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    Plan détaillé Texte intégral De l’étude de l’Antiquité, grecque en particulier : une hypothèse de travail, ouverte et polyphonique Lire les Grecs à Rome Le Latium et l’Hellade : portrait des Grecs et projet linguistique La destinée des Grecs et l’avenir des Allemands : l’Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    L'hellénisme de Wilhelm Von Humboldt et ses prolongements européens

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Présentation

    Étudier « une nation, non pas des livres, mais des hommes »

    Sandrine Maufroy

    p. 289-313

    Texte intégral Bibliographie Références des ouvrages cités Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Indépendamment des introductions accompagnant ses traductions d’œuvres littéraires grecques et de nombreux passages de sa correspondance, Wilhelm von Humboldt a développé ses réflexions sur l’Antiquité grecque dans quatre textes principaux : De l’étude de l’Antiquité, grecque en particulier (Über das Studium des Alterthums, und des griechischen insbesondere), Le Latium et l’Hellade (Latium und Hellas), Du caractère des Grecs, vision historique et idéale de celui-ci (Über den Charakter der Griechen, die historische und idealische Ansicht desselben) et Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Geschichte des Verfalls und Untergangs der griechischen Freistaaten). Espacés les uns des autres par des dizaines d’années, non publiés du vivant de leur auteur, ces écrits nous font partager le mouvement d’une réflexion sur la culture grecque qui se révèle partie prenante des inflexions théoriques majeures de la pensée humboldtienne1.

    De l’étude de l’Antiquité, grecque en particulier : une hypothèse de travail, ouverte et polyphonique

    2Le texte De l’étude de l’Antiquité, grecque en particulier (Über das Studium des Alterthums, und des griechischen insbesondere), que Humboldt nomme aussi son « esquisse sur les Grecs » dans sa correspondance avec Friedrich August Wolf2, répond au désir d’éclaircir pour lui-même ce qui fait de l’étude des Anciens une occupation si particulière et si digne d’un être humain. Dans la lettre qu’il adresse le 3 septembre 1792 à son ami Karl Gustav von Brinkmann (1764-1847), homme de lettres et diplomate suédois qui avait été nommé quelques mois plus tôt secrétaire de légation à Berlin, Humboldt écrit :

    Pour ce qui est de mes études, je ne m’occupe, depuis que je suis ici [à Auleben, dans le domaine appartenant à la famille de sa femme], que de lectures grecques : Pindare, Eschyle, et de manière secondaire, pour ma femme, Homère. Je resterai sans doute longtemps sans me tourner vers autre chose. Je caresse l’idée de clarifier un jour pour moi-même, dans un écrit spécifique, les raisons pour lesquelles l’étude des Anciens, simplement en tant que tels, et sans intérêt particulièrement vif pour quelque domaine particulier traité par eux, est seule capable d’occuper dignement un être humain. Jusqu’ici, me semble-t-il, ces raisons ont été ressenties avec justesse, car le sentiment naturel trompe rarement, et sans cela on n’aurait pas sacrifié des vies entières à ce fatras de vieilleries par ailleurs inutiles, mais elles ont été exposées avec moins de clarté. Ce qui m’est venu à l’esprit jusqu’à présent consiste seulement en ces quelques réflexions : les Anciens sont l’ensemble des écrivains de deux nations seulement, et même, pour être précis, d’une seule nation, les Grecs, puisque les écrivains romains, en tant que tels, doivent être qualifiés de grecs. En les étudiant, on étudie donc une nation — non pas des livres, mais des hommes. Il devrait y avoir une utilité semblable à étudier tous les écrivains français ou anglais ensemble, mais la différence serait toujours considérable, dans la mesure où les Anciens étaient plus originaux que les Modernes et où chez leurs écrivains, l’homme se montre davantage que l’écrivain. À cela s’ajoute que ces hommes étaient formés beaucoup moins par l’art et la culture et étaient beaucoup plus proches de la nature que nous. — L’ode à l’eau de Pindare est maintenant terminée et je vous l’envoie très prochainement3.

    3Humboldt part donc d’une expérience qui lui est propre : il consacre son temps à l’étude des Anciens, en particulier de quelques auteurs grecs, et le sentiment d’accomplissement personnel que cette occupation lui procure le conduit à se demander, pour lui-même, quelles en sont les raisons. Se référant au « sentiment naturel » (« das natürliche Gefühl »), qui selon lui « trompe rarement », et passant de l’emploi du pronom « je » à celui du pronom « on », il confère une valeur générale, voire universelle, à ce que lui dicte son intuition personnelle, et cherche donc, non pas à comprendre pourquoi l’étude de l’Antiquité est son occupation favorite, mais pourquoi il s’agit d’une activité, et même de la seule activité véritablement digne de tout être humain. Cette démarche, lourde de conséquences, apparaît typique du but que Humboldt se proposait alors et de sa manière de procéder pour y parvenir : progresser dans la connaissance de l’être humain, et mener cette étude à partir de soi-même4.

    4Dans cette lettre à Brinkmann, Humboldt évoque certaines idées développées par la suite dans son traité De l’étude de l’Antiquité, grecque en particulier : étudier les écrivains antiques, c’est étudier « une nation, non pas des livres, mais des hommes » ; on tirerait le même profit d’une étude d’ensemble de tous les écrivains d’une autre nation, mais comme les Anciens étaient plus « originaux », ou « originels », et plus proches de la nature que les Modernes, moins formés — ou déformés — par l’art et la culture, lire leurs œuvres permet d’atteindre plus directement l’être humain, la nature humaine, et donc de répondre à la question de nature anthropologique qui préoccupe Humboldt. En outre, cette lettre suggère le rôle central de l’activité de traduction dans l’étude des Anciens, rôle théorisé par Humboldt dans l’avant-dernier paragraphe de son « esquisse sur les Grecs ».

    5Cette esquisse partage avec d’autres écrits de Humboldt deux caractéristiques qu’il faut garder en mémoire pour éviter d’attribuer à la pensée de leur auteur une rigidité qu’elle n’a pas : dimension dialogique et caractère fragmentaire. En effet, c’est dans le contexte d’un projet de revue consacré à la Grèce antique que Humboldt annonça la rédaction de ce texte à Brinkmann et à Friedrich August Wolf ; lors d’une visite qu’il lui fit à Noël 1792, ce dernier l’encouragea à coucher ses idées sur le papier5. Le 23 janvier 1793, Humboldt envoya son texte au philologue en le priant de l’annoter, puis il transmit le manuscrit à Friedrich Schiller, qui inscrivit ses remarques dans les marges, et à Carl von Dalberg qui, « stimulé par les notes de Schiller, a rempli encore davantage les marges de gloses6 ». Wolf eut aussi connaissance d’au moins une des remarques de Schiller, une réflexion sur les étapes du progrès de l’esprit humain et de la culture dans l’évolution individuelle et l’histoire universelle que Humboldt soumit au jugement du philologue dans sa lettre du 31 mars 17937. D’autre part, dans une de ses lettres à Schiller, Christian Gottfried Körner commente non seulement les pensées de Humboldt, en qui en général il a « trouvé encore peu de traits de génie, mais de la sensibilité pour toutes sortes d’excellence et de la réceptivité pour les idées grandes et vastes », mais également les remarques de Dalberg, qui selon lui « n’a, pour la majeure partie, absolument rien compris8 ».

    6Le texte De l’étude de l’Antiquité est donc passé de main en main, chacun des destinataires réagissant aux remarques du lecteur précédent ; une partie en a même été publiée par Wolf dans deux longues notes de bas de page de sa Darstellung der Altertumswissenschaft, sans nom d’auteur9. La démarche de Humboldt se situe dans la continuité de débats et de discussions philologiques (principalement avec Wolf), philosophiques et esthétiques (avec Schiller et Körner), politiques (avec Schiller et Dalberg). Humboldt ressent le besoin « de communiquer ses idées à d’autres10 », de les mettre à l’épreuve de la pensée critique d’autrui. Ce texte reste ouvert, il ne s’agit pas d’un produit achevé, considéré comme définitif par son auteur, mais plutôt d’une base de travail, d’un élément d’une réflexion qui s’élabore en commun, par le dialogue. Cette conception de la recherche comme activité commune reposant sur l’échange d’idées se retrouve plus tard chez Humboldt, lorsqu’au moment de la réforme du système d’enseignement prussien et de la création de l’université de Berlin, il pose comme principe fondateur la coopération des professeurs et des étudiants en faveur de la science et souligne que la tâche des enseignants ne doit pas consister à transmettre des connaissances toutes faites aux étudiants, mais à assister ceux-ci dans la recherche — d’où l’importance de la forme pédagogique du séminaire, inspirée notamment de son expérience des cours de Heyne à Göttingen et de ce qu’il savait de la pratique de Wolf à Halle11.

