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Chapitre III. Dénouement et ruine de la mosaïque ethnique et confessionnelle

p. 59-79


Texte intégral

1Le caractère cosmopolite de cette ville implique non seulement la cohabitation sur un même territoire de communautés aux caractéristiques religieuses, linguistiques, culturelles et sociales très différentes, mais aussi un mode d’organisation urbain spécifique. Il ne se limite pas à une dimension démographique. Or, à partir de 1912, cette mosaïque ethno-confessionnelle s’est effacée. La rupture est brutale. En quelques années, Salonique effectue sa transition et consolide son rattachement à l’hellénisme. Efface-t-on si facilement les stigmates d’un passé, certes encombrant, mais inscrit dans une réalité urbaine pluri-séculaire ? Rien n’est moins sûr. Les vieux quartiers turcs d’Ano Poli perpétuent encore aujourd’hui le souvenir de cet héritage.

2Néanmoins, cinquante ans après l’annexion, on pouvait lire sous la plume d’un représentant éminent de la mairie de Salonique des propos sans équivoque :

« Depuis [la Libération], de nombreuses choses ont été corrigées et changées. Salonique aujourd’hui, avec tous ses défauts, a tellement évolué qu’il n’est pas possible de la comparer avec la Salonique de 1913. Bien qu’au cours de ses cinquante années de vie libre seulement un peu plus de la moitié aient été utilisées de manière féconde, une telle quantité de choses ont été réalisées qu’il ne serait pas superflu de dire qu’une nouvelle ville a vu le jour1. »

3Les statistiques illustrent parfaitement l’évolution de la composition ethnique de la cité. Le premier recensement grec de 1913 stipule que les 157 889 habitants sont répartis de la manière suivante : 61 439 Juifs (39 %), 45 889 Musulmans (29 %), 39 956 Grecs (25 %), 6 263 Bulgares (4 %), et 4 364 résidents divers (3 %). Si les Grecs arrivent seulement en troisième position, avec un quart de la population locale, ils sont omniprésents au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Au recensement de 1951, dernier en date à mentionner la religion et la langue des résidents, sur 297 164 âmes, les Grecs sont 295 084, soit 99,3 % de la population. Comment une telle transformation a-t-elle pu s’effectuer ?

Une pléiade de groupes intriqués

4Lorsque, le 29 mars 1430, Salonique tombe entre les mains des armées ottomanes, après quelques jours d’un combat inégal, la ville déchue et abandonnée ne compte plus que sept mille personnes approximativement2. Mise à sac une première fois en 1387 par les Turcs, puis une seconde fois en 1391, libérée en 1403 par Manuel II Paléologue pour être cédée à Venise en 1423, la cité était à moitié détruite et vidée de ses habitants. Malgré l’installation de quelques milliers de familles turques en provenance de Giannitsa, et le rappel des Chrétiens dispersés à revenir chez eux, Salonique ne parvint pas à redresser sa situation démographique précaire. La communauté judéo-byzantine (dite romaniote) est transférée à Istanbul3. En 1478, sur 10 414 habitants, les Grecs sont majoritaires4 : ils constituent encore près de 60 % de la population, secondés par les Turcs (40 %). L’arrivée massive de réfugiés juifs est une manne providentielle pour cette cité moribonde.

5Chassés d’Espagne en 1492 par Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille, les Juifs séfarades vinrent trouver asile dans l’Empire ottoman, à Smyrne et Salonique tout particulièrement. De quelque cinquante à soixante familles en 1478, les Israélites passent à seize mille personnes dès le début du xvie siècle. Dès lors, Grecs et Turcs deviennent numériquement minoritaires, situation qui a prévalu jusqu’à la Première Guerre mondiale. La population de la ville triple.

La Séfarade des Balkans : apogée, déclin et agonie de la communauté israélite

6En introduction à l’ouvrage le plus récent paru sur la question, l’année même du 500e anniversaire de l’exode des Juifs d’Espagne5, G. Veinstein affirme qu’» à Salonique, les Juifs n’étaient pas, comme à l’ordinaire, une minorité plus ou moins marginale, ils étaient la majorité, présents à tous le niveaux de la société et dans presque toutes les fonctions. [...] La métropole de la Macédoine était ainsi devenue la « Mère en Israël», la « Jérusalem des Balkans», ou, plus précisément, au regard de l’historien, la Séfarade (nom hébreu de l’Espagne) des Balkans ». Salonique est jusqu’en 1912 une ville turque par son pouvoir politique, grecque par son origine historique, et juive par sa population. Il suffit pour s’en persuader de se reporter à l’évolution des composantes ethno-confessionnelles sous la Turcocratie (voir tableau 10 en fin de chapitre et figure 4). Élaborés à partir de multiples références bibliographiques, ces documents sont ici utilisés à des fins de comparaison. Si les incohérences et accidents statistiques (grandes pestes, épidémies de choléra, guerres...) ont été éliminés afin de rendre possible une représentation graphique cohérente, il ne nous appartient pas de remettre en question les différents chiffres énoncés, ce domaine de compétence étant réservé aux historiens spécialisés.

