Une convergence d’intérêts : la collaboration entre les services secrets français et britanniques au Levant pendant la Première Guerre mondiale
p. 89-107
Texte intégral
1Un manuel récent compare les services de renseignements modernes à une entreprise multinationale. De ce point de vue, les services de renseignements se mesurent non pas seulement à l’aune de leur efficacité sur le territoire national, mais également à celle de l’ampleur de la collaboration – et de ses effets – avec des partenaires étrangers1.
2Attestées dès la Première Guerre mondiale, les premières expressions de cette « multinationalité » des services de renseignement modernes se sont multipliées au cours de la Seconde, pour atteindre leur apogée pendant la guerre froide. La collaboration entre les services d’espionnage se développa sur le plan bilatéral comme sur le plan international : la plus spectaculaire à cet égard étant celle relative au système « Ultra » de décryptage des messages codés par la célèbre « Enigma » mise au point à la veille de la Seconde Guerre mondiale, système qui fut exploité pendant toute la durée du conflit par les services secrets français, polonais, britanniques, américains et australiens2. Jusqu’à la Grande Guerre toutefois, l’idée d’échanger des informations avec un pays étranger était inconcevable pour les services de renseignement et leurs agents. Il suffit pour s’en convaincre d’observer les listes des moyens de collecte de l’information tels qu’ils furent formulés en 1909 lors d’une conférence donnée par un moniteur britannique à l’École supérieure de l’état-major britannique des Indes3. Dès le début des hostilités de la Première Guerre mondiale, déclenchées par les pays en conflit pour défendre leurs intérêts stratégiques respectifs, apparut la nécessité d’échange de renseignements entre les différentes armées. Sur le front occidental, par exemple, les services d’espionnage français et britanniques échangeaient quotidiennement leurs informations sur les mouvements des forces allemandes, à l’instar des amirautés britannique et russe jusqu’en 19174.
3Un cas typique nous est fourni par le Proche-Orient, à un moment où les services d’espionnage britanniques et français conjuguèrent leurs efforts pour recueillir le plus de renseignements possibles sur le potentiel et les intentions de leurs ennemis communs au Levant (Turquie méridionale, Syrie, Liban, Israël et Jordanie actuels) : les Turcs et les Allemands. Cette collaboration, engagée sur les plans opérationnels et informatifs à la fois, s’étendait aux activités de collecte de renseignements dans les domaines du personnel agissant, des communications, des forces aériennes et de la marine de guerre. C’est précisément sur cette collaboration-là qu’est focalisée cette recherche.
4Soulignons qu’essentiellement fondé sur des archives britanniques, cet article présente tout naturellement les positions britanniques, encore que les sources dont nous nous servons ne révèlent qu’une partie des faits, ne serait-ce que parce qu’un grand nombre de documents a disparu dans la tourmente de la Grande Guerre. Le lecteur doit être conscient du fait que dans la terminologie britannique répandue pendant cette même période le terme de « Syrie » comprend aussi la Palestine, dont les frontières n’étaient pas clairement définies. L’acception plus restreinte de « Syrie méridionale » pouvait remplacer le terme de « Palestine », mais deux fois il se référait à la Palestine stricto sensu et deux fois à tout le territoire au sud de Damas jusqu’à la frontière égyptienne du Sinaï. Plus encore, d’un point de vue militaire, les Britanniques n’avaient pas séparé les différentes entités : tout le territoire qui, après la Première Guerre mondiale, fut partagé entre la Palestine, la Transjordanie, la Syrie et le Liban, jusqu’à Kilikya qui se trouve au sud-est de la Turquie, fut le théâtre d’un champ de manœuvres unique. Par ailleurs, le Royaume-Uni a toujours témoigné d’une politique archiviste extrêmement rigoureuse en matière de prescription de ses documents secrets. Certes, les services de sécurité britanniques (MI-5) les ont quelque peu ouverts au public, mais une attitude semblable des services secrets (MI-6) à l’endroit des documents relatifs à la Première Guerre mondiale, si précieux pour notre propos, semble encore lointaine. Un obstacle que seul l’examen des archives du partenaire privilégié de l’Empire britannique, la France, nous permet dans une certaine mesure de contourner. Malheureusement, aucune recherche susceptible d’extraire la substantifique moelle de ces archives françaises, et qui ferait le point de la collaboration entre les services secrets des deux puissances au Levant, n’a pour l’heure été rendue publique.
Le contexte historique
5Pendant toute la deuxième moitié du xixe siècle, les intérêts vitaux de l’Empire britannique en Méditerranée orientale dépendaient étroitement de la défense de ses voies maritimes vers les Indes, autrement dit de la liberté de passage dans le canal de Suez. C’est en 1906, avec la crise de Taba-Aqaba qui opposa l’Égypte et l’Empire ottoman sur le registre du tracé des confins entre la Palestine et l’Égypte, que les Britanniques prirent conscience du potentiel de l’armée turque et du fait que le Levant risquait de devenir un champ de bataille entre les puissances occidentales et l’Empire ottoman.
