Les débuts de l’élevage des ongulés dans l’Ancien Monde : interactions entre société et biodiversité
p. 145-164
Texte intégral
Introduction
1La domestication des plantes et des animaux signe le passage d’une subsistance principalement dépendante de la prédation à une économie de production. Elle est un fait majeur de la néolithisation et, de façon plus générale, de l’histoire de l’humanité et de la biosphère. De nombreuses données archéologiques, bioarchéologiques et génétiques concernant les débuts de l’élevage en Europe et au Proche-Orient s’accumulent à un rythme élevé depuis une quinzaine d’années [voir par exemple Harris 1996 ; Vigne et al. 2005 ; Zeder et al. 2006 ; Tresset et Vigne 2007]. Elles amènent à réviser en profondeur les scénarios, les interprétations et même les concepts élaborés entre les années 1950 et 1980. Pour autant, les synthèses récentes offrent des points de vue variés, parfois divergents [Davis 2005 ; Redding, in Vigne et al. 2005 ; Dobney et Larson 2006 ; Zeder et al. 2006]. Cet état de fait résulte autant de la diversité des situations de domestication, révélée par l’accroissement des données, que du manque de recul de la communauté scientifique face à un corpus encore imparfaitement publié ou critiqué.
2Dans le cadre restreint de ces quelques pages, nous nous limiterons à un bref état des connaissances concernant les lieux, dates et conditions de la domestication néolithique des ongulés au Proche-Orient et en Europe, avant de nous risquer à aborder la question des causes de la naissance de l’élevage. Quelques éclairages concernant les processus écologiques et anthropologiques alimenteront, enfin, une discussion de la notion de « révolution néolithique ».
Où, quand, comment : un bref état de la question
3L’inventaire des lieux supposés de première domestication des principales espèces d’oiseaux et de mammifères (tableau 1) dans le monde frappe par leur dispersion géographique entre l’Asie du Sud-Est et la Chine (poulet, porc, buffle), l’Asie centrale (chameau, cheval), la région indo-pakistanaise (zébu), le Proche-Orient (chat, dromadaire, porc, bœuf, chèvre, mouton, âne), l’Europe (porc, lapin), l’Afrique (chat ?, âne ?, bovins ?), l’Amérique du Nord (dindon) et du Sud (canard de Barbarie, cobaye, lama, alpaca). Une telle répartition ne peut s’expliquer que par l’émergence d’événements multiples et souvent indépendants les uns des autres. Les dates présumées de ces premières domestications s’échelonnent tout au long de l’Holocène, depuis le IXe millénaire avant notre ère (chat, porc, bœuf, chèvre, moutons au Proche-Orient) jusqu’aux temps historiques (lapin en Europe), et à nos jours, notamment avec la domestication des poissons [Vigne 2004]. Elles ont dont été l’œuvre de sociétés humaines très différentes, sédentaires ou nomades, déjà agricultrices ou non. Beaucoup d’entre elles ont accompagné ou provoqué le passage total ou partiel au mode de vie et à l’économie alimentaire néolithique.
4La domestication du chien mérite une mention particulière. Dans plusieurs régions d’Eurasie, les indices tardiglaciaires [Sablin et Khlopachev 2002 ; Vigne 2005-2006], voire aurignaciens d’après Germonpré et al. [2009], se sont en effet récemment multipliés. Il semble désormais acquis que de nombreuses communautés de chasseurs-cueilleurs avaient domestiqué les loups (Canis lupus) longtemps avant la néolithisation, sans que cela entraîne de profondes modifications de leur économie de subsistance. On peut en conclure d’une part que toutes les domestications ne sont pas liées à la néolithisation, d’autre part que l’appropriation et l’élevage des animaux étaient connus et maîtrisés bien avant le Néolithique. Comme c’est le cas dans d’autres domaines techniques [Jeunesse 2008], les mutations socioéconomiques de la néolithisation se sont nourries de savoirs préexistants, dont elles ont organisé et amplifié la mise en œuvre.
