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Chapitre premier. Un pôle d’équilibre à l’échelle nationale

p. 19-40


Texte intégral

1L’agglomération d’Athènes atteint, selon le recensement de 1991, 3 100 000 habitants, et sa région urbaine dépasserait les quatre millions de personnes, c’est-à-dire quelque 40 % de la population de la Grèce. Ses fonctions centralisatrices portent aussi bien sur la sphère économique, financière et politique. Quelle autre ville peut prétendre entamer la suprématie de la capitale et avoir une quelconque autonomie ou influence régionale ?

2Capitale économique de la Turquie d’Europe sous l’Empire ottoman, Salonique est aujourd’hui la seconde ville de Grèce. Chef-lieu de département, siège de l’Administration générale de Macédoine et du ministère de la Macédoine et de la Thrace, grande place militaire, deuxième port grec, centre universitaire prestigieux, malgré ses importants tribunaux, sa vingtaine de consulats et son million d’administrés, elle ne peut toutefois prétendre au titre de co-capitale de la Grèce.

3Elle occupe pourtant dans la hiérarchie urbaine hellénique une place originale. Située entre Athènes et un groupe de villes de rang inférieur aux influences réduites – la troisième agglomération, Patras, regroupe seulement 172 000 habitants –, la métropole macédonienne se tient dans cet « entre-deux » qui la rend difficilement classable. Comment caractériser sa place et son mode de croissance actuels ?

Métropole balkanique et « ville intermédiaire1 » grecque

4L’hégémonie régionale de Salonique est loin d’être un phénomène récent. Résultat d’un processus engagé au tournant du xixe et du xxe siècle, elle s’est concrétisée lors de l’intégration territoriale de la Macédoine à l’État grec. Contrairement à Athènes, la métropole macédonienne bénéficie dans la continuité historique d’un rôle de grande ville. La Brasilia méditerranéenne dont parle G. Burgel avait été réduite à une simple bourgade rurale avant de devenir en 1834 la capitale du nouvel État hellénique indépendant. Au même moment, quoique soumise à un déclin relatif, Salonique s’imposait comme une grande ville de l’Empire ottoman, capitale économique de la Turquie d’Europe, et assurait un rôle de relais de la puissance stambouliote sur le sud des Balkans. L’expression, utilisée par E. Gavrielatos et J. Malézieux, de « métropole régionale à vocation internationale2 » est la traduction d’une ambition récente, qui évoque le désir de reconquérir une position ancienne.

5La métropole nord-hellénique jouit d’un passé prestigieux et d’une existence continue. Il suffit pour s’en convaincre de citer l’énumération – non exhaustive – de G. W. Hoffman :

« At various periods Thessaloniki was the capital of a Roman autonomous district (regione), the seat of a General (praetor), the residence of the Emperor, the administrative capital of the Illyrian prefecture (Praefectura praetoria per Illyricum), the capital of a military administrative district (theme) of the early Byzantine rulers, seat of a governor appointed by the Byzantine emperors, seat of an Archbishop, the refuge of various Byzantine rulers, usurpers and the contenders of the throne, the seat of the Latin Kingdom (1204-1224), and the center of the Epirote state (1224-1246), Venetian Governors (1423-1430) and Turkish pashas3. »

6Au-delà d’une influence politique, cette ville a su imposer plus récemment aux Balkans sa prépondérance économique, grâce à des réseaux commerciaux étendus. Ainsi, N. Svoronos peut affirmer :

« Les deux plus grandes échelles du Levant au xviiie siècle furent Smyrne et Salonique : Smyrne, capitale économique de l’Anatolie, et Salonique, capitale économique de la Roumélie. [...] Si nous nous rappelons que le commerce étranger et surtout le commerce par voie de terre avec la Russie, l’Empire d’Autriche et l’Allemagne était à Salonique beaucoup plus actif que dans les autres échelles du Levant et dépassait, surtout après la Révolution française, celui des Français, nous comprendrons l’importance économique de Salonique dans le commerce du Levant. Cette importance augmenta encore au cours des premières années du xixe siècle, quand, par suite du blocus continental, Salonique devint le seul entrepôt par lequel s’exerçait le commerce anglais avec l’Europe centrale, l’Allemagne et le Nord. Bref Salonique, dont le commerce s’étendait à tous les Balkans du nord, à toute la Grèce proprement dite jusqu’au Péloponnèse et aux îles, à l’Égypte, à la Syrie, en Asie Mineure, à la Russie, à l’Autriche, à l’Italie, à l’Allemagne et à la France, peut être considérée à juste titre comme la capitale commerciale de tous les Balkans4. »

7Comment la prépondérance athénienne a-t-elle pu s’imposer dans ces circonstances ?

8Salonique appartient à ce groupe de villes intermédiaires –, nombreuses dans les Balkans –, constitué d’anciens centres urbains ottomans, dont le développement a été mis à mal par la création de frontières fermées et par l’essor de nouvelles capitales nationales. Leur sort est étroitement lié à l’évolution de la carte politique de la péninsule balkanique, qui a remis en question tous les acquis. À partir de 1912, l’annexion de la Macédoine à la Grèce se traduit par le passage de la tutelle de Constantinople à celle d’Athènes5. Entre 1870 et 1930, le recul de l’Empire ottoman et la création progressive d’États nationaux provoquent de profondes transformations dans l’organisation urbaine (planches 31 à 33)6.

9Située au cœur des possessions européennes de l’Empire, Salonique apparaît en 1870 comme le centre gravitationnel des Balkans. Avec ses 80 000 habitants, elle arrive loin derrière Istanbul (600 000 hab.) et Smyrne (192 000 hab.), mais talonne le premier centre rouméliote : Andrinople (110 000 hab.)7. En revanche, sa supériorité sur les nouvelles ou futures capitales nationales est incontestable : Athènes (59 000 hab.), Skopje (28 000 hab.), Belgrade (25 000 hab.), Sofia (20 000 hab.) et Tirana (10 000 hab.) ne sont que des organismes urbains secondaires, distancés par les relais commerciaux et centres administratifs ottomans de Sarajevo (50 000 hab.), Prizren (46 000 hab.), Bitola (40 000 hab.), Plovdiv (40 000 hab.), Shkodër (35 000 hab.) ou Serres (30 000 hab.).

10Dès les années 1910, la situation se renverse : en quarante ans, les nouvelles capitales ont réussi à imposer leur hégémonie. Sofia (103 000 hab.) et Belgrade (92 000 hab.) sont désormais à la tête de leur hiérarchie nationale respective. Istanbul confirme sa progression pour atteindre 1 500 000 âmes, tandis qu’Andrinople (81 000 hab.) et Smyrne (209 000 hab.) stagnent ou régressent. À l’échelle balkanique, Salonique est désormais enclavée et isolée de l’espace sur lequel elle exerçait naguère son influence. Bien qu’elle ait bénéficié des avantages des réformes des Tanzimat, et que sa population résidente ait atteint 158 000 personnes – soit un doublement d’effectifs –, elle est distancée par Athènes et ses 200 000 habitants. La métropole macédonienne est coupée de ses relais commerciaux traditionnels, tel Bitola, par une frontière distante d’une quarantaine de kilomètres. L’intégration de Salonique dans le territoire grec coïncide avec le moment où Athènes devient le deuxième centre urbain de la péninsule balkanique, après Istanbul. Cette mutation politique a certainement joué en sa défaveur. L’élan dont elle avait bénéficié se trouve brutalement interrompu. Sa libération et son annexion entraînent la réorientation de ses activités vers un nouveau marché, un réseau d’échanges plus limité. De nombreux sièges d’entreprises sont transférés vers l’Attique.

