Le développement du réseau hospitalier en Palestine
p. 111-135
Texte intégral
1L’histoire des hôpitaux en Palestine reflète, depuis son origine, celle des jeux et influences politiques ou politico-religieuses1.
2Le plus célèbre hôpital de Jérusalem, celui des Hospitaliers de Saint-Jean – archétype des hôpitaux de l’Europe et du monde moderne – n’est pas pris en considération dans cette communication, car il fut fondé il y a neuf cents ans, soit sept cents ans exactement, avant la période dont nous traitons.
3Cependant, la déplorable fin de l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem est étroitement liée à l’histoire moderne de la Palestine et au caractère de cette histoire débutant, en fait, avec Napoléon Bonaparte et la croisade qu’il mena pour la Révolution française en Égypte et en Palestine. L’armée française, en route vers les côtes de la Méditerranée orientale, commença par porter un coup de grâce à l’histoire médiévale de la Terre sainte en pillant Malte et anéantissant l’Ordre de Saint-Jean.
4La réaction britannique ne se fit pas attendre et la flotte de Nelson transforma le court intermède français en une domination anglaise à long terme sur la petite île catholique. C’était là l’exercice d’entraînement préalable au règlement du sort de la Palestine moderne car dans ce pays également la brève et néfaste visite de Napoléon fut le préambule d’une suprématie britannique de longue durée.
5Les hôpitaux et services médicaux constituaient les voies les plus directes et fiables d’accès à l’hégémonie. Il se trouve que nous avons découvert au Centre chrétien (Christ Church, Jaffa Gate, Jérusalem), un journal commencé en 1825 par John Nicolayson, le missionnaire anglican, rapportant que « le missionnaire ne dispose que d’un seul moyen efficace pour être accepté de la population orientale et obtenir sa confiance, c’est de pratiquer l’assistance médicale ». « Dans ces pays le médecin est considéré avec un respect proche de l’adoration. Ses services, avidement recherchés, bénéficient d’une reconnaissance particulière. Les portes s’ouvrent à son approche, il est même admis dans l’intimité du harem... »
6Les Anglais qui avaient aidé Jazzar Pacha, le boucher sanguinaire d’Acre, à vaincre Napoléon, furent les premiers à mettre en pratique cette perception intelligente de la réalité palestinienne et ils lancèrent, dès 1825, leur première mission d’« assistance médicale ». La « London Society for promoting Christianity amongst the Jews » envoya le docteur George Edward Dalton à Jérusalem, où il se rendit à cheval depuis Beyrouth. Mais, en l’absence d’un médecin pour lui porter secours, le malheureux homme mourut prématurément le 25 janvier 1826, et on peut encore voir sa tombe sur le mont Sion.
7La situation changea en décembre 1831 quand le pacha d’Égypte, Mehmet Ali, chassa les Turcs de la Palestine. Aussitôt, la mission anglicane tenta de tirer parti de la nouvelle administration, à l’esprit plus moderne et plus libéral ; cependant il lui fallut attendre sept ans avant d’obtenir l’autorisation d’acheter la propriété proche de la porte de Jaffa pour y installer le centre missionnaire : signe évident de la méfiance et de la suspicion de Mehmet Ali envers les activités britanniques.
8Avant d’envisager la construction d’une église, les missionnaires s’occupèrent de choses plus importantes. Ils donnèrent la priorité à la « mission médicale » avec le docteur Gerstmann et le pharmacien Bergheim, tous deux anciens juifs prussiens qui avaient rejoint l’Église d’Angleterre. Considéré comme la cheville ouvrière de la mission des juifs anglicans, le premier vice-consul britannique à Jérusalem, William Tanner Young, arriva en 1839, chargé par le ministre des Affaires étrangères, Palmerstone, « d’assurer la protection de tous les juifs en général ». Il fut le premier diplomate européen à habiter à Jérusalem ; cependant il n’y resta qu’un an, car en 1840, la Grande-Bretagne fit alliance avec la Prusse, la Russie et l’Autriche pour en finir avec le groupe des parvenus d’Égypte. Seule la France se rangea du côté de Mehmet Ali.
9La défaite des Égyptiens près d’Acre, en novembre 1840, fut un scandale pour les chrétiens européens, parce que les divergences entre l’Angleterre et la Prusse protestantes, l’Autriche catholique, la Russie orthodoxe, conduisirent au retour de la domination turque sur la Palestine. La Palestine turque se transforma alors, pour les empires européens, en une cour de récréation particulièrement animée. Le consul Young retourna à Jérusalem et fut suivi en 1842 par le consul prussien Ernst Gustav Schultz, en 1843 par le consul français, le comte de Lantivy, en 1844 par le consul américain et en 1849 par le premier consul autrichien, le comte Pizzamano. Plus que des diplomates, ces consuls étaient des délégués de l’autorité étrangère en terre palestinienne. « Car après Dieu, les consuls étaient les plus hautes personnalités de Palestine, et le pacha lui-même n’était pas autant vénéré par les habitants », selon les propos du consul Rosen des « Souvenirs orientaux ».
10En un premier temps, les activités européennes se caractérisèrent par leur affiliation religieuse respective. L’Angleterre et la Prusse étaient alliées, en tant que puissances protestantes, la France et l’Autriche en tant que puissances catholiques et la Russie était assez vaste pour être à elle seule le parrain des intérêts orthodoxes. Le trait caractéristique de ces communautés religieuses était que le consul prussien était responsable de tous les protestants germanophones, incluant les Hollandais, et que le consul autrichien était l’interlocuteur de tous les catholiques germanophones.
11Toutes ces puissances semblaient utiliser essentiellement les hôpitaux comme les moyens d’influence les plus efficaces sur la terre piétinée de Palestine. En tout état de cause, la meilleure illustration des jeux politiques est vraiment donnée par l’histoire des hôpitaux de cette époque.
L’hôpital anglais
12Après 1840, les Anglais furent de nouveau les pionniers. Au cours d’une affaire sans précédent avec leurs cousins prussiens, ils prirent par surprise les Russes et les puissances catholiques. Ils parvinrent, moins d’un an après l’élimination de Palestine des innovateurs francophiles égyptiens, à mettre sur pied un évêché protestant commun pour la ville de Jérusalem, qui unissait les anglicans et les luthériens en une seule tête de pont. Dès le 21 janvier 1842, arriva, à bord du navire « Devastation », le premier évêque protestant, son Excellence Michael Salomon Alexander, juif d’origine prussienne, devenu un haut dignitaire de l’Église d’Angleterre. Avec lui débarqua le morceau de choix de la cargaison : Edward Mac Gowan, un médecin d’Exeter qui s’était porté volontaire pour prendre la direction du « département médical de la mission anglaise ». Il avait pour tâche d’organiser « l’ouverture immédiate de l’hôpital » et il ne faisait aucun doute que son travail au dispensaire de la mission – la construction d’un hôpital pour les 10 000 habitants juifs de Jérusalem – ne se justifiait pas seulement par son utilité politique et missionnaire, mais qu’il répondait à un réel besoin médical. McGowan, l’unique praticien de la ville, un homme d’une solide instruction médicale doublée d’un esprit missionnaire, était parfaitement apte à exprimer un jugement sur la situation.
