Chapitre XX. Mission Esclaves oubliés 2006
p. 173-186
Texte intégral
1Le médecin commandant Legeais avait remarqué en 1954 les épaves dont les débris étaient visibles sur les rivages de l’île. Avec beaucoup de perspicacité, il avait souligné dans l’un de ses articles1 que « l’expertise des épaves mériterait d’être faite par des techniciens de la Marine, et des explorations sous-marines effectuées en ce lieu permettraient peut-être la découverte d’autres restes dont l’intérêt historique ne serait pas négligeable ».
2C’est en 2003 que l’idée d’une fouille archéologique sous-marine et terrestre sur l’île de Tromelin a commencé à prendre forme. Le Groupe de recherche en archéologie navale (GRAN) fut contacté par Joël Mouret, un technicien de Météo-France effectuant des séjours réguliers sur l’île de Tromelin. Il révéla la présence de l’épave de l’Utile et l’histoire des esclaves abandonnés. Cette information venait répondre au souhait de l’UNESCO de mettre sur pied un projet dans l’océan Indien destiné à faire partie des manifestations de l’année 2004, déclarée année de la commémoration de la lutte contre l’esclavage.
3C’est ainsi que la fouille archéologique sous-marine et terrestre s’est inscrite dans un programme que nous avons baptisé « Esclaves oubliés », parrainé par l’UNESCO, puis plus tard par le Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage. Cette démarche visait à éclairer, à travers l’étude du naufrage de l’Utile, les conditions générales de la traite des esclaves dans l’océan Indien et particulièrement celle concernant Madagascar.
4La mission archéologique avait deux objectifs : la fouille de l’épave de l’Utile, en employant l’équipe du GRAN avec la coopération des plongeurs de l’Association réunionnaise « Confrérie des gens de la mer », et la fouille terrestre, pour laquelle le soutien de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) fut demandé et accordé. C’est donc une équipe composée à la fois d’archéologues sous-marins et d’archéologues terrestres qui a été mise en place.
5Une convention-cadre concernant ce projet de fouille entre le GRAN et l’Etat, représenté par le préfet des TAAF, a été signée 16 août 2006. Le financement de l’opération a été assuré par la fondation d’entreprise du groupe Banque Populaire, le conseil régional de La Réunion, le conseil général de La Réunion, la DRAC La Réunion. Les recherches historiques initiales ont été financées par l’UNESCO entre 2003 et 2005.
6La fouille sous-marine posait un difficile problème de sécurité en raison de l’éloignement des secours en cas d’accident de plongée, et des difficultés de mise à l’eau d’une embarcation compte tenu des conditions de mer sévères et des conséquences que pouvait entraîner une panne de moteur. En effet toute embarcation en panne de moteur qui ne mouille pas aussitôt, se retrouve rapidement en dérive et dans l’impossibilité de mouiller une ancre, car la profondeur augmente très rapidement. L’embarcation pneumatique utilisée fut, pour cette raison, équipée de deux moteurs hors-bord (un moteur de 25 cv en place et un moteur de 15 cv en secours).
7Le gros du matériel concernait la plongée : compresseurs d’air, motopompes, bouteilles de plongée, embarcation pneumatique et moteurs hors-bord, carburant. Les vols de Transall ayant acheminé le matériel et l’équipe de fouille ont eu lieu les 7 juillet, 3 août, 22 août (matières dangereuses et carburant), 1erseptembre, 10 octobre (transport de matériel restant et du personnel). Le vol du 9 novembre a assuré le retour du personnel et du matériel.
