7. De l’Allemagne en Grèce
Philologues grecs à l’université d’Athènes (1837-vers 1860)
p. 139-156
Texte intégral
1L’investissement européen dans les études grecques, combiné au développement de l’humanisme et du classicisme, fut aussi lié à l’« émergence » de la Grèce dans la pensée des Européens1 et au phénomène du philhellénisme2. Quant aux Grecs eux-mêmes, l’un de leurs objectifs essentiels dans la période prérévolutionnaire, liant influence des Lumières et souci de connaissance du soi national, fut leur familiarisation réelle avec les auteurs classiques de l’Antiquité, principalement par le biais de l’éducation3.
2Quelques décennies avant la révolution grecque et sous l’impulsion de Wilhelm von Humboldt, s’était façonné en Allemagne un système éducatif centré sur les études classiques, qui servirent à cristalliser le sentiment national allemand4.
3Au cours de cette période qui vit l’Allemagne tenir le sceptre du savoir sur l’Antiquité, des lettrés grecs vivant ou étudiant dans les universités d’Europe furent en contact avec tout ce qui se passait dans ce domaine. Ce fut indubitablement le cas des intellectuels réunis autour de la revue Λόγιος Eρμής (Logios Hermès) publiée à Vienne. Par exemple, Konstantinos Asopios (1790-1872), ultérieurement l’un des premiers professeurs de l’université d’Athènes, étudia à cette époque à Göttingen et à Berlin5. De son côté, Konstantinos Koumas (1771-1836), déjà âgé, manifestait son admiration pour les « sages philologues d’Allemagne », pour reprendre la formule utilisée dans l’annonce de la parution de son Dictionnaire en 1824 ; plus tard, dans l’avant-propos de sa Grammaire, en 1833, il se dit certain de l’influence positive que les études des Grecs dans les universités allemandes exerceraient à l’avenir sur l’éducation hellénique6. Koumas fut par ailleurs l’un des premiers auxquels s’adressèrent, mais sans résultat, les responsables de l’université grecque afin qu’il y occupe une chaire7.
4Le débat entre les lettrés grecs et les compétences acquises par certains d’entre eux via leur expérience des universités européennes contribuèrent à réunir, au cours de la période précédant la révolution, les conditions au moins intellectuelles de l’affirmation dans l’espace grec d’une philologie classique conforme aux exigences de l’époque, de la même façon que s’était formée l’Altertumswissenschaft (la science de l’Antiquité) dans le cadre de l’école allemande8. C’est ainsi que Friedrich August Wolf (1759-1824) avait introduit la conception, imposée ensuite par August Boeckh (1785-1867), selon laquelle la philologie classique se devait d’examiner l’ensemble des activités des Grecs et des Romains de l’Antiquité : Wolf et Boeckh conféraient ainsi une dimension historique manifeste à leur objet et marquaient un tournant dans les études philologiques ; l’orientation donnée fut longtemps prépondérante en Allemagne. Et l’influence exceptionnelle qu’exerça Boeckh élargit l’horizon de la philologie dans l’Europe entière9.
5Les nouveaux lettrés grecs, imprégnés de leurs études en Allemagne, remettent alors en question les capacités philologiques de leurs anciens maîtres dans le domaine des lettres grecques en multipliant les arguments : tout d’abord, ils leur reprochent leur ignorance bibliographique, leur méconnaissance de la production philologique scientifique contemporaine : pour composer une étude philologique digne de nom, le philologue doit, disent-ils, consulter systématiquement les études des philologues européens et surtout des Allemands. Ils incriminent également leur ignorance de la langue latine, dont la connaissance est une condition indispensable, à leur avis, à l’exercice de la philologie classique. Les anciens philologues ne sont aucunement familiarisés, d’ailleurs, avec l’analyse exhaustive et scrupuleuse imposée par les règles de la critique philologique contemporaine, ni avec le mode de pensée dépassionné et rationaliste. Néanmoins, l’argument essentiel qu’ils invoquent est l’« incompétence » du premier lettré venu à exercer la philologie. Le philologue doit être armé de connaissances propres, il ne lui suffit pas de s’être simplement frotté à l’étude des lettres grecques antiques, situation très commune dans les cercles de lettrés, particulièrement chez les enseignants.