7Le rétablissement démographique occasionné par l’arrivée des Israélites d’Espagne semble n’avoir été que temporaire : jusqu’au début du xviie siècle, Salonique ne réussit pas à redresser la situation. Le recensement ottoman de 1613 comptabilise seulement 18 420 habitants, où les Juifs constituent plus de la moitié de la population. À partir du xviie et surtout du xviiie siècle, la ville entame véritablement sa première période de croissance. Le développement du commerce international s’accompagne d’une démultiplication des activités, source d’une prospérité partiellement retrouvée. Dans la seconde moitié du xviiie siècle, la métropole atteint 70 000 à 80 000 âmes. La part de la communauté hébraïque paraît diminuer au profit d’une augmentation des effectifs musulmans, effet direct de la conversion d’une partie des Juifs à la foi musulmane sur les pas de Sabetay Zevi, et de la constitution de la communauté dönme6. Malgré un léger recul dans les premières années du xixe siècle, les réformes des Tanzimat ouvrent une deuxième phase de croissance, plus régulière. Salonique atteint en 1905, selon le dernier recensement ottoman, 135 000 habitants. La part des Israélites s’est à nouveau accrue : ils sont 59 % de la population locale à la veille de l’annexion. Enfin, le passage sous l’administration hellénique se traduit par un bouleversement complet de l’ordre pluri-séculaire ainsi établi. Si les effectifs grecs s’étaient déjà multipliés dans la seconde moitié du xixe siècle, ils explosent littéralement, en même temps que s’effacent progressivement les Turcs et les Juifs.

8Au xvie siècle, Salonique est la plus grande ville juive de la Méditerranée. Les Séfarades constituent à peu près la moitié de la population ; ils en formaient encore 50 % en 1914. En quatre siècles, malgré quelques fluctuations, leur position dans la métropole n’a pratiquement pas évolué. Si l’on exclut le cas des Dönme, la communauté est restée numériquement supérieure aux autres composantes ethniques. Imprimant ses marques culturelles propres, elle est à l’origine de la prospérité et du dynamisme retrouvés de la cité à partir du xviie siècle. Bien qu’il soit parfois délicat de juger de la qualité scientifique des estimations, les Israélites ont représenté depuis 1 492 entre 20 % (chiffre minimal en 1800) et 60 % (chiffre maximal de 1905) de la population urbaine. Le caractère de la ville, ses activités, sa langue (le ladino, ou « judéo-espagnol »), la morphologie urbaine, ont été totalement imprégnés par la marque israélite. La puissance de la communauté culmine au moment de l’intégration de Salonique au territoire grec.

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Fig. 4. - Évolution de la population de Salonique rapportée à ses trois principales communautés,juive, turque et grecque (1500-1951)
Source : cf. tableau 10, épuré de ses plus flagrantes invraisemblances et des accidents démographiques connus.

9Dès la fin de la Première Guerre mondiale, et surtout à partir de l’incendie de 1917 – qui ravagea la presque totalité des quartiers juifs – la présence israélite se fait moins forte. Malgré leur droit de préemption sur l’achat des logements reconstruits, devant l’animosité diffuse des Grecs, bon nombre de Juifs décidèrent de quitter la métropole macédonienne. C’est le début d’un lent exode : des 95 000 représentants de 1914, il ne reste que 65 000 en 1920, 55 000 en 1928 et 52 000 en 1935. Leur part relative diminue encore plus fortement devant l’explosion de la communauté hellénique. De 56 % en 1914, ils passent à 37 % en 1920, et à 23 % en 1928. De toute évidence, l’annexion a entraîné une lente mais sûre hémorragie.

10Le déclin de la communauté n’était pourtant pas terminé. De mars à août 1943, 46 000 d’entre eux furent déportés à Auschwitz-Birkenau et Bergen-Belsen7. Au recensement de 1951, on dénombrait 1 783 rescapés. La Jérusalem des Balkans n’est plus qu’un souvenir. Le centre-ville reconstruit n’a guère conservé de trace des synagogues, écoles talmudiques, négoces et ateliers. Les 1 300 Juifs d’aujourd’hui ne sont pas représentatifs du poids de leur communauté dans l’histoire de la cité. Au sein de la population grecque, ils sont les derniers héritiers d’une longue tradition et les témoins d’un passé révolu.

Diversité et enchevêtrement des minorités ethniques et confessionnelles

11Grecs et Turcs constituent deux groupes ethno-confessionnels d’importance approximativement équivalente pendant la période ottomane. Maîtres de la place, les Turcs assuraient leur hégémonie sur la Macédoine et les Balkans grâce à leurs troupes de janissaires, dont un contingent important stationnait en permanence à Salonique. Leurs exactions étaient redoutées de tous les habitants.

12Les Turcs n’ont jamais été majoritaires à Salonique. Avant 1492, les Grecs détenaient la primauté, et après eux les Juifs. Parmi les grandes villes de l’Empire, la métropole macédonienne était relativement peu islamisée. D’une manière générale, la communauté constituait environ le quart de la population. Le minimum noté avant les guerres balkaniques est de 15 % en 1905 ; le maximum est de 57 % en 1816. Mais la fiabilité des estimations les plus extrêmes, qui intègrent les éléments dönme, est douteuse. Une phase de prospérité est toutefois survenue autour de la seconde moitié du xviiie et du début du xixe siècle. Le nombre des Dönme a pu varier de 3 000 en 1882 à 18 700 en 1914. Loin d’être négligeable, la société dönme vivait en étroite relation avec les Turcs, dont elle avait adopté la langue et les coutumes, et fournissait un personnel abondant à l’administration ottomane.

