La Turquie et le Conseil de coopération du Golfe (CCG) : une relation d’avenir ?
p. 245-260
Texte intégral
1Le repositionnement diplomatique de la Turquie post-2002 s’est traduit par une ouverture à son environnement moyen-oriental (Proche et Moyen-Orient, Iran) semblant mettre d’accord des États dont les diplomaties sont pourtant aux antipodes : la Syrie, l’Irak, l’Iran, l’Arabie Saoudite et, par extension, les cinq autres pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG)2. En effet, la Turquie s’est notamment illustrée au cours de cette décennie en se rapprochant de l’Iran et de la Syrie. Cette dernière ouverture est apparue comme l’un des éléments majeurs de la décennie 2000 au Moyen-Orient sur le plan géostratégique ; la Turquie s’est aussi beaucoup investie dans le dossier irakien et s’est positionnée aux côtés des États du CCG, en premier lieu l’Arabie Saoudite.
2Le consensus apparemment favorable de l’environnement moyen-oriental à la percée diplomatique turque est apparu avec la décision du Parlement turc, dominé par le Parti de la justice et du développement (Adalet ve Kalkınma Partisi – AKP) du Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan, de refuser, en mars 2003, le transit par son territoire des troupes américaines pour envahir l’Irak. Les opérations américaines en Irak avaient notamment ravivé les craintes communes (turque, iranienne, puis syrienne) d’une réaffirmation politique des revendications kurdes dans la région. De leur côté, les États du CCG, l’Égypte et la Jordanie ont accueilli le refus turc de coopérer à l’invasion américaine comme un élément de rééquilibrage face à l’Iran et aux craintes suscitées par la formation d’un « croissant chiite ». Plutôt que d’une réelle adhésion collective des États du Moyen-Orient à la nouvelle politique étrangère turque dans la région, il s’agit davantage d’une convergence d’intérêts liés aux équilibres régionaux du moment. Il faut dans ces conditions examiner avec d’autant plus de soin dans quelle mesure les événements liés au « printemps arabe » pourraient remettre en question le difficile exercice d’équilibrisme auquel se livre le gouvernement turc dans son système d’alliances multiples occidentales et moyen-orientales.
3La diplomatie turque reposant sur la doctrine de « profondeur stratégique » chère à l’actuel ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoğlu, qui cherche à doser de façon équilibrée les alliances occidentales et la multiplication des rapprochements au Moyen-Orient, y compris avec Israël (même si la relation bilatérale s’est significativement distendue depuis l’hiver 2008-2009), est aujourd’hui confrontée au défi critique de tenir ce cap fragile3. Candidate à l’adhésion à l’Union européenne (UE), pilier de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), membre de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), membre du G20 et adhérent potentiel au club des puissances émergentes – les BRICS4 –, la Turquie tente de mettre en place une diplomatie alternative face aux puissances établies. Elle s’appuie notamment sur sa volonté d’incarner, davantage par le biais de son appartenance à l’OTAN qu’à travers sa plus laborieuse candidature européenne, une voie censée recréer la confiance avec un Moyen-Orient déçu par l’échec occidental (surtout américain mais également européen, si l’on pense à la Grande-Bretagne et à la France), pour sécuriser et stabiliser la région de manière équilibrée.
4C’est cette dernière hypothèse de lecture que nous retiendrons ici pour tenter de cerner les contours d’une relation nouvelle et en pleine expansion entre la Turquie et le CCG, relation qui pourrait se renforcer à la faveur des recompositions géopolitiques qu’induisent les bouleversements du monde arabe. En effet, les situations révolutionnaires que l’on observe depuis le début de l’année 2011, et particulièrement dans le cas de la Syrie, pourraient obliger la Turquie à faire un choix plus en cohérence avec ses alliés occidentaux, l’UE et les États-Unis d’abord, mais aussi avec les États du CCG, qui se montrent de plus en plus séduits par l’idée d’un partenariat avec la Turquie. En privilégiant une telle option, la Turquie introduirait une sérieuse distorsion dans l’axe stratégique qu’elle a esquissé avec l’Iran.
Le vecteur économique comme premier angle de rapprochement avec le CCG
5À partir de 2005 le CCG a, sous l’impulsion active du royaume d’Arabie Saoudite, privilégié le développement des relations économiques et commerciales avec les grands pays émergents d’Asie, la Chine et l’Inde, et à une moindre échelle avec le Brésil et la Turquie. Partant du constat que les États-Unis et l’Europe diminuent leur consommation en énergies fossiles et développent les recherches sur les énergies renouvelables, les États du CCG, Arabie Saoudite en tête, s’orientent prioritairement vers la Chine et l’Inde, car le dynamisme de la consommation de pétrole brut de ces pays peut contrebalancer la baisse des échanges enregistrée avec les Occidentaux. Désormais, 20,5 % du pétrole importé en Chine est saoudien, soit 10 % de la production du Royaume5. La vigueur des activités économiques chinoises en Arabie est réelle mais n’empêche pas les autres pays émergents, tels l’Inde ou même la Turquie et le Brésil, d’y monter également en puissance, ainsi que dans le reste des monarchies du Golfe. La Turquie et le Brésil ne jouent certes pas au même niveau mais pourraient, au sein du club des grands émergents, s’affirmer dans les années à venir comme deux acteurs très présents économiquement dans la région du Golfe.
