Du « conflit des drapeaux » à la « contestation des hospices » : l’Allemagne et la France catholiques en Palestine à la fin du xixe siècle
p. 343-363
Texte intégral
1Jusqu’à ce jour, la recherche historico-géographique concernant les activités chrétiennes européennes en Palestine à la fin de la période ottomane s’est principalement concentrée sur des études distinctes de l’activité de chaque nation. Il paraissait raisonnable que, dans un premier temps, pour ce champ de recherche relativement neuf, la plupart des efforts soient dédiés à la collecte de données et à l’accumulation de savoirs. Cette tâche elle-même est loin d’être achevée, et de nouveaux faits surviennent constamment, témoignant régulièrement de l’impact de l’activité des grandes puissances de ce temps sur le développement de la Palestine. C’est pour cela que la plupart des recherches sont consacrées aux activités d’un seul pays, voire à celles d’un groupe spécifique de ce pays1. Mêmes les études générales sont découpées en différents chapitres traitant chacun de l’activité d’un pays différent2.
2En tout état de cause, la présente étude tend à viser une perspective plus comparative, dans le but d’examiner les relations mutuelles entre deux organisations catholiques actives en Palestine au même moment. Cette recherche se concentrera sur l’un des plus petits groupements chrétiens européens à agir en Palestine, à savoir les catholiques allemands, dont l’activité en et pour la Terre sainte a emprunté un chemin différent de celle des autres groupes. Après l’examen de ce cas spécifique, nous tenterons de montrer comment ce groupe a été influencé par les intérêts et présences catholiques européens – en l’occurrence français – en Palestine.
Les activités catholiques allemandes en Terre sainte3
3L’Allemagne est le seul pays dont les ressortissants actifs en Palestine peuvent être répartis en groupes selon leur affiliation religieuse. C’est ainsi que l’on peut parler d’activités allemandes protestantes, catholiques ou des Templers. Ces trois groupements se distinguent entièrement l’un de l’autre en ce qui concerne les motifs et les méthodes de leurs actions, leurs manières d’agir et l’illustration de ces actions sur le terrain. C’est aussi pour cela qu’il ne serait pas juste, au moins pour la plus grande partie de la période étudiée, de considérer l’activité allemande comme un tout.
4Les catholiques allemands constituent le plus petit de ces groupes. Leur implication en Palestine au cours de la période précédant la Première Guerre mondiale peut être divisée en trois grandes sous-périodes :
- 1838-1875 : activités au nom des chrétiens catholiques en Terre sainte ;
- 1875-1895 : débuts d’une activité pratique ;
- 1895-1910 : activité pratique institutionnalisée et diffuse.
5Les premiers pas de l’activité catholique allemande en Palestine datent de 1838 : au moment où le prince bavarois, le duc Maximilian Joseph, effectue un pèlerinage à Jérusalem, partie d’un plus grand voyage, au cours duquel le point d’orgue est son élévation au rang de chevalier de l’ordre du Saint-Sépulcre. C’est un excellent exemple de la nature romantique du séjour lui-même et des liens entre la Bavière, sous le règne de Louis Ier, et la Terre sainte4. Le prince fait don aux franciscains d’une somme importante qui leur permet de se porter acquéreurs du site de la Flagellation et d’y construire une chapelle, le premier édifice chrétien moderne de Jérusalem5. Louis est alors à la tête d’une association vouée au soutien financier des activités des missions catholiques de par le monde et, en particulier, à l’appui régulier des gardiens du Saint-Sépulcre6.
6En 1855, deux personnes venant de rentrer d’un pèlerinage en Palestine fondent une « Association du Saint-Sépulcre pour la promotion des intérêts catholiques en Terre sainte » (Der Verein vom Hl. Grabe zur Förderung katholischer Interessen im hl. Lande) – l’omission du terme « allemand » n’est pas un hasard. L’association en question est implantée à Cologne, avec pour mission d’agir dans tous les États allemands. Ses principaux buts, définis dans ses statuts, sont les suivants : soutien aux franciscains et au Patriarcat de Jérusalem, rétabli en 1847 ; soutien aux organisations ecclésiastiques et aux ordres religieux déjà en place en Palestine ; promotion des pèlerinages. Le cardinal-archevêque de Cologne en accepte le patronage et les dons commencent à affluer vers le centre, d’où ils sont envoyés en Palestine. La publication de l’association, intitulée Das Heilige Land, qui paraît à partir de 1857, est jusqu’aujourd’hui le principal forum de l’activité catholique allemande7.
7Un inventaire des diverses institutions catholiques qui jouissent des dons du Verein vom Hl. Grabe révèle un engagement large et volumineux. De fait, il s’agit de la majorité des associations, institutions et ordres catholiques qui s’installent et agissent en Palestine, Syrie et Égypte. La part du roi revient à la Custodie et au Patriarcat de Jérusalem, dont certaines institutions ne peuvent vivre que grâce aux subsides allemands. Au cours des quarante années de sa vie, l’association envoie plus de trois millions de marks sous forme de dons8.
8Ces fonds sont répartis entre toutes les institutions catholiques, nonobstant leur origine nationale. Bien plus, il n’existe alors en Palestine aucune institution qui puisse être définie comme catholique allemande. Un prêtre franciscain, le P. Ladislaus Schneider, natif de Haute-Silésie, tente alors de corriger ce qu’il considère être une « double distorsion ». Il est l’un des ecclésiastiques exilés de leur patrie à la suite de l’action de Bismarck contre la hiérarchie politique et ecclésiale catholique dans son pays, passée à l’histoire sous le nom de Kulturkampf. L’arrivée de Schneider en Palestine, en 1875, marque le début de la deuxième période de l’activité catholique en Terre sainte. Il entreprend en effet immédiatement de mettre en place des institutions allemandes. Il acquiert deux parcelles, l’une à proximité du bassin de Mamilla, à Jérusalem, l’autre dans le village de Kubeibe, l’un des sites identifiés comme étant Emmaüs, au nord-est de la ville. Son intention est alors de créer dans les deux endroits des centres pour ses compatriotes catholiques de Palestine. Il rassemble dans ce but de jeunes hommes qui tente de s’autosuffire en travaillant dans l’artisanat et l’agriculture9.