6Munis de ces arguments, les philologues néophytes et futurs enseignants rejetèrent toute une tradition d’inculcation des lettres grecques antiques qui, avec l’éducation ecclésiastique, constituait à l’époque de la domination ottomane le fondement de l’instruction générale moyenne dans l’espace grec, sous quelque forme que ce fût10.
7L’espérance de « rappeler les Muses dans leur ancien foyer » et le soin incessant accordé à l’organisation de l’éducation, de sorte que les Grecs puissent démontrer qu’ils étaient dignes de leurs ancêtres et du respect des États européens éclairés, domine aussi dans les intentions des gouvernements révolutionnaires11 qui soulignent la nécessité d’une formation « grecque » et « morale » des citoyens, remettant à plus tard la tâche de se soucier des autres sciences12. En effet, le passé antique des régions désormais libérées n’était pas seulement une preuve de leur droit à être intégrées à la Grèce, il était aussi le garant de la considération dont elles allaient jouir de la part des puissances européennes. L’identification effectuée par les Européens du passé antique au niveau de civilisation le plus élevé jamais atteint dans l’histoire de l’humanité a contribué de façon décisive à la création même de l’État national grec.
8L’idée de la dette des Européens envers les descendants des Grecs de l’Antiquité, notion fondamentale dans le philhellénisme allemand13, imprègne aussi les vues des Bavarois œuvrant à constituer l’État grec, particulièrement dans le domaine de l’éducation. Georg Ludwig von Maurer (1790-1872) croyait ainsi que, « tout comme au xive et au xve siècles ce sont les Grecs qui ont donné leurs lumières au reste de l’Europe, de même aujourd’hui les Européens — et surtout les Allemands — rallumeront-ils dans son berceau le flambeau éteint depuis longtemps14 ».
9L’application des modèles éducatifs allemands à l’organisation de l’éducation dans l’État grec nouvellement constitué ne prêta guère à discussion. Les introducteurs des premiers projets de structuration du système éducatif grec furent Friedrich Thiersch et Georg Ludwig von Maurer ; Johannes Franz15 (1804-1851) contribua quant à lui à l’élaboration d’un autre plan éducatif. Tous les projets concernant l’université fondée en 1837, ainsi que son règlement final, furent ainsi d’inspiration allemande16.
10Ce choix recueillit naturellement la pleine approbation des érudits qui avaient étudié en Allemagne avant ou durant la révolution. Mais il était de toute façon reconnu comme le plus abouti d’Europe ; outre l’accent qu’il mettait sur la formation théorique et surtout sur l’éducation classique, il promouvait le libéralisme politique17.
11Qui disait université disait antiquité grecque : la conjonction paraissait directe et allant de soi18. Aussi une importance et une signification particulières furent-elles accordées, dès le départ, à la faculté de philosophie : celle-ci, réceptacle, conformément à son modèle allemand, de la quintessence de la vocation de l’établissement d’éducation supérieure du pays, surplombait les autres facultés.
12Ce principe de l’unité des sciences sous l’aile de leur mère la philosophie servit de fondement à l’organisation des études, avec l’institution de cours généraux que devaient suivre tous les étudiants. Quant au besoin particulier de création d’un département de philologie, avec concentration de la plupart de ses activités sur l’antiquité gréco-romaine, il ne fut jamais mis en doute durant les phases de discussion sur l’organisation de l’établissement. Bien que cet archéocentrisme ne constituât pas une originalité grecque, puisqu’il correspondait aux directions plus générales prises par les programmes des universités européennes, il ne pouvait que servir des visées idéologiques et nationales19.
13Les cours de philologie classique couvraient environ la moitié de l’ensemble des cours du département de philologie20. Les travaux dirigés (ϕιλολογικόν ϕροντιστήριον) de philologie représentaient un quart de ces cours21. Si l’on ajoute à cela l’interprétation philologique effectuée dans le cadre du cours de philosophie de l’Antiquité, la domination de la philologie était indiscutable22.
