La précarité énergétique au travers de la mobilité quotidienne
p. 323-330
Texte intégral
1La notion de précarité énergétique a émergé afin de qualifier un certain nombre de ménages, de situations ou de processus où les dépenses énergétiques dans le logement alimentent les difficultés économiques, sanitaires et sociales du ménage (Devalière, 2008). Cette notion est déjà débattue, notamment dans le cadre de dispositifs d’action publique de lutte contre ce phénomène1. Or, les dépenses de carburant automobile commencent à être comptabilisées de la même manière que les dépenses d’électricité ou de gaz dans l’évaluation des contraintes et des risques qui pèsent sur les ménages au travers de leurs dépenses d’énergie finale. Ces contraintes et ces risques sont décrits soit au travers d’une extension de la notion de précarité énergétique, soit sous la notion de vulnérabilité énergétique (Nicolas, Vanco, Verry, 2012). L’intégration de la mobilité quotidienne dans la notion de précarité énergétique (Alterre Bourgogne, 2007 ; DREAL Rhône-Alpes, 2009 ; Aubrée et al., 2011) provoque alors le questionnement de son périmètre et de sa pertinence. La question est de savoir si sa définition sectorielle permet de décrire les difficultés transversales des ménages et d’envisager les dispositifs adéquats. Plusieurs experts et chercheurs proposent ainsi d’élargir cette notion à d’autres types de dépenses et de besoins dans une vulnérabilité énergétique globale2 des ménages, d’intégrer les éléments structurels du mal-logement (de Cheveigné et al., 2011 ; Devalière, 2008) voire du mal-habitat (Divay et Morvant, 2013). Des critiques plus générales peuvent s’appliquer au cas de la précarité énergétique. Certains chercheurs invitent ainsi à intégrer le ressenti et les dynamiques au-delà de la formulation technocentrée de l’injustice environnementale (Faburel, 2010), à respecter les variations du climat et des cultures contre le fantasme ingénieur de la climatisation et de la maîtrise de l’énergie (Subrémon, 2011), à intégrer les normes socio-techniques dont l’évolution nommée « effet rebond » menace la pertinence même de la rénovation énergétique (Némoz et Wallenborn, 2012), à se focaliser sur les processus d’injustice environnementale (Laurent, 2011) en remontant à leur source sociale et politique (Juan, 2012), au lieu de questionner la capacité d’adaptation des individus dits précaires ou vulnérables (Thomas, 2008).
2Afin de nourrir cette discussion critique, nous proposons ici de questionner l’imbrication de la précarité énergétique et de la mobilité, considérés comme deux processus de la vie quotidienne du ménage et de l’individu. Nous nous appuierons pour cela sur une révision des premiers travaux qui tentent cette inclusion, révision complétée par une revue de la littérature sur la précarité énergétique (dans le logement) et sur la précarité dans la mobilité quotidienne. En particulier, nous reprendrons nos propres études de la mobilité quotidienne des travailleurs précaires et de leurs rapports au logement, à Paris (2005-2007) et à Santiago du Chili (2008-2010). Ces analyses qualitatives nous permettent d’articuler les domaines du logement et de la mobilité quotidienne à partir des pratiques et aspirations individuelles selon les quatre dimensions du cadre spatio-temporel, des ressources, des représentations et des positions de pouvoir.
3D’autres éléments complémentaires, nécessaires au débat, seront détaillés ou abordés dans d’autres publications, notamment l’éclairage statistique réalisé ou envisageable à partir des données existantes, la clarification conceptuelle des dimensions de la précarité et de la vulnérabilité énergétiques, les possibilités et enjeux de l’action publique en termes d’observation et d’action (Jouffe et Massot, 2013). La présente entreprise d’analyse de l’imbrication des deux dimensions en question engage une interrogation scientifique mais constitue aussi une première étape dans la caractérisation d’une éventuelle synergie des dispositifs d’action publique concernant la précarité dans le logement et la mobilité quotidienne.
La précarité énergétique comme incapacité et arbitrages budgétaires
4La précarité énergétique peut être décrite soit par sa caractéristique « factorielle » c’est à dire une incapacité à se chauffer3 convenablement (le convenable étant défini normativement), soit par la collection des phénomènes qui sont liés à cette incapacité, approche « processuelle » dans la mesure où les combinaisons variées de ces phénomènes suivent un processus typique de la précarité sociale. De même, la mobilité quotidienne peut se réduire à l’ensemble des déplacements spatiaux réalisés dans le cadre de la vie quotidienne, ou bien intégrer d’autres dimensions jusqu’à désigner l’inscription spatiale de l’individu comme un processus également susceptible d’alimenter le processus de la précarité. Considérer ces deux processus comme deux situations, respectivement d’incapacité à se chauffer et d’intensité de déplacement, limite grandement leur interaction.