9Les achats sont effectués avec la bénédiction et le soutien des responsables catholiques de Jérusalem, tandis que les activités sont financées en partie par le Verein. Ces responsables changent néanmoins rapidement d’attitude lorsqu’ils se rendent compte que Schneider a pour but de mettre en place des institutions avant tout catholiques et allemandes. Les agissements du patriarche et du custode, combinés à une pression française, entraînent l’exil de Schneider à Alexandrie, au début de 1879. Il semble que l’on ait là la première intervention française contre les catholiques allemands en Palestine ; évidemment, ce n’est pas la dernière10. En tout état de cause, il prévoit évidemment cette mesure. C’est pour cela qu’il place ses institutions sous la protection du consulat d’Allemagne, et il effectue une tournée de collecte de fonds en Allemagne, où le Kulturkampf vient juste de s’achever. Avec l’aide de plusieurs activistes catholiques, il est à l’origine d’un comité installé à Aix-la-Chapelle qui accepte de prendre la tutelle des institutions. Ce faisant, il tente de prévenir toute possibilité pour une entité non-allemande de prendre le contrôle de ses terrains11.
10Dans le même temps, il inaugure une campagne dirigée contre le Verein et ses méthodes d’action. Lors de ses apparitions publiques et dans ses articles parus dans la presse catholique, il réitère sans cesse deux questions fondamentales : « pourquoi les catholiques allemands sont-ils totalement ignorés en Terre sainte, ce qui les empêche de prendre part de quelque manière que ce soit à la christianisation de la Palestine, ou de soutenir les institutions catholiques ? » et « pourquoi les contributions allemandes considérables sont-elles aujourd’hui encore attribuées seulement aux institutions catholiques d’autres nations12 ? »
11Le comité du Verein rejette ces critiques ; le patriarche de Jérusalem l’aide à défendre les principes de base de son action13. Mais c’est trop tard. Des modifications du contexte en Allemagne et en Palestine conduisent en effet à un complet changement de l’attitude des catholiques allemands. Le comité mis en place par Schneider en 1879 crée à son tour, en 1885, l’« Association de Palestine des catholiques allemands » (Der Palästinaverein der Katholiken Deutschlands), fixé à Aix-la-Chapelle. Dirigé par une personne énergique et active, Wilhelm Leopold Janssen, il commence à travailler à la réalisation de ses objectifs, formulés selon trois principes principaux14 :
- Sauvegarder les intérêts des catholiques allemands en Terre sainte ;
- mettre en place un hospice, et à ses abords une église et une école à Jérusalem, où les pèlerins de nationalité allemande peuvent être hébergés, avec possibilité de donner conseil et assistance aux Allemands désireux de s’installer dans la ville ;
- diffuser la foi catholique et la vraie culture chrétienne en Palestine.
12Dans les faits, ils inaugurent une véritable activité de colonisation, en élargissant les institutions existantes, en achetant et en mettant en place d’autres (à Tabgha et Haïfa). Des nonnes allemandes de l’ordre de Saint-Charles Borromée (Barmherzige Schwester vom hl. Karl Borromäus) arrivent pour y travailler15. En 1890, Janssen envoie des prêtres allemands de l’ordre des lazaristes pour qu’ils prennent en charge l’administration de toutes les institutions de l’association16. L’arrivée à Jérusalem des Pères Wilhelm Schmidt et Heinrich Richen marque le début d’une nouvelle période d’activité intense en particulier pour l’histoire de l’hospice, en général pour l’action catholique allemande17.
13La dernière étape du développement de l’activité catholique allemande en Palestine commence en 1895. Ceux qui tiennent les cordons de la bourse (le Verein vom Hl. Grabe) s’entendent avec les acteurs sur le terrain (le Palästinaverein) pour créer l’« Association allemande de la Terre sainte » (Der deutsche Verein vom Hl. Lande), qui est active jusqu’à aujourd’hui depuis son centre situé à Cologne. Dans ses statuts, la nouvelle association adopte les mêmes objectifs centraux que ses deux prédécesseurs18 :
- Entretien des Lieux saints et promotion des missions catholiques en Terre sainte ;
- sauvegarde des intérêts de l’Église et des intérêts sociaux des catholiques allemands de Terre sainte.
14Les activités pratiques en Palestine se multiplient et atteignent leur apogée dans les douze années qui suivent la visite de l’empereur Guillaume II19. L’un des deux points d’orgue de cette visite est la cérémonie au cours de laquelle le terrain de la Dormition que l’empereur a reçu du ou acheté au sultan est confié à l’autorité de l’association catholique. Lors de sa visite du 31 octobre, jour de la Réforme, l’empereur inaugure l’église du Rédempteur, censée devenir le centre et le symbole de l’action protestante à Jérusalem et en Terre sainte. Guillaume, fortement lié à la tradition protestante des Hohenzollern, et conscient de la situation délicate et problématique de ses relations avec ses sujets catholiques, est désireux de manifester ouvertement son attachement envers eux, étant également leur Kaiser20. Dans l’après-midi du même jour, il remplit son devoir envers le tiers catholique de ses sujets. Il écrit dans un télégramme adressé au président Janssen :
« Sa Majesté le Sultan m’a transmis la propriété du terrain de la Dormition, et j’ai décidé de le transférer à l’Association allemande de la Terre sainte pour son libre usage, en accord avec les intérêts des catholiques allemands. Il me plaît de donner par là une nouvelle preuve de la préoccupation paternelle avec laquelle, en dépit de ma foi différente, j’aspire constamment à défendre leurs intérêts religieux21. »
15L’empereur recommande l’établissement d’une église vouée au culte de Marie et d’un monastère. L’association organise immédiatement une campagne de collecte de fonds, se charge de préparer le terrain et commence à ériger ce qui doit devenir le centre de l’action catholique allemande en Palestine. La première pierre est posée à l’automne 1900. En dépit de divers retards, un vaste édifice commence à s’élever sur le mont Sion22. Au début du xxe siècle, l’association achète le terrain opposé à la porte de Damas, sur lequel elle érige son second grand établissement, l’hospice Saint-Paul23.
16Il existe un lien direct entre le processus observé en Allemagne, en général, s’appliquant à ses citoyens catholiques, en particulier, et leurs activités en Palestine. On trouve en Bavière les premiers bourgeons d’un attachement avec la Palestine, cet État d’Allemagne ayant la plus grande population catholique, où l’impact du courant romantique en matière de littérature et de politique est le plus grand24. Sous le règne de Louis Ier, la Bavière tente de développer une activité catholique en Palestine pour se placer en parallèle à la dynamique activité protestante (établissement d’un consulat, d’un évêché anglo-prussien, et plus) menée sous la férule de la Prusse, sous Frédéric-Guillaume IV25. En tout état de cause, ces initiatives, comme le règne de Louis Ier, font long feu. Les événements de 1848 détournent les attentions pour les concentrer sur des affaires internes à l’Europe. C’est même le cas du professeur J. N. Sepp de Munich qui, après s’être rendu en Palestine dès 1845 et menant là à partir de cette date de nombreuses initiatives catholiques allemandes, se focalise sur l’Allemagne au cours des douze années suivantes26.