11La trame des changements ainsi amorcée se déroulera par la suite sans surprise. Dans les années 1930, les capitales nationales atteignent un stade de développement tel, que leur hégémonie ne fait désormais plus aucun doute et ne sera plus menacée. Athènes et Le Pirée, qui totalisent 703 000 habitants, se rapprochent d’Istanbul (900 000 hab.), qui subit le contrecoup de la crise politique et militaire dans laquelle s’est enfoncée la Turquie. Avec 236 000 habitants en 1928, malgré l’apport substantiel des réfugiés micrasiatiques, Salonique doit faire face à de profonds problèmes d’adaptation et de restructuration. Elle appartient à cette catégorie de villes ottomanes devenues par la force des choses des centres urbains régionaux, à l’exemple de Plovdiv (119 000 hab.) ou de Skopje (65 000 hab.). Bitola, Serres ou Edirne (Andrinople), trop contiguës aux frontières, sombrent dans le déclin.

12L’évolution politique des Balkans a conditionné le devenir de la métropole macédonienne et sa place dans la hiérarchie urbaine. Remises en question pendant l’occupation germano-bulgare (1941-1944), les frontières politiques n’ont été que très légèrement modifiées depuis les années 1920. La situation actuelle découle donc directement des changements opérés à cette époque. Désormais enclavée et privée d’une partie de son hinterland traditionnel, Salonique va réorganiser son aire d’influence sur une région étroite : la Grèce du nord. Les politiques de développement modernes sont toutefois directement inspirées du souvenir de son ancienne prépondérance. La reprise des relations économiques, culturelles et politiques avec certains des pays balkaniques voisins n’est-elle pas susceptible de réactiver les anciens réseaux de relations ?

13Le changement politique a provoqué la mise en place d’un nouveau réseau relationnel autour de la capitale macédonienne, plus étroitement lié à elle que jamais. Depuis leur rattachement, les villes de la Grèce septentrionale ont toutes connu une forte croissance, non dénuée de fluctuations (planche 34 et figure 1). De 1913 à 1920, elles stagnent ou régressent. La hiérarchie est bouleversée ; Serres perd plus de la moitié de ses habitants en dix ans. De 42 000 habitants en 1905, elle chute à 18 000 en 1913, et à 14 000 en 1920. Deuxième ville de Macédoine après Salonique, elle passe au troisième rang après Kavala, et il faut attendre 1981 pour qu’elle retrouve son niveau du début de siècle. L’extrême morcellement géographique de la Macédoine occidentale suscite et entretient une nébuleuse de petites villes qui contraste fortement avec les unités plus importantes de Macédoine orientale et de Thrace. À l’ouest, privés du soutien de Bitola, ces petits centres passent directement sous domination salonicienne. L’installation des réfugiés d’Asie Mineure, dès les années 1920, consolide Kavala, Drama et Serres, qui doublent pratiquement leur population. De 1928 à 1971, les trois villes occidentales de Kozani, Veria et Katerini enregistrent une croissance ininterrompue, tandis que les agglomérations orientales, soumises plus intensément à l’exode vers la République fédérale d’Allemagne et à la crise de l’industrie du tabac, végètent.

14Les caractéristiques de l’armature urbaine sont restées constantes. Mais le poids relatif de Salonique n’a cessé de progresser.

Tableau 1 - Évolution de la population de Salonique (1905-1991)*

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Source : ESYE, recensements de la population.
Note **

15Excepté la période troublée des années 1920, les conséquences du rattachement imposent à la métropole une croissance modérée dans la première moitié du siècle. À ce moment, l’écart avec Athènes se creuse de façon irréversible. Derrière cette évolution, somme toute modeste, se cachent des mutations extrêmement brutales, dont les effets contraires tendent à s’annuler. Les structures économiques, sociales et démographiques se réadaptent à de nouveaux critères. Avec l’après-guerre, l’exode rural et le renouveau économique, commandé par Athènes, permettent à l’agglomération de renouer avec un accroissement exponentiel, dont le maximum se situe dans la décennie 1961-1971.

16Ainsi, la primauté numérique de Salonique sur la Grèce du nord n’a cessé de s’étendre tout au long du siècle. La rumeur prétend que les progrès effrénés des dernières années pourraient mener à terme à un rééquilibrage des forces entre les deux rivales grecques, en réponse aux dysfonctionnements internes de la capitale. Simple divagation ou ambition refoulée ? Le développement récent et rapide de Salonique ne parvient pas à effacer les traces du passé. Avec l’ouverture des frontières du nord, la tutelle d’Athènes aurait pu évoluer. En fait, elle semble pour le moment se renforcer dans le sens d’une fermeture : les querelles qui opposent la capitale grecque à Tirana, à Skopje, à Istanbul, ne faisant que s’envenimer périodiquement, la métropole macédonienne demeure plus que jamais un « cul-de-sac ».

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Fig. 1 - Évolution de la population des villes de la Grèce du nord, 1913-1991. Agglomérations et communes supérieures à 10 000 hab. en 1991
Source : ESYE (recensements)

Le développement urbain accéléré des trente dernières années

17La place de Salonique dans la hiérarchie urbaine nationale s’est affirmée progressivement depuis la Seconde Guerre mondiale. Son comportement démographique, son aire d’influence régionale, font d’elle le seul ensemble urbain capable de soutenir la comparaison, et d’adopter une similitude d’évolution avec la capitale. La croissance enregistrée au cours des trente dernières années est significative du rôle de contre-poids joué aujourd’hui par la métropole macédonienne face à l’hégémonie athénienne (planches 29 et 30).

18De 1961 à 1991, sur les 79 agglomérations, villes de plus de dix mille habitants et chefs-lieux de nomes8 du pays, seuls neuf essuient une régression de peuplement. La croissance est quasi généralisée à tous les échelons de la Grèce urbaine ainsi définie. Seules les localités mineures, situées dans des régions très déprimées, échappent à cette tendance : cinq d’entre elles sont des villes insulaires, et huit appartiennent à la partie sud du territoire hellénique ; ce qui les place plus ou moins directement, selon les cas, dans l’orbite athénienne. La dernière, Kilkis, relève de la zone d’influence salonicienne. Les cités les moins dynamiques se regroupent dans le sud du Péloponnèse, le nord de l’isthme corinthien jusqu’au département d’Arta, la Macédoine occidentale et orientale. Petits centres provinciaux, elles subissent de plein fouet les conséquences d’une mise à l’écart des grands flux migratoires, ou pâtissent d’une trop grande proximité des frontières nationales. À l’autre extrémité de la hiérarchie, Iraklio, Rhodes, Patras, Agrinio, Iannina, Alexandroupoli, jouent un rôle de relais de la puissance athénienne à l’échelon régional. L’axe Athènes-Salonique ajoute un effet entraînant : Chalkis, Larisa et Katerini font preuve d’un dynamisme marqué.