13La disparition des Musulmans de Salonique s’est opérée en deux phases :

  • Un départ spontané devant l’avance des troupes grecques et bulgares coalisées pendant la première guerre balkanique. Si l’on s’en tient aux chiffres, cet épisode a été limité dans son ampleur et sa durée : de 1914 à 1920, leur nombre reste compris entre quinze et trente mille individus.
  • Une migration massive et définitive après l’accord gréco-turc d’échange obligatoire de populations, conclu en 1923 à Lausanne. En 1928, seul un millier de Musulmans est décompté. Les Dönme ont pris le chemin de l’exil parmi eux, pour s’installer sur le territoire de l’actuelle Turquie. En quelques mois, Salonique a vu s’effacer plus de quatre siècles d’administration ottomane. La rapidité de la « déturquisation » et l’ampleur du phénomène surprennent.

14Le sort des Grecs est totalement différent, et pour ainsi dire inverse. Avec l’invasion turque et l’installation des Séfarades dans la ville – ces deux événements ayant eu lieu à la fin du xve siècle – la communauté a perdu sa primauté. Devant l’afflux des étrangers, la population grecque entame un mouvement de repli : de 1478 à 1613, elle régresse de 6 000 à 2 800 habitants. Au cours du xviie siècle, retrouvant de sa vigueur, elle conteste aux Turcs le deuxième rang. Pendant l’« occupation » ottomane, la proportion des Hellènes a varié entre 11 et 30 % de la population totale. Leur domaine économique de prédilection était sensiblement identique à celui des Juifs, bien que ces derniers soient omniprésents dans tous les secteurs d’activité : le commerce et la finance, deux moteurs de la prospérité urbaine.

15Dans la seconde moitié du xixe siècle, la communauté retrouve une franche vitalité. La croissance économique de la ville, et le climat d’insécurité qui règne dans les campagnes macédoniennes soumises aux exactions des Komitadjis bulgares et aux rivalités nationales des pays riverains incitent nombre de Grecs à s’installer à Salonique. De 15 000 en 1880, leur nombre atteint 25 000-30 000 à la fin du xixe et au début du xxe siècle. Toutefois, lorsque les troupes du roi Constantin entrent dans la cité, ils constituent seulement 13 à 17 % de la population. De 1912 à 1920, à la faveur du départ d’une partie des Turcs et des Slaves, et de l’installation de réfugiés venus des États balkaniques nouvellement formés, la communauté devient très rapidement majoritaire (50 % de la population en 1920). Dès 1943, l’élimination des Juifs achève l’hellénisation totale de la métropole.

16Hormis ces trois groupes principaux, Salonique grouillait d’une multitude de populations, de nationalités, religions, cultures et langues diverses. La présence de ces groupes minoritaires est caractéristique d’une fonction portuaire, au carrefour de l’Orient et de l’Occident, des Balkans et de la Méditerranée.

17La présence de populations slaves (ce terme n’ayant aucune connotation nationale), et en particulier de Bulgares dans la cité, remonte aux invasions barbares qui ont débuté au vie siècle, et se sont poursuivies durant tout le Moyen Âge, jusqu’au xive siècle. Les Bulgares constituent ainsi la quatrième communauté, dans la hiérarchie précédemment établie. Pendant la période ottomane, ils semblent n’avoir jamais été très nombreux : « quelques Bulgares » sont mentionnés en 1734 et en 1816 ; ils sont 150 en 1882 (cf. tableau 10). À la faveur des incursions des Komitadjis et des guerres balkaniques, leur nombre augmente rapidement. Pendant la dernière décennie du xixe et les premières années du xxe siècle, les estimations varient de mille à dix mille, soit de 1 à 8 % de la population. Cette présence au sein de la métropole macédonienne est selon toute apparence conjoncturelle. Elle reflète une politique spécifique de colonisation en vue d’une possible annexion. Les premières écoles et églises bulgares ont été créées à cette époque. La déroute militaire de la seconde guerre balkanique met un terme à ces ambitions. La communauté disparaît alors totalement avec la convention gréco-bulgare d’échange de population (traité de Neuilly de 1919).

18Les autres minorités sont caractérisées par une grande diversité :

