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    Plan détaillé Texte intégral La frontière sino-tonkinoise après la conquête française Le processus de délimitation frontalière entre la France et la Chine Notes de bas de page

    Les conflits frontaliers sino-vietnamiens

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    Table des matières

    1. Le processus de délimitation de la frontière terrestre sino-tonkinoise entre la France et la Chine (1885-1895)

    p. 63-107

    Texte intégral La frontière sino-tonkinoise après la conquête française Le processus de délimitation frontalière entre la France et la Chine Les difficultés initiales Le processus de délimitation en lui-même Notes de bas de page

    Texte intégral

    La frontière sino-tonkinoise après la conquête française

    1Comme on l’a vu, la frontière sino-annamite s’était établie très tôt. Cependant, cette ligne de frontière laissait encore en suspens quelques questions (pas de délimitation complète, divers litiges non tranchés, etc.). Ces questions cessèrent de ne concerner que l’empire d’Annam et l’Empire chinois à partir de 1874, date initiale (convention Dupré) de la mainmise française sur l’Annam.

    2Dans le dernier quart du xixe siècle, l’Extrême-Orient eut à subir de gigantesques bouleversements : l’occupation par les puissances occidentales, l’énorme crise qui ravagea la Chine du Sud dans les années 1860-70, le déclin par paliers de la puissance chinoise et l’établissement de la domination coloniale française sur l’Indochine. Les deux pays, tant la Chine que le Vietnam, furent affectés jusqu’au fond d’eux-mêmes par ces bouleversements sans précédent ; un des aspects de ces derniers est qu’ils changèrent totalement les caractéristiques de la relation sino-vietnamienne.

    3Le 6 juin 1884, une fois signé le traité Patenôtre (voir annexe) entre la France et l’empire d’Annam auquel était imposé le régime du protectorat, c’est l’ensemble du Vietnam (dans les trois entités définies, la Cochinchine, l’Annam et le Tonkin) qui se trouva désormais sous le contrôle français. Désormais la France prenait en charge les problèmes relatifs aux relations extérieures du Vietnam. L’article premier du traité affirmait que « l’Annam reconnaît et accepte le Protectorat de la France. La France représentera l’Annam dans toutes ses relations extérieures. Les Annamites à l’étranger seront placés sous la protection de la France1. »

    4Mais, à la date du traité, les Français n’avaient pas encore pu asseoir totalement leur pouvoir sur le Tonkin. Il fallut attendre plus de dix ans pour qu’ils aient un contrôle complet sur toute la frontière sino-tonkinoise. En fait, les difficultés que les Français rencontrèrent lors de l’occupation du Vietnam furent principalement créées par la présence au Tonkin de réguliers et d’irréguliers chinois, nombreux et bien armés ; ils occupaient et gardaient les routes principales dans les régions frontalières sino-tonkinoises : la route du Yunnan, la route du Guangxi2. Après la chute de Son Tay (décembre 1883) et de Bac Ninh (mars 1884), les routes de la frontière furent ouvertes. Langson fut occupée une première fois en février 1885 et prise en décembre 1885 ; Laokay fut prise un peu plus tard, en mai 1886.

    5Fin 1886, alors que les principaux chefs-lieux frontières étaient occupés et les Chinois repoussés, la frontière fut fixée par le traité de Tientsin. Cette date clôt l’ère de la conquête proprement dite. Il restait néanmoins à réprimer la grande piraterie et la rébellion de quelques irréductibles3. Le contrôle total de la frontière du Tonkin demandera encore dix ans d’efforts, jusqu’en 1895. La pacification acquise, la zone frontière proprement dite, depuis Monkay jusqu’à Laichau, resta toujours plus ou moins troublée par des incursions de bandes de pillards venant de Chine ; l’incurie et, parfois, la complicité des autorités locales leur permettaient de s’incruster4.

    6C’est que, dans son entreprise d’occupation du Tonkin, la France s’était heurtée aux visées chinoises. Dès 1880, la Chine s’employa avec un certain acharnement à troubler les activités françaises au Tonkin, se réclamant de ses droits de suzeraineté sur le pays. Elle demanda le retrait des troupes françaises après la mort d’Henri Rivière, le conquérant de Hanoï, tué par les pavillons noirs — irréguliers chinois — en mai 1883 ; les Français lui adressèrent en retour un ultimatum à la suite de leur traité avec l’Annam (août 1883).

    7La guerre que les Français déclenchèrent contre elle sur terre et sur mer amena la Chine à signer, le 11 mai 1884, la convention Fournier par laquelle elle reconnaissait le protectorat français et s’engageait à retirer ses troupes. Mais l’incident de Bac Le (juin 1884) remit tout en question, et il faudra les succès navals et terrestres français (prise de Langson) pour que la Chine accepte de signer le protocole de Paris du 4 avril 1885, qui ratifie la convention de 1884, puis, plus tard, le traité de Tientsin du 9 juin 1885 (ratifié à Pékin le 20 novembre 1885).

    8Ce traité non seulement mettait fin à la guerre franco-chinoise et stipulait le retrait des troupes régulières chinoises du Tonkin, ce qui fut rapidement effectué, mais représentait aussi la reconnaissance par la Chine de la mainmise française sur le Vietnam, ce qui signifiait définitivement la mort du système tributaire qui avait régi les rapports entre la Chine et le Vietnam depuis le dixième siècle5.

    9C’est ce même traité qui devait désormais faire office d’instrument diplomatique de base pour tout ce qui concernait la frontière sino-indochinoise. Il traitait en particulier : du maintien de l’ordre sur la frontière (article 1) ; du respect par la Chine de tous les traités présents et à venir entre la France et l’Annam (art. 2) ; de la délimitation de la frontière (art. 3) ; des modalités de franchissement de la frontière (art. 4) ; de la liberté du commerce sur la frontière (art. 5) ; de la construction de voies ferrées en Chine (art. 7) et de l’abandon par la France de Formose et des Pescadores (art. 9)6.

    10L’article 1 du traité de Tientsin précisait : « La France s’engage à rétablir et à maintenir l’ordre dans les provinces de l’Annam qui confinent à l’Empire chinois7. » Ceci en phase avec le traité Patenôtre (article 15) qui faisait obligation à la France de « garantir désormais l’intégralité des États de Sa Majesté le roi d’Annam, à défendre ce souverain contre les agressions du dehors et contre les rébellions du dedans. À cet effet, l’autorité française pourra faire occuper militairement sur le territoire de l’Annam et du Tonkin les points qu’elle jugera nécessaires pour assurer l’exercice du protectorat ».

    11Ainsi, pour respecter les engagements des deux traités, la France pouvait et devait monter la garde à la frontière de Chine : cela nécessitait une occupation militaire de la haute région du Tonkin. L’entreprise était dure et demandait à la France des efforts financiers et militaires assez grands ; d’où le désir des Français, comme une condition de l’établissement de la stabilité dans cette région, de délimiter la frontière sino-vietnamienne rapidement.

    12De plus, le texte du traité de Tientsin prévoyait (article 15) l’établissement d’une convention additionnelle sur le commerce « par terre entre le Tonkin et les provinces chinoises du Yun-nan, du Kuoang-si et du Kuoang-tong dans un délai de trois mois après la signature du présent Traité. » En fait, les facteurs de l’établissement de relations commerciales entre la France et la Chine devaient peser directement sur les résultats de la délimitation frontalière sino-vietnamienne en 1887.