    7La dimension ouverte et presque polyphonique du texte de Humboldt est étroitement corrélée à son statut fragmentaire et à sa valeur d’hypothèse de travail. Dans sa lettre à Wolf du 23 janvier 1793, qui accompagne l’envoi du texte, Humboldt insiste sur le fait qu’il s’agit du « produit de deux journées de travail » (« die Arbeit zweier Tage »), d’un texte « brut » (« roh ») et « incomplet » (« unvollständig »), « un simple squelette, d’où pourrait naître tout au plus à l’avenir un véritable traité » (« ein bloßes Gerippe, woraus allenfalls künftig eine wirkliche Abhandlung entstehen könnte »). Pour le lecteur d’aujourd’hui, qui peut avoir tendance à ne garder qu’une version simplifiée et dogmatisée des idées de Humboldt, il peut être salutaire de garder à l’esprit les phrases suivantes, par lesquelles Humboldt présente son texte au philologue dont il espère l’aide et la critique :

    […] c’est donc, comme vous le voyez, un simple squelette, d’où pourrait naître tout au plus à l’avenir un véritable traité. De ce fait, non seulement les propositions qui expliquent et démontrent réellement sont très souvent manquantes, mais parfois, dans les conclusions, celles qui servent de lien ne sont pas non plus tout à fait évidentes. […] En particulier, je n’ai lu justement presque que des poètes, des passages isolés des historiens et Platon, c’est-à-dire exclusivement des écrivains qui conduisent fortement à une représentation idéale. Ceux qui feraient l’inverse, par exemple Aristophane, me manquent encore totalement. Je n’ai donc pas la moindre intention de donner une forme achevée à ces aphorismes maintenant, bientôt, ou même dans les prochaines années. Ils doivent seulement me servir à me donner une représentation précise et complète de mes idées actuelles, pour pouvoir les comparer à mes connaissances croissantes, et les corriger peu à peu. Ceci sera, étant donné ma manière d’écrire, d’autant plus faisable que je ne suis vraiment convaincu par des idées qu’aussi longtemps que je les porte dans mon esprit, et que je commence à douter dès qu’elles sont sur le papier. Si vous vouliez, très cher ami, m’assister dans cet examen et cette mise à l’épreuve, vous me rendriez par là un service réellement très grand et très important12.

    8Humboldt se montre donc conscient que d’une part, ses idées manquent de preuves et de solidité dans leur argumentation logique, et que, d’autre part, elles se fondent sur un corpus de sources incomplet, qui corrobore sa vision idéale des Grecs, mais laisse dans l’ombre tout un pan de la littérature grecque susceptible de la remettre en question. Son texte est donc à prendre comme il se présente : une hypothèse de travail à valider, nuancer, rectifier ou réfuter par des lectures, des recherches et la consultation de personnes compétentes. Comme le montre l’allusion plus générale à sa manière d’écrire et de réfléchir, ce statut d’hypothèse de travail est commun à de nombreux textes de Humboldt : écrire lui sert à objectiver des idées qui, avant d’être couchées sur le papier, ont la force de persuasion de la rêverie solitaire ; l’activité d’écriture sert à les préciser, à leur donner une réalité matérielle qui permettra de les examiner et de les contrôler une par une méthodiquement, éventuellement avec l’aide d’autrui. Les écrits de Humboldt n’ayant, pour une grande partie, pas été publiés de son vivant, ils demandent à être lus et interprétés à la lumière de cette lettre qui nous renseigne sur leur statut instable, ouvert, hypothétique.

    9Cela étant, le texte De l’étude de l’Antiquité, grecque en particulier présente une structure particulièrement claire. Dans sa lettre à Wolf précédemment citée, Humboldt distingue deux parties dans son exposé : la première, jusqu’au paragraphe 17, contient « les prémisses à proprement parler philosophiques, que je n’aurais pas développés si longuement si je n’avais craint, en les écourtant, de nuire à leur clarté » ; elle devrait selon lui avoir l’assentiment de Wolf. La seconde, du paragraphe 18 à la fin, renferme « principalement des énoncés concernant l’histoire », et, pour le reste, des propositions où « le raisonnement est mêlé à de tels énoncés » ; ce sont ces affirmations qu’il demande à Wolf de vérifier, en inscrivant simplement « richtig oder falsch oder perpende » (« vrai, faux ou à examiner soigneusement ») à côté13. De fait, les paragraphes 1 à 17 sont consacrés à déterminer et à fonder en raison l’objet et l’utilité de l’étude, définie comme « la connaissance des Anciens eux-mêmes, ou de l’humanité dans l’Antiquité » (§ 3) à partir des vestiges qui en restent, tandis que les paragraphes 18 à 43 répondent à la question de savoir pourquoi privilégier l’étude des Grecs et exposent des considérations méthodologiques sur la démarche à adopter et les moyens de réaliser une telle étude.

    10Dans la première partie, Humboldt procède par dichotomies et divisions, à un niveau d’abstraction relativement élevé, un peu à la manière d’un traité philosophique. La question centrale, typique de l’héritage de la pensée de l’Aufklärung dont Humboldt a été nourri dans sa jeunesse, est celle de l’utilité : utilité de l’étude des vestiges de l’Antiquité tout d’abord, utilité de la connaissance de l’être humain ensuite, une fois que celle-ci a été reconnue comme constituant l’utilité de l’étude de l’Antiquité. À chaque étape de ce questionnement, Humboldt privilégie l’utilité formelle et non l’utilité matérielle, la dynamique (l’energeia, la mise en action de forces) et non le produit fini (l’ergon), la connaissance comme formation et non comme résultat. L’objet de l’étude est de nature anthropologique : il s’agit de « l’étude […] de l’être humain en général à partir du caractère d’une nation individuelle, en se fondant sur les monuments qu’elle a laissés » (§ 14). Cette partie théorique s’achève sur des remarques méthodologiques ayant trait aux conditions qui rendent plus ou moins possible l’étude en question (§ 14-17). Le dernier paragraphe précise le choix de la méthode à suivre pour mener cette recherche anthropologique. D’une part, il s’agit d’une sorte de pis-aller, puisque la meilleure manière serait « l’étude » et « la comparaison de toutes les nations de tous les pays et de tous les temps » (§17), projet qui dépasserait les capacités humaines — bien qu’elle lui ait inspiré, probablement quelques années plus tard, son « Plan d’une anthropologie comparée »14. D’autre part, ce pis-aller n’en est pas vraiment un, puisque l’important est moins le degré d’extension de l’étude ou la recherche d’exhaustivité que son intensité et sa finesse : la méthode à suivre consiste à choisir judicieusement un petit nombre de nations, voire une seule d’entre elles, puis de se livrer à une analyse précise.

    11La deuxième partie applique méthodiquement aux Grecs les points successivement évoqués : il s’agit de montrer que l’étude des Grecs, ou plutôt des Athéniens, est la plus réalisable et offre les plus grands avantages. Humboldt expose ici les qualités qui font des Grecs un objet privilégié d’étude pour la connaissance de l’homme et pour la formation de l’être humain : alliance harmonieuse de diversité et d’unité ; liaison, présente tout au long de l’histoire, de l’originalité et de la naïveté propres à la jeunesse de l’humanité avec le sens du beau et le goût raffiné propres aux peuples cultivés et répartis selon Humboldt dans toute la nation grecque.

    12Les derniers paragraphes sont consacrés à des considérations sur la méthode et les branches auxiliaires de l’étude de l’Antiquité. Du point de vue de la méthode à suivre, Humboldt recommande l’étude personnelle des Grecs, la formation individuelle restant toujours le but principal, l’examen des textes et des vestiges matériels selon une démarche organisée et méthodique, et une approche particulièrement attentive aux périodes les plus archaïques de l’histoire grecque. Pour y parvenir, le plus important lui paraît l’étude directe des sources au moyen de la critique et de l’interprétation. Celle-ci doit, selon lui, s’appuyer sur la connaissance des « antiquités grecques » au sens le plus large du terme, c’est-à-dire de tous les aspects de la vie matérielle et institutionnelle des Grecs, et ce dans un triple but : compréhension des sources, vue d’ensemble, introduction générale — une exigence qui rejoint celle des cours d’introduction ou encyclopédies des sciences de l’Antiquité courantes dans les universités allemandes depuis le milieu du xviiie siècle15. Enfin, Humboldt énumère les diverses fonctions des traductions, dont la plus importante, selon lui, consiste à inciter à lire l’œuvre originale et à procurer au lecteur « un soutien d’un genre élevé, puisqu’elle ne s’attache pas à faire comprendre des passages particuliers, mais accorde en quelque sorte l’esprit du lecteur à l’esprit de l’écrivain, et que ce dernier apparaît encore plus clairement quand on le voit à la double lumière de deux langues différentes » (§ 42). L’importance que Humboldt attribuait à la traduction dans l’approche fine et intime d’un auteur permet de comprendre le soin et la persévérance qu’il mit à traduire Eschyle et Pindare, un travail qui l’occupa pendant des années et qui l’amena à approfondir sa réflexion et à préciser, dans l’introduction à sa version allemande de l’Agamemnon, sa théorie de la traduction16.