Les membres de la mission
Max Guérout (GRAN) - Chef de mission ;Thomas Romon (INRAP) – Responsable du chantier terrestre ; Joe Guesnon (GRAN) – Responsable du chantier sous-marin ; Sébastien Berthaut- Clarac (GRAN) ; Arnaud Lafumas (Confrérie des gens de la mer) ; Jacques Morin (GRAN) ; Jean-François Rebeyrotte (Confrérie des gens de la mer) ; Sudel Fuma (Université de La Réunion) – mort noyé en mer, au cours d’une partie de pêche au large de l’île de La Réunion, le 12 juillet 2014 – ; Jean-Marie de Bernardy de Sigoyer (Confrérie des gens de la mer) - Photographe ; Dr. Cyril d’Andrea - Médecin de la mission. L’équipe météo était composée de Joël Mouret, Pascal Cohu, Jean-Michel Dalleau, Eugène Baran, Patrick Ethève.
Objectifs de la recherche2
8La fouille de l’épave de l’Utile et de l’île de Tromelin offre une opportunité rare de mettre en relation un site sous-marin et un site terrestre.
9Cette fouille en miroir paraît d’autant plus pertinente que la majeure partie des objets qui ont contribué à la survie des naufragés provenait de l’épave du navire. De plus, elle s’insère alors dans un ensemble plus large de recherches historiques. Les travaux de recherche se multiplient visant à élucider le destin des esclaves et particulièrement des rescapés, depuis leur lieu de capture sur les hautes terres malgaches jusqu’à leur descendance éventuelle.
10L’objectif de cette mission est alors de retrouver les traces du séjour à terre des naufragés et surtout d’élucider les conditions de leur survie. Survie assurée dans la période initiale par les restes du navire et les vivres récupérés, puis ultérieurement en utilisant les très faibles ressources de l’île elle-même.
11Le séjour des naufragés se scinde en deux périodes. Une première allant du 31 juillet au 27 septembre 1761, lorsque les Français et les esclaves s’installent pour survivre, creusent un puits et construisent une embarcation de fortune. Une seconde période de quinze ans suit pendant laquelle les esclaves laissés sur l’île s’organisent pour survivre et/ou tenter de quitter l’île à bord de radeaux (deux tentatives sont rapportées par les femmes rescapées).
12Si la première période est bien documentée, à travers les récits du naufrage et du séjour des Français sur l’île par Keraudic et deux plans permettent de retrouver les lieux principaux de l’installation, la seconde période compte tenu de sa durée pose bien entendu plus de questions : comment les problèmes matériels ont-ils été résolus, et comment les naufragés ont-ils assuré leur subsistance après l’épuisement des trois mois de vivres que leur avaient laissés les Français ?
13La mission qui va durer quatre semaines a donc ces questions à l’esprit, cherchant les traces de l’occupation et de l’organisation de l’espace, les moyens de protection utilisés contre les éléments naturels (soleil, pluie, vent, cyclones), la nature des abris éventuels (protection des individus et du feu qui semble avoir été conservé pendant quinze ans), le renouvellement des vêtements, etc. Les archéologues cherchent aussi à évaluer les ressources alimentaires de l’île et leur capacité à assurer la survie des naufragés. De ce point de vue, on espère la découverte de restes humains pouvant permettre de vérifier d’éventuelles carences alimentaires3.
Fouilles sous-marines (Joe Guesnon)
14L’épave de l’Utile est située au nord-ouest de l’île à la position indiquée sur les cartes manuscrites de l’époque qui sont parvenues jusqu’à nous. Le site est marqué par la présence d’une patte d’ancres qui émerge à une trentaine de mètres du rivage.
15Bien que située sous le vent dominant, l’alizé du sud-est, l’épave est difficilement accessible lorsque l’alizé souffle à une vitesse supérieure à 15 nœuds. Dans ce cas, la houle qui fait le tour de l’île devient trop forte pour permettre les plongées sur le site.
16La morphologie des fonds est conforme au schéma général établi par Bouchon et Faure4. Des couloirs perpendiculaires à la côte creusés par les eaux du ressac aboutissent, à environ 150 m du rivage, à des cuvettes dont les rebords relativement abrupts mesurent environ 2 m de hauteur. Au-delà de ces cuvettes et après un ressaut, le fond descend rapidement. Les couloirs permettent aux plongeurs de gagner le site sans être trop gênés par les vagues déferlantes.
