Annexe 1. Un exemple de compte-rendu subjectif par une personne découvrant le séminaire pour la première fois
p. 191-199
Texte intégral
À partir de la deuxième année de fonctionnement, nous avons demandé aux personnes qui assistaient de bien vouloir nous transmettre un compte rendu subjectif de la séance. Ceci dans le double but de faire vivre la discussion entre chaque séance du séminaire et pour avoir un retour des participants. Même si ces comptes rendus subjectifs ne furent pas aussi nombreux qu’espérés nous ne pouvons pas tous les faire figurer en annexe. Nous avons donc dû faire un choix. Celui-ci s’est porté sur le présent texte parce qu’il est écrit par une personne qui assistait pour la première fois à une séance du groupe. En effet, nous avons commencé l’année 2012 en inaugurant une nouvelle formule de travail : rencontres tous les quinze jours sous la forme du cycle suivant : séance de travail fermée, séance thématique No 1, séance de débriefing, séance thématique No 2, séance de bilan. Alex Esbelin, qui a proposé et organisé les deux séances « Argumenter », a proposé, par commodité et pour toucher un nouveau public, de conduire ces séances au sein de l’IUFM d’Auvergne. La première séance se déroulant sous la forme d’un TD où Alex faisait réagir la quinzaine de participants à des vidéos projetées sur l’écran, J.-C. Gay commence par commenter ces vidéos que le lecteur scrupuleux n’aura aucun mal à retrouver sur Internet1. Comme J.-C. Gay a accepté de nous fournir un parcours de vie expliquant sa présence à cette séance « argumenter », nous l’avons inclus dans la présente annexe.
Quelques points de réaction et d’analyse suite à la séance du 4 octobre 2012 (J.-C. Gay, philosophe)
1er point : Trois extraits de vidéos
1Communication : quelqu’un parle de quelque chose à quelqu’un d’autre.
2Marcel Otte, paléontologue, s’adresse dans un séminaire à des spécialistes de sa discipline. On le voit, on l’entend : il affirme, compare, argumente… discussion entre nous sur son mode d’argumentation… par analogie… est-elle cohérente ? Objective ? Convaincante ?
3Question : le contenu est sans doute important, mais la situation ou cadre institutionnel aussi : qui parle ? À qui ? Dans quelle intention ? Pour leur faire faire ou leur faire dire quoi ?
4Il expose ses résultats de recherche pour les « communiquer » = les transmettre, sans entrer dans le détail des preuves ou des raisons…
5Vidéo Youtube : argumentation en faveur de l’« intelligent design ». Montage vidéo complexe (et bien pensé sans doute !) : voix off, images, passages d’entretiens avec des scientifiques interrogés… avec une sorte d’argumentation qui ressemble à une argumentation scientifique… mais qui n’en est pas une ! De nouveau la discussion porte sur ce contenu argumentatif : pertinent ? Non pertinent ? Mensonger ? Incomplet ?…
6De nouveau, je me demande : peut-on abstraire ce contenu des conditions sociales de sa communication ? Conditions : Internet, vidéo, montage, qui parle, qui assume ce qui est dit, les scientifiques interrogés ? À qui s’adresse-t-on ? À tout le monde, à ceux qui sont préoccupés par la question ? À des scientifiques (non) ? Préoccupés en quel sens ou de quel point de vue ? dans quelle intention ? Quel but ? Pour leur faire faire/dire quoi ? pour agir sur eux, les influencer, en quel sens/but ? Etc.
7François Jacob : il argumente devant un public très divers pour « réfuter », mettre en doute, la thèse finaliste de la création du monde de la vie par une intelligence supérieure. De nouveau : argumentation qui manque de force scientifique (au sens de preuves…) ? Oui, mais son but est-il de convaincre le public sur le plan scientifique, comme s’il s’agissait d’un groupe de scientifiques, dans le cadre d’une discussion entre pairs ? Non, il se fait sophiste (au sens noble) : argumente, cherche à faire croire, à mettre en question fortement et durablement la thèse finaliste, mesurant bien devant son auditoire le problème (comment quelque chose d’aussi improbable que la vie aurait-il pu naître de la matière inanimée ?), et la part d’ignorance des scientifiques sur ce point… il cherche à persuader la foule : « Il est donc exclu qu’un tel système soit sorti ainsi tout armé de la cuisse de Jupiter ». Réussit-il ? Seule question légitime dans ce contexte.