    13Par ailleurs, le texte du traité de Tientsin abordait aussi la délimitation frontalière sino-vietnamienne. L’article 3 précisait : « Dans un délai de six mois, les commissionnaires se rendront sur les lieux pour reconnaître la frontière entre la Chine et le Tonkin. Ils poseront, partout où besoin sera, des bornes destinées à rendre apparente la ligne de démarcation. Dans le cas où ils ne pourraient se mettre d’accord sur l’emplacement de ces bornes ou sur les rectifications de détail qu’il pourrait y avoir lieu d’apporter à la frontière actuelle du Tonkin, dans l’intérêt commun des deux pays, ils en référeraient à leur gouvernement respectif8. »

    14Mais une question se pose : pourquoi fallait-il délimiter la frontière sino-tonkinoise puisque la ligne frontière des deux pays était établie de longue date ? D’après Charles Fourniau (1921-2010), historien spécialiste (engagé) de l’histoire du Vietnam colonial, « malgré l’intensité des convulsions, la ligne frontière […] se maintenait semblable à elle-même9 ».

    15D’abord, si tôt qu’elle eût été établie, la frontière sino-vietnamienne restait assez floue, et elle le devint plus encore dans les années 1850-70 du fait des bouleversements sociaux enregistrés tant du côté chinois que du côté vietnamien. Rappelons une fois encore qu’avant la colonisation occidentale à la fin du xixe siècle, le concept européen de souveraineté territoriale ne faisait pas sens en Extrême-Orient. Dans l’optique des pays asiatiques du Sud-Est, y compris le Vietnam, les notions de « frontière » et de « zone d’influence » renvoyaient à la délimitation d’un espace social à l’intérieur duquel on dominait plutôt des peuples que des territoires10. « Souveraineté territoriale » signifiait avant tout domination sur des populations.

    16Aussi, avec l’invasion des hautes régions du Tonkin par les bandes chinoises, la notion de frontière, comme délimitation d’un espace social, fut mise à mal. L’espace social ainsi miné, la zone-tampon ainsi chahutée, toute « ligne » de référence avait tendance à s’évaporer ; plus exactement, la certitude quant à l’existence « physique » de la frontière ne venait en rien compenser la perte de cohérence de la frontière « sociale », à l’inverse (dans une certaine mesure, car il y aurait beaucoup de nuances à apporter) de ce qui aurait pu se passer dans un cas européen de frontière dument répertoriée et inscrite dans une sorte d’évidence géographique, historique et culturelle.

    17Donc, le problème frontalier était important pour les deux pays, mais chaque côté avait une optique différente sur celui-ci. L’empire d’Annam, avec un système social de faible affirmation notamment dans les régions peuplées d’ethnies minoritaires, avait tendance à laisser de vastes domaines relever pour ainsi dire complètement d’une autorité locale. Rien de nouveau : le pouvoir central de l’empire avait toujours été indirect et imparfait sur cette région montagneuse. De plus, la cour de Hué ne se souciait pas trop de la fixation de zones frontalières quelque part dans des montagnes jugées inaccessibles et où toute délimitation artificielle apparaissait de ce fait superflue. Cela permettait aux minorités ethniques qui occupaient ces montagnes de jouir d’une liberté et d’une tranquillité certaines, loin des centres du pouvoir politique. Décidément, ce qui faisait frontière, ce n’était pas la clarté topographique d’une ligne, mais la confusion même caractéristique d’un espace impénétrable, ou presque : en somme, une « zone » dans toutes les acceptions, y compris péjoratives, du terme.

    18De son côté, l’empire du Milieu avait un regard très différent quant à la délimitation frontalière du Sud. Selon l’idéologie féodale encore dominante, le territoire et les peuples de l’Annam « appartenaient » à la Chine. En raison de cela, elle n’avait pas besoin de délimiter la frontière avec l’Annam : « lorsque l’Annam dépendait de la Chine, nous n’avions pas besoin d’avoir de frontière de ce côté, mais aujourd’hui qu’il dépend de la France, nous avons besoin d’en avoir une11. »

    19Pour la France, une délimitation frontalière sino-vietnamienne claire, définitive s’imposait pour ainsi dire culturellement, et concrètement parlant, était une nécessité dans le processus de prise en mains de l’Indochine et de mise en évidence de la réalité du pouvoir colonial, couvrant tout un espace sans « zones de non-droit », si l’on peut dire. Comme on l’a vu, en signant le traité Patenôtre, la France remplaça l’Empire d’Annam dans tous les domaines intérieurs et extérieurs, y compris les problèmes relatifs à la frontalière sino-vietnamienne. Et la stabilité de la frontière sino-vietnamienne s’avérait, face au monde, comme très importante pour la stratégie française en Extrême-Orient, envisagée comme un tout. La France, comme d’autres puissances occidentales dans les dernières années du xixe siècle, était sérieusement engagée en Extrême-Orient, plus particulièrement en Chine. Pour servir son ambition et ses intérêts dans cette partie du monde, elle avait mené des stratégies diplomatiques, dont la création du gouvernement général de l’Indochine, basé à côté de la frontière Sud de la Chine et représentant officiellement la France en Extrême-Orient, était considérée comme un facteur essentiel. Le traité passé en 1885 avec l’empire d’Annam n’était pour les intérêts français qu’une étape provisoire dans la pénétration de l’empire du Milieu ; un moyen, voire un outil : l’Indochine était comparable à l’arc, l’arme économique étant la flèche et la Chine la cible12. L’Annam était considéré comme une base à partir de laquelle la France pouvait déployer son offensive politico-économique en Chine.

    20Dernier point, la stabilité de la ligne frontalière était la condition pour que la France pût établir une relation commerciale fructueuse et contrôlée (sans véritable frontière, pas de douane…) entre le Tonkin et la Chine : c’était l’un des fronts essentiels de la France dans le domaine de l’élargissement de son influence en Chine.

    21Ainsi, théoriquement et pratiquement, il était de toute nécessité de délimiter cette frontière entre la Chine et le Vietnam. Le processus de délimitation fut effectué par deux commissions, française et chinoise.

    Le processus de délimitation frontalière entre la France et la Chine

    Les difficultés initiales

    22Le travail de délimitation frontalière s’apparenta en réalité à un bras-de-fer entre la puissance française et la puissance chinoise ; chacune des deux parties mit de l’opiniâtreté à l’infléchir à son avantage.

    23Partageant un même désir, les deux gouvernements voulurent au début aller vite et crurent qu’il serait possible de terminer rapidement le processus de délimitation. C’était précisément pour cela que l’article 3 du traité de Tientsin précisait : « Dans un délai de six mois, des Commissionnaires des deux parties se rendront sur les lieux pour reconnaître la frontière entre la Chine et le Tonkin […] ». Mais, dans les faits, l’affaire se révéla beaucoup moins simple qu’on l’avait imaginé à Paris. La délimitation et l’abornement devaient durer plus de dix ans, de 1885 à 1895, à cause de plusieurs difficultés complexes surgies de l’un ou l’autre côté ou des deux à la fois.

    24D’abord, il fallut surmonter les oppositions internes aux pouvoirs gouvernementaux français, et celles qui minaient les relations des pouvoirs locaux et du pouvoir central en Chine, puis surtout les divergences immédiates entre les deux parties.