6Pour mieux se préparer à cette éventualité, les Britanniques s’employèrent à recueillir des informations d’ordre militaire et topographique actualisées, ainsi qu’à mettre en place un dispositif efficace d’alerte précoce en cas d’invasion inopinée de l’armée ottomane en Égypte, via la Syrie, la Palestine et la péninsule du Sinaï. Jusqu’alors, l’essentiel des informations sur les agissements de la Sublime Porte était fourni par les diplomates britanniques à Istanbul et par les consuls membres du Levant Consular Service et de l’India Diplomatic Service qui servaient dans tous les recoins de l’Empire et considéraient la transmission de renseignements comme faisant partie intégrante et légitime de leurs tâches quotidiennes. Les informations étaient toutes centralisées à Londres et à New Delhi, celles parvenant au Caire étant essentiellement focalisées sur le Soudan. Ce fut la crise de 1906 qui provoqua la recrudescence de l’intérêt et des activités des services secrets britanniques en Égypte en matière d’informations sur l’Empire ottoman. Le réseau récemment établi se fondait sur la collecte de renseignements par des diplomates et des consuls. Ainsi, avant le déclenchement des hostilités de la Première Guerre mondiale, Gilbert Clayton, le chef énergique des services de renseignement militaires en Égypte, parvint à mettre en place un réseau tactique embryonnaire d’informateurs bédouins le long de la frontière séparant le Sinaï de la Palestine. D’autres agents furent chargés d’espionner les camps militaires positionnés en Syrie et en Palestine, ou d’emprunter dans le même dessein la ligne ferroviaire stratégique du Hijaz5.
7Cette organisation de collecte de renseignements s’effondra au moment où l’Empire ottoman entra en guerre. Diplomates et consuls furent contraints de quitter le territoire ottoman et les communautés chrétiennes, juives et autres, s’enfuirent ou furent boutées hors de ces régions. Le passage de la frontière entre le Sinaï et la Palestine devint périlleux et un grand nombre d’informateurs bédouins furent arrêtés par les Ottomans. De sorte que l’Égypte se trouva dépourvue de toute capacité d’alerte précoce sur le plan stratégique et tactique, au moment même où l’armée ottomane redoublait de préparatifs en vue d’un assaut contre le canal de Suez.
8Pour pallier les carences de l’heure, les services du Caire se lancèrent dans une réorganisation systématique de leur réseau d’espionnage, en lui associant moyens traditionnels et méthodes modernes. En premier lieu, les Britanniques se préoccupèrent de recruter un grand nombre de nouveaux agents bédouins, habitants du Sinaï, qu’ils chargèrent de s’infiltrer en Palestine, d’espionner les concentrations de troupes ottomanes dans la partie méridionale de ce pays et aux principaux carrefours routiers, et d’observer les préparatifs et les mouvements militaires ennemis. En second lieu, ils mirent en place des réseaux d’espionnage à l’intérieur des territoires syrien et palestinien, et innovèrent en matière de collecte de renseignements en introduisant des techniques de télégraphie sans fil traversant les frontières terrestres et maritimes. Enfin, ils demandèrent l’assistance de leurs alliés français pour parfaire leurs informations.
9La collaboration entre les deux puissances en matière d’espionnage se trouva étayée par la signature de l’Entente cordiale en 1904. À la veille de la Grande Guerre en effet, le Deuxième Bureau et le Bureau des chiffres du ministère français de la Guerre étaient les seuls organismes avec lesquels le ministère britannique de la Guerre échangeait des renseignements de nature militaire, lesquels portaient essentiellement sur l’armée allemande. Les informations sur l’Empire ottoman restaient, quant à elles, l’apanage du ministère français des Affaires étrangères, du Foreign Office et des délégations consulaires auprès de l’Empire ottoman.
10Pendant les premiers mois du conflit en Europe, tandis que la Sublime Porte maintenait encore sa neutralité, les échanges de renseignements se multiplièrent, se focalisant de plus en plus sur le registre militaire. La correspondance disponible entre les consulats britanniques, l’ambassade à Istanbul et le Foreign Office de Londres renferme une myriade de renseignements dont une petite partie est confirmée par des sources françaises. Elle rapporte la mobilisation générale déclarée dans l’Empire ottoman, la recrudescence des concertations militaires avec l’Allemagne et les préparatifs de l’armée ottomane6. La déclaration de guerre début novembre 1914 entre l’Empire ottoman et les puissances alliées, se solda par le départ des diplomates britanniques de toutes les provinces ottomanes, et donc par l’assèchement de toutes les sources de renseignements installées par les puissances occidentales en territoire ottoman.
