L’origine des mots-oreillers (makura-kotoba)
p. 433-442
Texte intégral
1Les makura-kotoba (littéralement « mots-oreillers ») ont fait l’objet de nombreux débats entre les spécialistes. Ils ont été longtemps perçus comme une simple figure de rhétorique. Cependant, si l’on remonte au début de l’histoire de la poésie japonaise (waka), on comprend que leur existence ne peut se résumer à la dimension rhétorique. À cette étape originelle, la relation entre le makura-kotoba et le nom auquel il se rapporte peut être qualifiée d’« initiatrice1 ». Mais cette relation évolue vers un lien de nature métaphorique dans les poèmes du Man’yôshû, notamment à partir de Hitomaro (660-720). On peut résumer ce phénomène en disant que le fonctionnement des makura-kotoba a évolué à partir de la première période du Man’yôshû pour se constituer finalement comme un procédé rhétorique, fonction qu’il conservera dans les waka des époques suivantes. Cependant, je ne vais pas développer ici l’évolution des makura-kotoba dans l’histoire de la poésie japonaise. Mon propos sera plutôt de vérifier quelques hypothèses concernant les particularités des makura-kotoba en tant que moyen d’expression poétique, et la manière dont ils étaient employés dans les premiers moments de leur histoire.
Morphologie des makura-kotoba
2Parmi de nombreuses tentatives visant à classifier les makura-kotoba, on ne peut ignorer celle de Tsuchihashi Yutaka2. Celui-ci distingue :
- les makura-kotoba portant sur des noms propres (toponymes, patronymes ou encore noms de divinités)
- les makura-kotoba portant sur des noms communs
- les makura-kotoba portant sur des mots variables (mots verbaux et mots de qualité)
3Cette classification se base sur la nature du mot déterminé par le makura-kotoba. Les deux points importants de l’analyse de Tsuchihashi sont les suivants :
- Premièrement, il montre que dans le Kojiki (Recueil des faits anciens) et le Nihonshoki (Annales du Japon), plus de la moitié des makura-kotoba détermine des noms propres, que ceux qui déterminent des noms communs sont moins nombreux, et enfin que ceux qui déterminent des mots variables sont en infime quantité.
- Deuxièmement, il montre que, dans le Man’yôshû, cette partition se trouve fortement modifiée à la faveur des makura-kotoba qui déterminent des noms communs. Non seulement cette catégorie est dominante, mais de surcroît les makura-kotoba déterminant des mots variables sont également plus nombreux.
4Dans ses conclusions, Tsuchihashi écrit : « Les makura-kotoba de l’Antiquité ont pour principale fonction de glorifier certains noms propres (noms de lieux ou de divinités), et leur relation avec les mots auxquels ils se rapportent est basée sur un lien prélogique ou initiateur3. » Il touche ici, à notre avis, le caractère primitif des makura-kotoba.
5Les particularités que nous avons mentionnées ci-dessus constituent un phénomène de la langue que la logique grammaticale seule ne peut appréhender dans toute sa complexité.
Hanaguhashi sakura 花妙し 桜 (Nihonshoki, no 674)
Les merveilleuses fleurs de cerisier
6[Le mot-oreiller est ici hanaguhashi, qui a le sens de « belles, magnifiques, etc. »]5
Minasokohu ominootome 水底ふ臣の嬢子 (Nihonshoki, no 44)
7[Ici, le mot-oreiller minasokohu signifie littéralement « les poissons qui sont au fond de l’eau. Le lien entre ce mot et le suivant, ominootome, « une jeune fille de bonne famille », est purement phonétique. Un poisson se dit uo, son que l’on retrouve dans minasokohu ominootome.]
Momotarazu yasobanoki 百足らず 八十葉の木 (Nihonshoki, no 53)
8[Le mot-oreiller est momotarazu, « moins de cent ». Il porte sur yaso, « quatre-vingt ». Le mot yasobanoki signifie « un arbre qui porte beaucoup de feuilles ».]