5Puisque les facteurs essentiels de la précarité énergétique sont le revenu, le prix de l’énergie utilisée (ce qui inclut l’inaccessibilité de certaines énergies) et la performance énergétique du logement avec ses équipements, son imbrication avec la mobilité quotidienne est à chercher uniquement dans ses effets sur le budget monétaire. L’essentiel des analyses statistiques de la double précarité (ou vulnérabilité) énergétique ajoute ou compare en effet les taux d’efforts, c’està-dire les parts de budget consacrées à chacun des deux postes de dépenses, pour le carburant et pour l’énergie domestique, ou pour le transport et pour le logement. La conjonction de ces efforts s’observe alors sur certaines catégories de populations (pauvres, voire modestes) et sur certains territoires (loin des centres urbains) (Polacchini et Orfeuil, 1999 ; Plateau, 2006 ; Coulombel et Deschamps, 2008 ; Aubrée et al., 2011 ; DREAL Rhône-Alpes, 2009 ; Alterre Bourgogne, 2007 ; Cavailhès et Hilal, 2012 ; ADEUS, 2011). Mais plusieurs variables montrent des phénomènes séparés : la retraite supprime les longs déplacements quotidiens, mais aussi les revenus pour de grands logements à chauffer ; les couples bi-actifs du périurbain n’ont pas de problème de revenu, mais dépendent de l’automobile ; les centres urbains offrent une bonne accessibilité, mais un bâti dégradé occupé par les plus pauvres ; les ruraux ne vont pas travailler dans la grande ville éloignée, mais doivent chauffer au fioul leurs vieilles bâtisses sans isolation (Calvet et al., 2010).
La précarité énergétique comme processus
6Nous proposons de complexifier l’analyse en étudiant l’imbrication des processus et non pas des situations, sans nous préoccuper ici de nous éloigner d’indicateurs opérationnels appuyés sur des données et des seuils. La précarité énergétique comme processus intègre non seulement les facteurs de l’incapacité à se chauffer, mais aussi les tactiques d’effort ou de restriction mises en œuvre par les ménages, et les impacts sur leurs conditions de vie qui influencent en retour les facteurs de l’incapacité. L’intérêt de cette approche est de considérer la diversité des situations et des usages des ménages, plutôt qu’une norme commune utile à des fins de comparaison. Elle s’intéresse donc, d’une part, au point de vue des membres du ménage et, d’autre part, à toutes les conséquences de leurs usages qui peuvent renforcer les facteurs de précarité. Cette approche souligne le caractère systémique du phénomène et, en particulier, que l’incapacité à se chauffer alimente et est alimentée par une situation de précarité, au sens de difficultés de toutes natures qui tendent à se renforcer mutuellement. Nous nous appuyons ici sur plusieurs enquêtes qualitatives des situations de précarité énergétique (Observatoire Social de Lyon, 2009 ; Devalière, 2010 ; de Cheveigné et al., 20114).
7Le processus est circulaire et se divise en trois mécanismes. Des conditions de vie précaires et les choix stratégiques des ménages sur leurs conditions de vie déterminent (renforcent ou jugulent) une incapacité à se chauffer convenablement. Face à cette incapacité, les ménages déploient des tactiques qui ne modifient pas directement les facteurs de cette incapacité, mais permettent de vivre avec. Les tactiques des ménages peuvent dégrader leurs conditions de vie et les précarisent davantage.
8– Les facteurs de l’incapacité déterminés par le premier mécanisme comprennent non seulement les trois facteurs déjà relevés (revenu, prix, équipement du logement), mais aussi l’ensemble des déterminants de l’usage de l’énergie domestique par le ménage. Au lieu d’une norme de confort convenable produite par une instance évaluatrice, de nombreux facteurs agissent sur le rapport singulier du ménage aux normes sociales d’usage de l’énergie (représentations partagées de l’usage convenable de l’énergie, habitudes qui ancrent une notion subjective du confort ordinaire, association du confort à l’aisance financière ou de l’économie à la vertu gestionnaire ou écologique, capacités à se distancier de ces représentations à partir de contre-modèles, légitimité de la dépense de chauffage qui compense de faibles dépenses de loisirs hors-domicile). Diverses contraintes sont aussi à prendre en compte en termes de savoir-faire (savoir utiliser le thermostat, changer d’énergie ou de fournisseur, etc.), handicap physique (pouvoir monter la bouteille de gaz) et psychologique (vouloir prendre soin de son confort) et d’activités (activités à domicile, activités immobiles, repos). Enfin, à cette liste de facteurs, se rajoutent deux types d’événements qui peuvent les perturber de manière plus ou moins brutale : les bifurcations biographiques (accidents de la vie, naissance, veuvage, vieillissement, etc.) et les actions stratégiques, c’est-à-dire celles visant à changer durablement les autres facteurs de l’incapacité du ménage (déménagement, équipement pérenne du logement, réorientation professionnelle, mais aussi actions collectives, etc.).