  • Les Albanais forment un ensemble non négligeable. Leur estimation est très difficile, car les sources manquent de précision : ils sont 4 000 en 1777. En 1928, 547 albanophones vivent dans l’éparchie de Salonique.
  • Les Valaques8 sont rarement comptabilisés dans les recensements et les estimations. Leur présence est toutefois attestée à de multiples reprises. Éleveurs nomades, leur territoire d’origine s’étendait sur les montagnes et les plaines de Macédoine et d’Épire, qu’ils parcouraient avec leurs troupeaux. Suite au traité de Bucarest, qui consacre le partage de la Macédoine entre la Grèce, la Yougoslavie et la Bulgarie, cette communauté a été contrainte à la sédentarisation. Une partie s’est installée à Salonique (1 173 locuteurs aroumains dans l’éparchie en 1928).
  • La trace de commerçants arméniens est également ancienne. Cependant, les seuls chiffres disponibles remontent à 1881 (70-80 personnes). La communauté passe à 500-600 individus au début des années 1920. Jusqu’à cette date, pourchassés par les Turcs, les Arméniens sont essentiellement originaires de Thrace orientale et d’Anatolie. La deuxième phase survient avec la Catastrophe d’Asie Mineure. Nombre d’entre eux fuient l’avance des troupes turques et se mêlent aux Grecs dans la débâcle. Ils étaient 10 000 en 1923, 6 000 en 1928. Certains ont choisi de s’établir en Arménie soviétique après la Seconde Guerre mondiale : 4 600 volontaires quittent la ville à l’appel des autorités soviétiques. Depuis, les effectifs sont restés stables. La communauté comptait 1 200 individus en 1980.
  • Installés principalement à l’extérieur des murs, près du quartier de Zeïtenlik, les Tziganes accentuent encore la bigarrure de la métropole macédonienne (401 personnes dans le département en 1951).
  • Enfin, sous le vocable de Francs étaient englobés les Français, Hollandais, Italiens, Allemands, Autrichiens et autres ressortissants occidentaux. Commerçants et industriels établis depuis la fin du xviie, et surtout le début du xviiie siècle, leur présence témoigne d’échanges réguliers avec l’Europe occidentale. Leur poids économique et politique en fit des sujets privilégiés par les autorités ottomanes, et protégés par les agents consulaires.

Le sort distinct des entours de la ville. Le recensement de 1905

19Cette bigarrure ethnique et confessionnelle n’est aucunement le reflet des campagnes environnantes. Le statut de Salonique est exceptionnel. L’habitat urbain est spécifique à certains groupes communautaires. Réalisé dans une atmosphère politique troublée, au moment où fait rage en Macédoine la guerre des Komitadjis, le recensement de 19059 est connu sous le nom de Huseyin Hilmi pacha, commissaire du Sultan. Il fut effectué dans les vilayets de Salonique, Monastir et Andrinople. Sa spécificité est d’avoir été publié en trois éditions différentes : l’une turque, l’autre grecque et la dernière bulgare.

20En l’absence de renseignements sur les méthodes utilisées par les censeurs, sa fiabilité demeure douteuse. En effet, sans même évoquer les éditions turque et bulgare, les tableaux statistiques de l’édition grecque ne concordent pas avec les données analytiques proposées par A. Chalkiopoulos. L’objectif de propagande et l’agitation politico-militaire de l’époque relativisent la portée scientifique de ce document.

21Fondé sur le système du millet, ce recensement privilégie le critère religieux par rapport à l’appartenance ethnique et linguistique. Chalkiopoulos donne les définitions suivantes :

  • « Musulmans » : Turcs, Turco-Albanais (Τουρκαλβανοί), Pomaques, Koniars, Tziganes (Αθίγγανοι).
  • « Grecs orthodoxes » (Ορθόδοξοι Ἐλληνες) reconnaissant le Patriarche de Constantinople : hellénophones, slavophones, helléno-valaques (Ελληνόβλαχοι), albanophones.
  • « Bulgarisants schismatiques » (Σχισματικοί Βουλγαρίζοντες) assujettis à l’exarchat bulgare (séparé du patriarcat en 1870).
  • « Roumanisants » (Ρουμανίζοντες ), helléno-valaques convertis à la propagande roumaine par « force, ruse ou soudoiement ».
  • « Serbisants » (Σερβίζοντες), slavophones acquis au nationalisme serbe et relevant du Patriarche œcuménique.
  • « Catholiques » divers, soumis aux intérêts occidentaux.
  • « Juifs ».

22Bien que légèrement plus étendues vers le nord-ouest et vers la Chalcidique, les limites du kaza10 de Salonique au début du siècle sont à peu près équivalentes à celles de l’éparchie actuelle. Les résultats comparés des trois éditions du recensement pour cette circonscription laissent apparaître les différentes interprétations nationalistes, qui interdisent tout commentaire. La proportion des Juifs varie, selon les cas, de 20 à 40 % de la population ; les Bulgares de 0,2 à 14 % ; les Grecs de 24 à 37 %, et les Musulmans de 21 à 34 % !

Tableau 7 - Population du kaza de Salonique en 1905 par nationalités, selon le recensement de la Turquie d’Europe par Hilmi pacha
Statistique grecque

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Statistique turque

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Statistique bulgare

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Source : Statistiques de la population de la Macédoine et de la Thrace par nationalités, Archives de Macédoine, Διοικ 3, Γεν. Διοίηοη Mακεδοίας, ϕάκ. 45

23Les statistiques analytiques de l’édition grecque nous renseignent sur la répartition des communautés ethno-confessionnelles dans l’espace proche de Salonique, avant le bouleversement des guerres balkaniques. Les Grecs sont partout autour de la ville. L’est et le sud de l’éparchie sont particulièrement représentés. En Chalcidique, excepté le chef-lieu du kaza, Polygyros, les Hellènes sont en situation d’exclusivité de peuplement. La péninsule est déjà presque totalement grecque.