9Dans ces exemples, les makura-kotoba eux-mêmes sont des mots variables. On peut remarquer qu’ils ne sont pas de simples éléments déterminants. Si c’était le cas, ils devraient prendre une terminaison à la forme déterminante (rentai-kei), alors qu’ils présentent une terminaison de forme conclusive (shûshi-kei). En suivant le raisonnement de Tsuchihashi, on peut admettre que ces makura-kotoba comprennent par conséquent une nuance assertive ou exclamative.
10Les exemples précédents ont montré qu’il n’existe pas de relation proprement syntaxique entre le makura-kotoba et le mot qui le suit, mais uniquement un lien de juxtaposition. C’est également ce que montrent les exemples suivants, configurés par une succession de deux noms.
Umasake miwa 味酒 三輪 (Nihonshoki, no 16)
11[Le mot-oreiller uma-sake, « le bon sake » porte sur miwa, un toponyme de la préfecture de Nara. Le mot miwa signifie peut-être, à l’origine, « le sake dédié aux dieux ».]
Akizushima Yamato あきづ島 大和 (Nihonshoki, no 62)
12[Le mot-oreiller Aki-zu-shima, « l’île d’automne » (un des noms du Japon ; l’« automne » parce que c’est la saison de la récolte du riz), porte sur Yamato, le nom donné au Japon à partir de Nara, et dont la graphie 大和 « grande harmonie » fut fixée sous le règne de l’empereur Genmei (r. 707-715).]
Komomakura Takahashi 薦枕 高橋 (Nihonshoki, no 94)
13[Le mot-oreiller komo-makura, « un oreiller en paille », porte sur takahashi, un toponyme qui signifie « le pont haut ». Un oreiller en paille est un peu plus haut que les autres sortes d’oreiller, d’où la comparaison qui fonde la relation entre les deux mots.]
14En outre, comme le montrent les exemples suivants, on trouve des phrases où l’emploi du makura-kotoba est soit isolé, soit associé avec la particule yoshi ou avec les enclitiques o et no. On pourrait multiplier les exemples de ce type d’emplois, par exemple en association avec les particules exclamatives ya, yo, zo, etc. À travers tous ces exemples, on voit que le makura-kotoba peut nouer un lien grammatical avec le mot qui le suit, mais que ce lien n’est pas toujours nécessaire6.
Yahoniyoshi ikizukinomiya 八百丹よし い杵築の宮 (Kojiki, no 100)
15[Le mot-oreiller Yaho-ni-yoshi, « huit-cents parcelles de terre (beaucoup de terrain) » (yoshi est un exclamatif), porte sur le mot composé kizuki, « sorti de terre avec un bâton ». Le mot ikizukinomiya se décompose ainsi : la voyelle i est un préfixe dont la fonction est purement rythmique, ki, de kine, désigne le bâton avec lequel on frappe un sol argileux pour le rendre meuble, zuki signifie « construire », et miya, « le palais impérial ».]
Umasake miwanoyama 味酒 三輪の山 (Nihonshoki, no 167)
16[Le mot-oreiller uma-sake, « le bon sake », porte sur le mot miwa, toponyme. Il s’agit ici du « mont » (山) Miwa.]
Umasakeo miwanohahuri 味酒を 三輪の祝 (Man’yôshû, 4-712)
17[Le mot-oreiller Uma-sake-o, « le bon sake », porte sur le mot composé miwa-no-hahuri, « le culte de Miwa » (Le poème, traduit par Nakanishi Susumu, exprime le sens suivant : « Je crois que j’ai commis une faute en touchant le cyprès du culte de Miwa, c’est pour cela que je ne peux te voir.)]
Umasakeno miwanoyama 味酒の 三諸の山 (Man’yôshû, 11-2512)
18[Le mot-oreiller Uma-sake-no, « le bon sake », porte sur le mot composé miwa-no-yama, « le Mont Miwa ». En comparant ce poème avec le précédent (Umasakeo miwanohahuri 味酒を 三輪の祝), on observe que le deuxième kanji de Miwa est différent. Par ailleurs, on trouve ici umasakeno au lieu de umasakeo. Les éditeurs du Shôgakukan expliquent que, dans cette dernière expression, le suffixe o est exclamatif.]