    13L’« esquisse sur les Grecs » se termine sur l’idée que dans une société hautement cultivée, l’étude des Anciens est utile à tous, même si tous ne s’y appliquent pas, car dans une telle société, dont tous les membres sont en relation les uns avec les autres, « toute connaissance acquise par un individu peut être appelée au sens propre une connaissance de tous » (§43). On peut retrouver une trace de ce bel optimisme dans ses plans de réforme de l’enseignement dressés des années plus tard, en 1809, et notamment dans la recommandation formulée dans son Königsberger Schulplan de ne pas créer d’écoles intermédiaires entre les écoles élémentaires et les lycées et d’imposer à tous les élèves l’étude d’une langue ancienne, sans toutefois les obliger à en étudier plusieurs.

    Lire les Grecs à Rome

    14Entre le traité De l’étude de l’Antiquité et les autres écrits de Humboldt apparentés, des années ont passé. Après un long séjour à Paris et deux séjours en Espagne, Humboldt, devenu ambassadeur auprès du Saint-Siège, poursuit ses réflexions sur l’Antiquité tout en s’adonnant à de longues promenades dans Rome. Mais ses préoccupations principales et le fil directeur personnel qui le guide restent les mêmes. Le début du texte Le Latium et l’Hellade montre clairement que Humboldt cherche toujours à comprendre et justifier le plaisir et le sentiment d’accomplissement que procure l’étude de l’Antiquité. Comme dans la lettre résumant pour Brinkmann les idées à développer dans De l’étude de l’Antiquité, les questions que se pose Humboldt et sa manière de les poser ont pour point de départ une expérience vécue : ici, la « vie sur le sol classique » de Rome complète et oriente sa réflexion17. Celle-ci reste principalement de nature anthropologique : il s’agit de tendre vers la connaissance de la « nature humaine » par l’étude du caractère d’une nation, et d’une nation particulièrement appropriée pour cela, les Grecs, dont le « caractère essentiel consiste à représenter la forme de l’individualité humaine telle qu’elle devrait être18 ». La formation personnelle de l’individu reste aussi au centre du projet : il ne s’agit pas seulement de connaître et de comprendre, mais aussi et surtout de s’adonner à cette étude pour se former soi-même et se rendre en quelque sorte semblable à l’objet que l’on étudie, d’accorder son esprit à celui des Grecs pour devenir un être humain le plus accompli possible19. Même si Humboldt séjourne alors à Rome, d’où partent ses réflexions, il est toujours convaincu que l’essentiel est de se concentrer sur les Grecs, et surtout sur les Athéniens : les Romains ne sont évoqués que parce qu’ils ne peuvent pas être séparés des Grecs, parce qu’ils en sont les héritiers, et Athènes représente la quintessence de l’esprit et du caractère grecs tels que les conçoit Humboldt20. Enfin, son regard est tourné vers le présent et l’avenir, et pour répondre à la question de ce que peuvent apporter les Grecs à ses contemporains, il pose celles de la différence entre l’Antiquité et l’époque moderne, du passage de l’une à l’autre et du rôle de Rome comme médiatrice entre les Grecs et nous21.

    Le Latium et l’Hellade : portrait des Grecs et projet linguistique

    15Toutefois, des précisions, des déplacements et des modifications de la pensée et du projet humboldtiens sont perceptibles entre 1792 et 1806-1807. Le Latium et l’Hellade est pour Humboldt l’occasion de préciser des concepts et des conceptions auxquels il tient et qui jouent un rôle clé dans sa réflexion en général, comme les notions d’individualité, de symbole, de force, ou encore sa critique de l’idée d’un Dieu autosuffisant et immuable22. Il étudie le caractère des Grecs dans ses manifestations principales, prises l’une après l’autre : art, poésie, religion, us et coutumes, caractère public et privé et histoire. Dans ce contexte, il précise et complète le portrait des Grecs esquissé dans De l’étude de l’Antiquité : alors qu’il y avait insisté de manière assez générale sur l’alliance de diversité et d’unité qui les distingue selon lui, Humboldt nomme à présent différents traits de caractère qui pourraient paraître contradictoires et dont l’alliance harmonieuse apparaît désormais comme le résultat d’une lutte :

    d’un côté, sociabilité et élan de communication comme peut-être aucune nation ne les a connus, de l’autre soif de retraite et de solitude ;

    d’un côté, une vie passée continuellement dans l’activité des sens et dans l’art, de l’autre dans la spéculation la plus profonde ;

    d’un côté, la légèreté la plus méprisable, l’inconstance la plus monstrueuse, la versatilité la plus incroyable, où la mobilité et la sensitivité régnaient sans partage, de l’autre la persévérance la plus exemplaire et la vertu la plus stricte, où leur ardeur, force pleine de gravité, se concentrait dans les fondations mêmes de l’âme23.

    16Selon Humboldt, les Grecs se distinguent par le fait qu’ils cherchent toujours à relier l’individualité et l’universalité, la réalité et l’idéal, et qu’ils traitent donc tous leurs sujets de manière symbolique, en réalisant une unité parfaite entre intériorité et extériorité, corps et esprit, contenu et forme. C’est particulièrement visible dans l’art, au sujet duquel Humboldt formule la thèse que les Grecs procédaient non pas par l’imitation de la nature, mais par le « sens pur des formes générales de l’espace, de la symétrie et de la justesse des rapports24 » : ce qui les guidait dans leur création était non l’appréhension d’un phénomène extérieur, mais une idée de forme. Cette théorie est énoncée par Humboldt avec une certaine prudence ; il la présente comme une hypothèse et en appelle à l’expérience personnelle et au bon sens de son lecteur pour en attester la probabilité. Dans son analyse de l’art grec, et plus précisément des arts plastiques et de la poésie, Humboldt insiste sur le rôle du rythme, une remarque à comprendre en lien avec ses efforts pour conserver dans sa traduction allemande le rythme des vers de l’Agamemnon d’Eschyle25. Il exalte la perfection de l’hexamètre — particulièrement harmonieux, apte à unir diversité et unité et exprimant au mieux la perfection singulière de la langue grecque. Cette attention particulière que porte Humboldt à la langue grecque est liée à l’évolution subie, depuis 1792, par son approche des Grecs.

    17En effet, entre De l’étude de l’Antiquité et Le Latium et l’Hellade, le projet anthropologique est devenu un projet linguistique. Comme le montre Jürgen Trabant dans sa contribution au présent volume, le projet de Humboldt se transforme durant cette période par « un rétrécissement radical de l’objet : à la langue, et un élargissement radical au-delà des Grecs : à toutes les langues du monde ». Cinq pages du texte Le Latium et l’Hellade contiennent, comme l’écrit Jürgen Trabant, « toute sa philosophie du langage » et un passage de cet écrit témoigne de la transformation du projet de Humboldt et du poids désormais accordé à la langue :

    La plupart des circonstances qui accompagnent la vie d’une nation, le lieu d’habitation, le climat, la religion, la constitution de l’État, les us et coutumes, peuvent dans une certaine mesure être séparées d’elle ; on peut, même dans le cas d’intenses interactions, dissocier dans une certaine mesure ce qu’elles ont donné et reçu en matière de culture. Mais il y en a une qui est d’une nature toute différente, qui est le souffle, l’âme même de la nation, qui marche toujours d’un même pas avec elle et qui, qu’on la considère comme moteur ou comme résultat de l’action, conduit toujours la recherche dans un seul et même cercle — la langue26.

    18Pour étudier l’esprit grec, il faudra donc étudier principalement la langue grecque. Dans Le Latium et l’Hellade, Humboldt expose les raisons philosophiques de cette prise de position, qu’il a approfondies depuis sa rencontre avec la langue basque et qui le conduisent à entreprendre l’étude comparative du plus grand nombre possible de langues du monde27. Ce projet reste lié à celui de l’étude de l’Antiquité, puisqu’il reste en dernier ressort de nature anthropologique, centré sur le caractère des nations. L’extension de l’étude à toutes les nations avait déjà été évoquée dans De l’étude de l’Antiquité comme un horizon souhaitable mais impossible à réaliser. Se concentrer sur les langues, et non sur toutes les manifestations de l’esprit d’une nation, semble rendre le projet plus réalisable, complémentaire d’une étude en « intensité » d’une nation et d’une langue particulières, privilégiées, celles des Grecs.

