Les pierres couchées de Belz ou la découverte d’un ensemble mégalithique
p. 383-397
Texte intégral
1Des blocs de gneiss couchés, éparpillés sans organisation apparente, ont été exhumés en 2005 lors d’une opération de diagnostic archéologique effectuée en préalable à la réalisation d’un projet de lotissement à Belz, dans le Morbihan. À première vue, rien de spectaculaire. En Bretagne, on en rencontre un peu partout dans les landes, dans les champs, de ces pierres tout droit sorties de leur carrière ou détachées d’un affleurement rocheux. Toutefois, il est rare de les observer aussi profondément enterrées sous une épaisseur de 50 à 80 centimètres de sédiments, et parfois associées à des fosses empierrées. De même, leur situation sur le versant d’un petit vallon, entre des affleurements rocheux et à proximité des restes d’un alignement détruit, laissait penser que ces vestiges n’étaient peut-être pas aussi ordinaires qu’on aurait pu le croire. De fait, l’opération de fouille préventive réalisée de mars à juin 2006 à Kerdruellan a permis d’identifier ces pierres comme composantes d’un ouvrage mégalithique et de proposer quelques clés de compréhension de l’histoire de ce dernier, depuis son érection jusqu’à son enfouissement [Hinguant et Boujot 2008]. En raison de son caractère exceptionnel, cet ensemble mégalithique a été classé parmi les monuments historiques en mars 2008.
2À première vue, l’ensemble présente si peu de cohérence que le premier objectif de la fouille a été de vérifier si les pierres dégagées pouvaient correspondre à des phénomènes de démantèlement naturel d’un chaos rocheux ou à des vestiges d’une architecture mégalithique (fig. 1) qu’il convenait alors d’identifier. S’agissait-il d’un alignement de menhirs ou d’un autre type de monument ? d’un édifice isolé ou de plusieurs édifices ? Autant de questions qui ont déterminé les choix méthodologiques mis en oeuvre pour caractériser le site, apprécier la contemporanéité des blocs et des fosses et les possibilités de datation relative et absolue des vestiges, appréhender les processus de mise en place des sédiments, établir ou non le lien de ces blocs avec une petite file de seize menhirs découverte dans la parcelle adjacente, après un incendie survenu dans la lande en 2003.
3Pour répondre à ces interrogations, l’intégralité de la surface prescrite pour la fouille (2 385 m2) a été ouverte au moyen d’un décapage mécanique qui a découvert un ensemble de soixante monolithes de bonnes dimensions (entre 0,60 m et 1,80 m) mêlés à de petites pierres éparpillées sur presque toute la surface dégagée. Parfois entiers, souvent fragmentés, chacun d’eux a fait l’objet d’un examen descriptif permettant d’enregistrer ses critères morphologiques et toutes les traces qui y sont imprimées. Autant d’indications sur l’histoire de chaque bloc, de chaque pièce, susceptibles d’aider à les réintégrer dans l’organisation du monument. Parallèlement, la recherche systématique des fosses d’implantation des pierres laissait espérer que l’on pourrait restituer une partie de l’organisation initiale de l’ouvrage.
4Bien que les blocs soient couchés, le site présente un état de conservation exceptionnel lié à son enfouissement. En effet, scellés sous une importante épaisseur de sédiments, les monolithes, de même que les niveaux de sol et les événements qui ont jalonné leur histoire, ont été « fossilisés », préservés. De telles conditions d’observation, rarement réunies sur ce type de monuments, font du site mégalithique de Kerdruellan un ensemble d’un intérêt exceptionnel, porteur d’informations nouvelles qui viennent enrichir les connaissances acquises jusqu’à présent.