19Par ailleurs, l’examen du Man’yôshû permet de conclure que la structure du makura-kotoba, souvent formée par la combinaison d’un nom suivi de l’enclitique no, peut être considérée comme une « forme nominale ».
20Ce type de morphologie et d’utilisation des makura-kotoba constitue la majeure partie des exemples que l’on peut trouver dans les chants de l’Antiquité (kayô). Nous pouvons y voir que la plupart de ces makura-kotoba sont indépendants par rapport au mot qui les suit et fonctionnent comme des expressions ou des locutions sémantiquement autonomes et grammaticalement achevées.
Les différentes fonctions des makura-kotoba
21Si l’on considère que le makura-kotoba est une expression autonome, associée au mot qui la suit dans un rapport particulier, on peut se demander quelle est la nature du principe qui préside à cette association. Les recherches antérieures ont dégagé trois types principaux d’enchaînements :
- L’enchaînement par relation sémantique
- L’enchaînement phonique via un mot-pivot (kake-kotoba)
- L’enchaînement phonique par répétition du même son
- L’enchaînement phonique via un mot-pivot (kake-kotoba)
22Nous devons cette classification à Sakaida Shirô8. Si plusieurs spécialistes ont, depuis la publication des travaux de Sakaida, apporté quelques corrections à sa thèse, ils s’accordent néanmoins sur l’idée que le lien entre le makura-kotoba et son référé procède d’un enchaînement d’ordre sémantique et/ou phonique. Cette manière de présenter les choses pourra donner l’impression que l’on simplifie à l’extrême les différents aspects des makura-kotoba, voire même que l’on ôte tout relief à leur existence. Mais je pense au contraire que ces questions touchent à l’essence même de la fonction qu’ils remplissent.
23La question est de savoir si cette distinction entre les aspects sémantique et phonique est pertinente. On suppose, en effet, qu’à un stade antérieur de la langue, le son et le sens des makura-kotoba étaient plus étroitement liés.
a. Hashitate no kurahashiyama 梯立の 倉椅山 (Kojiki, no 70)
24[Le mot-oreiller hashi-tate-no, signifie soit « une échelle » soit « dresser une échelle ». Il porte sur le mot kura, qui désigne un bâtiment dans lequel on stockait des aliments, des objets, et parfois même des trésors de famille. On dressait autrefois une échelle pour accéder au haut du bâtiment, qui était construit tout en hauteur. Kurahashiyama désigne le « Mont Kurahashi » qui se trouve dans la préfecture de Nara.]
b. Yakumotatsu izumo 八雲立つ 出雲 (Kojiki, no 1)
25[Le mot-oreiller Ya-kumo-tatsu, « Huit nuages qui s’élèvent », porte sur le mot composé izumo, « des nuages qui se forment ». La région d’Izumo est considérée comme le berceau du shintô. Il s’agit en tout cas d’un toponyme qui désigne l’actuelle Shimane (au nord de Hiroshima).]
26La première citation peut s’interpréter de deux manières différentes : soit comme un jeu sur l’homonymie entre « dresser une échelle » (hashi o tateru) et « l’échelle du grenier » (kura no hashi), soit comme une allusion au divin, puisque hashidate, qui désigne une structure architecturale composée de poutres croisées soutenant le faîtage, peut aussi évoquer le « grenier » (kura), dans le sens du « bâtiment » où est vénérée la divinité9. Quoi qu’il en soit, il s’agit dans les deux cas d’un enchaînement basé sur la synonymie ou la proximité sémantique des termes. Cependant, il est également vrai que cette relation s’appuie sur l’homophonie de l’élément hashi contenu dans les mots hashitate et kurahashi.
27De même, dans l’exemple b, on trouve un enchaînement basé sur la proximité sémantique jouant sur l’étymologie du toponyme Izumo, signifiant littéralement « les nuages qui apparaissent », un sens auquel renvoie le makura-kotoba qui le précède et qui signifie « une accumulation de nuages ». Dans le même temps, la répétition du son mo dans yakumo et izumo joue aussi pleinement.
