Musique et inertie disciplinaire en géographie
p. 53-71
Résumés
Les nombreux travaux reliant musique et géographie n’empêchent pas nombre d’universitaires, et autres, de s’étonner d’un tel sujet. En constatant dans un premier temps que la justification est démesurée dans ces travaux, nous avons supposé qu’elle était aussi responsable d’une forme d’inertie. Nous avons alors exploré les structures objectives de cette justification, c’est-à-dire la façon dont elle se présente dans les textes, et subjective, qui correspond aux liens supposés optimaux entre ses formes et états objectifs. Cette épistémocritique nous permet de lire les décalages et les incohérences de cette entreprise justificative. L’impact de la justification nourrit une représentation collective qui isole la musique du reste de la discipline. Nous voyons ici le principal moteur d’une inertie disciplinaire propre au traitement géographique de la musique. Les allers-retours objet-sujet sont relativement absents de la démarche et rebondissent contre les parois d’un sous-courant disciplinaire bien fermé.
Numerous works have already dealt with music and geography. However, many researchers and most usually the public are still surprised by such a topic. We noticed that justification discourses are very present in geographers’ work on music and we suggested that this over-justification was responsible for a sort of scientific inertia. In order to prove this, we explore its objective (1) and subjective (2) structures, which we define as 1/ the way it appears in the text 2/ the link between its objective forms and expressions. This “epistemocritical” approach allows us to show gaps and incoherencies in this justification. Its impact feeds a collective representation which isolates music from geography as a discipline. Here, we can identify the main motor of disciplinary inertia. Comings and goings between object and subject are relatively absent of the justification that bounces against the walls of a disciplinary sub-field that is (too) closed.
Texte intégral
Introduction : origines de la recherche
1À la base de cette recherche se trouvent les points d’achoppement identifiés dans le parcours d’un étudiant en géographie souhaitant aborder la musique comme objet d’étude. Initiée donc à partir d’une expérience personnelle, elle s’émancipe ensuite à une préoccupation récurrente dans les géographies de la musique : le besoin d’identifier et de dépasser ces blocages.
2Alors que j’étais élève en Master 1, il m’a fallu choisir un sujet qui devait me suivre deux ans au moins, cinq ou six ans s’il convenait pour une thèse de doctorat ; ce qui fut donc le cas (Canova, 2012). En suivant les conseils d’Hervé Gumuchian1 : « Un domaine d’étude préférentiel, un territoire de référence, un sujet qui te tient à cœur… », pour moi l’équation s’écrivit de manière spontanée : géographie culturelle + Andalousie + musique = approche socio-territoriale du flamenco. Je me suis alors dirigé vers Olivier Soubeyran2 qui accueillit avec enthousiasme le sujet et son étudiant. Mais, ce fut au moment de rendre « public » le sujet qu’apparurent les problèmes. D’abord, au sein de ma promotion de l’époque3. Entre collègues, l’annonce fît principalement sourire et parois même rire. Les sujets des autres élèves tournaient autour de l’urbanisme, du foncier, de l’agriculture et de l’identité montagnarde principalement. Ensuite, en classe comme lors d’entretiens individuels, les professeurs de l’établissement reçurent ma proposition de façon très mitigée : alors que certains voyaient tout de suite les possibilités de traitement, d’autre affichaient un étonnement clair, suivit de quelques : « vous devriez choisir quelque chose de plus professionnel (sic !) » ou d’autre : « non, je ne vois vraiment pas ». Enfin, à l’extérieur du monde universitaire, l’étonnement se fit plus intense : « La musique ! Mais tu ne faisais pas géographie ? » Une question émergeait alors de ce ressenti : les géographes peuvent-ils travailler sur la musique ? Et si oui, comment ?
3Cette réaction de mon entourage professionnel et personnel me poussa donc à élaborer rapidement une stratégie de justification de la pertinence du sujet. Un premier travail exploratoire faisait état d’un faible traitement de l’objet, traduit par la rareté des travaux sur le sujet et leur relative dispersion, alors que j’avais l’impression que les faits de culture commençaient à être bien traités en géographie. Ce fut donc un objet à la fois peu accepté et relativement jeune par son arrivée « tardive » dans la discipline qui asuscité mon interrogation. Puis, puisque des ouvertures semblaient pointer du côté anglophone, c’est un relatif éloignement des publications qui limita mes recherches. Un double problème se présentait : l’urgence de l’élaboration d’un discours justificatif et les faiblesses des moyens me permettant d’y répondre. À cela s’ajouta la nécessité de prendre en compte le corpus anglophone en plus des travaux hispanophones (pour aborder le flamenco), avec toutes les difficultés que cela implique. Ces éléments considérés comme constitutifs d’un blocage vis-à-vis de la discipline géographique ont donc largement orienté mon questionnement.