14D’autre part, le fait que la majorité des professeurs de toutes les facultés de l’université aient dès le début du xixe siècle étudié dans des universités allemandes était dû non seulement à la bonne réputation de ces dernières, mais aussi aux attributions de bourses pratiquées avant et après la fondation de l’État grec. Dans le département de philologie, le pourcentage des professeurs ayant étudié en Allemagne atteignait les 100 %23. Parmi le personnel enseignant de la première heure se trouvaient aussi deux Allemands, Ludwig Ross (1806-1859), qui enseignait la philologie grecque et l’archéologie, et Heinrich Ulrichs (1807-1843), qui enseignait la philologie latine24.
15Au cours du xixe siècle, vingt professeurs enseignèrent la philologie grecque. La première génération comprend ceux qui vécurent la révolution, qu’ils y aient ou non participé, et ceux qui naquirent pendant ou peu d’années auparavant. Trois professeurs appartiennent à la première catégorie : Giorgios Gennadios (1786-1854), Konstantinos Asopios (1790-1872) et Ioannis Venthylos (1804-1854). À la seconde catégorie appartiennent Stefanos Koumanoudis (1818-1899), Efthymios Kastorchis (1817-1889), Athanasios Rousopoulos (1823-1898), Giorgios Papasliotis (1822-1877) et Dimitrios Mavrofrydis (1828-1866)25.
16S’agissant des contenus scientifiques, tous s’alignent sur l’école allemande contemporaine de la science de l’Antiquité. Asopios met l’accent sur la contribution de Friedrich August Wolf, l’introducteur de cette même conception de « science de l’Antiquité », qu’il considérait comme son maître26, tandis que tous les autres se réfèrent avec une vénération religieuse à Boeckh27. À l’exception de Gennadios qui avait étudié la théologie à Leipzig, tous avaient assisté un temps aux cours de la « Philosophische Fakultät », à l’université de Berlin principalement, mais aussi à celles de Munich et de Bonn. Dans les discours inauguraux de leurs cours à l’université, le contenu de la philologie est analysé suivant les principes de Boeckh28.
17Nous savons qu’à l’Académie ionienne de Corfou, où il avait enseigné avant d’être admis au nombre des enseignants de l’université d’Athènes, Asopios appliquait la méthode analytique qu’il avait apprise en Allemagne, où l’avait envoyé Lord Guilford29 (1766-1827), grand admirateur de l’Antiquité et fondateur de ladite académie. Après une longue introduction sur la vie et l’œuvre de l’auteur étudié, où était mise à contribution toute la bibliographie philologique dont on disposait à l’époque, Asopios analysait le texte — une partie de celui-ci, car le temps réservé à cette étude ne suffisait pas — du point de vue de la morphologie, de l’étymologie et de la syntaxe, tout en abordant des questions de métrique et de prosodie. Il attirait l’attention de ses élèves sur les « incertitudes » de la science philologique, à savoir les diverses opinions qu’il était recommandé d’exprimer sur les questions philologiques30. Des cours intitulés « encyclopédie de la philologie grecque » ou « méthodologie de la philologie grecque », suivant le modèle des cours allemands, étaient dispensés par les philologues grecs. Il en allait de même des cours dénommés « vie des Grecs » et « vie des Romains ». L’accent mis sur la dimension historique est manifeste dans tous les programmes des cours de philologie31.
18Le trait essentiel et dénominateur commun était donc la foi en l’école allemande. Quant aux réalités, il faut rappeler que la fréquentation d’une université allemande ne signifiait pas pour un étudiant grec qu’il suivît systématiquement tous les cours : le système libéral de l’éducation allemande, qui présupposait une bonne éducation secondaire, ne l’imposait pas32. Certaines connaissances préalables faisaient défaut à de nombreux étudiants grecs, lacune qui était comblée par des écoles spécialisées, comme par exemple le Lycée grec de Munich. La fréquentation de l’université ne conduisait pas non plus forcément à l’obtention d’un diplôme ou à la rédaction d’une thèse de doctorat33. Nombreux furent les premiers professeurs du département de philologie de l’université othonienne à être affectés à un poste sans disposer de ces qualifications formelles34. Quoi qu’il en soit, ces études en Allemagne constituaient le passeport pour la nomination dans les écoles et les autres services de l’État nouvellement formé35.