Le contexte naval
11Les intérêts de la France en Méditerranée orientale étaient davantage inspirés par ses ambitions coloniales que par des raisons militaires. George Cassar a décrit en détail comment la France se laissa entraîner dans l’affaire de Gallipoli, malgré sa décision de concentrer ses troupes sur le front arabe, pour ne pas laisser une totale liberté d’action aux Britanniques sur un front que Paris considérait comme sa zone d’influence légitime. (Notons qu’au même moment, le ministre britannique de la Guerre, Lord Kitchener, s’employait à exclure les Français de toute opération militaire dans la région et que l’état-major français élaborait des plans de débarquement de véhicules amphibies pour investir le golfe d’Alexandrette7). Il était patent que les Français s’intéressaient de près à la Méditerranée orientale, à la Cilicie et à la Syrie septentrionale. Apparemment, il manquait aux Français un réseau de services secrets efficaces dans cette région. Entre fin 1914 et début 1915 l’état-major français, avouant qu’il ne disposait des services d’aucun agent au Levant, redoubla, auprès de ses alliés britanniques, de demandes de renseignements sur la situation en Syrie et sur les projets britanniques de débarquement sur le littoral syrien. Une fois franchis les obstacles bureaucratiques initiaux que supposait l’échange de données sur l’armée ottomane, des voies de communication furent établies entre le ministère français de la Guerre et l’amirauté britannique, sous la houlette de l’attaché maritime britannique en France. Ainsi furent transmises à la France les informations concernant les mouvements de la flotte de guerre ottomane, tandis que tout ce qui concernait les mouvements des forces terrestres était échangé par l’intermédiaire de l’attaché militaire français en Angleterre8. Ces échanges d’informations ne changèrent rien à la situation épineuse dans laquelle se trouvaient les services d’espionnage français en Méditerranée orientale, contraints – à l’instar de l’allié britannique – de mettre en place son réseau d’agents en partant de zéro.
12Le traité de collaboration franco-anglaise en matière de politique maritime, signé au printemps 1913 pour permettre à la flotte britannique de concentrer ses forces en mer du Nord contre la flotte allemande, garantit à la marine française la primauté en Méditerranée9. Au début du conflit, la présence française en Méditerranée orientale se manifesta par l’envoi en 1914, dans les eaux territoriales égyptiennes, d’une flottille qui fut concentrée à Port-Saïd. Tout naturellement, cette flottille fut contrainte de remplir un rôle de service de renseignement. Ainsi fut créé à Port-Saïd un bureau de renseignements maritimes chargé de recueillir le plus de détails possibles sur les positionnements terrestres et maritimes des forces ennemies. Selon les sources britanniques, ce bureau de Port-Saïd fut, durant toute la guerre, le seul que les Français possédaient dans la région.
13La menace que l’Empire ottoman faisait peser sur le trafic à travers le canal de Suez obligea l’amirauté britannique à renforcer de ses propres vaisseaux la flotte française dans les eaux territoriales et le long du littoral égyptien, et à envoyer le plus rapidement possible des vaisseaux de guerre le long de la côte de la Méditerranée orientale, jusqu’à Alexandrette. Cette initiative constituait indubitablement une violation grossière de l’accord bilatéral prévoyant la prépondérance française sur le littoral syrien, et ne manqua pas de provoquer de vives protestations. Il fallut plusieurs mois de débats houleux pour que soit mis fin à ce différend, et ce n’est que fin février 1915, à la veille de l’ouverture des hostilités dans les Dardanelles, que les Britanniques se résolurent à avaliser l’extension du commandement français sur toutes les flottes alliées le long des côtes de Cilicie, Syrie, Liban et Palestine (jusqu’à Jaffa), en échange de la reconnaissance de la primauté de la flotte commune franco-britannique sur le détroit des Dardanelles10. En réalité, l’autorité théorique du commandant français des forces navales en Méditerranée orientale sur la flotte de Sa Majesté mouillant dans les eaux égyptiennes et dans les Indes orientales ne fut jamais appliquée, et les vaisseaux britanniques continuèrent à agir de façon indépendante, en obéissant directement aux ordres qui leur parvenaient de Londres.
14Les deux flottes, qui se partageaient la tâche de patrouiller le long des côtes de Méditerranée orientale, avaient pour rôle de veiller à l’application du blocus maritime imposé contre l’Empire ottoman par les puissances alliées et d’apporter leur contribution, en cas d’alerte précoce, en repérant l’avancée des contingents terrestres ottomans le long du littoral de Syrie et de Palestine. Dans le cadre de la collaboration franco-britannique des officiers de renseignements britanniques furent également placés dès fin 1914 sur des bâtiments de guerre français. Ils étaient chargés d’interroger en haute mer les membres des équipages et les passagers des bateaux neutres partis des ports syriens de Méditerranée. Si ce suivi se limitait au strict littoral levantin, il constituait toutefois à l’époque le seul moyen de contrôle des services de renseignement britanniques en Égypte.
Le contexte aérien
15La profondeur limitée du territoire couvert par les patrouilles maritimes se trouva, dès le 1er décembre 1914, accrue par un nouvel élément apporté par les Français qui vint s’ajouter aux moyens de surveillance existants : l’hydravion ou hydroplane, comme on appelait à l’époque les premiers modèles du genre.
16L’idylle égyptienne avec l’armée de l’air ne fut entamée qu’après la déclaration de guerre, au moment où quelques biplanes de la RFC (Royal Flying Force) en provenance d’Angleterre et des Indes se posèrent à Ismaéliya et se mirent à effectuer des vols de reconnaissance au-dessus du Sinaï occidental. Dépassant, certes, les limitations de la couverture territoriale à partir de la mer, le principal inconvénient de ces avions était toutefois leur capacité de vol limitée dans le temps, qui ne leur permettait pas de s’éloigner suffisamment du canal de Suez, ni, bien entendu, de couvrir la profondeur stratégique du territoire syrien et palestinien.