4Le premier élément à mettre en avant est le fait que les problèmes rencontrés individuellement le furent aussi collectivement. Comme le souligne George Carney à propos de Peter Nash, le problème de l’étonnement fut également constaté pour des géographes déjà « institutionnalisés » : « Nash’s “music regions and regional music”4 paper cause great deal of comments »5, nous dit-il à propos du « premier travail présenté publiquement sur le sujet », selon lui. Voici ce qu’en dit Nash lui-même, interviewé par Carney :
«I was skeptical about the reception it might receive on the part of my colleagues because its content were quite untraditional. However, it must have hit a responsive chord with my oriental colleagues, who were quite surprised that an American geographer (especially one primarily concerned whit city planning) should investigate a “humanistic” phenomenon such as music6.»
5Face à ce constat, se dévoile une justification récurrente dans les textes. Dès les premiers travaux, la nécessité de devoir justifier le sujet face à l’étonnement d’un côté et à son faible traitement de l’autre est affirmée. Cette démarche reste alors bien présente dans les textes malgré les efforts successifs de diversification, de structuration et d’affirmation d’une mise en cohérence. Ce paradoxe débouche alors sur ce que nous-mêmes (géographes travaillant sur la musique) identifions comme les blocages de notre « sous-courant ». Il a fait l’objet d’une analyse de ma part portée sur l’herméneutique d’un corpus d’environ 150 articles et ouvrages spécialisés, dans leur réponse à ces problèmes.
6« Que veut montrer l’entreprise de justification ? Comment s’y prend-elle ? En quoi ne réussit-elle pas toujours ? Pourquoi se répète-t-elle ? Dans quelle mesure aurait-elle des impacts sur ce que nous voulons montrer ? Sur ce que nous entreprenons ? Et donc, quels effets pervers a-t-elle impliqué ? », sont les questions que je soulève ici.
7L’hypothèse testée propose qu’il y ait des impacts négatifs de l’affirmation de la musique comme objet géographique. D’abord, du fait que l’identification et l’explication des blocages puissent constituer une réaction à l’étonnement et au constat d’un « retard anormal » dans le traitement. Ensuite, du fait que la production de cette affirmation tende à se faire par et pour les géographes impliqués dans la démarche ; le récepteur de ces réponses étant souvent le même collectif énonciateur.
8Pour tenter d’y répondre, nous nous arrêterons sur les formes et la structure de la justification en mettant l’accent sur quelques effets contreproductifs. En comparant ces deux structures, nous verrons que l’épistémocritique de l’entreprise justificative permet de détecter des décalages et incohérences à l’origine d’une forme d’inertie disciplinaire.
Musique, espace, lieu et territoire : une géographie de la justification ?
9L’idée d’une analyse systémique de la structure justificative part de l’hypothèse que la forme ait des impacts sur le fond. La manière d’affirmer la pertinence du sujet influencerait son traitement. S’il n’était pas réaliste de reprendre ici les « ordres de grandeur » de Boltanski et Thévenot (1991)7, nous avons tenté de lire la forme que prend la justification en synthétisant les propositions justificatives identifiées. Elles sont regroupées sémantiquement sous deux « états », puis quatre « formes ». Un état correspond à la manière d’être de la justification, à sa situation dans les textes, ses caractéristiques respectives étant considérées comme un ensemble. Une forme décrira quant à elle l’apparence que prend la démarche justificative et son mode d’expression. Chez un auteur, dans un texte, la justification ne peut être que sous un état à la fois, mais prendre plusieurs formes.
10Voici les deux états qui ont été repérés :
11L’état « postulé » : la justification à l’état postulé apparaît comme une vérité non développée. Elle ne fait pas l’objet d’une annonce et s’inscrit dans le texte de manière linéaire, en cohérence avec l’analyse du phénomène musical. Cette justification se traduit par des faits, des citations, des constats, …, qui appuient ponctuellement la démonstration. Elle arbore un étalement diffus et se précise sur des objets concrets. Exemple : « in the case of special summer music events the geographical environment is an essential aspect of this phenomenon. [it] can enrich our understanding of how regional variations in cultural activities are related to other sectors of the social and economic fabric of society »8. Pour citer quelques auteurs emblématiques : Lary Ford ; Sara Cohen ; Lily Kong ; Nichola Wood, Michelle Duffy & Susan Smith ; ou encore Keith Halfacree & Robert Kitchin. Leurs textes proposent d’appuyer la pertinence de la démarche sans faire a priori le constat de l’existence des blocages, offrant ainsi une justification à l’état brut. La plupart d’entre eux montrent l’intérêt de travailler sur le lien entre musique et géographie parce que l’on constate les effets de la musique sur la société : « […] music from a specific area can convey images of place […] music can serve as useful primary material to understand the character and identity of place […] music is also a medium through which people convey their environmental experience […] In other words, it is integrally a part of our public and private lives9. » C’est moins la géographicité de l’objet qui est avancée, que son potentiel socio-spatial. Même si les concepts forts de la géographie sont mobilisés, la question disciplinaire est reléguée au second plan : « There is little doubt that music can provide information on places, contributing to peoples understanding of cultural and physical landscapes. Popular music, like film and television, helps construct “images of places that we have not immediately experienced” (West and Kearsley, 1991, 20) »10.