19Les zones d’influence respectives des deux grandes métropoles divisent ainsi le pays en deux, selon une ligne de partage reliant Iannina à Larisa. La position intermédiaire de ces deux dernières localités leur assure une énergie renouvelée, tandis qu’Alexandroupoli et Iraklio fonctionnent en contrepoids aux deux extrémités du territoire. La nette supériorité d’effectif de la métropole macédonienne sur les autres agglomérations régionales interdit de la ramener au rang de simple ville de province. Sa capacité à canaliser les flux migratoires, tant à l’échelle régionale qu’internationale, l’autorise à rivaliser dans une certaine mesure avec la capitale. Cette spécificité se fonde sur un comportement démographique original.

20Les outils statistiques doivent être utilisés avec précaution dès lors que sont abordées des variations de population pluridécennales et appréciés les rapports entre solde naturel et mouvement migratoire. L’ESYE publie depuis 1956 une brochure annuelle relative au mouvement naturel de la population (mariages, naissances vivantes et décès) rapporté au lieu de domicile permanent des individus, pour les départements, éparchies9, villes et bourgs supérieurs à deux mille habitants. En l’absence de renseignements directs sur les déplacements de personnes, il est possible d’obtenir un bilan migratoire calculé, en soustrayant les résultats cumulés du mouvement naturel domicilié de la variation intercensitaire de la population présente10. Ces données n’étant disponibles que pour les agglomérations supérieures à deux mille habitants, le solde naturel des régions rurales est déduit par la soustraction de la population urbaine de l’ensemble.

21Cette opération implique qu’une définition du seuil d’urbanité soit clairement établie, plus précisément que celle proposée par la Statistique. La définition de l’ESYE11 ne peut en effet être considérée comme satisfaisante, car elle exclut bon nombre de centres provinciaux qui assurent par leur rôle administratif, et par les services qu’ils proposent, une fonction urbaine, même mineure. Seront donc considérés comme « urbains »12 :

  • tous les dèmes13 et communes rattachés à une « agglomération urbaine » par l’ESYE, dans les limites définies par cet organisme lors du recensement de 1991 ;
  • tous les chefs-lieux d’éparchie totalisant deux mille habitants et plus, regroupés dans la localité principale (chef-lieu) desdits dèmes et communes ;
  • les autres communes et municipalités réunissant cinq mille habitants et plus au chef-lieu, quelle que soit la population totale de la commune (sont ainsi exclus les nouveaux dèmes officialisés lors du dernier recensement, créés artificiellement par regroupement de communes rurales).

22Les multiples changements de limites administratives, qui émaillent l’évolution historique des communes, éparchies et nomes, font obstacle aux calculs. Il est souvent bien délicat de dépasser la décennie qui sépare deux recensements : la vision diachronique n’est possible que si les modifications sont limitées. La reconstitution statistique ne pose ainsi pas de problèmes majeurs pour la décennie 1981-1991. Les communes qui ont atteint le stade des deux mille habitants entre les deux recensements, pour lesquelles les données sont incomplètes, sont toutefois ignorées. Le même calcul appliqué à l’ensemble de la période 1961-1991 est en revanche bien plus compliqué14.

23Le pôle de développement athénien affirme une prédominance incontestée sur la hiérarchie urbaine grecque par un taux de croissance de 65 % entre 1961 et 1991. L’agglomération passe ainsi de 1 852 709 à 3 055 922 habitants15, et double pratiquement le nombre de ses administrés, si l’on prend en compte ses communes périphériques. Cet accroissement est dû, à parts quasiment égales, au solde naturel (31,4 %), et au solde migratoire (33,5 %).

Tableau 2 – Agglomération d’Athènes : évolution démographique 1961-1991

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Source : ESYE, recensements et mouvement naturel domicilie de la population. 57 communes en 1961, 59 en 1991.

24L’agglomération s’est nourrie autant de sa propre croissance démographique que des apports migratoires extérieurs. Cet équilibre global constaté sur la totalité de la période est loin d’être constant. Au cours de la décennie 1961-1971, le bilan migratoire l’emporte largement sur le solde naturel. L’exode rural fournit ainsi un contingent de 481 000 habitants supplémentaires en dix ans, preuve de la puissance d’attraction de la capitale sur le pays tout entier. Dans le même temps, le solde naturel atteint 207 000 personnes. La décennie suivante est marquée par un rééquilibrage des tendances, pour aboutir à une inversion entre 1981 et 1991 : désormais, l’infime progression globale de 1,1 % (contre 37,3 % de 1961 à 1971) n’est plus assurée que par l’excédent des naissances sur les décès.

25D’attractive, Athènes est devenue entre-temps un foyer d’émigration à courte distance. Sur trente ans, les plus forts taux de croissance de Grèce sont enregistrés en Attique : Acharnes atteint 289 %, Marathon 320 %, Nea Makri 423 %, Pallini 471 %, le record étant détenu par Ano Liossia avec 539 %. Cette dernière commune passe ainsi de 3 348 habitants en 1961 à 21 397 en 1991, pour un solde migratoire près de deux fois supérieur au solde naturel.

26La métropole macédonienne adopte une conduite démographique similaire. Comme celle d’Athènes, sa population a doublé, passant de 378 444 à 735 293 habitants16 (+ 94 %). Et – deuxième point de rapprochement – la progression des effectifs a eu tendance à se tasser : de 46 % entre 1961 et 1971 (175 000 personnes en dix ans), elle chute à 5 % entre 1981 et 1991.

Tableau 3 - Agglomération de Salonique : évolution démographique 1961-1991

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Source : ESYE, recensements et mouvement naturel domicilié de la population. Treize communes en 1961, quinze en 1971-1991.

27Salonique fait preuve d’un pouvoir d’attraction relativement plus soutenu que celui de la capitale. L’agglomération a bénéficié en l’espace de trois décennies d’un excédent migratoire de 55 %, contre un croît naturel de 39 %. Ces nuances n’empêchent pas de confirmer la parité de comportement des deux plus grands ensembles urbains nationaux : si de 1961 à 1971 l’exode rural assure à lui seul les deux tiers de la croissance de l’agglomération, à l’autre bout de la période, la métropole macédonienne est devenue légèrement déficitaire sur le plan migratoire. La progression n’est plus assurée que par un taux de natalité resté relativement élevé, mais lui-même soumis à fluctuation : les six mille naissances annuelles du début des années 1960 ont été largement dépassées par le maximum de 11 500 entre 1976 et 1982, avant de connaître une diminution constante : 8 465 nouveau-nés ont été enregistrés en 1991. Dans le même temps, le nombre de décès annuel a régulièrement progressé, passant de trois mille dans les années 1960 à 5 512 en 1991. Il faut y voir le signe d’un vieillissement progressif de la population urbaine, qui devrait aboutir à courte échéance, si la tendance se confirme, à un affaiblissement du solde naturel, et par voie de conséquence à une réduction de la population présente. Le flux migratoire une fois tari, Salonique devrait entrer dans une période de maturité de développement, et connaître une stabilisation de ses effectifs. Mais l’ouverture des frontières à partir du début des années 1990, et les nouveaux déplacements engendrés par cet événement, ont rendu cette évolution en partie caduque.