24La réalité d’une présence plus forte des Musulmans à la campagne qu’à la ville est mise en évidence par leur surreprésentation dans l’éparchie de Langada. Sochos, Kryoneri, Nea Apollonia sont essentiellement peuplés par des paysans turcs. Les raisons de cette répartition restent plutôt obscures. Aux causes purement historiques s’ajoute une participation active à la production du tabac, cultivé en grandes superficies dans le secteur. Étant donné l’importance de cette communauté, le départ des résidents échangeables de Langada engendrera une situation catastrophique. La première guerre balkanique eut un effet dévastateur sur le plan économique et humain. Le déséquilibre ainsi créé sera seulement comblé par l’arrivée massive des réfugiés micrasiatiques.

25Le poids de la communauté bulgare semble de loin très inférieur aux deux précédentes. Les « Exarchistes » sont principalement installés dans la vallée du Vardar, au nord de Salonique (Vathylakkos, Pendalophos), lieu d’établissement traditionnel. La disparité ville-campagne est encore plus forte qu’avec la population musulmane. Les Bulgares ne monopolisent pas de gros villages à eux seuls. Leur présence est plus diffuse ; les Slavophones schismatiques se mêlent aux Grecs et aux Turcs. Leur éviction n’aura pas de conséquence majeure.

26Les Juifs sont dans la situation inverse : la totalité de la communauté israélite est confinée à l’intérieur de la ville. Le phénomène est remarquable par sa clarté : en plusieurs siècles de présence sur le sol macédonien, aucun essaimage en milieu rural n’a pu se développer, preuve d’une grande cohésion socio-culturelle des séfarades.

La capitale des réfugiés

27Quelques mois seulement après l’entrée des troupes grecques dans Salonique, le gouvernement central athénien charge Konstantinos Raktivan, ministre de la Justice et représentant de l’État pour les « Nouvelles Provinces11 », d’effectuer un recensement de la population. L’opération, dont l’appel est relayé par toute la presse, a lieu le 28 avril 1913. Cette annonce suscite immédiatement l’inquiétude de la communauté israélite, qui demande son renvoi à une date ultérieure. Malgré ces réticences, les autorités parviennent à rassurer la population et le dénombrement se déroule dans de bonnes conditions. Les représentants des différentes communautés ethno-confessionnelles ont été amenés à participer activement à cette initiative. Toutefois, les résultats ne seront publiés que tardivement et partiellement. Malgré la qualité du travail des agents du recensement, qui ont noté la profession, les membres des ménages, la langue et la religion des habitants, seules des données incomplètes nous sont parvenues12.

Le recensement de 1913, dernier regard avant la bataille

28Huit ans à peine après le dernier recensement ottoman, la situation a bien changé. Salonique a gagné près de vingt mille nouveaux habitants (17 %). L’imprécision des données chiffrées au tournant du siècle tient essentiellement aux critères de délimitation géographiques de l’agglomération, et au maillage administratif appliqué lors des dénombrements : intégration des habitants du sud de la ville au nahija13 de Kalamaria, et du nord à celui du Vardar. La croissance démographique s’inscrit dans la tendance générale initiée depuis le milieu du xixe siècle. Toutefois, le comptage comparé des différentes communautés ethno-confessionnelles souligne quelques changements.

29De 80 000 en 1905, les Juifs passent à 61 439 individus (– 23 %). Leur poids relatif diminue de 59 % à 39 % de la population totale. Quantité d’Israélites ont probablement choisi, à la veille ou au lendemain de l’annexion, de partir à l’étranger, principalement vers l’Europe occidentale, le Proche-Orient et les États-Unis.

30Inversement, et paradoxalement, ce recensement met en valeur une forte augmentation des effectifs musulmans de la ville : 20 000 en 1905, les Turcs sont 45 867 en 1913 (129 %). Ils forment au moment de l’annexion 29 % de la population totale, contre 15 % quelques années plus tôt. Ce résultat n’est pas le fruit d’une politique concertée, mais bien plutôt la traduction statistique de la première étape de retraite de la communauté musulmane de Macédoine, menacée par les conflits armés de l’arrière-pays. Dernier grand bastion ottoman dans la région, Salonique est un refuge, mais aussi un port et une gare, d’où l’on peut en quelques jours regagner l’Anatolie.

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Fig. 5. - Proclamation du recensement du 28 avril 1913
Cet encart a été publié dans tous les journaux de Salonique, et imprimé afin d’être affiché dans les rues, les établissements publics, et lu dans « toutes les églises, synagogues et mosquées ». Quatre alphabets et quatre langues ont été choisis par la préfecture de Salonique : grec, français, turc et ladino. L’administration n’a pas jugé nécessaire l’ajout d’une cinquième langue (bulgare) et d’un cinquième alphabet (cyrillique).
Source : Archives de Macédoine, Διοικ 3, Γεν. Διοίκηση Μακεδονίας, φάκ. 27.