19Parallèlement à cette admiration pour l’éducation philologique allemande, s’exprime de nombreux côtés la conviction qu’il est possible de développer en Grèce même l’étude scientifique de la philologie classique. Dans son cours inaugural de 184936, Efthymios Kastorchis se livre à une rétrospective brève mais complète de l’histoire de la science de la philologie classique, débutant par l’Antiquité et aboutissant à l’école allemande, qui à son avis est la plus importante, et dont il est lui-même le produit. La dernière partie37 est consacrée à la nécessité de cultiver cette science dans son lieu d’origine, à savoir la Grèce, particulièrement à l’heure présente où les circonstances sont favorables, afin que les Grecs se montrent les « dignes héritiers » de leur patrimoine et qu’ils se rangent parmi les nations contemporaines éclairées. Tout comme les plus anciens étaient parvenus à élever la nation au rang des « nations libres et autonomes », de même les nouvelles générations, dans lesquelles il s’inclut lui-même, doivent-elles lutter pour une « éducation ordonnée et scientifique ». Kastorchis aspire à la création d’un courant de philologie scientifique purement grecque, à la cristallisation d’une tradition qui ne s’appuierait pas exclusivement sur les travaux des philologues étrangers.
20Quelques traits communs distinguent encore cette première génération de philologues, dont l’activité ne peut être saisie que dans le cadre de son époque. En effet, la constitution de la science de la philologie classique en Grèce au xixe siècle constitue un processus étroitement lié aux conditions de structuration du nouvel État.
21La différence d’esprit scientifique entre les professeurs grecs et allemands de l’université grecque fut manifeste dès le début. Ainsi, dans l’édition du programme des cours de 1837, Ross est le seul à publier une étude archéologique scientifique, comme le prévoyait le règlement calqué sur la tradition universitaire allemande38.
22La première génération des professeurs grecs n’avait pas acquis de spécialité philologique bien claire, conséquence avant tout de l’imprécision qui dominait encore dans la science internationale entre la philologie classique et l’archéologie plus récente. Le nom de Koumanoudis, qui enseignait la philologie latine, a surtout été attaché au développement de la science de l’épigraphie et à la fonction de secrétaire de la Société archéologique, qu’il exerça pendant trente-cinq ans : c’est dans l’évolution scientifique de l’archéologie, et non de la philologie, qu’il a joué un rôle39. Efthymios Kastorchis, de son côté, enseignait simultanément la philologie latine et un cours intitulé « archéologies grecques », qui était en fait un cours d’histoire conforme aux modèles allemands40. Lui aussi fut un membre distingué de la Société archéologique41. Quant à Athanasios Rousopoulos, il enseigna conjointement la philologie grecque et l’archéologie42.
23En outre, le département de philologie fut relié dès le début aux besoins pratiques de l’État concernant la formation des enseignants. En dépit des — rares — discussions sur la « scientificité » du contenu des cours de philologie, personne ne remit en question ce rôle primordial de la faculté. La confusion est évidente dans le fonctionnement du ϕιλολογικόν ϕροντιστήριον, institution d’origine allemande, dont l’application à l’université grecque servit principalement le but pratique de produire des enseignants des collèges grecs à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur de l’État grec43.
24Jusqu’aux années 1870, l’œuvre écrite produite par les lettrés philologues de l’époque est polymorphe et très peu philologique au sens strict du terme, tandis que les tentatives d’édition des auteurs antiques échouent jusqu’aux années 1860. Manuels didactiques destinés à l’enseignement secondaire, grammaires, chrestomathies (anthologies didactiques de textes anciens) et dictionnaires complétaient, ne l’oublions pas, le revenu de leurs auteurs, tandis que la rédaction de publications exprimant des interrogations sur l’identité néo-hellénique semblait les occuper tout autant, voire même davantage44. Asopios lui-même, le « prytane des philologues », ainsi qu’on l’appelait45, se limita à l’édition de sa Syntaxe46, d’une Histoire de la Littérature47 incomplète et d’une introduction inachevée à l’œuvre de Pindare48 publiée à l’attention des étudiants sous forme de simple traité. De surcroît, la rédaction d’un dictionnaire de grec moderne était le souhait de beaucoup49.