13Mais cette « ouverture immédiate de l’hôpital » était une entreprise fastidieuse et de longue haleine et afin d’accélérer la réalisation du projet, une maison déjà existante fut acquise. Cependant, même la réparation de ce bâtiment délabré traîna en longueur, à l’orientale... McGowan l’avait décrit comme « une fournaise » qui devait en premier lieu être vidée des familles juives pauvres qui l’occupaient... Opération qui suscita une ferme opposition chez les rabbins de Jérusalem. En fait, la maçonnerie était en si mauvais état qu’il fallut presque entièrement reconstruire la maison et pour cela emmener spécialement par bateau des maçons maltais de la proche colonie britannique. À propos, on dit aussi que c’est l’occupation anglaise de l’île qui ouvrit la route des côtes est-méditerranéennes aux missionnaires protestants ; leurs presses d’imprimerie ainsi que d’autres sièges de logistique y étaient installés. L’hôpital de la mission anglaise finit par ouvrir le 12 décembre 1844. La cuisine cachère et la mensongère appellation officielle d’« hôpital juif » constituaient sa carte de visite.
L’hôpital juif
14L’activité britannique en Palestine, sous couvert de mission de protection des juifs, fut bien sûr un cauchemar, avant tout pour les juifs eux-mêmes. La conversion de juifs de Jérusalem à la chrétienté, quelle se fit de façon provocante ou sophistiquée, déclencha colère et désapprobation parmi les leaders rabbiniques. Mais l’institution religieuse de la communauté juive se trouvait dans un tel contexte de retard et de désolation qu’elle n’avait aucune contre-mesure adéquate à offrir.
15La plus virulente opposition aux activités anglaises provint essentiellement de la Prusse et de l’Angleterre, ainsi que des dirigeants juifs qui étaient très proches des intérêts de ces deux puissances coloniales. Lugwig Philippson, un rabbin moderne d’esprit, originaire de Magdebourg, lança l’idée, le 11 septembre 1842, d’un hôpital juif à Jérusalem. Très prudent, il ne prononça aucune parole négative à l’encontre des activités anglicanes et se contenta de suggérer diplomatiquement qu’on avait plus besoin d’un hôpital pour une communauté déjà existante que pour une qui n’était pas encore une réalité. Philippson réussit rapidement à persuader Sir Moses Montefiore, le philanthrope britannique, de participer à son initiative. Les missionnaires anglais rapportèrent que « la nouvelle de l’imminente création d’un hôpital par les juifs anglais, destiné à leurs frères de Jérusalem, avait fait sensation ici ; et les éloges du généreux Sir Moses Montefiore étaient sur toutes les lèvres juives ».
16Montefiore envoya à Jérusalem le premier médecin juif, le docteur Simon Frankel, qui arriva dès le 11 avril 1843, soit un an après McGowan. Frankel était un citoyen prussien, né à Zulz près d’Oppeln, en Silésie (l’actuelle Biala polonaise). De ce même shtetl (bourg), typiquement juif, était aussi originaire le secrétaire de Montefiore, Louis Loewe, orientaliste et linguiste de renom. Après des études à Munich et à Berlin, Frankel avait travaillé comme médecin pour le compte d’une compagnie maritime hollandaise. Sa femme était une juive noire métissée provenant des Antilles. McGowan fit un rapport sur son concurrent en des termes de politesse discrète, parfaitement britannique. « Le docteur Frankel, envoyé par Sir Moses Montefiore, a créé un dispensaire et est entré en contact, dans l’exercice de sa fonction, avec la communauté juive. C’est un homme très actif et dévoué, qui est très occupé. (L’ai rencontré souvent ; l’ai trouvé attentionné et bienveillant envers les autres et bien informé...). »
17Les missionnaires anglais n’entreprirent aucune action de sabotage envers Frankel. Au contraire, ils adoptèrent une attitude aimable à son égard, voire même loyale – selon la tradition anglaise – à mettre sur le compte de leur effort de se faire accepter des juifs. L’exemple le plus saisissant de ce comportement en est la fameuse diligence de Montefiore – en fait celle de l’évêque protestant – exposée jusqu’à ce jour à Jérusalem. Chaque fois que « le plus célèbre juif du xixe siècle » se rendait en visite à Jérusalem, les missionnaires lui attribuaient, pour leur plus grand plaisir, ce véhicule.
18Les ennemis du docteur Frankel n’étaient autres que les juifs eux-mêmes. Son allure moderne choquait profondément leurs dirigeants, sclérosés et fanatiques. Pour beaucoup d’entre eux, ce juif à l’esprit scandaleusement ouvert était bien plus dangereux pour l’ordre établi que tous les pasteurs chrétiens réunis. Ils n’hésitèrent pas à recruter le consul français pour l’associer à leurs intrigues contre le docteur Frankel. Un épais dossier, composé de trente-trois pages, établi par le consulat de Prusse en 1844 (toujours disponible aux Archives nationales israéliennes), traite d’un procès contre Frankel, soupçonné d’avoir volé un chien appartenant à une personnalité catholique. Dans cette affaire le consul français, le comte de Lantivy, prit position contre le consul de Prusse par interim, William Young. Le témoin à décharge du docteur Frankel était un certain M. Rosenthal, un juif converti travaillant pour la mission anglicane. Dans ce dossier, le consul Young fit observer que le but réel du consul français face à cette affaire, était d’étendre sa juridiction sur les citoyens turcs catholiques et que seuls les franciscains protégeaient les catholiques contre cette étreinte française de mauvais aloi.
19Le comte de Lantivy écrivit une lettre très désagréable au baron James de Rothschild à Paris, discréditant le docteur Frankel : « Sa moralité est plus que suspecte et il ne jouit d’aucune sorte de considération, à tel point qu’il a été accusé en ma présence d’avoir volé un chien... Je crois qu’il serait urgent, dans l’intérêt de la communauté israélite de Jérusalem, de mettre un terme à ces scandales. »
20Le complot réussit : l’argent promis par Rothschild au rabbin Philippson n’arriva jamais et l’hôpital juif dut être fondé par Moses Montefiore, seul. Aucun rabbin de la communauté de Jérusalem ne lui apporta son concours. Il eut pour unique collaborateur Israël Bak, un rabbin extérieur, qui représentait la petite communauté hassidique, et lui-même un pionnier sans préjugés, qui avait essayé d’être cultivateur près du mont Méron en Galilée. Il avait aussi été connu en tant que premier imprimeur de Palestine et avait ensuite été l’éditeur du journal hébreu Chavazeleth, réputé pour ses critiques acerbes et piquantes de l’institution religieuse.