Des ruines visibles dans le paysage
5Blocs erratiques mais également pierres dressées, renversées, brisées, effondrées en chaos ou encore assemblées en ouvrages cyclopéens, parsèment de nombreuses régions d’Europe occidentale, où leur apparition remonte vraisemblablement au Ve millénaire avant notre ère. En Bretagne, ces vestiges de pierre, le plus souvent encore visibles en surface sous des formes parfois colossales et monumentales, sont si fortement inscrits dans le paysage qu’ils tiennent une place importante dans l’éclosion et dans le développement d’une tradition des recherches préhistoriques bretonnes, essentiellement tournée vers l’archéologie des mégalithes. Cette dernière semble toutefois avoir bénéficié essentiellement aux constructions mégalithiques de type « dolmens », alors que les pierres verticales ont suscité peu de travaux, sauf peut-être celles organisées en alignements. Il est vrai que l’identification de pierres dressées comme productions techniques, voire symboliques, de sociétés passées n’est pas toujours aisée. En effet, ces pierres ont pu être dressées à n’importe quelle période depuis le Mésolithique jusqu’à nos jours en passant par le Néolithique, l’âge du Bronze, l’âge du Fer et le Moyen Âge. De plus, communément accessibles, elles font l’objet d’une telle diversité de pratiques et de représentations que le sujet est finalement particulièrement difficile à aborder.
6Cependant, ces dernières années ont vu un nouvel élan de la recherche consacrée à ces manifestations du mégalithisme, un élan illustré par plusieurs opérations archéologiques :
- fouilles des alignements du Moulin sur la Grée de Cojoux à Saint-Just (Ille-et-Vilaine), par C.-T. Le Roux, J. Briard, Y. Lecerf et M. Gautier [Le Roux et al. 1989] ;
- fouilles des alignements des Pierres Droites à Monteneuf (Morbihan), par Y. Lecerf, [Lecerf 1999] ;
- relevés et sondages sur les alignements de Coët er Bleï à Erdeven (Morbihan), par C. Boujot et S. Cassen [Cassen et al. 2001] ;
- relevés et sondages sur les alignements de Kerbougnec à Saint-Pierre-et-Quiberon, du Vieux-Moulin à Plouharnel et de Kerdual à Carnac (Morbihan), par S. Cassen et J. Vaquero-Lastres [Cassen et Vaquero-Lastres 2003] ;
- relevés descriptifs de milliers de menhirs dans le cadre de la constitution d’une base documentaire associée à un système d’information géographique sur les alignements de Carnac [Boujot et Mens 2000 ; Boujot et Lorho 2005].
7Les résultats de ces travaux jettent les bases de nouvelles approches fondées sur des analyses spatiales. Tous tendent à découvrir des systèmes de relations géographiques et temporelles complexes entre les différentes formes d’aménagements mégalithiques :
- entre alignements et tombes mégalithiques (alignement du Grand-Menhir à Locmariaquer) [Cassen, à paraître] ;
- entre tertres funéraires, alignements et stèles gravées [Cassen et al. 2001] ;
- entre pierres dressées et environnement naturel [Sellier 1991 ; id. 1995].
8De plus, les acquis obtenus par les recherches menées aussi bien en Bretagne qu’en Corse, au Portugal et ailleurs, permettent également de dégager quelques informations nouvelles concernant les liens entre la position d’un site et les caractéristiques du paysage qui l’entoure [Le Roux 1999 ; Defaix 2006 ; Bradley 2007 ; Calado 2007 ; D’Anna et Pinet 2007 ; Boujot et al. 2009].
Kerdruellan : un site démantelé et dissimulé
9À Kerdruellan, à l’issue du décapage mécanique, la zone s’avère couverte d’une grande quantité de vestiges très divers, lesquels apparaissent dans le plus grand désordre : réseau de fossés, fondations d’un mur, fosses, semis de petites pierres et, surtout, une soixantaine de blocs importants évoquant des menhirs renversés (fig. 1). Plusieurs d’entre eux semblent simplement abattus et gisent à proximité de leur fosse d’implantation (fig. 2), alors que d’autres, qui ont été déplacés, montrent de nombreuses traces de débitage. Cet ensemble est associé à du mobilier archéologique comprenant des fragments de céramique et des silex taillés qui témoignent d’une fréquentation du site non seulement pendant le Néolithique, mais également durant la période médiévale.
10L’étude du comblement de ce pied de versant révèle six couches principales, pour une puissance stratigraphique oscillant entre 0,60 et 1 mètre. Les dépôts, plus ou moins épais, s’agencent horizontalement, avec des limites très nettes dans les horizons supérieurs, plus diffuses pour les couches inférieures. La caractéristique commune à toutes ces couches réside dans la fraction sableuse dominante, reflet de leur origine gneissique locale. La position du site en zone humide, et notamment en partie basse du versant, explique par ailleurs la forte hydromorphie affectant les horizons inférieurs.
