Nouvelles vues sur les processus de néolithisation dans le sud-est de la France
« Un pas en avant, deux pas en arrière »
p. 491-499
Résumés
Plusieurs fouilles récentes ont permis des observations critiques concernant le processus, jusqu’ici classique, de la Néolithisation dans le Sud-Est de la France. Le rôle du Castelnovien, jugé jusqu’ici essentiel dans la constitution du Néolithique ancien, demande à être redéfini. Dès ses origines, le Néolithique ancien révèle un polymorphisme céramique qui contraste avec une certaine homogénéité du travail de la pierre.
New evidence from recent excavations provides the basis for a critical revision of traditional hypotheses about the adoption of farming in South-eastern France. The role of the Castelnovian industry in such a pro-cess appears to be much less important than previously believed. Since its first appearance, Neolithic material culture is characterized by significant local variations in pottery assemblages. In contrast, stone-tool making shows a much lower degree of interassemblage variability.
Note de l’auteur
Note portant sur l’auteur1
Texte intégral
1Les fouilles et les recherches méthodologiques conduites ces dernières années nous amènent à émettre un certain nombre de réserves quant au bien-fondé de la théorie de la « Néolithisation en milieu autochtone », telle qu’elle est actuellement énoncée.
2Pour expliquer la Néolithisation du bassin nord-occidental de la Méditerranée, on a jusqu’ici traditionnellement admis l’idée d’une acquisation des techniques nouvelles par un phénomène d’acculturation de la part du Mésolithique autochtone (Castelnovien). Cette attitude se fonde sur une hypothétique continuité des traditions lithiques depuis la fin du Paléolithique supérieur jusqu’au Néolithique pleinement affirmé (Guilaine 1976). Par réaction contre les excès diffusionnistes d’une époque que l’on voudrait révolue, on a insisté au-delà de toute mesure sur les capacités d’adaptation autonome des populations, face aux contraintes d’un environnement en constante évolution. Cette conception a conduit à bâtir des modèles par trop linéaires et mécanistes, dans des espaces géographiques étriqués et artificiellement cloisonnés. Ainsi la Basse-Provence côtière, qui aurait connu la succession sui generis Valorguien - Montadien - Castelnovien - Cardial, a été opposée à la Haute-Provence au Nord de la Durance, où une séquence azilo-sauveterrienne serait interrompue par un « Cardial transgressif » (Escalon de Fonton 1975). Les interprétations proposées pour les Bouches-du-Rhône (Abri Cornille à Istres, Grand Abri de Châteauneuf-les-Martigues) ont connu un champ d’application très large. La continuité industrielle monophylétique a été érigée en principe. Aussi était-il difficile aux préhistoriens méridionaux d’éviter le mirage des « stades de transition » et l’on a assisté à la polarisation de la recherche autour de thèmes-clés : le mouton, la retouche dite plate, le décor gravé, la céramique lisse, etc...
3C’est en toute logique qu’ont fleuri les épi-ceci ou les proto-celà, révélant la gêne que l’on a, de façon plus ou moins avouée, à se satisfaire du schéma actuel, et à définir, parmi les expressions des activités humaines, celles auxquelles on accorde une valeur de marqueur culturel.
4A la lumière de récents travaux, il nous semble devoir remettre en question cette conception abusive. Ainsi il nous paraît urgent de donner, tant sur le plan diachronique que synchronique, la priorité à des démarches fondées sur l’étude de documents comparables terme à terme.
La chronologie
5Le problème majeur des datations radio-isotopiques concerne essentiellement l’ancienneté de certaines mesures relatives au Néolithique ancien provençal, Cardial ou non-Cardial :
Ile Riou (MC-428-429-coquilles) : 5420 et 5650 ± 150 BC
Cap Ragnon (MC-500M et 500P-coq.) : 5700 et 6020 ± 150 BC
Caucade-couche 8 (MC-2343-charbons) : 5640 ± 160 BC
6Ces mesures sont en concordance parfaite avec celle obtenue pour le Néolithique ancien de Basi en Corse (GsY-1851-charbons) : 5750 ± 150 BC. Elles s’écartent de manière significative de l’ensemble des mesures obtenues pour le Néolithique ancien, centrées sur le 5e millénaire (Delibrias et al. 1982, Binder 1983).