Parcours de vie de Jean-Christophe Gay
Formateur à l’IUFM d’Auvergne depuis 10 ans (PRAG philosophie), j’ai été amené à proposer des cours dans diverses formations sur la question très générale de l’autorité de et dans l’école, autorité qui traditionnellement est elle-même pensée comme celle du savoir et de la valeur que nous accordons au savoir dans nos sociétés. Comment penser l’autorité de l’institution scolaire dans la communauté sans penser la légitimité du savoir qu’elle a pour fin de transmettre aux nouvelles générations ? Légitimité du savoir en soi ou tout au moins du développement des facultés de divers ordres que son étude rend possible chez les enfants : facultés intellectuelles de raisonnement, d’argumentation, etc., mais aussi facultés physiques, esthétiques, sociales… dans la perspective d’un usage indéterminé à la fois du savoir en question et des facultés perfectionnées que l’individu instruit devra construire et assumer dans la vie collective. En ce sens, poser la question : « pourquoi enseigner telle ou telle discipline ? » revient selon moi à poser la légitimité du savoir qu’elle organise et transmet, légitimité définie en termes de vérité ou d’objectivité. Un savoir serait digne d’être enseigné aux élèves dans la mesure où, d’une manière ou d’une autre, variable selon les disciplines, il présenterait une objectivité compréhensible par tout esprit humain, indépendamment des conditions de vie et des sentiments, intérêts, besoins… d’ordre social ou autre des individus partenaires dans la relation pédagogique. Objectivité qui serait sans doute définie différemment selon les disciplines (selon les formes de validation des connaissances en vigueur dans chacune d’entre elles) mais qui seule serait à même de fonder en raison l’autorité de leur enseignement et partant de l’école, rendant compte ainsi de la distinction entre le savoir et la croyance, distinction essentielle pour comprendre le sens de l’école de la république publique et laïque.
Pourtant, bien souvent, en particulier dans les disciplines scientifiques, les futurs professeurs manifestaient leur surprise, voire leur désaccord profond : « il n’y a pas de vérité ! Surtout en science. La vérité c’est dans les religions… ils veulent nous faire croire qu’il existe une ou des vérités alors qu’on sait aujourd’hui que la vérité n’existe pas. Croire en la vérité c’est même ce qui caractérise la religion… être scientifique consiste à ne pas être dupe de tout cela et à savoir que l’homme n’atteint aucune vérité. Etc. » À la question que je posais à des professeurs stagiaires en sciences physiques : « mais alors pourquoi enseigne-t-on et sommes-nous autorisés à enseigner les sciences physiques dans l’école… plutôt que l’astrologie ou autre chose ?2 » certains répondirent au bout d’un instant : « parce que cela a toujours été comme ça. » De là mon intérêt pour la question de l’argumentation, du champ de l’argumenter : la distinction des deux champs, argumenter persuader/démontrer ou prouver, construire une objectivité… cela a-t-il encore un sens et une légitimité dans nos sociétés ? Ou sommes-nous plongés dans un relativisme généralisé, y compris quand il est question des sciences et de leur enseignement ou de l’usage que nous faisons dans le monde social des connaissances qu’elles produisent ? Quelque chose résiste-t-il à « l’empire rhétorique » (C. Perelman) ?
2e point : Une distinction utile
8Distinguer le contenu ce qui est dit ou énoncé ou même argumenté et le fait que ce qui est dit soit dit, proféré, dans un contexte particulier, par quelqu’un à un auditoire particulier, dans des conditions temporelles, sociales, etc. particulières. Au fond, il s’agit d’une différence au niveau de l’intention des protagonistes : que cherchent-ils à faire ou à faire faire ? Quel est leur projet en parlant et en s’adressant à quelqu’un ? Quel intérêt visent-ils, vis-à-vis de l’auditoire mais aussi du contexte en général (contexte social, institutionnel…) ;
9– D’un côté : qu’est-ce qu’on dit ? La question est alors celle (que vous avez tous posée à la suite du visionnage des vidéos) de la vérité ou de l’objectivité ou de la cohérence et de la pertinence de ce qui est dit d’un point de vue scientifique, du point de vue en général du savoir distingué de la croyance, des convictions, des erreurs ou des préjugés… Il ne suffit pas de dire quelque chose pour que ce quelque chose soit vrai ou valide, encore faut-il qu’il corresponde à autre chose qu’à soi, à un référent, qu’on l’appelle l’être, le réel, les données empiriques recueillies, ou qu’il soit formellement valide (par rapport aux principes de logique, au paradigme en vigueur, à la théorie appliquée…) ;
10– De ce point de vue, les discours entendus et vus font l’objet d’une critique interne : celui qui parle dit-il le vrai ou tout au moins le cohérent ? Dans quelle mesure cherche-t-il et réussit-il à prouver ce qu’il dit ? Prouver, démontrer… plus qu’argumenter (puisque nous sommes dans des champs scientifiques) ?
