Glossaire
p. 153-158
Texte intégral
1Les mots qui figurent dans le glossaire sont signalés par un * dans le texte.
211-Mars : de même que les attentats du 11 septembre 2001 ont rapidement été désignés par l’expression « 11-Septembre », ceux du 11 mars 2004 à Madrid l’ont été par celle de « 11-Mars ». Une date en vient ainsi à désigner un événement singulier, suivant un usage métonymique qui n’a pourtant rien d’évident. Celui-ci culmine dans la formation d’un syntagme figé (d’où le trait d’union entre 11 et Mars, qui distingue l’expression désignant l’événement de la simple date) et la création d’un sigle correspondant. Ainsi, en Espagne, les attentats du 11 mars 2004 sont le plus souvent désignés par le sigle « 11-M », de même que « 11-S » renvoie au 11-Septembre. Ces sigles furent présents dans les journaux dès le lendemain des attentats, et se retrouvent dans de nombreux messages.
3Anomie (anomique) : absence de références à des normes sociales provoquant un intense désarroi chez un individu et par extension, comme l’a proposé au début du xxe siècle le sociologue Émile Durkheim, état d’une société dans laquelle les normes sont absentes ou contradictoires.
4Agit-prop : à l’origine Agitprop est l’acronyme du Département pour l’agitation et la propagande, organe des comités centraux et régionaux du Parti communiste de l’Union soviétique. Depuis il est utilisé pour désigner des formes de propagandes inhabituelles, originales, efficaces, soit particulièrement créatives, soit masquées et inavouées.
5Archétype : concept de Carl Gustav Jung (psychologie analytique), désignant une structure psychique, un symbole universel d’un type ou d’une personne servant de « modèle idéal ». En philosophie, un archétype désigne un modèle général représentatif d’un sujet.
6Connectique : elle regroupe toutes les techniques liées aux connexions physiques des liaisons électriques ainsi que des transmissions de données. Les progrès de la connectique et du signal permettent de mettre en relation directe toujours plus de personnes et de machines dispersées de par le monde à des coûts toujours plus faibles, elle est à l’origine de la révolution des moyens de communication dans laquelle nous sommes entrés.
7Cosmopolitisme : de façon générique, le cosmopolitisme désigne une vision du monde valorisant l’infinie diversité des hommes singuliers qui le composent, ainsi que celles de leurs modes de vie et cultures. Le cosmopolitisme est la conjonction, plutôt que le métissage, de plusieurs identités et le sentiment d’être un citoyen du monde, ou d’appartenir à plusieurs nations, sans être rivé à l’une d’elles. Contrairement au multiculturalisme, le cosmopolitisme n’est pas une manière de vivre avec les « autres » et de faire avec leurs « différences », mais plutôt une façon de considérer d’emblé le monde (cosmos) que partagent l’ensemble des hommes. Contrairement à l’universalisme*, il offre une vision de l’humanité non pas fondée sur un plus petit dénominateur commun abstrait (l’être humain), mais sur une prise en compte de la pluralité (culturelle, linguistique, etc.) qui la caractérise de fait. Le développement d’une sensibilité cosmopolitique est fortement lié à l’essor de l’individualisme dans les sociétés modernes et au processus de mondialisation.
8Effervescence collective : cette notion est au fondement de la théorie durkheimienne des religions et de la cohésion sociale (Durkheim, 1979). Elle caractérise l’état d’une foule lorsque, rassemblée autour d’un symbole sacralisé, elle connaît un degré d’excitation émotionnelle nettement supérieure à celui de situations ordinaires. Par extension, « l’effervescence collective » désigne toutes les situations où un groupe rassemblé partage un degré élevé d’enthousiasme, et où le sentiment d’appartenance collective prime sur celui de l’individualité.
9Individualisme : Durkheim (1986) est le premier à faire une différence nette entre l’égoïsme et l’individualisme. Tandis que les personnes égoïstes ne partagent aucune valeur en commun et sont menacées de ne plus pouvoir faire société, les personnes individualistes ont en commun une sacralisation de la dignité individuelle, de la personne humaine en tant que telle, qui devient la valeur morale ultime des sociétés modernes.
10Mondialisation/Globalisation : les deux termes sont le plus souvent et le plus généralement employés pour désigner le même processus, celui de l’interconnexion des réseaux de transport et de communication, la circulation des marchandises et des idées autour de la planète, qui conduisent au brassage des cultures. Le terme de globalisation qui s’est imposé dans la plus part des langues est la traduction anglo-saxonne du mot mondialisation. En France cette distinction donne parfois des subtilités sémantiques qui réserveraient le terme de globalisation à l’universalisation des principes rationnels capitalistes occidentaux, tandis que celui de mondialisation renverrait plutôt au développement planétaire des échanges, économiques, sociaux ou culturels.
11Public : un public peut être défini comme l’ensemble des personnes affectées, à des degrés divers, par les conséquences d’un même événement. On distingue généralement les publics médiatiques, étudiés par Tarde, collectifs sociaux évanescents et faiblement structurés, des publics politiques, conçus par Dewey comme des groupes d’acteurs pouvant se découvrir des intérêts partagés et une force de mobilisation. Ainsi, pour Cefaï (2007, 46), « le public est une configuration de mœurs et de préférences, d’opinions et de convictions plurielles », qui porte sur un événement donné un point de vue spécifique et dispose d’une sensibilité émotionnelle qui lui est propre.
12Standardisation : la normalisation ou la standardisation consiste à vouloir réduire la variété des possibilités pour mettre en relation et pouvoir confronter des systèmes scientifiques, techniques, industriels. Le principe de normalisation est né de la philosophie des lumières et de sa volonté d’universalisme*, pour faciliter les processus d’intelligence collective indispensables au travail des cartographes, des encyclopédistes ou des naturalistes. La standardisation des poids et mesures, par l’adoption d’un système métrique universel à la révolution française, a incontestablement contribué à l’essor des sciences, des techniques et du commerce. Le monde industriel, le fordisme en particulier, a développé les processus de standardisation parce qu’ils sont d’une part indispensables à la production de masse et à l’interchangeabilité des ouvriers. Elle est un facteur de progrès dans la mesure où elle favorise la coopération et la rationalisation. En même temps, elle contribue inéluctablement à la perte de la diversité, à la suprématie des systèmes les plus forts et à l’obsolescence des autres.
13Stéréotypes : ce n’est pas un concept stricto sensu mais une représentation plus ou moins générale des phénomènes sociaux. Il réduit l’individu à des traits censés être propres à sa culture d’appartenance (le Français est cartésien, l’Italien joyeux). Le stéréotype a un aspect cognitif, émotionnel et pragmatique. Il est de longue durée et offre une grande résistance au changement.
14Unesco : l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (ONUESC) est une institution créée en1945. Elle est principalement connue sous son acronyme anglais Unesco (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization).
15Universalisme : l’universalisme est le principe selon lequel une croyance, une opinion, une idée, des savoirs, des valeurs ont vocation à s’étendre au monde entier.
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