7Par ailleurs, la totalité des datations connues pour le Castelnovien renvoient au 6e millénaire (Châteauneuf, Romagnano 3) voire au 5e (Montclus, Pradestel) (Broglio 1980). Curieusement, les datations du Castelnovien éponyme sont parfaitement cohérentes entre elles, si l’on compare les dernières mesures sur charbons (J. Evin) et celles réalisées sur coquilles (J. et Y. Thommeret). Dès lors, on conçoit mal que soient rejetées d’emblée les datations sur coquilles du plus ancien Néolithique français.
8A Châteauneuf-les-Martigues, la chronologie radio-isotopique est en parfaite harmonie avec les résultats des analyses sédimento-climatiques, qui situent sans ambiguïté le Castelnovien dans l’Atlantique (Miskovsky 1974 ; Renault-Miskovsky 1974). Or l’état des connaissances relatives aux modifications anthropiques du milieu naturel (premiers défrichements) ont permis à G. Jalut d’affirmer, à la suite des travaux de I. Roux et Arl. Leroi-Gourhan (1964), la présence des premiers agriculteurs dès le début de la période atlantique (Jalut 1976).
9Ce sont pour une part ces éléments d’ordre chronologique qui obligent à reconsidérer et à redéfinir la place exacte du Castelnovien, jusqu’ici conçu comme un substrat dans le processus de la Néolithisation.
Castelnovien et Montclusien
10Quoique la Provence compte une trentaine de sites épipaléolithiques, les informations fournies sont de qualité très inégale et les cas de superposition avec le Néolithique ancien demeurent exceptionnels : Châteauneuf-les-Martigues, Les Bérards à Lurs, St-Mitre à Reillanne, Fontbrégoua à Salernes, Grotte Lombard à St-Vallier-de-Thiey.
11Il s’avère qu’à la charnière 7e/6e millénaires, tandis que le Néolithique ancien se manifestait déjà sur le littoral, ce sont des industries sauveterroïdes qui sont le plus fréquemment rencontrées dans les stratigraphies provençales. Par ailleurs, le Castelnovien se révèle quant à lui fort mal représenté dans la Vallée du Rhône (Châteauneuf, Abri Cornille, Mourre-de-Sève, Chinchon, Montclus) comme dans la Plaine du Pô (Romagnano 3, Le Pradestel). Or, paradoxalement, les témoignages d’une cueillette intensive des légumineuses spontanées, indices d’une possible, sinon probable, économie productrice en voie de réalisation, ont été découverts associés non pas au Castelnovien ou à un groupe apparenté, mais à des groupes sauveterroïdes (cf. Montclusien), tel Fontbrégoua dans le Var (Courtin 1975).
12A Fontbrégoua (Salernes, Var), une importante séquence d’occupation épipaléolithique a livré dans sa partie supérieure d’importantes structures domestiques. Les activités de subsistance, à première vue exclusivement prédatrices, font appel à la pêche, la collecte des cistudes et des gastéropodes, la chasse aux petits mammifères ou le dénichage des pigeons bisets, mais surtout à la cueillette intensive des légumineuses (Vicia sp., Lathyrus cicera, Ervum Ervilia, etc.) ce qui a conduit l’un de nous à parler de proto-agriculture (Courtin 1975, op. cit.), en référence à des modèles ethnographiques connus (Testart 1982). L’industrie lithique permet sans équivoque de faire référence au Montclusien du site éponyme, compte-tenu de la présence de lamelles étroites à deux bords abattus, tronquées ou non. Cette industrie est connue dans la quasi-totalité de la zone considérée : Col des Tourrettes à Montmorin (Hautes-Alpes), Abri St-Mitre à Reillanne et Abri des Bérards à Lurs (Alpes de Haute-Provence), Abri de Bois-Sauvage à Bonnieux, Abri Soubeyras à Ménerbes (Vaucluse), Grotte Lombard à St-Vallier-de-Thiey (Alpes-Maritimes), pour ne citer que les principaux gisements.
13C’est également dans un contexte semblable que se pose de façon aiguë le problème du mouton prénéolithique de Gramari (Méthamis, Vaucluse) ; celui-ci est totalement absent, par contre, des niveaux castelnoviens de Châteauneuf fouillés récemment (1979), niveaux dans lesquels les ressources halieutiques ont joué un rôle déterminant aux côtés de la chasse (lapin, cerf, sanglier). Ces nouvelles fouilles dans le Grand Abri de Châteauneuf-les-Martigues ont permis de réunir une documentation exceptionnelle sur les occupations castelnoviennes et cardiales (Escalon de Fonton 1980 ; Courtin 1982).
