5.7. Les migrations depuis les matériaux d’emballages
p. 196
Texte intégral
1Les matériaux d’emballage au contact des denrées alimentaires (MCDA) jouent un rôle incontournable de protection de l’aliment, de conservation de ses qualités nutritionnelles et organoleptiques, ils en facilitent le transport, permettent un étiquetage, peuvent en renforcer l’attractivité. Lors de la mise en contact du contenu (aliment) avec le contenant (emballage), des interactions peuvent avoir lieu comme la migration (Figure 1). C’est un transfert de molécules chimiques de l’emballage vers l’aliment qui dépend de plusieurs paramètres. La migration globale représente la masse de l’ensemble des substances qui migrent (migrat). La migration spécifique quant à elle, est la quantité d’un constituant identifié qui migre de l’emballage vers l’aliment (migrant).
2Ce sont les polymères qui entraînent le plus de migration et les additifs représentent la classe principale de migrants potentiels mais des substances non intentionnelles (résidus de synthèse, impuretés, produits de dégradation, néoformés*) peuvent aussi migrer. Ainsi, la migration peut entraîner des effets organoleptiques et/ou toxiques ou altérer la matrice alimentaire. Par ailleurs, la nature de l’aliment, notamment s’il est gras et liquide, peut favoriser la migration.
3Les principes généraux sont établis dans le règlement européen 1935/2004. Toute substance destinée à entrer dans un MCDA doit faire l’objet d’une évaluation du risque. Pour les matériaux plastiques, figurent les substances autorisées avec si besoin des restrictions d’emploi (règlement CE 10/2011). Cependant, la plupart des alertes liées aux MCDA sont dues à des substances non intentionnellement ajoutées (amines aromatiques primaires, oligomères de styrène, semi-carbazide) : si elles ne sont pas listées, elles doivent aussi faire l’objet d’une évaluation du risque (règlement CE 10/2011).
4Pour certaines, cette évaluation est possible grâce à l’expertise des chimistes et à un échange d’informations avec les différents acteurs (producteurs de matières premières, transformateurs, industries agroalimentaires). Pour celles qui sont peu prévisibles (contaminants liés au recyclage, transport, stockage), l’identification chimique étant rarement exhaustive, l’utilisation de biotests sur le migrat en complément des méthodes analytiques permet de lever une incertitude quant au risque toxique de ces mélanges complexes tout en permettant l’innovation.
Bibliographie
Références bibliographiques
• Severin I. et al., « Évaluation et gestion des risques – Matériaux d’emballage à contact alimentaire », Cahiers de Nutrition et Diététique, 2011 ; 46 : 59-66.
• Severin I et al., « Substances néoformées et alimentation – Évaluation du risque », Information diététique 2012 ; 3 : 37-48.
Auteur
Toxicologue alimentaire
AgroSupDijon/INSERM U866
Dijon
marie-christine.chagnon@u-bourgogne.fr
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