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Tableau 1. Ancêtres sauvages, dates, conditions et lieux présumés des premières domestications de quelques espèces de mammifères domestiques.
L’exemple du Proche-Orient
5Le Proche-Orient est le plus ancien foyer de domestication connu à ce jour. Il est aussi le mieux documenté par l’archéologie, qui propose désormais pour cette région une série de scénarios de plus en plus assurés et précis. Ils sont à même sinon d’éclairer, du moins de revisiter les raisons mêmes de la néolithisation.
6Dans cette région, la transition s’est déroulée entre 12000 et 7000 avant notre ère, selon quatre étapes principales : sédentarisation (premiers villages), apparition de l’agriculture aux alentours du Xe millénaire, puis apparition de l’élevage entre le milieu du IXe et le VIIIe millénaire, avant l’invention de la poterie au VIIe millénaire [Cauvin 1997 ; Guilaine 2000]. Ce sont donc des villageois agriculteurs-chasseurs qui ont inventé l’élevage des ongulés dans cette région, il y a environ 11 000 ans. Ils appartenaient au complexe culturel du Néolithique précéramique A (PPNA). Le bâti, l’organisation des villages et la présence de lieux de rassemblement intervillageois, révélés par exemple à Jerf el Ahmar [Stordeur et al. 2000] et à Göbekli [Schmidt 2003], témoignent du haut niveau de technicité, de spiritualité et d’organisation sociale de ces chasseurs PPNA. Les gravures et hauts-reliefs qui ornent certaines de ces constructions rendent compte de l’importance de la symbolique animale [Helmer et al. 2004 ; Peters et Schmidt 2004], forme d’appropriation mentale des animaux considérée par S. J. M. Davis [1987] comme une prémisse de la domestication.
7La plupart des spécialistes s’accordent aujourd’hui sur l’existence de foyers primaires de domestication du mouton, de la chèvre, du bœuf et probablement du porc sur les versants sud du Taurus oriental, en Anatolie du Sud-Est, aux alentours de 8500 avant notre ère [Vigne et al. 2005 ; Zeder 2008]. Ils ont probablement cristallisé ici et là au sein d’une vaste zone comprise entre le centre du plateau iranien et l’Anatolie centrale où, selon les derniers résultats de la génétique des populations [Naderi et al. 2008] et de l’archéozoologie [Redding, in Vigne et al. 2005], des sociétés de chasseurs pratiquaient, dès avant le IXe millénaire avant notre ère, un contrôle (« conduite ») des ongulés domestiques, notamment la chèvre et peut-être les suinés. Il n’est pas impossible que la décroissance de l’âge d’abattage des gazelles au Levant, interprétée par Davis [2005] comme la conséquence d’une surchasse, résulte en fait d’un tel contrôle « prédomesticatoire » des populations sauvages, comme suggéré anciennement par Legge [1972]. Quoi qu’il en soit, très rapidement, l’élevage de ces ongulés s’est répandu vers le sud (fig. 1), jusqu’au Levant central [Helmer et Gourichon 2008] et même au-delà des mers, jusqu’à Chypre, où ses plus anciennes manifestations datent de 8400-8300 avant notre ère [Vigne 2008]. Dès cette époque, l’adaptation de l’élevage à des climats et à des environnements très différents de ceux où vivaient les ancêtres sauvages des ongulés domestiques suggère d’importants progrès des techniques d’élevage.
8Au début du VIIIe millénaire, de façon probablement indépendante, les chasseurs-cueilleurs du Zagros centro-septentrional ont domestiqué les chèvres locales [Zeder, in Vigne et al. 2005]. Dans le même temps, l’élevage continuait de s’étendre vers l’ouest, en Anatolie centrale [Vigne et Buitenhuis 1999] et surtout vers le sud, jusqu’en Palestine et aux confins du Sinaï [Horwitz et al. 1999]. Au milieu du VIIIe millénaire, les bovins et ovins domestiqués en Anatolie faisaient leur apparition sur les lieux mêmes où la chèvre du Zagros avait été domestiquée quelques siècles plus tôt [Zeder, in Vigne et al. 2005]. À la fin de ce même millénaire, la diffusion se poursuivait vers l’ouest jusqu’au Bosphore et à la mer Égée [Tresset et Vigne 2007] et, vers l’est, sur le plateau iranien [Mashkour et al. 2007].