9– Le deuxième mécanisme de la précarité énergétique correspond à deux grandes catégories d’usages tactiques, au sens où ils ne transforment pas la configuration des facteurs de l’incapacité à se chauffer : la tactique d’effort budgétaire insoutenable pour se chauffer et la tactique de restriction du chauffage principal. L’effort budgétaire passe par le recours aux réserves financières (aides de la parentèle, recours aux livrets d’épargne des enfants, voire aux aides institutionnelles ponctuelles mais renouvelables comme le Fonds de solidarité pour le logement), un endettement avec des impayés d’énergie et de loyer, et d’autres restrictions que le chauffage, notamment pour l’alimentation. La restriction du chauffage principal prend trois formes : la restriction de tout type de chauffage, l’adaptation du logement et de ses équipements (chauffage précaire, branchement illégal, bricolage, calfeutrage (de Cheveigné et al., 2011, p. 76) et l’adaptation des activités (vivre dans une pièce unique ou en-dehors de son logement, prendre ses douches chez la parentèle (Observatoire Social de Lyon, 2010) ou coordonner ses activités en fonction du rythme des autres membres du ménage, du rythme solaire ou du rythme des périodes de tarifs réduits).
10– À partir des tactiques qui font face à l’incapacité à se chauffer, le troisième mécanisme est celui du renforcement des conditions de la vie précaire, comme situation de souffrance et processus de précarisation. Il se décline dans cinq domaines (dont les quatre premiers sont relevés par Devalière, 2008, p. 193) à un double niveau d’épuisement des ressources ou d’endettement au sens de la neutralisation d’actions de protection : détérioration et délabrement du logement, affaiblissement et maladie du corps, abattement (souffrance, stress, honte) et dépression de la psyché, dilapidation et surendettement des finances, isolement (diminution des visites, enfermement) et conflit (avec famille, créanciers, bailleurs, fournisseurs, services sociaux) qui défont les liens sociaux.
Un cadre d’analyse de la mobilité quotidienne
11La précarité énergétique étant définie comme un processus, nous proposons d’interroger son interaction avec la mobilité comme processus analogue, impliquant également divers facteurs déterminant une (in)capacité relative à se déplacer, laquelle prend son sens par rapport à des représentations et des aspirations normées ou routinières, et traduite par des tactiques d’effort ou de restriction de la mobilité qui transforment les conditions de vie et donc les facteurs de l’incapacité à se déplacer. Nous retrouvons un cadre théorique élaboré pour analyser la mobilité quotidienne des travailleurs précaires mais mobiles de la région parisienne (Jouffe, 2007) et depuis lors, enrichi par des lectures en termes de capitaux et de classes sociales (Jouffe, 2011). Nous distinguons ainsi différentes échelles spatio-temporelles d’actions individuelles. C’est-à-dire que nous prenons en compte à la fois les gestes routiniers du quotidien, l’ajustement tactique de l’agenda, la transformation stratégique des conditions de la mobilité par le déménagement ou la vente de l’automobile par exemple, et enfin les projets de vie ou les aspirations. Nous reconnaissons aussi quatre entrées que nous proposons de combiner : les pratiques, les ressources, les significations et les relations de pouvoir. Le processus de mobilité, décrit ici de manière générique, peut notamment entrer dans un régime de précarité, où il alimente une configuration instable de ces quatre composantes : activités bornées, ressources appauvries, significations aliénées et positions dominées.
12Nous avons défini deux processus qui peuvent chacun englober l’expérience intégrale de la précarité, et donc s’englober l’un l’autre. Nous proposons ici de partir du cadre d’analyse de la mobilité quotidienne afin d’y reconnaître les composantes de la précarité énergétique telles que nous les avons identifiées plus haut.
Imbrication spatio-temporelle des activités
13Les processus de mobilité quotidienne (MQ) et de précarité énergétique (PE) entrent en interaction : du fait de la structuration spatio-temporelle mutuelle de leurs activités respectives, du fait de la mobilisation de ressources partagées, du fait de représentations associées et du fait de positions de pouvoir solidaires.
