2. Les différends frontaliers terrestres sino-vietnamiens entre 1895 et 1954
p. 109-133
Texte intégral
La rectification de la frontière sino-vietnamienne avant la Seconde Guerre mondiale
1La signature de la convention Gérard et l’achèvement de l’abornement de la frontière correspondent au début d’une nouvelle phase de l’histoire chinoise ouverte par la guerre et la défaite dans le conflit avec le Japon (1894-1896). Dès lors et jusqu’aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, la Chine sombra dans un marasme de plus en plus profond1. Le gouvernement de Pékin se révéla de moins en moins capable de contrôler les zones frontalières voisines du territoire vietnamien tandis que la France, dans une nouvelle phrase d’expansion, affirmait des vues sur le Sud de la Chine par une série d’accords avec le gouvernement de Pékin : la convention Gérard ouvrait plusieurs villes chinoises au commerce français avec des privilèges pour les résidents français. Elle annonçait la mainmise française sur les voies ferrées du Guangxi2 (accord complémentaire du 12 juin 1897) et surtout du Yunnan (accord du 10 juin 1898). Cette voie ferrée fut construite par une société française, en exécution d’un accord de principe conclu en avril 1898 entre les gouvernements chinois et français et précisé par un règlement d’octobre 1903 qui fixait en particulier le tracé de la ligne. Les travaux de construction débutèrent en 1903 pour se terminer en 1910. Le premier convoi arriva à Kunming le 30 janvier 19103.
2Outre les avantages économiques, la compagnie française obtenait le droit de faire garder la voie par une milice locale encadrée par des Européens, privilèges précisés et renforcés par le règlement franco-chinois du 29 octobre 1903.
3La frontière sino-vietnamienne ne pouvait plus jouer exactement le même rôle que naguère, puisque désormais elle était la limite sud de provinces mal contrôlées par Pékin et devenues zones d’influence de la France, du moins en ce qui concerne le Yunnan. La France put obtenir sans grandes difficultés toute une série de règlements, de conventions, d’arrangements bilatéraux allant dans le sens de ses intérêts.
4Par ailleurs, en dépit de l’abornement et des conventions d’État, la frontière continua de jouer le rôle d’intermédiaire, de lieu d’une osmose inévitable entre des régions rattachées depuis des siècles à deux systèmes étatiques différents mais formant un tout intégré complexe au plan humain et économique.
5La convention Gérard ouvrit la phase ultime de la fixation de la frontière entre la Chine et le Tonkin. Le 1er avril 1896, le lieutenant-colonel Vimard, commandant le quatrième territoire militaire français, télégraphia au commandant en chef : « L’abornement de la frontière sino-annamite est complètement terminé4. » En réalité, tout au long de l’époque coloniale, après les conventions de 1887-1895, la frontière sino-vietnamienne ne jouit jamais d’une pleine stabilité et tranquillité.
6D’abord, il faut aborder la question de la sécurité de la frontière. Dès la signature de la convention franco-chinoise, il y eut des troubles, des saccages et litiges imputables à des bandits locaux comme à des troupes agissant à l’initiative des mandarins chinois. La situation était suffisamment tendue pour que l’administration française en Indochine intervînt auprès de Pékin — avec un résultat très limité. Ces incidents récurrents dégradèrent la situation réelle de la ligne frontalière5. Or, la déstabilisation de l’Empire céleste après la révolution de 1911, puis la Première Guerre mondiale et le renouveau d’activité des groupes d’opposants allaient concourir à ce que se multiplient encore les incidents dans la zone frontière.
7Dès 1911, la frontière perdit de sa lisibilité car plusieurs bornes disparurent du fait de l’action de mouvements rebelles agissant dans le Sud de la Chine ; le système de bornes frontières était d’ailleurs en mauvais état général. Le lieutenant-colonel Moreuil, commandant le troisième territoire militaire, put ainsi écrire au résident supérieur au Tonkin, à Hanoi : « Un certain nombre de bornes frontières ont disparu dans la partie de la frontière qui intéresse les premier et troisième territoires militaires. Je m’entendrai avec l’autorité chinoise pour le remplacement de huit bornes6. »
8Pour maintenir l’ordre sur la frontière sino-tonkinoise, le 13 avril 1915, un arrangement fut signé à Pékin par le ministre des Affaires étrangères de la République chinoise et le ministre de France à Pékin7. Cependant la zone frontière resta toujours assez hors contrôle.
9En 1916, le gouverneur du Yunnan se proclama indépendant du gouvernement central de Pékin, entraînant dans la dissidence huit provinces du Sud et de l’Est de la Chine. Les problèmes de la frontière ne dépendirent dès lors plus de Pékin, mais des seigneurs de la guerre du Sud du pays, ce qui facilita ou compliqua selon les cas la politique française. Cependant, les rapports entre les deux États n’en furent pas altérés et des échanges officiels continuèrent malgré tout par voie terrestre entre le territoire vietnamien et les provinces du Sud de la Chine.
10Ces évènements affectèrent profondément la stabilité et l’état existant de la frontière sino-tonkinoise surtout sur le secteur du Yunnan en Chine et Laokay et Hagiang au Vietnam. Un certain nombre de bornes frontières furent détruites sur la limite entre le Yunnan et le Tonkin (Monkay, Langson).
11Les autorités françaises en Indochine, profitant de l’état troublé de la Chine, tentèrent de revendiquer des territoires qui avaient été laissés au territoire chinois par les commissions de la délimitation et de l’abornement de la frontière sino-annamite de 1887 à 1895.
12Dans une lettre envoyée au gouverneur général de l’Indochine du 21 décembre 1911, le résident supérieur du Tonkin formulait ainsi son avis : « Il est incontestable, à mon avis, que nous serons amenés, à la suite des événements qui se déroulent actuellement en Chine, à réclamer de cette puissance, non seulement à Tu-Long, mais encore sur de nombreux autres points, une rectification de frontière8. » Cet objectif ne fut pas atteint facilement : engluées dans les troubles du Sud, les autorités chinoises n’étaient pas prêtes à entamer des négociations.
13Malgré le caractère officiel de la délimitation frontalière, l’instabilité et la discorde régnaient toujours des deux côtés, surtout dans les zones qui avaient toujours été des objets de différends pendant le processus de délimitation et d’abornement.
