2.13. L’emballage alimentaire
p. 90-91
Texte intégral
1Qu’il soit en plastique (le plus important en volume), en papier-carton (premier matériau en valeur), en verre, en bois, en métal ou en matériau composite, l’emballage est mis en œuvre à la fin de la chaîne de production pour protéger et commercialiser l’aliment. L’emballage est souvent considéré indépendamment de l’aliment alors qu’il en est l’allié indispensable et indissociable. Après avoir été célébré pour une intensification et une diversification considérables de ses formes et de ses utilisations (deux prix Nobel en 1963 sur la chimie des plastiques), l’emballage est sorti du cœur des préoccupations de notre société à la fin du XXe siècle, où il reste remarqué pour ses innovations esthétiques et de praticité. À l’aube du XXIe siècle, l’emballage est accusé de contaminer l’aliment et de polluer notre environnement, les coupables désignés étant les nombreux et complexes plastiques issus de la chimie du pétrole. Pourtant l’emballage se caractérise aujourd’hui par des innovations qui en font un élément indispensable à la durabilité de notre chaîne alimentaire.
Économiser les ressources
Fig. 1 – Barquette biodégradable, adaptée à la conservation de fruits et légumes frais, issue de sous produits des industries agro-alimentaires : mélange de PHBV issu de la fermentation d’effluents liquides des industries laitières, et de fibres lignocellulosiques issues du broyage de pailles de blé. Projet européen EcoBioCAP (www.ecobiocap.eu). (Photo Guilbert E, Montpellier)
2L’emballage répond à la nécessité, accrue durant la deuxième partie du XXe siècle, de transporter et de stocker de façon plus fiable des denrées périssables. En réduisant les pertes de denrées alimentaires, il contribue ainsi aux enjeux mondiaux de sécurité alimentaire. Avant de communiquer, tracer, transporter, commercialiser, l’emballage a pour fonction première de protéger et de stabiliser l’aliment. Il définit matériellement autour de l’aliment une atmosphère favorisant la préservation des qualités gustatives et nutritionnelles ainsi que de la sécurité sanitaire des aliments, en protégeant ceux-ci des contaminations extérieures (poussières, micro-organismes, substances chimiques). On peut aussi priver l’atmosphère intra-emballage des réactifs entraînant la dégradation des aliments ou introduire des inhibiteurs de ces réactions. Les absorbeurs d’oxygène sont ainsi couramment utilisés pour réduire, sans additif ni traitement, les réactions d’oxydation des vitamines, des acides gras essentiels ou de composés aromatiques mais aussi le développement microbien. De nombreux autres emballages actifs* sont aujourd’hui commercialisés (absorbeurs d’eau, émetteurs de CO2, emballages anti-microbiens, etc.), et d’importants investissements en recherche y sont consacrés.
3D’autres enjeux liés à la réduction des pertes alimentaires se jouent actuellement dans le champ de l’emballage dit « intelligent »* qui informe tous les acteurs de la chaîne, consommateurs inclus, sur le suivi en temps et conditions réelles des qualités du produit. Il contribue ainsi à limiter les pertes liées aux marges de sécurité sanitaire sur la durée de conservation et aux mauvaises compréhensions des dates limites ou optimales de consommation. Des étiquettes intelligentes permettent par exemple de détecter la présence de bactéries pathogènes ou d’informer le consommateur de la qualité d’un aliment (comme l’état de maturité d’un fruit) sans avoir à le toucher ou à le sentir.
4Source importante d’innovation, les nanotechnologies trouveront 20 % de leurs débouchés en 2015 dans le secteur de l’emballage qu’il soit conventionnel, actif ou intelligent.
L’emballage écologique
5Tout au long de leur cycle de vie, les matériaux d’emballage consomment des ressources d’énergie, souvent non-renouvelables, génèrent des émissions atmosphériques, des déchets. Un vortex de déchets plastiques dans l’océan Pacifique nord, appelé 7e continent, s’étend sur une superficie 6 fois plus grande que la France. Des efforts considérables ont été réalisés depuis les années 2000 pour encourager la minimisation des ressources (emballages réduits au « juste nécessaire ») et le recyclage sous la forme d’énergie (incinération), de matériaux décontaminés (PET, c’est-à-dire Polytéréphtalate d’éthylène, recyclé) et de compost fertilisant (emballages biodégradés avec les déchets organiques). Le remplacement des matériaux pétrochimiques par des matériaux issus de ressources renouvelables et non alimentaires (comme les déchets des industries agro-alimentaires) constitue une avancée très attendue de la recherche. L’enjeu se situe aujourd’hui dans l’amélioration de la balance environnementale du système « aliment emballé », en réduisant l’impact négatif du matériau sur l’environnement tout en améliorant le rôle positif de l’emballage sur la réduction des pertes alimentaires qui impactent fortement notre environnement.
6Ce rapide panorama de l’emballage donne un aperçu de la diversité des rôles qu’il est amené à jouer dans toutes les étapes du cycle de vie de l’aliment, et du levier majeur qu’il représente pour répondre au défi de durabilité de nos systèmes alimentaires. Une transition vers des approches novatrices plus globales associées à des outils de modélisation permettra de prendre en compte dès la conception des emballages toutes les contraintes, risques et opportunités à relever.
Bibliographie
Références bibliographiques
• Gontard N. et al., « Food Packaging Applications of Biopolymerbased Films », Films and coatings from renewable resources - An applications perspective, Placket D. éd., John Wiley & Sons, New York, 2010.
• Angellier-Coussy H. et al., « Role of packaging in a smorgasbord of action for sustainable food consumption », Agrofood Ind. High-tech 2013 ; 24 : 15-9.
• Barthélémy E. et al., « Safety evaluation of mechanical recycling processes used to produce polyethylene terephthalate (PET) intended for food contact applications », Food Add Contam A 2014 ; 31 : 490-7.
Auteur
Sciences de l’Aliment et de l’Emballage
Unité « Ingénierie des Agropolymères et Technologies Émergentes »
INRA
Montpellier
nathalie.gontard@univ-montp2.fr
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2012