14Le premier lien entre la PE et la MQ est leurs espaces temps également structurés par le logement. En effet, il s’agit d’activités de la vie quotidienne, c’est-à-dire réalisées en grande partie sur une base journalière ou presque. Même si la moindre régularité de certaines activités les éloigne d’un rythme journalier, elle ne les détache pas complètement de la vie dite quotidienne, notamment au travers de leur possibilité quotidienne même si elle n’est jamais actualisée, comme le rêve du bord de mer ou l’envie du long bain au lieu de la douche rapide. Tous les jours, le chauffage est activé, la lumière allumée et les appareils électroménagers utilisés, tout comme les déplacements en dehors du domicile pour acheter du pain, aller travailler, rendre visite à sa famille. L’essentiel des activités domestiques ont une implication énergétique et interviennent dans la PE, dès lors que le chauffage ou la lumière sont allumés. L’ensemble des déplacements et activités du dehors forme la substance de la MQ, même si nous comptons aussi dans son processus la préparation des déplacements réalisée au sein du logement ainsi que les décisions d’échelle stratégique. Des substitutions directes peuvent également avoir lieu entre une activité extérieure avec déplacement et une activité (rémunérée ou pas) ou un service à domicile avec consommation d’énergie domestique. La PE et la MQ partagent ainsi l’espace et le temps. La frontière du dedans et du dehors, est la frontière spatiale de ces processus et leur principale contrainte. La localisation du logement par rapport à l’agglomération urbaine définit l’accessibilité, fondement de la MQ. La localisation résidentielle agit aussi en partie directement sur la PE, dans la mesure où les dépenses énergétiques varient avec le climat, mais pas avec le contexte urbain ou rural, à l’inverse de la MQ (Cavailhès et Hillal, 2012), même si les conditions climatiques favorisent certaines pratiques de mobilité sur d’autres (le vélo l’été, la marche sous le ciel clément). Il faut donc souligner que la PE et la MQ ne sont pas influencées par les mêmes composantes du logement. Mais ces dernières sont liées par leur commune matérialité. Le lien que le logement forme entre la PE et la MQ apparaît ainsi clairement dans un déménagement suffisamment important pour changer l’accessibilité, car il provoque alors à la fois le bouleversement des conditions de la PE et de celles de la MQ.
15En conséquence de ce partage spatial, le temps quotidien est à répartir entre activités domestiques et MQ. Ainsi, la PE peut provoquer une sous-mobilité due à la précarisation générale (moins de sociabilité, moins de travail) ou une sur-mobilité d’évitement de la PE. Nous avons observé marginalement cette mobilité de fuite de logements précaires sur nos terrains franciliens (Jouffe, 2007). Thierry Pillon (2006) l’a aussi signalée comme une possible réaction au temps de chômage qui dégrade le temps vécu dans le logement. Isolde Devalière (2012) a également noté une surconsommation de carburant par les personnes en plus grande PE. Réciproquement, des difficultés à se déplacer qui limitent la mobilité vont augmenter la présence dans le logement, donc les consommations d’énergie et l’exposition aux effets de la PE, renforçant le processus de PE. Les populations pauvres, éloignées de l’emploi, se déplacent moins et semblent ainsi rester davantage chez elles, certaines ayant même des difficultés à en sortir (Le Breton, 2005). Les politiques britanniques définissent ces populations qui restent davantage au logement comme « vulnérables », en particulier les personnes âgées dont le risque sanitaire s’aggrave par cette immobilité dans un logement dégradé.
Mobilisation de ressources partagées
16Les ressources communes peuvent lier la PE et la MQ de deux manières : parce que leur emploi doit se faire pour l’un ou l’autre type d’activités, mais pas pour les deux ; parce que chaque processus influence le niveau de ressources disponibles pour l’autre processus, en particulier vers leur épuisement, puis l’endettement. Nous pouvons reprendre les quatre facteurs du deuxième mécanisme de la PE et les cinq domaines évoqués comme effets du troisième mécanisme. En les synthétisant, nous avons : la performance thermique du logement et de ses équipements, soumis à détérioration et à délabrement ; les revenus, soumis à l’épuisement de l’épargne et au surendettement ; les prix de l’énergie ; les déterminants de la norme d’usage, à savoir l’activité réduite, les handicaps, les savoirs restreints, ici rapprochés des ressources physiques, psychologiques et sociales, soumises à affaiblissement et maladie, à abattement et dépression, et à isolement et conflit.
17Le logement est une ressource pour les activités domestiques en tant qu’espace et équipement technique et en tant que lieu d’agrément. Comme nous l’avons détaillé ci-dessus, la PE qui dégrade cette ressource d’activités domestiques tend à favoriser les activités hors les murs, donc la MQ, y compris une mobilité de fuite, qui vise moins à réaliser une activité extérieure qu’à en éviter une à l’intérieur. La PE peut aussi aboutir à l’expulsion du logement, qui bouleverse les conditions de la MQ et de la PE.