11Toutes les couches sont anthropisées (défrichement, mise en culture, niveau de circulation) et l’étude a confirmé l’accrétion de terre dans la partie supérieure du sol, attribuable à des apports destinés à rehausser le terrain au xixe siècle et expliquant l’enfouissement et l’oubli du site mégalithique.
12Avant cette période, l’activité des carriers a été relativement forte et l’on s’aperçoit à plusieurs reprises qu’un certain nombre de blocs ont probablement été déplacés. Cependant, il apparaît que les monolithes les plus imposants ont été débités sur place et que d’autres n’ont subi aucune dégradation.
13C’est à cette phase chronologique médiévale qu’est attribué le niveau de circulation sur lequel a été collecté l’essentiel du corpus mobilier. Alors que les tessons céramiques (environ cinq cents) se distribuent entre le Néolithique final, le Campaniforme, l’âge du Bronze final et/ou le premier âge du Fer, et les périodes antiques et médiévales (xiie-xvie siècle), le corpus lithique, s’élevant à environ deux cents objets, présente une plus grande homogénéité et semble provenir d’une seule occupation. L’assemblage est composé de galets de silex côtier, vraisemblablement issus du littoral proche, qui ont été traités par un débitage sur enclume. Le débitage plus ou moins opportuniste, le faible taux de produits allongés et d’outils élaborés, la présence d’une pointe de flèche à pédoncule et ailerons, sont autant d’indices évoquant une série du Néolithique final, voire du Campaniforme. Toutefois, le Néolithique moyen n’est pas exclu, des contextes contemporains de cette période montrant localement des assemblages similaires.
Les mégalithes
14À ce jour, ce sont soixante blocs de pierre qui ont été dégagés, éparpillés dans le plus grand désordre. Si l’on y ajoute les seize éléments qui composaient la file détruite après l’incendie de 2003, le gisement porte un minimum de soixante-seize monolithes qui, pour autant, ne correspondent pas tous obligatoirement à des éléments ou des fragments de pierres dressées. Au début de l’enquête, seules les seize pierres qui composaient le dispositif mégalithique détruit ont pu être réellement reconnues comme vestiges d’un monument.
15Aussi une attention particulière a-t-elle été portée au pourtour de chacun des blocs, lequel a fait l’objet d’un décapage manuel approfondi, afin de permettre les observations nécessaires à l’identification de fosses de calage ayant maintenu les pierres en position dressée. De fait, le dégagement de plusieurs structures de ce type, disposées à l’extrémité de certains des blocs, a confirmé qu’ils avaient été érigés en station debout. À ces premiers éléments s’ajoute la présence de pièces brisées, mais conservées en connexion avec leur base encore fichée en terre, ce qui porte à vingt-cinq le nombre de pierres correspondant aux restes d’un ouvrage de pierres dressées, peut-être abattues.
16Pour aborder cette question de la chute des monolithes, une requête spatiale concernant la face sur laquelle gisent les blocs a été effectuée. Elle amène à constater que la majorité des blocs gisaient face d’arrachement contre terre, ce qui rejoint un constat similaire effectué autrefois par J. Miln, lequel observe que tous les menhirs tombés dans les alignements de Kermario et du Ménec à Carnac le sont au nord ou au sud, chutés naturellement suivant leur forme aplatie, tandis que ceux de même forme mais couchés dans un autre sens ont été renversés et déplacés par les agriculteurs et les carriers modernes [Miln 1881]. À Kerdruellan cependant, cet argument est nuancé par le fait que seule la moitié des blocs reposant sur la face d’arrachement peut être considérée comme exempte de toute manipulation ultérieure. L’orientation de la chute de la majorité des blocs complets dans le sens de la pente, selon un axe nord-est/sud-ouest, pourrait corroborer cette idée d’une chute naturelle, si cette hypothèse n’était contredite par deux exemples de blocs tombés en direction inverse, vers le sommet du versant. Bien sûr, le constat selon lequel l’axe des pierres suit une orientation préférentielle ne préjuge pas du caractère naturel ou anthropique de la ou des causes de cette chute, mais pose la question de la cohérence et de l’unicité du processus.