6La Turquie a réussi à s’imposer en quelques années dans l’ensemble de la zone Afrique du Nord/Moyen-Orient (ANMO) comme une puissance économique montante, attirant notamment, au cours des années 2000, des investissements directs étrangers (IDE) de plus en plus diversifiés, et provenant davantage du Moyen-Orient : même s’ils restent très loin derrière les Européens, les investisseurs moyen-orientaux pèsent désormais en Turquie autant que les investisseurs nord-américains. Les investissements du CCG en Turquie, à hauteur de 2 milliards de dollars en 1998, ont quadruplé en dix ans pour atteindre 8 milliards de dollars en 2009, essentiellement dans les secteurs de l’immobilier, de la banque, des télécommunications mais aussi de la santé et de l’éducation. Sur le plan des échanges commerciaux, les entreprises turques décrochent de plus en plus de contrats publics dans les secteurs du BTP, de la logistique, de la chimie, ainsi que de l’agroalimentaire6. Le dynamisme des exportations turques dans le Golfe est également spectaculaire : les EAU deviennent en 2010 un débouché aussi important que l’Espagne, avec plus de 3,3 milliards de dollars d’exportations ; l’Arabie Saoudite est désormais un client plus important qu’Israël (2,2 milliards de dollars contre 2,08)7. Au total, la part des exportations turques absorbées par les six pays du CCG en l’espace de dix ans a presque triplé, passant de 2,2 % en 2000 à près de 6 % en 2010. Près de la moitié d’entre elles sont absorbées par les EAU (où elles ont été multipliées par 15 en une décennie) et par l’Arabie Saoudite (où elles ont été multipliées par 11 sur la même période).
7La relance des échanges économiques avec le CCG entre dans le cadre d’une stratégie globale de diversification des échanges turcs sur l’ensemble de la zone ANMO, probablement par souci de ne pas se laisser enfermer dans une forme de dépendance vis-à-vis de tel ou tel pays, eu égard à l’instabilité chronique de la zone. Les nombreux accords de libre-échange contractés par la Turquie dans le monde arabe – avec la Syrie, le Maroc et l’Autorité palestinienne en 2004, la Tunisie et l’Égypte en 2005, la Jordanie en 2009 ou dernièrement le Liban en 20108 – illustrent cette stratégie. Les négociations engagées en 2005 à titre bilatéral avec chacun des États du CCG pour finaliser un accord de libre-échange vont dans le même sens ; elles pourraient, si elles aboutissent, consacrer le CCG comme fenêtre d’avenir de l’économie turque au sein de la région ANMO9.
L’Arabie Saoudite, moteur des échanges entre le CCG et la Turquie
8L’élément moteur du CCG dans l’accroissement des échanges économiques avec la Turquie est le Royaume saoudien, qui totalise à lui seul 77 % des exportations du CCG vers la Turquie, consistant essentiellement en produits pétrochimiques10. Or l’intérêt des pays du CCG et de l’Arabie Saoudite, pays leader de cette institution multilatérale, est clairement de contrebalancer l’influence iranienne au Moyen-Orient.
9La visite du roi Abdallah en Turquie en 2006 – la première en 40 ans de relations bilatérales, après celle effectuée en 1966 par le roi Fayçal –, puis celle du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan en Arabie en janvier 2010 ont toutes deux donné lieu à un déploiement de visibilité particulier : les deux leaders étaient à chaque fois accompagnés de délégations de très haut niveau, indiquant la volonté, de part et d’autre, de faire progresser la relation économique vers un partenariat stratégique. Entre les années 2000 et 2010, les exportations turques vers l’Arabie ont décuplé, passant de 222 millions à 2 milliards de dollars.
10L’embellie de la relation turco-saoudienne se vérifie également par le nombre croissant de touristes saoudiens que la Turquie accueille : 85 000 en 201011. La même année, plus de 370 000 Turcs ont candidaté pour effectuer le Hajj (le grand pèlerinage à La Mecque), ce qui situe la Turquie au sixième rang des pays émetteurs vers l’Arabie Saoudite12. Notons aussi que la communauté turque installée en Arabie Saoudite compte plus de 115 000 expatriés, ce qui en fait la sixième communauté turque expatriée au monde13. On sait que l’Arabie Saoudite a lancé un programme ambitieux pour transformer et moderniser Médine et La Mecque en cités de la connaissance islamiques, afin d’en faire le pôle mondial du tourisme islamique. Le pays pourrait attirer à l’avenir, par le biais du pèlerinage, une clientèle touristique turque de plus en plus nombreuse, venue de cette Turquie sous influence de l’AKP qui parvient à renforcer les racines islamiques du pays tout en s’accommodant du caractère laïque et diversifié de la société turque.