21C’est dans un ancien hôpital militaire de l’armée égyptienne, près du dispensaire du docteur Frankel, que l’hôpital juif, hostile à la mission, ouvrit ses portes à la fin de l’année 1844. Nous ne possédons pas de date précise, mais les rapports des missionnaires – qui, de fait, en font la première mention – permettent de déduire que, concernant l’ouverture de son hôpital, Frankel s’arrangea pour devancer McGowan. Le Révérend Nicolayson se rendit sur les lieux pour une visite de politesse tout au début de 1845. Il écrivit, au terme de sa description très positive : « À propos de la remarque du rabbin Israël sur le fait que, maintenant, ils n’avaient plus besoin de notre hôpital et aucune raison d’y aller, j’ai répondu qu’il y avait suffisamment de juifs malades pour les remplir tous les deux et bien d’autres. »
22À son tour, le docteur Titus Tobler, ce médecin suisse qui fut l’un des meilleurs experts de Palestine, en donna une description élogieuse, alors que le docteur russe du nom de Rafalowich, qui visita l’hôpital deux ans après son ouverture, le trouva déjà en état de dégradation. Il ne fait pas de doute que cette institution était étouffée par la domination des dirigeants religieux de la communauté juive de Jérusalem. Cette oppression était si forte que ce premier hôpital juif, et premier hôpital de la Palestine moderne, fut complètement effacé de l’histoire, de sorte que les historiens modernes israéliens en ignorent l’existence. Il n’est donc pas surprenant que des contemporains, comme le docteur Bernhard Neumann, directeur de l’hôpital Rothschild, ne le mentionna pas dans ses travaux méticuleux sur les hôpitaux yérosolomitains. Seule la haine profonde peut être une explication ; elle seule peut expliquer que Neumann n’ait pas fait la moindre allusion à son collègue et ami juif, le docteur Frankel. Ce dernier resta à Jérusalem au moins jusqu’en 1858. Il eut de nombreux patients privés, parmi lesquels le consul allemand. Durant toutes ces années il continua de diriger l’hôpital fondé et financé par Montefiore. Quand il partit pour « le monde cultivé », selon l’expression du docteur Tobler, le dispensaire fut fermé et les clés remises au consul britannique. Il revint plus tard et mourut d’une crise d’apoplexie le 11 janvier 1880 à Jaffa, à l’âge de soixante et onze ans ; il fut enseveli dans le cimetière juif de cette ville. Quelques-uns de ses descendants immigrèrent peu après la prise du pouvoir par Hitler en Allemagne.
L’hôpital allemand
23La troisième version de la politique hospitalière fut l’œuvre personnelle du Révérend Théodore Fliedner, un jeune pionnier dynamique du Centre de santé luthérien, né en 1800 et fondateur en 1836, des diaconesses de Kaiserswerth. Dix années plus tard, en 1846, lors de l’inauguration d’un hôpital des diaconesses, à Londres, Fliedner rencontra l’ambassadeur de Prusse, Christian von Bunsen, qui avait été l’architecte de l’évêché anglo-prussien de Jérusalem. À ce moment-là, le nouvel évêque, Samuel Gobat, le candidat cette fois de l’associé prussien, était à Londres pour recevoir l’ordination anglicane. Tous deux sollicitèrent l’aide de Fliedner qui l’accepta avec enthousiasme.
24Mais son accord, donné au moment de l’idyllique entente anglo-prussienne, se transforma bientôt en une importune présence allemande. Dès 1841, l’année de l’entente anglico-luthérienne de Jérusalem, le gouvernement de Berlin exprima l’intention d’ouvrir un hôpital prusso-luthérien. Cette même année c’est le jeune orientaliste, alors âgé de trente et un ans, Gustav Schultz, qui fut envoyé à Jérusalem, comme premier consul de Prusse. Dans ses archives nous avons trouvé une abondante information sur l’acquisition de maisons et de locaux, sur la mise en fonctionnement d’une chapelle évangélique allemande, d’un hôpital allemand et d’un hospice allemand. Il n’est pas fait mention de Theodor Fliedner, puisque cela était antérieur à son initiative. Le besoin d’un hôpital autre que le seul « hôpitalde-la-mission-juive » était une évidence pour tout protestant non anglais. Des observateurs critiques, comme Titus Tobler, n’hésitèrent pas à qualifier l’hôpital de la mission de « faux hôpital » où de paresseux juifs en bonne santé se payaient la tête de naïfs ou hypocrites missionnaires. La pantomime de l’hôpital de la mission suscita l’inimitié et la concurrence des Allemands. En 1850, l’évêque Gobat demanda à Fliedner que deux diaconesses apportent leur aide à l’hôpital de la mission. Fliedner, sans en informer l’évêque, sollicita de son ami Friedrich Wilhelm, roi de Prusse, le financement de quatre diaconesses, ce qui ne posa pas de problème à Berlin. L’arrivée à Jérusalem de Fliedner et de ses quatre diaconesses, le jeudi saint de l’année 1851, mit l’évêque dans l’embarras, mais Fliedner qui n’avait que peu de considération pour lui, n’en fit pas cas. En peu de temps il arrangea pour ses diaconesses, dans une maison que le consul Schultz avait récupérée de son collègue anglais, Young, un hôpital à part. Mis en service dès le 2 mai 1851, le premier patient en fut Friedrich Grossteinbeck, un immigrant allemand dont la famille venait de s’installer en Palestine. Soit dit en passant, il fut tué par les Arabes en 1857, dans sa ferme du « mont de l’espoir » (aujourd’hui shhunat ha-tiqva, à Tel Aviv). Son frère, qui fut épargné, partit pour l’Amérique et l’un de ses descendants est le célèbre écrivain John Steinbeck.
25Le consul Schultz recommanda le docteur prussien juif, Simon Frankel, comme directeur médical. Cependant cette fois-ci, Fliedner préféra éviter à l’évêque Gobat l’inconvénient d’une situation délicate et il nomma McGowan, médecin de sa nouvelle institution. Fliedner ne sut probablement jamais que Frankel devint plus tard très actif au sein de ’hôpital évangélique.
26Il y avait, en compagnie de Fliedner, sur le bateau qui le transporta de Smyrne à Jaffa, un personnage particulièrement intéressant, il s’agissait de Carl Sandreczki, un ancien catholique bavarois, d’origine polonaise, qui avait aidé Otto Ier, le roi des Hellènes, à doter la Grèce d’une administration moderne et qui était désormais pasteur à la « Church Missionary Society », la branche non juive de la mission anglicane. L’échec et l’absence d’écho de la mission auprès des juifs étaient si évidents que les missionnaires protestants durent renoncer à leurs scrupules théologiques envers l’Église orthodoxe traditionnelle. Amener les chrétiens palestiniens orthodoxes au culte protestant de l’Angleterre et de la Prusse éclairées, était désormais leur « raison d’être ». Les luthériens allemands n’avaient jamais perdu leur temps à convertir les juifs et apparemment n’avaient jamais eu d’état d’âme envers l’institution traditionnelle orthodoxe.
27Dans cette approche, les diaconesses constituaient probablement le pilier central. Les statistiques de la première année reflètent déjà un pourcentage relativement élevé de patients classés comme « protestants arabes », représentant le double du nombre des musulmans ! L’indication la plus claire de l’ardent prosélytisme des diaconesses vient du fait que dès le tout début elles tenaient aussi, dans le nouvel hôpital, un pensionnat pour filles. Quinze ans plus tard, en 1866, les diaconesses commencèrent de construire un hôpital pour enfants indépendant, à l’extérieur de la vieille ville (dans l’actuel quartier de Hamashbir), selon la dernière volonté de leur fondateur. Mais une fois ce bâtiment terminé il fut utilisé comme pensionnat de filles, la fameuse école « Talitha Kumi », destinée à propager le renouveau évangélique parmi les enfants de la Terre sainte.
La réaction catholique
28Les activités anglo-prussiennes provoquèrent inévitablement une double réaction, politique et religieuse. D’un point de vue politique, les Anglo-Prussiens étaient les adversaires habituels de la France et de l’Autriche qui essayaient l’une et l’autre de protéger les catholiques. Cependant, la rivalité qui déchirait ces deux nations ne permit pas de créer une alliance catholique, parallèlement à la protestante ; car l’empereur d’Autriche, roi de Jérusalem par titre, n’accepta jamais que la France, laïque, pour ne pas dire athée, jouât le rôle de premier violon.
