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8.11. Appropriations foncières à grande échelle

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Fig. 1 – Top 20 des pays investisseurs et des pays hôtes des acquisitions foncières à grande échelle (en ha, tous secteurs et phases d’acquisitions (intentions, conclus et échecs))

1Les dynamiques d’appropriation de grandes superficies foncières (plus de 1 000 ha), qui ont marqué l’histoire des pays colonisés, revêtent depuis le début des années 2000 un caractère nouveau et d’une ampleur sans précédent. Entre 2000 et 2013, 32 millions d’ha ont été effectivement vendus ou cédés en bail à long terme. L’Afrique est de loin le continent le plus visé.

2Les moteurs de ce phénomène, liés aux crises conjointes des systèmes financiers, agro-alimentaires et énergétiques, sont divers : sécurisation des approvisionnements alimentaires des pays émergents et développés, augmentation de la production des agro-carburants, développement des aires protégées et des plantations forestières visant à piéger le carbone, diversification des portefeuilles d’actifs des financiers, etc. Sur l’ensemble des 32 millions d’ha acquis, seul un quart sont destinés à la production alimentaire.

3Les investisseurs sont principalement internationaux et, par ordre d’importance, européens, américains, asiatiques ou africains. Leurs profils sont divers (des entreprises privées aux fonds souverains), parfois nouveaux (des fonds de pension aux organisations non gouvernementales) et souvent complexes (joint venture, filiales, partenariats public-privé). Les investissements ne s’inscrivent pas dans la seule direction Nord-Sud, nombre d’entre eux se font à l’échelle des sous régions (Afrique australe ou Asie du sud-est) ou du pays (multiplication d’investisseurs nationaux). Les gouvernements des pays hôtes promeuvent les investissements étrangers dans l’espoir de bénéficier de retombées économiques et sont souvent signataires des transactions foncières.

4L’exploitation par les entreprises de terres riches en ressources naturelles génèrent des exclusions. Les créations d’emploi et d’infrastructures sont souvent moins nombreuses qu’annoncées. Les impacts sur la sécurité alimentaire via l’approvisionnement des marchés ou la création d’activités rémunératrices au niveau national sont faibles voir négatifs.

5Pour l’heure, seuls 5 % des 32 millions d’ha acquis ont été exploités, faute de réalisme des projets, de capital suffisant et, surtout, de prise en compte des difficultés économiques, sociales et politiques d’accès à la terre. Il importe de promouvoir des dispositifs de sélection et de transparence des projets ainsi que des modèles d’investissement favorisant les complémentarités entre agricultures familiales et investisseurs, la gestion durable des ressources naturelles ainsi que la création de valeur au profit des populations locales.

Bibliographie

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Références bibliographiques

• Burnod P., Tonneau J.P., « Le foncier : facteur ou marqueur de l’évolution des agricultures ? », in Appropriations foncières et modèles agricoles, Cahiers Agricultures 2013 ; 22 : 4-9.

10.4000/etudesrurales.9747 :

• Purseigle F., Chouquer G., « Les territoires saisis par la firme », Études rurales 2013 : 1 : 9-18.

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