12L’état « construit » : ici, la justification a fait l’objet d’une démonstration au préalable qui explique sa présence. Elle est l’objet d’une partie bien identifiable dans le texte, voire l’objet principal du texte (Nash & Carney, 1996 ; Romagnan, 2000). Cette justification accuse un retour réflexif sur l’objet traité dans une tentative de démonstration affirmée et détachée de l’étude en soi. Il n’y a pas de relation dialectique entre analyse et justification, sauf lorsque cette dernière est un moyen utile d’introduire la recherche. Cela se traduit principalement par la construction d’un raisonnement spécifique. Exemple : « [T]his paper begins to place the study of popular music more prominently on the geographical agenda by reference to the way in which place, both in imagination (virtual) and on the ground (material), mediates the production and consumption of popular music11. » George Carney ; Susan Smith ; John Connell & Chris Gibson ; Andrew Leyshon, David Matless & George Revill ; Jacques Lévy ; JeanMarie Romagnan ; Claire Guiu ; sont parmi les auteurs qui « construisent » le plus leur justification. La question disciplinaire est primordiale dans leurs approches et c’est la géographicité de la musique qui est particulièrement mise en exergue : « Music, another aspect of popular culture, holds numerous possibilities for geographic study12. » Le lien entre ces auteurs est nécessairement plus fort du fait de la mobilisation respective des travaux d’épistémologie. « The Margaritaville phenomenon clearly supports Tuan’s contention that geographers need to recognize the role of language in the “process of place making”, and that “mere words”, in this case, songs, “can call place into being” (Tuan 1991, 691). It also underscores Kong’s assertion that music contributed to the social construction of place and that geographers should consider the many ways in which sound shapes spatial perceptions. »13
13À l’image d’autres ressources, la matière première de notre analyse se trouve à l’état brut ou à l’état épuré. Il est peu concevable que des textes puissent proposer les deux états de justification, l’un légitimant ponctuellement le sujet sans lien avec l’argument principal, l’autre étant l’objet d’une introduction puis d’une démonstration. On peut considérer que les états de la justification s’inscrivent sur un axe dont les extrémités tendent chacune vers l’un des deux états. On balance ainsi de la justification de l’évidence à la justification par la démonstration. Nous pouvons déjà supposer que l’état construit ait des impacts plus forts sur l’objet, puisqu’à l’intérieur de la justification, il est un regard direct porté sur lui. Nous allons y revenir en opérant un croisement avec les formes justificatives.
14Nous identifions quatre formes mutuellement non exclusives de justification. Avec elles, nous dépassons la simple observation pour expliquer la façon dont la justification module la conception de l’objet et conditionne son traitement géographique. Chaque forme aura tendance à montrer comment le regard géographique porté sur la musique la déforme et la reforme, entraînant la discipline vers des modes de lecture particularistes.