Une approche descriptive des pierres
17Au premier coup d’œil jeté sur ces blocs, nous avons enregistré une grande variété de formes, des formes que nous avons pu organiser en quelques grandes catégories morphologiques. Celles-ci se réfèrent à des approches descriptives récentes établies à partir des observations menées sur des ouvrages de pierres dressées comme ceux de Carnac, Erdeven [Boujot et Mens 2000 ; Boujot et Lorho 2005] ou encore Renaghju et I Stantari, sur le plateau de Cauria (Corse-du-Sud) [D’Anna et al. 2004, p. 40-43], le principe et la terminologie étant ici toutefois réajustés en fonction des caractéristiques des pierres de Belz (dalle, écaille, bloc trapu…).
18Une fois le bloc identifié par sa localisation, sa position et un certain nombre de caractéristiques morphologiques générales, nous avons procédé à un examen descriptif détaillé de chacune de ses parties (base, sommet, fût, faces) : toutes les traces y ont été localisées, qu’elles soient naturelles, accidentelles ou dues au travail de mise en forme. Mais, étant donné la grande disparité des états de conservation, l’exercice s’en est parfois trouvé singulièrement limité. En effet, de nombreux phénomènes d’altération ont endommagé les états de surface (déchaussement de cristaux, détachement d’écailles, usures allant jusqu’au polissage, surfaces lacérées de traces de labours, surfaces « voilées »), sans qu’il soit toujours possible de distinguer une surface originale travaillée ou brute d’une surface altérée. Cependant, les effets de plusieurs processus d’altération ont pu être observés et reconnus : écailles de desquamation, pierres arénisées, traces d’enlèvement intentionnel ou de débitage, traces de météorisation post-mégalithique, traces de labours ou encore traces de mise en forme (épannelage, martelage, plages polies).
Une ambiguïté levée
19L’intervention archéologique ayant permis de lever toute ambiguïté et d’établir clairement l’implantation d’un ouvrage de pierres dressées dans le lieu considéré, l’objectif préalable, qui était d’identifier les monolithes comme blocs erratiques ou dressés de main d’homme, a été atteint.
20Avec son ensemble de pierres couchées, déplacées, brisées, débitées en morceaux, la première image du site trahit plutôt un plan de destruction délibérée. Mais destruction de quoi ? et par qui ?
21De cette architecture et de son histoire, nous tenons les premiers éléments : des emplacements de menhirs (ou stèles) marqués par des traces de calage, mais trop espacés les uns des autres pour former une suite cohérente, une première ligne. S’agit-il d’un ensemble homogène constitué d’un ou de plusieurs édifices ? de divers assemblages de pierres dressées sans aucun lien entre eux ? Ou s’agit-il d’un même ensemble modifié au fil du temps au gré des phases de construction, d’agrandissement, de réfection et de destruction, sachant que ces constructions perdurent souvent sur deux millénaires ?
22Les éléments dont nous disposons ne permettent pas, à ce stade, de répondre à ces questions. Ils confirment simplement la présence d’un édifice mégalithique démantelé. L’existence de quelques blocs brisés mais conservés en connexion avec leur base encore fichée en terre témoigne bel et bien d’un dispositif de pierres dressées puis renversées. Pour autant, les fosses peu profondes contenant des calages de petites pierres sont autant de jalons pour espérer restituer une partie de l’organisation initiale de l’ouvrage.
23Dans cette perspective, un axe général orienté nord-est/sud-ouest semble se dessiner. Plusieurs éléments diagnostiques convergent en tout cas vers cette première piste :
- l’examen des anciens cadastres de 1811 et de 1861, qui révèlent ce qu’était le parcellaire avant tout remembrement, montre de nettes anomalies dans les limites de parcelles, certaines d’entre elles étant orientées selon un axe nord-est/sud-ouest alors que la trame générale, orthogonale, est d’orientation nord-sud (fig. 3) ;
- la file de blocs dressés détruite après l’incendie de 2003 est agencée selon la même orientation nord-est/sud-ouest, constituant à ce titre une limite parcellaire tout aussi singulière ;
- la cartographie des blocs dégagés sur l’emprise de fouille, établie par classes de dimensions, révèle une ligne très nette, également orientée nord-est/sud-ouest, constituée par les blocs les plus grands ;
- quelques blocs épars, dont ceux conservés le long du petit cours d’eau, ainsi qu’une probable fosse de calage (non fouillée) située à proximité, jalonnent le versant ouest du vallon, toujours selon cet axe nord-est/sud- ouest.