9C’est de cette vaste région proche- et moyen-orientale qu’est originaire une partie au moins des domestications de l’Afrique, de l’Asie du Sud, de l’Asie centrale et de l’Europe (fig. 1), où les premiers animaux domestiques issus du Proche-Orient sont attestés aux environs de 6800 avant notre ère [Guilaine 2003a].
10Le processus de domestication proche-oriental s’étend donc sur au moins un millénaire et demi, autour du complexe culturel du Néolithique précéramique B (PPNB). Très schématiquement, on distingue six phases :
- contrôle (ou « conduite ») de populations sauvages, détectable à travers la génétique des populations sauvages actuelles de chèvres [Naderi et al. Et suggéré par certains indices archéozoologiques [Reding, in Vigne et al. 2005] ;
- premières appropriations d’animaux, n’entraînant que de faibles modifications morphologiques, notamment une réduction du dimorphisme sexuel et une légère décroissance de la taille [Vigne et al. 2005], non voulues par les éleveurs [Zohary et al. 1998 ; Arbuckle, in Vigne et al. 2005] ;
- premières acclimatations hors de l’aire de répartition initiale des ancêtres sauvages, sans doute génératrices, par force, de notables améliorations techniques [Vigne 2006 ; id. 2008] ;
- extension de cette aire de répartition à des zones beaucoup plus éloignées, tel le Levant sud ;
- généralisation des premiers croisements et sélections volontaires d’ongulés, entraînant les profondes modifications morphologiques observées à la fin du PPNB moyen et au PPNB récent ; comme nous le détaillerons plus loin, c’est à peu près à cette époque que l’élevage devient prépondérant sur la chasse dans l’approvisionnement carné ; beaucoup de sociétés villageoises méritent alors le qualificatif d’agro-pastorales ;
- colonisation des confins désertiques grâce à l’invention du nomadisme pastoral, attestée à El Kowm au début du VIIe millénaire [Stordeur 2000].
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Figure 1 : Résumé de l’état des connaissances concernant la naissance et la diffusion de l’élevage des ongulés au Proche-et au Moyen-Orient.
11Cette succession d’événements macro-régionaux se décline cependant selon des rythmes et des scénarios locaux si divers qu’il convient de la considérer comme une hypothèse de travail en perpétuel remaniement plutôt que comme une chronologie bien établie. Il est en revanche assuré que la naissance de l’élevage des ongulés au Proche-et au Moyen-Orient résulte d’une histoire très longue et complexe, dont l’issue et l’importance historiques ont sans aucun doute échappé à la conscience individuelle de ses acteurs.
Causes possibles de la domestication des ongulés au Proche-Orient
12Il est trivial mais pas inutile de rappeler que seul un très petit nombre d’espèces a été domestiqué de façon durable, à l’issue de tentatives qui se sont soldées par un échec pour celles d’entre elles qui ne présentaient pas de « prédisposition biologique ni d’utilité technique ou sociale suffisante » [Clutton-Brock 1981]. En outre, il est évident que le bœuf, le mouton ou la chèvre ne pouvaient pas être domestiqués en dehors de l’aire d’origine de leur ancêtre sauvage, respectivement l’aurochs, le mouflon oriental ou la chèvre aegagre. La nature de la biodiversité locale conditionne donc les domestications initiales.