Topographie du site
17Malgré les difficultés, une topographie générale du site et un relevé précis de l’ensemble des éléments présents ont été effectués (voir planche hors-texte supra). Les éléments les plus remarquables sont les ancres, les pièces d’artillerie, le lest de fer et le lest de pierre du navire. Seuls quelques petits objets en plomb ou en bronze ont été mis au jour.
18Trois grandes ancres ont été localisées sur le site de naufrage de l’Utile et une quatrième (une ancre à jet plus légère) qui ne se trouve pas sur le site de naufrage de l’Utile, mais a été retrouvée reposant sur un fond de 15 mètres, à environ 400 m au large de la plage située au nord-ouest de l’île. Il s’agit d’une ancre à jet utilisée par les naufragés pour maintenir la Providence, leur embarcation de fortune, au moment de son appareillage, afin de faciliter le gréement et l’établissement de sa voilure. Elle figure sur les plans manuscrits.
19Outre trois pièces d’artillerie tirées à terre par le passé, l’ensemble de l’artillerie présente sur l’Utile a été localisé et identifié par type. L’armement embarqué était composé de vingt pièces de 85, et huit pièces de 46.
20Les naufragés après avoir tenté en vain d’alerter un navire passant à proximité de l’île en allumant plusieurs barils de poudre, un canon de 8 et son affût furent tirés à terre pour permettre de signaler leur présence en cas de nouveau passage ; l’écrivain du bord en décrit les circonstances :
« Le 9. L’après midy a deux heures nous avons vu une embarquation à deux mâts sous le vent à nous, on a hissé plusieurs pavillons et bruslé deux barils de poudre que je pense qu’ils n’ont pas apperçu mais bien l’Isle, ayant viré de bord et pris la route de l’Inde […]
Le 17. Le tronçon du grand mât de hune pour faire des bordages, sauvé un canon de 8 et monté sur l’isle sur son affût, sauvé un perrier. »
21Ce canon qui n’a pas séjourné longtemps dans l’eau de mer est resté dans un état de conservation relativement bon. Trouvé dans le sable de la plage, il est à présent en place devant la station météo. Deux autres canons de 8 ont été tirés de l’eau en 1966, pour être mis en place devant la station météorologique. Faute de mesures de conservation adéquates, ils sont rapidement tombés en ruine et ont été jetés sur une décharge.
22On note sur le plan du site, le regroupement des canons de 4 dans une zone relativement réduite, qui est très probablement l’endroit où l’arrière du navire se trouvait au moment où l’officier en second donne l’ordre de jeter les canons à la mer pour alléger le navire. L’artillerie de 4 se trouvait sur le gaillard d’arrière, elle pouvait donc être plus facilement jetée par-dessus bord.
23Un canon pierrier comme l’indique le texte ci-dessus a été sauveté par les naufragés et emporté sur leur embarcation de fortune, l’autre canon semble avoir été récupéré par un visiteur de l’île.
24Le lest de fer est composé de gueuses de deux tailles différentes. Les dimensions suivantes sont prises avec la concrétion qui recouvre ces saumons.
251 - Section : 20 x 20 cm, longueur : 83 cm
262 - Section : 17 x 17 cm, longueur : 76 cm
27Le poids de ces gueuses de fer est respectivement de 190 et 120 kg soit 400 et 250 livres environ, un poids qui les rend difficilement déplaçables à la main. Elles constituent probablement le lest fixe mis en place dans la cale. Le nombre total de gueuses de lest observé est de 55, soit pour un nombre égal de gueuse des deux types, un lest d’environ 8 tonnes.
28Le lest de pierre est composé de gros galets de rivière ou de blocs de pierre volcanique, du basalte, dont certains ont été rejeté sur la plage.
Mécanique du naufrage
29Le naufrage nous est décrit par le document rédigé par l’écrivain du bord7. Ces données sont confirmées par les deux plans manuscrits qui sont parvenus jusqu’à nous. L’épave de l’Utile est représentée en position parallèle au rivage, l’avant tourné vers le Sud, et son côté tribord vers le large.