15Une première forme est qualifiée de « proposante ». La justification l’adopte lorsqu’elle propose un temps particulier de regard sur l’objet, privilégiant souvent la réflexivité. On la retrouve plus souvent à l’état construit, puisqu’elle implique le lien discipline-objet. Elle peut aussi être présente à l’état brut, lorsque, plutôt que de montrer la pertinence de sa place au sein des sciences géographiques, on se contente d’en montrer la spatialité par exemple. Avec cette forme de justification, les auteurs proposent souvent des pistes d’explication des blocages, montrant parfois des issues possibles. Ils font état des généralités sur le rôle de l’art dans le fonctionnement sociétal (Bujic, 1993 ; Raibaud, 2005), sur la place grandissante qu’y occupe la musique (Connel & Gibson, 2003 ; Jazeel, 2005) et plus largement sur la dimension sonore avec laquelle le géographe doit savoir composer (Susan Smith, 1994 ; Claire Guiu, 2009). La justification proposante peut être aussi une interpellation de la discipline qui, en passant par l’objet musical, pose la question de l’introduction d’un nouvel objet d’étude (De Gironcourt, 1932 ; Nash, 1968). La difficulté qu’elle pose cette forme est double. D’abord, elle tend vers l’uniformisation de l’explication des blocages, ce qui freine l’arrivée d’idées nouvelles. Ensuite, elle est une occasion de circonscrire les possibilités de traitement à la proposition qui est faite. Elle donne aux auteurs la possibilité de se positionner dans le champ disciplinaire, à l’image par exemple de la proposition de Peter Nash et George Carney (1996) ou d’autres textes programmatiques pour la recherche (par exemple Leyshon et al., 1995). Voici un exemple avec Daryl Byklum : « It is clear that geography is used in popular music in a wide variety of ways […] the distinct geographical nature of music lyrics gives rise to many geographical questions. It is entirely possible to add popular music to the long list of topics that deserve the time and attention of geographers. In a culture bombarded by musical stimuli, geographers need to assess the impact that perception can have on the interaction of the human and their environment. Hopefully, our perspective can be broadened to look a music in a new light, one that is useful as well as enjoyable in the continuing pursuit of understanding human culture. »14
16Une seconde forme, appelée « répondante », précise la justification comme réponse à l’étonnement et/ou à l’arrivée tardive de la musique en géographie. Les problématiques s’orientent en fonction d’éléments constatés ou postulés que l’on interroge. Par exemple : « Why is the geographic contribution so little and so late ? »15. Comme nous l’avancions dans la lecture d’une transition entre étonnement externe et étonnement interne, les réponses s’organisent le plus souvent de manière indirecte, c’est-à-dire sans répondre à la question initiale. Elles le font en démontrant la pertinence du sujet : « pourquoi…, alors que… ? ». Même si sémantiquement, il peut y avoir un inversement : « Classical music is recognizably part of cultural geography and carried both aesthetic and demographic import […] Opera is a particular art form that is space dependant and as such has attributes identifiable with diverse societies. This convergence of art and geography is realistic in its existence but embryonic in consideration »16. Nous pouvons voir s’opérer un glissement par lequel, en partant d’un problème interne à la discipline, l’on se contente de répondre par les spécificités de l’objet. Là où on pouvait s’attendre à des éléments sur ce qui fonde l’inertie disciplinaire face à la musique, ce sont des méthodes de contournement, des chemins extradisciplinaires qui sont utilisés. Cette sortie du champ de la géographie amenuise les chances d’autoréflexivité. Bien que moins systématiquement que pour la forme proposante, cette justification se retrouve souvent à l’état construit, notamment chez Bowen (1997), Romagnan (2000), Connell & Gibson (2003) ou Guiu (2006)17. Voici quelques mots de Carney qui illustrent cette forme de justification : « music geographers need to follow […] a more aggressive attitude. Notice should be given that cultural geographers, who specialize in music, offer a different perspective to music and that they have a unique contribution to make in understanding music as an element of culture […] After 30 years, it appears that music geography has achieved credibility […] music is a significant surrogate measure of culture and, therefore, is of importance of culture geographers18. »
17Une troisième forme « unifiante » correspond à un effort de construction d’une logique de groupe autour du sujet. La justification revient ici à mobiliser des thématiques et leurs auteurs respectifs, à structurer la recherche par la construction d’un corpus cohérent, voire d’une communauté. Elle participe soit de la constitution de sous-groupes dans la thématique, soit de la cohésion du sous-courant disciplinaire à l’intérieur de la discipline, soit encore d’une structuration disciplinaire face à l’ensemble des sciences sociales. Cette forme qui tend à consolider les deux précédentes apparaît indifféremment à l’état postulé et construit. Elle sert en premier lieu à appuyer une certaine vision de la géographicité de la musique, puis à la valider et à l’entériner par le collectif. Elle peut également déconstruire, immobiliser et invalider des points de vue non partagés. Susan Smith (2000), Ben Anderson (2004), Leyshon, Matless & Revill (1995), par exemple tentent de regrouper les travaux en se positionnant comme leaders ou fédérateurs. Cette forme est très présente dans les numéros spéciaux de revue ou dans les actes de colloque. Si l’on considère que « des colloques, des créations de revues sont des stratégies de contournement pour des chercheurs, qui tentent d’imposer une évolution disciplinaire forte, alors que bien souvent, ils ne sont pas (encore) en position de le faire institutionnellement »19, Waterman (2006) ou encore Guiu (2006), illustrent des exemples de cette forme justificative. Le lien entre celle-ci et l’inertie disciplinaire passe finalement par le primat de l’affirmation sur la démonstration. Cela se produit principalement par la collectivisation du propos : « Through music we celebrate our identities, our allegiances, our heroes, our places and most of all, ourselves »20. La présentation des sous-thèmes se généralise par la référence aux pairs : « There is style a role for geography in understanding the emergence and reception of bands and music genres (cf. Cohen 1991a ; Kruse 1993 ; Street 1993) »21.