14Ainsi du canton de Tulong (dans la zone frontière entre le Yunnan en Chine et Hagiang au Vietnam). À cause des mines de cuivre qu’il renferme (voir supra), ce canton fut longtemps disputé entre la Chine et l’Annam. Il fut cependant rendu en entier à l’Annam en 1729, mais en 1895, la commission d’abornement laissa la commune la plus importante — Binhri (celle où résidait Hoang The Anh, le chef de la famille féodale qui tenait tout le pays) — à la Chine ; cette commune était annexée au Yunnan9. Cette division du canton en deux parties fut une source d’ennuis pour les deux pays. D’une part, les membres de la famille du chef Hoang qui restaient dans la partie annamite lui étaient toujours soumis bien qu’il demeurât en Chine ; d’autre part, les habitants avaient conservé le costume annamite et les mandarins chinois ne jouissaient d’aucune autorité dans ces lieux. En 1911, profitant des circonstances et de la demande des habitants annamites qui voulaient que leur territoire fût rendu à l’Annam, les autorités françaises locales demandèrent qu’il fût fait retour à l’Annam des territoires cédés à la Chine : une partie de canton de Tulong et le pays de Tienphong (Chang-Poung) qui avait été laissé de même à la Chine10. Bonifacy, le lieutenant-colonel commandant le troisième territoire militaire (Hagiang) — qui dans ses études sur l’histoire de l’abornement de la frontière a critiqué violemment tant les agents du Quai d’Orsay que le président de la commission d’abornement sur la cession au territoire chinois d’une grande surface de l’ancien canton de Tu long — suggéra au résident supérieur du Tonkin d’exprimer la revendication immédiate de ce territoire par le côté français par une lettre en décembre 1911 : « Il semble donc que l’on pourrait profiter des événements actuels pour revendiquer un pays annamite, dont les richesses minières pourraient être mises en valeur, et qui est pour la Chine plutôt une gêne qu’autre chose11. » Cependant le résident, craignant que soient inévitables de longues et laborieuses négociations avec la Chine, rejeta l’idée. On a trace de son désaccord avec le colonel Bonifacy quant à l’opportunité d’une réclamation immédiate : « Le moment me paraît mal choisi pour entrer en pourparlers avec la Chine12. »
15Du coup, aucune rectification ne fut alors effectuée concernant le territoire du canton de Tulong, naguère cédé à la Chine. Cette question ne devait être abordée de nouveau entre la France et la Chine qu’après la Seconde Guerre mondiale, du fait de l’intérêt présenté alors, pensait-on tout au moins, par l’exploitation du gisement.
16En l’absence de toute modification officielle de la frontière à cette époque, il y eut cependant des changements d’effectués dans l’emplacement de bornes. Du fait des ravages causés par les révoltes dans les provinces du Sud, plusieurs bornes frontières furent en effet détruites ou endommagées, et ce dans toutes les régions frontalières. Cette situation provoqua de l’inquiétude des deux côtés, chinois et français ; surtout, les Chinois redoutaient que les Français profitent des troubles dans les zones frontalières en général et de ce prétexte des bornes en particulier pour réoccuper les territoires laissés à la Chine lors des accords. Dès 1913, deux ans après la naissance de la République de Chine, les autorités de la province du Yunnan prièrent le gouverneur général de l’Indochine d’envoyer un délégué discuter de la réparation et du remplacement de bornes frontières. Les Français n’apportèrent aucune réponse13. En 1915, ce furent les autorités françaises qui revinrent sur la question, mais celle-ci resta en suspens jusqu’en 191814.
17Décidé alors à réagir face à cet état d’instabilité chronique de la frontière et à des troubles qui survenaient de plus en plus fréquemment, le gouverneur général de l’Indochine, dans une lettre de mai 1918 au résident supérieur du Tonkin, souligna la nécessité de procéder à une vérification dans toutes les régions frontalières. La raison avancée était que « l’absence d’une ou plusieurs bornes pourrait avoir des conséquences fâcheuses si des incidents se produisaient justement là où la limite entre la Chine et le Tonkin ne se trouve plus nettement marquée sur le terrain15. »
18Suite à cette demande, une enquête fut effectuée concernant l’état des bornes frontières sino-tonkinoises. Il fut avéré que dans les territoires de Caobang et Ha giang, les bornes frontières étaient en bon état de conservation. Par contre, dans la province de Laokay, on constata que vingt et une bornes avaient été complètement détruites ou se présentaient en mauvais état16.
19Le plus alarmant était l’état des bornes dans la région de Langson. Le résident de Langson signala quelques différences entre l’emplacement constaté de certaines bornes et celui qu’indiquait la carte établie par la commission d’abornement de 1892-1894. Il visait deux secteurs :
20Le secteur de la frontière de Binhnhi : toutes les bornes étaient bien aux emplacements indiqués par la commission de 1892-1894, sauf la borne numéro 2 (B. 2) au nord de Binhnhi qui avait été repoussée vers le territoire du Tonkin17.
21Le secteur de Dongdang : les bornes portant les numéros 39, 41 et 42 au sud et au nord de Langson – Banson – Poste chinois de Chima n’étaient pas à la place exacte indiquée sur la carte établie par commission d’abornement18.
22Les Français ne trouvèrent aucune indication relative à ces faits tant dans les archives de la province de Langson que dans celles de la résidence supérieure19.
23La modification illégale et l’endommagement de bornes frontière incitèrent les Français à exiger du gouvernement provincial du Yunnan le remplacement et la réparation des bornes détruites ou détériorées20. Sans retard, les Français reçurent mention de l’acceptation chinoise. Cependant, la France ne se montra pas disposée à entamer immédiatement, en réponse à cette acceptation, des négociations avec les Chinois — pourquoi ? On manque d’explication — et il fallut attendre plus d’un an pour avoir la réponse du gouverneur général de l’Indochine, auteur de la question initiale. Une ambiance tendue s’installa entre les autorités chinoises du Yunnan et les Français du fait de cette réponse tardive. Le 26 janvier 1920, le gouverneur général de l’Indochine donna ordre aux autorités du secteur de Laokay de s’entendre avec les autorités chinoises pour effectuer de commun accord les travaux de réfection des bornes frontières21.
24Le 16 mai 1930, la « convention réglant les rapports entre la France et la Chine relativement à l’Indochine française et aux provinces chinoises limitrophes » fut signée à Nankin par Damien de Martel, ambassadeur de la République française en Chine et Chengting T. Wung, ministre des Affaires étrangères du gouvernement national de la République de Chine. Ce texte abrogeait les conventions commerciales antérieures de 1886, 1887 et 1895. Les parties chinoise et française s’engageaient à s’appliquer mutuellement le traitement de la nation la plus favorisée concernant les passeports, les laissez-passer intérieurs et les visas de sortie, l’entrée et la sortie des ressortissants français d’Indochine ou des ressortissants chinois se rendant en Indochine ou dans les trois provinces du Yunnan, du Guangxi et du Guangdong.
Changements aux frontières : aspects socio-politiques
25Ainsi stabilisée juridiquement, confirmée et négociée de près, si ce n’est jusqu’au bout de l’acharnement, par le colonisateur français dans la continuité des efforts historiques de l’Annam pour marquer son indépendance par rapport au puissant empire chinois, la frontière sino-tonkinoise se ressentit par ailleurs, dans son rôle, dans son sens, dans son effectivité du contrecoup des événements politiques et sociaux contemporains. Ces aspects ne cessèrent de croître en importance.