28Les disparités internes de l’agglomération sont notables (planche 6). La commune de Salonique ainsi que ses très proches voisines d’Ambelokipi, Neapoli et Agios Pavlos perdent une partie de leurs effectifs depuis les années 1980 ou stagnent : nombre d’habitants fuient le centre-ville pour se tourner vers les banlieues, plus accueillantes. Les dysfonctionnements, caractéristiques des centres-villes des grandes métropoles, trouvent ici une application immédiate. La commune de Salonique perd ainsi 5,5 % de sa population entre 1981 et 1991, tandis que les naissances excèdent encore les décès de 40 698 individus (+ 10 %). La municipalité aurait donc perdu 63 144 habitants en dix ans (– 15,5 %). Le départ des administrés est massif.

29Les communes périphériques les plus attractives sont localisées à part égale au nord et au sud de la ville. Au nord, Efkarpia croît dans la dernière décennie de 24 %, Eleftheri de 30 %, Polichni de 21 %. C’est ici que les nouveaux arrivants de tous horizons peuvent s’installer le plus facilement. Ces localités, qui abritent de grandes entreprises industrielles, ont traditionnellement accueilli une main-d’œuvre nombreuse et peu qualifiée, originaire de l’hinterland macédonien. Au sud, la croissance est encore plus élevée : Kalamaria gagne 59 %, avec 30 295 nouveaux venus ; Pylaia parvient à 75 %, et obtient 8 958 habitants supplémentaires en dix ans ; Panorama croît pour sa part de 137 %. Ses administrés passent de 4 193 en 1981 à 10 275 en 1991. La couronne sud s’affirme ainsi comme la destination privilégiée des Saloniciens, lassés d’habiter dans un centre-ville surpeuplé et pollué. Les effets de la redistribution interne sont flagrants. Les communes en question, essentiellement résidentielles, brillent par leur réputation. Tous les citadins ambitionnent de venir s’installer le long du littoral du golfe Thermaïque, ou sur les versants ensoleillés du Chortiatis. Les éléments d’une géographie migratoire intérieure à l’agglomération se dessinent clairement. Ils seront notamment confirmés par l’étude spécifique consacrée à l’implantation des Grecs du Pont17.

30L’homologie de comportement démographique entre Athènes et Salonique ne trouve pas d’équivalent dans le reste de la hiérarchie urbaine. De 1961 à 1991, Patras est passée de 103 808 à 170 452 habitants18 (+ 64 %) selon un processus distinct, et décalé par rapport aux deux grandes métropoles. La période initiale (1961-1971), qui détermine l’explosion de ces dernières, se traduit ici par une variation d’à peine 13 %. L’exode rural s’est peu orienté vers ce chef-lieu de province, trop imbriqué dans la zone d’influence de la capitale. Sur une croissance globale de 16 % entre 1961 et 1971, 13 % relèvent du solde naturel, et seulement 3 % de l’excédent migratoire. Patras a été pratiquement ignorée par l’exode qui a vidé ses campagnes. Dernier élément divergent, sa progression est restée élevée au cours de la dernière décennie (+ 10 %). Ainsi, la troisième ville de Grèce présente un profil démographique radicalement différent des deux premiers ensembles urbains. Peu attractive, son essor est essentiellement dû au maintien d’une forte natalité locale, qui n’est jamais descendue en dessous du seuil décennal des 12 % au cours des trente dernières années.

31À l’exception de Salonique, tous les centres urbains régionaux sont caractérisés par un bilan migratoire invariablement inférieur au solde naturel, même au plus fort des années 1951-1971. Ces villes n’ont réussi à capter qu’une faible partie des courants migratoires à destination d’Athènes et de Salonique. Malgré une progression de 86 % et de 102 % de 1961 à 1991, Iraklio et Larisa n’échappent pas à ce profil.

Le contexte régional de l’emprise salonicienne (1981-1991)

32Salonique occupe sans conteste une position motrice dans le développement urbain de la Grèce du nord. Presque toutes les villes de moyenne importance qui gravitent autour d’elle sont amenées à croître par effet d’entraînement, tandis que les conditions locales prédominent en Macédoine occidentale, orientale et en Thrace (planches 15 et 16). Ptolémaïs, Grevena, Serres, Eleftheroupoli, Xanthi, Komotini et Alexandroupoli parviennent à opposer une certaine résistance à l’attraction de la métropole, et à suppléer à la déprise rurale de leur arrière-pays : sièges d’instances administratives départementales, villes industrielles, commerçantes et de garnisons, leur potentiel ne fait aucun doute, même s’il demeure insuffisant. En dessous du seuil des quinze mille habitants, un énorme fossé s’est creusé, au-delà duquel les plus petites cités se heurtent à de franches difficultés pour maintenir leurs effectifs à niveau.

33À l’exception de Polykastro, Goumenissa et Arnaia, toutes les unités urbaines de Macédoine centrale progressent. Les plus forts taux de croissance se retrouvent dans la périphérie de Salonique : Oraiokastro atteint un maximum de 105 %, suivie par Thermi (52 %), Nea Michaniona (46 %) et Agios Athanasios (36 %). Inversement, les villes en perte de vitesse pâtissent d’une position excentrée sur le territoire régional : Kastoria (– 12 %), Sidirokastro (– 12 %), Nea Zichni (– 10 %), Sapes (– 16 %) et Souphli (– 10 %) régnent sur des régions rurales déprimées, avec lesquelles elles entretiennent d’étroites relations. De faible taille, elles dépassent à peine – hormis Kastoria – le seuil des cinq mille habitants.

34Les agglomérations « semi-urbaines19 » comprises entre deux et cinq mille habitants regroupent aussi bien des bourgs ruraux tournés vers l’agriculture que des villages colonisés par une population entièrement citadine. Les vides urbains de la Macédoine occidentale et de la Thrace, où les chefs-lieux d’éparchie et de nome ne trouvent plus aucun relais local, contrastent fortement avec l’arc de développement qui s’étend d’Edessa à la pointe de la péninsule de Sithonia, en Chalcidique. Un continuum de bourgs et de petites unités urbaines jalonne ce parcours, sans interruption. De 1981 à 1991, la partie méridionale de cet ensemble géographique, stimulée par l’expansion de Salonique et les activités touristiques, a progressé à un rythme accéléré. La campania salonicienne du bas Axios (Vardar), davantage tournée vers les activités industrielles et agricoles, a été sur ce point devancée. Deux secteurs géographiques affichent une vigueur qui n’émane pas de la toute-puissance salonicienne. Le premier, autour de Katerini, s’étend de Korinos à Leptokarya, et se compose de bourgs mi-urbains mi-touristiques, échelonnés entre la mer et les versants orientaux de l’Olympe. Le second se localise entre Kavala et Drama, et s’appuie sur l’axe routier qui relie les deux villes, distantes seulement de 38 kilomètres.

35Les cités qui subsistent ailleurs semblent bien isolées. Les campagnes se sont vidées, et continuent encore de se dépeupler, contribuant au déclin des plus gros villages : la récession des vallées de l’Aliakmon, de Siatista à Velvendos, du haut Axios autour de Goumenissa et Polykastro, du Strymon et de l’Angistis, entre Neo Petritsi et Alistrati, ainsi que de toute la bordure de l’Evros, de Nea Vyssa à Pheres, achève de désertifier l’arrière-pays macédono-thrace.

