1. L’eau et ses représentations, vers de nouvelles perspectives
p. 299
Texte intégral
1Qu’il soit visible ou invisible, l’élément eau est essentiel à la survie du monde vivant. Chaque être humain, dont la vie dépend de la présence de l’eau, est imprégné par cet élément ; et, qu’il soit sacré ou profane, visible ou invisible, pur ou impur, il est ancré dans les mythologies, les croyances et les imaginaires. Ainsi, attirante, l’eau conserve toujours une part de mystère ravivée par chacun à travers ses perceptions et ses représentations de l’eau et des milieux aquatiques ; et à travers ses pratiques et ses usages. En lien avec les autres éléments, l’eau est l’objet de rituels aussi variés que les cultures et les religions. Transmis entre les générations, les rites sont multiples : ils accompagnent les étapes de la vie, l’organisation des sociétés et aussi influent sur la santé et les maladies des êtres humains et des animaux…
2Ancrée au plus profond de chaque être humain, ses croyances et ses imaginaires, ses représentations et ses perceptions, l’eau est au cœur de toutes les sociétés par sa présence comme par son absence. Ainsi, à travers les cultures, les régions et les milieux, l’eau fait partie du paysage qu’elle façonne et que chacun apprécie en fonction des représentations qu’il en a. Prégnante dans le reflet des sociétés, l’eau et les milieux aquatiques sont aussi source d’inspiration pour les artistes qui utilisent des techniques picturales variées. Avec le développement du numérique, la représentation de l’eau a dû faire l’objet de nombreux développements, afin qu'elle réponde, là aussi, à celle qu’en a chacun.
3Connaître ce qui se cache derrière cet élément, qu’il soit virtuel ou réel, et mieux comprendre les usages que chacun en fait, est essentiel pour préserver et gérer de façon raisonnée ce bien commun. L’éducation à l’eau dès le plus jeune âge et tout au long de la vie scolaire est un moyen didactique essentiel pour apprendre ce qui se cache derrière une molécule d’eau et ce qu’elle peut devenir. Mais cela ne suffit par pour éviter les idées préconçues liées à l’eau, à sa qualité, à sa gestion, à ses usages... Différents outils de communication permettent d’éclairer chacun, de façon ludique, sur ses idées et ses pratiques. Cependant, lorsqu’il s’agit de la question du partage de la ressource entre les usages ou encore de la création de nouvelles infrastructures, les intérêts individuels et collectifs sont de plus grande envergure. Cela nécessite, par conséquent, l’implication de toutes les parties prenantes, chacune avec ses points de vues et ses valeurs. Ainsi, les méthodes participatives et autres modélisations contribuent à une meilleure prise de conscience de la diversité des enjeux autour d’un projet spécifique sur un territoire. Étape essentielle à touteco-construit d’un projet avec les décideurs et les acteurs du territoire, afin qu’il soit accepté, approprié, viable, soutenable et durable.
4Si la recherche a déjà percé un grand nombre de mystères de l’eau, certaines font parfois l’objet de controverses. Cela montre que de nombreuses recherches nécessitent encore d’être approfondies, alors que d’autres voient le jour et font l’objet de nouvelles explorations. N’y-a-t-il pas de l’eau au-delà de la Terre ? Vue l’importance des enjeux liés à l’eau, ce domaine de recherche ne risque pas de se tarir et, au contraire, il appelle à se développer encore en ouvrant de nouvelles perspectives scientifiques disciplinaires, méthodologiques et innovantes et en relation avec les sociétés.
Auteur
Anthropologue, Chargée de recherche au CNRS, LATTS, Déléguée scientifique à l’INEE, Paris, p. 16, p. 21, p. 244, p. 268, p. 299, p. 302.
agathe.euzen@cnrs-dir.fr
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