14L’industrie lithique castelnovienne est caractérisée par des géométriques (trapèze ou triangles) façonnés grâce à la technique du microburin et présentant dans de très nombreux cas une retouche croisée de la grande troncature après ablation du microburin. La technique d’obtention des supports laminaires est éminemment caractéristique, en particulier en raison de la préparation systématique des plans facettés avant chaque enlèvement. Plusieurs indices concomitants permettent d’évoquer l’intervention de la pression dans les méthodes du débitage laminaire, pour une bonne standardisation des largeurs des microlithes (Binder 1983). Une des révélations de la campagne de 1979 est d’avoir décelé dans les niveaux du Castelnovien éponyme la présence significative de microlithes « sauveterriens », dans les couches 19 à 18 : lamelles étroites à bords abattus, tronquées ou non. Cette découverte remet bien évidemment en cause la conception, précédemment énoncé par J.G. Rozoy, selon laquelle le Castelnovien interromprait brutalement l’évolution du Montclusien (Rozoy 1978).
15Il faut rappeler également qu’une des originalités du Castelnovien est de livrer des tests de moules marines (ou d’eau douce) dentés : Châteauneuf, Montclus, mais aussi Chinchon 2 en Vaucluse.
16De fait, compte-tenu de ses caractères culturels et économiques spécifiques, le Castelnovien ne saurait occuper la place centrale qui lui avait été jusqu’ici assignée.
Le Néolithique ancien
17Le Néolithique ancien est représenté en Provence par une quarantaine de sites d’importance inégale, ne représentant souvent qu’une poignée de tessons sans contexte précis.
18Les caractères des industries lithiques de ce Néolithique ancien, qui étaient jusqu’ici censées dériver du Castelnovien, confirment largement l’isolement de ce dernier. En dehors du fait qu’il s’agit d’une industrie à microlithes géométriques — ce qui ne saurait constituer un argument suffisant — l’outillage cardial diffère très fortement de celui du Castelnovien, mais présente par contre une homogénéité certaine, indépendamment des styles de décoration céramique. Les géométriques sont obtenus par fragmentation simple des lames. La technique de façonnage la plus caractéristique consiste à faire deux troncatures inverses, puis à amincir la pièce par des retouches rasantes plus ou moins longues de la face supérieure. Les trapèzes à retouches directes ne sont en aucun cas façonnés par la technique du microburin.
19Les différences enregistrées sur le plan de la composition des outillages paraissent soumises davantage à un rapport avec la matière première qu’à des activités radicalement différentes.
20Ainsi à Fontbrégoua il s’agit en première analyse d’un gisement dans lequel on a apporté des produits laminaires sélectionnés ailleurs, alors qu’à Courthézon (Vaucluse), le fond de cabane n° 1 et les structures culinaires voisines ont livré des échantillons de séries lithiques qui apparaissent comme complètes sur le plan technologique. Le système de débitage laminaire sur silex blond présente de très fortes différences avec celui du Castelnovien, aussi bien en ce qui concerne le module que les techniques de préparation. Il s’agit systématiquement d’un débitage sur plans lisses avec abrasion de la corniche, vraisemblablement par percussion indirecte.
21L’Abri du Jardin-du-Capitaine dans les gorges du Verdon (Ste-Croix-de-Verdon, Alpes de Haute Provence) occupe une place encore différente, avec une participation minime des produits laminaires finis en silex blond importé et un débitage recourant presqu’exclusivement aux ressources locales, silex et chailles divers du lit du Verdon, ce qui confère à cette industrie un aspect « archaïque », qui ne doit cependant pas faire illusion.
22Dès lors que la Néolithisation constitue avant tout un changement du rapport de l’Homme avec son environnement, c’est la notion d’espace régional économique et social qui se présente comme le concept le plus clarificateur pour les années à venir. L’étude des outillages de roches dures apparaît comme un des axes de recherche les plus cohérents, grâce à la notion d’économie de la matière première. Caractériser les sources d’approvisionnement en matériaux, replacer chacun des gisements dans des réseaux de distribution auxquels nous sommes de plus en plus nombreux à croire, étudier les chaînes opératoires, les comportements techniques et les traces d’usure, sont autant de jalons dans l’approche des besoins des hommes préhistoriques et des réponses économiques et sociales qu’ils leur ont donné.