36La majorité des villes enregistre un excédent de naissances (planches 17 et 18). La jeunesse est le propre de l’urbanité, tandis que les campagnes ne cessent de dépérir. Seules les plus petites unités urbaines, telles que Arnaia, Nea Zichni, Limenas ou Souphli, échappent à la règle. Partout ailleurs, le solde naturel est largement positif. Les cités et les bourgs de Macédoine occidentale font preuve d’un plus grand dynamisme en ce domaine, comparés à leurs équivalents orientaux, à natalité plus modérée.

37La diversité des situations dans les éparchies rurales ne peut être traitée que ponctuellement. Certaines campagnes se trouvent dans une situation totalement déficitaire tant les décès l’emportent sur les naissances, d’autres au contraire dans une situation excédentaire. La délimitation géographique est délicate. À l’ouest comme à l’est, espaces en crise et en développement se côtoient. Globalement, toutefois, la région urbaine de Salonique et la plaine de Macédoine centrale présentent un profil positif.

38De la Chalcidique à Edessa et à Katerini, rares sont les localités où la natalité ne dépasse pas la mortalité. Au-delà de cette limite, les facteurs locaux deviennent prépondérants. Tandis qu’en Macédoine orientale (Drama, Kavala, Serres) la dépression est généralisée, et que les éparchies frontalières de la Turquie (Souphli, Didymoticho et Orestias) sont déficitaires, la Thrace occidentale, de Xanthi à Alexandroupoli, enregistre un fort excédent : ce phénomène est de toute évidence le fruit du comportement démographique spécifique des Musulmans. La forte natalité qu’ils engendrent permet à cette région de ne pas s’écrouler. La population rurale du nome de Xanthi accuse ainsi 8 % de bilan naturel décennal, et dépasse celui de Xanthi-ville (7 %).

39À l’autre extrémité de l’échelle, le minimum est atteint dans l’éparchie de Siatista. Deux types de campagnes doivent donc être distingués : d’une part, celles, vieillissantes, touchées très tôt par l’exode rural, et aujourd’hui soumises à une forte mortalité, et d’autre part celles qui sont parvenues à maintenir, ou qui bénéficient, depuis peu, d’un capital humain renouvelé, notamment dans les tranches d’âge les plus fécondes.

40Sur le plan migratoire, Salonique atteint un équilibre de ses effectifs (planches 19 et 20). Pourtant, les échanges sont importants. Si l’agglomération accueille un nombre notable de nouveaux venus, elle redistribue ses résidents dans la vaste banlieue qui couvre une partie des éparchies de Chalcidique et de Langada, aujourd’hui les plus attractives de Grèce du nord. Sur ce plan, le flanc sud de la métropole l’emporte largement sur le nord, où seules trois localités affichent un bilan migratoire décennal supérieur à 15 % : Agios Athanasios, Ionia et surtout Oraiokastro. En contre-pied, la Thrace s’affirme résolument comme un foyer d’émigration. Avec un bilan de – 14 %, l’éparchie de Komotini est la plus déficitaire, suivie de près par celle de Xanthi (– 10 %). En dix ans, la campagne thrace a perdu 19 679 habitants (– 10 %), tandis que ses villes n’attiraient que 423 nouveaux venus (+ 0,3 %). Les bourgades rurales se trouvent dans une situation catastrophique et subissent de plein fouet un exode persistant.

41Le découpage régional achève de se confirmer : la Macédoine centrale, de Kilkis à Edessa et Katerini, continue à affirmer sa vitalité en captant les flux régionaux. Au-delà de cette limite, l’incertitude domine. Les campagnes ne produisent plus qu’un flux réduit de départs, essentiellement autour de Kozani, et dans le département de Serres. Elles ont atteint un stade d’équilibre départs-installations qui contraste avec la situation qui a prévalu durant les trente dernières années. Vidées de leur contenu humain, elles ne peuvent plus alimenter la croissance de la métropole macédonienne, qui doit trouver ailleurs les éléments de sa vigueur démographique.

42L’analyse du comportement des villes de la Grèce du nord permet ainsi de comprendre indirectement la situation de Salonique. Les cités d’immigration sont peu nombreuses. Katerini et Serres sont les seuls ensembles urbains d’importance qui réussissent à séduire un nombre significatif de migrants. Tandis que la première se construit comme relais de la métropole, Kavala semble perdre inexorablement son ancienne influence. Partout ailleurs, dépression et stagnation prédominent. En Macédoine occidentale, la situation est très précaire : Ptolémaïs, la ville champignon, présente un bilan migratoire déficitaire, au même titre que Kastoria, Florina, et surtout Kozani qui laisse s’échapper près de 3 200 habitants (– 10 %) en dix ans. La Macédoine orientale répond aux mêmes vicissitudes. Sidirokastro continue sa décadence (– 12 %). Kavala (– 1,7 %) et Drama (– 1,4 %) restent au coude à coude. En Thrace, Xanthi et Alexandroupoli arrivent seules à maintenir un faible pouvoir attractif.

43Les mouvements migratoires en Grèce septentrionale ont en fait largement diminué au cours des dix dernières années. La croissance urbaine n’est plus désormais le résultat d’une immigration massive, mais la conséquence d’un solde naturel excédentaire. Salonique fait figure d’exception. La métropole macédonienne a pratiquement fini de vider son arrière-pays et de lui imposer son hégémonie. L’avenir est-il au-delà des frontières ?

Un foyer d’attraction régional et international

44Enfermée dans des frontières étanches, son territoire d’influence réduit à une portion congrue, épurée de tous les traits cosmopolites qui étaient les siens au début du siècle, Salonique a été soumise à une vague d’hellénisation, qui a laissé subsister des traces infimes de la diversité humaine antérieure. Les flots successifs de migrants – réfugiés d’Asie Mineure, paysans de Grèce du nord – ont recouvert et noyé dans leur masse le multi-ethnisme et le multi-confessionalisme de la métropole. La construction de la ville contemporaine s’est fondée à la fois sur un mouvement d’expulsion et de réduction des éléments non orthodoxes et non hellènes de la population, et sur l’intégration de migrants grecs de tous horizons, appelés à se retrouver sur le sol de la mère patrie. « La Grèce s’est agrandie, l’hellénisme s’est rétréci20 ».

45L’ouverture des frontières et la désagrégation du bloc communiste ont récemment introduit une nouvelle phase de changements, et suscité chez certains l’espoir d’un renouveau des échanges, tandis que d’autres en redoutaient les perspectives insoupçonnées. Depuis quelques années, face à la renaissance des flux migratoires de l’étranger, Salonique semble partiellement renouer avec son antique bigarrure ethnique. Dès les années 1980, une partie de la diaspora grecque d’Allemagne (d’ailleurs issue pour plus de la moitié d’originaires de la Grèce du nord), des États-Unis et d’Australie a entamé un repli vers le territoire national. De surcroît, des migrants en provenance des anciens pays socialistes sont apparus.

