Chapitre 1. La personne du psychanalyste et les processus d’empathie et de co-pensée
p. 137-146
Texte intégral
1La patiente, une enseignante d’une cinquantaine d’années, en analyse depuis plus de quatre ans, rapporte, en début de séance, un rêve : elle a pour tâche de donner des leçons à la petite fille de son ancien professeur. Cette dernière, morte depuis longtemps, n’a jamais eu d’enfant. La patiente garde pour elle une reconnaissance et une admiration sans bornes. Elle lui doit tout, sa réussite professionnelle mais surtout une filiation intellectuelle qui ne s’est jamais démentie. Le fait d’avoir à donner des leçons, à son tour, à sa petite fille est une situation à la fois attendrissante et cocasse. C’est en fait comme si elle devenait le maître de son propre maître, lui dis-je. Elle souscrit à mon interprétation avec une grande émotion. Je m’entends ajouter être le maître de son maître, être l’analyste de son analyste. La patiente sursaute. C’est étonnant ce que vous dites. Elle semble gênée, puis soudain : « Quelle coïncidence ! J’ai dans mon sac un tiré à part d’une édition originale de Freud que je comptais vous offrir. Je ne savais pas si j’allais oser vous la donner ni même vous en parler ! »
2Petit exemple de télépathie ? Bien sûr, il est aisé d’en dégager les voies associatives. J’ai plus d’une fois pensé que cette patiente se présentait dans une excessive soumission en même temps qu’elle feignait de ne rien savoir de la psychanalyse. Récemment, elle avait rêvé qu’un autre de ses professeurs, un homme cette fois-ci, l’accueillait de manière chaleureuse. Elle a fait ce lien avec moi non sans souligner qu’elle ne redoutait en rien une plus étroite relation avec moi, mais qu’il n’en avait pas été de même avec un premier analyste qu’elle avait consulté quand elle était étudiante. Bref, dans tout cela, rien qu’une anecdote dont tout psychanalyste trouverait d’autres exemples dans sa pratique et qui ne manquent pas d’évoquer ceux développés par Freud dans ses trois textes consacrés au rapport entre la télépathie et la psychanalyse.
3Pourquoi toutefois retenir cette vignette clinique quand il s’agit de réfléchir sur l’implication de la personne du psychanalyste dans le processus de la cure ? En termes de transfert et de contre-transfert, ce que je vous propose d’appeler « transfert pulsionnel [drive transference] », il y aurait beaucoup à dire : dans quelle mesure je suis interpellé comme imago maternelle mais dans une rivalité phallique ou dans une perspective plus clairement œdipienne ? Dans les deux cas, ce qu’elle tient dans son sac est bien le phallus qu’elle possède et qu’elle me laisse désirer ?
4Ce que je retiendrai ici c’est une autre forme d’implication de la pensée du psychanalyste, une autre forme d’implication de sa personne, par laquelle je suis induit à penser une interprétation qui donne immédiatement sens au fait qu’elle possède précisément dans son sac ce qu’elle tient en son pouvoir tout en se permettant de me l’offrir.
5L’esprit de la patiente ne peut pas tout au long de la séance, voire dans les heures (ou les séances) qui précèdent, ne pas avoir été occupé par ce qu’elle tient dans son sac et par le fantasme qui l’exprime. Le rêve ne peut être que l’expression de ce fantasme. En formulant l’interprétation « être la psychanalyste de son propre psychanalyste », je ne fais qu’exprimer l’effet d’induction de ce qui occupe la pensée de la patiente. Rien d’étonnant alors que le fait réel, le livre dans le sac, « le phallus dans la poche », ne fasse directement écho à ce qui a soutenu le cours associatif de ses pensées.
6Cet effet d’induction qui fait de la personne (pensante) de l’analyste le receveur de ce qui est pensé par l’analysant est ici la caricature de ce qui s’observe dans le cours de tout processus psychanalytique. C’est ici une autre implication de la personne du psychanalyste, non plus comme receveur et acteur du jeu transféro-contretransférentiel, mais comme siège d’un processus associatif induit par celui du patient. La patiente se serait-elle contentée de me dire son désir de m’offrir un tel livre, l’effet de « transmission de pensée » serait moins spectaculaire mais tout aussi présent dans le traitement ?