25Le sentiment de l’urgence de certaines priorités s’imposant, l’exercice rigoureux de la science de la philologie classique était repoussé au lendemain. Tous ces érudits soutinrent la constitution de l’État, en participant à toutes sortes de commissions et d’activités. Gennadios est un cas à la fois caractéristique et exceptionnel. La production strictement philologique que comprend son œuvre variée (grammaire, éditions commentées de textes anciens pour l’école centrale d’Égine, notes interprétatives et critiques de textes demeurées inédites) suscitait l’estime, dont nous avons des témoignages, des philologues allemands de l’époque50. Il est peut-être l’érudit et le philologue le plus actif des premières décennies de l’État grec. Simultanément professeur de collège et d’université durant un temps, responsable de la bibliothèque alors à ses tout premiers commencements, auteur d’une foule de manuels didactiques, c’est l’homme qui a incité les bons élèves à étudier en Allemagne grâce à une bourse d’État, et à étudier même un objet précis, afin de couvrir à leur retour un besoin précis. Dans la notice nécrologique que lui a consacrée en 1854 le Spectateur d’Orient, on peut lire :
Dans une société comme la nôtre, qui lutte encore avec les premières nécessités de son existence et de son organisation, où tout est encore à faire et à classer, on est souvent obligé d’appliquer son activité à plusieurs objets à la fois51.
26En liaison avec ce qui précède, on peut voir également combien la conscience de la nécessité de transfuser dans l’espace grec les conquêtes européennes de la philologie était vive. Ainsi, dans les revues et les journaux, les philologues publiaient des informations se rapportant aux évolutions européennes dans ce domaine, activité qui augmentait elle aussi les revenus de leurs auteurs52. Nombre d’entre eux d’ailleurs travaillaient simultanément dans divers établissements d’éducation, et donner des cours particuliers était une pratique tout à fait habituelle53.
27Un autre trait qui, selon nous, met en relief l’osmose de l’élément allemand avec le milieu grec est l’extrême importance attribuée à la question de la liberté dans l’exercice de la science. De nombreuses discussions furent dès le début consacrées à cette question de la liberté des études à l’université grecque, puisque le règlement, qui suivait le modèle allemand, donnait au professeur le droit de choisir ce qu’il allait enseigner et à l’étudiant celui de gouverner le parcours de ses études, la seule obligation imposée étant celle de participer à des examens finaux54.
28La question de la liberté constitua un sujet d’ardentes discussions entre les défenseurs fanatiques du libéralisme dans le fonctionnement de l’université et ceux qui soutenaient que ce système créait de grandes difficultés et produisait par conséquent des résultats éducatifs insuffisants. Une discussion publique eut lieu entre le professeur de droit Konstantinos Phréaritis (1819-1902), qui avait étudié en Allemagne, et le professeur de philosophie Dimitrios Stroumbos (1806-1890), qui avait étudié en France. La controverse fut lancée par le second, qui affirma qu’il était besoin, au lieu d’une liberté illimitée, d’imposer un règlement qui assurerait une plus grande discipline d’étude, et tout d’abord d’établir des examens annuels, même si cette discipline en venait à égratigner la liberté de l’individu55.