17L’initiative suivante ne trouve pas son origine en Bavière. C’est le résultat de la manière progressive dont la Prusse prend peu à peu la tête des États allemands, un processus qui comprend l’éviction de la catholique Autriche de la scène internationale. Le Verein vom Hl. Grabe est établi à Cologne, et la plupart de ses activités concernent les États centraux et septentrionaux de l’Allemagne. Par ailleurs, cette association adopte un style d’action peu commun avec celui des autres organisations agissant en Palestine. Pendant quarante ans, l’association recueille des dons et les envoie aux institutions catholiques de Palestine et des environs. Elle se contente de ce soutien et ne produit aucun effort pour mener une activité concrète dans cette zone. Les raisons en résident dans la structure spécifique de la confession dont il est question. Les catholiques sont en effet dispersés dans tous les États allemands, et dans la plupart ils y forment une minorité. Après 1848, il ne se trouve en Allemagne aucun État qui puisse se charger de cette activité, comme la Prusse le fait pour la partie protestante. La dispersion, qui s’ajoute aux divers conflits politiques dans lesquels l’Église catholique d’Allemagne est impliquée, l’attitude ultramontaine prédominante, et le processus de sécularisation sont autant de raisons qui entraînent le retard de leur développement en un groupe ethnique, politico-religieux unifié et solide. C’est pour cela qu’en Palestine ils sont guidés par les intérêts de la seule organisation qui puisse les unir, l’Église catholique27.
18En tout état de cause, ils ne peuvent pas éviter non plus d’être affectés par le courant nationaliste qui prédomine en Europe à partir du milieu du xixe siècle. Le professeur de Munich cité ci-dessus, Sepp, est le premier à brandir cette bannière en appelant, dès le début des années 1860, à l’établissement d’une institution catholique allemande en Palestine28. Mais le temps n’est pas encore mûr pour cette idée. On aurait pu s’attendre à ce que de telles activités débutent en 1871, immédiatement après la victoire sur la France et l’établissement du deuxième Reich allemand. En Allemagne, le pouvoir du parti catholique, le Zentrum, s’accroît alors rapidement, menant à l’existence d’un État et d’une organisation qui aurait pu prendre en main une telle action. Mais Bismarck survient alors et brouille les cartes en menant, de concert avec les libéraux, son Kulturkampf contre l’Église catholique. Par là, il cherche aussi une occasion de mettre à bas le parti du centre en pleine expansion et qui suscite son appréhension. La lutte se poursuit jusqu’en 1878, ce qui limite d’autant l’autorité des responsables de l’Église catholique, interdit l’action de certains ordres, et conduit nombre de prêtres à retourner dans leurs pays d’origine. Dans ces conditions, il est évidemment impossible de prendre l’initiative d’une colonisation en Palestine29.
19À la fin de la lutte, en 1878, commence en Allemagne un processus d’intégration des citoyens catholiques. Le parti du centre abandonne sa posture d’opposition, et, tout en demandant la restitution de tous leurs droits aux catholiques, affirme qu’ils sont avant tout des Allemands. Ce processus prend des années, au cours desquels les citoyens catholiques du nouveau Reich, clairement assimilé au protestantisme, manifestent graduellement un patriotisme forcé et exagéré, censé faire contrepoids à l’infériorité civile qui les affecte et défaire la méfiance durable dont ils souffrent de la part de leur environnement protestant30.
20C’est un réfugié du temps du Kulturkampf qui prépare le terrain en Palestine. Dès la fin de 1878, Schneider peut rentrer en Allemagne, recueillir des dons et mettre en place le comité destiné à la préservation des institutions qu’il vient de créer. Mais il faut attendre six autres années pour que Janssen soit en mesure d’instituer le Palästinaverein ; sans aucun doute il devait attendre pour cela que s’éteignent les derniers restes du Kulturkampf. En 1885, tout est prêt pour un changement. Cela apparaît non seulement dans le rôle des citoyens catholiques dans le Reich allemand, mais aussi dans la mutation du contexte international, en particulier en ce qui concerne la politique étrangère allemande et sa perception du colonialisme31. En Palestine, cela conduit à une participation renouvelée de l’Allemagne à la rivalité entre puissances, en vue de gagner pouvoir et influence, et, ce qui est plus remarquable, à une opposition constante à toute tentative française de réaliser quoi que ce soit qui ait une signification nationale32.
21Qu’est-ce qui cause le grand retard pris par leur action concrète en Palestine ? Outre les raisons liées à la condition des catholiques en Allemagne, un important facteur réside dans les efforts des responsables de la hiérarchie catholique de Jérusalem, en particulier le patriarche latin et le custode franciscain, qui font tout ce qu’ils peuvent pour empêcher l’établissement d’institutions catholiques allemandes. Ils s’assurent de ce qu’aucun ordre catholique allemand ne s’implante en Palestine. Un examen de la liste des ordres qui commencent à agir en Palestine à partir du rétablissement du Patriarcat jusqu’à la fin du siècle montre que sur ces dix ordres masculins et onze ordres féminins, seuls deux sont allemands, les sœurs de Saint-Charles et les lazaristes, qui arrivent à l’instigation de Janssen et de l’Association de Palestine33. Lorsque Schneider entame sa bataille contre le Verein vom hl. Grabe, le patriarche s’empresse de mettre tout son poids derrière cette association, proclamant qu’elle doit continuer à envoyer ses dons et qu’il ne lui appartient pas d’avoir une part active dans les opérations de Palestine. Le motif de cette approche est clair : les institutions assimilées à l’Allemagne recevraient la plus grande partie des dons, et les responsables de l’Église en Palestine sont soucieux de ne pas perdre l’un des principaux et plus importants moyens de financement à leur disposition. C’est pour cela qu’ils font tout leur possible pour retarder l’établissement d’institutions allemandes, et lorsqu’ils réalisent ne plus pouvoir le faire, essaient à plusieurs reprises de soustraire au Verein une grande part des contributions venant d’Allemagne et de la transférer directement aux franciscains34. On le voit, ce sont en fait leurs activités philanthropiques et le soutien financier considérable qu’ils expédient en Palestine qui font que les catholiques allemands, qui viennent s’établir et travailler en Terre sainte, s’y retrouvent sans alliés naturels.