30Le tirant d’eau en charge de l’Utile est de 15 pieds, soit 4,87 m, il était probablement un peu inférieur au moment du naufrage. Les vestiges marquant le lieu de destruction de la coque sont concentrés à une profondeur moyenne de 4 mètres.
31Pour expliquer l’orientation prise par la coque après le choc initial, il faut tenir compte de plusieurs paramètres, en premier lieu le cap du bâtiment au moment du naufrage : un cap à l’est à moins d’un changement de cap de dernière minute. Le navire naviguait au plus près (à environ 45 à 50 degrés du lit du vent de S.E.) tribord amure (le vent venant du côté tribord). Pour se retrouver par la suite avec son côté tribord vers le large (comme le décrit l’écrivain du bord), il faut alors que l’arrière du navire exécute une rotation d’environ 45 degrés vers le nord. Cette rotation est très probablement due aux effets du courant permanent qui longe la côte du sud vers le nord. Ce courant correspond à l’écoulement des eaux de surface poussées par l’alizé de sud-est qui induit dans cette zone de l’océan Indien un courant permanent un peu inférieur à un nœud (20 milles en 24 heures). Dans cette situation initiale, la coque de l’Utile semble avoir résisté environ quatre heures trente avant de s’ouvrir vers trois heures du matin.
32L’examen de la répartition des vestiges sur le fond permet d’identifier quatre zones remarquables :
- Les 8 pièces d’artillerie de 4, soit la totalité de la dotation du bord, sont concentrées à l’intérieur d’un cercle de 10 mètres de rayon. Cette artillerie était située sur le gaillard d’arrière de la flûte.
- Une concentration de boulets qui correspond à la position finale du puits à boulet où sont stockés ces derniers. Le puits à boulet est toujours situé à proximité immédiate du grand mât et cette concentration nous permet donc de situer celui-ci à la fin du processus de destruction de la coque.
- Proche du point précédent, sont également concentrés les lests de fer qui compte tenu de leur poids n’ont pu être déplacés par les mers les plus grosses. Ce type de lest est mis en place au-dessus du lest de pierre et sert à maintenir le navire dans ses lignes d’eau idéales. Leur présence marque la zone de dislocation des fonds du navire, on peut remarquer que leur étalement est plutôt perpendiculaire au trait de côte.
- Deux grandes ancres et huit canons de 8 se trouvent tout près de la plage à environ une centaine de mètres des vestiges précédents. Les trois canons déjà hissés à terre ont probablement été également récupérés à cet endroit, ce qui porte le total à onze pièces de 8. Les deux grandes ancres : très probablement les deux ancres de bossoir, qui compte tenu de leur orientation n’ont pas été mouillées, indiquent la position finale de l’avant du navire.
33La lecture du texte de Keraudic et ces constatations permettent de reconstituer les mouvements du navire après le premier choc et d’expliquer la répartition des vestiges sur le fond (Figure 20-11). On peut considérer, comme l’indiquent les documents cités ci-dessus, que peu après le choc initial (position no 1), le navire après avoir pivoté autour de son avant se retrouve grossièrement parallèle à la côte, l’avant tourné vers le sud et en conséquence son côté tribord vers le large (position no 2).
34La concentration des canons de 4 correspond au jet à la mer effectué sur ordre de l’officier en second pour alléger le navire. Ces pièces d’artillerie placées sur le pont du gaillard d’arrière sont en effet les plus faciles à jeter par-dessus bord, malgré leur poids avoisinant une tonne, car elles sont directement accessibles. Il semble bien que non seulement les pièces de tribord, mais également celles de bâbord, aient été jetées à l’eau. Les mâts ayant été au préalable coupés, le navire se trouve allégé, et sous l’impulsion du vent et du courant se déplace vers le nord. La position relative de la concentration des canons de 4 et du puits à boulet, soit environ 15 m, implique un déplacement de la coque d’une distance de trente à quarante mètres vers le nord.