11Dopée par l’arrivée au pouvoir de l’AKP et sa politique d’ouverture économique régionale, la Turquie est amenée à devenir un partenaire stratégique incontournable des monarchies du Golfe. Elle semble d’ailleurs faire le même calcul stratégique que la Chine, en considérant la stabilité politique du Royaume saoudien à court terme comme acquise, contrairement à celle de l’Irak et de l’Iran. Le Royaume est effectivement épargné par les événements liés au « printemps arabe », sinon préservé. Son matelas de liquidités en devises (au moins 500 milliards de dollars de réserves selon les sources officielles14, peut-être le double, voire le triple selon des sources officieuses15) et son rôle central dans la régulation du marché pétrolier, dont le cours reste haussier, le mettent à l’abri de fortes turbulences intérieures socioéconomiques, malgré les défis politiques (succession) et structurels (65 % des Saoudiens ont moins de 25 ans et le marché du travail est incapable d’absorber les 200 000 jeunes qui y arrivent chaque année) qui sont aujourd’hui posés16.
L’outil de défense et la carte otanienne turcs : instruments d’influence ou simple renforcement de la coopération avec le CCG ?
12Alors que le CCG ne fait plus mystère de sa déception quant à la prestation américaine visant à garantir la sécurité et la stabilité dans le Golfe depuis 30 ans, la Turquie pourrait-elle se montrer plus ambitieuse en engageant une coopération de défense avec les monarchies du Golfe ?
13La Turquie, qui appartient au petit club des pays de l’OTAN consacrant plus de 2 % de leur PIB à leur budget de défense, entend être un allié influent au sein de l’organisation. En juin 2004, lors d’un sommet de l’Alliance atlantique organisé à Istanbul, le président George W. Bush, qui cherche alors à promouvoir son idée de « Grand Moyen-Orient », décide Ankara à élargir l’action de l’OTAN au Moyen-Orient par le biais de l’Initiative de coopération d’Istanbul (ICI)17. La Turquie provoque ensuite quelques remous en 2009 en émettant des réserves lors de la nomination de Anders Fogh Rasmussen comme secrétaire général de l’organisation (l’ancien Premier ministre danois ayant soutenu en 2005 le quotidien Jyllands-Posten dans l’affaire des caricatures de Mahomet), faisant valoir du même coup son statut de seul pays musulman membre de l’OTAN. Puis Ankara obtient, lors du sommet de Lisbonne en novembre 2010, que l’Iran ne soit pas désigné formellement comme une menace dans le communiqué de presse final, contrairement à la volonté de la France, de la Grande-Bretagne et des États-Unis. On se souvient que les Turcs avaient été, avec les Brésiliens, à la pointe de la recherche d’une solution diplomatique sur la crise du nucléaire iranien – une médiation jugée inopportune par les pays occidentaux partisans de la fermeté, comme par les pays du Golfe qui perçoivent Téhéran comme un acteur hégémonique dangereux au Moyen-Orient, a fortiori s’il parvient à se doter de l’arme nucléaire. Les États du CCG s’étaient donc résolument opposés à l’initiative turco-brésilienne.
14Étant donné la réticence des pays du Golfe vis-à-vis de l’approche multilatérale, c’est sur une base bilatérale que l’OTAN a tenté de promouvoir la coopération dans le cadre de l’ICI. Cette coopération traite de questions de sécurité « molle », visant à organiser des secours d’urgence en cas de catastrophe naturelle ou à assurer la protection civile en cas d’accident nucléaire civil. Elle prévoit également des échanges de renseignements pour lutter contre le terrorisme ou les armes de destruction massive (ADM) et se recentre aujourd’hui sur la sécurité maritime pour lutter contre la piraterie. L’OTAN n’a pas vocation à traiter dans la région des questions de sécurité « dure » ; autrement dit, les garanties de sécurité au titre de l’article 5 du traité de l’Alliance atlantique ne sont pas à l’ordre du jour avec les pays de l’ICI, qui ne sont pas destinés à devenir des membres à part entière de l’OTAN18. De ce fait, le dialogue entre l’Alliance atlantique et les pays du CCG membres de l’ICI est ambigu. La première propose une coopération sécuritaire peu ambitieuse, fondée sur un dialogue, alors que les seconds attendent de l’OTAN des garanties de sécurité fermes. Si le Koweït, le Qatar, les EAU et Bahreïn ont accepté d’intégrer l’ICI, c’est parce qu’ils n’étaient pas en position de refuser un dispositif de sécurisation supplémentaire. Oman et l’Arabie Saoudite, qui sont les deux États les plus influents sur le plan militaire, ont en revanche refusé d’y adhérer et considèrent n’avoir rien à y gagner ; ces pays, particulièrement l’Arabie Saoudite, souffriraient au contraire d’un grave déficit d’image s’ils s’y ralliaient.