    25Du côté français, il y avait une opposition entre l’armée et la diplomatie. Le Quai d’Orsay et le ministre des Affaires étrangères Freycinet étaient d’accord avec la politique d’occupation entière du Tonkin retenue par le gouvernement français. En revanche, le général de Courcy, résident général et commandant en chef en Annam, ainsi que le ministère de la Guerre entendaient pratiquer une politique d’occupation restreinte, limitée au delta du fleuve Rouge et à ses abords immédiats, laissant s’établir dans la haute région du Tonkin une sorte de no man’s land, abandonné ainsi aux bandes d’irréguliers chinois13.

    26En effet, la délimitation de la frontière impliquait une occupation réelle de la haute région du Tonkin aux conséquences considérables. Pour occuper la haute-région, où ces bandes chinoises s’étaient solidement incrustées, il fallait installer des garnisons françaises dans tous les points nécessaires de la zone frontalière ; cela posait le problème du ravitaillement de ces troupes. Le réaliser par des convois de coolies, selon le modèle adopté pendant des années, serait ruineux en argent et en hommes, si bien que la construction d’une voie ferrée Hanoi-Langson devenait indispensable — malgré l’absence de crédits. Surtout, la France allait s’engager, au moment même où l’opinion française réclamait la fin de toute grande opération militaire et où le gouvernement limitait les crédits du corps expéditionnaire, dans une longue lutte contre les bandes chinoises ; cette lutte, visant la sécurisation réelle de la haute-région, pourrait prendre une dizaine d’années, requérant la plus grande partie des forces militaires consacrées à l’Indochine, avec donc les répercussions que cette polarisation sur la haute-région aurait sur la « pacification » des régions peuplées des plaines14.

    27Pour marquer son opposition au Quai d’Orsay, le général de Courcy refusa de fournir les escortes nécessaires à la protection de la commission de délimitation frontalière. Cette réaction ralentit le processus. Il faut noter que cette divergence d’appréciation entre l’armée et la diplomatie fut récurrente et trouva à se manifester à chaque période et dans chaque secteur concerné par le processus de la délimitation frontalière15.

    28Du côté chinois aussi, la fixation de la frontière mettait en jeu des problèmes politiques complexes, liés aux oppositions de clans et de personnes et aux conflits entre pouvoirs locaux et pouvoir central. Le grand conseiller Ly Hung Chang, l’un des plus hauts dignitaires de la cour de Pékin, représentant du pouvoir central, ne pouvait pas décider lui-même de tout, entravé qu’il était par l’action hostile des représentants des pouvoirs locaux, en particulier de Zhan Zhi Dong, le vice-roi des deux Guangs. Vu sa position, Ly Hung Chang pouvait régler beaucoup de problèmes à Pékin, mais sur place, le long de la frontière, les autorités provinciales étaient à même, dans les faits, d’imposer une autre politique. Zhan Zhi Dong était en fait le principal rival de Ly Hung Chang sur toutes les questions de politique extérieure ; il incarnait la résistance aux impérialismes étrangers et mena la guerre contre la France en 1884-1885. C’était pour cela que les commissions française et chinoise se heurtèrent à bien des difficultés sur la frontière, en particulier celle du Guangdong16.

    29Mis à part ces divisions intestines de chaque côté, il y avait surtout opposition d’arguments français et chinois sur la logique même de la rectification de la ligne frontalière. L’article 3 du traité de Tientsin avait évoqué la possibilité de procéder, si besoin était, à « des rectifications de détail qu’il pourrait y avoir lieu d’apporter à la frontière actuelle du Tonkin ». Les Français et les Chinois firent d’emblée des interprétations très différentes de cette indication.

    30Pour la Chine, c’était une invitation à de profonds remaniements, considérés dans le principe comme de justes compensations territoriales aux abandons politiques qu’elle consentait par ailleurs17.

    31Tel fut l’argument de Ly Hung Chang, le représentant de l’Empire chinois. Il expliqua à l’amiral Rieuner : « La France a obtenu beaucoup en ayant le Tonkin, pays vassal de la Chine depuis six cents ans, et ce par mon intermédiaire. Cela m’a procuré beaucoup d’ennuis ; une compensation sous la forme d’une petite cession de territoire sur la frontière de l’Annam me semble nécessaire18. »

    32Ce discours tenait compte d’un ensemble complexe de facteurs. Ly Hung Chang s’était forgé auparavant une opinion apparemment différente, pour autant que, au moment où la France s’emparait du Tonkin, la Chine devait faire face à des aléas plus graves, comme la révolte en Corée et les incidents entre les troupes japonaises et chinoises, la guerre sino-française en général, l’achèvement de l’occupation de la Birmanie par le Grande-Bretagne, etc. Pour lui, « le Tonkin [était] un coin de terre inutile qui ne [valait] pas la peine de se battre contre la France avant que la Chine ne soit parvenue à se renforcer19. » La situation en Corée « était plus cruciale pour la défense de […] Pékin », avait-il dit le 28 septembre 1883 durant les négociations entre la Chine, la France et le Vietnam20. Cependant trois ans après, il fit montre d’intransigeance concernant la délimitation de la frontalière sino-vietnamienne. Le 24 juillet 1886, la convention anglo-chinoise relative à la Birmanie et au Tibet, touchant là aussi le problème de délimitation frontalière, mena Ly Hung Chang à pousser en avant son idée de rectification frontalière sino-vietnamienne. C’est que toute concession faite à la France risquait d’avoir des répercussions dans la négociation ultérieure avec l’Angleterre et, inversement, tout avantage obtenu par la Chine du côté du Tonkin serait un atout du côté birman. Georges Cogordan, plénipotentiaire français à Pékin, rapporta à l’issue d’une conversation avec Ly Hung Chang que, selon ce dernier, l’Angleterre voulait établir des relations entre la Birmanie et le Yunnan et réclamerait « sur la frontière de Birmanie les mêmes avantages qui nous [aux Français] seront concédés sur celle du Tonkin21.

    33Les affaires de Corée incitaient Ly Hung Chang à régler sans encombre le problème sur la frontière du Sud pour disposer du maximum de forces au Nord-Est. Par contre, celles de Birmanie le poussaient à l’intransigeance envers la commission de délimitation frontalière française. En tout état de cause, l’opinion de Ly Hung Chang qu’il fallait exiger une cession de territoire frontalier du Tonkin à la Chine allait peser sur toute la première phase de la délimitation frontalière sino-vietnamienne, jusqu’en 1887.

    34Avant toute coopération des deux commissions, les Chinois insistèrent donc sur ce point qu’« il [fallait] avant tout examiner quels changements il serait nécessaire d’y faire [à la frontière]. » Faisant fonds sur l’expression « rectification de frontière » présente dans l’article 3 du traité de Tientsin, les Chinois entendaient ceci : « Par le mot de rectification de frontière contenu dans le traité nous n’entendons pas seulement de petites modifications comme celles qu’entraînerait le rattachement dans l’une ou l’autre frontière de petites collines ou de parcelles de terrain ; il s’agit ici de donner des frontières au Tonkin qui est un vaste pays. Dans le traité on parle des frontières actuelles du Tonkin, mais on ne parle pas de celles de la Chine22. » De plus, ils considéraient que la Chine avait signé le traité de Tientsin dans un esprit positif, qui n’allait pas de soi, pour assurer la paix entre les deux pays. La Chine avait « donné » à la France tout le pays d’Annam, et pour maintenir les relations d’amitié, la France ne devait pas empiéter sur la frontière de la Chine. Le désir de la Chine limitait toute rectification frontalière à la seule frontière du Tonkin ; seul ce territoire pouvait être touché.