18Une dernière forme de justification ouvre l’épistémocritique du sous-courant. Qualifiée d’« ouvrante », elle participe de deux types d’émergences dans les modalités de justification. D’abord, elle correspond à une sortie de la vision géographico-géographique du sujet. Ce faisant, elle relie le rôle que peut jouer le géographe pour l’avancée de la compréhension du phénomène musical et la manière dont la musique peut enrichir la géographie. Ensuite, en mobilisant l’étonnement interne, cette forme justificative atténue la nécessité de légitimation (McLeay, 1997). Bien qu’il n’existe pas à notre connaissance de textes explicites allant dans ce sens, cette forme sous-entend parfois que le cycle justificatif se termine (Jazeel, 2005). À l’instar de Connel & Gibson (2003), qui concluent « music is by nature geographical »22, cette forme fait donc charnière entre la justification et son dépassement par l’analyse. Elle en appelle à la démonstration. Cette dernière est l’occasion de sortir de la perspective disciplinaire pour avancer sur l’interdisciplinarité du sujet : « Since the mid-eighteenth century classical genres have been defined by practitioners and musicologists as a transcendent language of individual self-expression, above concernes of economy, polity and society. Such a definition has its own historical geography, one linked to the rise of the nation-state and bourgeois society (p. 6) »23. Les auteurs de cette justification engendrent souvent sur des propositions pluridisciplinaires (Gibson & Dunbar-Hall, 2000 ; Wood, Duffy & Smith, 2007).
19Avec le tableau no 1, nous dévoilons finalement le lien entre les états et les formes de la justification, proposé au travers d’un barème à quatre échelons (1 ; 2 ; 3 ; 4). Le 1 correspondant à une quasi non-relation ; le 4 à une relation quasi permanente. Outre l’intérêt de synthétiser la proposition de catégorisation, ce classement nous permet de revenir sur les valeurs que nous attribuons subjectivement aux relations qui fondent la structure de la justification.
20Le premier constat que nous faisons, c’est que peu de logique ressort de cette observation. La justification se recoupe ça et là (Smith, 2000 ; Guiu, 2006). Elle s’émancipe d’un côté au pluridisciplinaire chez Connell et Gibson (2003) pour se refermer sur de « l’ultra-géographie » de Lévy (1999). L’entreprise de justification tente l’unification sans pour autant faire émerger de groupe de travail identifiable (Leyshon, Matless & Revill, 1995) et se perd parfois dans des considérations qui s’éloignent beaucoup de la discipline (Fumey, 2009). En fait, dans cette structure de la justification, on peut constater un recoupement quasi permanent entre les états et les formes. Cela revient à montrer qu’il y a bien une représentation démesurée de la justification. Plus, cette récurrence serait à l’origine de l’échec relatif de l’entreprise, puisqu’aucune ligne directrice n’en ressort. La tautologique apparaît, lorsque l’on observe une « figure circulaire qui consiste en la répétition d’une même idée en des termes différents »24. En outre, la production de cette justification tend à se faire par et pour les géographes impliqués dans la démarche. Le récepteur de ces réponses étant souvent le même collectif énonciateur. Cela renvoie au processus d’évacuation de l’étonnement externe. Mais, la faiblesse du lien entre états construits et forme unifiante, légèrement masquée par l’arrivée récente de proposition, montre aussi que le postulat d’un manque de coordination des travaux reste sans doute l’explication majeure de cette absence de logique justificative. Voilà qui expliquerait en partie la reproduction de l’étonnement interne25. Ceci explique alors le paradoxe entre avancée et mise en cohérence des travaux d’un côté et persistance de la justification de l’autre. Le fait que la justification soit surreprésentée et rarement mise en cohérence nous incite à imaginer qu’il y a, inscrit en filigrane dans les textes, une explication possible qui passe par la déformation individuelle ou collective des réponses apportées aux blocages. La rareté de la forme unifiante et le primat des formes proposante et répondante dans la justification construite nous amènent effectivement à penser que l’explication et la résolution des blocages sont les principaux acteurs d’un enfermement disciplinaire de l’objet. Notre hypothèse se développe en imaginant que la reproduction des étonnements externe puis interne en traduit l’échec. Ce ne serait alors pas de manière univoque et linéaire que l’affirmation de la musique comme objet géographique participe à l’inertie disciplinaire, mais ponctuellement et en disharmonie, voire par contradiction. Voilà qui expliquerait que le problème soit si peu soulevé collectivement.
