Extra-insularité et dynamiques trans-insulaires
p. 329-331
Texte intégral
1Nous avons vu dans la partie précédente que la vie sociale à Rapa est marquée par des interactions et transactions qui relient les personnes entre elles. Mais les modalités de la co-résidence insulaire ne peuvent être pleinement comprises que dans l’analyse des relations entretenues avec l’omniprésente extra-insularité. À l’instar de toutes les îles de la Polynésie française ou d’ailleurs, les dynamiques insulaires à Rapa sont en relation avec des circonstances et processus extérieurs à l’île. En dépit de son isolement géographique dans le Pacifique sud, cette petite société est en effet incluse dans un espace trans-insulaire plus large, qui implique ses membres dans des circulations et les confronte à des introductions d’éléments nouveaux qu’ils et elles doivent gérer et réguler d’une façon qui leur permette de continuer à donner du sens à leur vie dans un jeu subtil de continuité et d’innovation. Ces agents externes importés durablement ou non sont humains, matériels et imaginaires. Cette situation n’est pas sans engendrer une évolution de la dépendance locale envers des ressources extérieures, notamment en matière d’alimentation. Liés à ces aspects extra-insulaires à domicile, mettant en jeu des transactions diverses conjuguant importations et exportations, la trans-insularité implique des circulations multiples de personnes, qui supposent des ajustements économiques et sociaux et sont fondées sur le déploiement de réseaux d’entraide et de réciprocité. Ces transactions et confrontations continues avec le monde extérieur favorisent l’émergence de re-présentations de l’entre-soi insulaire et de discours identitaires sur la spécificité de Rapa. Il s’ensuit des appropriations mais aussi des résistances individuelles et/ou collectives et des politiques pensées comme plus appropriées pour le développement de l’île en ses termes.
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