29Phréaritis répondit par un article publié dans la revue Πανδώρα56 (Pandora), dans lequel il soulignait, entre autres, le « caractère national » qui devait définir l’éducation générale grecque57. En ce qui concernait l’université, il soutenait que la notion de science, qui était le contenu même des études qu’elle proposait, était étroitement liée à celle de liberté58. Il saluait la sagesse des universités allemandes qui avaient embrassé cet axiome : « En Allemagne, nul sage n’a jamais considéré cette liberté comme faisant obstacle à la science et corrompant les mœurs des étudiants » ; et il reliait ce modèle libéral d’éducation universitaire à la liberté politique :
À l’université, l’étudiant ne reçoit pas seulement un enseignement, c’est surtout la véritable vie scientifique qui est stimulée en lui, ainsi que le développement complet de l’intellect et de toute aptitude. À l’université, celui qui y vient apprend principalement l’art de l’usage scientifique de l’intelligence. De là naît d’une part l’absolue nécessité de la liberté d’enseignement, que limitent seulement la conscience éclairée et l’honneur scientifique, d’autre part la nécessité de la liberté pratique et scientifique des étudiants, par laquelle se constitue l’individualité de chacun, se développe le véritable esprit moral fondé sur le choix même, se forme le caractère complet et indépendant de l’homme libre et du citoyen59 […]
30La notion de liberté est une idée sur laquelle insistent particulièrement les premiers philologues grecs. Asopios consacre une bonne partie de son cours inaugural de 1842 à la notion de critique philologique, dont la longue analyse est un hymne à la liberté de pensée :
Cette Critique, qui tolère tout, professe cet axiome que la liberté la plus libre et absolue de la réflexion, même portée à l’excès, est préférable à tout autre, à l’interdiction violente et tyrannique de penser et de parler […]. Une telle Critique qui tolère tout trouve qu’il vaut mieux vivre à Berlin, là où l’on réfute l’existence d’un seul Homère, que là où l’on oblige à convenir d’un seul prophète […] et enfin, bien mieux vaut-il vivre à une époque et en un lieu où l’on pardonne d’accuser ouvertement Aristote de ne pas connaître exactement la nature de la poésie et de l’art et de ne pas être capable d’estimer Eschyle, qu’en des contrées ou en des temps où les Péripatéticiens frappaient les hétérodoxes ou étaient brûlés par eux […]. L’honneur des victimes d’insultes et d’injustices se réhabilite, mais ceux qui sont brûlés vifs ne revivent plus60.
31Cette relation étroite entre la politique et la liberté scientifique avec pour épicentre la philologie, Koumanoudis l’a aussi développée dans son cours inaugural de 1846, qu’il répéta également plus tard. À son avis, cette liberté n’aurait pu exister à des époques plus anciennes, car elle est liée au progrès politique des États européens, à la tolérance religieuse institutionnalisée dans les pays démocratiques, etc. Afin de mettre vigoureusement l’accent sur le degré de liberté atteint à l’université de Berlin, il rapporte le cas de deux professeurs de théologie qui coexistaient dans la même faculté, chacun suivant des opinions diamétralement opposées à celles de l’autre : l’un, Heugstenberg, était fidèle à la philosophie de la foi absolue dans les dogmes admis de la religion catholique (il lui attribue l’épithète d’« ultra-orthodoxe ») ; l’autre, Benary, s’adonnait au doute systématique et, appliquant aux Écritures les méthodes de la critique philologique, posait la question de l’authenticité de leur contenu61.
32La perception et la projection du dogme de la liberté semblent être davantage reliées aux convictions idéologiques et aux espérances d’un État politiquement libéral qu’à la méthodologie de la science elle-même. D’un autre côté, tandis que les guides des études de l’université condamnent l’utilitarisme et font de l’étude la valeur suprême, qui trouve en elle-même sa justification, ce qui domine paradoxalement dans la pratique, ce sont les nécessités de la production d’enseignants.
***
33Ainsi, en dépit de la constante invocation du nom d’August Boeckh et de son enseignement pionnier à l’université de Berlin, la philologie classique ne semble pas avoir acquis de substance scientifique, du moins jusqu’à la fin du xixe siècle. Elle se limita à l’expression d’intentions et à la formulation d’espérances. Les philologues grecs de la période que nous examinons ont été à la fois les acteurs et les témoins d’une période de transition dont ils ne pouvaient dépasser les limites. Dans ce cadre, et malgré cette permanente sollicitation de la littérature grecque de l’Antiquité, le grand philologue classique Adamantios Koraïs (1748-1833) ne trouva de place dans la pensée des philologues classiques « professionnels » grecs qu’au début du xxe siècle.