    La destinée des Grecs et l’avenir des Allemands : l’Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques

    19Parallèlement, entre De l’étude de l’Antiquité et l’Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques, Humboldt passe d’un programme purement anthropologique à un projet historiographique. Alors que dans De l’étude de l’Antiquité, il préconisait explicitement de privilégier l’étude des périodes les plus anciennes de l’histoire grecque, et que ses lectures étaient alors principalement consacrées aux classiques du ve siècle avant J.-C., c’est désormais une autre période qui lui apparaît la plus intéressante28 : celle qui s’étend de l’avènement de Philippe II de Macédoine (359 av. J.-C.) à la prise d’Athènes par Sylla lors de la bataille de Chéronée (86 av. J.-C.). D’une part, la présence matérielle des ruines de Rome, qui l’incite à relire les Anciens, la perspective totalisante d’histoire universelle qui occupe son esprit et la poursuite de son activité philologique29 se conjuguent pour lui faire aborder la culture grecque sous un autre angle et porter son attention vers des périodes plus tardives que celles qui avaient jusque là formé le centre de ses études. D’autre part, la défaite de la Prusse face aux armées napoléoniennes lui fait chercher dans l’histoire des parallèles et peut-être aussi une source de consolation ou d’espoir.

    20C’est pendant son séjour à Rome, et plus précisément durant l’été 1807, que Wilhelm von Humboldt commença à s’intéresser particulièrement à la période qu’il nomme, en référence à Gibbon, celle de la décadence et de la chute des républiques grecques30. Nommé ministre plénipotentiaire prussien en résidence auprès du Saint-Siège en 1802, Humboldt avait eu immédiatement conscience que son séjour à Rome n’était « pas comparable à un simple voyage », mais qu’avec lui commençait « une nouvelle époque de < sa > vie », peut-être la dernière. Il s’était donné comme but d’acquérir une impression d’ensemble de la Ville éternelle, et même de « ne pas cesser d’acquérir des connaissances rapides et précises de l’ensemble de la littérature et de l’art de l’Italie entière », « afin d’avoir toujours, autant que possible, une vision de l’ensemble bien présente à [ses] yeux31 ». Du reste de la lettre à Goethe d’où son tirées ces phrases, il ressort que Humboldt pensait alors avant tout au présent, à l’Italie telle qu’il pouvait la voir, mais que cette Italie incluait non seulement les personnes à rencontrer, les paysages et les villes contemporaines, mais aussi les œuvres littéraires et artistiques du passé telles qu’elles s’étaient transmises à la postérité. Lors de ses promenades dans Rome, durant lesquelles il évite soigneusement de se comporter en érudit soucieux du détail et risquant ainsi de perdre de vue l’ensemble, Humboldt découvre une ville qui lui apparaît rapidement comme la ville « éternelle32 », comme un « tableau de l’histoire universelle33 », et dont les ruines le conduisent à fréquenter avec plus d’assiduité les écrivains antiques, en particulier romains. C’est ce qu’il écrit à Wolf :

    Je me remets maintenant à lire beaucoup les Anciens, et toujours des Romains. Car malgré tout, c’est l’intérêt local qui l’emporte sur tous les autres. Ma vie, en fait, c’est de marcher dans Rome avec en tête la totalité de l’histoire romaine et de la vie romaine. […] autour des collines se réunit en cercle tout le tableau de l’histoire universelle. Car plus que par toute autre chose, c’est toujours par le fait qu’elle est le centre [Mittelpunkt] du monde ancien et moderne que Rome exerce sur moi sa puissance considérable34.

    21« Mittelpunkt » : centre, point central35, mais aussi, dans la pensée de Humboldt, point intermédiaire, point en lequel s’opère une médiation, une transition, une césure. Le poème « Rome », composé par Humboldt en février-mars 1806 et envoyé à Goethe en avril 1806 à l’intention de sa dédicataire Caroline von Wolzogen, donne une forme sensible à cette idée : la signification universelle et la puissance éternelle de Rome, et plus particulièrement des Romains antiques, résident dans le fait qu’ils ont humé l’esprit grec, et que par leurs œuvres qui s’en inspiraient, lui donnant la faculté de durer sur la terre, ils l’ont transmis à la postérité36.

    22« Mittelpunkt » : c’est ce même mot que Humboldt emploie pour qualifier la période à laquelle il projette de consacrer son Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques. Il « vit » désormais avec « Démosthène et les autres orateurs grecs », « la seule partie de la littérature grecque qui [lui] était encore totalement inconnue37 », et ce sont eux qui le conduisent à concevoir le projet d’une histoire des cités grecques après leur apogée. Auparavant, Humboldt, tout en prenant en compte l’importance de la perspective historique, tendait toutefois à considérer la Grèce antique comme un tout en quelque sorte intemporel : il s’agissait principalement de déterminer pourquoi et comment l’étude de la culture grecque antique pouvait servir au mieux la formation de l’homme moderne, et dans ce but, de définir et de décrire le caractère national des Grecs dans son unité et son homogénéité. Dans l’essai De l’étude de l’Antiquité, grecque en particulier, rédigé en 1793, Humboldt soulignait certes, en parfait accord avec la nouvelle manière de concevoir les études antiques promue par Heyne et Wolf, qu’il était nécessaire de ne pas se cantonner uniquement à la période des chefs d’œuvre de la culture grecque. Mais c’était alors surtout pour poser la question de l’origine du caractère grec et attirer l’attention sur la période archaïque38. Le programme de lecture qu’il s’était fait montre clairement que l’apogée de la culture grecque se situait pour lui au siècle de Périclès et que, de manière cohérente, il portait une attention spéciale à trois auteurs proches selon lui des origines, Homère, Pindare et Eschyle, qu’il considérait en 1795 comme les seuls avec Aristophane à être véritablement des « sources et modèles de l’esprit grec » dans sa plus grande pureté39.

    23Avec l’Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques, sa perspective et sa méthode d’approche se sont modifiées. Dès les premières pages de ce texte, Humboldt souligne le paradoxe qui fait que « la vraie période de décadence de la Grèce », qui selon lui « avait déjà commencé sous le gouvernement de Philippe et d’Alexandre », ait été à la fois celle d’une perte de « liberté intérieure » et d’« indépendance extérieure » d’une part, et d’autre part celle d’un épanouissement culturel sans précédent40. Selon Humboldt, déjà « avilie » et « corrompue41 » quand elle subit les premières attaques auxquelles elle devait succomber, la Grèce avait toutefois conservé un reste de ses vertus antiques et était parvenue au faîte de son développement scientifique et littéraire. Ceci explique que vaincue à l’extérieur, elle ait finalement dominé son dominateur de l’intérieur, par sa culture supérieure que les Romains se sont appropriée et nous ont ainsi transmise.

    24L’opposition entre vie intérieure et vie extérieure d’une nation joue un rôle fondamental dans la conception de l’histoire occidentale qui sous-tend l’Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques. Celle-ci repose sur l’idée d’une complémentarité entre l’esprit grec et l’esprit romain, ce que reflète le choix du titre de l’ouvrage projeté, référence claire à Gibbon :

    Mon projet, auquel Démosthène m’a conduit, est d’écrire une histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques, mais de considérer ce point comme le point central d’importance universelle de toute l’histoire dont nous avons connaissance. Car il me semble que de même que la décadence de Rome (comme Gibbon l’a très bien montré) est un point central pour tout ce qui chez nous est extérieur, lois, constitution politique, religion, etc., de même celle de la Grèce l’est pour tout ce qui est intérieur, art, philosophie, science, manière de penser. Mon ouvrage doit donc répondre aux trois questions suivantes : comment l’esprit grec est-il apparu ? Comment a-t-il influé d’abord sur les Romains, puis sur nous ? Et étant donné cette influence, que peut-on en faire maintenant ? En même temps, je ne peux pas nier que je souhaiterais dresser un monument à la pauvre Allemagne en ruines, parce que, c’est ma conviction depuis bien longtemps, il n’y a que la greffe de l’esprit grec sur l’esprit allemand qui puisse donner à l’humanité les conditions de sa progression, sans stagnation42.

    25C’est donc du fait de son intérêt pour les hommes de son temps, et plus particulièrement pour l’Allemagne divisée et soumise à la domination napoléonienne, que l’histoire de la Grèce postérieure à l’apogée du siècle de Périclès mérite d’être étudiée, et ce de deux points de vue : d’une part, dans une perspective historique permettant d’envisager le présent dans toute son épaisseur et de construire l’avenir, et, d’autre part, dans celle d’une comparaison entre une époque passée et l’époque actuelle d’où l’on puisse tirer des leçons pour le présent et l’avenir. Humboldt adopte une perspective historique large : la culture grecque ne lui apparaît pas seulement comme la base de notre civilisation, mais comme « l’âme » d’une période de l’histoire humaine qui présente une unité et une cohérence intérieure et qui s’étend d’un passé reculé, dont les témoignages connus les plus anciens remontent aux anciens Égyptiens et aux peuples du Proche-Orient, jusqu’à l’époque actuelle43. Et comme l’apogée de la culture grecque coïncide avec le début du déclin de la Grèce, cette période constitue un « point de référence confortable pour embrasser du regard l’ensemble de notre histoire44 ». C’est à partir d’elle que s’est formée la « vie intérieure » de l’époque moderne, de même que sa « vie extérieure » trouve sa source dans la décadence de Rome.