23Il faut cependant remarquer que la circulation des roches dures, par exemple la diffusion du silex blond crétacé du Vaucluse vers la Provence centrale et orientale, ne doit en aucun cas être dissociée des autres axes de recherche du même ordre : diffusion des roches vertes alpines ou duranciennes (éclogite, glaucophanites, jadéites) utilisées pour la fabrication des outils polis et de la parure (Ricq 1981), diffusion des coquilles marines, des colorants (ocres, hématite, bauxite, etc.), du quartz hyalin, de la ponce, voire de l’obsidienne (connue dans le Néolithique ancien à sillons d’impressions).
24C’est à travers la mise en évidence d’un tissu d’échanges que l’on pourra mieux préciser les modalités des relations entre groupes culturels synchrones et ainsi mieux saisir la genèse de leur évolution.
25En ce qui concerne la céramique, c’est avec juste raison que Jean Guilaine a maintes fois insisté sur le « polymorphisme » du plus ancien Néolithique de Méditerranée occidentale (Guilaine 1976), polymorphisme très largement confirmé par les récentes découvertes de Portiragnes (Hérault), de Caucade-Nice et de Grasse (Alpes-Maritimes). Ces trois gisements ont fourni en effet une céramique qui par ses formes comme ses décors (techniques, motifs) s’identifie au Néolithique ancien de Ligurie (Arene Candide, couches 26-27 des fouilles Bernabo Bréa, ou 14-15 des fouilles Tiné-Maggi).
26On assiste ainsi à la mise en place, à la charnière 7e/6e millénaires, d’un Néolithique ancien original caractérisé par des vases à fond plat, une décoration de chevrons et triangles hachurés traités selon la technique du sillon d’impression. Eminemment caractéristique de la région ligure (Arene Candide, La Pollera, Val Pen-navaira, etc), ce premier Néolithique est attesté en Provence orientale à Nice (Caucade couches 7-8), à Beaulieu-sur-Mer (station du magasin Giaume) ainsi qu’à Grasse (station Sans-Peur) (Binder 1983). Sa présence vers l’Ouest, pour sporadique qu’elle soit dans l’état actuel des connaissances, n’en est pas moins significative (station de Portiragnes près de Béziers, sur le littoral languedocien ; Roudil et Grimai 1978). On peut dès à présent souligner combien il est malaisé d’apprécier la teneur des rapports entre ce groupe et le Cardial classique stricto sensu — c’est-à-dire décoré à la coquille de cardium — : stades évolutifs, ou faciès géographiques ? La présence de quelques rares motifs exécutés au cardium parmi les séries à sillons d’impressions des Arene Candide, de Caucade et de Portiragnes ne saurait impliquer, ni infirmer, l’absolue contemporanéité de ces deux groupes.
27Si aucune modification notable n’est intervenue, à la lueur des récentes fouilles, à propos des styles céramiques du Cardial classique, il faut par contre souligner l’isolement, en Provence orientale, d’un véritable Epicardial qui rend plus proches les modalités d’évolution du Néolithique ancien du Languedoc et de Provence. Cet Epicardial ne comporte pratiquement plus de décors à la coquille de cardium et diversifie largement ses thèmes et ses techniques. Ainsi à Fontbrégoua, les décors plastiques et les cannelures côtoient de la céramique à décor imprimé au poinçon et des triangles peints. Mais les thèmes les plus caractéristiques sont néanmoins les bandes d’impressions pivotantes à la coquille d’anodonte ou de moule marine. On ne les connaît, en dehors de l’Italie méridionale (Pouilles, Calabre, Lipari, Sicile) qu’à la Baume Fontbrégoua, à la Grotte Lombard, ainsi qu’à l’Aven de Vauclare (Esparron-de-Verdon) et la Grotte St-Benoît (Alpes de Haute-Provence).
28Dans la plupart des cas, ces impressions pivotantes sont associées à une décoration gravée ou incisée.
29Les activités de subsistance du Néolithique ancien sont bien connues, mais il convient néanmoins de souligner une fois de plus le rôle de l’agriculture, bien attestée, dès l’origine du Néolithique, dans la plupart des gisements. A Châteauneuf, de très fortes concentrations de céréales carbonisées (plusieurs kilogrammes de blé et d’orge) ont été découvertes dans des fosses profondes (paniers ou silos ?), ce qui est en contradiction avec les données des anciennes fouilles. Comme à Fontbrégoua, les espèces cultivées sont le Blé tendre (Triticum aestivo-compactum) à égalité avec l’Orge nue polystique (Courtin, Erroux, Thommeret 1976).