18Le budget familial ou individuel doit faire l’objet d’arbitrages entre différentes dépenses et, en particulier, entre les dépenses liées aux usages domestiques de l’énergie et celles liées aux déplacements. Il faut aussi prendre en compte les revenus et les aides informelles. Ce sont plutôt les différents budgets gérés qui sont répartis : un budget pour les dépenses quotidiennes (compteur prépayé ; ticket de bus), un budget pour les charges mensuelles ou régulières (factures, réparations du chauffage, achat de petit électroménager ; plein d’essence, abonnement de transport en commun), un budget exceptionnel pour les investissements (rénovation, gros équipement domestique, déménagement, voiture) et pour les règlements exceptionnels (facture annuelle, cuve de fioul, impayé accumulé ; assurance). En ce qui concerne les décisions budgétaires stratégiques, le choix résidentiel a un double effet déterminant, sur la PE et la MQ. La pauvreté impose des logements moins chers voire gratuits, et ceux-ci sont à la fois des lieux plutôt mal isolés et mal équipés (d’autant plus avec la mise en place de l’étiquette énergétique), et des lieux éloignés et déconnectés des aménités urbaines. Pour les arbitrages budgétaires de plus court terme, les études qualitatives observent une nette hiérarchie, aux dépens du confort thermique et en faveur des déplacements vers le travail, les autres mobilités étant restreintes en premier (Desjardins et Mettetal, 2010). Raux et al. (2006) confirment l’incompressibilité des déplacements vers les lieux de travail. Bleuze et al. (2009) montrent aussi la grande dépendance à la voiture pour d’autres motifs, notamment les achats et, dans une moindre mesure, les loisirs. Les augmentations récentes du prix de l’essence ont révélé les tactiques des ménages, notamment les plus modestes. Leurs revenus modestes les ont en général amenés à des ajustements en termes de mobilité qui ne bouleversent pas l’accessibilité à l’emploi et aux services indispensables, à savoir la continuation de l’usage de la voiture : réduction des déplacements peu contraints, passage à une voiture diesel (Bonnafous et al., 2010). Mais lorsque les contraintes augmentent, d’autres tactiques apparaissent. Elles portent sur le chauffage mais aussi sur d’autres domaines de consommation : un ménage peut se passer de son chauffage en se calfeutrant et en utilisant un simple chauffage d’appoint, alors qu’il ne peut renoncer à ses déplacements automobiles sans bouleverser son quotidien, voire son économie domestique. L’inverse s’observe aussi : fuir en voiture son logement mal chauffé (Devalière, 2010).
19Le budget est, de plus, directement affecté par la PE et par la MQ. En particulier, un problème de MQ peut interrompre un travail rémunéré et déclencher un cercle vicieux de PE. Vu le sacrifice thermique consenti en général pour préserver les déplacements vers le travail, l’impact budgétaire de la PE se limite aux autres motifs de déplacement. Cette limitation alimente néanmoins la précarité, par exemple en affaiblissant le lien social pourtant précieux ultime recours. Les situations de surendettement sont par ailleurs susceptibles d’empêcher jusqu’aux déplacements pour le travail.
20Le prix de l’énergie, paramètre crucial de l’équation énergétique, détermine à la fois le montant des dépenses liées aux usages domestiques de l’énergie et les dépenses de mobilité. Mais son évolution rapide met en avant une dimension particulière de la PE et de la MQ : leurs sensibilités respectives à cette évolution. Elles dépendent de la quantité d’énergie consommée et du degré de contrainte qui pèse sur ces usages énergétiques. Ces sensibilités se combinent au renchérissement anticipé des différentes formes d’énergie pour fonder l’exposition potentielle du ménage à la PE, son exposition potentielle à des difficultés dans la MQ et l’exposition à leurs effets combinés. L’enjeu majeur est la capacité budgétaire ou socio-économique à déployer des actions stratégiques, nécessaires pour changer un système de chauffage, isoler un logement, acheter une voiture économe ou déménager. Cette capacité à déménager apparaît problématique pour certains ménages, âgés, de plus en plus nombreux (Calvet et al., 2010) ou accédants modestes du périurbain (Rougé, 2007), même si les ménages pauvres déménagent davantage des territoires très dépendants de l’automobile (Motte-Baumvol, 2007).
21Enfin, les déterminants de la norme d’usage du logement dans le cadre de la PE sont les normes sociales que nous appréhenderons plus bas, des contraintes en savoir-faire (savoir utiliser le thermostat), les handicaps physiques (pouvoir monter la bouteille de gaz) et psychologiques (vouloir prendre soin de son confort) et les contraintes d’activités (activités à domicile, activités sédentaires, repos). Les capacités sont présentes ou défaillantes aussi bien dans la PE que dans la MQ : les capacités physiques et sensorielles à utiliser des équipements domestiques (monter une bouteille de gaz) ou de transport (faire du vélo) ; les savoirs d’usage économes en énergie domestique (la liste est longue : utiliser un thermostat, aérer seulement cinq minutes les pièces, réparer un chauffe-eau, etc.) et en matière de carburant automobile (éviter les embouteillages, ne pas rouler à froid, changer l’huile de la voiture, etc.) ; la connaissance d’aides publiques ou informelles pour améliorer son logement ou sa mobilité ou pour pallier ses difficultés (crédit d’impôt, coup de main du voisin, prime à la casse, covoiturage avec le collègue, etc.) ; les capacités à dépasser les obstacles psychologiques dans le logement (changer une ampoule malgré l’inhibition due au chômage, Pillon, 2006)5 et dans les déplacements (affronter les « territoires du deuil », Le Breton, 2005). Néanmoins, seules les capacités physiques sont susceptibles d’imposer un arbitrage, inexistant en pratique du fait du faible recours à ces capacités dans les usages d’énergie. Les contraintes d’activités renvoient essentiellement à la structuration spatio-temporelle déjà évoquée.