    26D’autre part, comme la croissance et la décadence d’une nation sont des phénomènes moraux, écrire leur histoire revient à développer un raisonnement prenant en compte cet aspect moral ; ce n’est donc pas de l’histoire « pure ». En outre, le tableau de la décadence des républiques grecques doit permettre d’éclairer « l’influence de l’esprit grec sur les périodes ultérieures » et la relation des Modernes à l’Antiquité. Mais ces deux derniers points concernent tout particulièrement les Allemands, car comme Humboldt l’a déjà évoqué dans sa correspondance :

    Les Allemands ont le mérite incontestable d’avoir été les premiers à saisir fidèlement et à ressentir profondément la culture grecque ; mais en même temps se trouvait déjà préformé dans leur langue le moyen mystérieux de répandre son influence bienfaisante, bien au-delà du cercle des érudits, dans une partie considérable de la nation. Les autres nations n’y ont jamais aussi bien réussi, ou du moins n’ont-elles pas démontré de la même manière leur familiarité avec les Grecs dans des commentaires, des traductions, des imitations, ni (ce qui importe le plus) dans la transmission de l’esprit de l’Antiquité au leur. C’est pourquoi depuis lors, le lien qui unit les Allemands aux Grecs est incomparablement plus solide et plus étroit que celui qui les rattache à toute autre époque ou toute autre nation, même bien plus proche d’eux45.

    27Conformément aux deux perspectives complémentaires annoncées par Humboldt, cette perspective historique qui relie diachroniquement la Grèce antique et l’Europe — ou l’Allemagne — est complétée par une comparaison entre deux objets culturels pris chacun de manière statique :

    […] l’Allemagne (que les lecteurs étrangers veuillent bien excuser le côté glorieux de cette comparaison en considérant ce qu’elle a de mélancolique) présente par sa langue, la pluralité de ses aspirations, la simplicité de son état d’esprit, sa constitution fédérale et ses récentes vicissitudes, une ressemblance indéniable avec la Grèce46.

    28Durant l’occupation napoléonienne et les « guerres de libération » menées en Allemagne, ces deux motifs, que Humboldt fut l’un des premiers à formuler, furent repris et développés à foison, souvent dans un sens antifrançais, et devinrent des lieux communs de ce « mythe grec allemand » qui contribua à la formation de l’identité nationale allemande au cours du xixe siècle47.

    29Par son ouvrage, Humboldt souhaite notamment montrer que :

    […] l’avilissement ne fut qu’en partie responsable de la décadence de la Grèce, dont la raison plus cachée était en réalité que le Grec possédait une nature trop noble, trop délicate, trop libre et trop humaine pour fonder alors une constitution politique, qui à cette époque, aurait nécessairement posé des limites à l’individualité48 […].

    30Il analyse en diplomate et en homme politique le système de relations des États antiques et le compare à celui des États modernes pour montrer tout ce qui l’en sépare. Sa thèse centrale est que la défaite des Grecs face à leurs envahisseurs ne fut pas due à un manque de ténacité dans le combat, mais au fait qu’il leur manquait une constitution commune solide et durable. Selon Humboldt, les États antiques étaient isolés et très différents les uns des autres : ils n’avaient que très peu de liens entre eux, même pour le commerce, et leur système de colonies, qui seul aurait pu produire quelque chose de comparable à nos constitutions politiques modernes, était trop faible pour faire plus que favoriser le commerce, l’éducation et la culture et pour exercer une force politique. L’équivalent de ce que l’Europe vit naître au xviiie siècle, un système de relations diplomatiques et de traités de paix visant à préserver un certain équilibre de forces entre les États et l’indépendance de chacun d’entre eux, n’existait qu’à l’intérieur de la Grèce, mais rien de tel ne réglait les relations extérieures des États grecs avec les autres États. Ils se trouvaient donc à la merci des incursions de hordes barbares imprévisibles et dévastatrices. Pour y faire face efficacement, ils auraient eu besoin d’une « éducation purement politique qui leur fût propre » et d’une « éducation des citoyens », « nécessaire » pour « préserver la constitution intérieure49 ». Mais ce qui existait à Rome, la soumission de l’individu à sa fonction dans l’État, le Romain étant guerrier, juge, homme d’État ou agriculteur avant d’être citoyen, n’était pas acceptable dans une cité grecque comme Athènes, car les Athéniens étaient trop nobles et trop libres pour accepter de telles restrictions imposées au libre développement de l’individu : ce qui fit leur grandeur causa aussi leur perte. Humboldt montre ainsi comment la Grèce postclassique peut être pour les modernes, et en particulier pour les Allemands, un exemple qui leur serve à la fois de mise en garde (du fait de la décadence dont elle fut en partie responsable) et d’encouragement (du fait de la constance et de l’opiniâtreté avec lesquelles elle ne cessa de combattre pour sa liberté). Son étude offre des clés pour comprendre les rapports entre Antiquité et époque moderne, à la fois d’un point de vue de comparaison entre deux périodes prises chacune dans leur synchronie, et d’un point de vue proprement historique et de philosophie de l’histoire, puisqu’elle représente un maillon décisif dans le passage entre deux périodes très distinctes d’une même grande époque de l’histoire humaine.

    ***

    31Malgré l’énergie avec laquelle il avait entrepris son ouvrage, l’ampleur de ses travaux préparatoires et l’enthousiasme avec lequel il envisageait de passer le reste de sa vie à s’y consacrer, Humboldt n’acheva pas son Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques. Les tâches politiques qui lui incombèrent dans les années suivantes et sa concentration croissante sur les questions linguistiques expliquent que l’introduction même soit restée à l’état de fragment. Mais comme beaucoup d’autres projets de Humboldt, et ainsi qu’il le constatait lui-même dès sa jeunesse, il s’agissait d’une entreprise si vaste que l’on ne peut s’étonner du destin qui la frappa. L’introduction qu’il rédigea partiellement commence par poser la question de l’origine de l’esprit grec, des particularités propres au caractère grec et de ce qui fait son importance pour les modernes. Comme le montrent des notes préparatoires de Humboldt, elle aurait dû se poursuivre par un développement consacré aux « causes qui firent que les Grecs parvinrent aux supériorités de leur caractère moral et à l’apogée de leur puissance politique », puis par un autre dédié aux « circonstances qui préparèrent progressivement la décadence politique des Grecs et avec elle, le déclin de leur caractère moral50 ». L’ouvrage lui-même aurait dû comprendre, après la préface et l’introduction consacrée à la « description de la Grèce » et à « sa situation immédiatement avant Philippe », deux grandes parties et une conclusion. La première partie aurait compris trois chapitres traitant successivement de la « période de Philippe et d’Alexandre », de celle « des généraux d’Alexandre et des rois macédoniens ultérieurs », et de celle « des Romains » ; la seconde aurait été constituée de deux chapitres consacrés respectivement à l’« influence des Grecs sur les Romains » et « sur les nations modernes51 ».

    32L’ampleur sans doute excessive du projet de Humboldt, l’orientation progressive de ses intérêts vers des questions linguistiques et ses responsabilités politiques peuvent expliquer qu’il n’ait pas mené à bien l’étude qui semblait pourtant lui tenir tant à cœur. Mais peut-être l’inachèvement de cet ouvrage est-il aussi, voire surtout, la conséquence de la tension entre la « vision historique » et la « vision idéale » des Grecs, pour citer son texte Du caractère des Grecs, vision historique et idéale de celui-ci, qui peut être considéré comme une esquisse de l’introduction de l’Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques. Dans les écrits de Humboldt sur l’Antiquité, l’étude historiographique vient toujours après l’exposé philosophique. Elle a pour fonction de fournir des preuves, de nuancer ou d’infirmer le propos général concernant le caractère des Grecs, qui apparaît comme une réalité présente dès le départ et intemporelle. Humboldt ne cherche pas d’explication historique, il ne croit pas pouvoir y trouver les causes des phénomènes52. Affirmant explicitement : « Les Grecs, pour nous, ne sont pas seulement un peuple utile à connaître historiquement, mais un idéal53 », croyant déceler une similitude indéniable entre la Grèce et l’Allemagne du point de vue de la langue, de la diversité de leurs aspirations, de leur simplicité, de leur constitution fédérale et de leur destinée, Humboldt préserve l’idéal qui lui donne une ligne de conduite. Si au cours du xixe siècle, la méthode historique et critique amena philologues et historiens à réviser l’idéal grec formé par les classiques et les néo-humanistes, Humboldt semble bien avoir maintenu sa réflexion dans la tension entre ces deux tendances. Conscient du caractère fragile de son idéal, il le préserve cependant comme une construction de l’esprit qui permet peut-être de fuir la réalité, mais surtout de garder espoir.

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    Références des ouvrages cités

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    Wolf Friedrich August, Darstellung der Altertumswissenschaft nach Begriff, Umfang, Zweck und Wert, Réimpression, Weinheim, VCH, 1986.

    Notes de bas de page

    1 Cette présentation s’appuie en grande partie sur les commentaires d’Andreas Flitner et Rose Unterberger dans Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 368-398. La traduction des textes de Humboldt sur l’Antiquité que nous présentons dans ce volume suit cette édition (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 1-124).