46À côté des touristes, très discrets dès que l’on s’éloigne de la tour Blanche, Salonique s’est mise à l’heure russe. Les Albanais arrivés en masse dès la fin des années 1980 faisaient déjà partie du paysage humain habituel des campagnes et des banlieues industrielles. Des employés, à l’accent grec très roulé et à la diction incertaine, travaillent aujourd’hui derrière les comptoirs des bars ou aux guichets des magasins : nombre de Serbes et de Bulgares ont trouvé un asile, au départ temporaire, dans la métropole macédonienne, plus ouverte à la réussite individuelle que leur pays d’origine. Polonais, Lituaniens, Tchèques, Russes, viennent s’ajouter aux contingents de travailleurs vivant de petits boulots, que la structure économique hellénique est si propice à créer. Les hôtels sont remplis de Bulgares, de Serbes et de Macédoniens en transit, pourvus de visas à courte durée, qui effectuent une navette régulière avec les contrées balkaniques voisines, et colportent des produits de consommation dont leurs compatriotes sont friands. Si les Russes préfèrent effectuer ce genre de transactions à Istanbul, où les autocars sont fréquemment envahis par les sacs plastiques qui servent à l’emballage des marchandises, certains n’hésitent pas à l’occasion à faire leurs courses à Salonique, pour trouver quelques produits spécifiques. Les femmes sont largement majoritaires dans ce trafic plus ou moins légal. Certaines arrondissent leurs profits en se prostituant occasionnellement, mais cette tendance est nettement moins marquée qu’à Istanbul.

47Le passant entend régulièrement parler russe, serbe, bulgare ou albanais au détour des rues. Les affiches publicitaires, les pancartes des tours-opérateurs, les officines de traduction libellées en cyrillique ou en géorgien se multiplient. Quelques mots de turc s’échangent à la terrasse des cafés. Seul un expert saura en revanche identifier les dialectes pontiques aux accents si différents du grec démotique. Les Pontiques, qui peuvent prétendre à la nationalité grecque, constituent un groupe appelé à se stabiliser. La multiplicité cosmopolite échappe souvent aux indicateurs statistiques. Les gens vont et viennent, ne laissant que de rares traces de leur apparition, d’autant plus floues que leur situation est indécise au regard de la législation grecque. Cette affluence de main-d’œuvre est amenée à nourrir une économie locale dynamique et très diversifiée.

Des atouts économiques incontestables

48La place privilégiée tenue par Salonique au sein de la hiérarchie urbaine balkanique se traduit également par un dynamisme économique remarquable. La métropole macédonienne cumule des activités très contrastées. Certes, au niveau décisionnel, sa dépendance vis-à-vis d’Athènes est pratiquement totale. Elle ne dispose d’aucun organe de pouvoir réellement autonome. Simple poste relais du gouvernement, le ministère de la Macédoine et de la Thrace, localisé dans le Diikitirio, ne parvient pas à faire illusion. Le siège social de toutes les grandes entreprises de la région est localisé en Attique.

49L’intégration de Salonique dans le giron hellénique en 1912 a été de ce point de vue un événement marquant : les sociétés industrielles et commerciales en vue, qui ne déplacent pas leurs bureaux de commandement en Grèce méridionale, sont rachetées. Une restructuration du réseau bancaire est engagée. Athènes impose sa mainmise rapidement21. Les conséquences de ces transferts sont gigantesques : en 1982, les prêts accordés par la Banque agricole aux producteurs du nome de Salonique représentaient le cinquième de ceux délivrés à leurs homologues athéniens. Pourtant, entre les deux départements, les emplois agricoles sont deux fois plus importants dans la campania salonicienne, et les étendues cultivables excèdent de 60 % celles de l’Attique. Le seul organisme bancaire qui dispose aujourd’hui d’un siège social dans la métropole, la banque de Macédoine-Thrace, a été fondé très récemment (1979)22.

Tableau 4 - Population active de l’agglomération de Salonique, par branche d’activité économique 1951-1991 (en %)

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Source : ESYE, recensements
Note *

50Malgré de tels handicaps, Salonique s’impose à l’heure actuelle comme un grand centre de commerces et de services : 57 % de la population active était employée en 1991 dans le secteur tertiaire. Les offices administratifs sont effectivement très nombreux, et permettent à la métropole d’assurer efficacement son rôle de relais gouvernemental : dix délégations ministérielles sont disséminées aux quatre coins de l’agglomération, auxquelles s’ajoutent les organismes communaux, départementaux et régionaux, les services publics, etc. Cette pléthore de fonctionnaires occupe plus d’un tiers des actifs. Les entreprises commerciales n’en sont pas moins vaillantes et variées. En 1988, le nome de Salonique accueillait 23 000 établissements de commerce de gros et de détail, contre 71 000 à Athènes – soit approximativement un tiers –, pour un total de 50 000 emplois. Ces chiffres sont à la fois révélateurs des potentialités propres du marché local de consommation, et de l’étendue des réseaux de distribution à l’échelle de la Grèce du nord. Les comptoirs de la foire internationale s’intègrent dans ce cadre d’échanges. À l’instar d’Istanbul, les Russes, Bulgares et autres Serbes, qui effectuent le voyage en car, train ou avions charters jusqu’en Macédoine, trouvent sans difficulté de quoi approvisionner leurs trafics.

51De 1951 à 1991, le rythme de croissance du secteur secondaire n’est jamais parvenu à dépasser celui du tertiaire. Salonique s’impose pourtant comme le deuxième pôle industriel du pays, loin devant Patras. En 1988, le département comptait 107 000 actifs dans cette branche, contre 246 000 dans le Grand Athènes, et à peine 21 000 en Achaïe. De 1978 à 1988, tandis que ces effectifs diminuaient de 13 % en Attique, Salonique enregistrait une hausse de 29 %.

52La saturation de la région capitale n’est probablement pas étrangère à cette promotion. Déjà, au cours des années 1960 et 1970, la création de grandes zones industrielles et artisanales au nord de l’agglomération s’était appuyée sur une volonté gouvernementale de délocalisation. Textile et confection occupent un tiers des emplois, loin devant l’alimentation (19 %). Les migrants étrangers ont remplacé les paysans macédoniens, et alimentent aujourd’hui ces activités très gloutonnes en main-d’œuvre. Les conditions de travail sont précaires pour ces résidents tolérés, qui ne bénéficient pour la plupart d’aucune protection juridique ou sociale. Les usines métallurgiques et mécaniques, qui ont si activement pourvu dans le passé au recrutement des migrants ruraux, sont entrées récemment dans une phase de restructuration. Après l’explosion des deux décennies d’après guerre, bâtiment et travaux publics ont dû affronter un ralentissement net de leurs commandes.

Tableau 5 - Effectifs des industries manufacturières dans le nome de Salonique, 1978-1988

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Source : ESYE, recensements industriels.

53Cet aperçu très général sur les activités de la métropole ne saurait masquer d’autres atouts. Le port a historiquement joué un rôle essentiel dans le développement du commerce23. Sa compétitivité et son dynamisme ne sont pas seulement issus d’une situation remarquable ; ils sont entretenus depuis le début du siècle par des aménagements fréquents et une amélioration régulière de la qualité des équipements. En 1990, le trafic total de marchandises a atteint un peu plus de quinze millions de tonnes, dont neuf millions de carburants ; 98 % de l’aire portuaire opère aujourd’hui sous le statut de zone franche. Le mouvement des passagers demeurait la même année insignifiant (141 000 contre plus de six millions de personnes au Pirée-Raphina). Les autorités s’attendent à une augmentation conséquente du transit après l’ouverture des frontières septentrionales.