31La part des Grecs paraît la plus stable, malgré une progression sensible : 30 000 en 1905, ils atteignent 39 956 individus en 1913 (respectivement 22 et 25 % de la population locale), soit une croissance de 33 %. Ce dynamisme démographique est un prolongement de la tendance amorcée depuis la fin du xixe siècle et le résultat d’une immigration d’origine balkanique, liée aux troubles qu’entraîne l’émergence des nationalismes locaux. D’autre part, la communauté bulgare enregistre une forte augmentation (mille individus en 1905, 6 263 en 1913), fruit de la politique concurrente d’Athènes et de Sofia en Macédoine. Cette situation fut provisoire, puisque la seconde guerre balkanique y mit un terme rapidement.

Tableau 8 - Population de la ville de Salonique d’après le recensement de 1913, par nationalité

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Source : Archives de Macédoine, Διοικ 3, Γεν. Διοίκηση Μακεδονίας, φάκ. 27.

32Le centre-ville de Salonique comprend, en 1913, 114 499 habitants (73 % du total), contre 25 349 à Kalamaria (16 %), et 18 041 dans le quartier nord du Vardar (11 %). Près de 30 % de la population urbaine se trouve déjà au moment de l’annexion à l’extérieur des remparts historiques. Malgré la faible représentation des Grecs, troisième groupe numérique derrière les Juifs et les Musulmans, le découpage administratif en vingt et une circonscriptions propulse les Hellènes sur le devant de la scène : ils sont majoritaires dans onze quartiers, contre seulement sept aux Israélites, et trois aux Ottomans.

33Contrairement à l’image colportée par la littérature du début du siècle, Kalamaria n’est pas un secteur particulièrement occidentalisé. Les Grecs forment près de 50 % des effectifs, tandis que 1 445 étrangers seulement y vivent, soit 0,6 % des résidents. Du côté du Vardar, l’équilibre est plus marqué : expulsés par l’incendie de 1890, les Juifs ont érigé quantité de nouvelles demeures. Leur nombre atteint pratiquement celui des Grecs (à peu près 30 % de la population). Bien que ce découpage administratif grossier interdise une lecture précise des données, les rapports sont inversés dans la ville intra-muros. Présents aux quatre coins de l’agglomération de manière diffuse, les Ottomans sont fortement majoritaires dans la ville haute, et les Israélites conservent une primauté incontestée dans la ville basse. Ainsi, excepté quelques îlots de peuplement dans le centre historique, les Grecs ont surtout investi la périphérie urbaine. Cantonnés aux quartiers extérieurs, marginalisés sur le plan géographique, le centre-ville reste pour eux un espace à conquérir14. Pour cela, de nombreux obstacles devront être levés.

Échanges volontaires et migrations forcées : faillite des équilibres traditionnels et réadaptation

34De 1912 à 1923, la Grèce est confrontée à une situation de guerre permanente. Les déplacements spontanés de population dus aux conflits sont relayés par les échanges, formule adoptée par les belligérants pour compenser les expulsions massives. Ce système était censé éliminer les problèmes de minorités dans les Balkans. Il s’accompagne de certaines garanties formelles pour les éléments échangés, telles que le droit théorique à disposer de leurs biens mobiliers et de bénéficier d’indemnités pour les propriétés abandonnées. Le 27 novembre 1919, la Grèce et la Bulgarie signent à Neuilly un accord d’« échange réciproque ». Le 30 janvier 1923, quelques mois après la déroute des armées grecques en Anatolie, une convention d’échange de populations grecques et turques est signée à Lausanne. La formule n’est toutefois pas uniforme : entre les échanges gréco-bulgare et gréco-turc existe une différence fondamentale. Le premier se fonde, en principe, sur le volontariat, tandis que le second consiste en une émigration obligatoire. Dans tous les cas, les échanges ne font que concrétiser de jure une situation d’exode de facto.

35Sur le plan humain, les guerres balkaniques ont entraîné une importante série de changements. Au moment de la signature de la convention gréco-bulgare de 1919, un grand nombre de ressortissants des deux pays avaient déjà pris le chemin de l’exil. Plusieurs milliers de Grecs de Bulgarie ont été rapatriés, face à l’animosité et aux menaces pressantes des autochtones. L’occupation bulgare de la Macédoine orientale a accéléré le départ des hellénophones vers la partie centrale et occidentale de cette région, tandis que les Bulgares des territoires soumis à l’autorité hellénique effectuaient un mouvement inverse. Au total, 60 000 Bulgares auraient fui la Macédoine grecque, et 80 000 Grecs auraient abandonné la Macédoine bulgare et la Thrace occidentale15.

36Durant la même période, bien que l’importance des flux soit pratiquement impossible à mesurer – les départs spontanés échappent aux indicateurs statistiques –, quantité de Musulmans, parmi lesquels des hommes publics, des administrateurs et des propriétaires fonciers craignant pour leur sécurité, ont plié armes et bagages : la première guerre balkanique et la propagande jeune-turque poussent plusieurs milliers de personnes à prendre la route. A. Pallis16 estime que 100 000 à 150 000 Musulmans avaient déjà quitté la Grèce au moment de la convention de Lausanne, et que 250 000 Grecs avaient, à ce moment-là, abandonné la Turquie. Si les estimations sont déjà rares pour les mouvements d’échange globaux, elles sont inexistantes à l’échelon local. Le chercheur en est réduit à une approche indirecte.