7Dans « Le début du traitement2 », parmi les conseils que Freud donne au psychanalyste, on remarque cette phrase curieuse : « Votre récit doit différer, sur un point, d’une conversation ordinaire. » Sur un point ! Est-ce dire que c’est seulement sur ce point (celui de la règle fondamentale) que la situation psychanalytique diffère d’une conversation ordinaire ?
8Bien sûr, très tôt Freud a vu l’incidence du transfert et de ce qu’il nomme d’emblée le contre-transfert. Mais cette implication du psychanalyste est tenue pour un obstacle à l’écoute propre à la pure technique de la cure. La règle de « l’attention également flottante » rend possible la neutralité de l’écoute. L’implication du psychanalyste est fondamentalement celle de l’observateur neutre ; elle obéit aux principes d’un idéal scientifique qui fonde la vérité objective de la nouvelle science.
9Quand, en 1900, Fliess reproche à Freud d’être un « lecteur de pensée » qui lit ses propres pensées dans celles de ses patients, Freud l’entend comme la condamnation de son entreprise. Il n’aura de cesse de défendre celle-ci contre tout reproche d’implication subjective, celle d’être une pratique de suggestion.
10Tout ceci trouve sa plus claire expression dans la métaphore du compartiment de chemin de fer : « Comportez-vous à la manière du voyageur qui, assis près de la fenêtre de son compartiment, décrirait le paysage tel qu’il se déroule à une personne placée derrière lui. » Cette consigne donnée au patient montre bien cette dimension d’écoute pure qui restera le dogme technique jusque dans les années 1950, aussi bien dans le courant de Mélanie Klein que dans ceux issus de l’Ego-Psychology. Ceux de ma génération ont connu la force de ces principes dans leur formation, dans leur analyse personnelle et dans les supervisions. Il en résultait un respect absolu du cadre et une pratique rigoureuse de la neutralité. Derrière chaque interprétation que l’on osait formuler, du moins dans les courants issus de la psychanalyse viennoise, il s’agissait de scruter tout risque de passage à l’acte contre-transférentiel. Au succès de la cure était liée une certaine idée de la normalité psychique.
11On ne soulignera jamais assez l’importance du tournant théoricoclinique des années 1950 et le rôle attribué au contre-transfert. On rappellera ici les contributions de H. Racker3 et de Paula Heimann4. Il faudrait aussi mentionner l’œuvre clinique de Winnicott5, rappeler le témoignage de Margaret Little6 sur son analyse avec ce dernier et la manière dont elle revendiquera une pratique « humaniste », du moins dans les traitements des cas sévères (dont le sien !).
12L’histoire de ce tournant nous montre comment une extension des pratiques a complètement modifié notre compréhension de l’implication de la personne du psychanalyste dans la pratique de la cure. Il est aussi intéressant de voir les résistances à ce mouvement, du côté de Mélanie Klein par exemple. L’histoire du concept d’identification projective est à cet égard très illustrative. Ce qui, dans l’esprit de Mélanie Klein, était un fantasme du patient, deviendra par la suite, après sa mort, après les travaux de Bion7 et de Monley-Kirle8, un processus de communication ayant des effets directs sur l’appareil psychique de l’analyste. Les courants issus de l’Ego-Psychology opposèrent une résistance plus durable à cette importance accordée à l’impact du psychanalyste dans la cure. Il fallut attendre le développement du courant de l’intersubjectivité pour que ce débat s’ouvre également très largement outre-Atlantique. En France, J. Lacan9 a également été à l’origine d’une forte résistance à ce mouvement, dont témoigne un débat actuel très vif.
13Ce tournant des années 1950-1960 reprend en fait des questions déjà présentes dans la pensée de Freud. Son intérêt pour la transmission de pensée est ancien. Nous le savons, il doit beaucoup à Ferenczi. Dès leur retour d’Amérique, en 1909, tous deux se sont rendus à Berlin pour rendre visite à une Madame Seidler, célèbre médium. Freud participe activement à ces recherches.