15En outre, la modestie des coopérations, formations ou collaborations assurées par l’OTAN tranche avec l’ambition des réformes prônées par l’Alliance atlantique, à savoir changer le système d’organisation sécuritaire et rationaliser les achats d’armement. Ces objectifs montrent à quel point l’Alliance atlantique ignore tout des pratiques politiques et militaires dans le Golfe : il est illusoire de parvenir à soumettre les États du Golfe à des concepts et des réformes sécuritaires sur le modèle de l’OTAN. Jamais ces États n’abandonneront leurs gardes nationales et/ou royales au profit d’armées régulières, ou n’accepteront de se soumettre à un contrôle de leurs achats d’armement, prérogatives des princes les plus influents dans la région et obéissant à des pratiques très opaques19.
16Cette perception empreinte de suspicion – l’Alliance étant vue comme le bras armé de la stratégie américaine de « remodelage du Grand Moyen-Orient20 » – est alimentée par le constat d’échec concernant l’action de l’OTAN en Afghanistan lancée voici dix ans. Si elle marque en apparence une avancée de la coopération entre l’OTAN et le Moyen-Orient, la participation de deux pays de l’ICI, le Qatar et les EAU, à l’intervention de la coalition internationale en Libye21 est surtout de nature symbolique. Ces petits États pétroliers richissimes et très peu peuplés (entre 10 % et 12 % des résidents sont des nationaux, le reste de la population étant constitué d’expatriés22) sont pratiquement dépourvus d’opinion publique et de presse libre23. En outre, ces pays ont peu médiatisé leur action militaire en Libye et dépendent entièrement de leurs protecteurs occidentaux en matière de défense (accords de défense avec les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne)24. La Turquie, qui fait pourtant de son appartenance à l’OTAN un instrument de puissance, a elle-même été gênée de s’impliquer en Libye, exprimant de fortes réticences initiales avant de rallier les opérations pour ne pas être marginalisée par la coalition internationale. Comme dans le cas des opérations de l’OTAN en Afghanistan, Ankara a refusé d’effectuer des frappes en Libye, se contentant d’un soutien logistique – faisant notamment respecter l’embargo maritime sur les armes à destination du territoire libyen –, de missions de formation et d’actions de nature « civilo-militaire ».
17Ankara pourrait à terme utiliser sa position d’acteur pivot au sein de l’Alliance atlantique pour tenter d’infléchir l’hostilité de l’Arabie Saoudite à l’action de l’OTAN au Moyen-Orient, à défaut d’en modifier la perception globalement négative. La portée de l’action diplomatique turque est ici réduite, mais son rôle de facilitateur pour réengager un climat plus propice à la confiance entre les pays du CCG et les États-Unis pourrait ne pas être négligeable dans le contexte d’un printemps arabe qui l’a altérée. Les réticences exprimées par l’administration Obama sur l’intervention militaire du CCG à Bahreïn, le 14 mars 201125, un mois après le lâchage américain du président égyptien Moubarak, ont fait date26. Ankara s’est, quant à lui, non seulement abstenu de toute critique à l’égard de l’action de force des Saoudiens, mais a proposé sa médiation pour apaiser les fortes tensions apparues au cours de cette crise entre les pays du CCG et l’Iran. Téhéran avait en effet exprimé sa solidarité avec la communauté chiite bahreïnie qui représente près de 65 % de la population totale du pays, constituant de ce fait l’essentiel du mouvement contestataire. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan aurait même ajouté que la Turquie serait prête à intervenir si la souveraineté du CCG était en danger27. L’Arabie Saoudite et l’ensemble des États membres du CCG ont eu l’occasion d’exprimer leur appréciation de l’approche turque de la crise bahreïnie au cours des nombreuses consultations qui se sont multipliées entre la Turquie et les différents États du CCG du printemps à l’été 2011.
La nouvelle diplomatie « assertive » saoudienne dans le Golfe en demande de plus forte coopération de défense avec Ankara
18L’intervention militaire du CCG à Manama pourrait bien constituer un fait significatif poussant l’Arabie Saoudite à faire du CCG, 30 ans après sa création, une réelle institution de sécurité et de défense multilatérale pour assurer la protection des intérêts vitaux de l’ensemble des monarchies conservatrices qui le composent. De ce fait, une coopération accrue avec la Turquie dans les actions de coopération en matière de sécurité, de lutte antiterroriste et de formation dans le domaine de la défense pourrait s’imposer progressivement.