37Après le désastre de Smyrne en 1922, la situation empire. Les déplacements forcés se déroulent désormais à très grande échelle : 800 000 Grecs et Arméniens d’Anatolie et 200 000 de Thrace orientale viennent trouver refuge en Grèce, pendant et immédiatement après les opérations17. Aucun dispositif n’avait été prévu pour les accueillir. Le retour des Grecs en Turquie étant hors de question, la solution d’un échange, proposée par E. Venizelos, fut acceptée : les Musulmans de Grèce, à l’exception de ceux établis en Thrace occidentale et en Épire (Albanie), furent obligés d’émigrer; 109 577 Musulmans transitent à partir de 1924 par Salonique pour s’embarquer à destination de l’Asie Mineure et de la Thrace18.

38Au moment de la convention de Lausanne, le nombre total de Grecs encore présents en Turquie (à l’exclusion de Constantinople) n’excédait pas 115 000 individus. Quelque cinquante mille personnes vivaient encore dans leurs propres maisons ; les autres étaient dispersées, ou déportées, aux confins de l’Asie Mineure. L’échange de population les a probablement sauvées de l’extermination. De l’autre côté, 350 000 Musulmans résidaient encore sur le sol grec19. La Turquie avait un intérêt à accepter la tractation : recoloniser les localités laissées vacantes par un million de Grecs et d’Arméniens.

39Le critère déterminant dans cet échange est confessionnel. Il concerne d’une part les Grecs orthodoxes de nationalité turque, et d’autre part les sujets hellènes musulmans. La seule exception est constituée par les Musulmans d’origine albanaise, restés à l’écart du mouvement. Dans ce cas aussi, les critères sont sujets à discussion : comment distinguer les Grecs convertis à l’Islam, linguistiquement albanophones mais sympathisants turcs, des autres Albanais ?

40Le bilan de ces opérations est saisissant. En 1912, les communautés habitant la Macédoine grecque, telle qu’elle est aujourd’hui définie, sont réparties de la manière suivante : Grecs 43 %, Musulmans 39 %, Bulgares exarchistes 10 %, autres 8 %20. En 1926, on compte 88 % de Grecs, 5 % de Slaves et une quantité négligeable de Musulmans (0,1 %).

41À l’échelle de Salonique, la transformation a été tout aussi radicale. Les réfugiés arrivés avant le désastre d’Asie Mineure sont au nombre de 20 000, en provenance des pays balkaniques, et de Turquie. De 1923 à 1928, 97 000 réfugiés s’y ajoutent; soit en tout 117 000 personnes déplacées. La part totale des immigrés dans la population de la ville en 1928 est donc de 48 %. De 1913 à 1928, 45 000 Turcs sont partis, abandonnant leurs quartiers d’Ano Poli, accompagnés par 6 000 Bulgares. Dans cette partie de la ville désormais désertée, les réfugiés s’installent en priorité : les petites maisons construites à la hâte dans les années 1920 jouxtent les anciennes demeures d’architecture macédonienne. La ville comble alors définitivement les espaces vides qui persistaient à l’intérieur des remparts. Des quartiers neufs sont créés de toutes pièces à Neapoli, Agia Paraskevi, Saranda Ekklisies, Triandria, Toumba, Kouri, Katirli, Nea Krini. Malgré ce tableau, l’impact des échanges de population sur Salonique stricto sensu semble avoir été relativement moins marquant que sur le reste du territoire macédonien : les Turcs et les Bulgares étaient d’abord des ruraux. La ville perd en grande partie son caractère cosmopolite, le seul élément résiduel étant une communauté juive tiraillée entre l’exode et l’adaptation.

42Salonique fait partie des villes helléniques qui ont accueilli le plus grand nombre de réfugiés. Seules Athènes et Le Pirée, où 230 000 personnes ont trouvé abri, surpassent la métropole macédonienne. Le troisième centre d’accueil, Kavala, arrive très loin derrière, avec 29 000 nouveaux venus. La Macédoine et la Thrace ont offert l’hospitalité à 61 % des 1 221 849 réfugiés recensés en Grèce en 1928 ; Salonique a capté près du dixième de ce flux.

43Les migrants installés dans la métropole et dans ses environs sont originaires de trois régions principales : l’Asie Mineure, la Thrace orientale et le Pont. Ces trois postes totalisent 80 à 90 % des provenances. Les natifs d’Asie Mineure forment le premier groupe en Chalcidique et à Salonique, où leur domination est incontestable. Probablement en raison du très fort déficit démographique et de son caractère strictement rural, l’éparchie de Langada se démarque du profil d’ensemble : les réfugiés thraces arrivent au premier plan, tandis que les Pontiques trouvent en ce lieu une place privilégiée. La métropole macédonienne a en revanche accueilli un grand nombre de Stambouliotes, peu enclins à s’improviser paysans.

44L’étude méticuleuse menée par M. Maravelakis et A. Vacalopoulos21 sur soixante-quinze villages et hameaux de colonisation de l’éparchie de Salonique, à partir des données statistiques du Bureau de colonisation agricole de Salonique (chiffres de 1926), démontre le lien étroit entre origine géographique et lieu d’installation. Les réfugiés d’Asie Mineure et de Thrace ont, semble-t-il, privilégié le sud de l’agglomération. Le cas le plus intéressant concerne les natifs de Bulgarie : l’analogie entre les communes d’installation des réfugiés et les sites abandonnés par les « Exarchistes » est flagrante. Ce phénomène n’est probablement pas fortuit ; trancher entre la volonté administrative directe et les migrations spontanées vers les villages anciennement slavophones demeure délicat.