14Ferenczi, dans la lettre du 22 novembre 1910, fait à Freud la confidence :
« Cher Professeur. Une nouveauté intéressante dans l’histoire du transfert. Pensez donc, je suis un formidable voyant, ou plutôt lecteur de pensée ! Je lis (dans mes associations libres) les pensées de mes patients. La future méthodologie psychanalytique devrait en tirer profit. » (Freud S. et Ferenczi S., 1992, Correspondance t. I, 1908-1914, p. 245)
15Et d’en apporter plusieurs notations personnelles. Freud ne manque pas d’être inquiet et lui répond le 3 décembre :
« Vous avez sûrement été étonné que je n’aie pas réagi plus tôt à votre bouleversante communication : que vous seriez vous-même un médium. Même aujourd’hui je ne pourrais pas encore vous écrire si je n’étais un peu misérable avec ma grippe […] Naturellement, je n’ai pas pu m’empêcher d’être beaucoup occupé par votre nouvelle. Je vois venir le destin qui s’approche inéluctablement et je constate que c’est à vous qu’il a imparti la charge d’éclairer la mystique et autres choses de ce genre, et qu’il serait aussi vain que mesquin de vous en empêcher. Mais je pense qu’on peut risquer une tentative pour retarder les choses. Je voudrais vous inviter à accumuler les données pendant deux bonnes années encore, en secret, et à n’apparaître en public qu’en 1913, et là dans le Jahrbuch, à visage découvert. Vous connaissez mes objections pratiques et ma pénible impression secrète. » (Ibid., p. 249)
16À quoi Ferenczi souscrit dans sa lettre du 19 décembre :
« Je n’ai pas répondu à votre demande concernant l’induction de pensée car je tenais déjà pour acquis, dans l’esprit de nos discussions antérieures, qu’on doit traiter cette affaire avec une prudence extraordinaire. Il va sans dire que je suis tout à fait d’accord avec la date de 1913, peut-être la repousserai-je encore un peu plus loin » (Ibid., p. 254)
17On conçoit que Freud a dû dresser l’oreille en entendant Ferenczi se présenter comme un lecteur de pensées. Il tardera aussi à reprendre l’étude du « transfert de pensée » (« Gedankenübertragung », télépathie). Il le fera dans trois textes entre 1921 et 193310. Le médium et le psychanalyste ont en commun de disposer d’un ensemble contextuel qui leur permet de connaître des pensées de leur « client ». Celui-ci, à son insu, est à même de transmettre ces pensées au « professionnel » qui les reçoit. À la fin de l’essai de 1921, Freud note : « Vous voyez que tout mon matériel n’a trait qu’au seul point de l’induction de pensée ; des autres miracles que l’occultisme revendique, je n’ai rien à dire11. »
18Ce terme d’induction est important. Il inverse les rôles dans la relation entre le sujet et l’interprète (médium ou analyste). Ce n’est plus ce dernier qui observe activement, c’est le premier qui induit la représentation transmise. L’observation n’est plus la tâche activement menée par le psychanalyste-observateur mais la perception par lui d’un effet de transmission induit par l’analysant.
Quel rapport entre transmission de pensée et empathie ?
19Freud a fait un usage limité de ce dernier terme. Le processus « intellectuel » impliqué ne fait guère question pour lui.
20Il sera remis à l’honneur à partir des années 1960, en particulier à la suite d’un court article de Ralph Greenson12. On notera que l’histoire de l’empathie se développe à la même époque où prennent toute leur importance les notions de contre-transfert et d’identification projective.
21L’empathie n’est pas un mécanisme en soi, mais un processus de communication dont il s’agit de préciser les mécanismes. Freud a mis l’accent sur le processus d’identification. Pour « entrer dans les sentiments de l’autre sans être impliqué émotionnellement », pour reprendre la définition de Greenson, il nous faut imaginer que nous sommes à la place de l’autre. Il s’agit d’une identification partielle et temporaire, réalisée intentionnellement (mais pas nécessairement consciemment).
22Comme l’a bien montré Dan Buie13, cette construction imaginaire de l’expérience subjective d’autrui nécessite la mise en acte de processus inférentiels. C’est parce que je peux me représenter l’univers contextuel dans lequel se développe la pensée, consciente ou inconsciente, d’autrui que je peux m’identifier à lui.