21En complément du tableau no 1, voici une proposition de mise en subjectivité de la structure justificative. Nous proposons un regard sur la pertinence que recèle la justification selon le mode relationnel qu’elle opère entre ses états et ses formes. Nous avons ici évalué la pertinence des textes analysés en fonction du regard que nous y portons pour une démarche globale de mise en application (cf. tableau no 2). Il s’agit de se positionner par rapport à leur contenu, la démarche proposée par les auteurs, la façon dont ils participent à la compréhension globale et à l’avancée du sujet. Cela nous permet de mettre en relief les propositions de justification des travaux que nous choisissons de suivre avec la structure globale de la justification dans l’ensemble des travaux analysés. Ce travail constitue le premier élément de la recherche d’une ouverture musical en géographie, à l’œuvre aujourd’hui. Aussi, il est raisonnable de penser que l’état postulé est plus apte à unifier et à ouvrir, puisqu’il considère la justification sans dépendance aux sentiers sillonnés par le retard et l’étonnement qui gênent aujourd’hui. Face à eux, l’état construit permet de mieux organiser réponses et propositions et va de pair avec les tentatives de démonstration empirique. C’est alors dans leurs liens respectifs aux formes justificatives que se situent les enjeux de positionnement.
22Nous considérons les résultats présentés par ce tableau comme la vérification de notre observation initiale. Il y a bien une surreprésentation de la justification qui s’éloigne des principes qu’elle devrait appliquer. Ces principes (postulat ouvrant et proposition construite en tête), sont ceux que nous remarquons dans les travaux qui allient épistémologie et démonstration.
23En lisant ce tableau, on note d’abord l’insistante présence de l’état construit dans la structure objective. Cette présence est en décalage avec les formes unifiante et ouvrante de la structure subjective. Évidemment, cela aurait pu être admis d’avance que les éléments de déblocage soient principalement issus d’une identification et d’une mise en perspective préalable des problèmes. Mais nous avons vu que la reproduction de l’étonnement rompt avec la logique de démonstration dans ce cas (Canova, 2012). Ensuite, la forme répondante de la justification se présente plus à l’état construit, son apparition sans contextualisation n’ayant que peu de sens. Or, nous voyons que les propositions se font encore sans une bonne prise en compte des avancées épistémologiques. Nous soulevons ici un deuxième paradoxe. Finalement, nous insistons sur la place « négativée » de la forme unifiante dans la structure subjective. Cette forme participerait à l’inertie disciplinaire pour deux raisons : l’affirmation d’un sous-courant disciplinaire et la polarisation des pratiques qui en découle. Nous postulons que la recherche d’un entre-deux serait une solution d’ouverture. Nous insistons donc sur la prise en compte la relation dialectique qui existe entre états et formes de la justification.
24Ceci considéré, il nous faut garder à l’esprit que, comme toute forme de catégorisation, cette analyse pose des problèmes d’exclusion par regroupement. Si ces problèmes ne font pas ici l’objet d’un retour particulier, leur détection et dépassement prend sens dans un travail plus conséquent d’englobement de la justification dans le traitement global de la musique en géographie. Avant de mettre en cause plus spécifiquement les travaux, il faut donc s’assurer du lien réel entre justification et inertie. La démarche d’épistémocritique aura au moins le mérite de mieux nous préparer à faire face à ces problèmes. Nous y venons.
La justification, moteur de l’inertie ?
25Poser un regard sur la structure de la justification nous permet de voir sa surreprésentation, son absence de logique apparente et ses contradictions face aux attentes de l’évolution globale du corpus. Pour autant, il n’est pas si évident que la justification participe à l’inertie constatée. Par le lien qu’ils entretiennent avec la justification et par les incohérences que présente cette dernière, l’étonnement et le refus sont les facteurs premiers de cette inertie. Voyons alors quels sont les points d’accroche qui lient justification et inertie.
26D’abord, la place importante qu’occupe la justification dans les travaux, lorsqu’elle n’en est pas l’objet premier (Carney, 1998 ; Romagnan, 2000), constitue du temps et de l’énergie qui auraient permis d’aborder plus rapidement le versant empirique du sujet. D’un côté, il est possible en effet d’imaginer que la place de la musique en géographie aurait été plus facilement légitimée si le nombre de travaux et leur place dans le corpus scientifique s’étaient développés plus vite et plus tôt. Ainsi, cette légitimation se serait faite « d’elle-même » et n’aurait pas été systématiquement invoquée. Les apports réflexifs auraient certainement été mieux développés. C’est le paradoxe du retard. Ce dernier prend sa source dans l’affirmation d’un retard, et non dans sa réalité. Ce qui joue ici et qui renvoie à l’effet d’inertie, ce sont les modalités d’occultation de certains travaux ; ceux des « inventeurs oubliés » que décrivent Kalaora et Savoye (1989) et dont De Gironcourt (1923) constitue le principal élément.