19En effet, cette intervention collective des forces du CCG est inédite. La position tranchée et inhabituelle de l’acteur saoudien, normalement plutôt docile à l’égard de son allié américain, même en cas de désaccord, signifie clairement que l’Arabie Saoudite ne permettra jamais qu’un changement de régime intervienne dans son pré carré, le CCG. Les Saoudiens ont, contre toute attente, décidé de prendre de court Washington en orchestrant cette intervention militaire, et ce malgré la présence, pourtant très dissuasive vis-à-vis de l’Iran, de la Ve flotte américaine à Manama (près de 30 000 militaires et une quarantaine de bateaux). Ce revirement s’explique sans doute davantage par l’extrême fébrilité que suscitent les changements en cours au Moyen-Orient que par une attitude visant délibérément à défier les États-Unis.
20Néanmoins, les monarchies du Golfe, le Royaume saoudien en tête, semblent avoir perdu confiance dans la volonté politique de l’administration Obama de garantir la sécurité et la protection de leurs régimes. En effet, le discours du président Obama sur sa vision au Moyen-Orient (19 mai 2011) décrivant les révoltes arabes comme un mouvement irréversible est venu confirmer ce qui semble bien être un tournant de la réflexion américaine s’agissant du concept de stabilité régionale. Or ce discours contredit directement la politique défendue par Riyad. La diplomatie turque, plus assertive, moins dépendante de la volonté américaine, concourt dans ce contexte à faire de la Turquie, qui avait su dire non en mars 2003 à l’Amérique arrogante de G. W. Bush, un modèle qui fait aujourd’hui rêver les princes octogénaires à la tête de la monarchie Al Saoud. Alors que les alliances entre la Turquie et l’Occident ont fortement structuré la diplomatie turque, son affranchissement progressif, manifesté depuis le refus de concéder son territoire pour servir de base arrière à l’invasion en Irak jusqu’à son attitude récente à l’égard d’Israël (affaire de la flottille de Gaza), en passant par son refus initial de participer militairement à l’intervention en Libye, exerce indéniablement aujourd’hui, aux dires de certains analystes locaux, une certaine fascination sur les dirigeants du Golfe28.
21Côté turc, la mise en place d’un véritable partenariat stratégique de défense entre Ankara et Riyad s’accélère. Des discussions et échanges sur les questions régionales se sont engagés, et c’est précisément l’occasion de confronter les points de vue, notamment sur la question iranienne que les deux partenaires appréhendent différemment. Les Turcs et les Saoudiens s’accordent sur le fait que l’Iran est un acteur régional incontournable et puissant ; mais pour la Turquie, Téhéran est un partenaire économique essentiel, tandis que pour l’Arabie Saoudite, il s’agit de la principale source de menace au niveau régional. C’est surtout dans le domaine sécuritaire que le rapprochement turco-saoudien s’est engagé jusqu’à présent29 : la décennie 2000-2010 s’est notamment illustrée par des échanges et une volonté commune de coopérer dans la lutte antiterroriste. Un accord militaire a également été signé en mai 2010 pour engager une coopération scientifique et technique contenant un volet non négligeable dans le domaine de la formation. L’accord prévoit également le partage de technologies et la production conjointe d’armement par le biais de sociétés en joint-venture liées aux programmes des compensations (offset)30 chers aux pays du Golfe et notamment aux EAU31, pionniers en la matière, et aujourd’hui largement promus par l’Arabie Saoudite. En effet, le Royaume saoudien souhaite bénéficier de transferts de technologies et aussi fournir du travail à ses nombreux nationaux – près de 200 000 jeunes primo-arrivants annuellement sur le marché du travail ; les domaines d’activité évoqués sont en effet prometteurs en termes d’emplois pour les ingénieurs, techniciens, mécaniciens et ouvriers saoudiens.
22La Turquie et les États d’Asie et d’Europe centrale apparaissent comme des fournisseurs plus intéressants pour les marchés de l’industrie de défense et de l’armement du CCG dans les secteurs de moyenne technologie, du fait de coûts beaucoup plus concurrentiels que ceux des traditionnels partenaires occidentaux (États-Unis mais aussi Grande-Bretagne, France, Allemagne, Espagne et Italie). Ces derniers restent les plus grands pourvoyeurs en équipements militaires, notamment dans les domaines les plus sensibles et de haute technologie. Mais le vice-ministre de la Défense saoudien en charge des affaires militaires et des équipements, Khaled Bin Sultan, a confirmé lors de sa visite en juin 2011 à Ankara sa volonté de conclure un accord de coopération de défense32 pour dynamiser notamment l’exportation de savoir-faire et de matériels turcs en Arabie Saoudite. Il semble que le partenariat de défense turco-saoudien, qui devrait rapidement s’intensifier, ait vocation à s’étendre aux autres États du CCG, EAU et Qatar en tête, notamment dans la fabrication conjointe de véhicules blindés ou dans leur maintenance. Le secteur de l’industrie d’armement, en pleine expansion dans le Golfe, devrait ainsi constituer pour la Turquie une autre opportunité de s’implanter davantage dans le CCG comme en Égypte ou en Afrique du Nord (Libye, Algérie et Tunisie notamment33).