35En effet le centre du gaillard d’arrière se trouve à environ 15 m en arrière du grand mât, donc au nord de celui-ci dans la position initiale du navire, or la concentration des canons de 4 se trouve finalement à une quinzaine de mètres au sud de la concentration des boulets qui marquent à peu près la position finale du grand mât (position no 3/1). Pendant ce mouvement la partie avant du navire se détache (position no 3/2) et allégée dérive pratiquement jusqu’à la plage (position no 4), l’avant tourné vers le large comme l’indique la position des deux ancres de bossoir et la présence d’un peu plus de la moitié de l’artillerie de 8. Cette dernière observation indique que la cassure s’est produite à deux ou trois mètres sur l’avant du grand mât.
36Par la suite la partie arrière s’oriente perpendiculairement à la côte comme l’indique Keraudic à la fin de son texte, la présence de quelques canons entre l’endroit où se trouvent réparties les gueuses de lest et la plage illustrant très probablement ce dernier mouvement.
Fouilles terrestres (Thomas Romon)
37Les recherches entreprises sur les sites indiqués sur les plans manuscrits de la Bibliothèque nationale ont permis de dégager les vestiges du four construit par les marins français pour y cuire du biscuit, mais elles ont été négatives dans la zone des campements. De même les recherches effectuées en haut de plage n’ont pas permis de retrouver des tombes de marins et d’esclaves noyés au cours du naufrage.
38Sur le point haut, situé au nord de l’île, à l’endroit où les naufragés malgaches se sont installés après le départ des Français, avec un peu de chance et de flair, un pan de mur construit par eux, a été mis au jour. Autour de ce mur, une couche de sédiment correspondant à l’occupation des naufragés a été dégagée.
39La localisation, sur le point haut de l’île, du lieu de vie final est encore peu précise. Les éléments de mur découverts ne sont pas suffisamment importants pour que nous puissions en déduire l’emprise de la construction à laquelle ils appartenaient. De même nous ne pouvons pas les rattacher aux observations faites par le Commander Parker qui décrivait, en particulier, une construction avec cinq pièces dont l’une contenait un foyer et deux autres constructions carrées à proximité.
40La partie supérieure de ces constructions a été en partie détruite lors de l’installation de la station météorologique. Les blocs de corail qui la composait ont été réutilisés pour réaliser les dalles de support des bâtiments de la station. Les couches de déblais provenant de ces constructions comportent des éléments se trouvant à l’origine dans des couches sédimentaires plus anciennes.
41L’analyse de la stratigraphie fait apparaître un épisode climatique qui précède la mise en place de la construction observée. La première occupation pourrait correspondre à l’utilisation d’un habitat léger du type tente confectionné avec les voiles du navire. La destruction de ces abris par les vents violents qui accompagnent un évènement climatique du type cyclone paraît alors probable. La seconde occupation correspond à la construction d’un habitat en dur.
42Le mur est construit en utilisant des plaques de grès de sable disposées verticalement à la base du mur, surmontées par des blocs de corail disposés horizontalement (Figure 20-14 1). Des similitudes avec les constructions malgaches sont recherchées. La couche archéologique contient de la cendre, des restes de faune consommée, des objets provenant de l’épave de l’Utile. Les restes de faune ont été recueillis, il s’agit essentiellement de tortues et d’oiseaux qui ont constitué la base de la nourriture.
43Le puits creusé par les marins de l’Utile n’a pas été retrouvé, mais à l’évidence il a assuré la survie des naufragés.
44Cinq récipients en cuivre ont été retrouvés dans une couche de déblais provenant très probablement du creusement des fondations des bâtiments de la station météorologique qui sont proches, ils sont semblables à deux petits récipients retrouvés à la surface de la couche archéologique.
Mobilier archéologique
Objets provenant de l’épave de l’Utile
Objets provenant du site du four
Objets provenant du point haut
45Un certain nombre d’objets a été retrouvé dans les déblais provenant du creusement des fondations des bâtiments de la station météo.