    35La commission française avait naturellement une interprétation totalement différente. Selon elle, le Tonkin avait appartenu depuis toujours à l’Annam en tant que tel, pas à la Chine, et donc la Chine ne l’avait en aucun cas donné à la France. S’agissant de « rectification frontalière » éventuelle, la France se conformerait aux données historiques et géographiques et à son appréciation des besoins stratégiques futurs de la France. Elle n’acceptait donc pas les prétentions chinoises, qu’elle jugeait inadmissibles : « La ligne de la frontière d’un pays étant en même temps celle du pays adjacent, on ne saurait parler évidemment de la frontière du Tonkin sans parler de celle de la Chine. Si des modifications de détail ne devaient se faire qu’uniquement aux dépens du Tonkin, où serait l’intérêt commun des deux pays23 ? »

    36D’autre part, la France entendait par l’expression « rectification de détail » toute « petite rectification » envisageable qui pourrait devenir effective ou non, cela dépendait de l’accord entre les deux commissions : « Le traité ne dit pas qu’on doive nécessairement rectifier la frontière mais qu’on pourra y apporter, s’il y a lieu, des rectifications de détail. La commission n’a pas à refaire les frontières du Tonkin mais tout au plus à y apporter quelques modifications de détail lorsque les deux délégations tomberont d’accord qu’il y ait lieu, dans un commun intérêt, d’échanger, par exemple, quelques villages ou quelques parcelles de terrain24. »

    37Ce conflit d’interprétation apparut comme la plus grande difficulté à surmonter. Mais, en plus des oppositions d’arguments des deux pays, les commissions française et chinoise durent affronter les problèmes qui trouvaient leurs racines dans les données de la géographie physique et humaine de la zone frontière.

    38La haute-région du Tonkin présente, en effet, des conditions physiques extrêmement complexes : structure de relief des plus tourmentée, chemins sinueux et raboteux, végétation tropicale avec des jungles et des forêts, climat tropical avec des moussons et une forte humidité, tout cela rendant les communications et les ravitaillements très difficiles pour les forces françaises et constituant un environnement idéal pour les forces adverses. Qui plus est, ce pays pauvre et très peu peuplé n’offrait que de maigres ressources aux troupes d’occupation, qui dépendaient du ravitaillement apporté péniblement et à grand frais de leurs lointaines bases arrière.

    39En outre, les autorités coloniales héritaient d’une situation sociale difficile. Comme on l’a noté, l’influence de l’empire d’Annam avait toujours été faible et indirecte dans la région frontalière. Un système social de type encore féodal se traduisait par l’existence de vastes domaines obéissant à une famille dont l’attitude entraînait l’allégeance ou la révolte vis-à-vis du pouvoir d’État, qu’il s’agisse de l’empire d’Annam ou du pouvoir colonial. L’autorité extérieure du pouvoir central ne pouvait l’emporter qu’en respectant un jeu complexe de tractations diplomatiques et de manifestations de force ; un jeu que pratiquait depuis des siècles la monarchie vietnamienne et que les officiers français furent amenés peu à peu à perpétuer. Mais il fallut un certain nombre d’années pour que ces officiers comprennent intimement cette réalité complexe et se dotent des moyens de la maîtriser, en rupture avec les formes classiques de la conquête qui avaient donné lieu à des opérations coûteuses et inefficaces25. Cette situation locale aux règles opaques était bien sûr compliquée encore par la forte implantation chinoise enregistrée depuis les années 1860 ; la Chine était dans la place, de manière là encore assez insaisissable et au moment où il fallait faire la preuve qu’elle n’était pas chez elle…

    40Enfin, la commission de délimitation frontalière rencontra encore des obstacles concrets, qui surgirent pendant le processus de travail : les cartes des uns et des autres portaient des noms de localités différents en chinois et en annamite (par exemple : Lang-son/Leang-chou ; Cao-bang/Kao-ping) ; les tracés délimités sur les divers croquis ne concordaient pas ; aucune des cartes que possédait la France ne donnait les noms chinois. Tout cela poussait à des interprétations confuses rendant encore plus aléatoire l’entente des deux parties.

    Le processus de délimitation en lui-même

    41Malgré la volonté des deux gouvernements de mener rapidement à bien le processus de délimitation de la frontière sino-vietnamien, la délimitation et l’abornement durèrent plus de dix ans, de 1885 à 1897.

    42Dès le 14 août 1885, deux mois après le traité de Tientsin, la commission française fut nommée26. Elle était présidée par Bourcier de Saint-Chaffray, remplacé en mai 1886, par Dillon. Parmi ses membres : le colonel Tisseyre, le capitaine Bouinais, le docteur Neis (explorateur connu27) et Pallu de la Barrière (les deux dernières personnes étant membres supplémentaires secrétaires28).

    43Quant au côté chinois, le 1er septembre, Patenôtre, de Pékin, avertit que la commission chinoise était elle-aussi nommée29.

    44Le processus de délimitation de la frontière sino-vietnamienne progressa en trois temps :

    45De janvier à avril 1886, les deux commissions se rencontrèrent à Dongdang (Langson) pour délimiter la frontière du Guangxi.

    46De juin à novembre 1886, elles se rencontrèrent à Laokay pour la frontière du Yunnan.

    47De novembre 1886 à avril 1887, elles se rencontrèrent à Monkay pour la frontière du Guangdong et la délimitation du golfe du Tonkin.

    48Le processus de délimitation de la frontière sur ces trois secteurs se heurta tant aux difficultés générales énumérées ci-dessus qu’à celles que réservaient les caractéristiques de chacun de ces secteurs géographiques.

    49La délimitation de la frontière du Guangxi. La négociation s’ouvrit donc le 7 janvier 1886 à Dongdang entre les deux commissions, française et chinoise. Toutefois, avant ce moment, la commission française avait dû face à des embarras, conséquences des divergences entre dirigeants français. Courcy, le résident général et commandant en chef en Annam et au Tonkin, représentant de la force armée, n’était guère intéressé par la délimitation. Ayant l’intention bien arrêtée de ne pas occuper la haute-région du Tonkin, jugeant d’ailleurs cette opération impraticable, il ne fournit pas tout de suite les moyens indispensables à la commission pour se rendre au lieu de rencontre avec la délégation chinoise. Saint-Chaffray, le président de la commission, pria alors instamment le ministre des Affaires étrangères de peser sur Courcy et de l’enjoindre, au besoin impérativement, à aider les diplomates à se rendre au lieu de rendez-vous. Finalement, le ministre des Affaires étrangères fit prescrire à Courcy de préparer sans retard la marche de la délégation sur Langson. Ces aléas retardèrent l’ouverture de la négociation.