29La réaction des juifs était ambivalente. Les Ashkénazes devaient rester en bonnes relations avec leurs protecteurs allemands et britanniques. La communauté séfarade pouvait faire plus ouvertement état de son opposition, car elle bénéficiait, pour son plus grand bonheur, du soutien de la France. Un troisième camp, celui des orthodoxes russes, bien qu’ayant un moindre impact sur la situation, ajoutait, cependant, du piment à la sauce.
30Dans tous les pays du Levant, l’Église catholique exerçait depuis longtemps un rôle actif, en attirant les chrétiens locaux à la juridiction de Rome, généralement en unifiant toutes les communautés. Cependant il était impossible d’appliquer une telle politique à Jérusalem du fait de la forte position des franciscains de rite latin et de l’absence d’une hiérarchie au sein de l’Église orthodoxe autochtone. Une première initiative tentée par les catholiques byzantins, en 1838, avec l’ordination d’un vicaire arabe au patriarcat grec catholique de Jérusalem, avait rapidement été oubliée. De plus, comme les Anglicans n’exerçaient pas initialement de prosélytisme envers les chrétiens orthodoxes, les catholiques ne s’engagèrent pas dans l’action pendant un certain temps. En conséquence, le consulat français, ouvert en 1843, après ceux de Prusse et d’Angleterre, eut une réelle difficulté à trouver une justification de sa présence.
31Mais les choses changèrent radicalement et rapidement en 1846 quand les Prussiens reprirent le commandement de la mission protestante. En 1847, le Vatican décida de ne pas perdre de temps en politesses envers la tradition orientale : un patriarcat de rite latin fut créé, officiellement, pour renouveler celui de l’époque des Croisés. Cette institution avait la ferme intention de convertir les chrétiens du pays au rite latin de l’Église catholique, seule réponse appropriée et efficace au « danger protestant ». Le premier patriarche fut Giuseppe Valerga, ancien missionnaire de Mésopotamie et donc excellent ami du nouveau consul français, Paul-Émile Botta, le fameux archéologue.
32Les franciscains, les seuls représentants catholiques en Palestine, durent se ressaisir et développer quelques activités. Paradoxalement, afin de préserver leur monopole, ils créèrent une autre congrégation, les sœurs françaises de Saint-Joseph : « Les sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition ont été appelées en Terre sainte par le Révérendissime père Custode Bernardino, le 14 août 1847, peu de temps avant l’arrivée de Mgr Valerga. Ce sont les premières religieuses françaises qui, depuis l’époque des croisades, se sont établies en Palestine » (V. Guerin).
33L’ouverture de l’hôpital prussien fut très rapidement suivie (six mois après), de celle d’un hôpital catholique. J’ai trouvé les informations suivantes dans une chronique, vraisemblablement écrite par le comte Amédée de Piellat : « L’Œuvre de l’Hôpital fut fondée le 1er novembre 1851 par messieurs Lequeux, chancelier du consulat de France (M. Botta étant consul), Wegley, architecte anglais catholique et Mendelson, médecin protestant converti (ces trois messieurs ont aussi établi la conférence de Saint-Vincent de Paul et un petit service postal entre Jaffa et Jérusalem). Cet hôpital fut d’abord installé en location dans le Khan des Coptes. Trois religieuses de Saint-Joseph y furent attachées. »
34Certaines sources contemporaines ne citent pas M. Lequeux comme l’un des fondateurs ; en revanche, elles font mention d’un fervent missionnaire dont le nom n’est pas précisé. Il ne fait cependant aucun doute que le médecin du nouvel hôpital était un certain docteur Mendelssohn, qui, à mon avis, n’était autre que le docteur Arnold Mendelssohn, le fils aîné d’Henriette et Nathan Mendelssohn, donc un petit-fils du célèbre philosophe juif, Moïse Mendelssohn et un cousin du fameux compositeur Mendelssohn-Bartholdi, comme le révèle sa correspondance personnelle trouvée en Allemagne2.
35Arnold était le plus intéressant des personnages du clan Mendelssohn. D’origine prussienne protestante, il était devenu un ardent socialiste et combattant pour l’unité allemande. Il était un très proche ami du philosophe juif Ferdinand Lassalle, père du mouvement socialiste allemand. Mais quand Lassalle prit part à la révolution de 1848, Mendelssohn avait déjà été emprisonné à Cologne. Sans nouvelles de lui après sa libération, car le clan Mendelssohn préféra ne pas évoquer cet enfant terrible, il fut considéré comme « absent » en Turquie à partir de 1850.
36C’est à ce moment précisément que le docteur Mendelssohn apparut à Jérusalem. En août 1851, il écrivit à son père que depuis trois mois il travaillait dans cette ville comme médecin privé. Il mentionne ses trois collègues : le docteur McGowan, qui gagne beaucoup d’argent grâce à la Société pour la promotion de la chrétienté parmi les juifs et qui était censé, initialement, devenir son chef. Le docteur Frankel, payé par Moses Montefiore pour faire opposition à l’hôpital et à toute la mission. Le docteur Barclay, baptiste américain, payé sur des fonds américains pour faire barrage à la fois à McGowan et à Frankel. Mendelssohn qui avait réussi à apprendre sept langues (l’allemand, le français et l’anglais, et en outre l’italien, l’espagnol, le turc et l’arabe) considère Jérusalem comme un immense asile d’aliénés, peuplé de fous et de désaxés. Seul un socialiste comme lui peut supporter cela, parce que les socialistes peuvent trouver du sens dans le non-sens.
37Il traite McGowan d’hypocrite religieux et social et s’étonne que la grande nation anglaise, connue pour son sens pratique, jette tant d’argent par la fenêtre, démoralisant les juifs au lieu de répandre la chrétienté parmi eux. À propos de la création de l’hôpital, Mendelssohn écrit que « Don Gaetano Sorrentino, M. Lequeux (non en tant que consul, mais que personne privée), et moi-même nous avons fait un emprunt afin de pouvoir, en l’espace de quatorze jours, équiper l’hôpital de vingt-deux lits et l’ouvrir le 1er novembre. Nous avons envoyé ensuite une lettre au patriarche pour l’informer que nous lui dédiions ce bâtiment. Quant à Lequeux, il écrivit en même temps à son ministre. Le patriarche reçut la lettre à Beyrouth et il arriva, environ deux semaines plus tard, avec Mgr Gandolphi, évêque de Sabina et très proche ami du Pape. »
38Mendelssohn décrit aussi l’hésitation du patriarche à accepter la direction de cet hôpital, dont le succès était incertain. En attendant, Lequeux assura la fonction de pharmacien et Don Gaetano partit en Italie pour collecter des fonds. Mendelssohn signale une très étrange lettre du patriarche au consul Lequeux, l’avertissant de la fondation d’un hôpital par un prêtre et deux laïques, et lui signalant aussi qu’il ne pouvait, pour l’instant, prendre la charge de l’hôpital. Mendelssohn et Lequeux étaient en réalité fort heureux de se débarrasser du patriarche et de trouver un moyen de placer l’hôpital sous la responsabilité du gouvernement français.
39Mendelssohn confie à son père qu’il s’est secrètement converti au catholicisme dans une chapelle privée du patriarche. Il l’assure que cette conversion n’était qu’un subterfuge et que, comme son ami Lequeux, son éducation et sa philosophie, ne lui permettent pas de s’affilier à une Église. Cependant il faut bien admettre que dans ce pays où religion et politique sont étroitement associés, sans religion la réussite est impossible.
40La lettre s’achève avec une description de l’intrigue entre les franciscains et le patriarcat latin. Il signale aussi que la mission anglaise lui en veut, à lui et à son hôpital et que, pour cette raison il a rendu son passeport britannique pour devenir un protégé français.
