4.10. La biodisponibilité des micronutriments
p. 151-152
Texte intégral
1Pour exercer leurs effets sur la santé, les nutriments et les micronutriments* présents dans notre alimentation doivent être absorbés par l’organisme, autrement dit être biodisponibles*. La biodisponibilité des micronutriments est très variable (de quelques % pour le lycopène, le pigment rouge de la tomate, à plus de 90 % pour la vitamine A présente dans les aliments d’origine animale).
Les facteurs affectant la biodisponibilité
2Ces facteurs sont variés : 1) les propriétés physico-chimiques des micronutriments, comme solubilité dans l’huile ou dans l’eau, la stabilité dans le tube digestif, la polymérisation ; 2) les interactions des micronutriments* avec les macronutriments qui peuvent soit améliorer (cas des lipides pour les caroténoïdes), soit inhiber (cas des fibres alimentaires) leur absorption ; 3) les caractéristiques génétiques et physiologiques des sujets qui les ingèrent.
3Certains facteurs exercent un effet prépondérant sur la biodisponibilité de certains micronutriments, telles la composition et la structure de la matrice alimentaire pour les caroténoïdes, alors que d’autres ont un effet mineur. Néanmoins, la hiérarchisation de l’importance de ces facteurs dépend de nombreux paramètres (nature du micronutriment, état nutritionnel de l’individu).
Fig. 1 – Facteurs pouvant affecter la biodisponibilité d’un micronutriment (lutéine) dans son tissu cible (rétine) : matrice alimentaire et interactions avec d’autres nutriments, traitements technologiques et culinaires, physiologie et génétique des individus
Une grande variabilité interindividuelle
4L’identification des déterminants de cette variabilité est une question cruciale en nutrition. En effet, elle permet d’expliquer en partie pourquoi l’effet santé de certains micronutriments est très variable d’un individu à l’autre. Cela permet aussi de personnaliser un peu plus les recommandations nutritionnelles, qui ne sont pour l’instant adressées qu’à des groupes de population (apports nutritionnels conseillés en fonction du sexe et de l’âge). Des résultats récents suggèrent que des variations génétiques mineures, dans des gènes codant pour des protéines impliquées dans l’absorption et le métabolisme de certains micronutriments expliquent une grande partie de cette variabilité.
5L’étude de la biodisponibilité des micronutriments a donc de nombreuses implications en diététique (ajustement des apports nutritionnels conseillés en fonction du génotype des sujets), en clinique (optimisation de la prévention de pathologies par la nutrition), ou pour les industries agro-alimentaires (plus-value apportée par une optimisation de la biodisponibilité).
Bibliographie
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Références bibliographiques
• Morand C. et al., « Biodisponibilité et métabolisme des microconstituants bioactifs des végétaux », in Les phytomicronutriments, Amiot-Carlin M.J. et al. éd. Lavoisier, Paris, 2012.
• Borel P. et al., « Matrice alimentaire et biodisponibilité des caroténoïdes », in Structure des aliments et effets nutritionnels, Fardet et al éd. Quae, Paris, 2013.
10.1051/ocl.2012.0450 :• Borel P., « Gènes et absorption intestinale des microconstituants lipidiques (vitamines liposolubles, caroténoïdes et phytostérols) », Cah Nutr Diet 2009 ; 44 : 124-31.
Auteur
Nutritionniste
Unité « Nutrition, Obésité et Risque Thrombotique »
INRA/INSERM/Université
Aix-Marseille
Marseille
patrick.borel@univ-amu.fr
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