13Depuis les années 1960, de nombreux modèles ont attribué une place importante aux modifications climatiques dans l’émergence de la domestication néolithique des plantes et des animaux, notamment le dernier refroidissement tardiglaciaire (Dryas récent). Il aurait contraint les groupes humains à trouver de nouveaux modes d’approvisionnement, à inventer l’économie de production [Braidwood 1960 ; Childe 1963 ; Binford 1968 ; Flannery 1969]. Aujourd’hui, les données issues de l’analyse des fluctuations fines de l’isotope 18 de l’oxygène emprisonné dans les calottes polaires offrent une idée beaucoup plus précise de ces variations climatiques et de leur complexité. Dans le détail, elles pourraient expliquer certaines ruptures locales dans le processus de néolithisation et dans la diffusion de l’élevage et de l’agriculture [Berger et Guilaine 2008]. Considérée dans toute son ampleur chronologique, depuis la sédentarisation et l’économie du large spectre natoufiennes jusqu’au plein élevage du PPNB récent, la transition néolithique proche-orientale recouvre cependant un éventail de situations climatiques si large que l’hypothèse d’un strict déterminisme climatique n’est aujourd’hui plus défendable [Cauvin 1997 ; Cauvin et al. 1998]. Il reste cependant que les fluctuations de la fin du Pléistocène et du début de l’Holocène, notamment l’amélioration climatique des Xe et IXe millénaires, ont sans doute influé sur le processus.
14Doit-on dès lors invoquer une croissance démographique ayant nécessité une augmentation des disponibilités alimentaires ? Guerrero et al. [2008] estiment qu’au Proche-Orient, comme en Europe et en Amérique du Nord [Bocquet-Appel 2002 ; Bocquet-Appel et Naji 2006], l’accroissement démographique résulterait plutôt de la sédentarisation tardiglaciaire et ne se serait engagé de façon massive qu’avec les débuts de l’agriculture, donc près d’un millénaire avant la naissance de l’élevage. La « transition » démographique aurait donc précédé le changement techno-économique, et pourrait en être le déclencheur [Davis 2005]. Par un effet « boule de neige », démographie et économie de production auraient mutuellement alimenté leurs progrès [Bellwood 2005]. Bien que fragilisée par le mode d’estimation de la croissance démographique reposant sur l’analyse de sépultures à la représentativité mal assurée [Chambon 2005], cette théorie a le mérite de mettre l’accent sur le facteur démographique, dont l’importance est fortement soulignée par l’accroissement considérable de la taille des villages au fil du Néolithique précéramique [Cauvin 1997 ; Aurenche et Kozlowski 1999 ; Goring-Morris et Belfer-Cohen 2008].
15Pour aller plus loin, il convient d’analyser aussi le rythme et la nature du changement alimentaire [Vigne 2008]. Sur la façade atlantique de l’Europe, où le Néolithique a été importé à partir des zones plus orientales, le passage d’un approvisionnement dominé par la pêche et la collecte de coquillages à une alimentation principalement issue des produits de l’élevage est marquée par une brutale décroissance du taux de l’isotope 13 du carbone dans le collagène des ossements humains. Entre le Mésolithique et le Néolithique de Bretagne, d’Irlande ou d’Écosse, ce changement alimentaire s’est produit en moins de deux siècles [Schulting et al. 2004]. On ne dispose malheureusement pas de données semblables pour le Proche-Orient, où la matière organique des ossements humains est souvent mal conservée [voir cependant Lösch et al. 2006]. Force est alors de se fier aux données ostéoarchéologiques : sur une série de vingt-cinq sites organisés par ordre chronologique entre les PPNB ancien et récent, on observe certes une décroissance de l’importance de la consommation de viande issue de la chasse au profit de celle produite par l’élevage des ongulés [Vigne et Helmer 2007]. Mais on remarque aussi que cette dernière ne devient majoritaire dans l’alimentation des villageois qu’à partir de la fin du PPNB moyen. Contrairement à ce que l’on observe sur la façade atlantique, le changement alimentaire est ici très lent. Durant plus de dix siècles, ces sociétés villageoises ont possédé des animaux domestiques tout en continuant de se procurer la majorité des viandes et graisses animales par la chasse. Cette situation incite à réviser l’idée couramment admise selon laquelle les domestications néolithiques visaient à accroître les disponibilités en viande, et à rechercher (ou à réhabiliter) d’autres motivations.
