1. Introduction au mix énergétique
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Texte intégral
1Le bouquet (ou mix) énergétique se définit comme la répartition des énergies primaires (hydrocarbures, gaz, éolien, hydraulique, solaire, nucléaire, biomasse…) dans la production d’énergies directement utilisables comme l’électricité, la chaleur, etc., et ceci quelle que soit l’échelle. Sa composition résulte principalement de la disponibilité des ressources, de leurs coûts d’exploitation et des retours en termes de services rendus, de minimisation des risques et des impacts environnementaux (émission de gaz à effet de serre notamment) et de gains économiques, et ce à une période donnée. Le bouquet énergétique mondial actuel (cf. IX.2) comporte plus de 80 % d’énergies fossiles, encore très peu d’énergies solaires ou éoliennes et 6 % de nucléaire (soit 3 fois moins que pour la France).
2Il est un paramètre essentiel dans les discussions sur la transition énergétique et sur la lutte contre le réchauffement climatique, en particulier dans son volet réduction des émissions de gaz à effets de serre, mais pas seulement. En effet, la composition du bouquet énergétique dépend également de la socioéconomie à l’échelle locale (région ou pays par exemple), ou plus globale (continent, planète). Les politiques publiques jouent un rôle considérable en la matière, en particulier du point de vue de l’information et de l’éducation des citoyens. Le contre-pouvoir exercé par différents acteurs (que ce soient des groupes de pression liés aux acteurs économiques, politiques, ou bien les ONG) est également très prégnant dans les débats dont découleront des décisions finales quant à la composition du/des nouveaux mix.
3Cette dépendance de la composition du mix conduit à des champs très actifs en recherche et développement : tout d’abord pour améliorer les rendements et la durabilité des systèmes de production, de stockage, de récupération et de transport d’énergie ; ensuite, pour évaluer différents scénarios en vue de la transition énergétique. Cette notion de scénario – qui est fondamentale – est censée prendre en compte tous les aspects du problème de l’énergie à une échelle donnée (espace géographique et temps/durée).
4Que ce soit au niveau de la France, de l’Europe, des États-Unis, des pays asiatiques, etc., ces scénarios qui s’appuient sur un bouquet énergétique donné visent à prédire des capacités de production mais aussi à évaluer la viabilité des choix effectués. Les modèles développés pour réaliser ces prédictions incluent donc aussi des paramètres difficilement mesurables (contrairement par exemple à des grandeurs comme la puissance délivrée par un convertisseur d’énergie présent dans le bouquet, ou bien la disponibilité et le coût de la ressource). Certains modèles incluent également un facteur sociopolitique en essayant notamment de paramétrer l’opposition/approbation des populations locales à tel ou tel système/orientation énergétique. L’objectif est d’évaluer l’impact de ce facteur sur la configuration de la production mais également sur celle du réseau de distribution, en particulier le réseau électrique* et sur la gestion efficace de ce dernier (smart-grid) à toutes les échelles : des quartiers jusqu’aux interconnexions internationales (cf. IX.2-3).
5Ce bouquet a une dimension territoriale essentielle, en particulier liée à l’introduction des énergies renouvelables ou à l’acheminement des vecteurs sur le lieu d’utilité. À ces petites échelles (comparées à celles de la planète), les compositions des nouveaux mix énergétiques refléteront la dimension territoriale du point vue disponibilité de la ressource (eau, Soleil, vent) et/ou des politiques locales de soutien, en particulier à la diversification des sources d’énergie (voir par exemple les politiques actuelles de soutien à l’éolien ou au photovoltaïque dans certaines régions européennes).
6Enfin, les politiques internationales en matière d’énergie (et les politiques d’environnement qui en découlent ou bien qui en sont la cause), telles que rendues visibles par les différents sommets internationaux depuis Rio (1992) sont des indicateurs également des choix qui seront faits pour la cohérence globale du (des) nouveau(x) mix énergétique(s) à l’échelle mondiale.
Auteurs
Physicien, Directeur de Recherche au CNRS, GREMI, Orléans.
pascal.brault@univ-orleans.fr
Directeur de Recherche au CNRS, Laboratoire PROMES, Odeillo et Perpignan.
dollet@univ-perp.fr
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L'archéologie à découvert
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Sophie A. de Beaune et Henri-Paul Francfort (dir.)
2012