24Ce faisceau d’indices, sans préjuger de l’aspect initial de l’ouvrage considéré, permet toutefois de supposer l’existence d’une ou de plusieurs files de menhirs s’étirant sur les deux versants.
Une chronologie des événements
25Si les processus de destruction du monument ne sont pas établis avec précision, les traces d’érosion post-mégalithique, rares et peu marquées, laissent penser que cette destruction est intervenue relativement rapidement après l’érection et le fonctionnement de l’édifice. Les observations n’ont pas permis de lever les incertitudes, mais elles autorisent toutefois quelques suppositions prudentes, notamment sur le début de la ruine du monument qui, si l’on en juge par la position stratigraphique des blocs, pourrait avoir eu lieu bien avant la fin du Néolithique.
26La date d’édification du monument, ou d’une partie de celui-ci, est attribuable à l’extrême fin du VIe millénaire ou au début du Ve, soit aux tout débuts du Néolithique, selon la chronologie établie à partir de charbons de bois issus de différents calages. Quant à la chute des menhirs, elle semble antérieure à la fin du Néolithique. Un niveau de circulation, à la surface duquel un corpus céramique et lithique attribuable à la fin du Néolithique a été mis au jour, scelle effectivement pour partie les blocs déjà couchés du monument. Alors qu’ils affleuraient encore au début de la période moderne, certains blocs ont ensuite fait l’objet d’une exploitation, source providentielle de matériaux de construction. Des fosses-carrières permettaient d’atteindre la base des monolithes et de débiter la roche. Puis le site a connu une nouvelle phase d’enfouissement, au cours de laquelle les blocs subsistants ont été progressivement recouverts. Bientôt, le besoin de terres destinées à l’agriculture a fait considérer la parcelle comme une surface exploitable. À peine recouverts, les monolithes ont subi des coups d’araire, qui ont laissé autant de fines striures sur les surfaces atteintes. C’est sans doute durant la seconde moitié du xixe siècle que la parcelle a été entièrement recouverte, ce qui a eu pour effet de sceller et de protéger le site (fig. 4). Lorsque le projet immobilier à l’origine de la fouille archéologique a été déposé, il ne subsistait du monument originel, totalement disparu de la mémoire des lieux, que la petite file de blocs découverte en 2003 (et aujourd’hui détruite).
Conclusions
27À n’en pas douter, l’opération menée à Belz a contribué à révéler une découverte majeure pour la connaissance de la préhistoire armoricaine. Les premiers résultats permettent d’affirmer que, sur la soixantaine de blocs dégagés, treize correspondent avec certitude à des éléments d’architecture mégalithique, en l’occurrence des pierres autrefois dressées. À cet effectif, il est peut-être possible d’ajouter vingt-cinq monolithes (blocs complets, non manipulés, traces de météorisation sommitale), ce qui porte à trente-huit le nombre de pièces identifiées comme telles et à cinquante-quatre si l’on y ajoute les seize éléments de la ligne détruite.
28En dépit du fait que ces blocs sont couchés, la conservation des vestiges de Kerdruellan favorise une approche globale, à la fois géologique, sédimentaire et archéologique, des aménagements mégalithiques. Certains aspects techniques relatifs aux menhirs eux-mêmes ont pu être cernés. Les potentialités du site et la possibilité d’obtenir un plan, même partiel, d’un ensemble mégalithique totalement inconnu jusqu’à présent et susceptible de se développer au-delà des limites actuelles de la fouille, sont donc bien réelles. L’intérêt scientifique du site de Belz est du même ordre que celui des alignements de Carnac. En effet, contrairement à ce qui se passe pour des alignements de pierres dressées a priori mieux connus, où les formations sédimentaires et archéologiques ont disparu pour partie sous l’effet d’une érosion naturelle et anthropique, l’alignement de Kerdruellan présente un état de conservation exceptionnel. Sur le plan de la recherche, ce site offre une occasion peu courante à l’échelle de l’ouest de la France, celle de préserver et d’étudier un monument de pierres dressées dans son environnement originel. Parmi les questions qu’il soulève figure celle de l’origine du démantèlement de tels monuments, peut-être dès la période néolithique.
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Auteurs
Institut national de recherches archéologiques préventives, UMR 6566, Centre de recherche en archéologie, archéosciences, histoire (CReAAH)
Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne-Service régional de l'archéologie et UMR 6566, CReAAH
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