23Ces coopérations en matière d’armement viendraient se greffer au dialogue stratégique, mis en place entre la Turquie et le CCG le 2 septembre 2008 à Doha, consistant en échanges et consultations réguliers sur les questions régionales de politique, d’économie, de sécurité et de défense, et couvrant aussi des aspects de la culture et l’éducation. Chaque année, une conférence des ministres des Affaires étrangères du CCG se tient avec des représentants turcs pour faire le point sur ces échanges34.
24Au-delà de cette institutionnalisation partielle, la place croissante qu’occupe la Turquie dans la diplomatie moyen-orientale et internationale en fait un partenaire incontournable. Les six monarchies du CCG et la Turquie ont aussi tout intérêt à renforcer leur partenariat économique en tant que pôles émergents en forte croissance35 (8,2 % pour la Turquie et en moyenne autour de 5,5 % pour le CCG en 2010) face à un monde occidental (États-Unis et Europe) en perte de puissance et d’influence et dont la croissance est en berne depuis le déclenchement de la crise aux États-Unis en 2008.
Le CCG, partenaire symbolique du succès et des limites d’une diplomatie turque « tous azimuts »
25En courtisant la Turquie, il n’est pas interdit de penser que les pays du CCG, et l’Arabie Saoudite en premier lieu, testent une stratégie déjà mise en œuvre dans le secteur des hydrocarbures avec la Chine et l’Inde, afin d’éviter que l’Iran n’entretienne une relation exclusive avec ces trois grands pays émergents.
26Si les États du Golfe et la Turquie ont compris qu’ils avaient un intérêt commun à développer leurs relations économiques et à établir un partenariat stratégique sur le court terme, cette coopération renforcée ne pourra en aucun cas se substituer au partenariat stratégique turco-iranien qui a davantage vocation à s’inscrire sur le long terme. L’Iran reste en effet le plus grand marché du Moyen-Orient, avec une population de plus de 75 millions d’habitants, une classe moyenne nombreuse et éduquée et un marché en hydrocarbures (gaz et pétrole) parmi les plus prometteurs au monde sur la longue durée. Néanmoins, les sanctions très strictes qui frappent ce marché et le retard considérable accusé par les Iraniens pour remettre en état leurs infrastructures pour l’exploration des champs gaziers et pétroliers avantagent l’Arabie Saoudite et le Qatar, qui ont su, pour le moment, exploiter la situation en se plaçant aussi bien sur les marchés asiatiques qu’en Turquie.
27La Turquie devrait poursuivre, selon toute vraisemblance, sa politique pragmatique de diversification de ses partenaires économiques au Moyen-Orient, en tenant compte des incertitudes liées aux changements qu’induisent les bouleversements dans le monde arabe depuis le début de 2011. De son côté, le CCG continuera à tenter de brouiller les cartes sur le plan géopolitique, notamment sur la question syrienne, pour attiser les difficultés et les rivalités déjà vives entre les deux grandes puissances non arabes du Moyen-Orient : la Turquie et l’Iran.
28En effet, Téhéran est l’allié pivot du régime syrien et montre une grande nervosité à l’égard des pressions exercées par Ankara sur Damas36. On sait que les événements du printemps arabe ont imposé la Turquie de l’AKP, malgré elle, comme le modèle d’inspiration désigné d’un processus de démocratisation37 et de transformation du rôle des militaires dans les pays arabes en phase de transition38. Les monarchies du Golfe incarnent quant à elles la ligne dure et contrerévolutionnaire. La Turquie fait aujourd’hui pression sur le régime syrien pour qu’il se réforme ; elle défend l’idéal démocratique de l’opposition syrienne et l’accueille sur son sol afin qu’elle s’organise, tandis que les États du CCG, le Royaume saoudien en tête, sont davantage attentifs à la dimension sectaire des événements, qui pourrait permettre à la communauté sunnite de prendre sa revanche sur le pouvoir alaouite du président Bachar Al-Assad, allié arabe majeur de l’Iran. Même si les pressions sur la Syrie n’ont sans doute pas les mêmes ressorts politiques du côté turc que dans les pays du Golfe, les points de vue se rejoignent in fine pour isoler le président syrien dans sa très sanglante répression débutée le 18 mars 2011 contre les contestataires.