16Tournons notre regard vers les profits d’origine animale que la chasse ne peut pas procurer : prestige social de la possession d’une bête à haute valeur symbolique, force motrice ou de portage, lait et ses dérivés. De récents travaux portant sur les résidus organiques conservés dans les céramiques du début du Néolithique ont montré que l’exploitation laitière avait débuté dès le VIIe millénaire en Anatolie [Evershed et al. 2008]. Les données archéozoologiques qui traduisent les modes de gestion par les profils d’abattage des animaux d’élevage permettent de remonter plus loin encore, au début du VIIIe millénaire, soit au PPNB moyen [Vigne et Helmer 2007]. Dès lors, rien n’interdit de penser que chèvres et moutons, mais aussi bovins, ont pu être utilisés sur une petite échelle pour la production laitière dès les origines, ce qui renforcerait les présomptions de F. Poplin [1980] et P. Gouin [2002]. La recherche du lait et de ses dérivés doit donc être rangée au rang des possibles motivations de l’élevage des ongulés.
17Dès lors, la question n’est plus seulement celle de l’accroissement des disponibilités alimentaires, mais aussi celles de la nature du changement alimentaire et du rythme selon lequel il s’est accompli au Proche-Orient. Si les laitages ont fait leur apparition dans l’alimentation villageoise dès le PPNB ancien, ils ont pu constituer un complément à la chasse en graisses et en protéines animales. Dès le PPNB ancien et plus encore au PPNB moyen, l’apparition de l’élevage, certes encore minoritaire par rapport à la chasse (ou à la « conduite » d’animaux sauvages) dans l’alimentation carnée, a pu stabiliser l’approvisionnement protéique saisonnier et apporter, avec le porc, animal caractérisé par un hyper développement adipeux [Vigne 1998], et le lait, un supplément lipidique, lui aussi saisonnier, susceptible de pallier les éventuelles carences de la production céréalière [Vigne 2008].
18Il faudrait donc comprendre cette succession d’événements comme une diversification de l’alimentation, un lissage des carences saisonnières et un accroissement global des disponibilités. Un tel scénario s’accorderait bien avec le modèle de l’effet « boule de neige » entre changement alimentaire et croissance démographique [Bellwood 2005 ; Vigne 2008]. Notons toutefois que cela ne résout ni la question de l’origine du changement alimentaire ni celle des causes de la croissance démographique.
Processus écologiques et anthropologiques
19La principale conséquence de la néolithisation est l’apparition d’une série d’écosystèmes nouveaux dont les termes extrêmes sont les écosystèmes anthropisés, apparemment naturels mais pourtant gérés par l’homme, et les écosystèmes anthropiques, composés de toutes pièces par ce dernier. Les écosystèmes anthropiques se déclinent d’ailleurs selon un gradient d’intensité de l’anthropisation, depuis les agrosystèmes jusqu’aux systèmes domestiques en passant par les pseudo-écosystèmes villageois et, plus tard, urbains (fig. 2A).
20Comment les communautés animales réagissent-elles vis-à-vis de cette nouvelle situation anthropogène ? Dans un environnement donné, chaque population animale se comporte différemment en fonction des traits de vie et de l’étendue de la niche écologique potentielle de l’espèce à laquelle elle appartient. Ainsi, l’anthropisation se solde par une redistribution des espèces dans ces nouveaux compartiments de l’espace écologique (fig. 2B). Elle engendre une nouvelle structuration écologique des taxons en cortèges anthropophobes, qui restent à l’écart, anthropophiles, qui mettent à profit les écosystèmes anthropisés, et commensaux, qui s’invitent au cœur des écosystèmes anthropiques, jusque dans la maison des hommes. Ces derniers peuvent d’ailleurs être strictement dépendants des constructions humaines, incapables de survivre durant plusieurs générations hors de ces dernières, comme c’est le cas des souris et des rats en Europe tempérée et septentrionale, ou bien commensaux facultatifs [Pascal et al. 2006].
