Glossaire
p. 193-199
Texte intégral
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Industrie culturelle : expression utilisée par Adorno et Horkheimer (La dialectique de la raison, 1947) dans le sillage des réflexions ouvertes par Marx et Benjamin, pour désigner et dénoncer l’application des processus et logiques économiques du capitalisme (standardisation, planification, rentabilité) au monde de la création et de la culture. L’appauvrissement des contenus ôte selon eux toute capacité critique et émancipatrice à ces produits qui deviennent ainsi des biens de consommation ordinaire, contribuant par leur conformisme à l’aliénation des masses, à leur adhésion aveugle à la réalité et à un ordre social conservateur. Vivement critiquée dans cet emploi théorique (Katz, Lazarsfeld, Morin, Wolton), cette notion est aujourd’hui en proie au danger de la banalisation pour ne servir essentiellement qu’à décrire factuellement le fonctionnement, les circuits et les instances de l’économie de la culture.
Jeu sportif traditionnel : jeu sportif, souvent enraciné dans une longue tradition culturelle, mais qui n’a pas été consacré par les instances institutionnelles (Parlebas, Jeux, sports et sociétés. Lexique de praxéologie motrice, 1999, p. 205). Ces jeux sportifs traditionnels se révèlent forts différents des sports. Ils ne possèdent pas de fédération régissant leur fonctionnement. On s’y adonne le plus souvent pour le plaisir. Ils se révèlent d’une grande richesse éducative car ils promeuvent d’autres manières de communiquer et de se confronter aux autres. Ainsi, dans le jeu de la « balle assise » par exemple, il sera possible de s’associer à un joueur puis de lui tirer dessus quelques minutes après (propriété d’instabilité). Un joueur pourra même, lorsqu’il se retrouve face à un participant, décider soit de lui tirer dessus soit de lui faire la passe (propriété d’ambivalence). En sport, les interactions motrices respectent le plus souvent les propriétés d’exclusivité et de stabilité. En d’autres termes, on ne choisit ni ses partenaires ni ses adversaires (exclusivité) et on ne peut en changer au cours du jeu (stabilité). Le sport propose des contraintes spatiales et temporelles importantes dont font peu de cas les jeux sportifs traditionnels. Ces derniers acceptent en outre l’incertitude du milieu.
Logique interne : elle est définie comme le système des traits pertinents d’une situation motrice et des conséquences qu’il entraîne dans l’accomplissement de l’action motrice correspondante (Parlebas, Jeux, sports et sociétés. Lexique de praxéologie motrice, 1999, p. 216). Ainsi, la logique interne du judo impose le corps à corps, celle du football invite à décoder les comportements de partenaires et d’opposants, celle du ski invite à déchiffrer l’incertitude du milieu, tandis que celle du lancer de poids, dans un milieu stable, incite à dérouler un stéréotype moteur inlassablement répété à l’entraînement. Cette logique endogène découle des règles du jeu et de leur mise en actes in situ. Elle oriente clandestinement la manière dont les participants se comportent (rapport à autrui, à l’espace, au temps et aux objets) et diffère de situation motrice à situation motrice. Elle s’oppose à la logique externe, qui concerne les éléments inessentiels au déroulement ludique (les liens affectifs entre les participants, les questions de motivation, l’influence du public ou de l’entraîneur). Par exemple, on peut jouer sans entraîneur ou sans public au football. Mais il sera plus difficile de jouer sans adversaires et sans partenaires.
Mainstreaming : en référence au terme mainstream d’origine américaine qui désigne un courant massivement populaire, conventionnel, grand public, suivi et accepté par un large nombre (F. Martel, Mainstream, 2010), le mainstreaming est entendu comme la diffusion universelle et globale de toutes les formes de cultures populaires relayées par les grands groupes de médias traditionnels et généralistes : la littérature, le cinéma, la musique, le théâtre, la photographie, les jeux vidéo, les divertissements télévisés, etc… Cette propagation est notamment rendue possible par les supports de presse de diffusion à grande échelle, tels que les magazines et journaux les plus lus, les stations de radio les plus écoutées et les chaînes de télévision les plus regardées par le grand public. Dans le champ des Cultural Studies, ce courant – dominant – est souvent opposé aux contre-cultures (T. Roszac, Vers une contre-culture, 1969) et aux sous-cultures (D. Hebdige, Sous-culture, le sens du style, 2008) diffusées par le biais de certains médias alternatifs ou indépendants. Le terme mainstream est alors employé de façon péjorative pour désigner un type de contenu homogène, manquant d’originalité esthétique, artistique et médiatique.