26Les zones frontalières furent en effet vite considérées comme le berceau des mouvements nationaliste et révolutionnaire vietnamiens et la frontière, fixant clairement les limites de l’emprise coloniale tout en ayant rien d’un mur infranchissable, joua — ce n’est certes pas le but qu’avait poursuivi les Français dans leur effort pour couler dans le bronze cette frontière ! — un rôle social de filet de protection et de lieu de passage au bénéfice des Vietnamiens émigrés dans les provinces frontalières de la Chine. Dès l’installation française au Tonkin, les provinces chinoises limitrophes de la frontière servirent en effet de refuge aux opposants engagés à la présence française. La fondation des premiers partis antifrançais s’effectua en Chine du Sud à partir de 1904. Jetons un regard sur les activités des principaux d’entre eux au début du xxe siècle, par ordre d’importance :
27Premièrement, le Viet nam Thanh Nien Kach Menh Dong Chi Hoi (Thanh Nien22), l’Association vietnamienne des jeunes camarades révolutionnaires, fut fondée en 1925 à Canton par Nguyen Ai Quoc (« le patriote », pseudonyme de Nguyen Sinh Cung qui prendra en 1941 le nouveau pseudonyme, Ho Chi Minh, « puits de lumière », sous lequel il est passé à l’histoire). Cette association étendit son influence successivement parmi les Vietnamiens émigrés en Chine puis au Siam, aux Vietnamiens du Cambodge, à la Cochinchine, à l’Annam et au Tonkin23. En juin 1929, Thanh Nien fut dissoute et remplacée par le Dong Duong Cong San Dang (DDCSD), le Parti communiste indochinois. Le 3 février 1930, à Hongkong, le Parti communiste vietnamien (PCV) fut créé par Nguyen Ai Quoc par unification du DDCSD avec les autres partis communistes du Vietnam. En octobre 1930, le PCV reçut la dénomination de Dang Cong San Dong Duong, Parti communiste indochinois (PCI.)
28Légal de 1936 à 1939 seulement, il fut au moment de la déclaration de guerre de 1939, tout comme son homologue français, interdit et complètement désorganisé par la répression. Cependant, ses dirigeants parvinrent à se replier au Guangxi où, en mai 1940, Nguyen Ai Quoc, de retour de Moscou, reprit la direction du Parti et le reconstitua.
29En mai 1941 naquit à Pacbo (Caobang), à l’initiative du PCI, le Viet Nam Doc Lap Dong Minh Hoi (Ligue pour l’indépendance du Vietnam), abrégé par la suite en Viet Minh. Son but était de regrouper tous les Vietnamiens, communistes ou non, dans un parti unique visant à « chasser les fascistes français et japonais pour rétablir l’indépendance complète du Vietnam en alliance avec les démocraties en lutte contre le fascisme et l’agression24 ».
30Les Chinois nationalistes ne tardèrent pas à se rendre compte que la ligue échappait à leur contrôle. Ils emprisonnèrent Nguyen Ai Quoc pendant quelque temps, en 1942, pour activités communistes. Fortement réorganisé dès 1944, le PCI accrut son influence dans les zones frontalières sino-tonkinoises25.
31En deuxième lieu, nous trouvons le Viet Nam Quoc Dan Dang (VNQDD, « Parti national du Viet Nam »). Fondé en 1925, il fut complètement réorganisé en Chine en 1930 à la suite du soulèvement de Yen Bai. Ses membres et sympathisants furent toujours assez nombreux dans le sud du Yunnan, beaucoup moins dans les deux Guangs. Dans les années 1940, ce parti coopéra avec le Kuomintang ; les autorités chinoises locales influencèrent directement ses activités. En 1946, les membres VNQDD, défait par le Viet Minh, se réfugièrent de nouveau au Yunnan. Et fin 1948, le VNQDD essaya de former, avec l’aide chinoise, un gouvernement nationaliste groupant les autres partis secondaires. Ce projet ne parvint pas à prendre corps. Le VNQDD fut le plus actif des partis nationalistes émigrés en Chine du Sud26.
32Le Viet Nam Cach Mang Dong Minh Hoi (DMH, « Ligue révolutionnaire du Vietnam ») fut fondé en octobre 1942 avec l’appui des autorités chinoises du Guangxi dans le but de regrouper les exilés politiques vietnamiens27. Ce parti resta, par la suite, dans la stricte obédience des Chinois. Ceux-ci essayèrent de lui faire prendre pied au Tonkin lors de leur occupation en 1945-1946, mais il fut bien vite éliminé par le Vietminh et obligé de se retirer à nouveau en Chine lorsque les troupes chinoises quittèrent le pays28.
33C’est ainsi que les activités antifrançaises des militants vietnamiens et l’appui que leur apportaient les autorités chinoises locales ne cessèrent de provoquer des problèmes de maintien de l’ordre sur la frontière et de susciter des désaccords entre les deux gouvernements français et chinois.
34Les Français reprochaient non sans raison aux Chinois d’avoir toujours encouragé les mouvements d’indépendance des Vietnamiens émigrés afin de rétablir, par ce biais, leur domination sur leur voisin du sud. C’était une tendance de fond : « Depuis sa longue domination sur les pays annamites, la Chine considère le Vietnam en général et le Tonkin en particulier, comme une terre “irrédente”. Aussi bien sous l’Empire que sous la République, cette tendance a constitué un élément permanent de sa politique traditionnelle29 » ; une indépendance du Vietnam ne les inquiétait pas a priori : « Les Chinois savent bien qu’un Vietnam libre favorise le retour de sa domination sous une forme ou sous une autre30. » Notons d’emblée que l’histoire démentit finalement ce constat « historique ».
35Pour nous résumer, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, pendant le presque demi-siècle qui correspondit au déclin de la Chine et à la pleine force de la domination coloniale française, géographiquement, la frontière sino-vietnamienne ne fut officiellement pas modifiée, en dépit de l’expansion française dans le Sud de la Chine. De multiples conventions et règlements manifestèrent à la fois l’accord des États et la perméabilité de cette frontière aux manifestations de la vie locale, sociale et politique.
Le problème frontalier entre la France et la Chine de 1945 à la fin de la présence française (1954)
36La Seconde Guerre mondiale bouleversa le train-train franco-chinois tel qu’il s’exerçait par dessus la frontière sino-tonkinoise, dont le rôle changea fondamentalement. Deux nouveaux acteurs entrèrent en jeu : les Japonais, d’une part, et le Viet Minh, d’autre part.
37Le 7 juillet 1937, le Japon s’engagea dans un conflit long et coûteux contre la Chine. La frontière du Tonkin devint la zone intermédiaire par où passa l’aide matérielle apportée par la France depuis l’Indochine à l’armée nationale de la Chine. Cette aide provoqua l’inquiétude et l’irritation japonaises, pour ne pas parler d’une rancune qui trouverait bientôt son heure. Dès septembre 1937, le Japon intervint auprès du gouvernement français pour que celui-ci cesse ses exportations d’armes vers la Chine à travers la frontière sino-tonkinoise31.
38La France, pour protéger les intérêts de ses exportateurs, refusa évidemment et de 1937 à 1940, elle persista et à cette fin maintint solidement son contrôle sur la frontière du Tonkin. Cependant, la situation se transforma à partir de juin 1940, à la suite de la défaite de la France en Europe. Dès l’invasion de la France, le Japon (allié, rappelons-le, de l’Allemagne nazie) redoubla ses pressions sur les Français. Dès avant l’annonce de la signature de l’armistice entre la France et l’Allemagne, le Japon exigea du général Catroux (gouverneur de l’Indochine pour très peu de temps encore, puisqu’il fit le choix de la France libre), la cessation immédiate de toute activité économique en Chine ou commerce avec la Chine et la présence permanente d’une commission de contrôle japonaise32. L’accord de Tokyo du 30 août 1940 entre le Japon et les autorités de Vichy imposa la fermeture et le contrôle de la frontière, mais en même temps reconnut la souveraineté de la France sur l’Indochine, l’intégrité du territoire de l’Union indochinoise et la frontière historique entre la Chine et le Vietnam33.