22Un deuxième point d’intérêt est l’impact des activités chrétiennes européennes en Palestine. Lorsque l’Association de Palestine commence ses travaux, les activités des Allemands ont pour but de leur donner une place digne aux côtés des ressortissants d’autres nations. Comme Janssen l’écrit à l’empereur : « [L’Association] permet au nom allemand de se gagner du respect en Orient, aussi par le biais du travail catholique35. »
23Janssen répartit en deux groupes les parties actives en Palestine. Percevant les autres groupements allemands comme des modèles à imiter, il considère les Russes, mais surtout les Français, comme des éléments à concurrencer36. Par exemple les Templers, qui ont parfaitement réussi à mettre en place des « colonies », ressemblent aux catholiques : ils viennent de régions semblables en Allemagne et ont un même passé. Il n’y a donc aucune raison pour que les catholiques ne parviennent pas à établir des villages s’ils bénéficient des mêmes circonstances. Les tentatives ayant lieu à Kubeibe, Tabgha, Haïfa et Migdal échouent. Ces échecs sont à inclure dans l’effort constant visant à l’augmentation de la représentation catholique allemande en Palestine. Mais là non plus ils ne peuvent aboutir37.
24Certaines des raisons de ces échecs sont liées au contexte de la Palestine (finances, environnement, bureaucratie, sécurité), d’autres découlent du statut spécifique des catholiques allemands. L’âge d’or de la présence allemande en Palestine, au moment de l’établissement des communautés protestantes et des Templers se situe dans le troisième quart du xixe siècle. C’est une période de migration massive à partir du territoire allemand38. Dans les années 1890, lorsque les catholiques allemands inaugurent leur activité d’implantation en Palestine, ce mouvement migratoire a complètement cessé et il leur est difficile de trouver des candidats à la colonisation. Leur méthode, consistant en une gestion à distance par les responsables de l’association, crée des problèmes et des tensions et retarde le développement de leurs propriétés. C’est pour cela qu’échouent toutes les tentatives des catholiques allemands visant à une implantation à grande échelle, à la campagne ou dans les villes. Les seuls qui viennent en Palestine et y demeurent sont les membres des ordres religieux qui ont des motivations différentes et font preuve d’une plus grande dévotion à la cause.
25Comme nous l’avons mentionné plus haut, Janssen perçoit les Russes et plus encore les Français comme des concurrents. Il est particulièrement irrité du contrôle français sur les institutions catholiques de Palestine, au nom du protectorat traditionnel, et du monopole italien sur la hiérarchie catholique de Palestine :
« ... Ils disent à ce propos : les catholiques allemands n’ont aucun intérêt à mettre en place des projets en propre ; les Français et les Italiens ont déjà établi des écoles et des églises. Est-ce que les Allemands ne peuvent pas s’en servir eux aussi ? Ne peuvent-ils pas participer à leur entretien ? Et moi je dis : Non ! Mille fois, non ! Notre devoir en Terre sainte à une grande portée... en Orient, la distinction entre les diverses nationalités est stricte et chaque nation est en quête d’une identité unique39... »
26Plus encore, ajoute-t-il, en Orient le catholicisme est assimilé aux Français, la nation qui persécute les catholiques ! C’est pourquoi il croit que la France a perdu tout droit en matière de protectorat, alors que l’Allemagne en a gagné durant les dernières années.
27Le processus devient de plus en plus aigu à partir de 1890, avec l’accession au pouvoir du nouvel empereur, Guillaume II. Dans l’Allemagne des années 1890, qui prend rapidement de l’importance pour devenir une puissance de premier ordre en Europe et dans le monde, dont les habitants connaissent une vague d’extrémisme nationaliste, l’expression « un vrai catholique et un bon Allemand », d’abord utilisée pour qualifier le Palästinaverein, prend une nouvelle dimension. Elle cumule dès lors le catholicisme romain et le patriotisme allemand, avec une direction d’action claire. Les catholiques exigent alors leur part dans l’effort allemand vers la Palestine40. Dans ces conditions, l’existence du Verein vom Hl. Grabe ne se justifie plus ; les actions catholiques d’ordre général n’attirent plus les dons. De fait, pourquoi de l’argent allemand devrait-il bénéficier à des institutions françaises ? Les revenus de l’association continuent de chuter dans les années 1890, et le gouvernement du Reich marque sa préférence pour le Palästinaverein. Pour sa part, Janssen a besoin de grandes sommes d’argent pour financer ses multiples initiatives, et celles-ci sont détenues par le Verein. La solution réside dans la fusion des deux associations, en combinant leurs objectifs. Et évidemment les dons sont de plus en plus attribués uniquement aux institutions allemandes, tandis que baissent les flux concernant d’autres bénéficiaires41.
28La visite de l’empereur Guillaume II a un fort impact sur les activités de ses compatriotes catholiques en Palestine. Le Verein vom hl. Lande se sert de l’aide de l’empereur pour sauvegarder et promouvoir ses intérêts en Terre sainte. La cérémonie au cours de laquelle l’empereur reçoit le terrain de la Dormition et le donne au Verein est précédée par une période tourmentée de batailles diplomatiques avant tout liées aux relations entre l’Allemagne, la France, le Vatican et les Ottomans, et leurs représentants et ressortissants actifs en Palestine, comme cela a été montré de manière éloquente par Erwin Gatz, en 197842.
29Les deux pères lazaristes, Schmidt et Richen, mènent la résistance au protectorat français et exigent l’appui du consulat allemand. Dès 1892, la France demande que le supérieur de cet ordre, dont le siège est à Paris, les rappelle de Palestine. Janssen demande alors une intervention du ministère allemand des Affaires étrangères – « protection et aide » –, proclamant que la question « implique la dignité de l’Allemagne en Orient ». Les Allemands portent alors l’affaire à Rome et, après quelques intrigues supplémentaires, réussissent à obtenir que les deux ecclésiastiques puissent rester à Jérusalem. Schmidt continue à être à la tête des activités catholiques allemandes en Palestine jusqu’à sa mort, en 190843.
30Presqu’au même moment, le gouvernement allemand doit intervenir dans un autre conflit, lorsque le vice-consul de France à Haïfa demande à ce que les sœurs de Saint-Charles hissent les couleurs françaises, et non allemandes, les jours de fête. Cette demande est également rejetée, mais seulement après une intervention énergique du gouvernement allemand, qui souligne le fait que cela fera aussi bonne impression auprès des catholiques d’Allemagne. Au même moment on a recours aux responsables catholiques allemands installés à Rome44.