    50Dès la première séance, le 7 janvier 1886, se firent jour entre les deux délégations les différences d’appréciation sur « les prétentions chinoises de cession territoriale » et sur les « moyens de la délimitation ». La délégation chinoise exprima ainsi son point de vue : « Autrefois, il n’y avait pas sujet de se préoccuper de la frontière : l’Annam étant dans la dépendance de la Chine, une ligne de démarcation entre les deux pays n’était pas nécessaire, et de fait, beaucoup de lieux du Tonkin étaient occupés par des soldats impériaux. Le Céleste Empire désire avoir avec la France une paix et une amitié perpétuelles. Pour cela, comme le traité cède tout l’Annam à la France, il est nécessaire que la Chine obtienne de son côté quelques concessions territoriales. C’est dans ce but que l’article 3 du traité prévoit des rectifications. D’ailleurs, l’Annam était un voisin inoffensif, tandis qu’il faut compter aujourd’hui avec la France qui est une grande puissance30. »

    51Par contre, dans la pensée de la délégation française, l’expression de l’article 3 ne pouvait pas impliquer la substitution d’une frontière nouvelle à la frontière historique : c’était celle-ci seulement qu’il s’agissait et qu’il importait de déterminer : quant aux rectifications qu’il pourrait y avoir lieu d’y apporter dans l’intérêt commun des deux pays, ce ne pourrait être que de « petites rectifications. »

    52La délégation chinoise voulait commencer par rectifier la frontière selon ses prétentions, et ensuite reconnaître sur le terrain cette nouvelle frontière. Du côté français, on refusa la demande chinoise et on proposa de se conformer strictement au traité qui prescrivait de reconnaître d’abord, d’aborner ensuite et enfin de s’entendre sur les rectifications de détail qu’il pourrait y avoir lieu d’apporter à la frontière actuelle du Tonkin dans l’intérêt commun des deux pays.

    53La province chinoise du Guangxi a une frontière commune avec les provinces vietnamiennes de Caobang et de Langson. Avant la pénétration française dans la haute-région du Tonkin, cette région frontalière était saturée de troupes chinoises ; le relâchement administratif de l’empire d’Annam laissait en fait la région sous l’influence quasi totale des Chinois. De plus, cette région, notamment la province de Langson, a une position géographique très importante sur les deux plans militaire et commercial ; elle est considérée comme une clef au nord du delta du Tonkin. En fonction de ces divers éléments, on ne s’étonnera pas qu’avant tout engagement opérationnel, la délégation chinoise ait demandé que la place de Langson fût englobée par la nouvelle frontière chinoise31.

    54Le processus de délimitation progressa néanmoins pendant trois mois, les contestations récurrentes partant toujours, essentiellement, des demandes de cessions territoriales exprimées du côté chinois et systématiquement renouvelées dans toutes les séances de négociation. Les Français opposaient un refus sans ambages : « Il suffit de remarquer que la superficie du territoire dont ils nous demandent l’abandon représente approximativement quatorze mille kilomètres carrés, soit à peu près l’équivalent des trois départements Savoie, Ain et Doubs32. »

    55Les délégués chinois tenaient avant tout à une grande cession territoriale sur la frontière de Langson et Caobang. Lors de la séance du 12 janvier 1886, la commission chinoise exigea que les deux commissions fixent immédiatement Langson comme frontière de la Chine : « Les pays fertiles qui se trouvent au sud de Lang-son resteraient tous en possession de la France. Les pays au nord de Lang-son pauvres et peu fertiles appartenant à la Chine33. » L’argument de la délégation chinoise était inadmissible pour le côté français. Langson appartenait en fait à l’Annam et n’était pas un point frontière. Lors des séances suivantes, la délégation chinoise n’en persista pas moins dans sa demande et en formula de nouvelles.

    56Durant la séance du 17 janvier 1886 à Dongdang, la Chine demanda une rectification autour de la porte de Namquan : « Nous avons besoin d’avoir, en dehors de notre porte, une petite zone de terrain qui ne vous appartient pas. Nous ne serions pas chez nous si notre territoire s’arrêtait juste à la Porte de Chine de Nan-Kouan ; c’est une trop faible barrière pour nous protéger34. »

    57Durant la séance du 27 janvier 1886, tenue précisément à la porte de Namquan, la délégation chinoise fit savoir que si elle consentait à diminuer ses prétentions, la France devrait aussi faire quelques concessions. D’après les Chinois, le traité indiquait que la frontière devait passer au nord de Langson et au nord de Caobang car, selon le traité, il pourrait se faire des échanges entre l’Annam et la Chine par un point au nord de Langson et un au nord de Caobang35 : « Les régions au nord de Cao-bang et autour de Tien-yen sont habitées par de nombreux Chinois et les populations ont adressé des pétitions dans le but d’être rattachées à la Chine. Les habitants de That-khe ont manifesté les mêmes sentiments. » Ainsi s’exprima Hart, délégué de la Chine au cours de l’entretien tenu à Dongdang entre lui et le colonel Tisseyre, délégué français36.

    58Le 17 février à Dongdang, il y eut une nouvelle entrevue entre les deux délégations. La délégation chinoise précisa ses demandes : « Dong-dang appartenait à la Chine. Entre Haininh et Packlung le territoire serait chinois : la frontière partirait de Haininh, suivrait la ligne actuelle jusqu’à hauteur du parallèle de Lang-son ; à partir de ce point, elle s’avancerait d’environ 1 500 mètres sur le territoire tonkinois parallèlement à la frontière actuelle et arriverait ainsi jusqu’au point où la rivière Ki-cung (Song-ki-cung) entre en Chine. À hauteur de Dong-dang elle ferait un crochet englobant cette localité qui resterait chinoise. À partir du point où la rivière Ki-cung entre en Chine elle suivrait la ligne actuelle jusqu’à la limite du Yun-nan ; le village de Paolo (Bao-lac), situé vers cette limite deviendrait chinois37. »

    59Dès le lendemain, le résident général de Hanoi envoya un télégramme pour récuser la proposition de la Chine. D’après lui, la vallée du Song ky cung appartenait au Tonkin jusqu’au-dessous de Thatkhe : « nous ne devons rien céder38. »

    60La délégation française avait beau vouloir terminer rapidement le processus de délimitation frontalière, elle n’entendait pas se soumettre aux prétentions des Chinois, qui restaient foncièrement inacceptables, notamment celle portant sur Dongdang. En effet, le village de Dongdang a une situation stratégique très importante pour le Tonkin. Il se trouve à deux kilomètres et demi de la porte de Namquan, sur la route mandarine qui mène à cette porte et d’où se détache, à la hauteur du village même, la route de Langson à Thatkhe. Les fortifications du camp militaire de Namquan commandent tout aussi bien le village que la route. Dongdang commande donc la route de Langson à Thatkhe. Sans le contrôle de Dongdang il n’y avait plus de communication possible entre Langson et That-khe. De plus, c’était un marché auquel se rendaient les habitants voisins et un centre de commerce fréquenté depuis un temps immémorial par les populations annamites de toute la région. Pour toutes ces raisons, la France ne pouvait pas céder cette place à la Chine, même si cette dernière faisait miroiter les avantages commerciaux dont la France bénéficierait après cette cession.

    61Le 26 février à Namquan, au cours de la réunion officielle, la délégation chinoise réitéra sa proposition : une avancée de 10 li (5 760 mètres39) d’Haininh à Thatkhe tout le long à la frontière, et une avancée de 30 li (17 280 mètres) au nord de Thatkhe jusqu’à la limite du Yunnan. Et derechef, la délégation française refusa cette modification et cet agrandissement du territoire chinois.

    62Force fut de constater, après deux mois de pourparlers et de démarches, que la commission de délimitation frontalière ne parvenait à aucun résultat. Ses travaux étaient entravés, depuis le début, par la prétention de la délégation chinoise d’obtenir, sous prétexte de rectification, la cession à la Chine d’une importante étendue de territoire tonkinois. Ensuite, les commissaires impériaux refusaient d’aller reconnaître la frontière actuelle avant qu’il soit procédé à cette large cession de territoire. La commission ne put trouver de réponse efficace à cette prétention. Pour finir, les deux délégations durent en référer à leur gouvernement. En réponse, un décret de l’empereur de Chine invita Teng, le président de la délégation chinoise, à procéder à la reconnaissance de la frontière actuelle avant de s’occuper de rectification. Cependant, cette prescription ne fut pas respectée, le côté chinois alléguant le mauvais temps, les difficultés sur le terrain, l’impossibilité de procéder à des opérations de reconnaissance. Quand la délégation française proposait de reconnaître la frontière sur la carte, la délégation chinoise s’y opposait, sauf à opérer rectifications et reconnaissances en même temps.