27Pour révéler le paradoxe du retard, il ne s’agit pas de prendre le contresens d’une épistémologie critique de la discipline, mais bien de pointer les automatismes et la systématisation de la justification. Effectivement, nombre de textes qui lui sont réservés ne sont là qu’à titre indicatif, comme introduction d’un travail tout autre, celui qui analyse l’objet en soi. Ces textes correspondent à une justification répondante à l’état postulé (voir tableau no 2). Ils sont parfois contre-productifs dans le sens où les pistes de recherches qu’ils ouvrent le sont à la hâte (Kuhlken & Sexton, 1991 ; Lee, 1991). Dans cette hypertrophie de la justification, on constate finalement qu’en France, celui qui a incontestablement le plus avancé dans sa lignée de recherche, tant en termes de production que de propositions, est également celui qui a le moins (proportionnellement au nombre de travaux produits) justifié sa démarche par rapport à la discipline. Cela n’empêche pas Yves Raibaud de justifier ponctuellement son analyse et sa recherche dans son heuristicité, comme toute démarche de communication d’un travail scientifique tend à le faire. Raibaud constitue une preuve de la suffisante maturité du sujet dans la géographie contemporaine26. La justification n’est plus une étape obligatoire dans l’ouverture musicale en géographie. La forme ouvrante de la justification devrait donc être postulée et non pas construite, comme c’est pourtant globalement le cas dans le corpus. C’est le premier argument qui nous permet de prétendre que la justification participe d’un enfermement ; d’autant plus actif que le sujet normalise.
28Nous pouvons donc lier inertie et justification parce que cette dernière tend à isoler la musique comme objet spécifique. À construction d’un objet spécifique, traitement spécifique, justification d’une géographie spécifique, et reconstruction d’un objet spécifique. Cette structure cognitive questionne à nouveau l’enfermement du sous-courant disciplinaire. Une fois initiée, cette tautologie est d’autant plus difficile à démanteler qu’elle est produite et « consommée » par les mêmes personnes. On constate en effet que certains travaux, après avoir justifié la pertinence du sujet, annoncent une manière spécifique pour la géographie de travailler sur la musique (Smith, 2000 ; Nash & Carney, 1996). Plus, certains tentent de légitimer leur démarche en utilisant les résultats de leur propre analyse détachée des autres travaux (Carney, 1994 ; Lee, 1991). Bien qu’y participant pleinement, Carney est l’un des rares à avoir posé la question de cette forme justificative : « For many music geographers, music was a ready vehicle to help legitimise the spatial analysis of popular culture and thus broaden the base of cultural geography »27. On constate toutefois qu’il organise ses travaux et son discours autour d’une vision assez réduite. Celle-ci se manifeste par l’auto-construction de la « music geography », dont plusieurs auteurs ont montré les limites (Smith, 2000 ; Connell & Gibson, 2003 ; Guiu, 2009). À l’inverse, la justification pousse parfois à affirmer des généralités qui, dans leur dissection, démontrent l’alimentation progressive d’une forme de tautologie liée à l’affirmation de la pertinence du sujet : « Il y a autant de géographies de la musique qu’il y a de géographies »28. Dans un cas comme dans l’autre, la structure justificative opère un repli sur elle-même. Justification et légitimation n’apparaissent pas liées par des éléments de démonstrations.
29C’est enfin l’affirmation du sous-courant qui implique un lien entre inertie et justification. De la justification à la mobilisation d’auteurs ayant participé à cette justification, en passant par l’autocitation, il tend à se créer petit à petit une communauté de « géographes de la musique » qui n’est pas sans poser le problème que pose tout communautarisme. Avec une accentuation de la fermeture au monde extérieur apparaissent les premières limites du sous-courant. À l’intérieur de cette communauté de géographes, des voix s’élèvent toutefois pour affirmer la pertinence d’une décollectivisation des travaux, comme le montre Carney (1990) au travers de cette citation : « Thus music geographers, like so many in our profession, do not necessarily “hear the same drummer” or “march under the same banner »29. Pourtant, il est lui-même à l’origine d’un leadership. Dans cette reprise d’arguments communs, la justification prend (trop) souvent l’aspect de vérités générales dont le rôle premier est de rappeler au lecteur l’évidence de leur place. « It is a truism to say that geography and aspect of culture do not influence the arts in a simple relationship of cause and effect, yet cultural and artistic manifestations are not phenomena sui generis. The style of whole groups of artworks […] serves also as an indicator of a complex process by which the so-called background of a work of art is transformed to become an integral part of it30. » Cet effort de justification produit par les géographes travaillant sur la musique est également producteur de contre-effets dans le sens où il tend à homogénéiser le discours sur un objet qui affirme pourtant de plus en plus sa complexité. Peut-être pas si éloignés des « cités » de Boltanski et Thévenot (1991), certains idéal-types se retrouvent à la base de la formation de la structure justificative, entraînant alors des référentiels justificatifs multiples. L’inertie se lit dans l’insistance des partisans de la définition d’une géographie spécifique pour appréhender la musique. Voilà qui nous permet de définir le concept de sous-courant disciplinaire comme « l’inclusion infra-disciplinaire d’un objet ».