41M. Lequeux fera de son mieux pour lui faire obtenir la citoyenneté française. Mais dans tout cela, il reste un bon ami de l’évêque Gobat, qui, comme lui, ne peut pas supporter la mission anglicane. Il demande à son père d’user de ses bonnes relations avec Humboldt pour l’aider à obtenir le poste de médecin au petit hôpital prussien de Jérusalem ; il pensait probablement à Alexandre von Humboldt, le célèbre géographe, vivant à cette époque à la cour du roi de Prusse.
42Dans une troisième lettre, envoyée à son frère en avril 1852, Mendelssohn exprime sa résignation, face au désintérêt du gouvernement français de dépenser de l’argent pour l’hôpital et face à l’échec de Lequeux de convaincre celui-ci que la collaboration bénévole de Mendelssohn à l’institution française en tant que médecin, était une raison suffisante pour lui octroyer la citoyenneté. Entre temps le patriarche avait obtenu les fonds pour reprendre en main l’hôpital. Mendelssohn et Lequeux démissionnèrent de leurs charges. Mendelssohn partit pour Naples où il chercha un poste de médecin ; il mourut deux ans plus tard de la typhoïde à Bayazid en Turquie.
43Dans son ouvrage « Nouveau regard sur Jérusalem » Bartlett écrit : « Depuis que l’établissement a été directement placé sous le contrôle du patriarcat latin son bon fonctionnement s’en ressent considérablement. Son tout premier médecin ayant quitté le pays, l’actuel administrateur médical ne possède pas la classe qui était initialement envisagée. »
44À propos, Valerga avait une raison supplémentaire d’être heureux de sa nomination comme chef de l’hôpital catholique : il pouvait désormais réfréner une initiative autrichienne de fonder un hôpital catholique, avec l’appui des ennemis du patriarche, les franciscains.
45Bartlett donne cette information troublante que « les sœurs de la Charité – une branche de la Société lazariste – dont les activités commencèrent en 1850, travaillent à l’hôpital ». Bien sûr, Bartlett, le protestant, n’était pas spécialiste des congrégations religieuses catholiques. Mais les documents du patriarcat latin précisent que Valerga « remettra cet hôpital entre les mains des dignes filles de la respectable et vertueuse Mme de Vialar », c’est-à-dire les sœurs de Saint-Joseph, que Mendelssohn ne mentionne pas du tout ; mais selon diverses sources, les fondateurs de l’hôpital étaient les mêmes que ceux de la « conférence de Saint-Vincent-de-Paul ».
46La date officielle de la première arrivée des « Filles de la Charité » en Palestine est le 3 mai 1886. Cependant comme l’ordre existait dans les pays voisins aux environs de 1850, il n’est pas exclu qu’il ait eu un bref début à Jérusalem, jamais noté dans les documents catholiques.
47La seule description précise de l’emplacement d’« un hôpital français bien géré, près du couvent copte, jouissant des compétences du talentueux docteur Mendelssohn » est fournie par le docteur James Thomas Barclay, le missionnaire baptiste, ami de Mendelssohn. Sur le plan de Jérusalem qu’il publia en 1857, figure un « hôpital français » du côté ouest du passage de Saint-Georges, lieu actuellement occupé par l’école secondaire copte. Il y avait sans doute un autre bâtiment appartenant à cet ensemble, peut-être le « dispensaire du couvent latin », distinct de l’hôpital. Ce service de consultations externes devait se situer de l’autre côté de la ruelle, dans un établissement appelé « couvent Saint-Ludovic des Latins », sur les cartes de Jérusalem tracées par Baedeker, et être proche du « Khan des Coptes », tandis que le service des soins internes était près du « couvent des Coptes ». La meilleure illustration du long affrontement opposant les intérêts français et ceux du patriarcat latin est donnée par le nom de l’institution. Valerga, qui l’appelait toujours « hôpital Saint-Joseph », plaça un écriteau au-dessus de l’entrée, indiquant « Ospedale cattolico ». Après 1859 il fut appelé « Ospedale San Luigi », puisque le nouvel empereur français avait demandé qu’il soit nommé « hôpital Saint-Louis » – « un nom catholique et français à la fois ». Finalement Valerga céda : « Pour une somme de douze mille francs, provenant de la pieuse générosité du gouvernement français », il finit par écrire l’imprononçable appellation d’« hôpital catholique de Saint-Louis ».
48Toujours est-il que le doute relatif au caractère français de l’hôpital se reflète tout à fait dans la liste des successeurs de Mendelssohn. Le premier fut le docteur Galanti, un Maltais qui avait aussi servi comme médecin militaire turc ; le suivant fut le docteur italien Labo, également un médecin officier turc, vinrent ensuite deux autres Italiens les docteurs Luciano et Carpani. Le premier docteur français arriva quand le nouveau bâtiment, situé à l’extérieur des remparts, fut terminé ; il s’appelait Sabadini et était corse.
49Le nouveau bâtiment, financé et mis en œuvre par le comte Amédée de Piellat, ouvrit le 1er janvier 1882. C’est le seul des anciens hôpitaux à avoir encore conservé sa fonction. Je n’ai trouvé aucun document révélant qui en était le véritable propriétaire. Le patriarche supposait qu’il lui appartenait ; mais le gouvernement turc le considérait comme la possession de l’ennemi français. Je me demande si aujourd’hui quelqu’un est capable de donner une réponse.
L’hôpital Rothschild
50On a déjà noté que la rivalité entre la France et l’Angleterre concernait tout autant les querelles internes à la communauté juive que l’hôpital de la mission anglaise. Ce dernier, ainsi que l’hôpital de l’anti-mission juive relevaient des activités des Britanniques et de leurs amis prussiens, les Français s’arrangeant pour trouver des alliés opposés aux deux puissances. Comme l’Église catholique était l’allié ennemi de la mission protestante, les juifs séfarades étaient utilisés contre Montefiore et Frankel.
51La ferme opposition à l’influence européenne moderne qu’affichaient les chefs religieux sectaires, de la plupart des quartiers séfarades, s’évanouit miraculeusement quand les Rothschild de France offrirent, en 1853, de financer l’ouverture d’un hôpital et d’autres institutions sociales. Si les mentalités n’avaient pas changé, l’argent mettait de l’huile dans les rouages.
52L’organisateur du projet était Albert Cohen, « président du comité de bienfaisance » des Rothschild. Né à Bratislava (Presburg), il était orientaliste de profession. Le 11 juin, il quitta Paris pour se rendre sur le lieu de sa mission et, au cours de ce déplacement, l’empereur François-Joseph Ier lui accorda une audience à Vienne. Sa pension de famille à Jérusalem était une ancienne école talmudique, fermée pour cause de déficit financier. Cohen versa 20 000 francs de « pas de porte », signifiant qu’il pouvait utiliser le bâtiment bien qu’il restât inscrit comme propriété de la communauté séfarade. Peu de temps après, le 26 juillet 1854, l’hôpital fut ouvert. McGowan, se rendit à l’inauguration, bien que n’y étant pas invité, et il écrivit que « l’ouverture officielle de l’hôpital a eu lieu hier matin avec autant de faste que le permettaient les circonstances. Le bâtiment attribué à l’hôpital est une nouvelle et belle construction qui avait été destinée à abriter une école ». Cohen envoya, deux jours plus tard, un rapport à l’empereur d’Autriche, l’informant que le consul de sa Majesté, le comte Pizzamano, était prêt à étendre la protection impériale sur cette fondation. C’est en l’honneur du premier des célèbres Rothschild, le banquier Meyer Amschel Rothschild de Francfort, père de James de Rothschild de Paris, que l’hôpital fut nommé « hôpital Meyer Rothschild ». À l’entrée était inscrit en hébreu et en français « À la mémoire vénérée de Meier Rothschild, ses fils Amschel, Salomon, Nathan, Charles et James, barons de Rothschild ».