11– De l’autre : que fait-on en disant ce qu’on dit ? La question est alors celle des effets que le fait même du discours (tenu, proféré) produit ou est censé produire… sur l’auditoire (et au-delà), des effets de divers ordres : persuader, plaire, convaincre, faire croire, faire agir, faire faire… La question de la vérité ou même de la cohérence de ce qui est dit devient relativement indifférente ou tout au moins subordonnée ;
12– De ce point de vue, comment analyser les discours entendus et vus ? Ils correspondent chacun à une logique d’action différente, selon qu’il s’agit d’un séminaire entre spécialistes, d’une vidéo de propagande, d’une conférence grand public, etc. Selon le contexte, selon l’auditoire, selon les circonstances, l’intérêt que vise celui qui parle ou celui qui l’a invité ou commandé… les effets ne seront pas les mêmes, leur production non plus, etc.
3e point : Sophistes et philosophes au ve siècle avant J.-C.
13Cette distinction au niveau de l’intention dans le discours était au cœur du combat entre sophistes et philosophes tel que Platon et Aristote l’ont pensé et rapporté dans leurs écrits. Les sophistes du ve siècle posent en effet un très sérieux problème à la science et à la philosophie naissantes : ils se moquent de la vérité et ne la recherchent pas, ils parlent et font usage de toutes les ressources du langage pour leur profit, pour persuader les personnes, pour qu’elles agissent pour leur intérêt… Voir Aubenque3, p. 98 : pour eux, « parler c’est moins parler de que parler à ». Puissance du discours en un double sens : tout savoir a besoin de lui pour s’exprimer et se communiquer (la science s’exprime, communique…) ; une compétence ou une action humaine ne devient efficace que si le discours lui prête sa force : le médecin pour persuader le malade de prendre ses remèdes, l’orateur, l’avocat, etc.
14Rendre compte de cette puissance du langage : pour les sophistes, le discours ne renvoie qu’à lui-même, il est une chose sensible et productrice d’effets parmi d’autres, il ne signifie rien et ne renvoie pas à quelque chose qui lui serait extérieur et par rapport à quoi il pourrait être jugé et pensé du point de vue de la vérité de ses contenus. Il est l’instrument de rapport de force entre les hommes. Car le mot est la chose, il y a « adhérence totale du mot et de l’être » : c’est pourquoi il est impossible de se tromper ou de mentir (ce qu’on dit est, il n’y a nul référent à l’aune duquel la vérité du discours pourrait être évaluée : dès que je dis quelque chose, ce quelque chose est bien réel : comment pourrais-je dire autre chose que ce qui est ? mentir ou me tromper ?). La réfutation d’Aristote consistera à montrer que le langage est une institution des hommes et renvoie en ce sens à leurs intentions et d’un autre côté a pour sens de renvoyer aux choses qui sont distinctes de lui. Il faut toujours analyser les différentes significations des discours selon les différentes intentions qui animent les hommes en les utilisant et qui renvoient elles-mêmes aux choses. Le langage n’est pas indépendant, il est signifiant, renvoie à l’être et il suffit que le sophiste dise quelque chose de signifiant pour qu’on réussisse à le réfuter. Les mots ont une signification, ce qui est possible parce que les choses (l’être) ont une essence. Et au fond ce qui prouve que les mots signifient quelque chose c’est que nous réussissons à communiquer et à nous comprendre en parlant… ce qui suppose bien que l’être soit le fondement de cet accord et de la signification des mots.
4e point : « Entre chien et loup… » (Voir Platon, Le sophiste, 231a) aujourd’hui ?