17Ce furent les Français qui fournirent la solution. Suite à une requête des Britanniques, le vice-amiral Boué de Lapeyrère, commandant en chef de la flotte française en Méditerranée, accepta d’envoyer à Port-Saïd le porte-avions Foudre chargé de cinq hydravions biplaces, avec les équipages adéquats. Ce porte-avions quitta rapidement Port-Saïd en confiant les hydravions et leurs pilotes au commandement britannique. Des officiers anglais se portèrent volontaires pour servir d’éclaireurs et l’ensemble de l’escadrille des puissances alliées fut placé sous le commandement d’un pilote français, le lieutenant de vaisseau Henry de l’Escaille. Ironie du sort : ces hydravions, fabriqués au départ pour l’armée ottomane qui souhaitait se munir d’un embryon de force aérienne, avaient été confisqués par la marine française dès le début des hostilités en Europe11. Le département de renseignements du Caire était parfaitement conscient des avantages de ces hydravions, transportés par porte-avions et qui, capables de décoller et d’atterrir en haute mer, étaient un moyen idéal de surveillance sur de grandes distances. Imitant la France, la Grande-Bretagne s’empressa donc d’en fournir à sa flotte de guerre.
18En janvier 1915, l’Intelligence Service aménagea en porte-avions deux vaisseaux allemands arraisonnés à Port-Saïd et capables d’assurer chacun le transport de deux avions. Ces bâtiments furent immédiatement expédiés vers le nord mi-janvier, au moment même où fut lancée à partir de Beershéva l’offensive turque vers le sud de la Palestine et la péninsule du Sinaï, dans le dessein d’attaquer le canal de Suez. L’alerte fut donnée le 19 janvier par l’escadrille franco-anglaise, quatre jours après la mise en marche des colonnes turques. Au cours du vol opérationnel effectué simultanément par un avion décollant en mer au large de Gaza – la première sortie d’un des hydravions depuis leur arrivée en Égypte – le pilote distingua des forces ennemies qu’il estima à 40 000 hommes accompagnés de milliers de chameaux et se dirigeant vers l’est de la péninsule du Sinaï. L’état-major britannique, qui jusqu’alors se trouvait dans un brouillard total en matière de renseignements, et ne possédait que des informations confuses et contradictoires sur les mouvements de l’armée ottomane, eut enfin la preuve irréfutable que l’offensive ennemie avait été déclenchée. L’alerte fut donnée au moment où les troupes ennemies se trouvaient à une distance de quelque 300 km de sa destination. Pour mieux comprendre l’importance de cette alerte précoce, il nous suffira de préciser que six jours plus tard, les forces ottomanes furent découvertes par des pilotes d’avions de l’artillerie britannique au moment où, ayant quasiment achevé la traversée du Sinaï, elles n’étaient plus qu’à une quarantaine de kilomètres du canal12. Lancée à temps, cette alerte permit aux forces armées alliées d’organiser leur défense et, au moment de son offensive, l’armée ottomane dut en découdre avec une défense solide. Sa seule véritable tentative d’assaut du canal se solda donc par une débandade.
19Au cours des dix-huit mois suivants, la petite escadrille franco-britannique fut le moyen le plus efficace de reconnaissance et de transmission de renseignements stratégiques aux forces alliées en Méditerranée orientale. Elle survola systématiquement les principales bases militaires du littoral et de l’intérieur des terres, depuis El-Arish et Gaza au sud jusqu’à Alexandrette et Mersin au nord, en passant par Beershéva, Naplouse, Afoula, Haïfa et Beyrouth. Avec cette escadrille étaient mis en action simultanément huit hydravions bien entretenus, conduits par une demi-douzaine de pilotes français et à peu près autant d’agents britanniques de reconnaissance aérienne. L’escadrille fut pour les services de renseignements le seul moyen fiable de surveillance de la construction de la nouvelle ligne de chemin de fer reliant Afoula à Beershéva et à Hafir el Oudja, à la frontière du Sinaï. L’armée ottomane considérait cette voie ferrée comme un moyen indispensable pour renforcer ses positions dans le sud, au cas où elle recevrait l’ordre de renouveler son offensive contre l’Égypte.
20Mais les choses ne se passèrent pas facilement : les avions de l’escadrille étaient anciens et leur faiblesse technique limitait considérablement l’ampleur de leur couverture aérienne. Ils ne parvinrent pas à survoler des cibles importantes situées à l’intérieur des terres, comme Damas et Ma’an. Cette mission fut donc confiée à une nouvelle escadrille d’hydravions qui arriva en Égypte au début de l’année 1916 avec deux porte-avions et un nombre plus grand de modèles plus récents et plus performants d’hydravions fabriqués par les usines britanniques les plus modernes. Pendant quatre mois, les deux escadrilles menèrent de concert leurs opérations, jusqu’au moment où l’escadrille française quitta l’Égypte en avril 1916, dans des circonstances que les sources britanniques ne spécifient guère. Pendant sa présence dans cette région, l’escadrille effectua des centaines de sorties aériennes de reconnaissance au-delà des positions ennemies, où elles perdirent deux avions, en plus de ceux qui avaient été accidentés. Un pilote et deux éclaireurs aériens furent tués et trois faits prisonniers. Les excellents résultats obtenus furent l’une des raisons pour lesquelles les parties au conflit au Proche-Orient se résolurent à utiliser leurs forces aériennes pour les combats et pour des missions d’espionnage13.