Naming : les contrats de naming unisssent, pour des raisons d’ordre commercial, des entreprises sportives à des entreprises de plus gros calibres soucieuses de se développer et de rayonner. Le projet est simple : contre rétribution de quelques millions d’euros, une marque peut s’octroyer une publicité conséquente en adossant son nom à celui d’un stade, d’un palais des sports, d’une piscine, d’un gymnase ou encore d’une compétition sportive. Cette rétribution est le plus souvent annuelle et elle s’opère dans une durée longue mais limitée (dix à trente ans habituellement). Les exemples sont légions, et le phénomène tend à s’amplifier. Pour les infrastructures, on pense à l’Emirates Stadium à Londres, l’Allianz Arena à Munich, l’Allianz Riviera à Nice ou encore la Kindarena à Rouen. Pour les événements, on pense au Meeting Areva en athlétisme ou au Top 14 Orange en rugby. Par ce processus de dénomination, les sponsors réussissent à s’approprier l’espace public ou à s’approprier l’espace appartenant à une autre entreprise.
Pressing : il s’agit d’une action motrice collective qui consiste à harceler la défense adverse dès qu’elle entre en possession de la balle. Ce type d’action motrice nécessite la participation de toute l’équipe concernée. Elle met en œuvre de complexes processus d’intelligence collective. Le dessein est de récupérer le ballon le plus près possible du but adverse afin de stopper la progression des opposants. Il s’agit donc de provoquer chez l’adversaire une erreur technique en le plaçant en crise de temps et en réduisant les espaces. En football, Arrigo Sacchi, entraîneur du grand Milan AC à la fin des années 1980, à participé à la démocratisation du pressing et de la défense de zone (qui s’oppose au marquage individuel).
Sport : le mot sport se révèle hautement polysémique. Tantôt utilisé par le sens commun pour échanger autour d’une finale de Coupe du monde de football, il qualifie aussi l’effort fourni pour monter deux étages. Dans notre cas, le sport représentera l’ensemble des situations motrices codifiées sous forme de compétition et institutionnalisées (Parlebas op. cit., 1999, p. 355). Par exemple, dans cette acception, les échecs ne sont pas un sport. La pertinence n’y est pas motrice mais combinatoire. Il est tout à fait possible d’y jouer à distance, sans mise en jeu corporelle, en invitant un tiers à bouger les pions à notre place. Par contre, difficile de participer à un match de handball à distance. Deuxième et troisième points, un sport existe à travers ses compétitions, ce qui nécessite une codification de la pratique, c’est-à- dire des règles du jeu partagées par une communauté de pratiquants. Le dernier point, l’aspect institutionnel, se révèle décisif. Il permet de distinguer les sports des jeux sportifs dits traditionnels. Un jeu sportif institutionnalisé possède une fédération qui exerce un droit de contrôle sur ses adhérents.
Il semble exister trois facteurs de réussite pour devenir un sport. Le premier est de favoriser l’égalité des chances entre adversaires (Elias et Dunning, La violence maîtrisée, 1986). Ainsi, on égalisera le nombre de joueurs dans les équipes (équilibre) ou on créera des catégories de poids (judo, lutte, etc.). Ensuite, l’activité doit se dérouler dans un espace spécifique, standardisé, stable et dénué d’imprévu. L’espace doit être domestiqué : il n’y a pas de place pour l’incertitude du milieu. Enfin, le sport doit aussi se soumettre aux contraintes d’une temporalité draconienne. Ces trois facteurs favorisent la médiatisation des pratiques.
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Sport et médias
Ce livre est cité par
- Gozillon, Audrey. Guérandel, Carine. Richard, Arnaud. Walter, Emmanuelle. (2023) Football, football and more football? What French children read in the ‘youth’ press. Sport in Society. DOI: 10.1080/17430437.2023.2181163
- Obœuf, Alexandre. Fernandes, Emmanuel. Lecroisey, Loïc. d’Arripe, Agnès. Duployé, Alexis. Collard, Luc. (2016) Étude des représentations de 250 joueurs et de 50 entraîneurs sur la communication dans les sports collectifs. Staps, n° 111. DOI: 10.3917/sta.111.0065
Sport et médias
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