21Dans ce cadre modélisé, la domestication peut être conçue comme un déplacement écologique de certaines espèces de l’écosystème naturel vers les écosystèmes anthropisés, après leur transfert depuis les régions souvent éloignées où elles ont été domestiquées (fig. 2C). Ce déplacement écologique induit par l’homme peut s’étendre jusqu’aux écosystèmes anthropiques les plus extrêmes, dans le cas des animaux de compagnie. Mais ce déplacement est partiellement réversible, comme en témoigne le phénomène de marronnage, beaucoup plus courant qu’on ne le pense [Digard 1990 ; Pascal et al. 2006]. Les espèces potentiellement domesticables sont anthropophiles ou commensales. C’est une condition nécessaire, mais pas suffisante. En effet, contrairement à celui des taxons non domestiqués, leur déplacement vers la sphère domestique est conditionné par l’intérêt ou le profit économique, social ou idéel qu’y trouve la société humaine. La domestication résulte donc d’une interaction complexe entre la biodiversité et les sociétés humaines, conditionnée par la volonté de ces dernières d’utiliser certains éléments constitutifs de la première.
22Ces deux composantes étant changeantes dans le temps, on peut s’attendre à ce que le processus de mise en interaction ait été soumis à de fortes fluctuations temporelles, voire à une forte instabilité. C’est en effet ce qu’on commence à percevoir des premiers élevages néolithiques, notamment à partir des récents travaux que nous avons menés à Chypre [Vigne et al. 2003]. Comme nous l’avons vu, la chèvre aegagre a été domestiquée en Anatolie sud-orientale, puis transportée et acclimatée en Damascène et sur l’île dès la fin du PPNB ancien. Les chèvres ont donc été introduites à Chypre sous une forme sinon pleinement domestiquée, du moins suffisamment maîtrisée pour supporter la traversée par mer. Dans la stratigraphie du site chypriote de Shillourokambos [Guilaine 2003b], on observe une grande stabilité de la taille des mâles et des femelles durant les huit cents ans que couvrent les phases anciennes et moyennes. Les proportions des sexes et différents autres indices montrent clairement qu’à ces époques les chèvres n’étaient pas élevées mais exploitées par la chasse. Cela incite à penser que les bêtes domestiques introduites sur l’île sont très vite retournées à l’état sauvage, constituant des populations marronnes. À partir du milieu du VIIIe millénaire, contemporain du début du PPNB récent du Levant, on relève une forte dominance des femelles parmi les bêtes tuées à l’âge adulte. Cet indice de domestication est confirmé par l’apparition, quelques siècles plus tard, d’une décroissance de taille et d’une réduction du dimorphisme sexuel. Il apparaît donc qu’après avoir été exploitées par la chasse, les chèvres marronnes ont fait l’objet d’une domestication sur place, qui a débouché sur l’élevage [Vigne, sous presse].
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Figure 2 : Représentation schématique des effets de l’anthropisation des écosystèmes sur les communautés animales (exemple des grands mammifères d’Europe occidentale) : A, apparition de nouveaux écosystèmes anthropisés et anthropiques ; B, redistribution des taxons dans l’espace écologique ainsi remodelé, en fonction de leurs capacités écologiques (niches) respectives, et apparition d’une nouvelle structuration écologique des peuplements en cortèges anthropophobes, anthropophiles ou commensaux ; C, proposition d’interprétation de la domestication comme une composante de l’anthropisation des écosystèmes.
23Ce scénario confirme le caractère changeant de la relation domesticatoire durant ces phases initiales. Il laisse à penser que, dans l’esprit des premiers Néolithiques comme dans celui de nombreuses cultures [Descola 2005], l’opposition que notre esprit moderne occidental tient pour fondamentale entre domestication et chasse n’existait pas, et que cette absence conceptuelle s’est prolongée durant plusieurs millénaires. Ce scénario montre aussi à quel point la domestication néolithique résulte d’un choix de société plus que de contraintes naturelles.