46Cinq récipients en cuivre ont été trouvés dans cette couche de déblais. Le plus remarquable, compte tenu des nombreuses réparations dont il a été l’objet, est PH5.015
47Dans la couche de sédiment composée d’un mélange de sable et de cendre correspondant à l’occupation des naufragés malgaches, des clous de charpente ont été trouvés dans le sol, ce qui indique l’utilisation du bois de charpente pour entretenir le feu. Ces derniers ont aussi été utilisés comme outils ou ustensiles de cuisine, comme semble l’indiquer la présence d’un clou à proximité immédiate du galet de lest lui-même utilisé comme affûtoir. Deux récipients en cuivre semblables à ceux qui se trouvaient dans la couche de déblais ont été également mis au jour dans cette couche de sédiment.
Etude des ossements d’oiseaux
48Les premiers lots d’ossement d’oiseaux prélevés sur le site, quelques centaines, ont été envoyés à Véronique Laroulandie (Laboratoire PACEA, l’Université de Bordeaux) pour étude. Les premières observations sont surprenantes, car il s’avère qu’ils appartiennent à une espèce : la sterne fuligineuse, qui ne fréquente plus l’île aujourd’hui. Il s’agit de la « Golette noire » dont parle Keraudic dans son récit (voir chapitre 4). Une autre espèce est présente, qui pourrait être le noddi, que mentionne l’ornithologue Layard dans le récit de sa visite en 1856 (voir chapitre 11). La présence d’os médullaire (réserve minérale temporaire qui se trouve à l’intérieur des ossements des femelles et sert à la constitution des coquilles d’œuf) indique que les sternes venaient se reproduire sur l’île.
49On attend la collecte d’un matériel plus abondant au cours des prochaines missions pour valider ces premières impressions.
50La contribution de l’archéologie à l’histoire de la migration des oiseaux est une retombée inattendue de cette campagne de fouille.
Notes de bas de page
1 Legeais 1955, p. 107.
2 Il faut souligner que certains des documents cités dans les chapitres précédents n’avaient pas encore été trouvés en 2006, en particulier ceux qui nous ont permis de connaître le nombre d’esclaves embarqués à Foulepointe.
3 Cette section « Objectifs de la recherche » reprend le texte du « Compte rendu des recherches archéologiques sous-marines et terrestres effectuées sur l’île Tromelin (10 octobre– 9 novembre 2006) », rapport non publié.
4 Bouchon, Faure, 1979.
5 Artillerie dont le boulet pèse 8 livres soit 3,912 kg.
6 Artillerie dont le boulet pèse 4 livres soit 1,956 kg.
7 SHD –Lorient, 1 P 297, liasse 15 –pièce 85, Relation anonyme du naufrage (Voir chapitre 4).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
The Asian side of the world
Editorials on Asia and the Pacific 2002-2011
Jean-François Sabouret (dir.)
2012
L'Asie-Monde - II
Chroniques sur l'Asie et le Pacifique 2011-2013
Jean-François Sabouret (dir.)
2015
The Asian side of the world - II
Chronicles of Asia and the Pacific 2011-2013
Jean-François Sabouret (dir.)
2015
Le Président de la Ve République et les libertés
Xavier Bioy, Alain Laquièze, Thierry Rambaud et al. (dir.)
2017
De la volatilité comme paradigme
La politique étrangère des États-Unis vis-à-vis de l'Inde et du Pakistan dans les années 1970
Thomas Cavanna
2017
L'impossible Présidence impériale
Le contrôle législatif aux États-Unis
François Vergniolle de Chantal
2016
Sous les images, la politique…
Presse, cinéma, télévision, nouveaux médias (xxe-xxie siècle)
Isabelle Veyrat-Masson, Sébastien Denis et Claire Secail (dir.)
2014
Pratiquer les frontières
Jeunes migrants et descendants de migrants dans l’espace franco-maghrébin
Françoise Lorcerie (dir.)
2010