23Dans tous les débats qui, depuis les années 1950, tournent autour de l’intersubjectivité et de l’empathie, il me semble qu’il existe une confusion entre le transfert pulsionnel et le transfert de pensée. L’impact du psychanalyste dans le processus a pris de plus en plus d’importance à mesure que les jeux de transfert et de contre-transfert ont été plus finement analysés. Le contre-transfert peut s’entendre dans un sens étroit comme réponse de la personne de l’analyste au transfert du patient, c’est-à-dire aux exigences pulsionnelles transférées sur sa personne (et bien entendu des conflits, des défenses et des compromis substitutifs liés à ces exigences). Le contre-transfert peut s’entendre dans un sens large, comme toutes les motions pulsionnelles éveillées chez le psychanalyste par le patient (Lacan préférait parler du désir du psychanalyste). Dans les deux cas, le psychanalyste est impliqué dans le processus par les jeux du transfert et du contre transfert.
24Dans les processus de transfert de pensée et d’empathie, il s’agit certes d’effets liés à des mouvements pulsionnels. Freud avait d’ailleurs bien souligné, à propos du transfert de pensée, cette référence à l’aspect pulsionnel :
« Mais l’analyse fournit à ce cas un surcroît de sens. Elle nous apprend que ce n’est pas un fragment quelconque de savoir indifférent qui s’est transmis par voie d’induction d’une personne à une autre mais qu’un souhait extraordinairement fort de quelqu’un — souhait qui est avec sa conscience dans une relation particulière — peut se trouver une expression consciente légèrement voilée à l’aide de quelqu’un d’autre. » (Freud, 1921, op. cit.)
25Il y a deux plans distincts : l’un est le processus par lequel les pulsions recherchent les objets-buts, que ce soit dans un rapport interpersonnel ou dans un fantasme ; l’autre est la manière par laquelle les fantasmes s’expriment en représentations ou en énaction.
26C’est afin d’éviter les équivoques du terme d’intersubjectivité que je propose celui de co-pensée pour décrire les effets sur le processus associatif et les représentations de l’analysant.
27Le terme de co-pensée ne désigne pas quelque artifice nouveau mais vise à décrire un processus de développement réciproque de l’activité associative. Les mots, et ce qui est signifié entre eux, leurs associations, les mots omis, censurés, etc, venus de la parole de l’un entrent dans la pensée de l’autre, devenant ses propres objets de pensée. Les effets de sens qu’ils produisent dépendent du contexte associatif dont ils sont extraits et de celui qu’ils créent chez l’autre.
28La co-pensée peut être considérée comme le véhicule de la communication d’inconscient à inconscient. D’un point de vue dynamique, le jeu transféro-contretransférentiel s’inscrit dans le contenu et la dynamique associative de la co-pensée.
29L’interprétation doit être comprise comme un effet direct de la co-pensée. Les réseaux associatifs produits chez le psychanalyste doivent être entendus comme l’expression de la réalité psychique de l’analysant. Pour une part celle-ci contribue à un effet d’empathie, mais, dans la mesure où des éléments absents du réseau associatif préconscient sont à l’œuvre, le travail psychique qui opère chez l’analyste lui permet d’identifier des représentations ou des associations inconscientes de l’analysant. Ainsi se construisent des représentations hypothétiques, des interprétations d’attente, qui pourront, le moment venu, surgir dans l’esprit de l’analyste comme parole à communiquer à l’analysant pour ouvrir une voie nouvelle à ses réseaux associatifs. La co-pensée fabrique le répertoire d’interprétations potentielles, de « représentations clés » susceptibles de « déverrouiller » un système préconscient résistant aux pressions de l’inconscient (le « petit bout du ça » dont parle Freud dans « Analyse avec fin et analyse sans fin14 ».
30Nous pouvons maintenant mieux situer le processus de co-pensée par rapport à ceux de l’empathie et de l’intersubjectivité. On comprend comment le processus associatif de co-pensée permet de réaliser un effet d’empathie. Grâce à des mécanismes d’identification et d’inférences, le travail associatif de l’analyste peut lui permettre de construire une représentation proche de l’état mental de l’analysant. Cette proximité n’est pas un gage de compréhension analytique au sens d’une identification de processus inconscients, en particulier dans le champ du transfert. Encore moins tiendra-t-on cette proximité pour une action thérapeutique en soi, contrairement à ce que propose Kohut15. Je propose même le terme de « néguempathie » pour caractériser ces moments où la co-pensée diverge et où les représentations qui se forgent dans l’esprit de l’analyste s’éloignent, voire se séparent de manière radicale, du réseau associatif de l’analysant. Cet effet de néguempathie est toujours instructif, soit qu’il nous informe d’un mouvement de fuite à l’égard de la pensée de l’analysant (évitement contre-transférentiel, effet d’identification projective, simple distraction, etc.), soit qu’il nous mette sur la voie d’un processus inconscient et stimule un travail interprétatif.