53Le docteur Bernhard Neumann, qui était né à Varsovie et avait étudié à Cracovie et Vienne, fut nommé médecin de l’hôpital. Il était sans doute à Jérusalem depuis 1852. Ce fut un directeur compétent et quand il partit, en 1862, pour de soi-disant raisons de santé, l’institution sombra dans une grave crise. Il n’y avait pas, à cette époque, de médecin juif dans la ville et c’est un docteur grec qui dut apporter son aide. Par la suite, grâce à une longue succession de bons médecins juifs, originaires d’Autriche-Hongrie, (les docteurs Rothziegel, London, Schwarz), l’hôpital fut remis sur les rails.
54Du temps du docteur Schwarz, en septembre 1888, le nouveau bâtiment, à l’extérieur de la Vieille Ville fut inauguré en la présence du Pacha et des consuls d’Autriche, de France, d’Italie et d’Espagne. Le nouveau directeur médical était le beau-frère de Schwarz, l’Ukrainien Isaak Grigori Amcyslowsli, qui se faisait appeler docteur D’Arbela. Il avait achevé ses études médicales à Paris et avait été le médecin particulier du sultan de Zanzibar ; il parlait douze langues et était également l’auteur d’un dictionnaire hébreu-espagnol.
55D’Arbela participa très activement à la construction du réseau de services médicaux dans les nouvelles implantations juives qui furent créées précisément à cette époque. Les Rothschild de Paris organisèrent un système de services de soins couvrant tout le pays, y compris les villages arabes dans le périmètre de ces récentes implantations. D’Arbela était, à lui seul, le médecin de neuf villages arabes. Cet immense réseau était financé par les Rothschild et c’est de là que provient l’expression hébraïque al-heshbon ha-baron.
56Les Rothschild français contribuèrent plus que quiconque au développement général de centres médicaux de Palestine et on ignore si un quelconque dessein politique français animait cette œuvre de pionnier, identifiée bien sûr à la France. Tous les successeurs de D’Arbela à l’hôpital de Jérusalem étaient des juifs francisés qui avaient fait leurs études à Paris. Bien qu’il restât toujours officiellement autrichien, l’hôpital était nommé « hôpital français de Rothschild », même dans les guides imprimés. Il semble toutefois que les consuls autrichiens – de souche italienne ou même arménienne – qui correspondaient en français avec leurs collègues allemands, n’en aient pas fait cas. À tel point qu’ils n’intervinrent même pas quand les Turcs, leurs alliés dans la Première Guerre mondiale, confisquèrent l’hôpital au titre de propriété de l’ennemi français. Mais par ailleurs, le style français disparut après que la guerre avait été gagnée. L’hôpital fut alors repris par l’organisation américaine Hadassah qui en fit la clinique moderne de l’Université hébraïque de Jérusalem. Je me demande si cette histoire française de la clinique de l’Université est connue des membres de la Hadassah.
Les autres hôpitaux
57Il y avait à Jérusalem d’autres hôpitaux, l’arménien, le grec, et même le russe, qui n’avaient que peu d’impact sur la scène politique.
58En 1855, soit un an après l’ouverture de l’hôpital Rothschild, sir Moses Montefiore posa la première pierre d’un nouvel édifice monumental, le premier en dehors des remparts de la Vieille Ville, son propre hôpital. Cependant il dut abandonner son projet, car son rival, Rothschild eut le dessus dans cette affaire. La sagesse de Montefiore l’emporta finalement sur la tentation de vanité ; mais ses contemporains ne le gratifièrent pas pour son renoncement raisonnable ; au contraire, ils se moquèrent de lui.
59Le consulat britannique alimenta pendant cinq ans un dossier sur son projet impérial jusqu’à ce que son échec devienne une évidence. Le rêve d’un hôpital juif anti-Rothschild devint finalement une réalité en 1867 quand les responsables de la communauté ashkénaze ouvrirent leur propre hôpital, dans une maison qu’ils avaient récupérée de Nicholayson, le grand missionnaire anglican. Montefiore leur fit don des meubles du dispensaire du docteur Frankel, que l’on peut encore voir dans l’actuel hôpital Bikkur Cholim.
60La nouvelle institution ashkénaze fut appelée « Deutsch-Israelitisches Bikkur-Cholim Hospital », l’« hôpital général de la communauté ashkénaze ». Le seul dans l’histoire des hôpitaux de Jérusalem à avoir été fondé sur une initiative locale, mais qui devint très vite aussi un enjeu politique pour les pouvoirs européens en Palestine.
61Nous atteignons là à un moment décisif de la politique européenne en Palestine. Le modeste hôpital Bikkur Cholim incarne ce changement dramatique. La demande de protection consulaire fut envoyée au consul général de la Fédération nord-allemande, l’embryon de l’Empire germanique récemment unifié. Cette unification de l’Allemagne était d’une importance capitale pour les deux groupes qui n’avaient pas, jusqu’en 1870, d’identité nationale, les juifs ashkénazes et les catholiques allemands.
62Désormais, les Ashkénazes, qui se désignaient comme « Daitsch » pouvaient s’identifier à la nouvelle entité politique, appelée « Deutschland ». Il ne s’agissait pas là d’une voie à sens unique. Il y avait des hommes politiques allemands influents, parmi lesquels le chancelier Bismarck, qui essayaient délibérément d’utiliser les juifs yiddishophones d’Europe de l’Est comme tête de pont de l’influence allemande. Le pitoyable petit « Bikker Choilim Hospitol » est le meilleur exemple de ces manipulations. Bien qu’installés chez le missionnaire Nicolayson, le grand représentant des intérêts britanniques en Palestine, aucun des « daitsche rebbes » n’avaient dans l’idée de solliciter la protection de l’Empire britannique, autrefois si désireux de « protéger » les juifs de Palestine. Non, dès que la Prusse devint l’Allemagne, celle-ci fut leur « patrie » naturelle. D’autre part, les autorités berlinoises, bien que sachant parfaitement qu’aucun des directeurs hospitaliers n’était allemand au sens légal du terme, étendirent leur protection à cette étrange tête de pont de culture allemande, parfois à l’encontre de l’instinctive opposition des consuls allemands en poste à Jérusalem. C’est de cet acrobatique jeu du « moins allemand » et « plus allemand » que naquit, plus tard, le nouvel hôpital « Shaare Zedek », qui était aussi fanatiquement juif qu’allemand. Il fut inauguré le jour du « Kaiser’s Geburtstag », de l’anniversaire de l’empereur Wilhelm II, le 27 janvier 1902. Ce fut aussi la dernière institution allemande qui fonctionna en Palestine et que le gouvernement mandataire britannique classa, jusqu’en 1941, comme « hôpital allemand ».
63L’influence de l’Allemagne sur les juifs palestiniens devint de loin plus importante que celle de l’Angleterre. Des historiens comme Yeshayahu Friedman ont même montré de façon très convaincante que le rôle de l’Allemagne dans l’aboutissement du sionisme dépassa sans conteste celui de l’Angleterre.