Notes de bas de page
2 Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a été créé le 25 mai 1981. Il comprend l’Arabie Saoudite, Bahreïn, la fédération des Émirats arabes unis (EAU), le Koweït, Oman et le Qatar. Le sommet extraordinaire des chefs d’État du CCG qui s’est tenu à Riyad le 10 mai 2011 a annoncé de manière spectaculaire, sans toutefois que cette décision soit unanimement partagée, l’ouverture de ce club fermé à l’adhésion future des deux autres monarchies arabes : la Jordanie et le Maroc.
3 Le thème de la « profondeur stratégique » est développé par Ahmet Davutoğlu dans son livre Stratejik derinlik : Türkiye’nin uluslararası konumu, (Profondeur stratégique : la position internationale de la Turquie), Istanbul, Küre Yayınları, 2009.
4 L’acronyme BRIC fait référence à un groupe de quatre pays connaissant une très forte croissance économique : le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, considérés comme étant les grandes puissances émergentes du xxie siècle. L’Afrique du Sud a rejoint le groupe en 2011, transformant l’acronyme en BRICS. Le Mexique, la Corée du Sud et la Turquie sont considérés comme des adhérents potentiels à ce club informel.
5 L’Arabie Saoudite est devenue le premier fournisseur de pétrole de la Chine en 2009.
6 N. Biberovic, « Turkey and the GCC States : A New Era of Bilateral Economic Relations », Gulf Monitor Issue, no 11, octobre 2008, p. 15-21. Voir également le récent supplément spécial Turquie du MEED, vol. 55, no 28, 15 juillet 2011 (voir note 27).
7 Sources compilées dans une note par la Mission économique de l’ambassade de France à Abu Dhabi, « Évolution de la relation entre la Turquie et les pays du Moyen-Orient dans le domaine économique et commercial », le 27 juillet 2011, à partir des bases de données du FMI, www.imf.org, mais aussi de l’Institut statistique turc : http://www.turkstat.gov.tr/.
8 A. Nerguizian, « Turkish-Arab Economic and Military Cooperation : How Far Will it Go ? », Arab Reform Bulletin, 15 décembre 2010.
9 Le CCG a émis des réserves sur le démantèlement des tarifs à l’entrée des produits sidérurgiques turcs sur son territoire. Les discussions sont interrompues depuis fin 2010 à la demande des États du CCG, en vue de procéder à une étude d’impact sur la crise économique mondiale qui a touché les économies du Golfe en 2009. À titre de comparaison, les négociations pour un accord de libre-échange entre le CCG et l’UE ont commencé en 1991 pour s’interrompre en décembre 2008 à la demande des États du CCG qui récusent une clause politique de l’accord concernant les Droits de l’homme, mais aussi en raison du blocage essentiellement saoudien sur les tarifs douaniers de son industrie pétro-chimique.
10 N. Biberovic, op. cit.
11 Source : Turkstat.
12 « Umrah Applications from Turkey on Rise », Hürriyet Daily News, 13 juillet 2011.
13 Source : note sur les relations bilatérales saoudo-turques de la Mission économique de l’ambassade de France à Riyad, juin 2011.
14 Données disponibles sur le site de la Saudi Arabia Monetary Agency, www.sama.gov.sa.
15 Analyse d’un économiste de la banque Saudi Fransi à Riyad.
16 F. Dazi-Héni, « L’Arabie Saoudite à l’épreuve du printemps arabe », in T. de Montbrial et P. Moreau Defarges (dir.), RAMSES 2012. Les États submergés ?, Paris, Ifri/Dunod, 2011, p. 180-183.
17 Quatre des six pays du Conseil de coopération des États arabes du Golfe sont membres de l’Initiative de coopération d’Istanbul (ICI) qui a été lancée à l’occasion du sommet de l’OTAN à Istanbul en juin 2004 : Koweït, Bahreïn, EAU, Qatar. L’Arabie Saoudite et Oman (sans compter bien sûr l’Iran) restent totalement opposés à l’idée d’intégrer l’ICI, alors que l’Irak serait favorable à l’idée d’en devenir membre.
18 Séminaire « NATO and Gulf Security », 2 et 3 décembre 2009, Collège de Défense de l’OTAN, Rome. Voir le site www.ndc.nato.int/ (accès août 2011).
19 M. Legrenzi, « NATO in the Gulf : Who is Doing Whom a Favor ? », Middle East Policy Council, 22 mars 2007, disponible sur le site www.grc.ae (catégorie « articles »).
20 « Reshuffling the Greater Middle East » : expression consacrée par l’administration de G. W. Bush au cours des années 2003 et 2004 pour justifier l’invasion irakienne et la chute du régime de Saddam Hussein.