39Cependant, cette signature n’empêcha pas l’incident de Langson. Le 22 et 23 septembre 1940, la frontière sino-tonkinoise devint le théâtre de deux jours de combats entre forces françaises et japonaises. Les troupes japonaises du Guangxi et leurs affidés vietnamiens franchirent la frontière et attaquèrent les forces françaises à Dongdang et Langson. Face aux vives protestations de l’amiral Decoux34, Tokyo décida de retirer ses troupes et les Français réoccupèrent les postes perdus. Mais, en même temps, les Japonais établirent des postes de contrôle sur toute la longueur de la frontière sino-vietnamienne, de Laokay à Monkay, prenant possession aussi des routes et des voies ferrées traversant la frontière. Sous prétexte d’arrêter complètement le trafic à destination de la Chine, les Japonais exigèrent et obtinrent du gouvernement de l’Indochine la fermeture complète de la frontière chinoise et le contrôle de cette frontière par une commission japonaise35.
40Le gouvernement français, n’étant pas en mesure de s’opposer aux prétentions nipponnes, dut accepter le principe d’une collaboration militaire avec les armées de l’empire du Soleil levant dans le cadre d’une supposée défense commune de l’Indochine36. Dès lors, pendant quatre ans et demi, régna une situation de quasi-confiscation du pouvoir de contrôle sur la zone frontalière du Tonkin : les forces japonaises gardèrent la frontière du territoire colonisé par la France, qui y restait malgré tout présente, y compris avec des troupes. De 1941 à 1945, malgré les contestations françaises, plusieurs divisions japonaises franchirent la frontière sino-tonkinoise et campèrent sur le territoire tonkinois. Jusqu’à la fin février 1945, l’effectif japonais implanté sur le territoire indochinois représenta quelque 65 000 soldats37. Cette présence armée de plus en plus nombreuse sur le territoire même du Tonkin fut un facteur majeur de la montée en tension des rapports franco-japonais.
41L’évolution des événements mit fin à cette situation déséquilibrée mais préservant formellement le pouvoir colonial. Le coup de force des forces japonaises du 9 mars 1945 mit entre parenthèses la domination française sur l’Indochine ; les Nippons tinrent la frontière sino-tonkinoise de mars à août 1945. Cependant, entre temps, le contrôle de cette frontière cessa de d’être l’affaire que de la France et du Japon. Le Viet Minh, campant dans la zone frontalière, surgit comme un nouvel acteur et comme un concurrent de facto pour le contrôle de cette partie supérieure du Tonkin.
42C’est ainsi que, pendant la Seconde Guerre mondiale, la frontière sino-vietnamienne joua un rôle très important pour tous les pays ayant des intérêts en Indochine et fut en même temps tributaire des événements mondiaux. À la suite de la capitulation sans condition de l’Allemagne, la conférence de Potsdam réunissant les chefs d’État des trois principales puissances victorieuses, le Royaume-Uni, les États-Unis et l’URSS, se tint du 17 juillet au 2 août 1945. Cette conférence traita principalement de la situation en Europe et des futurs traités de paix ; concernant la guerre du Pacifique, les trois pays décidèrent que les Américains et les Britanniques désarmeraient les soldats japonais et occuperaient le Vietnam jusqu’à un règlement définitif : les Américains occuperaient tout le Nord du Vietnam jusqu’au seizième parallèle et les Britanniques le Sud. Toutefois, dans les faits, la Grande-Bretagne laissa les Français reprendre Saigon et les États-Unis laissèrent les Chinois nationalistes occuper Hanoi. Le 28 août, les premières troupes du Kuomintang franchirent la frontière sino-tonkinoise pour entrer au Tonkin.
43Cependant, quelques jours après la capitulation japonaise, et avant l’arrivée des troupes chinoises, le Viet Minh avec Ho Chi Minh à sa tête, saisissant la balle au bond, déclencha une insurrection générale dans tout le pays et, le 2 septembre 1945, proclama l’indépendance du Vietnam qui devenait la République démocratique du Vietnam (RDV).
44Le 9 septembre, les troupes chinoises nationalistes du général Lou Han arrivèrent à Hanoi et prirent possession du Tonkin. Les Chinois se présentèrent comme les protecteurs des Vietnamiens contre le colonisateur et interdirent tout trafic maritime aux navires français dans les eaux et les territoires côtiers sous leur contrôle38.
45Nous ne n’avons pas été en mesure d’identifier des documents officiels chinois, mais ce qui transparut dans la presse chinoise montre que la Chine nationaliste put à ce moment– là être tentée de modifier la ligne de la frontière sino-vietnamienne. Le Zhen yi pao, paraissant à Kunming, s’exprima ainsi le 14 avril 1946 : « L’Indochine nous a appartenu pendant 1 091 ans ; elle a été notre vassale pendant 985 ans et indépendante vingt-deux ans. Chez les 16 millions d’habitants du Vietnam il y a une très forte proportion de sang chinois39. » Dans le même registre, on peut lire ceci dans le Turen Xi Pao du 19 octobre 1946 : « Maintenant nous avons vaincu le Japon et repris le Nord de l’Indochine que nous avons rendu à la France » et « La France réclame les territoires qu’elle a cédés au Siam. Ne pouvons nous pas réclamer nos territoires cédés40 ? ».
46L’ambition d’accroître l’influence chinoise en Indochine dans l’avenir, sous prétexte de se défendre, transparut aussi dans la presse chinoise. Le même Turen Xi Pao du 19 octobre 1946 glosa : « […] Cette dernière guerre nous a montré que la défense de l’Indochine est liée à la sécurité de notre Sud-Ouest. Dans une nouvelle guerre pour protéger son Sud-Ouest la Chine devra défendre l’Indochine. C’est-à-dire qu’en temps de guerre, les troupes chinoises devront entrer en Indochine […] Un accord pour la défense commune de l’Indochine en temps de guerre, c’est nécessaire41. »
47On compte donc à ce moment précis trois forces ayant des intérêts opposés au Vietnam : la France, la Chine et le gouvernement indépendant du Vietnam.
48Le 28 février 1946, à Tchoung king, la capitale chinoise nationaliste, la France et la Chine signèrent un accord qui entérinait le retrait des armées chinoises du Tonkin et le rétablissement de l’autorité française. En contrepartie, la France était contrainte de renoncer à ses concessions de Shanghai, Tientsin, Hankéou, Canton, au territoire de Kwang Tchéou Wan et de céder à titre gracieux la partie chinoise du chemin de fer du Yunnan42. La relève des troupes chinoises stationnées en Indochine au nord du seizième parallèle se fit entre le 1er et le 15 mars 1946.
49Ainsi, aussi prononcée que se soit montrée l’ambition chinoise, elle ne se concrétisa donc pas : « Les Chinois n’ont quitté le Tonkin qu’avec le regret de ne pouvoir rétablir leur hégémonie sur le pays autrefois vassal43. »
50Quoi qu’il en soit, la frontière sino-vietnamienne fut directement affectée par ce déferlement des troupes chinoises. À l’occasion du franchissement de la frontière, ces dernières détruisirent quelques bornes ou les déplacèrent plus à l’intérieur du territoire vietnamien. Dans les années 1945-1946, les troupes chinoises nationalistes, entrant et sortant du territoire tonkinois, détruisirent aussi plusieurs ouvrages de défense, forts, murs, bâtiments protégeant la frontière sur tous les points clés de celle-ci : Laokay, Hagiang, Langson, Dongdang, Caobang44, etc. Ces destructions allèrent jusqu’à déformer ici ou là le tracé frontalier.