Aspect humain de la collaboration franco-britannique
21Le troisième domaine dans lequel les deux pays collaborèrent fut celui des renseignements en provenance d’agents. Pour surmonter le problème du manque d’information concernant le territoire de l’Empire ottoman, Français et Britanniques adoptèrent un système de pénétration indirecte d’agents au-delà des lignes ennemies à travers le littoral long et vulnérable de la Méditerranée orientale. Yachts et goélettes au service des bureaux de renseignement des deux pays patrouillaient le long des côtes de Palestine et de Syrie et, à l’aide de petites barques à rames, débarquaient sur les côtes des agents qu’ils ramenaient à bord une fois remplie leur mission à terre.
22Deux organismes de renseignement, l’un français, l’autre britannique, furent établis en 1915 à Port-Saïd, chacun possédant ses vaisseaux et ses agents. Le Britannique fut dirigé par Leonard Wolley, célèbre archéologue, ami et collègue de T. E. Lawrence (le futur Lawrence d’Arabie) et découvreur du site de Karkemish fouillé en Syrie avant la Grande Guerre. Au début, Wolley agit dans le cadre des services d’espionnage du Département des renseignements basé en Égypte, qui créa une station spéciale à Port-Saïd chargée d’actionner les agents débarqués, avant de passer sous les ordres de la branche levantine des services secrets établis en Égypte en 1916 sous le sigle d’EMSIB (Eastern Mediterranean Special Intelligence Bureau14). Le français, dirigé par le bureau de renseignement de la Troisième flotte, était placé sous les ordres du lieutenant de vaisseau Picard et du père dominicain Antonin Jaussen, officier traitant et interprète en chef. Lequel Jaussen, personnage haut en couleurs, mériterait à lui seul un article ! Il suffit, le concernant, de préciser qu’il avait vécu à Jérusalem avant la guerre, l’avait quittée pour l’Égypte vraisemblablement dans la hâte en décembre 1914, en même temps que les ressortissants des puissances alliées qui évacuèrent les territoires sous hégémonie ottomane aussitôt après la déclaration de guerre. Au début, Jaussen se mit au service des renseignements britanniques où il fut recruteur et officier traitant des agents infiltrés dans le Sud-Sinaï, puis il se joignit au Bureau français où il s’avéra un défenseur ardent de la collaboration franco-anglaise15.
23La mise en place par la France de son propre réseau d’espionnage était essentiellement inspirée par les avantages politiques que Paris espérait obtenir en manifestant sa présence au Levant. C’est la raison pour laquelle les Français exigèrent qu’aucun agent mandaté par les Britanniques ne débarque en Syrie sans leur accord préalable. Aux termes d’un accord sur ce registre, début 1916, les parties décidèrent après de longues tractations que toutes les opérations d’espionnage menées en Syrie seraient dorénavant coordonnées entre elles ou exécutés de concert, auquel cas les navires d’espionnage français se chargeraient du débarquement ou de la récupération des agents mandatés par les Britanniques.
24Notons que les coulisses de cette collaboration témoignent d’une atmosphère quelque peu différente de celle, idéale en apparence, révélée par les documents alliés : les services britanniques de renseignement, passés maîtres dans l’art du double langage et du flou tactique, profitèrent des lacunes des textes pour réfuter les critiques sur leurs carences et pour prétendre, une année plus tard, que ce fut la France qui limita leurs propres potentialités de collecte de renseignements en Syrie et les empêcha d’atteindre les résultats escomptés16.
25Nous nous contenterons ici d’ajouter quelques mots sur le profil des agents recrutés. Ces derniers débarquèrent par dizaines sur le littoral pendant le conflit mondial. La majorité d’entre eux était des chrétiens maronites ou arméniens, les autres essentiellement des juifs ou des druzes. La plupart étaient d’anciens habitants de ces régions, exilés après août 1914 et réfugiés en Égypte, où ils se portèrent volontaires ou furent incorporés d’office dans de dangereuses missions d’espionnage. Ces agents agirent individuellement ou renouèrent leurs relations avec les membres de leurs familles et leurs connaissances restés en territoire ottoman, dont ils se servirent en fait comme agents de renseignements sur place, tandis qu’eux-mêmes étaient des agents de liaison, faisant la navette entre leurs propres informateurs sur le terrain et les services secrets basés en Égypte. Des cellules de renseignements de ce type furent établies dans les principales bases militaires et sur les grands axes routiers jalonnés par les villes de Tripoli, Alep, Lattaquié, Alexandrette, Adana, Homs, Beyrouth, Damas, Rayaq, Haïfa et Afoula. Le rôle principal de ces agents consistait à informer leurs supérieurs sur les mouvements de l’armée ennemie en amont et en aval du front, en se postant aux grands carrefours routiers et le long des rares voies ferrées de l’époque dans cette région, méthode appelée à devenir la principale source d’information des Alliés sur le front occidental.