    63Dongdang et la porte de Namquan restaient toujours le point le plus acrimonieusement contesté. C’est pour en traiter que, le 15 mars 1886, la séance de la commission de délimitation s’ouvrit à Dongdang. D’après le rapport de Saint-Chaffray, l’empiètement revendiqué par les Chinois était sur certains points de près de deux kilomètres. Les Chinois considéraient que le territoire chinois s’étendait jusque là et que cela n’appelait aucune contestation.

    64S’agissant du passage de la frontière près la porte de Namquan, les deux délégations se rendirent à Namquan même le 21 mars 188640. Elles tombèrent d’accord que « le point qui se trouve en avant de la porte de Nan-Kouan à cent mètres à cette Porte, à l’endroit où la route conduisant de Nan-Kouan au village annamite à Dong-dang coupe un petit ruisseau est un point de la frontière. Il a été reconnu également que le pic appelé Kiéou-tché-chan, situé au nord-est de la porte de Nan-Kouan et au sud d’un piton couronné par un fort chinois est un point par lequel passait la frontière41 ». Mais entre ces deux points, la Chine et la France ne purent pas se mettre d’accord sur un tracé unique, bien qu’on ait interrogé les habitants depuis longtemps installés dans la région. Enfin, les deux délégations acceptèrent que cette contestation soit soumise aux deux gouvernements pour qu’ils en décident en dernier ressort. [Voir croquis 1, ci-contre.]

    65Le 7 avril 1886 à Namquan, la commission reconnut que « la frontière chinoise se [situait] à partir du point situé à cent mètres en avant de la Porte de Nan-Kouan, sur la route de Nan-Kouan à Dongdang42 ». La commission détermina aussi la frontière de Thatkhe jusqu’à la limite du Yunnan.

    66Ainsi, après trois mois de travail, la délimitation frontalière du Guangxi par la commission franco-chinoise se trouva achevée.

    67Le côté chinois essaya de profiter de son avantage commercial pour exercer une pression sur les Français en vue d’obtenir — toujours — des cessions de morceaux du Tonkin à la Chine. Lors de l’entrevue du 19 février à Namquan entre les deux délégations, L. L. Wang, représentant de la délégation chinoise, indiqua que, si la France acceptait les demandes chinoises de cession territoriale, la Chine allait « en échange concéder des avantages qui pourraient être la détermination de trois points commerciaux sur la frontière du Guangxi43 ».

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    Croquis 1. La contestation de la délimitation frontalière de la porte de Namquan entre Langson (Vietnam) et Guangxi (Chine) en 1886. Source : MAE, Mémoires et Documents, Asie, Indochine, Volume 70 (1886-1887)

    68Les Chinois persistaient dans leur prétention de cession à la Chine d’une large étendue de territoire tonkinois sous prétexte que « la frontière historique sino-vietnamienne est en effet parfaite depuis un temps immémorial et [qu’] il est nécessaire de reconnaître du fait des rectifications prévues parle traité. C’est pour cela qu’il faut d’abord rectifier, et ensuite reconnaître sur le terrain la nouvelle frontière44 ».

    69Du côté français, on portait en fait une attention privilégiée à l’obtention de satisfactions commerciales en Chine. En témoigne le fait qu’en même temps que se déroulait le processus de délimitation frontalière du Guangxi, une négociation commerciale réunissait à Pékin Cogordan, le ministre français, et Ly Hung Chang sur la question des points de commerce à ouvrir sur la frontière du Guangxi. Le 11 février 1886, Cogordan envoya un télégramme à Saint-Chaffray pour marquer « qu’il serait bien utile de déterminer au moins les localités à ouvrir au Commerce45 ». Un télégramme de Tisseyre à Saint-Chaffray du 20 février 1886 ajouta : « Dans le traité de commerce nous pourrons chercher l’équivalent de nos concessions. Il nous appartiendra de tirer parti de cette situation pour les avantages commerciaux46. »

    70Si le problème de la délimitation de la frontière du Guangxi avait si bien été pesé au trébuchet par les deux délégations, c’est parce qu’il représentait le premier pas du processus de délimitation. Le résultat allait certainement influer sur la suite. Dans son rapport au ministre des Affaires étrangères, Saint-Chaffray écrivit : « Le demande actuelle de la délégation chinoise de cession de territoire sur la frontière du Guangxi n’est que le prélude de demandes analogues sur les frontières du Guangdong et du Yun-nan47. »

    71En résumé, après trois mois de délimitation de la frontière, d’après le rapport de la délégation française, « la délégation française a réussi, grâce au concours de Cogordan à amener les commissaires impériaux à renoncer à leurs prétentions, [concernant] une des clauses essentielles, celle par laquelle la Chine a fait abandon à la France de tous ses prétendus droits sur une partie quelconque du Tonkin. La Délégation impériale s’est vue contrainte de s’exécuter48 ». [Voir le croquis no 2, p. 87.]

    72Après quelques difficultés, la commission de délimitation du Guangxi signa, le 17 avril 1886, les cartes et les procès-verbaux relatifs à la délimitation sur une étendue de cent vingt kilomètres. Les travaux devaient reprendre au commencement de novembre à Haininh, pour la délimitation de la frontière du Guangdong.

    73La délimitation de la frontière du Yunnan. Rentrée à Hanoi le 24 avril, la délégation française se disposa à remonter le fleuve Rouge pour entreprendre, en attendant, la délimitation du Yunnan. Mais sur ces entrefaites, Saint-Chaffray, le chef de la délégation française, malade, fut obligé de rentrer en France et Dillon, le résident supérieur de Hué, prit la présidence.

    74La commission française partit pour Laokay à la fin de mai 1886 et rencontra la commission chinoise à la fin du mois de juillet. Il faut préciser que la ville de Laokay ne fut occupée par des troupes françaises que dans les premiers jours d’avril. Le pays donc était loin de présenter les garanties de sécurité qui eussent été nécessaires pour l’exécution des travaux de la commission. De plus, le 19 août 1886, pendant que la délégation française remontait le fleuve Rouge dans la partie où il forme la limite des territoires de l’Annam et du Yunnan, l’escorte fut attaquée. Cet événement et les difficultés naturelles (le relief accidenté, les pluies, etc.) poussèrent les deux délégations à accepter la délimitation sur cartes.

    75La délégation française débarqua à Laokay le 21 juin 1886. Mais le processus de délimitation ne put commencer tout de suite à cause du retard des délégués chinois. La première réunion officielle de la commission eut lieu le 23 juillet 1886. L’accord entre les deux délégations s’établit assez vite sur la marche des travaux : d’abord, la reconnaissance du fleuve Rouge jusqu’à Long-po ; ensuite, la délimitation de la frontière à l’est de Laokay et aussi loin que possible.