Conclusion : un parallélisme entre théorie et empirie
30En résumé, l’impact de la justification nourrit une représentation collective des fondements du sous-courant disciplinaire. Ce dernier est peut-être principalement construit par l’entreprise justificative. Celle-ci devient à son tour le principal moteur d’inertie disciplinaire du traitement géographique de la musique. L’hypertrophie de la justification et la pertinence donnée a priori aux travaux « innovants » peuvent être une source d’enfermement. Le moteur de l’inertie se trouverait dans l’affirmation même de l’ouverture possible par l’entrée musicale. Cette affirmation propose de circonscrire le sujet dans un sous-courant disciplinaire, mais elle « pèche » souvent par l’absence de lien à l’empirie (voir figure no 1). Et lorsqu’elle part de l’expérience, l’entreprise de justification n’est capable que de représenter l’objet dans son contexte théorique initial. L’absence de justification ouvrante à l’état postulé et proposante à l’état construit (voir tableau no 2) montre une faiblesse dans la démonstration. Ici, les allers-retours objet-sujet sont relativement absents de la démarche et rebondissent contre les parois d’un sous-courant disciplinaire bien fermé.
31Dit autrement, une « dépendance aux sentiers » s’affirme au travers des tentatives d’institutionnalisation du sujet. Elle explique en partie la récurrence de la justification dans les travaux. Si tel est le cas, la mise à jour de cette potentielle découverte inattendue méritait de faire l’objet d’une vérification. Ce faisant (Canova, 2012), nous avons bouclé le travail réflexif sur la démarche justificative. Les preuves définitives d’une justification actrice de l’inertie disciplinaire se trouvent dans la distorsion entre l’attente des réponses qu’elle apporte et ce que nous interprétons de son expression réelle. Ceci apparaît d’autant plus crédible que les travaux empiriques défait de l’entreprise justificative non seulement se multiplient, mais deviennent chaque fois plus les référents des constructions épistémologiques récentes.
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Notes de bas de page
1 Professeur émérite, Institut de géographie alpine, Université de Grenoble.
2 Professeur de géographie, Institut de géographie alpine, Université de Grenoble.
3 IGA-Grenoble, master 1 recherche « Science du Territoire », mention « Ville, Montagne et Durabilité », année 2004-2005.
4 Nash, 1968.
5 Carney, 1990, p. 35.
6 Carney, 1990, p. 36.
7 Pour faire bref, la comparaison vaut en ce que nous essayerons de catégoriser les référentiels justificatifs. Mais le monde de la géographie musicale n’est pas assez large pour établir ces catégories en fonction de la vaste analyse sociologique que constituent « les économies de la grandeur ».
8 Aldskogius, 1993, p. 70.
9 Kong, 1995a, p. 181 et 195.
10 Macleay, 1995, p. 2.
11 Halfacree, Kitchin, 1996, p. 47.
12 Byklum, 1994, p. 274.
13 Ibid., p. 106
14 Byklum, 1994, p. 278.
15 Carney, 1990.
16 Sternberg, 1998, p. 330 et 335.
17 On notera ici un léger recouvrement entre les travaux anglo-saxons, précurseurs dans la démarche, et les travaux francophones qui ont, pour certains, repris la démarche en ne se souciant pas toujours des liens de complémentarité. Les répétitions que cela entraîne, bien qu’elles puissent avoir leur utilité, peuvent également être perçues comme contre-productives (cf. Romagnan, 2000 ; Guiu, 2006).
18 Carney, 1998, p. 6.
19 Soubeyran, 2009, p. 186.
20 Lehr, Bartlett, Tabvahtah, 2006, p. 79.
21 Halfacree, Kitchin, 1996, p. 47.
22 Connell, Gibson, 2003a, p. 280.
23 Leyshon et al., 1998, p. 6, cité par Jazeel, 2005, p. 237
24 Soubeyran, 2009, p. 126.
25 Rappelons que la logique de reproduction de l’étonnement externe participe aussi à la reproduction de l’étonnement interne, puisque leur lien peut être systématisé (Canova, 2012).
26 Raibaud, 2005 et 2009a.
27 Carney, 1990, p. 41.
28 Guiu, 2009, p. 56.
29 Carney, 1990, p. 41.
30 Bujic, 1993, p. 117-118.
Auteur
UMR PACTE canovanicolas@yahoo.fr
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