34En effet, tout au long du xixe siècle, les philologues-mêmes le perçurent encore comme un « Père » de la Nation et de la langue grecque, image beaucoup plus « utile » et par conséquent extrêmement puissante lors de cette phase de constitution du nouvel État62.
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Wilamowitz-Moellendorff Ulrich von, History of the Classical Scholarship, Translated from the German by Alan Harris. Edited with introduction and notes by Hugh Lloyd-Jones, Londres, Duckworth, 1982.
Notes de bas de page
1 Giakovaki Nasia 2006 ; sur les élaborations intellectuelles correspondantes dans les cercles de l’intelligentsia française, voir Tolias Georges 1997.
2 Droulia Loukia 2003, t. 2, p. 267-286, où se trouve réunie la bibliographie essentielle sur ce sujet.
3 Matthaiou Sophia 2011, p. 120-121.
4 Stray Christopher 1998, p. 7-113 ; Marchand Suzanne L. 2003, p. 3-35.
5 Bettis Stefanos 1991, p. 168-176.
6 Koumas Konstantinos M. 1833, p. λδ΄-λε΄ [34-35].
7 Lappas Kostas 2004, p. 74.
8 Matthaiou Sophia 2011, p. 120-134.
9 Wilamowitz-Moellendorff Ulrich von 1982, p. X-XI, p. 95-100, p. 105-137 (en particulier p. 108-110 et p. 120-122) ; Sandys John Edwin 1964, p. 48-211 ; Pfeiffer Rudolf 1980, p. 193-209. Sur Boeckh, voir aussi ADB 2, p. 770-783 et Lulles Reinhard et Schiering Wolfgang (éds) 1988, p. 5-7.
10 Matthaiou Sophia 2011, p. 131.
11 « […] nous administrer de façon sensée afin de nous montrer les dignes descendants de nos ancêtres aux yeux de l’Europe des Lumières ! […] pour nous montrer les dignes descendants de Lycurgue et de Solon, nous avons besoin des Lumières […] pour rappeler les Muses dans leur ancien foyer […] », proclame le Sénat du Péloponnèse en 1822. Voir Daskalakis Apostolos 1968, p. 32 ; Antoniou David (éd.) 2002, t. 1, p. 72-74.
12 Sur l’organisation et la philosophie de l’éducation au cours de cette période, voir Mavroskoufis Dimitris K. 2003, p. 289-298 ; Antoniou David (éd.) 2002.
13 Marchand Suzanne L., op. cit., p. 3-35.
14 Voir Lappas Kostas 2004, p. 44.
15 Ibid., p. 41-64.
16 Ibid., p. 57-96.
17 Ibid., p. 96.
18 Idée que Kostas Lappas exprime en ces termes : « Si le trait fondamental de l’antiquité grecque était son haut niveau de culture intellectuelle, ce dernier ne pouvait être transfusé dans la Grèce moderne que par l’intermédiaire de l’université. Une institution que sa nature destinait à servir, à l’instar des académies de l’Antiquité, les lettres, la philosophie, les sciences. » Voir Lappas Kostas 2004, p. 123. Voir aussi Karamanolakis Vanguélis D., 2006, p. 60-64.
19 Karamanolakis Vanguélis D. 2006, p. 63.
20 Karamanolakis Vanguélis D. 2002, p. 515.
21 Ibid., p. 516.
22 Hadzistephanidou Sophia 2002, p. 657.
23 Lappas Kostas 2004, p. 150-151.
24 Ibid., p. 638.
25 Ibid.
26 Asopios Konstantinos 1850, avant-propos, p. ζ´- κδ´ [7-24].
27 Karamanolakis Vanguélis D. 2006, p. 59-60.
28 Kastorchis Efthymios 1849, p. 3 ; Koumanoudis Stefanos 1849 ; Mavrophrydis D. I. 1861, p. 201-236 ; κyprianos Aristidis 1867, page d’introduction ; Grigorios N. Bernardakis 1899, p. 5.