54Avec 1 803 000 passagers (statistiques de 1992), l’aéroport de Macédoine n’arrive qu’au quatrième rang dans la hiérarchie nationale, après Athènes (9 067 000), Iraklio (3 248 000), et Rhodes (2 297 000). En matière de santé, Salonique souffre d’un relatif sous-équipement par rapport à la capitale, même si son deuxième rang ne peut être contesté, tant les provinces helléniques sont mal pourvues sur la plan sanitaire : elle offre trente-cinq hôpitaux et 7 000 lits, contre 118 et 24 000 à Athènes.

55Tous ces arguments justifient le drainage d’une population locale et étrangère, attirée par des emplois nombreux, une embauche facile et des possibilités de réussite professionnelle. Le développement économique, largement téléguidé par Athènes, a été étroitement conditionné par le devenir politique de l’hinterland macédonien et balkanique. Salonique ne brille pas seulement par son rayonnement culturel, même si le prestige international dont elle jouit n’est pas indifférent à son pouvoir d’attraction. Un dernier indicateur, et non le moindre, peut nous aider à juger de l’influence nationale et internationale de la métropole.

Le rayonnement de l’université Aristote

56L’université Aristote de Salonique24 prétend rivaliser avec celle d’Athènes par le nombre de ses étudiants. Le chiffre le plus souvent avancé par les protagonistes de la querelle statistique est celui de cinquante mille inscrits annuels. L’ESYE nous apprend que pour l’année scolaire 1990-1991, 34 188 étudiants ont en fait contracté une inscription, toutes écoles supérieures confondues, contre 34 388 à Athènes, et 7 785 à Patras, troisième centre universitaire du pays. L’enjeu est de taille : il s’agit du prestige de la ville. Par son université et sa structure éducative, Salonique peut revendiquer un rôle plus vaste que celui conféré par ses moyens de production et par sa vitalité économique. Les répercussions directes et indirectes de ces établissements sont considérables, au premier rang desquelles figure la capacité de former ses propres élites. Étudier l’origine géographique des étudiants est donc un bon moyen de cerner l’emprise nationale et internationale de la ville, et de juger la portée de sa renommée à travers le monde.

57Le système de recrutement des étudiants par concours à l’issue du baccalauréat (απολυτήριο) induit un gigantesque brassage. Le lieu d’affectation dépend de l’orientation disciplinaire des impétrants, de leurs vœux géographiques et de leur classement au concours d’entrée, mais résulte également de la diversité des filières proposées par chaque centre universitaire. De ce point de vue, grâce à leur capacité d’accueil et à la multitude de leurs formations, Athènes et Salonique surpassent nettement les autres foyers régionaux d’enseignement. L’analyse de l’origine géographique des étudiants doit intégrer ces paramètres.

58Pour toutes ces raisons, l’échantillon estudiantin n’est pas représentatif de l’ensemble de la population de Salonique ; il exclut d’emblée les migrants économiques, et une partie des classes sociales défavorisées. Alentour des grands bâtiments dispersés à l’arrière de la foire internationale, l’anglais est la langue étrangère qui domine derrière le brouhaha des conversations en grec. Les échanges inter-universitaires européens ont largement favorisé les déplacements temporaires pour études, mais ce n’est pas du côté de ce microcosme que se trouvent les indications les plus importantes.

59L’université ne possède pas de structure centrale qui permette d’accéder directement aux fichiers des étudiants. Seules les données de la section d’architecture, située au sein de l’École polytechnique, ont pu être consultées. Cette recherche a été rendue possible par une informatisation progressive à partir de 1980. Le phénomène est suffisamment exceptionnel en Grèce pour être souligné, tant le retard d’équipement des services publics entrave leur efficacité. L’exploitation des renseignements n’en a pas moins posé certaines difficultés techniques, la lecture des documents magnétiques codifiés en alphabet grec réclamant un programme de traduction pour être lisible sur un calculateur français. En dépit de ces inconvénients, la quantité d’informations traitées augure des perspectives futures, avec la multiplication des ordinateurs dans les divers services d’État helléniques.

60Le service informatique de l’École d’architecture a fourni une liste de tous les inscrits de 1983 à 1994 inclus, soit 11 379 étudiants répartis sur douze ans. Chaque inscription comporte l’année, la localité, le département ou pays de naissance, puis la localité et le département de résidence. Fruit de l’adaptation à la nouvelle donne numérique, quelques inscriptions n’ont pas été entièrement remplies : on énumère 11 348 lieux de naissance déclarés (99 %), contre 10 709 lieux de résidence (94 % des cas). S’il est difficile de juger de la représentativité de cet échantillon par rapport à l’ensemble de l’établissement universitaire, la quantité globale de données et la stabilité chronologique de la collecte sont suffisantes pour rendre l’approche significative.

61Le nombre annuel moyen d’étudiants inscrits est de 948, tous échelons confondus. La régularité des chiffres est constante. De 1983 à 1994, les natifs de l’étranger, dont une bonne partie possède la nationalité grecque, constituent approximativement le dixième des inscrits. Le recrutement est par conséquent à forte majorité grecque. La répartition des naissances en Grèce laisse apparaître que moins du tiers (31 %) sont nés dans le département de Salonique (planche 40). Les autres étudiants sont originaires du reste de la Grèce; l’Attique arrive au deuxième rang avec 2 073 des 10 152 inscriptions (20 %). L’École d’architecture recrute pratiquement à égalité ses étudiants à Salonique et à Athènes, preuve d’une concurrence féroce entre les deux centres universitaires, mais également d’une complémentarité des enseignements dispensés. Hors de l’Attique, aucun département n’est totalement exclu : les études universitaires à Salonique sont également le lot d’individus originaires du Dodécanèse et de la Crète. Toutefois, la majorité d’entre eux ont vu le jour en Thessalie et en Macédoine. La représentation des régions qui bénéficient de leurs propres structures est plus effacée (Thrace, Florina). Seules échappent à cette emprise le Péloponnèse, les Cyclades, les îles Ioniennes et les départements maritimes de la frontière albanaise à l’isthme de Corinthe. L’université est sans conteste un moteur de l’attraction qu’exerce Salonique sur le territoire national. L’ambition de concurrencer la capitale trouve ici son point culminant.

62Parmi les 1 196 étudiants nés à l’étranger, les natifs d’Allemagne priment (planche 39) : ils atteignent à eux seuls 38 % des effectifs avec 460 inscrits. Cela n’est pas étonnant : la Grèce du nord a été le principal foyer d’émigration hellénique vers l’Allemagne fédérale au cours des années 1960. Parmi ces 460 individus, seuls 135 ont déclaré une résidence outre-Rhin. Ces chiffres tendraient à prouver que deux tiers des travailleurs émigrés vers ce pays ont pris le chemin du retour. Il peut également s’agir du cumul fréquent de deux domiciles, dont un témoigne d’investissements immobiliers effectués dans une perspective plus ou moins lointaine de retour. Salonique demeure une destination privilégiée pour la formation des enfants de migrants. Lorsque les agents administratifs ont fait l’effort de noter la ville de naissance, Munich, Stuttgart, Cologne, Düsseldorf et Francfort figurent en tête.