26Le 15 septembre 1915, l’escadrille française s’empara de l’île d’Arwad, face à Tripoli (Syrie). La distance réduite de la côte – 2,5 km – faisant de cet îlot une base idéale de collecte de renseignements, Arwad devint rapidement une base d’espionnage contre la Syrie ottomane, sous la direction du père Jaussen. Les agents mandés par les Français comme par les Britanniques étaient transportés et récupérés en barques à rames, quand ils ne traversaient pas cette distance à la nage à l’aller et au retour de leurs missions. L’île d’Arwad était également le refuge des déserteurs de l’armée ottomane, qui étaient dûment interrogés dès leur apparition sur ce qu’ils savaient des mouvements de troupes turques17.
27La collaboration entre les services secrets français et britanniques se trouva renforcée par la menace que faisaient peser les sous-marins allemands sur la navigation en Méditerranée. Au cours de la réunion des amiraux des forces alliées, en mars 1916 à Malte, fut décidée la mise en place d’un réseau commun de contre-espionnage dont le principal dessein était de lutter contre ce qui était considéré à l’époque comme une « fuite » grave au bénéfice de l’ennemi : l’opération de destruction des U-Boats, alors qu’en fait cette estimation était pour le moins exagérée18. Elle déboucha toutefois sur l’établissement à Chypre, colonie britannique, de nouvelles branches de l’EMSIB et des services secrets de la marine française, auxquelles il fut ordonné de collaborer dans leur collecte de renseignements et pour la création de nouveaux réseaux d’espionnage en Syrie septentrionale et en Cilicie. Dès lors Chypre devint le centre des services secrets franco-anglais, et la collaboration entre eux prit une telle ampleur que l’EMSIB prit les commandes des cinq remorqueurs français qui mouillaient le long des côtes chypriotes et remplissaient les missions qui leur étaient assignées par cet organisme19.
28Bien que les amiraux ne tarissent pas de louanges sur la qualité des relations nouées par leurs services secrets respectifs au Levant, qu’ils présentaient comme un modèle à suivre, la concorde était loin de régner, inconvénient qui se solda par des résultats déplorables : ainsi de la perte en août 1916 du Zaïda, yacht de renseignements de l’EMSIB détruit par une mine sous-marine posée par les Français dans la baie d’Alexandrette. Leonard Wolley, ayant passé outre à la nécessité de coordonner ses opérations maritimes avec les Français, ne savait pas que ces derniers avaient miné la baie, précisément le long de l’itinéraire emprunté par son bateau. Wolley et son équipage s’en tirèrent à bon compte, puisqu’ils furent repêchés par des soldats ennemis et passèrent le reste du conflit dans un camp de prisonniers turc20.
29De façon générale, on peut conclure que malgré les moyens considérables investis dans le recrutement et l’actionnement d’espions au Levant, les résultats furent décevants. Deux raisons fondamentales, à notre avis, expliquent la médiocrité des performances des services secrets franco-britanniques : d’une part le fait que les puissances alliées ne parvinrent pas à recruter des agents et des informateurs de haut niveau, capables d’approcher les centres de décisions turcs et allemands. Ainsi, les données disponibles attestent qu’aucun agent ne fut recruté dans les rangs des officiers de l’armée ottomane. Il s’ensuivit que les agents de renseignements en place ne parvenaient pas à dépasser le stade de l’observation superficielle du terrain et n’avaient aucune possibilité d’analyse plus pénétrante de la situation. D’autre part, les graves difficultés de communication entre les agents et leurs mandataires, ces derniers n’ayant pour collecter les renseignements qu’une seule possibilité : rencontrer sur la côte les espions à leur descente des embarcations. Il va de soi que le mauvais temps, une mer agitée, une panne de moteur ou une carence quelconque dans l’identification réciproque retardaient ou annulaient totalement ces rencontres. Résultat : même quand les agents étaient parvenus à obtenir des renseignements précieux, le laps de temps écoulé entre la collecte et la communication rendait l’information caduque ou dénuée d’intérêt, ayant été déjà obtenue par des sources plus aisément disponibles, comme les prisonniers, les déserteurs, les sorties aériennes ou les émissions sans fil de l’ennemi captées par les équipements d’écoute britanniques. Contrairement à l’impression générale, les agents français et anglais au Levant ne disposaient pas encore d’équipements de ce genre pendant la Première Guerre mondiale.
30Après la conquête de Jérusalem, en décembre 1917, l’EMSIB, à l’instar des nouveaux services de renseignements de la flotte française (le Service d’information de la Marine française au Levant), qui succéda à l’ancien Bureau de renseignement en Égypte, ouvrit des antennes à Jérusalem. Les deux organismes se servirent de la Ville sainte pour infiltrer leurs agents en Syrie par la voie terrestre qui traversait la Transjordanie et le Howran (région du Djebel Druz, Syrie). Vers le milieu de l’année 1918, les deux puissances signèrent un accord de mise à jour de leur collaboration concernant leurs opérations de collecte et d’échange de renseignements21. Malgré le peu de données dont nous disposons sur ce registre, il semble que vers la fin de la guerre les Français redoublèrent d’initiatives autonomes, se consacrant à rassembler des informations de nature politique plutôt que militaire, et se souciant bien plus de recueillir des informations sur les Arabes que sur l’armée turque.