31Cependant, les crises les plus graves surviennent l’année précédant la visite de Guillaume en Palestine et ont un impact direct sur la participation catholique à ce séjour. Cela commence dans les derniers jours de 1897, lorsque Janssen s’adresse au secrétaire d’État von Bülow, lui indiquant que les efforts français visant à obtenir le remplacement du patriarche Ludovico Piavi, considéré comme le meilleur ami des catholiques allemands dans la Ville sainte, semblent aboutir. Bülow réagit rapidement, mandant à Rome l’archevêque allemand le plus important, intervenant par le biais des Ottomans et concluant une alliance avec les Autrichiens. Tout cela conduit presque à une déclaration de guerre contre l’influence française dans les affaires catholiques de l’Empire ottoman. Le cardinal allemand obtient que le retour de Piavi en Italie soit retardé. Et le patriarche est encore en place lors de la visite de Guillaume45.
32Au même moment, en mars 1898, l’Allemagne entreprend une nouvelle initiative : une tentative secrète visant à obtenir du pape et du sultan qu’ils nomment de manière réciproque des représentants diplomatiques formels. L’objectif en est clair : réduire au minimum l’importance des Français, intermédiaires traditionnels [entre le Vatican et la Porte, ndt]. Alors qu’ils tentent de maintenir l’affaire secrète, les Français la découvrent et utilisent immédiatement toute leur influence pour faire saboter le plan. Voyant que le projet n’avance pas, le gouvernement allemand tente même d’utiliser Janssen à cette fin, l’envoyant à Rome, en vain. Ce n’est qu’à la mi-septembre, un mois environ avant le départ de l’empereur de Berlin pour son périple, que l’Allemagne reçoit la réponse finale, et négative, du pape46.
33L’ensemble de ces efforts combinés, dans le cadre desquels le Verein vom hl. Lande agit de concert avec les hommes politiques allemands, conduit néanmoins à une coopération étroite pour l’accomplissement du désir des catholiques allemands de prendre possession d’un site chrétien d’envergure à Jérusalem. Ils commencent à jeter leur dévolu sur le Cénacle et sont assistés du gouvernement allemand. Seulement lorsqu’ils se rendent compte qu’une telle acquisition est impossible, en raison de la localisation du tombeau de David, un lieu saint également pour les musulmans, qui est dans le même bâtiment, ils optent pour une autre possibilité, la Dormition47.
34En parallèle à l’avancée des négociations (le Verein recueille les 120 000 francs nécessaires pour payer le « don48 »), la pression française à Rome entraîne une interdiction stricte de tout passage à Jérusalem de membres du haut-clergé allemand, censés représenter les catholiques allemands lors de la visite. Effrayés par l’influence croissante de la France, les Allemands s’efforcent comme ils le peuvent d’aboutir dans la négociation relative à la Dormition. Le 8 octobre, le pape réitère son approbation du protectorat français en Orient ; Guillaume, fortement appuyé par les catholiques allemands, rappelle alors son représentant à Rome ; le « malentendu » est effacé en dix jours49.
35Guillaume est déjà en route tandis que l’on prépare la grande cérémonie devant avoir lieu à la Dormition, mais Janssen et d’autres représentants d’Allemagne ne peuvent se rendre en Palestine. En conséquence, lors de la réception [du Kaiser, ndt] à Haïfa comme à Jérusalem, les catholiques allemands sont représentés par Schmidt et le P. Zéphirin Biever, le directeur luxembourgeois de l’hospice catholique allemand de Tabgha50.
36Les catholiques acceptent la charge qui leur est assignée par Guillaume lors de son discours et dans ses lettres de l’après-midi du 31 octobre et jouent à part entière leur rôle durant les douze années du chantier monumental de Jérusalem. Grâce à une mobilisation publique sans précédent, ils sont en mesure de recueillir un million et demi de marks pour la construction de la Dormition et de l’hospice Saint-Paul51. Le clocher du monastère du mont Sion, comme la tour d’Auguste Victoria et l’église du Rédempteur symbolisent de manière éloquente la politique de Guillaume II et l’implication de tous les Allemands – protestants, catholiques et Templer – dans cette politique.
37Un autre exemple, plus tardif, de l’influence stimulante que la présence française en Palestine exerce sur les catholiques allemands réside dans le rôle joué par la France pour motiver ces derniers à mettre en place un hospice confortable en propre à Jérusalem ; le vieil hospice (situé dans l’actuelle rue Hillel) n’étant plus suffisant, que ce soit en raison de son nombre restreint de lits ou de son éloignement relatif par rapport aux Lieux saints. Ils s’attendent à un accroissement conséquent des effectifs des pèlerins allemands, en particulier après la construction de la Dormition. Dans les faits, ces idées ne commencent à être réalisées qu’après que les 500 pèlerins venus pour la pose de la première pierre de la Dormition eurent été hébergés à Notre-Dame de France. Ce sont eux qui mettent en place un comité pour la construction de l’hospice allemand, qui commencent à recueillir des fonds et lancent le projet une fois de retour en Allemagne52. Dès 1901, l’architecte H. Renard de Cologne, concepteur de la Dormition, présente ses plans pour un bâtiment à édifier sur une parcelle acquise entre-temps, en face de la porte de Damas. Il propose un grand bâtiment en forme de U, ouvert vers l’ouest. Les deux ailes, l’une prévue pour abriter un hospice, l’autre une école, sont censées se joindre par un couloir ouvert sur deux étages, avec une église et un clocher en son centre. Ce plan confirme la volonté de voir en l’hospice allemand un contrepoids à Notre-Dame, et Renard ne cache pas l’intention politique manifeste que présente l’édifice. Au cours de la construction il apparaît que les moyens financiers de l’association sont insuffisants, et seule l’aile sud est construite en définitive53
38Ce ne sont là que quelques exemples des différentes façons dont la présence française à Jérusalem a influencé le travail pratique des catholiques allemands en Palestine. D’autres cas existent, bien entendu. En apparence, les Allemands gardent toujours un œil sur les activités des autres, et dans bien des cas ils ont besoin de celles-ci pour entreprendre eux-mêmes quelque chose.
Conclusion
39L’histoire spécifique de l’action catholique allemande en Terre sainte, qui mérite véritablement une étude en propre, permet d’étudier l’influence d’événements et de développements externes sur sa nature et son évolution. Les processus social et politique en Allemagne affectent les conditions externes du type, de la nature et de la méthode de cette activité. Les différents événements, en particulier ceux liés aux activités d’autres groupements de Palestine, s’imposent dans le contexte interne de ses réalisations concrètes. Cette distinction n’est pas absolue, évidemment, et dans nombre de cas on rencontre la combinaison des deux types de facteurs. En général, il ne fait aucun doute que les évolutions et les événements dans la mère patrie (par exemple la lutte contre la France) et leurs implications en Palestine déterminent la nature, le développement et l’ampleur de l’action catholique allemande en Palestine. En revanche, il semble que le contexte politique et la situation politique de la Palestine et de la région, qui sont des éléments dominants dans la formation des méthodes d’action des autres groupements, ne jouent ici qu’un rôle mineur.