21 L’intervention militaire en Libye a été décidée à la suite du vote de la résolution 1 973 du Conseil de sécurité des Nations unies, le 17 mars 2011, et après l’obtention du soutien d’une grande majorité des 22 États arabes qui composent la Ligue des États arabes, et notamment de l’ensemble des six pays du CCG. C’est ainsi que le Qatar et les EAU, tous deux signataires d’accords de défense avec les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne notamment, ont participé à l’intervention militaire en Libye aux côtés de l’OTAN.
22 F. Dazi-Héni, Monarchies et sociétés d’Arabie. Le temps des confrontations, Paris, Presses de Sciences Po, 2006.
23 Al-Jazira (chaîne de télévision satellitaire émettant à Doha) n’évoque jamais les questions intérieures sensibles susceptibles de gêner l’émir du Qatar.
24 Le Qatar abrite la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient, tandis que la fédération des EAU abrite depuis le 26 mai 2009 une base interarmées française.
25 Le « Bouclier de la péninsule », nom de la force commune de sécurité et de défense du CCG, est intervenu à l’appel des autorités bahreïnies, sous l’autorité de l’Arabie Saoudite qui a mobilisé un millier de militaires, et appuyé par les EAU qui ont envoyé près de 800 policiers, auxquels se seraient ajoutés plusieurs milliers de militaires jordaniens et des centaines de soldats pakistanais originaires du Baloutchistan, tous officiant sous l’uniforme de l’armée bahreïnie. Cette intervention a mis fin au mouvement contestataire bahreïni – conduit sous l’impulsion du parti dominant de l’opposition chiite Al-Wifaq (modéré et plutôt consensuel) – commencé le 14 février 2011.
26 Voir sur ce point les sites www.alhayat.com,www.sharqawsat.com et www.alwatan.sa (quotidiens saoudiens), ainsi que la presse américaine : www.newyorktimes.com, www.iht.com, depuis la mi-février 2011. Voir également le site du Gulf Research Center, http://www.grc.ae.
27 R. Nield, « Turkey is Turning Towards the East », MEED, vol. 55, no 28, supplément spécial Turquie, 15 juillet 2011.
28 Entretiens, Gulf Research Center, Institut diplomatique saoudien de Riyad ainsi qu’avec d’autres intellectuels du Golfe basés au Koweït, juin 2011.
29 B. Aras, « Turkey and the GCC : An Emerging Relationship », Middle East Policy, vol. 12, no 4, hiver 2005, p. 89-97.
30 Les programmes offset ont été introduits dans le Golfe par les EAU dans le cadre d’une politique d’acquisition massive d’armement pour moderniser l’outil de défense et obliger les grandes firmes occidentales de l’industrie d’armement à investir dans d’autres secteurs de l’économie émirienne. Cet outil est utilisé aujourd’hui par l’Arabie Saoudite afin d’inciter les grandes compagnies industrielles de l’armement à créer des sociétés mixtes locales pour transférer leur technologie et leur savoir-faire et créer des emplois dans le royaume.
31 V. Gervais, De la construction de l’État rentier à la construction d’une armée aux Émirats arabes unis, Thèse de troisième cycle en science politique soutenue sous la direction de Gilles Kepel, Sciences Po Paris, février 2011.
32 Voir sur ce sujet les articles de presse de juin 2011 sur les sites www.alhayat.sa et www.alwatan.sa.
33 Ü. Enginsoy, « Turkish Defense Exports to Mideast Unaffected by Revolts », Hurriyet Daily News, 6 mars 2011.
34 B. Baskan, « Turkey-GCC Relations : Is There a Future ? », Insight Turkey, vol. 13, no 1, janvier-mars 2011, p. 159-173, disponible sur le site www.faqs.org.
35 S. Foley, « Turkey and the Gulf States in the Twenty-First Century », MERIA Journal, vol. 14, no 3, septembre 2010, disponible sur le site www.gloriacenter.org.
36 K. L. Afrasiabi, « Iran Draws the Line with Turkey on Syria », Asia Times, 26 juillet 2011.
37 Voir sur ce point R. Thompson, « Turkey : A Model for the Region », MEED, vol. 55, no 28, 15 juillet 2011, supplément spécial Turquie.
38 Voir la conférence « Turkey : A Model for the New Middle East ? » organisée par la Brookings Institution le 28 février 2011.
Auteur
Politologue, spécialiste des monarchies arabes de la péninsule Arabique, Fatiha Dazi-Héni est cofondatrice du think tank Capmena créé en 2009. Elle est également maître de conférences sur le monde arabe à l’école de commerce Euromed Management. Elle est l’auteur de nombreuses publications sur les monarchies arabes de la péninsule Arabique, notamment Monarchies et sociétés d’Arabie : le temps des confrontations, Paris, Presses de Sciences Po, 2006.
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