30En ce qui concerne l’alimentation carnée, la chasse peut encore jouer, localement, un rôle important, par exemple à Fontbrégoua : 40 % des espèces consommées (Cerf, Chevreuil, Grand Bœuf, Sanglier, etc.). Par contre elle est sous-représentée à Courthézon (moins de 15 % de la faune) où prédomine le troupeau d’Ovi-capridés (Courtin 1978). A Châteauneuf, elle est très faiblement représentée, contrairement à l’exploitation du milieu marin, conséquence logique de l’implantation de l’habitat, entre l’Etang de Berre et le Golfe de Marseille.
31Il ressort de cette analyse que le Castelnovien, compte-tenu de ses caractères spécifiques (y compris sa localisation géographique), constitue une des clés pour l’interprétation du processus de la Néolithisation du Midi de la France. Ainsi à la Baume de Montclus, séquence princeps du Caltelnovien, le remplacement de la phase classique du Cardial (décoré au cardium) par un Castelnovien qui, comme dans la Plaine du Pô, se termine au milieu du 5e millénaire (Romagnano 3, Le Pradestel), ne peut en aucun cas s’expliquer par un décalage géographique dans la mise en place du Néolithique méridional. On connaît en effet, dans la Vallée du Rhône, des gisements du Cardial classique situés plus au Nord (ou à même latitude), par exemple Chazelles, Oullins et Ronze en Ardèche, Courthézon en Vaucluse, etc... On est donc conduit à évoquer la coexistence indiscutable et à faible distance de deux groupes dont les statuts économiques et culturels sont fondamentalement différents.
32Dans ce contexte, il est tout à fait remarquable de constater qu’en Vaucluse, dans l’Abri n° 3 de Chinchon (Saumanes), un outillage à fortes affinités castelnoviennes est superposé à une industrie lithique dont les éléments les plus significatifs sont des géométriques à retouches rasantes directes, analogues à ceux rencontrés dans les séries caractéristiques du Néolithique ancien à céramique imprimée (Paccard 1980).
33Aussi sommes-nous résolument partisans, pour le Midi de la France, d’une vision polyphylétique des processus de Néolithisation, telle qu’elle a été envisagée par exemple par J. et S. Koslowski pour l’Europe centrale (Koslowski J. et S. 1977). Seule une telle conception permet de clarifier la position d’horizons néolithiques anciens non cardiaux de tradition castelnovienne : Abri 2 de Puechmargues, Aveyron (Maury 1982), station de Bouvante, Drôme (Barret et Héritier 1976), Binder 1983, op. cit.), et surtout le Néolithique ancien de la plaine du Pô (Groupes de Fiorano, Fagnigola, Gaban, Vhô, etc), lui-même clairement impliqué dans la constitution du Néolithique moyen italique.
34Cette conception présente également l’avantage d’intégrer les résultats obtenus en Aquitaine par Julia Roussot-Larroque, qui a démontré l’enracinement du Roucadourien dans la tradition culturelle du Mésolithique aquitain et son indépendance (jusqu’à quel point ?) par rapport au domaine du Néolithique ancien méditerranéen.
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Notes de fin
1 U.R.A. 36 du C.N.R.S., CRA, Sophia-Antipolis 06565 Valbonne.
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Les chemins de la décolonisation de l’empire colonial français, 1936-1956
Colloque organisé par l’IHTP les 4 et 5 octobre 1984
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1986
Premières communautés paysannes en Méditerranée occidentale
Actes du Colloque International du CNRS (Montpellier, 26-29 avril 1983)
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La formation de l’Irak contemporain
Le rôle politique des ulémas chiites à la fin de la domination ottomane et au moment de la création de l’état irakien
Pierre-Jean Luizard
2002
La télévision des Trente Glorieuses
Culture et politique
Évelyne Cohen et Marie-Françoise Lévy (dir.)
2007
L’homme et sa diversité
Perspectives en enjeux de l’anthropologie biologique
Anne-Marie Guihard-Costa, Gilles Boetsch et Alain Froment (dir.)
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