22L’interaction entre PE et MQ dépend donc ici de l’influence de la PE et de la MQ sur ces capacités, via diverses dimensions de la précarité. Par exemple, la maladie due à la PE ou les difficultés de MQ peuvent provoquer la perte du travail, et donc à la fois rendre plus difficile la MQ et provoquer une sur-occupation du logement propice à la PE. Surtout, la PE provoque affaiblissement et maladie, abattement et dépression, isolement et conflit, toutes dimensions déterminantes de la MQ.
Représentations, expériences et significations associées
23La question des interactions entre PE et MQ se pose différemment dans le domaine des significations. Les pratiques de déplacement, d’usage de l’énergie et de choix résidentiel peuvent être confrontées entre elles et leur compartimentage avéré (Subrémon, 2011 ; Bartiaux et Salmón, 2012) sauf pour une minorité militante (Flamand, Roudil, 2012). Ces pratiques peuvent être confrontées aux représentations de l’environnement et leur déconnexion tout aussi avérée (Carpentier, 2007 ; Labranche, 2011). Néanmoins, leur appréhension ne peut être qu’une compréhension, c’est-à-dire l’identification d’un lien transversal à une multitude systémique de significations qui peuvent passer par des discours verbaux ou gestuels, voire par des expériences partagées. Ces significations incluent en particulier une représentation de soi, dont une estime de soi nourrie aussi bien par l’expérience de la PE que par celle de la MQ, qui détermine les activités du dedans et du dehors. L’ensemble des expériences individuelles construit les logiques d’action sous-jacentes à ce rapport aux usages énergétiques dans le logement et la mobilité (Garabuau-Moussaoui, 2009). Elles sont aussi modelées par des représentations partagées qui forment les normes sociales de certaines pratiques. Les pouvoirs publics s’efforcent de produire de telles normes au travers de leurs discours et de leurs dispositifs matériels et réglementaires.
24L’ensemble des enquêtes sur les « manières d’habiter », c’est-à-dire sur les pratiques au sein et autour du logement (Mathieu et al., 2004), pose la question de l’existence d’un unique rapport au territoire, construit dans les représentations et les pratiques du dedans et du dehors. Ce lien entre dedans et dehors, instauré par la pratique quotidienne, est pourtant défait par l’analyse spécialisée, ce que critique Michel Agier (2009) dans sa défense d’une anthropologie « de » la ville. L’élargissement de la PE aux processus de la mobilité quotidienne dans le dehors participe de cet effort d’analyse intégrée, par une entrée énergétique.
25Certes, la caractérisation de la structure des significations est possible au travers des mises en récit des personnes et aboutit à l’identification de formes identitaires. En particulier, la mobilité quotidienne pourrait structurer les formes identitaires de populations précaires et mobiles (Jouffe, 2011a). Dans ce cadre, l’interaction entre PE et MQ peut prendre la forme d’une représentation transversale aux deux processus. Ainsi, le rapport à la nature lie ses traductions intérieures et extérieures, à savoir d’une part l’agencement et l’occupation du logement et de ses frontières extérieures, donc la PE et, d’autre part, le type d’activités et de lieux extérieurs, et les modes associés de déplacement, c’est-à-dire la mobilité (Mathieu et al., 2004). De même, la nature de chez-soi ou « lieu propre », selon de Certeau (1980) du logement détermine une capacité d’action stratégique et éventuellement des actions qui supposent une MQ importante. Or la PE fait du logement un lieu d’épreuve et empêche qu’il devienne ou demeure un chez-soi. Une conséquence serait alors l’inhibition des actions stratégiques, au sens de la déconnexion des éventuels projets professionnels avec les stratégies mises en œuvre avec un faible investissement personnel dans ces stratégies. Cela se traduit a priori par une (plus) faible MQ, comme dans les cas observés en Île-de-France (Jouffe, 2007). Mais il est aussi possible d’imaginer une mobilité de fuite du domicile, tout aussi déconnectée de toute perspective d’amélioration des conditions de vie, comme d’autres sociologues l’ont observé (Pillon, 2006 ; Devalière, 2010).
26Le caractère systémique des significations peut être appréhendé de manière très large, en associant diverses dimensions du rapport au territoire et au logement. Ainsi, à Santiago du Chili, dans un quartier périphérique modeste, des liens forts entre MQ et rapport au logement ont été mis en évidence par l’analyse des discours des habitants sur leurs pratiques quotidiennes et leur rapport au logement passé, présent et futur. D’un côté, la « proximité » ou le « repli », à savoir une MQ non motorisée (marche, vélo), limitée au quartier, est associée à un projet résidentiel centré sur le quartier et la famille. De l’autre, le « déploiement » d’une MQ motorisée (voiture, transport collectif), à l’échelle de l’agglomération métropolitaine qu’est Santiago, est associé à des projets de sortie du quartier et de réussite sociale, au moins pour les enfants. Leur cohérence s’établit d’abord du point de vue stratégique des modalités, des finalités et des ressources (Jouffe, 2011b). Mais les ressources disponibles n’expliquent pas tout. L’énonciation valorisante de ces stratégies, pas nécessairement réalisées ni réalisables, révèle aussi une forme symbolique d’association entre ces composantes et donc, entre la MQ et le logement dans leurs diverses dimensions.