51Après le retrait des Chinois nationalistes, les troupes françaises reprirent le contrôle de la frontière, de Monkay à Laokay. Elles se trouvèrent en face de deux dangers : le premier, une force nouvelle, dynamique, le Viet Minh, qui occupait une vaste partie de l’arrière-pays montagneux ; le second, les forces chinoises communistes qui avaient partiellement le contrôle de la frontière sino-vietnamienne et fournissaient ravitaillement et matériels au Viet Minh : « Malgré le contrôle exercé par les Français, la frontière sino-tonkinoise était devenue une véritable passoire à travers laquelle l’équipement chinois filtrait à un rythme toujours croissant45. »
52La frontière sino-vietnamienne était désormais un théâtre où se jouaient les face-à-face et côte à côte de quatre acteurs : les Français, les Chinois nationalistes, le Viet Minh et les Chinois communistes.
53Qu’en était-il des relations entre le Viet Minh et les Chinois communistes ? C’est, semble-t-il, à partir de 1947 que les relations entre les deux partis communistes, chinois et vietnamien, s’initièrent par l’échange de télégrammes entre Ho Chi Minh et Zhou Enlai46. En même temps, le Parti communiste chinois établit « l’Armée démocratique d’unification de Hua Nam », de 5 000 hommes, dans la zone frontalière sino-tonkinoise. Les relations des deux partis se développèrent après la visite du haut représentant chinois communiste au Viet Bac — base de la résistance du Viet Minhen juin 194747.
54En août 1948, un accord fut signé à Bangkok entre les représentants de Mao Zedong et ceux de Ho Chi Minh. Dans ses termes, cet accord constituait une véritable alliance politique, militaire et économique. De plus, il y eut des entrevues ultérieures en Chine et au Tonkin entre Vo Nguyen Giap et Lam Ping (délégué de Mao Zedong en Chine du Sud), un voyage de Ho Chi Minh en Chine communiste au cours duquel il rencontra Mao Zedong, etc48.
55Les événements qui se produisirent à partir à la fin de 1948 dans les régions frontalières — Yunnan, Guangxi, Laokay — constituèrent un premier et très sérieux indice d’alliance militaire entre le Viet Minh et les Chinois communistes. En 1948-1949, des divisions de l’Armée de libération chinoise établirent des bases militaires au Viet Bac. Au début du mois de janvier 1949, on vit pour la première fois au Yunnan des soldats vietnamiens présents en soutien de l’action de l’armée de libération chinoise49.
56En contrepartie, la coopération France-Chine nationaliste se cherchait pour assurer la stabilité de la frontière et contrer cette coopération de plus en plus intense entre les Chinois communistes et le Viet Minh, tout particulièrement dans la zone frontalière. Cette coopération, source d’inquiétude tant pour la France que pour la Chine nationaliste, obligea ces deux acteurs à s’entendre par dessus leur inimitié pour contrôler la frontière et contrer les « activités rebelles sino-V. M50 ». L’entente n’allait pas jusqu’à autoriser le droit de suite : dans un télégramme du 18 avril 1949, l’état-major chinois spécifiait : « […] les troupes des deux parties ne devront pas être autorisées à franchir la frontière pour poursuivre les bandits51. » De même du côté français : un télégramme de l’ambassadeur de France en Chine envoyé au haut-commissaire de Saigon le rappelait, « il convient plus que jamais de respecter les limites territoriales chinoises52. » La France craignait les « critiques les plus violentes » susceptibles d’affluer des deux côtés, nationaliste et communiste53.
57Au début du mois de janvier 1948, il y eut une rencontre entre le général commandant supérieur en Indochine et le représentant chinois nationaliste à Canton afin de mettre au point un plan d’action militaire commune contre les Chinois communistes à la frontière du Guangxi et du Tonkin54. Les deux parties signèrent un accord dont l’article 3 précisait : « Il est entendu que les troupes françaises feront la répression en territoire indochinois sans pénétrer en territoire chinois et que réciproquement les forces chinoises feront la répression en territoire chinois sans pénétrer en territoire indochinois55. » Mais l’évolution de la guerre civile en Chine ne manqua pas de créer dans les provinces limitrophes du Tonkin une situation nouvelle et d’avoir, par conséquent, des répercussions sur les rapports internationaux et militaires de l’Indochine avec son puissant voisin56.
58Au cours de l’année 1949, une nouvelle donne s’établit en effet avec l’arrivée sur la frontière des armées communistes chinoises victorieuses et la proclamation de la République populaire de Chine, le 1er octobre. La frontière sino-vietnamienne vit passer le reflux des vaincus ; à la fin de l’année 1949, des troupes nationalistes chinoises furent contraintes, sous la pression des armées communistes opérant au Guangxi et au Yunnan, de chercher refuge au Vietnam. Avant même, le gouvernement français, par la voix de son haut-commissaire à Saigon, avait clairement et publiquement affirmé ses intentions de rester neutre dans le conflit interne chinois. Les autorités nationalistes avaient été officiellement avisées que tout militaire pénétrant en territoire vietnamien serait désarmé et interné, quelle que fût son origine57. Quelque 5 000 soldats furent ainsi désarmés par les troupes françaises ; aucun incident ne se produisit58. Ces troupes furent transportées au sud du Vietnam, dans l’île de Phuquoc, au large de la côte sud-ouest de l’Indochine et dans la région de Cam Ranh, puis furent envoyées plus tard à Taiwan.
59Le 15 janvier 1950, la République du Vietnam envoya un télégramme à Pékin pour demander l’établissement de relations diplomatiques. Dès le 18 janvier 1950, Radio Pékin annonça que le gouvernement de Mao Zedong reconnaissait le gouvernement de Ho Chi Minh comme seul gouvernement légal du Vietnam. La Chine fut ainsi le premier pays au monde à reconnaître la RDV59 ; elle précéda l’URSS qui reconnut la RDV le 31 janvier, les démocraties populaires suivant le mouvement60.
60L’occupation de la frontière sino-tonkinoise par les troupes communistes en décembre 1949 et la reconnaissance de la RDV par la Chine et l’URSS modifièrent complètement la situation militaire du Vietminh. Il put désormais bénéficier d’une aide en matériel considérable de la part de la Chine de Mao Zedong, et, à travers cette dernière, de l’Union soviétique ; il put aussi former facilement son personnel sur le sol chinois et créer ainsi de nouvelles unités militaires, allant jusqu’à la division61. Au début de 1950, à Moscou, eut lieu une rencontre tripartite entre Mao Zedong, Ho Chi Minh et Staline. À la faveur de cette rencontre, Ho Chi Minh sollicita de la Chine et de l’URSS une aide militaire. Mao Zedong et Staline se mirent d’accord sur le principe d’une aide commune. Mao Zedong commenta : « Le Guangxi sera un arrière direct du Vietminh62. » Cette aide augmenta de façon considérable après la victoire du Viet Minh dans les « batailles à la frontière » en 195063.
61Le 16 septembre 1950, le Viet Minh entama les batailles à la frontière et dès le début du mois de janvier 1951 occupa tous les postes frontières. La zone frontalière sino-tonkinoise passa ainsi sous le contrôle du Viet Minh64.