29 Bettis Stefanos 1991, p. 170.
30 Matthaiou Sophia 2011, p. 133-134.
31 Karamanolakis Vanguélis D. 2006, p. 39-43.
32 Si l’on en croit ses notes prises lorsqu’il étudiait à Göttingen, Asopios ne suivait pas de manière systématique les travaux dirigés de philologie (Philologisches Seminar), voir ΕΒΕ (Bibliothèque nationale de Grèce), section des manuscrits et fac-similés, codex no 2391, f. 271.
33 Lappas Kostas 2004 p. 167-169.
34 Ce fut le cas de Stefanos Koumanoudis, qui commentait avec autodérision le fait que de sa vie, il n’avait obtenu aucune attestation de son niveau d’études, voir Matthaiou Sophia 1999, p. 29. C’est sans aucune certification d’études que Kastorchis fut également nommé en 1848, voir Dimaras Konstantinos Th. 1966, p. 65-79. Ce fut aussi le cas de Konstantinos St. Kontos : voir Christodoulou Giorgios A. 1979, p. 43-44.
35 Aristide Kyprianos a enseigné au deuxième collège d’Athènes, et Panagiotis Efstratiadis a longtemps été fonctionnaire des services archéologiques et un cadre essentiel de la société archéologique, voir Matthaiou Sophia 1999, p. 71.
36 Kastorchis Efthymios 1849.
37 Ibid., p. 23-24.
38 Lappas Kostas 2004, p. 202-203.
39 Matthaiou Sophia 1999.
40 Matthaiou Sophia 2011, p. 145.
41 Matthaiou Sophia 1999, p. 71 ; Kastorchis Efthymios 1879.
42 Matthaiou Sophia 2011, p. 145.
43 Ibid., p. 141.
44 Ibid., p. 135-136, 146.
45 Voir la notice nécrologique Gogos Grigorios 1873.
46 Asopios Konstantinos 1841, 1847, 1848a, 1848b. D’autres éditions ont suivi.
47 Asopios Konstantinos 1850.
48 Asopios Konstantinos 1843.
49 Matthaiou Sophia 2011, p. 146.
50 Voir Anastasiadis Xénophon 1926, p. 384 (une lettre adressée de Leipzig par Ioannis Venthylos à Gennadios en 1826 mentionne l’excellente réputation dont ce dernier jouissait dans les cercles des philologues allemands). Voir aussi Sandys John Edwin 1964, p. 368.
51 Anastasiadis Xénophon 1926, p. 476.
52 Matthaiou Sophia 2011, p. 145-146.
53 Un bon exemple est celui de Stefanos Koumanoudis : voir Matthaiou Sophia 1999, p. 27.
54 Lappas Kostas 2004, p. 93-94.
55 Lappas Kostas 2004, p. 284-285. Stroumbos a formulé ses vues dans la publication en 1855 de Tο μέλλον ήτοι περί ανατροφής και παιδεύσεως.
56 Phréaritis Konstantinos 1854-55, p. 525-532.
57 Ibid., p. 528-530.
58 Ibid., p. 530.
59 Ibid., p. 531.
60 Asopios Konstantinos 1842, p. 27-28.
61 Ce texte, qu’il mentionnait souvent, ne fut jamais publié ; voir ΕΒΕ (Bibliothèque nationale de Grèce), section des manuscrits et fac-similés, archives Stefanos Α. Koumanoudis, dossier 8 (1122).
62 Matthaiou Sophia, 2012, p. 51-68.
Auteurs
Historienne, chargée de recherche à l’Institut de recherches historiques (département d’histoire néo-hellénique) de la Fondation nationale hellénique de recherches scientifiques. Ses travaux portent principalement sur l’activité des intellectuels grecs du xixe siècle et leur rapport à la formation et à l’idéologie de l’État grec nouvellement fondé. Ses recherches en cours sont consacrées plus spécialement aux philologues classiques du département de philologie de l’université othonienne à Athènes et à l’établissement de la philologie classique comme discipline organisée en Grèce au cours du xixe siècle. Depuis 2005, elle enseigne l’histoire grecque à l’Université ouverte, en Grèce.
Danielle Morichon (trad.)
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