Tableau 6 - Lieu de naissance à l’étranger des étudiants de l’École d’architecture (1983-1994)

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Source : Département informatique, École d’architecture, université Aristote.

63Avec 334 ressortissants (28 %), Chypre se place au deuxième rang. Outre leur privilège linguistique, les Chypriotes bénéficient de facilités administratives d’inscription. L’université de Nicosie ne fonctionne que depuis 1992. Tous les ingrédients sont donc réunis pour attirer ces étudiants en Hellade. En dessous de ce seuil, le volume des inscrits chute brutalement. Les troisième et quatrième sources de prélèvement, États-Unis et Australie, réussissent à rassembler respectivement 41 et 38 inscrits (3,4 et 3,2 %, respectivement). L’attraction internationale de la métropole macédonienne porte, autrement dit, dans sa quasi-totalité, sur les zones géographiques couvertes par la diaspora hellénique. Les étudiants qui ne comptent, de près ou de loin, aucun parent grec dans leur famille sont une très faible minorité. La barrière de la langue est un facteur rebutant non négligeable. Elle décourage les candidats et concourt à marginaliser la péninsule, notamment au regard des autres pays européens. En douze ans, seuls neuf étudiants français ont contracté une inscription à l’École d’architecture.

64Le lieu de naissance n’indique d’ailleurs pas toujours un lien, ou une zone, de recrutement réel. Les renseignements sont minces et une confusion persiste sur le caractère permanent ou temporaire des lieux de résidence. Les communautés grecques-orthodoxes – en partie arabophones – du Liban, d’Israël, de Jordanie et de Syrie ont probablement délégué quelques représentants. En queue de peloton se profilent la cohorte des pays de l’Union européenne, de l’Europe centrale et orientale, d’Afrique et d’Amérique du sud.

65L’emprise internationale de l’université semble donc se restreindre à la sphère d’influence de l’hellénisme, et aux pays de la diaspora. Pour autant, cette préférence n’enlève rien au dynamisme de l’ensemble universitaire, qui arrive à faire pièce aux prétentions de la capitale, voire à les dépasser. Dans ces fichiers, les Albanais, les Slaves de toutes nationalités et les Pontiques sont pratiquement absents. L’examen du sort de ces migrants passe par d’autres sources.

Notes de bas de page

1 R. Escallier (sous la direction de), « Villes intermédiaires en Méditerranée », Cahiers de la Méditerranée, n° 50-51, juin 1995, 169 et 161 p.

2 E. Gavrielatos, J. Malézieux, « L’espace industriel et le devenir urbain d’une métropole régionale à vocation internationale : le cas de Salonique », Annales de géographie, n° 532, 1986, pp. 694-708.

3 G. W. Hoffman, « The impact of a changing hinterland », East European Quaterly, n° 1, mars 1968, p. 5.

4 N. Svoronos, Le Commerce de Salonique au xviiie siècle, PUF, Paris, 1956, pp. 350-351.

5 L’annexion a été consolidée par les traités de Bucarest (1913) et de Neuilly (1919).

6 Par souci de clarté, n’ont été prises en compte pour l’élaboration des cartes que les unités urbaines supérieures à dix mille habitants. Les sources encyclopédiques ou militaires utilisées ne sont pas exhaustives

7 Données statistiques extraites d’E. Reclus, Nouvelle Géographie universelle, tome 1, L’Europe méridionale, et tome 3, L’Europe centrale, Paris, 1878.

8 Νομός, circonscription administrative équivalente au département français.

9 Επαρχία, circonscription administrative intermédiaire entre la commune et le département.

10 La mise en fiches des données du mouvement naturel domicilié a été effectuée par E. Kolodny pour toute la Grèce (régions, nomes, éparchies, agglomérations urbaines, dèmes et communes principales).

11 L’urbanité est d’après cet organisme l’apanage de toutes les agglomérations supérieures à dix mille habitants.

12 Définition proposée par E. Kolodny pour l’« Atlas de la Grèce ».

13 Δήμος, commune de type urbain, par opposition à la κοινότητα, de type rural.

14 Prenons l’exemple du département de Grevena : si l’on excepte le transfert de la commune de Palaiokastro (611 habitants en 1971) à l’éparchie de Voïon (département de Kozani) à partir de 1981, modification somme toute mineure face aux 36 421 habitants du nome à cette date, la décennie 1961-1971 a connu le rattachement des communes de Paraskevi, Dasochori et Deskati de l’éparchie d’Elassona (nome de Larisa) à Grevena. Les 5 458 habitants ainsi transférés rendent tout calcul aléatoire. Le solde naturel n’étant disponible qu’aux limites d’époque, le calcul du solde migratoire devient lui aussi irréalisable : il n’y a plus de continuité temporelle des données.
Les difficultés rencontrées dans l’analyse démographique de l’éparchie de Salonique sont quelque peu différentes : ici, les changements de limites administratives sont mineurs, mais l’évolution du nombre de communes urbaines entre 1961 et 1991 entrave la reconstitution. Le passage de communes inférieures à deux mille habitants en 1961 à un niveau de développement supérieur interdit tout calcul du solde naturel sur les trois recensements, et oblitère ce même décompte appliqué à la population rurale de l’éparchie. En conséquence, l’agglomération de Salonique, passée de treize à quinze communes de 1961 à 1991, a été traitée sur la base des treize communes initiales. Une fois l’écheveau statistique démêlé, les possibilités de cartographie se révèlent riches et nombreuses.

15 Limites administratives de 1961, 57 communes.

16 Limites administratives de 1961, 13 communes.

17 Voir chapitre VI.

18 Limites administratives de 1991. Sept communes en 1961, dix en 1991.

19 Référence à la catégorie statistique de l’ESYE : communes comprises entre deux et dix mille habitants. En dessous de ce seuil, les chances de trouver une quelconque fonction urbaine sont pratiquement nulles.

20 A. A. Pallis, Les Effets de la guerre sur la population de la Grèce, Paris, 1928, p. 150.

21 G. Burgel, « Les comptabilités bancaires, méthode d’étude des dynamismes régionaux. L’exemple de la Banque commerciale de Grèce », Revue de géographie de Lyon, 2, 1970, pp. 163-178.

22 L. Tsoulouvis, « Θεσσαλονίκη. H σύνχρονη πόλη οικονομία, πολεοδομία, οικισμός, περιβάλλον (“Salonique. La ville contemporaine : économie, urbanisme, urbanisation, environnement” », Encyclopédie Papyros-Larousse-Britanica, tome 28, Athènes, 1987, pp. 122-133.

23 N. Svoronos, Le Commerce..., op. cit.

24 ΑΡΤΗ, Αριστοτέλειο Πανεπιστήμιο Θεσσαλονίκης.

Notes de fin

* Ville et agglomération selon les limites définies en 1991 (15 communes et dèmes).

À l’exception de Salonique.

Les actifs de ce secteur étaient compris dans la catégorie « commerce, restaurants, hôtels » en 1951 et 1961.

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