4.3. Alimentation et diabète de type 2
p. 138-139
Texte intégral
Diabète et obésité
1382 millions de terriens adultes vivent à l’heure actuelle avec un diabète de type 2* (DT2). L’explosion récente (20 ans) de la prévalence du DT2 est attribuée aux changements socio-économiques et environnementaux, en particulier ceux qui touchent à l’alimentation. Durant cette période, le poids moyen individuel s’est accru pour toute la population mondiale, du fait essentiellement de l’augmentation des apports caloriques et de la diminution d’activité physique. Cette augmentation de poids est due à l’augmentation de la masse grasse qui est le facteur de risque de DT2 le plus puissant, parce qu’il provoque une diminution de la sensibilité tissulaire à l’insuline. Lorsque la résistance à l’insuline apparaît, les cellules bêta pancréatiques augmentent dans un premier temps leur capacité de sécrétion d’insuline de façon à maintenir la normoglycémie. C’est uniquement lorsque ces capacités adaptatives sont épuisées que l’hyperglycémie s’installe. Les recherches récentes ont montré que les hexoses*, les aminoacides, les acides gras, et probablement le microbiote*, ont un rôle important dans l’installation et le maintien du déficit bêta et de l’insulinorésistance.
2Une première stratégie pour agir sur le risque de DT2 est donc de diminuer la prévalence du principal facteur de risque, l’obésité. Les programmes d’intervention sur le style de vie (restriction calorique associée à l’exercice physique) de patients présentant une intolérance glucidique (donc à risque élevé de DT2) sont efficaces et diminuent de 60 % ce risque.
Le rôle des aliments
Fig. 1 – Rôle des gènes et de l’environnement dans le développement de l’obésité et du DT2
3La plupart des études épidémiologiques* montrent que les nutriments, les aliments ou les régimes alimentaires ont un rôle important dans la survenue du DT2 et son traitement. La quantité totale de lipides ingérés n’est pas associée au risque de DT2, et contrairement aux idées reçues, les régimes hyperlipidiques en eux-mêmes ne détériorent pas la sensibilité à l’insuline. Par contre la qualité des lipides est importante puisque les régimes à base de lipides d’origine végétale sont plus avantageux que les régimes à base de graisses animales. Un apport accru en acides gras polyinsaturés* de type omega-6 diminue le risque de DT2. On ne peut en dire autant des apports en omega-3.
4La proportion relative de glucides dans un régime ne change pas le risque de DT2 mais l’enrichissement du régime en fibres diminue le risque de DT2. L’effet des glucides est mesuré par l’index glycémique* (GI) qui quantifie la variation glycémique et la charge glycémique (GL, produit de GI par la quantité de glucides présente dans l’aliment). Les régimes qui donnent des GI et GL faibles permettent de diminuer le risque de DT2 indépendamment de la quantité de fibres présentes.
5Les régimes riches en céréales complètes, fruits, légumes et noix (régime méditerranéen en particulier), une consommation modérée de vin rouge, ou des apports modestes en viandes rouges et boissons sucrées, diminuent le risque de survenue du DT2 et améliorent le contrôle glycémique et les lipides sanguins chez les patients déjà diabétiques.
6Mais l’on manque encore de grandes études au long cours comparant l’efficacité relative des diverses stratégies nutritionnelles qui viennent d’être évoquées.
Bibliographie
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Références bibliographiques
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Auteur
Physiologiste diabétologue
Unité Biologie Fonctionnelle et Adaptative
Université Paris-Diderot, Sorbonne-Paris-Cité
portha@univ-paris-diderot.fr
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