62En même temps, les Chinois communistes poursuivirent l’occupation rapide des derniers territoires encore sous le contrôle du Kuomintang en décembre 1950. Dans le Sud du Guangdong et du Guangxi, l’armée nationaliste de Pai Chung Hsi fut vaincue et dut abandonner le continent ; le Yunnan se rallia au gouvernement de Pékin le 10 décembre. Le 25 décembre, tous les territoires de l’Ouest de la Chine passèrent sous le contrôle des troupes communistes. Cela marqua pratiquement la fin des opérations militaires. Quelques débris des armées de Pai Chung Hsi furent refoulés vers la frontière tonkinoise, dans sa partie commune avec le Guangxi.
63Enfin, en décembre, les troupes communistes chinoises abordèrent la partie orientale de la frontière tonkinoise. Leur arrivée ne fut marquée par aucun incident. Une armée d’environ trente mille hommes occupa la région de Longtcheou (face à Langson) et une division se plaça dans le secteur de Fong Senh (face à Moncay). Ces troupes procédèrent au nettoyage des derniers îlots de résistance nationaliste et mirent en place les nouveaux organismes administratifs65.
64Ainsi, dès 1950, l’isolement militaire et diplomatique du Vietnam était terminé. L’aide apportée par la Chine populaire fut très importante et marqua un tournant essentiel dans la guerre franco-vietnamienne66. En outre, l’aide venant de l’URSS et des pays socialistes passa par la voie frontalière sino-tonkinoise. Guangxi devint le dépôt des marchandises avant qu’elles soient livrées au Viet Minh67. Les troupes communistes et du Viet Minh passaient d’un côté à l’autre, s’entraidaient dans leurs opérations, des tirs étaient effectués au-dessus de la frontière.
65L’un des premiers objectifs des entretiens qui eurent lieu à partir du début de l’année 1950 entre des personnalités chinoises et le Viet Minh a été vraisemblablement la mise sur pied de part et d’autre de la frontière d’organismes permanents de liaison. Il est bien évident que la nécessité de tels organismes tant en Chine qu’en Indochine se fit rapidement sentir au fur et à mesure que se développaient les relations de toutes sortes entre le Viet Minh et les communistes chinois.
66Dans le courant de l’année 1950 et de l’année 1951, la délégation du Viet Minh à Nanning comptait quelques personnes chargées de maintenir la liaison avec les autorités chinoises du Guangxi. Des bureaux de liaison du Viet Minh furent aménagés dans un certain nombre de centres situés en bordure de la frontière avec le Guangxi et le Yunnan pour prendre livraison du ravitaillement venu de Chine et pour se maintenir en contact permanent avec les autorités chinoises.
67Jusqu’au début de l’année 1951, cette aide garda un certain caractère limité, en ce sens que les fournitures de matériel n’étaient effectuées qu’en fonction des nécessités du moment68. Mais un vaste plan dit « plan d’hiver » fut mis au point au cours d’importants entretiens au cours de l’été 1951. Avec sa mise en application vers la fin du mois de septembre s’ouvrit une nouvelle période au cours de laquelle l’aide chinoise prit la dimension d’une entreprise systématique et rationalisée, au nom de la solidarité qui devait être de mise entre les différents pays communistes.
68Toutes les questions relatives au ravitaillement du Viet Minh avaient été prises en main dès le début de l’année 1951 par un organisme dénommé le « Comité chinois d’aide au Vietnam ». Ce comité, qui siégeait à Pékin auprès du gouvernement central, avait des ramifications dans chacune des trois provinces de la Chine du Sud69, à Canton (Guangdong), à Nanning (Guangxi) et à Kunming (Yunnan). Il s’occupait de l’acquisition du matériel réclamé par les autorités Viet Minh et de son acheminement vers les dépôts situés en bordure de la frontière ; à cet effet, il était en liaison avec les organismes Viet Minh installés en territoire chinois et avec les bureaux de transport qui avaient été créés dans un certain nombre de centres le long des grands axes de communication.
69À partir de 1952, l’aide chinoise au Viet Minh augmenta de plus en plus. En février et mars 1952, de petits contingents de troupes chinoises pénétrèrent en territoire laotien pour y effectuer des actions de liaison avec le Viet Minh. En mai 1952, des éléments chinois plus importants, évalués à cinq ou six bataillons pénétrèrent dans la zone de Laokay pour soutenir l’action entreprise par le Viet Minh dans cette région70. La zone frontière devint en somme un champ d’exercice commun des forces communistes sino-vietnamiennes. En mars 1952, des éléments en provenance du Yunnan, évalués à cinq mille hommes et commandés par Chow Ta Ming de l’Armée des volontaires pour le Viet Minh, arrivèrent au Nord-Vietnam71.
70Il a été fait état également de l’existence de bureaux de recrutement dans certains centres de la Chine du Sud, de camps d’entraînement au Guangxi, d’un état-major mixte qui aurait été constitué à Nanning.
71Le développement de l’aide matérielle obligea le Viet Minh et les Chinois communistes à multiplier les dépôts le long de grands axes de communication. Le matériel stocké à Nanning, à Kungming, à Chingsi, à Longchow, à Ping Hsiang était acheminé dans un premier temps vers les dépôts de la frontière où il était pris en charge par le bureau de réception du matériel rattaché à la direction générale des fournitures du gouvernement Viet Minh. De ces dépôts frontières, il était ensuite redistribué sur les différents dépôts de l’intérieur en fonction des disponibilités en moyens de transport.
72Il existait une zone de dépôts frontières sur chacun des grands itinéraires reliant la Chine du Sud à l’Indochine, du Guangdong au Yunnan. Ces dépôts étaient situés à quelques kilomètres les uns des autres et regroupaient chacun un certain nombre de constructions relativement dispersées. D’autres dépôts de moindre importance, plus spécialement réservés au ravitaillement des troupes régionales Viet Minh opérant sur la frontière, avaient été installés au Yunnan72 : à Na liang et Tung Chung.
73Tous ces éléments montrent que, dans les années 1950-1954, la ligne frontière entre les deux pays, Chine et Vietnam, n’existait plus en réalité. La frontière était devenue une « ligne d’amitié », le lieu de passage d’intensité variable vers le Vietnam de marchandises ou d’armements en provenance de la Chine et des autres pays socialistes — échappant au contrôle de la France même si le Vietnam restait encore formellement sous la domination de celle-ci.
74En mai 1954, la chute des forces françaises à Dien Bien Phu puis la signature des accords de Genève mirent fin définitivement à la présence française en Indochine. Ces mêmes accords coupèrent le Vietnam en deux. Le Nord, jusqu’au dix-septième parallèle, vit son indépendance confortée ; désormais, le règlement des problèmes frontaliers sino-vietnamiens dépendit totalement de la RDV et de la Chine, juridiquement et pratiquement.
Notes de bas de page
1 Antoine Dauphin, « La frontière sino-vietnamienne de 1895-1896 à nos jours », in Pierre-Bernard Lafont (dir), Les Frontières du Vietnam…, op. cit., p. 104
2 Au Kwangsi, la voie ferrée Heng-Yang/Ping-Hsiang, achevée jusqu’au sud de Liu-Chou (à Lai-Pin) en 1940, a été complétée au cours des années 1950-1951. Source : MFD, SHAT, 10H689, documentation sur les provinces chinoises limitrophes de l’Indochine, janvier 1953, p. 321.