    76Comme ce fut le cas pour la délimitation du Guangxi, la délégation chinoise voulait traiter d’abord la question des « rectifications ». Les délégués chinois entendaient commencer la délimitation par la reconnaissance de l’ancienne frontière de la Chine. Autrement dit, ils demandaient la « réintégration au Yun-nan d’un territoire de plus de mille kilomètres carrés de superficie » s’étendant au sud de Ma-pei-kouan jusqu’au Tou-tchéou-ho, rivière qui passe au sud du village de Hoang-chou-pi. [Voir croquis 2.] D’après des documents historiques chinois, ce territoire avait été gracieusement cédé à l’Annam vers l’an 1728 par l’Empire chinois dans le but de récompenser le monarque annamite de sa soumission et de son respect pour le trône impérial. « La situation entre les deux pays limitrophes se trouvait aujourd’hui radicalement modifiée, l’acte de 1728 n’avait plus sa raison d’être. Par suite, les commissaires impériaux devaient exécuter l’ordre de leur Cour et obtenir, avant tout examen ultérieur de la frontière, l’abandon au profit du Yun-nan de tout le terrain dont il s’agissait49. »

    77La commission française rejeta cette prétention. Selon son interprétation, l’article 3 du traité de Tientsin ne mentionnait en aucune façon la frontière qui existait au commencement du dix-huitième siècle ; il n’était applicable qu’à la frontière existant au moment de sa signature, frontière à laquelle aucun changement ne devait être apporté qu’après reconnaissance sur place. En outre, à s’en référer à l’histoire de l’Annam, on ne pouvait guère envisager qu’une cession de 40 li (environ 23 kilomètres) au sud de Ma-pei-kouan. Finalement, la délégation chinoise accepta que l’on procédât à la reconnaissance de la frontière présente. L’accord établi sur les principes, les délégations se mirent en route pour effectuer ce travail de délimitation. Mais le mauvais temps et le harcèlement de la délégation par des irréguliers chinois tout au long du parcours firent obstacle.

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    Croquis 2. La zone contestée de la frontière du Yunnan en 1887. Source : MAE, Mémoires et Documents, Asie, Indochine, volume 62 (1887)

    78Le 19 août 1886, la délégation française fut attaquée par une bande armée ; cet incident convainquit les délégués de rentrer à Laokay, non sans nourrir le fort soupçon que les commissaires impériaux étaient instruits des dangers qui les menaçaient et pesaient sur la délimitation en général. De plus, la commission se voyait entravée par la désobéissance des maires ou notables des villages chinois circonvoisins. Pour finir, la commission se mit d’accord pour délimiter la frontière par la comparaison des cartes disponibles de l’un et de l’autre côté.

    79Procéder ainsi laissait à désirer en raison de la différence des sources et références historiques. Le côté français n’avait pas suffisamment de preuves précises à l’appui de ses thèses, qu’il s’agisse de cartes, de notations diverses susceptibles d’établir que le territoire qui va de l’est du fleuve Rouge jusqu’au Guangxi, principalement à l’est de la rivière Claire, était la propriété de l’Annam. À l’opposé, la délégation impériale disposait de documents complets et exacts. Ce n’est pas pour cela que la délégation française était disposée à accepter le tracé que la délégation chinoise avait de quoi défendre sur certaines parties de territoire…

    80Pour finir, la délimitation de la frontière du Yunnan se fit selon des principes acceptés de part et d’autre, le 28 août 1886, sous réserve qu’elle ne deviendrait exécutoire qu’après l’approbation de chaque gouvernement.

    81Cette frontière fut divisée en cinq sections. Dans le processus de délimitation, la délégation chinoise avait la prétention de reprendre au profit de la Chine le territoire qui s’étend de Ma-pei-Kouan au Tou-chéou-ho. Il s’agissait d’une superficie de plus de mille kilomètres carrés. Les délégués français y voyaient une « véritable cession de territoire » et non une rectification en bordure50. Cette exigence de la délégation chinoise, formulée par écrit, fut envoyée au gouvernement français. Ce qui montre bien que la question était réellement importante pour les deux pays. [Voir croquis 3, p. 90.]

    82Côté français, la position de Laokay avait été plusieurs fois signalée comme intenable, face des forts chinois qui la tenaient sous leur feu du haut des pitons du Nam-si (Chine). La conservation de ce poste s’imposait cependant au protectorat, à des fins fiscales et pour la surveillance du haut fleuve. La possession du promontoire situé en amont de Laokay entre le fleuve Rouge et le Nam-si pouvait donner à l’établissement la solidité qui lui manquait pour l’heure.

    83Quoi qu’il en soit, la demande de rectification faite par la délégation chinoise ne fit l’objet d’aucun engagement de la part de la délégation française. Le gouvernement français se retrouva donc vis-à-vis d’elle dans une liberté d’action pleine et entière.

    84Le 19 octobre 1886, les signatures des procès-verbaux et des croquis furent échangées à Laokay.

    85Cependant, il fallait aborder une question posée pendant le processus de délimitation de la frontière du Yunnan : les agissements contre la délégation française des chefs locaux chinois, notamment Tsen Com Pao, le vice-roi du Yunnan, qui fournissait aux bandes chinoises armes et munitions. D’ailleurs, le commerce des fusils se faisait publiquement au Yunnan et dans le voisinage outre frontière, malgré les règlements qui interdisaient formellement ce commerce dans toute la Chine. Le vice-roi prétendit que Phongtho et Laichau appartenaient à la Chine ; en juin 1886, il fit afficher une proclamation selon laquelle Phongtho appartenait au Yunnan. De plus, en avril 1886, des soldats réguliers reçurent mission du même vice-roi de planter des bornes sur les bords de la rivière Tanthuy, en plein terrain annamite. Ces bornes portaient la mention gravée que le territoire du Yunnan commençait là. Les commissaires impériaux, embarrassés, assurèrent avec quelque bonne foi que les bornes ainsi posées n’avaient aucune signification.

    86Ainsi, le 19 septembre 1886, les procès-verbaux relatifs à la partie de la frontière du Yunnan qui s’étend du fleuve Rouge au Guangxi avaient été signés par les commissaires des deux nations. Quelques points restaient réservés, car un accord complet n’avait pu se faire concernant la région de Tulong et de Phongtho, correspondant aux deuxième et cinquième sections militaires françaises, ainsi que les territoires de Houang-chou-pi (rive droite de la rivière Claire) et de Phongtho et de Laichau (entre le fleuve Rouge et la rivière Noire51).

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    Croquis 3. Le différend de la délimitation frontalière du Yunnan. Source : MAE, Mémoires et Documents, Asie, Indochine, volume 64 (1886-1888)

    87La commission n’avait pu s’entendre avec la délégation chinoise sur le tracé à retenir dans ces territoires contestés. En fait, à cause des difficultés posées par le relief du Yunnan — pays montagneux et broussailleux — sur quelques endroits, la délégation française avait dû se contenter de tracer la frontière sur une carte chinoise. Mais, en réalité, certains des points tracés sur la carte n’existaient tout simplement pas ou ne correspondaient pas à leur emplacement réel sur le terrain. Une difficulté devait ainsi s’élever en 1892 au sujet des limites véritables tracées par la commission d’abornement. En effet, tandis que la convention adoptée par les commissionnaires français et chinois reconnaissait Muongdong (Tulong) comme appartenant au Tonkin, le croquis joint, également revêtu de l’approbation des mêmes commissaires, attribuait ce territoire à la Chine52. À cause de tous ces désaccords, les négociations entre les deux parties rencontrèrent beaucoup de difficultés et finirent par occuper plusieurs années. Ce n’est qu’à la fin de l’année 1893 que la carte d’abornement fut établie in extenso53.