27Il est possible d’extrapoler cette association symbolique à la PE, à titre d’hypothèse. Le repli vise la consolidation digne et familiale de l’habitat, donc le confort quotidien, tandis que le déploiement vise l’intégration à la société de consommation donc le confort consumériste (suivant les catégories relevées par Flamand et Roudil, 2012). En parallèle d’éventuels liens stratégiques effectifs, le système de représentations de chaque configuration est donc susceptible d’intégrer et renforcer certains usages domestiques de l’énergie. Nous pouvons par exemple imaginer la valorisation d’usages sobres dans le cadre du repli modeste, mais digne et familial, et la valorisation d’investissements dans des équipements pour une intégration dans la société de consommation. De même, l’amélioration de la performance énergétique du logement fonderait une stratégie de confort, contrainte mais valorisée indépendamment des économies d’énergie, pour les ménages modestes dans la configuration du repli. À l’inverse, dans la configuration du déploiement, cette amélioration se focaliserait sur des investissements rentables par l’usage ou la revente du logement. Ces logiques d’action déjà identifiées (Flamand, Roudil, 2012) restent à confronter avec les autres dimensions des configurations territoriales. Mais le cas échéant, elles pourraient constituer un lien supplémentaire avec la MQ. En effet, les configurations territoriales sont très imbriquées avec la MQ en termes de dispersion des activités quotidiennes et de modes de transport.
Positions de pouvoir solidaires
28L’entrée analytique par les positions de pouvoir envisage la solidarité des liens des pratiques avec les ressources et avec les significations au sein du système social. Elle considère d’abord que les pratiques, significations et ressources se contraignent et s’influencent mutuellement, et donnent forme à des configurations : les espérances s’ajustent aux possibilités objectives des ressources accessibles, les pratiques développent les ressources et font évoluer les significations, et les significations orientent les pratiques et le choix des ressources. De plus, cette entrée souligne l’influence de l’ensemble de la société sur ces configurations, c’est-à-dire sur les ressources accessibles, sur les pratiques sociales et sur les significations diffusées. Enfin, elle prétend mettre l’accent sur les effets structurants en retour de l’individu sur la société, au travers des collectifs auxquels les individus participent.
29Ce lien entre pratiques, ressources et significations nous est apparu validé par notre étude déjà citée sur le terrain chilien (Jouffe, 2011b). Nous l’avons formulé en termes de classes en confrontant le « repli » des individus de la classe populaire au « déploiement » de ceux de la classe moyenne, ou plutôt « moyennisée », étant donné qu’ils ne disposent pas de davantage de ressources. Certaines personnes, « moyennisées » seulement en termes de significations, combinent une mobilité de repli et des aspirations sociales de déploiement, mais cette situation prend sens dans un schéma structuré par les deux configurations cohérentes.
30Ce regard sur les processus sociaux s’applique à l’interaction entre PE et MQ. Nous avons déjà évoqué ci-dessus l’hypothèse d’une intégration des usages de l’énergie domestique dans les configurations que nous avons identifiées autour de la MQ et du rapport au logement.
31Nous voulons aussi souligner l’existence d’autres liens systémiques entre PE et MQ, c’est-à-dire des liens qui passent par des processus plus globaux que ceux qui concernent le seul ménage. La capacité politique identifiée dans le cadre de la PE se généralise aussi à la MQ. La capacité collective à influencer la structuration des territoires et l’offre de logements et d’équipements énergétiques doit être prise en compte. On pensera aux activistes de Droit au logement, qui parviennent par des actions nécessairement collectives à accéder au logement social qui leur est refusé. On pensera aussi à l’appartenance à des territoires dont les représentants influents parviennent à faire équiper ces territoires en infrastructures routières ou à faire voter une loi de soutien financier à la rénovation énergétique pour les propriétaires. On voit que la même capacité collective d’influence peut moduler la PE et la MQ.
32En plus de cette capacité, il faut souligner l’effet de l’exposition commune à des processus sociaux qui impactent en même temps la PE et la MQ. C’est le cas de l’étalement urbain. D’une part, celui-ci conduit tous les acteurs du système automobile à augmenter les vitesses atteignables, autorisées et effectives, et à généraliser les usages de l’automobile au détriment des alternatives, puis à compenser la congestion conséquente des agglomérations par de nouvelles infrastructures qui excluent les autres usages de l’espace urbain. La dépendance automobile impose alors une intensive MQ automobile. D’autre part, l’étalement urbain adapte le marché du logement à des demandes de grandes surfaces peu chères, éloignées des agglomérations et de qualité constructive et thermique médiocre. Le grand pouvoir des promoteurs à orienter les ménages locataires ou accédants à la propriété détermine leur future PE et coûteuse MQ.