3 MFD, SHAT, 10H689, documentation sur les provinces chinoises limitrophes de l’Indochine, janvier 1953, p. 321.
4 Charles Fourniau, « La frontière sino-vietnamienne et le face-à-face franco-chinois à l’époque de la conquête du Tonkin », in Pierre-Bernard Lafont (dir.), Les Frontières du Vietnam, op. cit., p. 103.
5 Huynh Van Trinh, « La vérité de la frontière vietnamo-chinoise », document de recherche, Comité des frontières du gouvernement vietnamien, ministère des Affaires étrangères, 1999.
6 ANV, centre no 1, volume 55581, archives centrales de l’Indochine, fonds : résidence supérieure au Tonkin, 1911-1913, rétablissement des bornes frontières de Hagiang, lettre du lieutenant-colonel Moreuil, commandant le troisième territoire militaire à M. le Résident supérieur au Tonkin à Hanoi, le 27 avril 1911.
Nous avons trouvé aussi ce document au FR_ CAOM, fonds des amiraux du gouvernement général de l’Indochine (1858-1945), affaires politiques (1874-1953), série F155, volume 40631, remplacement des bornes entre l’Indochine et Yunnan (Hagiang 1911-1913).
7 MFD, SHAT, 10H689, conventions complémentaires de commerce et de frontière entre la France et la Chine du 20 juin 1895.
8 FR_CAOM, fonds des amiraux du gouvernement général de l’Indochine (1858-1945), affaires politiques (1874-1953), F155, rectification de la frontière sino-annamite (Ha Giang), lettre du 21 décembre 1911.
9 Ibid., lettre du 9 décembre 1911 du lieutenant-colonel Bonifacy, commandant le troisième territoire militaire au résident supérieur au Tonkin.
10 Ibid., lettre au chef de bataillon commandant du territoire à Ha Giang du 16 novembre 1911.
11 Ibid., lettre du 9 décembre 1911 du lieutenant-colonel Bonifacy, commandant le troisième territoire militaire au résident supérieur au Tonkin.
12 Ibid., lettre du 21 décembre 1911 du résident supérieur du Tonkin au gouverneur général de l’Indochine.
13 FR_CAOM, fonds des amiraux du gouvernement général de l’Indochine (1858-1945), affaires politiques (1874-1953), F155, volume 40631, remplacement des bornes du Yunnan 1920, lettre du mai 1918 du gouverneur général de l’Indochine au résident supérieur du Tonkin.
14 Ibid.
15 Ibid.
16 Ibid., rapport du 1er juin 1918 de l’administration du résident.
17 FR_CAOM, fonds des amiraux du gouvernement général de l’Indochine (1858-1945), affaires politiques (1874-1953), F155, volume 40631, remplacement des bornes du Yunnan 1920.
18 Ibid.
19 Ibid., lettre du 3 septembre du résident supérieur du Tonkin au gouverneur général de l’Indochine.
20 Ibid., lettre du 30 septembre 1918 du gouverneur général de l’Indochine au délégué du ministère des Affaires étrangères au Yunnan.
21 Ibid., lettre du 26 janvier 1920.
22 Cette association a reçu plusieurs dénominations. Nous utilisons ici le nom que la plupart des historiens vietnamiens emploient. Pour une explication plus précise, voir Huynh Kim Khanh, Vietnamese Communism 1925-1945, Institute of Southeast Asian Studies, Singapore, 1982, p. 63, note 48.
23 MFD, SHAT, dossier 10T869, Chine, étude documentaire sur la frontière sinoindochinoise, 4/1949, p. 52.
24 « Indochine 1945-1946 », revue Batailles, hors-série no 1, p. 22.
25 Huynh Kim Khanh, Vietnamese Communism 1925-1945, Institute of Southeast Asian Studies, Singapore, 1982, p. 99.
26 MFD, SHAT, dossier 10T869, Chine, étude documentaire sur la frontière sino-indochinoise, 4/1949, p. 52.
27 « Indochine 1945-1946 », Revue Batailles, p. 22.
28 MFD, SHAT, dossier 10T869, op. cit. p. 53.
29 Ibid., p. 71.
30 Ibid.
31 « L’Indochine en guerre 1940-1945 », revue Batailles, hors-série no 3, réalisé par Christophe Dutrône et Etienne Le Baube, p. 17. Voir également Antoine Dauphin, « La frontière sino-vietnamienne de 1895-1896 à nos jours », in Pierre-Bernard Lafont, Les Frontières du Vietnam…, op. cit., p. 107.
32 Revue Batailles, hors-série no 3, p. 39.
33 Ibid.
34 L’amiral Jean Decoux, nommé commandant en chef des forces navales d’Extrême-Orient en avril 1939, puis en 1940 gouverneur général de l’Indochine, cf. revue Batailles, op. cit. p. 35.
35 FR_CAOM, cabinet du conseiller diplomatique en Indochine, haut-commissariat de France en Indochine, fonds du conseiller politique, volume 193 : « Ligne générale de la politique future de la France en Indochine », p. 7.
36 Revue Batailles, hors-série no 3, op. cit. p. 37.
37 Ibid. p. 41.
38 « Indochine 1945-1946 », revue Batailles, hors-série numéro 1, p. 11.
39 Cité par Antoine Dauphin, « La frontière sino-vietnamienne de 1895-1896 à nos jours », in Pierre-Bernard Lafont, Les Frontières du Vietnam…, op. cit., p. 108
40 FR_CAOM, cabinet du conseiller diplomatique pour l’Indochine, haut-commissariat de France en Indochine, fonds du conseiller diplomatique, volume 83, extrait du Turen Xi Pao du 19 octobre 1946. Voir annexe 18.
41 Ibid.
42 MFD, SHAT, 10T689, conventions complémentaires de commerce et de frontière entre la France et la Chine, accord franco-chinois sur les relations sino-indochinoises, le 28 février 1946, titre IV. Voir aussi FR_ CAOM, cabinet du conseiller diplomatique Indochine, haut-commissariat de France en Indochine, volume 84, chemin de fer du Yunnan, note au sujet de l’accord franco-chinois du 28 février 1946 relative au transit et aux chemins de fer.
43 MFD, SHAT, 10H647, état-major du deuxième bureau, 1949, étude documentaire du commandant des forces terrestres en Extrême-Orient, Saigon, le 29 avril 1949.
44 MFD, SHAT, Indochine, volume 10H141, accidents frontaliers 1949, rapport du chef de bataillon Rabeirolles au sujet des destructions effectuées par les troupes chinoises en Indochine du Nord du 26 juillet 1949 (la date de la note est illisible).
45 Bernard Fall, Les deux Vietnam, Payot, Paris, 1967, p. 131.
46 Hoang Tranh, Ho Chi Minh avec la Chine, éditions Sao Moi, Guangxi, 1990, p. 217, cité par Pham Xanh, « La solidarité sino-vietnamienne dans la lutte de la fin de la quatrième décennie au début de la cinquième décennie du xxe siècle », dans Dien Bien Phu : des vues des chercheurs vietnamiens et français, éditions de politique nationale, Hanoi, 2005, p. 276.
47 Ibid.
48 MFD, SHAT, dossier 10T869, notice de renseignement sur les frontières nord-orientales sino-tonkinoises, février 1949, p. 17. On trouve la même idée dans les recherches menées du côté vietnamien. Voir Pham Xanh, op. cit., p. 276.