Les transmissions
31Le quatrième et dernier domaine de la collaboration franco-britannique en matière de renseignements était les transmissions électroniques, ou espionnage sans fil comme on l’appelait à l’époque.
32Les Britanniques furent les premiers à établir, au début de l’année 1916, un système d’écoute de l’ennemi, en même temps qu’était installé un réseau sans fil reliant les unités et les états-majors ottoman et allemand au Levant. L’utilisation de cette technologie nouvelle permit enfin aux services de renseignement de se faire une idée plus précise des intentions ennemies, sur les plans tactique et opérationnel essentiellement. À compter de la fin de l’année 1916, les systèmes d’écoute et de décryptage par chiffreurs devinrent l’arme privilégiée des services de renseignement. Leur contribution aux performances des services d’intendance égyptiens fut essentielle pour l’opération terrestre en Palestine, encore que nous ne possédions pas le moindre témoignage attestant de la contribution des Français aux efforts investis dans ce domaine22.
33En revanche, l’apport de la France fut considérable en matière de lutte contre les sous-marins et pour tout ce qui relevait des transmissions électroniques. En fait, dès les tout débuts du conflit, la flotte française s’efforça de capter les messages sans fil de la flotte allemande en Méditerranée, sans pour autant les communiquer à ses alliés britanniques23, du moins au début. Mais à mesure que croissait la menace des sous-marins allemands et que se multipliaient les mesures de précaution contre ce péril, la collaboration entre les puissances alliées – la France, la Grande Bretagne et l’Italie – se fit plus étroite et déboucha sur un vaste réseau de balisage électronique (écoute et repérage) qui couvrait toute la Méditerranée. Partis de quinze stations installées le long des côtes en 1916, les Alliés en arrivèrent à quarante, regroupées sur une base territoriale, notamment en Méditerranée orientale, dans les îles de la mer Égée, l’Adriatique et la Méditerranée occidentale. Chaque groupe de stations possédait son quartier général de contrôle et de transmission des données récoltées, qui leur fournissait des consignes, recevait les résultats des écoutes, les analysait et les transmettait aux centres opérationnels adéquats des forces navales24.
34L’une des stations les plus actives au Levant fut celle du bureau français installé à Limassol en septembre 1916. Ce service relevait du groupe de stations de la Méditerranée orientale, sur le modèle des stations installées par les Britanniques à Soloum (Libye), Alexandrette, Ismaélia et Port-Saïd. Ensemble, ces stations réussirent à localiser et à identifier les sous-marins allemands dans les eaux de la Méditerranée orientale. Leur objectif était de perturber les mouvements de ces sous-marins et d’assurer la défense des vaisseaux des forces alliées25. Nous ne possédons cependant pas de documents susceptibles de déterminer si la collaboration franco-anglaise en matière d’échange de transmissions électroniques fut réellement efficace contre les sous-marins allemands, mais tout porte à en douter.
Conclusion
35Nous pouvons tirer de cette étude sur la collaboration franco-britannique en matière de renseignements militaires au Levant pendant la Grande Guerre trois conclusions.
36En premier lieu, cette collaboration était fondée sur des moyens d’espionnage classiques et sur des systèmes modernes de saisie d’informations recueillies dans les airs et par écoutes, les deux moyens qui contribuèrent le plus à l’effort de guerre des puissances alliées. De ce point de vue, le front levantin était semblable aux autres et l’expérience qui y fut accumulée s’alignait sur celle, universelle, prouvant l’efficience des systèmes de collecte technologiques au détriment des systèmes traditionnels.
37En deuxième lieu, l’attitude de l’armée britannique à l’égard du partage des informations avec la France était essentiellement dictée par ses besoins militaires et ses propres carences en matière de renseignements stratégiques et opérationnels, et c’est la raison pour laquelle les Britanniques firent tout leur possible pour étayer la collaboration. Ce qui ne les empêchait pas de faire preuve d’une grande prudence à chaque fois qu’il s’agissait de tenir au courant les services secrets français dans les zones qu’ils considéraient comme particulièrement sensibles sur le plan politique, ou dans les régions traditionnellement placées sous influence britannique, la péninsule arabique notamment. C’est là précisément qu’ils s’efforcèrent constamment de laisser à l’écart les services français et de limiter leurs activités.
38Enfin, contrairement aux services secrets britanniques, essentiellement préoccupés de collecter des informations d’ordre militaire, ceux de l’armée française étaient motivés par des visées politiques, dont l’essentielle consistait à manifester leur présence dans des régions que Paris considérait comme ses zones d’influence électives. Ce fut vraisemblablement la raison majeure pour laquelle les services secrets français se concentrèrent pendant toute la guerre sur la Syrie, le Liban et la Cilicie, délaissant la Palestine.