    2 Humboldt Wilhelm von 1990, p. 41-47, ici p. 43 (lettre à Wolf du 31 mars 1793).

    3 Humboldt Wilhelm von 1939, p. 20-23, ici p. 21-22 (lettre à Brinkmann du 3 septembre 1792).

    4 Voir en particulier son « Fragment d’une autobiographie » rédigé en 1816 (« Bruchstück einer Selbstbiographie », in Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 1-10). Ce texte a été traduit par Olivier Mannoni dans Humboldt Wilhelm von 2004, p. 39-54.

    5 Voir Humboldt Wilhelm von 1939, p. 42-45, en particulier p. 43-44 (lettre à Brinkmann du 30 novembre 1792) et Humboldt Wilhelm von 1990, p. 24-34 (lettres à Wolf du 1er décembre 1792 et du 23 janvier 1793).

    6 Humboldt Wilhelm von 1990, p. 41-47, ici p. 45 (lettre à Wolf du 31 mars 1793).

    7 Voir De l’étude de l’Antiquité, grecque en particulier, § 12, et la note de Schiller (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 6-7, et Vol. 5, p. 378), traduits dans le présent volume. Dans sa lettre à Wolf (Humboldt Wilhelm von 1990, p. 41-47, ici p. 45), Humboldt indique : « Je recopie pour vous une remarque qui contient, me semble-t-il, une idée pleine de génie ; une vraie aussi ? C’est à vous de décider. ».

    8 Schiller Friedrich et Körner Christian Gottfried 1892, Vol. 3, p. 94-96, ici p. 95, lettre du 22 septembre 1793). Humboldt estimait lui aussi que Dalberg l’avait mal compris (voir sa lettre à Wolf du 31 mars 1793 : Humboldt Wilhelm von 1990, p. 41-47, ici p. 45).

    9 Wolf Friedrich August 1807/1986, p. 126-129 et p. 133-137 ; voir à ce sujet la contribution de Jürgen Trabant dans le présent volume. Sur le texte De l’étude de l’Antiquité, grecque en particulier, on peut lire également Fornaro Sotera 1996.

    10 Humboldt Wilhelm von 1990, p. 24-27, ici p. 26 (lettre à Wolf du 1er décembre 1792).

    11 Voir notamment « Der Königsberger und der litauische Schulplan », in Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 4, p. 168-195, en particulier p. 170, et « Ueber die innere und äussere Organisation der höheren wissenschaftlichen Anstalten in Berlin », Ibid., p. 255-266. Sur Humboldt et Heyne, voir la contribution de Sotera Fornaro dans le présent volume. Sur Wolf et la forme pédagogique du séminaire, voir Dehrmann Mark-Georg et Spoerhase Carlos 2011.

    12 Humboldt Wilhelm von 1990, p. 27-34, ici p. 28-29 (lettre à Wolf du 23 janvier 1793).

    13 Ibid., p. 29.

    14 « Plan einer vergleichenden Anthropologie », in Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 1, p. 337-375, et le commentaire de Klaus Giel et Andreas Flitner, ibid., Vol. 5, p. 334-336.

    15 Sur ce genre de littérature didactique, voir Dierse Ulrich 1977.

    16 Les lettres de Humboldt à Wolf (Humboldt Wilhelm von 1990) donnent une idée de la progression de ce travail de traduction sur une période de plusieurs années. Le passage de l’introduction à l’Agamemnon en question a été traduit en français par Denis Thouard (Humboldt Wilhelm von 2000, p. 33-47).

    17 Le Latium et l’Hellade, première phrase (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 25, et ci-dessous, p. 345). Sur ce texte et le contexte de sa rédaction, voir récemment Osterkamp Ernst 2014.

    18 Le Latium et l’Hellade (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 26, et ci-dessous, p. 347).

    19 Voir par exemple dans l’Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques, la réflexion sur les conditions nécessaires pour comprendre les Grecs, à partir de « C’est seulement leur esprit, leur mentalité, leur vision de l’humanité, de la vie et du destin, qui nous attire et nous fascine […] » (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 121-122 et ci-dessous, p. 447).

    20 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques : « Les Grecs étaient, disais-je, trop nobles et trop libres pour de telles limitations qui, d’après ce qui précède, étaient pourtant si nécessaires au maintien durable des États antiques ; et quand je parlais des Grecs, c’est aux Athéniens en particulier que je pensais. Car la Grèce s’est élevée et a sombré avec Athènes […] », et : « Mais il y a indéniablement des périodes distinctes qui […] présentent toutefois en elle-même une cohésion véritable et réelle, et telle est par exemple la période que nous avons à l’esprit, depuis les premières informations qui ne sont pas tout à fait incertaines sur les Égyptiens et les peuples du Proche-Orient jusqu’à notre propre époque […] l’âme de cette période, c’est la culture grecque. » (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 84 et p. 86, et ci-dessous, p. 408 et p. 410).

    21 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 86-87 et p. 90 et ci-dessous, p. 410-412).

    22 Voir, dans Le Latium et l’Hellade, le passage qui commence par « L’explication de ce qui vient d’être énoncé nécessite un développement sur l’individualité telle qu’elle est et telle qu’elle doit être ». (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 26-28, et ci-dessous, p. 347).

    23 Le Latium et l’Hellade (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 54, et ci-dessous, p. 376).

    24 Voir, dans Le Latium et l’Hellade, le passage consacré à l’art (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 32-37, et ci-dessous, p. 353-357).

    25 Voir à ce propos Couturier-Heinrich Clémence 2012.

    26 Le Latium et l’Hellade (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 58, et ci-dessous, p. 380).

    27 Voir la contribution de Jürgen Trabant dans ce volume.

    28 Wilhelm von Humboldt circonscrit chronologiquement son objet d’étude dans sa lettre à Johann Gottfried Schweighäuser du 29 août 1807 (Humboldt Wilhelm von 1934, lettre no 22, p. 38-40, ici p. 39). Il précise sa périodisation vers la fin du texte liminaire de son Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 89-90, et ci-dessous, p. 414).

    29 D’après les lettres de Humboldt à Schweighäuser, c’est la lecture assidue de Démosthène qui lui inspira son projet d’Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (voir Humboldt Wilhelm von 1934, lettre no 21, p. 35-38, en particulier p. 35-36 ; lettre no 22, p. 38-40 ; lettre no 23, p. 41-43, en particulier p. 41-42).

    30 Sur le projet d’Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques et sur l’évolution de la pensée de Humboldt sur l’Antiquité, on peut consulter : Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 368-404, en particulier p. 389-404 ; Stadler Peter Bruno 1959 ; Quillien Jean 1983 ; Quillien Jean 1991. Sur l’importance de Rome dans son approche de l’Antiquité, voir Riedel Volker 2006.

    31 C’est ce que Wilhelm von Humboldt déclare à Goethe dans sa lettre écrite à Terni, le 22 novembre 1802 : « Mein Aufenthalt dort ist nicht mit einer bloßen Reise vergleichbar. Es beginnt mit ihm eine neue Lebensepoche, und vielleicht halten mich diese Mauern, bis mich die Pyramide des Cestius empfängt […] ich möchte in Rom fortdauernd schnell und genau von allem Literarischen und Artistischen in ganz Italien unterrichtet sein, um womöglich immer ein anschauliches Bild des Ganzen vor Augen zu haben. » (Goethe Johann Wilhelm von, Humboldt Alexander von et Humboldt Wilhelm von 1876, p. 180-182, ici p. 181).

    32 « Le monde d’hier la nommait éternelle,/Le monde de demain reçoit d’elle un son éternel » « Ewig hiess sie in der Vorwelt Munde,/Ewig tönt der Nachwelt ihre Kunde » (« Rom », v. 15-16, in Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 149-163, ici p. 149).

    33 Voir la note suivante.

    34 « Ich lese jetzt wieder sehr viel die Alten, und immer Römer. Denn das Localinteresse überwiegt doch alles Andre. Die Totalität der Römergeschichte und des Römerlebens im Kopf, in Rom herumzugehen, ist eigentlich mein Leben. […] dann rundet sich auf einmal um die Hügel herum das ganze Gemälde der Weltgeschichte. Denn auf mich übt Rom immer seine große Gewalt mehr als durch alles Andre dadurch aus, dass es der Mittelpunkt der alten und neuen Welt ist. » (à Friedrich August Wolf, Rome, le 20 <juillet> 1805, in Humboldt Wilhelm von 1990, p. 254-257, ici p. 255).

    35 « Rome est le lieu en lequel, dans notre perspective, toute l’Antiquité se concentre, et ainsi, ce que nous ressentons au contact des écrivains antiques, des constitutions politiques antiques, à Rome, nous croyons, plus encore que le ressentir, le voir de nos propres yeux. » (à Goethe, Marino, le 23 août 1804, in Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 212-221, ici p. 216 : « Rom ist der Ort, in dem sich für unsere Ansicht das ganze Altertum in Eins zusammenzieht, und was wir also bei den alten Dichtern, bei den alten Staatsverfassungen empfinden, glauben wir in Rom mehr noch als zu empfinden, selbst anzuschauen. »).