28Saigô Nobutsuna10 a insisté sur le fait que ces effets phoniques entre le makura-kotoba et le mot auquel il se réfère sont un héritage de la transmission orale qui a précédé la rédaction écrite. Selon lui, on peut définir ce type de procédé comme une « technique poétique orale qui s’adapte instantanément à un contexte donné », et c’est au croisement de cette technique avec le makura kotoba, lequel « a pour fonction de compléter les trois premiers vers du poème dans un système métrique basé sur un rythme en 5 et 7 syllabes », que se découvre l’aspect libre et imprévisible de la correspondance entre le makura kotoba et le mot auquel il se réfère. C’est également là que se produit le phénomène mystérieux qui naît de la fonction du makura-kotoba : une fusion arbitraire entre le sens et la sonorité des mots.
29Cette théorie de Saigô était novatrice dans le sens où elle expliquait par la phonologie et l’étude de la langue orale la technique des makura kotoba, reliant des termes que la logique grammaticale courante ne pouvait rapprocher. On ne saurait pour autant enfermer ce « mystérieux effet » dans une énigme sans solution. L’aspect « mystérieux » de ces « libres correspondances », dans l’esprit de Saigô, ne concernait certainement quelque association confuse entre le makura-kotoba et son référé. Il faut plutôt considérer que cette « sémantique de la sonorité » peut constituer un axe de réflexion sur le langage poétique à l’époque où les poèmes ne s’écrivaient pas encore, et par conséquent, sur les techniques de la langue orale. Tsuchihashi a écrit que « la relation initiatrice entre l’objet de la réalité et la sonorité du mot qui le désigne11 » s’observe notamment dans les formes les plus anciennes de l’écrit. Il veut dire par là que, dans l’antique langue parlée, l’homophonie ou proximité phonétique induisent des similitudes, des correspondances et des enchaînements entre les mots du point de vue sémantique, mais aussi (et là il se place du point de vue ethnologique) une identité entre l’objet substantiel et le mot qui le désigne.
30Cependant, on ne saurait bien sûr expliquer toute la complexité des rapports qui unissent le makura-kotoba à son référé uniquement à l’aide d’éléments phonétiques. Les exemples où le lien établi n’est pas de nature phonétique sont du reste les plus nombreux.
Ama-damu karuno-otome 天飛む 軽の嬢子 (Kojiki, no 83)
31[Le mot-oreiller ama-damu, « voler dans le ciel », porte sur le mot karu, nom personnel dont la sonorité évoque kari, « une oie sauvage ». Le poème s’adresse à une jeune fille dénommée Karu. Le mot-oreiller n’est pas traduit dans les versions que nous avons consultées12.]
Chibano kazuno 千葉の 葛野 (Kojiki, no 41)
32[Le mot-oreiller chibano, « mille feuilles » (euphémisme pour désigner le lierre), porte sur le mot kazu (en japonais moderne kuzu), « le lierre ». L’expression Kuzuno est un toponyme qui désigne les environs de l’actuelle Arashiyama.]
33Qui plus est, c’est justement à partir de ce genre d’exemples, où les liens entre les mots ne relèvent pas directement de points communs ou de similitudes, que l’on peut dégager les particularités du makura-kotoba par rapport au jo-kotoba (mot d’introduction13). Les jo-kotoba consistant à relier des éléments de description de paysage (keibutsu) à ceux qui expriment des sentiments (chinshi), il est logique de trouver entre ces deux éléments un troisième terme qui permette de les combiner, et que ce terme combinatoire comporte une dimension plurisémantique. Au contraire, les exemples de makura-kotoba que nous avons donné ci-dessus, et notamment ceux qui correspondent à la catégorie 1 (enchaînement par relation sémantique), représentent « une forme d’enchaînement propre aux makura-kotoba et qui n’a pas d’équivalent parmi les jo-kotoba », puisque ces derniers nécessitent un mot servant à faire la transition au contraire du makura-kotoba14.