31Si transfert pulsionnel et transfert de pensée sont généralement liés l’un à l’autre, il est des situations cliniques dans lesquelles ils sont disjoints. Les associations de pensée du psychanalyste peuvent être induites par certains propos du patient ou certains événements liés à lui sans que nous ne puissions repérer là un mouvement pulsionnel. Par ailleurs, des mouvements transférentiels et contre-transférentiels sont directement induits par la situation sans aucune mobilisation associative (effets « sidérants » ou passages à l’acte).
Implications pulsionnelles et implications associatives
32C’est la raison pour laquelle nous devons distinguer dans les implications de la personne du psychanalyste deux niveaux distincts ; le niveau des implications pulsionnelles qui correspond au domaine classique du transfert et du contre-transfert, et celui des implications associatives de la co-pensée. Ceci nécessite une double écoute du psychanalyste, aussi bien dans son écoute du patient que dans celle de sa propre vie psychique. On ne peut entendre ce qui se joue sur un plan sans entendre ce qui se joue sur l’autre.
33Revenons ici, pour conclure, aux conséquences sur le travail de co-pensée dans les psychothérapies. J’ai proposé l’idée d’une perspective subjectiviste pour distinguer ce que j’ai appelé le psychanalytique et le psychothérapique dans tout traitement. Sommes-nous en mesure avec un patient donné de penser « psychanalytiquement », c’est-à-dire de développer une activité associative qui nous permette de repérer les effets de transfert et de contre-transfert, les productions de l’inconscient, nos résistances et celles du patient à cette créativité associative commune ? Le « psychanalytique » ne se définit donc pas en fonction de ce que nous croyons faire avec lui, mais dans la co-pensée qui se construit en nous. Il en résulte qu’une « pure psychanalyse » ne peut guère se décréter avant qu’elle se déroule et qu’elle prenne en compte non seulement la personnalité du patient, mais aussi nos propres dispositions. C’est au cours du traitement lui-même que nous pouvons, pour chaque cas individuel et en fonction de nos propres dispositions, décider de la « pureté » de notre pratique psychanalytique. Mais c’est elle aussi qui nous permet de mieux saisir en quoi nous pouvons être « psychothérapeutiquement » utiles à un patient, mieux à l’écoute de son rapport à l’autre que de ses fantasmes et ses défenses. Cette interaction entre dimensions « psychanalytique » et « psychothérapique » n’est pas faite pour faciliter nos classements ni pour codifier les traitements. Elle a au moins le mérite de nous faire réfléchir sur notre propre travail psychique.
34Résumons et repensons à notre observation. Transfert pulsionnel et transfert de pensée sont presque toujours indissociables. Mais si la connaissance du transfert pulsionnel nous aide à comprendre et à gérer le transfert pulsionnel, c’est le transfert de pensée qui constitue la matière associative, fondement et agent de cette compréhension.
Notes de bas de page
2 Freud S., 1913, « Le début du traitement ».
3 Racker H., 1953, « A contribution to the problem of countertransference ».
4 Heimann P., 1950, « On countertransference ».
5 Winnicott D.-W., 1989, « La haine dans le contre-transfert ».
6 Little M., 1951, « Countertransference and the patient’s response to it ».
7 Bion W.-R., 1959, « Attacks on linking ».
8 Money-Kyrle R.-E., 1956, « Normal countertransference and some of its deviations ».
9 Lacan J., 1953, « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse ».
10 Freud S., 1921, « Psychanalyse et télépathie » ; 1922, « Rêve et télépathie » ; 1933, « Sandor Ferenczi ».
11 Freud S., 1921, op. cit.
12 Greenson R.-R., 1960, « Empathy and its vicissitudes ».
13 Buie D.-H., 2003, « Empathy : its nature and limitation ».
14 Freud S., 1937, « L’analyse avec fin et l’analyse sans fin ».
15 Kohut H., 1959, « Introspection, empathy and psychoanalysis. An examination of the relationship between mode of observation and theory ».
Auteur
Psychanalyste, professeur de psychiatrie.
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