40Il existe une différence fondamentale et significative entre le cercle dont il a été ici question et les autres. Nous avons là un groupe répondant à une définition religieuse et nationale, ce qui est à la base de son unicité. Les protestants allemands ont pour leur part été aidés par l’État – la Prusse et plus tard l’Allemagne. Certains facteurs produisant cette unicité, que nous avons soulignée pour distinguer ce groupe des autres Européens, s’insèrent dans le cadre du conflit entre l’identité allemande et l’identité catholique. Les catholiques d’Allemagne éprouvent quelques difficultés à se retrouver dans une organisation qui guide et soutient leur activité. Leur pays est actif en Palestine par le biais de l’Église évangélique, tandis que leur Église et représentée par les franciscains, le Patriarcat et la France. De nombreuses raisons expliquent le retard pris par leur activité colonisante, et lorsque celle-ci débute enfin leurs représentants se retrouvent dans un isolement relatif. Ce qui a son tour gêne leur action, la retarde et la réduit enfin.
Notes de bas de page
1 Pour quelques exemples, voir Tibawi, A. L., British Interests in Palestine 1800-1901 : A Study of Religious and Educational Enterprise, Londres, 1961 ; Carmel, A., Die Siedlungen der württembergischen Templer in Palästina 1868-1918 : Ihre lokalpolitischen und internationalen Probleme, Stuttgart, 1973 ; Sinno, A.-R., Deutsche Interessen in Syrien und Palästina 1841-1898 (Studien zum modernen islamischen Orient 3), Berlin, 1982 ; Vogel, L., Zion as Place and Past : An American Myth, Ottoman Palestine in American Mind Perceived Through Protestant Conciousness and Experience, Ann-Arbor-Londres, 1984 ; Cohen, R. I. (ed.), Vision and Conflict in the Holy Land, Jérusalem-New York, 1985 ; Ben Artzi, Y., From Germany to the Holy Land : Templer Settlement in Palestine, Jérusalem, 1996 (héb.).
2 Les études les plus significatives adoptant cette approche sont : Ben Arieh, Y., Jerusalem in the 19th Century – The Old City, Jérusalem-New York, 1984, et Jerusalem in the 19th Century – Emergence of the New City, Jérusalem-New York, 1986 ; Carmel, A., « Competition, penetration and presence : Christian activity and its influence in Eretz-Israel », in Ben-Arieh, Y. & Bartal, I. (eds.), The Last Phase of Ottoman Rule (The History of Eretz Israel, 8), Jérusalem, 1983, pp. 109-151 (héb.).
3 « Das katholische Deutschland und der Orient », Die katholischen Missionen, 32, 1903/4, pp. 30-34, 76-82, 196-199, 217-223, 246-248 ; Schmitz, E., Das katholische Deutschtum in Palästina, Fribourg en Brisgau, 1913 ; Cramer, V., Ein Jahrhundert deutscher katholischer Palästinamission 1855-1955, Cologne, 1956 ; Sinno, op. cit., pp. 202-226 ; Goren, H., « The German Catholic Activity in Palestine 1838-1910 », Thèse de l’Université hébraïque de Jérusalem, Jérusalem-Gonen, 1986.
4 Maximilian, Herzog in Bayern, Wanderung nach dem Orient im Jahre 1838..., Munich, 1839 ; Holland, H., « Maximilian, Herzog in Bayern », Allgemeine Deutsche Biographie, 52, Leipzig, 1906, pp. 258-270 ; Cramer, V., Der Ritterorden vom hl. Grabe von den Kreuzzugen bis zur Gegenwart, Cologne, 1952, pp. 72-73 ; Gollwitzer, H., « Deutsche Palästinafahrten des 19. Jahrhunderts als Glaubens und Bildungserlebnis », idem (ed.), Lebenskräfte in der Abendländischen Geistesgeschichte : Festschrift für Walter Goetz zum 80. Geburtstag, Marbourg, 1948, p. 18.
5 Salzbacher, J., Erinnerungen an meiner Pilgerreise nach Rom und Jerusalem im Jahre 1837, Vienne, 1939, pp. 40-43 ; Lemmens, L., Collectanea Terrae Sanctae ex Archivo Hierosolymitano deprompta, in Golubovich, G. (ed.), Bibliotheca Bio-Bibliographica, Florence, 1933, pp. 220-221.
6 Das katholische Deutschland, op. cit., pp. 30-31 ; Schmitz, op. cit., pp. 7-8.
7 Goren, H., « The German Catholic Holy Sepulchre society : activities in Palestine », in Ben-Arieh, Y. & Davis, M. (eds.), Jerusalem in the Mind of the Western World (With Eyes Toward Zion-V), Westport, Ct-Londres, 1997, pp. 155-172. Pour le rétablissement du Patriarcat : Colbi, S. P., A History of the Christian Presence in the Holy Land, New York-Londres, 1988, pp. 121-126.
8 V. Goren, « The German society ».
9 Cramer, op. cit., pp. 17-18 ; Goren, « The German activity », pp. 61-72. Cf. : Ein alter schlesischer Pionier im hl. Lande, Nicolai o.-S. 1911.
10 Gatz, E., « Katholische Auslandsarbeit und deutsche Weltpolitik unter Wilhelm II., Zur Stiftung der Dormition in Jerusalem (1898) », Romische Quartalschrift, 73/1-2, 1978, pp. 23-46.
11 Schmitz, op. cit., pp. 13-14 ; Goren, « The German activity », pp. 72-76.
12 Cité à partir de journaux allemands par Schmitz, op. cit., p. 13.
13 « Das Unternehmen des P. Ladislaus und der Verein vom h. Grabe », Das Heilige Land (par la suite : HL), 24, 1880, pp. 63-66.
14 Pour des détails, cf. Israeli State Archives, série 67 [par la suite : ISA 67], volume 267. Cf. : Schmitz, op. cit., p. 13.
15 L’ordre est établi pour rendre hommage à l’avocat français Josef Chauvenel, qui meurt lors d’une épidémie en 1652. Son père fait don de leur demeure, appelé Saint-Charles, aux sœurs de la Sainte Famille, le nom originel de l’ordre. Devant la maison se trouvait une statue de Borromeo (1538-1584), un saint catholique né à Vérone, qui a eu une carrière rapide dans la hiérarchie catholique sous le règne de son oncle, le pape Pie VI. Il était bien connu pour son extrême discipline en ce qui concerne la discipline de l’Église, comme ennemi des protestants, et comme allié des Jésuites et de l’Inquisition. Voir Barl, C., « Aus der Geschichte der Kongregation der Barmherzigen Schwestern vom hl. Karl Borromäus », 100 Jahre Deutsche Schule der Borromäerinnen in Alexandrien, 100 Jahre Orientmission, 1884-1984, Rheinberg, 1984, pp. 8-29.