34En outre, le mécanisme du jo-kotoba est basé sur la correspondance entre le paysage extérieur et le sentiment intérieur, ce qui n’est pas le cas des makura-kotoba. Dans le cas où ils se composent d’un mot variable, ces derniers servent une correspondance centrée uniquement sur l’expression subjective et émotionnelle :
Mitsumitsushi kume no ko みつみつし 久米の子 (Kojiki, no 10)
35[Le mot-oreiller mitsumitsushi, « courageux, vaillant », porte sur le mot Kume, un nom personnel. Ko désigne un enfant, d’où le sens littéral : « un enfant du clan Kume ». L’expression signifie littéralement « un courageux “soldat” du clan Kume ».]
Kaguwashi hanatachibana 香妙し 花橘 (Kojiki, no 43)
36[Le mot-oreiller Kaguwashi, « odeur exquise », porte sur le mot hana-tachibana, « les orangers en fleur ». L’expression signifie littéralement « les odoriférants orangers en fleur ».]
37Quand ils se construisent à travers un enchaînement nominal, ils tendent à donner une description objective de la réalité :
Komorikuno hatsuse こもりくの 泊瀬 (Kojiki, no 89 et 9015)
38[Le mot-oreiller komoriku no désigne un endroit clos. Il porte sur le mot Hatsuse, toponyme de la région de Nara.]
Ariginuno mihenoko 蚕衣の 三重の子 (Kojiki, no 100)
39[Le mot-oreiller ariginu-no semble avoir plusieurs sens : « s’habiller, porter des vêtements », « vêtement de soie », ou « garde-robe (sous-entendu : assez pauvre). Il porte sur le toponyme Mihe. Par la graphie aussi bien que par les sonorités, Mihe signifie « trois couches superposées ». ]
40Entre ces deux types de procédés, le point commun – qui transparaît d’ailleurs dans les accents magiques ou religieux de la seconde série d’exemples – réside dans la marque d’une expression de caractère élogieux. En tout cas, contrairement au jo-kotoba, le fonctionnement du makura-kotoba n’est pas une structure mettant simplement en parallèle la réalité décrite et les sentiments.
41Ainsi, nous pouvons constater que les associations d’images, d’idées, ou autres transitions basées sur la synonymie, sont typiques des procédés mis en œuvre par les makura-kotoba. Autrement dit, ces derniers avaient pour fonction d’identifier une réalité (apparaissant sous la forme d’un nom propre dans le poème) et de la glorifier à l’aide d’un mot évoquant des sentiments qui s’y rattachent. On peut penser que l’héritage de la langue orale se situe dans le fait que cette association de sentiments se manifeste souvent sous la forme d’un jeu de mots de nature phonique. En fait, le stade le plus ancien d’une langue centrée sur l’oralité est caractérisé par la confusion ou l’absence de dissociation entre la phonétique et la sémantique. On peut ainsi voir le caractère fondateur du phénomène de langage que représente le makura-kotoba dans ce qu’il nous présente une réalité (le nom propre) par le biais d’une expression glorificatrice à valeur magique (le makura-kotoba). Cette logique pourrait être résumée par la formule « X est une application de x » ou « x X ».
Notes de bas de page
1 Nous empruntons ce terme à Terada Sumie, pour traduire le néologisme employé par l’auteur, yûsokuteki (litt. « se fondre et s’unir »). Comme on le verra plus loin, l’auteur explique que les noms de lieu ont souvent été créés par l’association de deux mots reliés par un rapport de détermination. Quand on entend le premier, le second vient tout de suite à l’esprit pour former ce nom de lieu : c’est le sens de cette fonction « iniatrice » que l’auteur met ici en évidence. [NdT]
2 Tsuchihashi Yutaka (1909-1998), professeur de l’université Dôshisha, spécialiste de littérature japonaise, s’est intéressé en particulier aux poèmes du Man’yôshû et du Kikikayô. Son ouvrage le plus représentatif est Man’yô kaigan (S’éveiller au monde du Man’yô), 1978, ouvrage pour lequel il a obtenu le Prix Mainichi shuppan bunka. [NdE]