64L’exemple de l’hôpital autrichien de Tantur3 et de l’hôpital allemand de Nazareth4 est une illustration dramatique de la nouvelle attitude des catholiques allemands. Quand l’empereur autrichien, dominé par les Prussiens, arriva trop tard pour acquérir les ruines de l’ancien hôpital Saint-Jean pour l’Ordre catholique de Saint-Jean, l’« Ordre de Malte », récemment réhabilité, il acheta une colline, à mi-chemin entre Jérusalem et Bethléhem, appelée Tantur. C’était en 1869, lorsque François-Joseph et Frédéric Wilhelm, le prince de la couronne de Prusse visitaient ensemble Jérusalem en rentrant chez eux, de retour de l’inauguration du canal de Suez. Son Impériale et Royale Majesté Apostolique fit don de la colline à l’Ordre de Malte et dès le 11 juin 1876 la construction d’un centre appelé « Hospice du souverain ordre militaire de Malte » fut achevée. La direction médicale en fut confiée aux Frères de la province bavaroise de l’Ordre hospitalier de Saint-Jean-de-Dieu.
65Le responsable des Frères bavarois, le médecin Othmar Mayr, fervent patriote allemand, qui s’était engagé comme volontaire dans la guerre de 1870 contre la France, fut rapidement en réel désaccord avec le consul autrichien, le comte Caboga, qui en était le directeur administratif. Les nouveaux patriotes allemands n’avaient rien en commun avec cet italo-autrichien, collaborateur du « Erzfeind » français. Aussi la coopération austro-allemande fut-elle de très courte durée. Au bout de moins d’un an le frère Othmar partit et chercha un autre travail en Palestine.
66Première ironie du sort, l’hôpital français de Bethléhem, que les sœurs de la Charité avaient ouvert en 1889, étouffa l’hôpital de Tantur et, deuxième ironie, ce fut l’Ordre de Malte qui le sauva ces dernières années, de la fermeture.
67Le docteur Othmar Mayr se rendit utile à Nazareth où il loua une maison en 1881 et fonda, peu après, en 1882 un petit hôpital, rattaché à un service de consultations externes. Mayr avait agi seul, sans l’autorisation de son Ordre et en trompant le patriarche latin Barlassina qui lui avait manifesté une déplaisante hostilité depuis les problèmes de Tantur. L’ordre finit par accepter le fait accompli, mais envoya le Frère Philippe Wagner – médecin également et ancien ami de l’époque de Tantur – à Nazareth, en tant que premier prieur. Mayr en fut furieux ; sa subordination à Wagner était une décision délibérée de le punir, de l’humilier et de mâter son goût pour l’indépendance personnelle et politique.
68Mais Wagner ne fut pas le seul partenaire suspect à venir prendre part à l’aventure de Nazareth. Il arriva avec un autre frère d’Alsace, le Frère Faustin Ehrhard : membre de la province française et il témoignait de la soumission de l’hôpital de Nazareth à la protection de la France. Le père principal de l’Ordre, à Rome, écrivit au patriarche Barlassina, que l’hôpital « en aucun temps ne sera sous la protection de la France... »
69Le problème qu’Othmar Mayr rencontra avec Phillip Mayr trouva une rapide, mais aussi très brutale solution : Wagner décéda subitement, trois mois seulement après son arrivée, le 25 septembre. Mayr signala cette mort, sans l’accompagner de commentaire, donnant l’étrange diagnostic d’« insolation ».
70Une importante parcelle, sur une colline à l’extérieur de Nazareth, avait été achetée par feu Wagner avec de l’argent hérité de sa famille. Othmar Mayr, qui devait alors être officiellement nommé prieur principal de l’hôpital, enregistra la terre sous son nom personnel et refusa obstinément d’enregistrer les bâtiments sous le nom de l’Ordre des Hospitaliers, parce qu’il craignait précisément que dans ce cas son œuvre soit prise en charge par la France. Dès novembre de la même année (1882), Frère Othmar fit construire un premier hôpital modèle sur la parcelle acquise et lui donna le nom de « Krankenhaus zur Heiligen Familie ».
71Les franciscains de Nazareth, qui avaient déjà été ébranlés par le danger allemand que manifestaient de zélés missionnaires protestants, Huber at Zeller, des Bavarois au service de l’Église d’Angleterre, n’étaient pas prêts à livrer « leur » Nazareth au drapeau allemand. C’était leur cauchemar que désormais le drapeau allemand soit ouvertement brandi par de fervents catholiques. Un ami et allié des franciscains était à l’intérieur de l’hôpital allemand, il s’agissait du Frère alsacien Faustin Ehrhard. Mayr le détestait et dans ses rapports l’accusait d’« être paresseux comme les franciscains ».
72Mais une fois que Othmar Mayr fut privé de son « protecteur » de Rome, le supérieur général Alfieri, son ami personnel, sa cause fut perdue. Le 21 février 1889, Mayr fut cruellement battu et maltraité par les franciscains alors qu’il assistait à la messe dominicale dans leur église. À demi-mort, il fut expulsé vers Haïfa. Un autre combattant allemand, le Frère Lichtenwald, subit le même sort. L’hôpital fut occupé par des mercenaires français et le dernier restant, le frère alsacien Faustin, membre de la province française, assura la garde de l’institution jusqu’en 1893.
73Avec l’ultime mainmise des frères autrichiens sur l’hôpital on assistait à une éclatante victoire du camp franco-autrichien dans l’horrible guerre coloniale qui se déroulait en Palestine. Plus tard, cependant, quand la politique de l’Autriche dépendit de plus en plus de celle de l’Allemagne, une initiative française fut lancée pour réduire à néant l’hôpital autrichien. En 1919, les « sœurs de la Charité » ouvrirent leur impressionnant établissement à Nazareth, faisant de leur mieux pour concurrencer les Autrichiens, comme elles l’avaient fait avec succès à Bethléhem.
Conclusion
74L’hôpital de Nazareth le plus prospère, fut celui que fonda un jeune médecin arménien, ayant rejoint, dès 1861, les missionnaires anglicans. Le docteur Vartan, né à Istanbul, sous le nom de Vartanian, avait été interprète pour les troupes britanniques pendant la guerre de Crimée. Avec l’aide d’amis anglais, il étudia plus tard la médecine et devint un membre actif de l’Église d’Angleterre. En 1860, la « Société médicale missionnaire d’Edingbourg » l’envoya secourir les nombreuses victimes de guerre civile qui déchirait chrétiens et druzes au Liban. Comme il avait le sentiment qu’à Beyrouth sa présence était superflue et indésirable, il partit pour Nazareth, qui se situait à mi-chemin entre Beyrouth et Jérusalem et n’avait pas de médecin. Dés 1870, Vartan ouvrit un modeste hôpital de dix-huit lits dans une petite maison du centre ville. Ses successeurs firent de cette institution un hôpital moderne et digne d’estime5.
75Une autre initiative écossaise vit le jour avec le dispensaire de l’Église d’Écosse, ouvert en 1881, dans le quartier juif de Tibériade. Les efforts du docteur David Torrance6 qui en était le médecin, débouchèrent sur l’ouverture d’un respectable hôpital en 1894. Il demeura le plus important hôpital de tout le district jusqu’aux premières années de l’État d’Israël.