Tableau 9 – Réfugiés grecs en 1928, par pays de provenance Éparchies de Salonique, Langada et Chalcidique

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Source : ESYE, recensement de la population de 1928.

45Ville de repli de la diaspora hellénique, Salonique porte dans sa chair la marque indélébile laissée par ces événements. Les nombreux quotidiens actuels qui perpétuent le souvenir de cet exode ont trouvé dans la nouvelle migration des Grecs du Pont l’occasion de renouveler l’imagerie collective, en soulignant la vocation d’accueil permanente de la métropole nord-hellénique. L’hellénisation intégrale de Salonique est le double résultat d’un processus de départ des populations qui donnaient à la cité son caractère multi-ethnique et d’installation des réfugiés de la diaspora. La ville fut imprégnée dans son ensemble par cet afflux brutal et massif de populations allogènes. Son attraction et son poids régional se mesurent alors à l’aune de sa capacité à capter ces flux migratoires proches et lointains.

Tableau 10 - Évolution des composantes ethno-confessionnelles de la ville de Salonique (1478-1951)

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En caractères gras : Source.
En italique : Cité par (Cf. bibliographie).

Notes de bas de page

1 Θεσσαλονίκη 1912-1962 (Salonique 1912-1962), Comité des fêtes du cinquantenaire de la Libération de Salonique, mairie de Salonique, 1962, pp. 102-103.

2 V. Dimitriadis, Τοπογραϕία..., op. cit., p. 15.

3 E. Benbassa, A. Rodrigue, Juifs des Balkans – espaces judéo-ibériques xive-xxe siècle, La Découverte, Paris, 1993, p. 69.

4 Premier recensement ottoman connu sur la ville, cité par V. Dimitriadis, Τοπογραϕία..., op. cit., pp. 25-26.

5 G. Veinstein (sous la direction de), « Salonique 1850-1918 : la ville des Juifs et le réveil des Balkans », Autrement, série Mémoires, 1992, p. 12.

6 Nom turc signifiant « convertis ». Juifs ayant adopté la foi musulmane au xviiie siècle ; ils se désignaient eux-mêmes sous le terme de Maminin (« croyants, ma’aminim »).

7 M. Molho, In Memoriam. Hommage aux victimes juives des nazis en Grèce, Salonique, 1973, p. 326.

8 Autrement appelés Vlaques ou Koutso-Valaques.

9 A. Chalkiopoulos, Μακεδονία. Εθνολογική στατιστική βιλαέτιων Θεσσαλονίκης-Μοναστηρίον (Macédoine. Statistique ethnologique des vilayets de Salonique-Monastir), Nomikis, Athènes, 1912, 116 p.

10 Subdivision du vilayet (province) : circonscription judiciaire du kadi (juge).

11 Terminologie officielle pour désigner les régions passées sous tutelle grecque à l’issue des guerres balkaniques.

12 Se reporter pour plus de précisions à l’article de V. Chekimoglou paru dans le journal Κυριακή les 17 et 24 mai 1992 intitulé « Τα παραλειπόμενα της απογραφής του 1913 (“Les omissions du recensements de 1913”) », ainsi qu’à V. Dimitriadis, « Ο πληθυσμός της Θεσσαλονίκης και η ελληνική κοινότητα της κατά το 1913 (La population de Salonique et sa communauté grecque en 1913) », Μακεδονικά, XXIII, 1983, pp. 88-116.

13 Plus petite circonscription administrative ottomane. Le kaza de Salonique était constitué au début du siècle de trois nahija : ceux de Salonique, de Kalamaria et du Vardar. Cf. Archives de Macédoine, Διοικ 3, Γεν. Διοίκηση Μακεδονίας, ϕάκ. 45.

14 Phénomène commun à d’autres villes ottomanes : Rhodes, Famagouste, etc.

15 S. B. Ladas, The Exchange of Minorities. Bulgaria, Greece and Turkey, Macmillan, New York, 1932.

16 A Pallis, « Exchange of populations in the Balkans », The Nineteenth Century and After, Londres, 1925, p. 3.

17 A. Pallis, « Exchange of populations... », art. cit., p. 4.

18 S. B. Ladas, The Exchange..., op. cit., p. 438.

19 A. Pallis, « Exchange of populations... », art. cit., pp. 4-5. Voir aussi E. Kolodny, « Des musulmans dans une île grecque : les “Turcocrétois” », Mediterranean World, XIV, 1995, pp. 1-16.

20 A. Pallis, Les Effets de la guerre..., op. cit., pp. 138-139, ainsi que J. Ancel, La Macédoine, étude de colonisation contemporaine, Delagrave, Paris, 1930, pp. 120-121.

21 M. Maravelakis, A. Vacalopoulos, Αι προσφυγικαί εγκατάστασεις εν τη περιοχή Θεσσαλονίκης (L’installation des réfugiés dans la région de Salonique), Société d’études macédoniennes, Salonique, 1955, réédition Vanias, Salonique, 1993, 532 p.

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