3 Tsuchihashi Yutaka, Kodai kayô-ron (Étude sur les poèmes de l’Antiquité), Éd. San’ichi, 1969, ch. 10.
4 Kodaikayô-shû (Recueil des chants anciens), Tsuchihashi Yutaka et Konishi Jin’ichi (éd.), coll. Nihon koten bungaku taikei 3 (Collections de la littérature japonaise classique), Éd. Iwanami, 1957. Nihonshoki, généralement traduit Chroniques du Japon, est le titre d’un ouvrage achevé en 720. Kojiki, généralement traduit Chroniques des faits anciens, a été achevé en 712. Ces deux ouvrages relatent les mythes de la naissance du Japon aussi bien que des événements établis historiquement. Ils contiennent tous deux des poèmes (uta), dont les citations de Komaki sont extraites. Tous les exemples qu’il donne ci-dessous sont extraits de ce même ouvrage. [NdT]
5 Entre crochets, les ajouts de l’éditrice.
6 D’après Kaneko Takeo, la particule ya, dans des exemples tels que « oshiteruya naniwa » (Kojiki, 53) serait un enclitique exprimant une nuance exclamative. En principe, il se place après un mot variable à la forme conclusive. (Cf. Kaneko Takeo, Tatae-kotoba, makura-kotoba et jo-kotoba, « Mots désignant la deuxième personne, Mots-oreillers, Métaphores de l’état intérieur », 1977, 2e édition).
7 Egalement dans le Man’yôshû, vol. 1, no 17.
8 Sakaida Shirô, « Makura-kotoba to jo-kotoba » (Mots-oreillers et mots initiateurs), Man’yôshû taisei (Grand recueil du Man’yôshû), Omodaka Hisataka (éd.), 6, Éd. Heibonsha, 1960.
9 L’explication sur les liens synonymiques de hashi se trouve dans Tsuchihashi Yutaka, Kodai kayô zenchûshaku (Notes complètes sur les chants de l’époque ancienne : le Kojiki). Cf. également Yamaji Heishirô, Kikikayô hyôshaku (Notes et commentaires sur les chants du Kojiki et du Nihonshoki) et Ide Itaru, « Makura-kotoba hashitate no seikaku – Hashitate no shûzoku o megutte », « Le profil du mot-oreiller hashitate – Autour du rituel hashitate », Kokugo Kokubun (Langue et littérature nationales), sept. 1960.
10 Saigô Nobutsuna (1916-2008), « Makura-kotoba no shigaku », « La poétique des mots-oreillers », Bungaku (Littératures), février 1985. Saigô Nobutsuna et l’accent sur le fait que ce n’est pas la logique du sens mais le rythme qui se trouve au fondement des makura-kotoba. Masui Hajime, lui aussi, souligne que ce n’est pas le sens mais la sonorité musicale, « la rime ou l’euphonie », qui fondent l’usage des mots-oreillers (in Hôhô toshite no makura-kotoba « Les mots-oreillers en tant que procédé [du langage poétique] », Kokubungaku (Littérature nationale), mai 1963.
11 「語の音と実体とが融即していた」 Tsuchihashi Yutaka, Étude sur les poèmes de l’époque ancienne, op. cit., p. 446.
12 D’une part, l’édition Iwanami, op. cit. ; d’autre part, Kojiki Jôdai Kayô (Le Kojiki, suivi des chants de l’époque ancienne), Ogihara Asao et Kônosu Hayao (éd.), op. cit. [NdE].
13 Les jo-kotoba 序詞 sont placés au début du poème, d’où leur qualité « introductive » (序). Ils fonctionnent comme une « métaphore du fond du cœur » [NdE].
14 Ide Itaru, « Man’yôshû bungaku go no seikaku » (Ce qui caractérise la langue littéraire du Man’yôshû), Man’yôshû kenkyû (Études sur le Man’yôshû), Gomi Tomohide et Kojima Noriyuki (éd.), 4-1975.
15 Également dans le Nihonshoki, no 77 et 97.
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Les tiges de mil et les pattes du héron
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