76L’effort missionnaire britannique atteignit même des lieux négligés, comme Hébron, Gaza et Naplouse7. L’hôpital protestant de Naplouse fut créé par le missionnaire allemand Christian Fallscheer, qui avait été envoyé là-bas dès 1864, par l’évêque Gobat. Cette institution, appelée « hôpital de Saint-Luc » conserve encore aujourd’hui son activité et son importance. À Gaza, la « Société missionnaire de l’Église » maintint sa mission, qui comprenait une église, une école et un hôpital, jusqu’en 1912. Là aussi, le petit hôpital est toujours en service. À Hébron, comme à Jérusalem, Safed, et Tibériade les missionnaires s’adressaient surtout aux juifs qui malgré leurs efforts considérables ne réussirent jamais à avoir leur propre hôpital. Deux hôpitaux juifs avaient été fondés à Hébron, l’un en 1878, l’autre en 1911, mais ils ne fonctionnèrent jamais. L’hôpital protestant d’Hébron, qui est aujourd’hui fermé, eut une histoire particulièrement intéressante et délicate. Un hôpital de la mission britannique, fut aussi ouvert à Safed en 1904, pour une courte période. Les Allemands ne développèrent jamais de projet pour un réseau hospitalier couvrant toute la Palestine, pas plus que les Luthériens ou les catholiques. Les sœurs de Saint-Charles, connues pour leur hôpital de Beyrouth, essayèrent d’en ouvrir un à Haïfa, mais ce rêve ne se concrétisa pas. Les colons allemands de Jaffa, les Templiers, créèrent leur « Spital » dans le quartier de la « German Colony », en janvier 1871. Il se situait au second étage au-dessus de l’entrepôt de bois de la famille Breische et le projet, en 1909, de le transmettre aux diaconesses ne fut jamais mis à exécution.
77Plus actifs étaient les Français. À Jaffa, les sœurs françaises de Saint-Joseph avaient un dispensaire à la fin des années soixante. C’est à peu près à la même époque que fut construit leur impressionnant hôpital de Jérusalem ; à Jaffa également il en fut élevé un, de semblable style pompeux, financé par monsieur Francisque Guinet, un commerçant qui avait visité la Syrie et le Liban et avait expérimenté ce que signifie être malade dans un pays du Levant. Le 29 janvier 1885, l’hôpital Saint-Louis de Jaffa fut inauguré8. Les deux hôpitaux des sœurs de la Charité de Bethléhem et de Nazareth ont déjà été cités.
78De plus, les initiatives juives pour la mise en place d’un réseau sanitaire et hospitalier étaient particulièrement liées aux intérêts français. L’hôpital Rothschild de Safed, ouvert après la Première Guerre mondiale, fut ensuite transformé en un moderne hôpital de district9. L’hôpital Rothschild de Haïfa, ouvert en 1908, fut le premier dans cette importante cité et reste jusqu’à nos jours l’un des plus prestigieux centres médicaux.
79Aucun des hôpitaux fondés pour des intérêts étrangers, n’a eu de véritable importance pour la réalité sociale, religieuse, politique contemporaine. Seuls les hôpitaux juifs eurent une chance de développement naturel dans le cadre de l’État d’Israël. Tous les autres, même les quelques rares qui fonctionnent encore, ne sont que des monuments symboles d’une période de transition très agitée et trépidante, période remplie de vanité et de bonne volonté aveugle. Les sœurs de Saint-Joseph, rencontrant les diaconesses à bord du bateau à vapeur qui les conduisait à Jaffa, s’exclamèrent « Quel dommage » en apprenant qu’elles n’appartenaient pas à la bonne confession. Elles n’avaient pas idée du « dommage » auquel elles étaient confrontées !
80Cependant il y eut une exception remarquable en la personne de Max Sandreczky10, le fils du missionnaire Carl Sandreczki, le pionnier du prosélytisme et qui avait déclenché la division des chrétiens de Palestine. Max Sandreczky fut nommé, en 1862, premier médecin allemand de l’hôpital protestant de Jérusalem. Mais le fils du missionnaire ne supportant pas le zèle des diaconesses, quand leur projet d’hôpital pour enfants fut transformé en pensionnat « Talitha Kumi » (après la mort de Fliedner), il abandonna la carrière protégée et créa, dans des conditions très modestes, son propre hôpital privé pour enfants qu’il appela « Marienstift ». C’était en 1872, à une époque où c’était encore une innovation médicale très rare que de mettre à part les hôpitaux pour enfants. Max Sandreczky fut ignoré par la communauté protestante allemande en place. Le chancelier Wilhelm qui avait dressé ses tentes en face du « Marienstift », en 1898, refusa de lui parler. Sandreczky, après s’être épuisé au service des plus délaissés et désespérés de toutes communautés religieuses et ethniques, fut finalement lui-même conduit au désespoir et se suicida en 1899. Puisse son exemple nous servir de leçon !
Notes de bas de page
1 La première partie de cette communication est essentiellement un résumé des deux volumes de Norbert Schwake sur le développement des hôpitaux de Jérusalem au xixe siècle : Die Entwicklung des Krankenhauswesens der Stadt Jerusalem vom Ende des 18. bis zum Beginn des 20. Jahrhunderts, Herzogenrath, 1983.
2 Ilse Rabien, Hochheim/Main (Allemagne), dont les recherches portent sur l’histoire de la famille Mendelssohn, a découvert ces intéressantes lettres d’Arnold Mendelssohn il y a environ douze ans.
3 On peut trouver une description approfondie de l’hôpital de Tantur chez Stransky, Thomas F., « The Austrian Hospital at Tantur (1869-1918) », in The Austrian Presence in the Holy Land, published by the Austrian Embassy, Tel-Aviv, 1996, pp. 98-121.
4 Un article détaillé sur l’hôpital catholique de Nazareth de Schwake, Norbert, « The Austrian Hospital in Nazareth », in ibid., pp. 81-97.
5 Ces précisions sur l’histoire de l’hôpital de Nazareth m’ont été transmises personnellement par le directeur médical, Nakhle Bishara, qui est particulièrement bien informé sur ce sujet.
6 Une peinture minutieuse de son travail est fournie par Livingstone, W. P., A Galilee Doctor, being a sketch of the Career of Dr. D. W. Torrance of Tiberias, Londres, 1925.
7 L’histoire délicate de l’hôpital d’Hébron est rapportée par Ewing, W., Paterson of Hebron : « The Hakim », Missionary Life in the Mountains of Judah, Londres, n.d.
8 Cette information m’a été communiquée par sœur Johanna Borg, la provinciale de la Province d’Israël des sœurs de Saint-Joseph.
9 Bar-El, Yaron & Levy, Nissim, « The Beginning of Modern Medical Practice in Galilean Towns, 1860-1900 » (en hébreu), Cathedra, n° 54, Jérusalem, 1989, p. 96.
10 Le professeur Samuel Nissan (Jérusalem) prépare une étude fouillée de l’hôpital pour enfants du docteur Sandreczky.
Auteurs
Né en 1939 à Emmerich am Rhein, Allemagne. Débute en 1959 des études de théologie catholique, d’abord à Münster, puis à Beit Jala. Il obtient en 1969 une licence d’études bibliques à Rome. Entreprend en 1971 des études de médecine, d’abord à Strasbourg, puis à Münster. Il vit depuis 1979 en Israël et y travaille comme médecin.
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De Balfour à Ben Gourion
Les puissances européennes et la Palestine, 1917-1948
Ran Aaronsohn et Dominique Trimbur (dir.)
2008
De Bonaparte à Balfour
La France, l’Europe occidentale et la Palestine, 1799-1917
Ran Aaronsohn et Dominique Trimbur (dir.)
2008