49 MFD, SHAT, notice de renseignement sur les frontières nord-orientales sino-tonkinoises, février 1949, p. 18. Voir aussi : Vo Nguyen Giap, « Lutte dans l’encerclement » in Mémoires, édités par Huu Mai, éditions de l’Armée populaire, Hanoi, p. 349 ; MVD, office des recherches, document des recherches, « Les relations entre la Chine et le Vietnam », p. 22.
50 FR_CAOM, Indochine, haut-commissariat, volume 83, synthèse de renseignements établie par le colonel commandant la zone frontière pour le mois de juin 1948.
51 FR_CAOM, Indochine, haut-commissariat, volume 83, télégramme du 19 avril 1949 de Nanking.
52 Ibid., télégramme du 19 avril 1949 de Nankin de l’ambassade de France en Chine pour le haut-commissaire à Saigon.
53 Ibid.
54 FR_CAOM, cabinet du conseiller diplomatique Indochine, haut-commissariat de France en Indochine, volume 83, conflit frontalier franco-chinois 1949, note sur la collaboration militaire franco-chinoise à la frontière Tonkin-Kwangsi pendant les mois de février à mai 1948.
55 Ibid., accord entre les autorités militaires françaises et chinoises concernant une action commune contre les bandes rebelles agissant à proximité de la frontière sino-indochinoise limitant les provinces du Kwangtung et du Kwangsi du 29 janvier 1948 à Langson.
56 MFD, SHAT, dossier 10T869, Chine, étude documentaire sur la frontière sino-indochinoise, 4/1949, p. 1.
57 Ibid.
58 MFAE, Indochine, volume 221 : internés chinois en Indochine 1944-1955, note du ministère des Affaires étrangères, le 30 octobre 1951.
59 Qiang Zhai, « Les conseillers militaires chinois et la guerre d’Indochine en 1950 », Revue historique des armées, no 220, septembre 2000, p. 4.
60 MDF, SHAT, dossier 10T869, Chine, note d’information sur les relations sino-V. M de janvier 1950 à juin 1952, p. 5. Voir aussi un document consulté aux archives du centre no 3 au Vietnam, fonds du palais du Premier ministre, 1945-1954, dossier 1787. D’après ce document, la Chine reconnaît le gouvernement de la République démocratique du Vietnam le 19 janvier 1950.
61 MFD, SHAT, 10H647, état-major du deuxième bureau, 1949, étude documentaire du commandant des forces terrestres en Extrême-Orient, Saigon, le 29 avril 1949 : « la situation sur la frontière sino-vietnamienne au début de 1950 ».
62 Général Vo Nguyen Giap, Le chemin menant à Dien Bien Phu, éditions de l’Armée populaire, Hanoi, 1999, tr. 15.
63 En ce qui concerne le rôle des batailles à la frontière de 1950 dans la première guerre d’Indochine, voir notamment : Qiang Zhai, « Les conseillers militaires chinois et la guerre d’Indochine en 1950 », in Revue historique des armées, no 220, septembre 2000, p. 3-14 ; Christopher E. Goscha, « L’aide militaire chinoise au Viet-minh (1949-1954) », in Revue historique des armées, no 220, septembre 2000, p. 15-24 ; Pham Xanh, « La solidarité sino-vietnamienne dans la lutte de la fin de la quatrième décennnie au début de la cinquième décennie du xxe siècle », in Dien Bien Phu : des vues de chercheurs vietnamiens et français, Édition de la Politique nationale, Hanoi, 2005, p. 275-285. Cet ouvrage est constitué à partir des rapports présentés dans le colloque sur Dien Bien Phu en avril 2004 à Hanoi dans le cadre de plusieurs colloques sur les événements de l’année 1954 organisé par l’université Paris I-Sorbonne (tout particulièrement Robert Frank, professeur d’histoire des relations internationales et directeur de l’UMR-IRICE, et Hugues Tertrais, maître de conférences spécialisé dans l’histoire des conflits et des identités régionales en Asie du Sud-Est) en coopération avec le Centre d’études d’histoire de la Défense, l’université des sciences sociales et humaines de Hanoi, le Centre de recherches sur l’Asie de Sud-Est de l’université de Pékin et le Centre de recherches sur le Vietnam de l’université de Zhengzhou.
64 MFD, SHAT, 10H663, télégramme du 3 janvier 1950. Voir notamment Quang Zhai, « Les conseillers militaires chinois et la guerre d’Indochine », op. cit. p. 8-13.
65 MFD, SHAT, 10H647, Etat-Major 2e Bureau, 1949, étude documentaire du commandant des forces terrestres en Extrême-Orient, Saigon, le 29 avril 1949 : « La situation sur la frontière sino-vietnamienne au début de 1950. »
66 En fait, plusieurs ouvrages ou articles des auteurs français, chinois et vietnamiens abordent la question de l’aide chinoise au Viet Minh dans les années 1950-1955. On peut citer quelques exemples : Christopher E. Goscha, « L’aide militaire chinoise au Viet-minh », Revue historique des armées, no 220, septembre 2000, p. 16 ; Christopher E. Goscha, « Le contexte asiatique de la guerre d’Indochine : relations, espaces et réseaux », thèse, Paris, École pratique des hautes études, octobre 2000 ; Pierre Journoud, « Paris, Hanoi et Pékin : trois colloques pour reconsidérer Dien Bien Phu, Genève et les relations franco-vietnamiennes depuis 1954 », Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, université de Paris I Panthéon-Sorbonne, no 19, été 2004 ; Qiang Zhai, China and the Vietnam wars, 1950-1975, Foreword by John Lewis Gaddis, The University of North Carolina Press, Chapel Hill and London, 2000 ; Qiang Zhai, « Les conseillers militaires chinois et la guerre d’Indochine en 1950 », Revue historique des armées, no 220, septembre 2000, p. 3-14. ; Pham Xanh, « La solidarité sino-vietnamienne dans la lutte de la fin de la quatirème décennie au début de la cinquième décennie du xxe siècle », dans Dien Bien Phu : des vues de chercheurs vietnamiens et français, Éditions de politique nationale, Hanoi, 2005, p. 275-285 ; Hugues Tertrais, La piastre et le fusil. Le coût de la guerre d’Indochine 1945-1954, Paris, CHEFF, 2002 ; François Joyaux, La Chine et le règlement du premier conflit d’Indochine. Genève 1954, Paris, Publications de la Sorbonne, 1979.
67 Ho To Luong, « Aide soviétique à la Résistance contre les Français du peuple vietnamien », in Dien Bien Phu : des vues de chercheurs vietnamiens et français, Éditions de politique nationale, Hanoi, 2005, p. 270.
68 MDF, SHAT, dossier 10T869, Chine, note d’information sur les relations sino-V-M de janvier 1950 à juin 1952, p. 13.
69 Ibid., p. 25
70 Ibid., p. 42.
71 MFD, SHAT, Indochine, 10H6 82, aide chinoise au Vietminh, rapport du haut-commissariat de France en Indochine, 7 avril 1952.
72 Ibid. p. 59. Pour l’aide chinoise au Viet Minh, voir également Pierre Journoud, « Paris, Hanoi et Pékin : trois colloques pour reconsidérer Dien Bien Phu, Genève et les relations franco-vietnamiennes depuis 1954 », in Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, université Paris I Panthéon-Sorbonne, no 19, été 2004.
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