15Les sophistes ont-ils été réfutés ? Sont-ils hors-jeu ? À voir… Ils disent : même le savoir a besoin de la puissance du langage pour s’exprimer ; cette puissance est réelle dans la vie sociale quelles que puissent être les réfutations des uns et des autres qui se situent à un autre niveau, intellectuel et théorique, dans une durée longue qui n’est pas celle de la vie sociale quotidienne. Des puissances telles que la politique ou la justice ont recours à cette puissance du langage pour s’exercer et accroître leurs forces. Le langage et les images demeurent dans notre monde des puissances au service de certaines puissances (politiques, économiques…) et nous n’en avons sans doute pas fini avec elles.
16Voir Breton, Stiegler…
17Les images n’ont-elles pas justement cette puissance de ne renvoyer qu’à elles-mêmes ? De coïncider avec les choses mêmes, comme si elles étaient les choses ou le réel et de faire effet sur le spectateur en tant que telles ? Les sophistes anciens considéraient les mots comme des choses et les utilisaient pour produire des effets de force et de croyance sur autrui : n’est-ce pas aussi la fonction première des images, tout au moins dans un certain usage qui en fait, dans « les médias » et le monde de la communication généralisée, comme on l’a vu dans le cas du montage vidéo en ligne sur Youtube ? Non convaincre, mais persuader, faire croire, faire penser… ou même vider le cerveau et annihiler tout esprit critique ou autre ?
18Qu’est-ce que le monde de la communication aujourd’hui si ce n’est ce monde où la représentation des choses coïncide avec ou tient lieu des choses elles-mêmes, où représentation et réel sont confondus (dans « les médias » mais pas seulement !) ? Voir Lucien Sfez, Critique de la communication ou Baudrillard…
5e point : Retour sur les vidéos
19Que fait le paléontologue ? Expose-t-il ses idées à une communauté d’experts sans entrer dans les détails de la preuve ou de la construction de l’objectivité, juste pour informer ses collègues ou montrer aux plus jeunes comment fonctionne l’un des discours de la science ? Cherche-t-il à mettre en discussion ses hypothèses au sein de la communauté d’experts à laquelle il s’adresse ce jour-là ? Il ne communiquerait ce qu’il saurait au sens strict (dire le vrai à autrui), il penserait avec eux en commun, pour discuter, argumenter, contre-argumenter, mettre à l’épreuve et à la preuve… des propositions dans le cadre d’une scientificité intersubjective, fondée et construite dans la discussion même entre experts (sous des conditions bien entendu). De là peut-être ce qui nous apparaît comme des approximations, ou des propositions sans preuve, des preuves en construction… soit parce que nous ne sommes pas spécialistes alors qu’il s’adresse à des spécialistes, soit parce qu’ils sont en train de construire la scientificité d’une hypothèse.
20Que dire de la vidéo-montage ? Un montage qui mêle images, musiques, interviews, commentaires… dans le cadre et dans le sens d’une persuasion/conviction, pour que celui qui regarde et écoute soit persuadé de la validité scientifique du « dessein intelligent », seule explication légitime et logique de l’origine de la vie sur Terre. Peut-on parler ici d’une argumentation ? Au sens où il n’est pas seulement question de persuader par l’image ou l’émotion, mais de convaincre par des arguments rationnels, oui. S’agit-il seulement de communiquer pour communiquer (Voir Baudrillard) ou aussi de communiquer pour convaincre, faire croire… en mêlant stratégiquement image, musique, discours scientifique, en intégrant celui-ci dans le discours général (celui que prononce la voix off) pour se situer sur le terrain même de la science (supposé tel), la rationalité, et emporter la conviction en lieu et place du scientifique… Certes la communication est mise en scène mais, semble-t-il, pas seulement ! Elle n’exclut pas toute réponse (non communication pour Baudrillard) mais la conditionne d’une manière telle que la réponse possible exigerait ce que ses conditions excluent : du temps, des arguments, etc.
21Que fait François Jacob ? Il communique au sens littéral : il rend commun des éléments de savoir à un public divers, non expert, (exercice de vulgarisation ?) qui plus est, lors du passage visionné, en fin de conférence, sur une problématique, l’origine du vivant, qui demeure encore pour la communauté savante pleine d’incertitudes et de questionnements, alors même que c’est un thème qui intéresse les non savants, d’un point de vue qui n’est pas seulement celui de la recherche du « vrai » mais celui du sens même de l’existence humaine et de la vie en général sur Terre, thème dont des idéologues de toutes sortes peuvent donc s’emparer pour persuader et manipuler des personnes.