16 « Congrégation de la Mission » (C.M.), le nom populaire d’une congrégation de prêtres séculiers, fondée en 1625 par Saint-Vincent de Paul, dont la maison-mère était située au prieuré Saint-Lazare à Paris. On les appelle aussi paulines et vincentines. Voir Cross, F. L. & Livingstone, E. A. (eds), The Oxford Dictionary of the Latin Christian Church, 2e édition, Oxford, 1974, p. 806.
17 Schmidt, qui a déjà officié seize ans au Liban, auprès des maronites, parle couramment arabe et hébreu. Pour sa biographie, cf. « P. Schmidt », HL, 52, 1908, pp. 1-9.
18 ISA, volume 305 ; HL, 48, 1896, pp. 9-12 ; « Die erste Generalversammlung des Deutschen Vereins vom heiligen Lande », HL, 40, 1986, pp. 89-112.
19 Pour une description contemporaine cf. Mirbach, E. von, Die Reise des Kaisers und der Kaiserin nach Palästina, Berlin, 1899. Une étude récente : Carmel, A., « Der Kaiser reist ins Heilige Land », in Ronecker, K.-H., Nieper, J. & Neubert-Preine, T. (eds.), Dem Erlöser der Welt zur Ehre : Festschrift zum hundertjährigen Jubiläum der Einweihung der evangelischen Erlöserkirche in Jerusalem, Leipzig, 1998, pp. 116-135. Une étude des aspects catholiques de la visite, Gatz, op. cit. Pour le contexte politique, Neubert-Preine, H., « Die Kaiserfahrt Wilhelms II. ins Heilige Land 1898. Aspekte deutscher Palästinapolitik im Zeitalter des Imperialismus », in Dollinger, H., Dollinger, H. & Hanschmidt, A. (eds), Weltpolitik, Europagedanke, Regionalismus : Festschrift für Heinz Gollwitzer zum 65. Geburtstag, Munich 1982, pp. 363-388.
20 Gründer, op. cit., p. 372.
21 Schmitz, op. cit., pp. 19-20. Cf. : Kohler, O., « Mehr als ein Anhängsel... : Das Grundstück Dormition und die katholische Dimension des 31. Oktober 1898 », in Ronecker, K.-H., Nieper, J.& Neubert-Preine, T. (eds.), Dem Erlöser der Welt zur Ehre, op. cit., pp. 136-153 (le discours du Kaiser au cours de la cérémonie apparaît p. 147).
22 « Marienkirche und Kloster auf dem Sion in Jerusalem », Zentralblatt der Bauverwaltung, 30, 1910, pp. 153-158, 162-163, 165, 169-171 ; « Die neuen deutschen Bauten in Jerusalem », Deutsche Bauzeitung, 45, 1911, pp. 1-6, 13-17 ; Meyer, E., « Die Dormition auf dem Berg Zion in Jerusalem, eine Denkmalskirche Kaiser Wilhelms II. im Heiligen Lande », Architectura, 1984, pp. 149-170.
23 Renard, H., « Das neue deutsche Hospiz auf dem Sion in Jerusalem », HL, 50, 1906, pp. 15-17 ; Die neuen Bauten, op. cit., pp. 33-36.
24 Alexander, E., « Church and society in Germany : social and political movements and ideas in German and Austrian Catholicism (1789-1950) », in Moody, J. N. (ed.), Church and Society : Catholic Social and Political Thought and Movements 1789-1950, New York 1953, pp. 325-583.
25 C. B. H. Schütz, Preussen in Jerusalem (1800-1861) : Karl Friedrich Schinkels Entwurf der Grabeskirche und die Jerusalempläne Friedrich Wilhelms IV., Berlin, 1988.
26 « Prof. Dr. Joh. Nep. Sepp », Historish-politische Blätter für das Katholische Deutschland, 145, 1910-1911, pp. 256-266 ; Goren, « The German activity », pp. 241-248 ; idem, Go Search the Land : The German Study of Palestine in the Nineteenth Century, Yad Ben Zvi, Jérusalem, 1999, pp. 127-142.
27 Goren, « The German society ». En ce qui concerne les développements parmi les catholiques allemands, cf. Pinson, K. S., Modern Germany : Its History and Civilization, New York-Londres, 1969, pp. 109-127 ; Alexander, op. cit.
28 Sepp, J. N., Neue hochwichtige Entdeckungen auf der zweiten Palästinafahrt, Munich, 1896, p. VII.
29 Alexander, op. cit., pp. 446-462 ; Windell, G. G., The Catholics and German Unity 1866-1871, Minneapolis, 1954 ; Pinson, op. cit., pp. 185-189.
30 Morsey, R., « Die Deutschen Katholiken und der Nationalstaat zwischen Kulturkampf und Ersten Weltkrieg », Historisches Jahrbuch, 90, 1970, pp. 31-64 ; Wehler, U., Das Deutsche Kaiserreich, 1871-1918, Göttingen 1975, 2e éd., p. 122.
31 Townsend, M. E., The Rise and Fall of Germany’s Colonial Empire 1884-1918, New-York, 1930 ; Bade, K. J. (ed.), Imperialismus und Kolonialmission : Kaiserliches Deutschland und Koloniales Imperium, Wiesbaden, 1982.
32 Cf. Gatz, op. cit. ; Gründer, op. cit. ; Schmidlin, J., « Das katholische Deutschland und die Heidenmission », in Schmidlin, G. (ed.), Deutsche Kultur, Katholizismus und Weltkrieg, Fribourg-en-Brisgau, 1915, pp. 477-490 (toute cette étude est consacrée à la lutte contre le rôle de la France catholique dans le monde).
33 Statistique générale, Le Patriarcat latin de Jérusalem, 1928, Jérusalem, 1928, p. 8. Cf. Goren, « The German society », pp. 67-69.
34 Vorstands-Sitzungs-Protokolle des Vereins vom. Hl. Grabe, Köln, aus den Jahren 1856-1870, 1871-1895, 18 June and 20 August 1891 (ces documents sont déposés dans les bureaux du Deutscher Verein vom hl. Lande à Cologne) ; Cramer, op. cit., pp. 19-20 ; « Das katholische Deutschland », op. cit., p. 33.