33D’autres processus sociaux influencent en même temps la PE et la MQ. C’est le cas des dispositifs mis en place pour juguler les deux types de précarité ou de vulnérabilité. En effet, le fait que la PE et la MQ produisent les mêmes effets en termes de précarité sociale et de dépense énergétique, sans parler des liens analysés dans ce texte, induit des dispositifs similaires en termes de discours, d’observation et d’intervention sur la situation des ménages. Il en est ainsi des discours sur l’usage du logement, du quartier (Roudil, 2012) et des moyens de transport. Il en est ainsi des dispositifs d’aide au déménagement, y compris les systèmes d’étiquettes énergétiques (Urban Land Institute, 2009 ; Antoni et al., 2009). Certaines structures d’assistance sociale proposent et accompagnent le déménagement comme solution à de multiples difficultés de vie, surtout d’accès à l’emploi (Jouffe, 2007). Leur approche multisectorielle centrée sur les situations particulières des ménages augure de dispositifs d’amélioration des conditions de vie dans le logement et les conditions de la MQ, effectivement recommandée par les chercheurs (Caraire et Hamelin, 2010).
Conclusion : irréductible complexité processuelle
34Le résultat de cette confrontation est une explicitation de la multiplicité des interactions entre mobilité quotidienne en régime de précarité et précarité énergétique dans le logement : co-occurrence, cogénération, conjonction synergique ou pas, lien causal, superposition. Ces interactions entre composantes des deux processus les renforcent en général, mais peuvent également, voire simultanément, les opposer. Cette imbrication complexe souligne donc la difficulté de l’embrasser conceptuellement et empiriquement, sauf à considérer l’expérience comme une totalité à comprendre. Le résultat est la tendance à se focaliser sur les efforts budgétaires, en s’appuyant sur le constat généralisé de la priorité donnée au budget de déplacement domicile-travail sur les usages domestiques de l’énergie (Bonnafous et al., 2010 ; Desjardins et Mettetal, 2010 ; Devalière, 2010).
35Pourtant, il serait intéressant d’explorer plus avant les liens entre les deux dimensions que nous avons décrites comme des processus s’englobant l’un l’autre. Une piste pourrait être l’identification d’une économie générale de la contrainte impulsée, par la dépense énergétique qui combinerait son augmentation, son déplacement et sa neutralisation par les habitants. Le possible développement d’une culture de l’attention énergétique (Garabuau-Moussaoui, 2009), associé au déploiement de dispositifs de (auto) - contrôle des dépenses d’énergie dans le logement comme dans la mobilité, nous invite à ne pas écarter la question de ces interactions complexes et subtiles et à envisager le surgissement de l’économie de leur contrainte conjointe.
Notes de bas de page
1 Voir les travaux de l’Observatoire national français de la précarité énergétique, auquel participe l’auteur.
2 Voir les travaux de Silvia Rosales-Montano (DREAL Rhône-Alpes, 2009). Voir aussi l’appel à propositions de recherche et d’expérimentations de la Plate-forme de recherche et d’expérimentation sur l’énergie dans le bâtiment (PREBAT2), publié en février 2012, intitulé « Précarité énergétique : Nouveaux enjeux publics, nouvelles questions de recherche » dont le deuxième axe identifie cet enjeu « Habitat et déplacements : de la précarité dans l’habitat à la vulnérabilité énergétique globale ».
3 Chauffer inclut implicitement les autres usages domestiques : eau chaude sanitaire, éclairage, électroménager et autres appareils regroupés sous le terme d’électricité spécifique.
4 L’ensemble des recherches du programme PREBAT « Réduction de la précarité énergétique » dont fait partie le travail de de Cheveigné et al., est riche empiriquement.
5 Thierry Pillon (2006) a rencontré des personnes qui perdent leur capacité d’agir lorsqu’elles subissent le chômage entre deux missions d’intérim et constate alors à la fois l’impossibilité pour elles de changer une simple ampoule et l’extension de l’immobilité c’est-à-dire du temps de présence au domicile.
Auteur
JOUFFE Yves est chargé de recherche contractuel au Laboratoire Ville Mobilité Transport (LVMT, Ecole des Ponts ParisTech – IFSTTAR – Université Paris-Est Marne-la-Vallée), spécialiste des mobilités urbaines. Tout en enseignant la sociologie urbaine dans plusieurs universités chiliennes, il a engagé une réflexion collective sur le droit à la ville et sur la mobilité urbaine comme dispositif de gouvernement. Il interroge aujourd’hui ces dimensions dans l’Observatoire national (français) de la précarité énergétique (ONPE).
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