6e point : Valeur de l’argumentation
22Considérer que l’argumentation a un intérêt et une valeur propres, au même titre que la démonstration ou de ce qu’on appelle en général le raisonnement du type formel ou démonstratif (formaliste, objectiviste…. qui va du vrai au vrai), et non pas comme le suppose une tradition qui vient de Platon subordonnée à lui. Le raisonnement du type argumentatif est à l’œuvre dans les domaines où le démonstratif n’est pas pertinent, soit dans tout le champ du discours naturel, non formel. Perelman : « Alors que la logique formelle est la logique de la démonstration, la logique informelle est celle de l’argumentation. Alors que la démonstration est correcte ou incorrecte, qu’elle est contraignante dans le premier cas et sans valeur dans le second, les arguments sont plus ou moins forts, plus ou moins pertinents, plus ou moins convaincants ». Perelman caractérise ce champ ainsi : « Dans les domaines où il s’agit d’établir ce qui est préférable, ce qui est acceptable et raisonnable, les raisonnements ne sont ni des déductions formellement correctes, ni des inductions, allant du particulier au général, mais des argumentations de toute espèce, visant à gagner l’adhésion des esprits aux thèses qu’on présente à leur assentiment. » Perelman (L’empire rhétorique, 1977) Champs de la politique, de la justice, de la communication en général… de la raison pratique dans lesquels la démonstration formelle est impossible et où il est pourtant nécessaire de raisonner pour décider et agir (où il ne faut pas simplement décrire et expliquer mais prendre position, prendre parti pour agir).
23Qu’est-ce qui caractérise le second champ par rapport au premier ? Plusieurs éléments, tous centrés sur la constitution dialogique de l’argumentation (contrairement à la démonstration, discours monologique dit Grize4, qui tend à éliminer, les sujets, les interlocuteurs, toute subjectivité, passions…) :
- le sujet qui raisonne doit prendre en compte dans le second champ l’auditoire (réel ou virtuel) auquel il s’adresse, non pas seulement se centrer sur la pensée et la connaissance qu’il construit (premier champ) mais aussi sur les valeurs ou affirmations que cet auditoire accepte ou refuse, s’il veut le convaincre ; il doit donc connaître et prendre en considération les prémisses de l’argumentation, les propositions et valeurs et lieux communs que l’auditoire est censé partager et accepter ;
- utilisation du langage naturel qui est de nature dialogique ;
- pas de déduction ou preuve qui rendraient les conclusions contraignantes, mais des arguments qui renforcent ou affaiblissent des propositions soumises au jugement de l’auditoire.
24Ajouter un 3ème champ ? Celui de la rationalité physico-expérimentale.
Questions
25– Dans quelle mesure les sciences recourent-elles à l’argumentation et à la rhétorique ? Dans et pour leur communication, diffusion, action technique, politique… ? Ou font-elles elles aussi aujourd’hui partie du champ de l’argumentation et de la persuasion, et non plus de celui de la certitude ?
26– Quelle influence ce recours à l’argumentation (externe, interne) a-t-il sur leur activité proprement scientifique (déductive, expérimentale) ? Les deux domaines sont-ils aisément distinguables ? Question de l’impartialité de la science.
27– Croire et savoir : où passe la limite ? Tout savoir n’est-il pas croyance et exercice de persuasion voire de pouvoir dans un contexte social donné ? La science, un pouvoir social comme les autres plus ou moins puissant relativement aux autres (financier, industriel…) ?
Notes de bas de page
1 A la date de la séance du 4 octobre 2012, ces vidéos pouvaient être consultées aux adresses suivantes :
video 1 : http://www.canal-u.tv/video/cerimes/representations_prehistoriques_images_du_sens_marcel_otte_et_laurence_remacle.4781.
video 2 : http://www.youtube.com/watch?v=vZPbMOjBrXY.
video 3 : http://www.canal-u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs/qu_est_ce_que_la_vie.880.
2 Voir Paul Feyerabend, Contre la méthode,
3 Aubenque P., Le problème de l’être chez Aristote, Paris, PUF, 1962.
4 Voir Grize J.-B., De la logique à l’argumentation, Genève, Librairie Droz, 1982.
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