le reflet, d’abord en négatif puis en positif, du facteur urbain génois dans l’histoire de la civilisation matérielle micro-régionale, Calvi et Algajola n’acquérant que bien après leur fondation une réelle emprise économique et culturelle sur leur arrière-pays proche puis lointain26.
Notes de bas de page
15 En dernier lieu : Cancellieri J.-A., « Les caractères distinctifs des premières villes génoises de Corse (xiiie-xve siècles), dans Cancellieri J.-A., Marchi Van Cauwelaert V. (éd.) Villes portuaires de Méditerranée occidentale au Moyen Âge. Îles et continents xiie-xve siècles, Mediterranea. Ricerche storiche, Quaderni, Palerme, 2015, p. 261-282.
16 Le terme pieve sera ici utilisé de manière identique, à la manière corse, au singulier et au pluriel. Cependant on peut trouver dans la littérature pievi pour le pluriel.
17 Voir les conceptions réitérées de G. Moracchini-Mazel depuis la publication de sa thèse, Les églises romanes de Corse, 2 vol., Paris, Klincksieck, 1967. Un point global des nouvelles interprétations dans Pergola P., « Une pieve rurale corse : Santa Maria di Talcini. Problèmes d’archéologie et de topographie médiévales insulaires », Mélanges de l’École Française de Rome. Moyen Âge, XCI, 1979, p. 89-111 ou Istria D., Di Renzo F., « Le paysage chrétien de la Corse médiévale », dans Corsica Christiana. 2000 ans de christianisme, catalogue d’exposition, Ajaccio, Albiana, 2001, p. 126-141.
18 Sur ces aspects évolutifs du contrôle des populations et de l’organisation des territoires corses médiévaux, voir notamment, pour la Balagne : Amadei A., Terre et hommes du nord de la Corse au cœur du Moyen Âge, Bastia, Scola Corsa, 1991 ; Istria D., « Le château, l’habitat et l’église dans le nord de la Corse aux xiie et xiiie siècles », Mélanges de l’École Française de Rome. Moyen Âge, CXIV, 2002, p. 227-301 (remis en perspective dans sa synthèse : Pouvoirs et fortifications dans le nord de la Corse, xie-xive siècle, Ajaccio, Alain Piazzola, 2005) ; Franzini A., « Les caporaux de Balagne, I. De la seigneurie au caporalat (xie-xve siècle) », Études corses, no 73, 2012, p. 163-194.
19 Istria D., Pouvoirs et fortifications…, op. cit., notamment p. 159-180.
20 Principaux éléments publiés : Carte dell’Archivio della Certosa di Calci, 1 (999-1099), éd. Scalfati S.P.P., Rome, Edizioni di Storia e Letteratura, 1977 (« Thesaurus Ecclesiarum Italiae », VII, 17 et Carte dell’Archivio della Certosa di Calci, 2 (1100-1150), éd. Scalfati S.P.P., ibid., 1971 (« Thesaurus Ecclesiarum Italiae ») VII, 18 (la Gorgone) ; Carte del monastero di San Venerio del Tino relative alla Corsica (1080-1500), éd. G. Pistarino, Turin, 1944 (« Regia Deputazione subalpina di storia patria », CLXX) (San Venerio).
21 Tendance déjà soulignée pour les possessions de la Gorgone en Balagne et le Cap Corse par Amadei A., « L’exploitation de la terre dans le nord de la Corse aux xie et xiie siècles », Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse, no 603, 1972, p. 77-104 (étude refondue dans Terre et hommes du nord de la Corse…, op. cit.). Pour le xiiie siècle, si on dispose globalement de moins d’actes monastiques que pour le xiie d’une part et les xive et xve de l’autre, on trouve cependant, pour la Balagne, quelques occurrences significatives, notamment des mentions de contrats « a pastinendo » (complants viticoles). Ainsi : Stussi A., « Un testo del 1248 in volgare proveniente dalla Corsica », Studi linguistici italiani, XVI, 1990, p. 145-154 ; Stussi A., « Corsica, 1260 », Studi mediolatini e volgari, XXXVI, 1990, p. 157-162 ; Larson P., « Una carta balanina del 1242 », Da riva a riva. Studi di lingua e letteratura italiana per Ornella Pollidori, Florence, Cesati, 2011, p. 241-256.
22 Istria D., Pouvoirs et fortifications…, op. cit., p. 258 (« alors que plus de 60 % des transactions foncières au profit des abbayes réalisées dans cette région aux xie-xiie siècles comprennent des vignes, les inventaires des biens du monastère dressés au xive siècle permettent d’estimer la part des terres semées en blé à plus de 85 %, alors que la vigne ne représente plus que 10 % de ses biens fonciers sur ce territoire »).
23 . Ibid., p. 257 : « En Balagne, la viticulture est encore dynamique au xiiie siècle […]. Néanmoins […], la vigne laisse peu à peu la place à la culture des céréales à partir du xive siècle au moins ».
24 Leur mode d’élaboration doit être précisé et leur caractère approché (mais cependant signifiant) souligné. Du point de vue chronologique, seuls les tableaux 1 (première moitié du xiie siècle), 3 (xiiie siècle, mais, s’agissant d’une copie tardive, avec des incertitudes), 4 et 5 (xive siècle) reflètent une datation absolue. Les tableaux 2 et 6 reposent sur des éléments de généalogie parcellaire plus ou moins régressive. Du point de vue typologique (familles de parcelles, cultures…) de nombreuses incertitudes existent : toutes les terres ne sont pas décrites et presque jamais estimées en superficie, leur qualification (« terres », « champs », « poderi », « tenute »…) peut être floue et se référer à différents modes de mise en valeur, les confronts ne sont pas toujours taxinomiquement définis (ils n’ont été intégrés aux calculs que lorsque cela a semblé pertinent).
25 Ainsi : Pistarino G., « Corsica medievale : le terre di San Venerio », Miscellanea di storia ligure in onore di Giorgio Falco, Milan, Feltrinelli, 1962, p. 33-34 ; Scalfati S.P.P., « Les propriétés du monastère de la Gorgona en Corse (xie et xiie siècles) », Études corses, 5, no 8, 1977, repris dans Id., La Corse médiévale…, op. cit., p. 134-144.
26 Sur l’expérience d’une étude systématique de la toponymie majoritairement d’origine médiévale comme contrepoint (ou contrechamp) de l’étude de la documentation diplomatique dans ce même cadre géographique : Cancellieri J.-A., « Toponymie et structures médiévales de l’occupation de l’espace insulaire », dans Weiss M. C. (dir.), Les temps anciens du peuplement de la Corse. La Balagne, II, Corte, Université de Corse, 1988, p. 177-240.
Auteurs
Professeur d’histoire médiévale, Université de Corse/UMR CNRS 6240 LISA.
Maître de Conférences en histoire médiévale, Université de Corse/UMR CNRS 6240 LISA.
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