Notes de bas de page
1 Herman, Michael, Intelligence Power in Peace and War, Londres, Cambridge UP, 1996, p. 217.
2 Voir, par exemple : Hinsley, F. H. (et al.), British Intelligence in the Second World War, vol. I, Londres, HMSO, 1979, appendice I ; vol. III, deuxième partie, Londres, HMSO, 1988, appendice XXX ; Smith, Bradley, The Ultra-Magic Deals : And the Most Secret Special Relationship, 1940-1946, Presidio Press, 1993.
3 « Secret Service », conférence du capitaine C. H. G. Black, 34th Horse, Staff College, Quetta, 1909, WO 106/6148, Public Record Office (PRO).
4 Andrew, Christopher, Secret Service : The Making of the British Intelligence Community, Londres, Heinemann, 1985, pp. 144-145 ; Beesly, Patrick, Room 40 : British Naval Intelligence – 1914-1918, Londres, Hamish Hamilton, 1982, pp. 5-6, 40, 178-182.
5 Sheffy, Yigal, British Military Intelligence in the Palestine Campaign, 1914-1918, Londres, Cass, 1998, pp. 9-27.
6 Pour cette correspondance, cf. : FO 371/1970-71, 2138-2144, PRO.
7 Cassar, George, The French and the Dardanelles, Londres, Allen & Unwin, 1971, en particulier les chapitres II et III.
8 Francis Bertie (ambassadeur de Grande-Bretagne, Bordeaux) au Foreign Office, tél[égramme] n° 511, 28 novembre 1914, et mémorandum à l’amirauté attaché, n.d., c. 30 novembre 1914 ; amirauté britannique à la Marine de Bordeaux, tél. n° 1115 et 1149, 30 novembre et 6 et 8 décembre 1914. ADM 137/97, PRO.
9 Williamson, Samuel, The Politics of Grand Strategy : Britain and France Prepare for War, Cambridge, Mass. 1969, en particulier le chap. XI ; Halpern, Paul, Mediterranean Naval Situation, 1908-1914, Cambridge, Mass., 1971, chap. IV.
10 Cassar, op. cit., pp. 48-69 ; Halpern, Paul, The Naval War in the Mediterranean, 1914-1918, Londres, Allen & Unwin, 1987, pp. 56-68.
11 Le Roy, Thierry, « The “Port Said squadron” : The first squadron of the French naval aviation, 1914-1916 », Over the Front, 11/4, 1997, pp. 308-318.
12 Sheffy, op. cit., pp. 49-55.
13 Sur les activités de l’escadrille d’hydroplanes franco-anglaise : ibid., pp. 92-96, 184-188 ; Le Roy, op. cit.
14 Sur l’EMSIB : Sheffy, pp. 83-87, 150 sqq. ; British Security Service (MI 5), First World War Historical Report, Imperial Overseas Intelligence, vol. 3 : « Eastern Mediterranean Special Intelligence Bureau », KV 1/17, PRO.
15 Sheffy, pp. 7, 69 ; Laurens, Henry, « Jaussen et les services de renseignement français (1915-1919) », article non publié. Je suis reconnaissant au Pr Laurens et au Dr Michel de Taragon de m’avoir communiqué une copie de cet article.
16 General Staff, Mediterranean Expeditionary Force, « Intelligence Memo rez a Turkish attack on Egypt », p. 3, 16, février 1916, WO 157/701, PRO.
17 Sur les activités d’espionnage à Arwad, voir notamment : War Diary of Section Ib (agents de renseignements et espionnage politique), Intelligence Department, Egyptian Expeditionary Force, 24, 24 et 25 juillet 1917, WO 157/717, PRO.
18 « Report of the Conference of the Allied Admirals », 3 mars 1916, dossier M 02490/16, ADM 137/494, PRO.
19 C-in-C East Indies and Egypt to the Secretary of the Admiralty, rapport bi-hebdomadaire des protocoles, n° 721/1139, 19 septembre 1916, dossier M 08706/16, ADM 137/548, PRO.
20 Leonard Woolley, As I Seem to Remember, Londres, 1961, p. 150 ; Sheffy, pp. 157-158.
21 Laurens, op. cit.
22 Sur l’espionnage sans fil au Proche-Orient pendant la guerre : Sheffy, principalement le chap. VII ; Ferris, John, The British Army and Signal Intelligence during the First World War, Londres, Army Record Society, 1992, chap. VIII.
23 Beesly, p. 80.
24 Ibid., pp. 177-179, 264 ; Sheffy, pp. 222-223 ; dossier A/R 4865 E, Imperial War Museum. Sur la menace des sous-marins en Méditerranée : Wilson, Michael & Kemp, Paul, Mediterranean Submarines : Submarine Warfare in World War One, Wilmslow, Crecy, 1997.
25 Dossier A/R 4865 E, ibid.
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De Bonaparte à Balfour
Ce livre est cité par
- Chenoll Alfaro, Rafael. (2015) Jerusalén en la escatología cristiana y musulmana. BAETICA. Estudios de Historia Moderna y Contemporánea. DOI: 10.24310/BAETICA.2012.v0i34.83
De Bonaparte à Balfour
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