    36 « Rom », v. 169-176 et v. 233-240, in Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 149-163, ici p. 154 et p. 156.

    37 Humboldt Wilhelm von 1934, lettre no 21, p. 35-38, ici p. 35-36.

    38 De l’étude de l’Antiquité, grecque en particulier, § 39 (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 1-24, ici p. 22, et ci-dessous, p. 340-341).

    39 Lettre à Schiller du 6 novembre 1795 (Schiller Friedrich et Humboldt Wilhelm von 1962, Vol. 1, p. 208-215, ici p. 211). Voir aussi ses lettres à Brinkmann du 26.9.1792 (Humboldt Wilhelm von 1939, p. 28-31) et à Wolf des 23.1.1793 et 22.5.1793 (Humboldt Wilhelm von 1990, p. 27-34 et p. 49-54). Voir à ce sujet Stadler Peter Bruno 1959, p. 63-92.

    40 Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 74, et ci-dessous, p. 398.

    41 Ibid., p. 75, et ci-dessous, p. 400.

    42 « Mein Plan, auf den ich auch durch den Demosthenes gekommen bin, ist eine Geschichte des Verfalls und Unterganges der Griechischen Freistaaten zu schreiben, aber diesen Punkt als den welthistorischen Mittelpunkt aller uns bekannten Geschichte zu betrachten. Denn es scheint mir, dass, so wie der Untergang Roms (wie Gibbon sehr gut gezeigt hat) ein Mittelpunkt für alles Aeussere bei uns, Gesetze, Staatsverfassung, Religion u. s. f., ebenso der von Griechenland es für alles Innere, Kunst, Philosophie, Wissenschaft, Gesinnung ist. Mein Werk umfasst also die drei Aufgaben : wie Griechischer Geist entstanden ist ? Wie er erst auf die Römer und dann auf uns gewirkt hat ? Und zu was er sich jetzt in dieser Wirkung verarbeiten liesse ? Zugleich kann ich nicht läugnen, dass ich dem armen, zerrütteten Deutschland ein Monument setzen möchte, weil, meiner langgehegten Ueberzeugung nach, Griechischer Geist auf Deutschen geimpft, erst das giebt, worin die Menschheit, ohne Stillstand, vorschreiten kann. » (Humboldt Wilhelm von 1934, lettre no 23, p. 41-43, ici p. 41-42).

    43 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 86, et ci-dessous, p. 410-411).

    44 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 86, et ci-dessous, p. 411).

    45 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 87, et ci-dessous, p. 412).

    46 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 88-89, et ci-dessous, p. 413).

    47 Voir à ce sujet Landfester Manfred 1996, en particulier p. 208-209, et Andurand Anthony 2013, en particulier p. 50-62 et p. 77-117.

    48 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 73, et ci-dessous, p. 397).

    49 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 82, et ci-dessous, p. 405 et p. 406)

    50 Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 392.

    51 Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 392.

    52 C’est ainsi qu’à la question « comment il se fait que cette forme d’humanité d’une beauté ravissante a fleuri seulement en Grèce », Humboldt répond simplement par la formule : « Il en fut ainsi parce qu’il en fut ainsi. » (Le Latium et l’Hellade : Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 58, et ci-dessous, p. 380).

    53 Du caractère des Grecs, vision historique et idéale de celui-ci, I (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 65, et ci-dessous, p. 387).

    Auteur

    Sandrine Maufroy

    Maître de conférences à l’UFR d’études germaniques et nordiques de l’université Paris-Sorbonne (EA 3556 REIGENN). Ses recherches portent principalement sur la réception de l’Antiquité et l’histoire de la philologie entre la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Grèce. Elle a notamment publié Le Philhellénisme franco-allemand (Paris, Belin, 2011) et dirigé avec Michel Espagne le volume de la Revue germanique internationale (14/2011) ayant pour objet La Philologie allemande. Figures de pensée

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    1 Cette présentation s’appuie en grande partie sur les commentaires d’Andreas Flitner et Rose Unterberger dans Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 368-398. La traduction des textes de Humboldt sur l’Antiquité que nous présentons dans ce volume suit cette édition (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 1-124).

    2 Humboldt Wilhelm von 1990, p. 41-47, ici p. 43 (lettre à Wolf du 31 mars 1793).

    3 Humboldt Wilhelm von 1939, p. 20-23, ici p. 21-22 (lettre à Brinkmann du 3 septembre 1792).

    4 Voir en particulier son « Fragment d’une autobiographie » rédigé en 1816 (« Bruchstück einer Selbstbiographie », in Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 1-10). Ce texte a été traduit par Olivier Mannoni dans Humboldt Wilhelm von 2004, p. 39-54.

    5 Voir Humboldt Wilhelm von 1939, p. 42-45, en particulier p. 43-44 (lettre à Brinkmann du 30 novembre 1792) et Humboldt Wilhelm von 1990, p. 24-34 (lettres à Wolf du 1er décembre 1792 et du 23 janvier 1793).

    6 Humboldt Wilhelm von 1990, p. 41-47, ici p. 45 (lettre à Wolf du 31 mars 1793).

    7 Voir De l’étude de l’Antiquité, grecque en particulier, § 12, et la note de Schiller (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 6-7, et Vol. 5, p. 378), traduits dans le présent volume. Dans sa lettre à Wolf (Humboldt Wilhelm von 1990, p. 41-47, ici p. 45), Humboldt indique : « Je recopie pour vous une remarque qui contient, me semble-t-il, une idée pleine de génie ; une vraie aussi ? C’est à vous de décider. ».

    8 Schiller Friedrich et Körner Christian Gottfried 1892, Vol. 3, p. 94-96, ici p. 95, lettre du 22 septembre 1793). Humboldt estimait lui aussi que Dalberg l’avait mal compris (voir sa lettre à Wolf du 31 mars 1793 : Humboldt Wilhelm von 1990, p. 41-47, ici p. 45).

    9 Wolf Friedrich August 1807/1986, p. 126-129 et p. 133-137 ; voir à ce sujet la contribution de Jürgen Trabant dans le présent volume. Sur le texte De l’étude de l’Antiquité, grecque en particulier, on peut lire également Fornaro Sotera 1996.

    10 Humboldt Wilhelm von 1990, p. 24-27, ici p. 26 (lettre à Wolf du 1er décembre 1792).

    11 Voir notamment « Der Königsberger und der litauische Schulplan », in Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 4, p. 168-195, en particulier p. 170, et « Ueber die innere und äussere Organisation der höheren wissenschaftlichen Anstalten in Berlin », Ibid., p. 255-266. Sur Humboldt et Heyne, voir la contribution de Sotera Fornaro dans le présent volume. Sur Wolf et la forme pédagogique du séminaire, voir Dehrmann Mark-Georg et Spoerhase Carlos 2011.

    12 Humboldt Wilhelm von 1990, p. 27-34, ici p. 28-29 (lettre à Wolf du 23 janvier 1793).

    13 Ibid., p. 29.

    14 « Plan einer vergleichenden Anthropologie », in Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 1, p. 337-375, et le commentaire de Klaus Giel et Andreas Flitner, ibid., Vol. 5, p. 334-336.

    15 Sur ce genre de littérature didactique, voir Dierse Ulrich 1977.

    16 Les lettres de Humboldt à Wolf (Humboldt Wilhelm von 1990) donnent une idée de la progression de ce travail de traduction sur une période de plusieurs années. Le passage de l’introduction à l’Agamemnon en question a été traduit en français par Denis Thouard (Humboldt Wilhelm von 2000, p. 33-47).

    17 Le Latium et l’Hellade, première phrase (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 25, et ci-dessous, p. 345). Sur ce texte et le contexte de sa rédaction, voir récemment Osterkamp Ernst 2014.

    18 Le Latium et l’Hellade (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 26, et ci-dessous, p. 347).

    19 Voir par exemple dans l’Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques, la réflexion sur les conditions nécessaires pour comprendre les Grecs, à partir de « C’est seulement leur esprit, leur mentalité, leur vision de l’humanité, de la vie et du destin, qui nous attire et nous fascine […] » (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 121-122 et ci-dessous, p. 447).

    20 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques : « Les Grecs étaient, disais-je, trop nobles et trop libres pour de telles limitations qui, d’après ce qui précède, étaient pourtant si nécessaires au maintien durable des États antiques ; et quand je parlais des Grecs, c’est aux Athéniens en particulier que je pensais. Car la Grèce s’est élevée et a sombré avec Athènes […] », et : « Mais il y a indéniablement des périodes distinctes qui […] présentent toutefois en elle-même une cohésion véritable et réelle, et telle est par exemple la période que nous avons à l’esprit, depuis les premières informations qui ne sont pas tout à fait incertaines sur les Égyptiens et les peuples du Proche-Orient jusqu’à notre propre époque […] l’âme de cette période, c’est la culture grecque. » (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 84 et p. 86, et ci-dessous, p. 408 et p. 410).

