Les émissions sportives à la télévision
p. 63-66
Note de l’éditeur
Inédit
Texte intégral
À l’aide d’une enquête empirique réalisée en septembre-octobre 2013, il s’agit ici de caractériser les émissions sportives regardées à la télévision et leurs téléspectateurs particuliers. Cette enquête concerne l’entourage d’une classe de licence 3 « Management du sport* ». L’échantillon de 650 individus obtenu n’est représentatif que d’une population spécifique, mais il est assez varié pour qu’il y ait des répondants de tout âge (de 14 à 76 ans) et de professions diverses, avec néanmoins une majorité d’étudiant(e)s et d’hommes.
Le questionnaire en ligne portait essentiellement sur la pratique sportive, mais aussi sur la santé, la sociabilité et les caractéristiques sociales des individus. Une question interrogeait particulièrement les habitudes télévisuelles des répondants : « Si vous regardez des émissions sportives à la télévision, pouvez-vous dire lesquelles ? » Ce sont les réponses à cette question, mises en relation avec les réponses aux autres questions, qui sont étudiées ici. L’âge le plus fréquent des répondants se situe entre 20 et 30 ans (70 % des individus) et pourtant à la question « Pratiquez-vous actuellement une activité sportive ? », il n’y a que 55,2 % de réponses positives. Ce chiffre est bien inférieur aux taux de 70 à 80 % qui sont en général présentés dans les enquêtes portant sur le sport. Mais quand sont comptabilisés tous ceux qui ont fait du sport, à l’aide de la question « Avez-vous pratiqué des sports que vous ne pratiquez plus ? », il y a alors 92 % d’individus concernés par des activités sportives actuelles ou passées. On retrouve en toile de fond le phénomène de massification du sport.
En ce qui concerne le fait de s’intéresser à des émissions sportives à la télévision, 64,8 % des individus de l’échantillon déclarent le faire, soit finalement plus que le nombre de pratiquants sportifs. Les réponses données citent des chaînes (L’équipe21, beIN Sports, Canal+, Eurosport, Infosport, etc.), des émissions (Canal football club, Téléfoot, Stade 2, L’équipe du dimanche, etc.), des sports (football, tennis, rugby, athlétisme, boxe, etc.), des compétitions spécifiques (Ligue 1, Champions league, NBA, Tour de France, Roland-Garros, etc.) ou encore des grands évènements (Jeux olympiques, Championnats du monde, etc.). Certains individus donnent plusieurs réponses variées, d’autres disent tout voir, d’autres encore une seule réponse laconique. Ce qui ressort finalement est clairement la domination du football.
En effet, le sport le plus cité est le football, les émissions les plus citées sont des émissions de football et les compétitions les plus citées sont des compétitions de football. Quand toutes les réponses concernant le football sont réunies (sports, émissions et compétitions), il apparaît que 72,7 % des individus intéressés par le sport à la télévision citent le football. Le deuxième sport le plus cité de la même façon, le tennis, n’est qu’à 15 %. Ce différentiel est bien plus élevé que le différentiel du nombre d’heures de diffusion de ces deux sports, et plus élevé aussi que le différentiel de leur nombre de licenciés.
L’importance du football est confirmée par le fait que ceux qui sont les plus nombreux devant leur télévision pour voir du sport sont ceux dont la pratique sportive principale est le football, puisqu’ils sont 94,7 %, soit presque la totalité d’entre eux. Par contraste, parmi ceux qui dans cette enquête déclarent n’avoir jamais fait de sport, ni au moment de l’enquête, ni avant, à peu près la moitié sont des téléspectateurs de sport.
L’âge n’est absolument pas discriminant en ce qui concerne le sport à la télévision, il y a quasiment la même proportion de jeunes et de séniors qui s’y intéressent. Il n’y a pas non plus d’écart significatif selon le statut social. Par contre, sans surprise, la différence est nette entre hommes et femmes. Ce sont 75,6 % des hommes contre 51,7 % des femmes qui déclarent voir du sport télévisé. Il existe aussi des disparités selon les types de sports pratiqués. Ceux qui font un sport individuel sont seulement 60,5 % à être téléspectateurs de sport, contre 70,5 % pour les sports de duel individuel, et 85,3 % pour les sports de duel collectif.
Finalement, de cette enquête qui confirme les résultats d’autres travaux sur le sujet1, ressort non seulement la domination du football à la télévision, mais aussi un résultat classique : la transversalité sociale du sport en tant que spectacle, regardé quelle que soit la classe sociale d’appartenance.
Notes de bas de page
1 Voir Pascal Duret (Sociologie du sport, Paris, PUF, 2012), le dossier « Gestion du sport » (Revue française de gestion, no 150, 2004), le dossier « Sociologie du sport, en France aujourd’hui » (L’Année sociologique, vol. 52, 2002) ou encore Jean-François Bourg et Jean-Jacques Gouguet (Économie du sport, Paris, La Découverte, 2012).
Auteur
Maître de conférences à l’Université Paris-Est Créteil Val de Marne. Il y enseigne la sociologie politique du sport, les réseaux sociaux et l’enquête quantitative dans une formation de management du sport. Il est aussi membre du laboratoire Techniques et enjeux du corps (EA 3625). Ses domaines de recherche concernent essentiellement l’enquête quantitative, la sociabilité et la théorie des jeux, en rapport avec les activités physiques et sportives. Il a notamment publié dans l’Année Sociologique et Mathématiques et sciences humaines.
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