24La même conclusion s’impose lorsqu’on examine comment le « package » néolithique a été réinterprété par les premières sociétés européennes néolithisées. En effet, la régionalisation des systèmes techniques d’exploitation des ressources animales au Néolithique initial de Méditerranée nord-occidentale fait apparaître des compartiments dont les limites coïncident mieux avec celles définies par la culture matérielle qu’avec les frontières naturelles [Vigne 2007]. Les récentes données paléogénétiques réunies pour l’Europe montrent par ailleurs que, si les premiers porcs domestiques étaient bien issus de souches proche-orientales, les sociétés villageoises européennes les ont rapidement remplacés par des lignées issues de la domestication locale du sanglier européen [Larson et al. 2007 b]. D’autres données paléogénétiques ont montré qu’au contraire les Néolithiques européens n’ont pas ou très peu domestiqué les aurochs locaux, les lignées de bovins domestiques ayant été introduites à partir du Proche-Orient [Edwards et al. 2007]. Le contraste entre les scénarios observés pour le porc et le bœuf invite à chercher une explication anthropologique plutôt que naturaliste. L’image de l’aurochs dans les mentalités mésolithiques et néolithiques européennes, fortement liée aux valeurs masculines et cynégétiques, a-t-elle interdit la pénétration de cette espèce dans l’univers domestique, alors que les bovins importés, déjà transformés de longue date par la domestication, y trouvaient une place naturelle [Vigne et Helmer 1999] ?
Conclusion : quelle révolution néolithique ?
25La profonde intrication des facteurs culturels et naturels mise en lumière par ces différentes approches des domestications néolithiques impose de resituer la néolithisation au cœur de l’anthroposystème, système d’ordre supérieur qui transcende et réunit les systèmes culturels, les écosystèmes et les interactions qui les lient dans le temps et l’espace, tout en respectant leurs spécificités fonctionnelles [Muxart et al. 2003 ; Pascal et al. 2006]. Limiter la néolithisation aux approches culturelles serait tout aussi inopérant que de se restreindre à n’en aborder que les aspects biologiques. En archéologie, n’intégrer les données bioarchéologiques qu’en complément de la lecture des témoins de la culture matérielle, comme on le fait encore trop souvent, revient à nier l’évidence : les comportements des sociétés vis-à-vis de l’environnement et de la biodiversité, en particulier les domestications, sont des manifestations des comportements des sociétés tout aussi riches en informations d’ordre culturel que les « chaînes opératoires » de débitage, le bâti ou la céramique. Réciproquement, réduire le rôle des sociétés humaines à leurs mécanismes démographiques, à leurs adaptations alimentaires ou à leurs réponses aux conditions environnementales serait tout aussi inepte que de vouloir appliquer aux écosystèmes les règles de fonctionnement des sociétés. Seule la prise en considération pleine et entière des lois régissant les sociétés, de celles, bien différentes, qui gouvernent les écosystèmes et la biosphère, et des interdépendances qui, par essence, lient ces deux sous-systèmes, permettra de comprendre les raisons et les conséquences de la domestication.