35 Copie de la lettre de Janssen à Guillaume II, 30 avril 1885, ISA 67, volume 267.
36 « Rede des Vicepräsidenten der General-Versammlung der Katholiken Deutschlands zu Breslau, Herrn Landrath z.D. Janssen, über die Ziele und Aufgaben des Palästina-Vereins », Beilage zum Palästina-Blatt, 1/4, 1er octobre 1886, pp. 33-36. On trouve aussi ce document in ISA 67, volume 267.
37 Les quatre études les plus complètes concernant les quatre tentatives des catholiques allemands d’établir des colonies agricoles en Terre sainte : Cramer, op. cit., pp. 33-34, 44-46, 87-93 ; Goren, « The German activity », pp. 174-195. Sur les débuts de Tabgha, cf. aussi idem, « The German-Catholics : pioneers of European settlement on the shores of the sea of Galilee », in Ben-Arieh, Y., Ben-Artzi, Y. et Goren, H. (eds.), Historical-Geographical Studies in the Settlement of Eretz Israel, Jérusalem, 1987, pp. 45-58 (héb.).
38 À propos des communautés protestantes et des Templers, cf. Hanselmann, S., Deutsche Evangelische Palästinamission, Erlangen, 1971 ; Carmel, A., « The German Protestant Community in Palestine, 1840-1914 », Cathedra, 45, septembre 1987, pp. 103-112 (héb.) ; idem, Die Siedlungen ; Ben Artzi, From Germany ; Eisler, E. J., « “Kirchler” im Heiligen Land : Die evangelischen Gemeinden in den württembergischen Siedlungen Palästinas (1886-1914) », in Ronecker, K.-H., Nieper, J. & Neubert-Preine, T. (eds.), Dem Erlöser der Welt zur Ehre, op. cit., Leipzig, 1998, pp. 81-100.
39 « Rede des Vicepräsidenten... », op. cit., p. 35.
40 Quelques exemples du large panorama d’études concernant ces différents thèmes : sur les changements de la politique allemands, cf. Pinson, op. cit., pp. 291-301 ; sur le catholicisme politique, cf. Alexander, op. cit., pp. 435-466 ; Gollwitzer, H., « Der politische Katholizismus im Hohenzollernreich und die Aussen-politik : Variationen zu einem weitlaufigen Thema », in Pöls, W. (ed.), Staat und Gesellschaft im Wandel : Beiträge zur Geschichte der Modernen Welt, Stuttgart, 1979, pp. 224-257 ; sur le colonialisme allemand, cf. Townsend, M. E., The Rise and Fall of Germany’s Colonial Empire 1884-1918, New York, 1930 ; Bade, K. J. (ed.), Imperialismus und Koloialmission : Kaiserliches Deutschland und Koloniales Imperium, Wiesbaden, 1982 ; Pyenson, L., Cultural Imperialism and Exact Sciences : German Expansion Overseas 1900-1930 [Studies in History and Culture I], New York-Berne-Francfort/Main, 1985.
41 Cramer, op. cit., pp. 37-38 ; Goren, « The German activity », pp. 53-54, 97, 138-139. Cette étude se fonde principalement sur les descriptions comprises dans le HL, et sur les protocoles des réunions du comité (voir note 34).
42 Gatz, op. cit.
43 Sinno, op. cit., pp. 287-289 ; Gatz, op. cit., pp. 26-28 ; ISA 67, volume 305, documents divers.
44 Sinno, op. cit., pp. 287-288 ; Gatz, op. cit., p. 28.
45 Gatz, op. cit., pp. 29-31 ; Gründer, op. cit., p. 372. Sur Piavi : « Luduvico Piavi, lateinischer Patriarch von Jerusalem », HL, 49, 1905, pp. 41-47. Matériel documentaire : ISA 67, volume 244, n° 619 ; Lepsius, J., Mendelssohn-Bartholdy, A. et Thimme, F. (eds.), Die grosse Politik der Europäischen Kabinette 1871-1914 : Sammlung der Diplomatischen Akten des Auswärtigen Amtes, XII : Alte und neue Balkanhandel 1896-1899, 2e partie, Berlin, 1923, documents n° 3351-3357.
46 Gatz, op. cit., pp. 31-36 ; Lepsius, op. cit., n° 3358-3365.
47 Gatz, op. cit., pp. 35-38 ; Sinno, op. cit., pp. 222-223 ; ISA 67, vol. 244, pp. 20-36 (divers documents), n° 619, vol. 305, n° 814 ; Lepsius, op. cit., n° 3366, 3367, 3369, 3376.
48 Das Heiligtum Maria-Heimgang auf dem Berg Sion : Festschrift zur Kirchweihe am 10. April 1910, Prague, 1910, p. XXXIII ; Sinno, op. cit., p. 224 ; Goren, « The German activity », pp. 169-170 ; Lepsius, op. cit., n° 3369, 3376 ; ISA 67, volume 244.
49 Gatz, op. cit, pp. 40-41 ; Gründer, op. cit., pp. 371-376 ; Goren, « The German activity », pp. 161-163 ; HL, 42, 1898, pp. 138-140 ; Lepsius, op. cit., n° 3370-3372, 3379, 3385, 3388-3395 ; A. d’Alonzo, Les Allemands en Orient, Bruxelles, 1904, pp. 82-86.
50 Pour une description de la cérémonie : « Der Verlauf der Schenkung der Dormition », HL, 43, 1899, pp. 9-22 ; Mirbach, op. cit., pp. 257-259 ; Roth, E., Preussens Gloria im Heiligen Land : Die Deutschen und Jerusalem, Munich, 1973, pp. 187-189. Pour un recueil des télégrammes liés à la cérémonie : Das Heiligtum, op. cit. pp. XXVI-XXXII.
51 ISA 67, vol. 244 ; HL, 43, 1899, pp. 1-9, 22-24, 25-27 ; diverses descriptions in HL, années 1899-1902 ; « Die neuen Bauten », op. cit., p. 26.
52 HL, 45, 1901, pp. 46-48 ; Düsterwald, F., Der Jerusalempilger : Ein Wegweiser nach dem hl. Lande und zu dem hh. Stätten, Cologne, 1910, p. 282.
53 HL, 45, 1901, pp. 82-85 ; « Die Neuen Bauten », op. cit., pp. 34-35 ; Düsterwald, op. cit., pp. 284-286.
Auteurs
Enseigne au Tel Hai Academic Collège, Israël. Ses principaux domaines de recherche concernent l’activité allemande en Palestine et l’histoire de l’étude scientifique de la Terre sainte. Il a publié récemment « Allez et voyez le pays » : L’exploration allemande de la Palestine au xixe siècle, Yad Ben Zvi, Jérusalem, 1999 (en hébreu).
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