    21 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 86-87 et p. 90 et ci-dessous, p. 410-412).

    22 Voir, dans Le Latium et l’Hellade, le passage qui commence par « L’explication de ce qui vient d’être énoncé nécessite un développement sur l’individualité telle qu’elle est et telle qu’elle doit être ». (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 26-28, et ci-dessous, p. 347).

    23 Le Latium et l’Hellade (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 54, et ci-dessous, p. 376).

    24 Voir, dans Le Latium et l’Hellade, le passage consacré à l’art (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 32-37, et ci-dessous, p. 353-357).

    25 Voir à ce propos Couturier-Heinrich Clémence 2012.

    26 Le Latium et l’Hellade (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 58, et ci-dessous, p. 380).

    27 Voir la contribution de Jürgen Trabant dans ce volume.

    28 Wilhelm von Humboldt circonscrit chronologiquement son objet d’étude dans sa lettre à Johann Gottfried Schweighäuser du 29 août 1807 (Humboldt Wilhelm von 1934, lettre no 22, p. 38-40, ici p. 39). Il précise sa périodisation vers la fin du texte liminaire de son Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 89-90, et ci-dessous, p. 414).

    29 D’après les lettres de Humboldt à Schweighäuser, c’est la lecture assidue de Démosthène qui lui inspira son projet d’Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (voir Humboldt Wilhelm von 1934, lettre no 21, p. 35-38, en particulier p. 35-36 ; lettre no 22, p. 38-40 ; lettre no 23, p. 41-43, en particulier p. 41-42).

    30 Sur le projet d’Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques et sur l’évolution de la pensée de Humboldt sur l’Antiquité, on peut consulter : Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 368-404, en particulier p. 389-404 ; Stadler Peter Bruno 1959 ; Quillien Jean 1983 ; Quillien Jean 1991. Sur l’importance de Rome dans son approche de l’Antiquité, voir Riedel Volker 2006.

    31 C’est ce que Wilhelm von Humboldt déclare à Goethe dans sa lettre écrite à Terni, le 22 novembre 1802 : « Mein Aufenthalt dort ist nicht mit einer bloßen Reise vergleichbar. Es beginnt mit ihm eine neue Lebensepoche, und vielleicht halten mich diese Mauern, bis mich die Pyramide des Cestius empfängt […] ich möchte in Rom fortdauernd schnell und genau von allem Literarischen und Artistischen in ganz Italien unterrichtet sein, um womöglich immer ein anschauliches Bild des Ganzen vor Augen zu haben. » (Goethe Johann Wilhelm von, Humboldt Alexander von et Humboldt Wilhelm von 1876, p. 180-182, ici p. 181).

    32 « Le monde d’hier la nommait éternelle,/Le monde de demain reçoit d’elle un son éternel » « Ewig hiess sie in der Vorwelt Munde,/Ewig tönt der Nachwelt ihre Kunde » (« Rom », v. 15-16, in Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 149-163, ici p. 149).

    33 Voir la note suivante.

    34 « Ich lese jetzt wieder sehr viel die Alten, und immer Römer. Denn das Localinteresse überwiegt doch alles Andre. Die Totalität der Römergeschichte und des Römerlebens im Kopf, in Rom herumzugehen, ist eigentlich mein Leben. […] dann rundet sich auf einmal um die Hügel herum das ganze Gemälde der Weltgeschichte. Denn auf mich übt Rom immer seine große Gewalt mehr als durch alles Andre dadurch aus, dass es der Mittelpunkt der alten und neuen Welt ist. » (à Friedrich August Wolf, Rome, le 20 <juillet> 1805, in Humboldt Wilhelm von 1990, p. 254-257, ici p. 255).

    35 « Rome est le lieu en lequel, dans notre perspective, toute l’Antiquité se concentre, et ainsi, ce que nous ressentons au contact des écrivains antiques, des constitutions politiques antiques, à Rome, nous croyons, plus encore que le ressentir, le voir de nos propres yeux. » (à Goethe, Marino, le 23 août 1804, in Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 212-221, ici p. 216 : « Rom ist der Ort, in dem sich für unsere Ansicht das ganze Altertum in Eins zusammenzieht, und was wir also bei den alten Dichtern, bei den alten Staatsverfassungen empfinden, glauben wir in Rom mehr noch als zu empfinden, selbst anzuschauen. »).

    36 « Rom », v. 169-176 et v. 233-240, in Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 149-163, ici p. 154 et p. 156.

    37 Humboldt Wilhelm von 1934, lettre no 21, p. 35-38, ici p. 35-36.

    38 De l’étude de l’Antiquité, grecque en particulier, § 39 (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 1-24, ici p. 22, et ci-dessous, p. 340-341).

    39 Lettre à Schiller du 6 novembre 1795 (Schiller Friedrich et Humboldt Wilhelm von 1962, Vol. 1, p. 208-215, ici p. 211). Voir aussi ses lettres à Brinkmann du 26.9.1792 (Humboldt Wilhelm von 1939, p. 28-31) et à Wolf des 23.1.1793 et 22.5.1793 (Humboldt Wilhelm von 1990, p. 27-34 et p. 49-54). Voir à ce sujet Stadler Peter Bruno 1959, p. 63-92.

    40 Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 74, et ci-dessous, p. 398.

    41 Ibid., p. 75, et ci-dessous, p. 400.

    42 « Mein Plan, auf den ich auch durch den Demosthenes gekommen bin, ist eine Geschichte des Verfalls und Unterganges der Griechischen Freistaaten zu schreiben, aber diesen Punkt als den welthistorischen Mittelpunkt aller uns bekannten Geschichte zu betrachten. Denn es scheint mir, dass, so wie der Untergang Roms (wie Gibbon sehr gut gezeigt hat) ein Mittelpunkt für alles Aeussere bei uns, Gesetze, Staatsverfassung, Religion u. s. f., ebenso der von Griechenland es für alles Innere, Kunst, Philosophie, Wissenschaft, Gesinnung ist. Mein Werk umfasst also die drei Aufgaben : wie Griechischer Geist entstanden ist ? Wie er erst auf die Römer und dann auf uns gewirkt hat ? Und zu was er sich jetzt in dieser Wirkung verarbeiten liesse ? Zugleich kann ich nicht läugnen, dass ich dem armen, zerrütteten Deutschland ein Monument setzen möchte, weil, meiner langgehegten Ueberzeugung nach, Griechischer Geist auf Deutschen geimpft, erst das giebt, worin die Menschheit, ohne Stillstand, vorschreiten kann. » (Humboldt Wilhelm von 1934, lettre no 23, p. 41-43, ici p. 41-42).

    43 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 86, et ci-dessous, p. 410-411).

    44 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 86, et ci-dessous, p. 411).

    45 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 87, et ci-dessous, p. 412).

    46 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 88-89, et ci-dessous, p. 413).

    47 Voir à ce sujet Landfester Manfred 1996, en particulier p. 208-209, et Andurand Anthony 2013, en particulier p. 50-62 et p. 77-117.

    48 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 73, et ci-dessous, p. 397).

    49 Histoire de la décadence et de la chute des républiques grecques (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 82, et ci-dessous, p. 405 et p. 406)

    50 Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 392.

    51 Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 5, p. 392.

    52 C’est ainsi qu’à la question « comment il se fait que cette forme d’humanité d’une beauté ravissante a fleuri seulement en Grèce », Humboldt répond simplement par la formule : « Il en fut ainsi parce qu’il en fut ainsi. » (Le Latium et l’Hellade : Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 58, et ci-dessous, p. 380).

    53 Du caractère des Grecs, vision historique et idéale de celui-ci, I (Humboldt Wilhelm von 2002, Vol. 2, p. 65, et ci-dessous, p. 387).

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    Maufroy, Sandrine. « Présentation ». In L’hellénisme de Wilhelm Von Humboldt et ses prolongements européens, édité par Sandrine Maufroy et Michel Espagne. Paris: Demopolis, 2016. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.demopolis.749.
    Maufroy, Sandrine. « Présentation ». L’hellénisme de Wilhelm Von Humboldt et ses prolongements européens, édité par Sandrine Maufroy et Michel Espagne, Demopolis, 2016, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.demopolis.749.

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    Maufroy, S., & Espagne, M. (éds.). (2016). L’hellénisme de Wilhelm Von Humboldt et ses prolongements européens (1‑). Demopolis, École française d’Athènes. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.demopolis.638
    Maufroy, Sandrine, et Michel Espagne, éd. L’hellénisme de Wilhelm Von Humboldt et ses prolongements européens. Paris: Demopolis, École française d’Athènes, 2016. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.demopolis.638.
    Maufroy, Sandrine, et Michel Espagne, éditeurs. L’hellénisme de Wilhelm Von Humboldt et ses prolongements européens. Demopolis, École française d’Athènes, 2016, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.demopolis.638.
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