26Le cadre conceptuel de l’anthroposystème rend bien compte de la diversité des situations de domestication et de néolithisation que rencontre l’archéologie et qu’elle a trop souvent cherché à fédérer au sein d’un même et unique modèle. Définir la domestication comme une relation à bénéfice réciproque (mutualiste) entre un groupe humain et une sous-population animale, le premier contrôlant au moins en partie la reproduction du second, est certes nécessaire pour le dialogue académique. S’en tenir à cette norme est cependant de nature à occulter la réalité de la néolithisation, essentiellement faite de diversité. Mettant en lumière l’équilibre sans cesse dynamique entre la diversité et l’instabilité des systèmes naturels et la complexité et l’imprévisibilité des systèmes culturels, le concept d’anthroposystème ruine tout espoir d’une modélisation simple de la néolithisation. Il incite au contraire à multiplier les approches analytiques et fonctionnelles, aux échelles de temps et d’espace les plus fines qu’autorise l’archéologie. Ainsi, la naissance de la domestication ne saurait trouver d’explication unique : de même qu’elle n’a pas résulté d’un seul facteur, comme nous l’avons indiqué plus haut, elle ne saurait avoir la même cause dans toutes les régions, à toutes les époques, et dans toutes les cultures.
27De même, la « révolution néolithique » ne doit plus être considérée seulement comme une étape, certes majeure, de l’histoire de l’humanité, mais bien plus comme un bouleversement de l’anthroposystème, en nature et en intensité.
28En nature, elle instaure un nouvel ordre dans lequel l’évolution de la biosphère n’est plus seulement dépendante des facteurs climatiques et des lois biologiques et écologiques régissant ses composantes, mais un nouvel ordre, dans lequel elle résulte aussi, à des degrés divers, des comportements techno-économiques et sociaux des sociétés humaines [Testart 1982 ; id. 1998], eux-mêmes en partie gouvernés par des représentations mentales culturelles ou religieuses, propres à l’espèce humaine ; au sein même de certaines sociétés, la néolithisation est sans doute aussi marquée par une profonde modification de la conception du monde qui autorise désormais les hommes à s’approprier les plantes et les animaux, et à attribuer une essence divine au monde et à l’univers, comme l’a proposé J. Cauvin [1997].
29En intensité, la néolithisation signe à la fois un accroissement démographique sans précédent et, en conséquence de ce dernier et de l’apparition de nouveaux comportements humains, une anthropisation sur une grande échelle des communautés végétales et animales, et de la biosphère. Les chasseurs-cueilleurs ont certes pesé sur leur environnement, sans doute parfois plus fortement que toute autre espèce de grand mammifère. L’extinction des faunes insulaires de l’océan Indien ou Pacifique en donne une illustration marquante. Par son emprise géographique croissante, par de véritables manipulations des espèces faisant de l’homme un facteur d’évolution biogéographique, voire biologique [Planhol 2004], l’appropriation néolithique des plantes et des animaux confère cependant une tout autre ampleur à l’anthropisation néolithique. À l’échelle de l’histoire quaternaire de l’humanité et de la biosphère, ce fut une évolution irréversible.
30En ce sens, on pourrait parler de « révolution néolithique ». Il conviendrait toutefois de relativiser cette expression, d’une part en rappelant qu’il s’agit d’un processus lent, complexe voire récurrent, étendu sur plusieurs millénaires, dont l’orientation a sans aucun doute échappé à la conscience individuelle, contrairement à ce que le sens commun entend par « révolution ». Pour estimer la justesse de cette appellation, il faut aussi évaluer les effets de la néolithisation par rapport à d’autres « révolutions » de l’histoire de l’humanité et de la biosphère. Pour un territoire comme celui de la France, l’accroissement néolithique des invasions ou extinctions anthropogènes de vertébrés est certes notable, mais il paraît bien faible comparé à celui provoqué par l’industrialisation : il est cent fois plus petit que celui qu’on enregistre pour le xixe siècle et mille fois moindre que celui de la seconde moitié du xxe siècle de notre ère [Pascal et al. 2005-2006 ; id. 2006].
31À l’échelle de l’histoire de l’humanité et de celle de la biosphère, la néolithisation peut sans doute être considérée comme une révolution. L’abus de cette appellation risque néanmoins d’estomper la durée, la diversité et la complexité constitutives de ce phénomène à l’échelle des sociétés et des hommes. Ce sont elles, pourtant, qui nous en apprennent le plus sur le passé et l’avenir de nos sociétés.
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La révolution néolithique dans le monde
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La révolution néolithique dans le monde
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