    88Pour hâter la solution de la principale question en litige, les Français consentirent à céder à la Chine un grand espace territorial. Dans un rapport présenté au Sénat, l’amiral Jaurès déclarait : « Nous voulûmes donner à la Chine un nouveau gage de la sincérité de notre amitié, et par une convention signée à Pékin le 26 juin 1887, nous lui cédions la possession de l’enclave importante de Pack-Lung et nous lui consentions l’abandon de la moitié des territoires contestés sur la frontière du Yunnan54. »

    89Prenons l’exemple du canton de Tulong. Il fut l’objet de discussions très vives entre les deux délégations à cause des mines de cuivre qui s’y trouvent. D’après les archives de la cour de Hué55, ce canton avait appartenu autrefois à l’Annam ; le gisement était exploité et ses revenus versés à Hué. Les annales de l’empereur Gia Long indiquaient les redevances versées et achats de métal effectués56. Près de Makwan, à proximité du pont du Tou Chéou Ho, sur la piste de Tulong, on voyait encore une borne frontière avec son texte rédigé en caractères anciens attestant la souveraineté de l’empire d’Annam sur ce territoire57. Cependant, en 1895, la commission d’abornement française finit par laisser la partie la plus importante du canton de Tulong à la Chine. Cette région était désormais divisée en deux ; la partie du canton de Tulong demeurée annamite prit le nom de canton de Tunhan, la commune abandonnée à la Chine étant Binhri58.

    90Cette division du canton a été depuis une source de différends entre les deux pays. Les habitants annamites demeurant dans la commune cédée à la Chine se gardèrent bien d’obéir aux mandarins chinois, en dépit de l’accord entre les deux gouvernements chinois et français. Ils conservèrent le costume annamite, et pour le dire en deux mots ne consentirent jamais à devenir Chinois.

    91Cependant, comme pour tous les autres territoires disputés entre la Chine et la France, chacun restait campé sur ses propres arguments et gardait ses arrière-pensées. Les Chinois considéraient comme une concession de leur part l’abandon d’une partie du canton de Tulong aux Français59. Les deux côtés, chinois et français, s’efforcèrent de retenir et d’attirer les habitants dans leurs territoires respectifs.

    92En résumé, le processus de délimitation et d’abornement aboutit positivement au Yunnan, mais des zones d’ombre subsistèrent que l’avenir devait réactualiser. Le problème de Tulong sera ainsi resoulevé entre la France et la Chine après la Seconde Guerre mondiale. La vérité est que le principal gisement de cuivre de Tulong, laissé aux Chinois, vit son exploitation s’arrêter alors du fait de son peu d’importance60. Jusqu’à ce moment-là, les gisements de cuivre de Tulong n’avaient jamais pu être expertisés par les Européens. Cependant, en juin 1945, le détachement français no 1 profita de sa présence dans la région pour procéder aux études des réserves des gisements de cuivre dont le sergent-chef du génie, A. Bernard, ingénieur des mines et directeur des charbonnages de Tuyen Quang, avait été chargé. Les résultats de ces études furent que « les réserves de gisements ne pouvaient pas se comparer aux grands gisements d’importance mondiale, mais présentaient pour l’Union indochinoise (dont l’actuelle production de cuivre était pratiquement inexistante) la possibilité non seulement d’assurer la satisfaction de tous ses besoins, mais de devenir exportatrice de cuivre61 ». Pour exploiter ces gisements de cuivre, un accord spécifique avec la Chine semblait nécessaire. Le moment pouvait d’ailleurs paraître opportun pour présenter les revendications françaises, dont la principale était la réoccupation des gisements de cuivre laissés à la Chine ; en effet, après la guerre, la Chine demanda à la France une révision des « traités inégaux » susceptible de mener à la disparition des droits français en Chine, à laquelle il fallait parer. Cependant, il ne nous a pas été possible de trouver sur cette question des archives qui fassent état de ces négociations et de leurs résultats.

    93Revenons à notre point de départ. Les deux délégations respectèrent le rendez-vous convenu à Haininh (Mongkay), à côté de la frontière du Guangdong, dans les premiers jours de novembre.

    94La délimitation de la frontière du Guangdong. On peut affirmer que la délimitation frontalière du Guangdong fut la plus difficile des trois étapes du processus de délimitation de la frontière sino-vietnamienne entre la France et la Chine.

    95Les difficultés de la commission débutèrent par le meurtre d’un jeune membre de la commission française, Haitce, et de plusieurs de ses compagnons. Dans la nuit du 24 au 25 novembre 1886, lui et ses compagnons furent attaqués et massacrés à Haininh, en face de Monkay, par des rebelles auxquels étaient associés des réguliers chinois. Les Français attribuèrent aux Chinois, notamment au vice-roi des deux Guangs, Zhan Zhidong, la responsabilité de ce forfait. Mais les Chinois s’empressèrent de décliner toute responsabilité dans ce triste événement62. Afin d’assurer la sécurité des opérations futures de la délégation, les Français dirigèrent sur Haininh des forces imposantes. L’amiral Rièmunie reçut l’ordre de se rendre à Packlung avec une partie de la division navale. De plus, des forces de terre furent rassemblées pour agir contre les bandes chinoises à Haininh et à Monkay. Les rapports entre les commissions française et chinoise sur la frontière du Guangdong se trouvèrent donc plongés dans un climat difficile63.

    96Dès le mois de janvier 1887, avant toute étude, la délégation chinoise affirma sa prétention sur l’enclave du cap Packlung — agitant la menace d’une invasion par des bandes nombreuses du territoire contesté. Cependant, d’après une lettre de Goy, chef du poste de Haininh, au vice-président de France à Quangyen, le 14 octobre 1886, la tentative d’occupation du cap avait eu lieu avant. « Les Chinois qui sont à Trang-son (Tra-co) et à Kong-ping (Congbinh) avec un renfort de cent hommes à Tong-Hon veulent occuper Mong-kay et reculer leur frontière jusqu’à Ké-bao64. » Il demanda que se manifeste l’opposition de la France.

    97La séance du 28 janvier 1887 à Monkay fut tendue. D’abord, la Chine demanda que la France retire ses troupes, qui avaient occupé Kongping depuis l’arrivée de la délégation française, pour éviter un conflit. Naturellement, la France n’accepta pas cette demande : « En principe, nous ne pouvons pas admettre la parité des situations dans le territoire contesté entre la Chine et le Protectorat. Longtemps avant l’arrivée des troupes françaises, le pays était administré par des fonctionnaires annamites et français. Les ressorts de la vice-présidence de Mong-kay s’étendaient avant notre occupation militaire, sur tous les territoires où se trouvent Kong-ping, Trang-song et le cap Pack-lung. Nos droits territoriaux allaient jusqu’à la baie du Longmen, c’est-à-dire bien au-delà du Cap65. » En plus, elle demanda ceci à la Chine : « De Tchouk-san, territoire chinois, au cap Pack-lung, territoire contesté, l’accord a été impossible par la comparaison des cartes et la question sera référée aux deux Gouvernements. Dans l’attente de la réponse des deux Gouvernements au sujet du territoire contesté entre la province de Canton et l’Annam, la France ayant déjà des soldats et des fonctionnaires civils sur ces territoires, on convient d’un commun accord d’y maintenir le statu quo : la Chine ne soulèvera aucune question à ce sujet. Les deux délégations dresseront une carte indiquant nettement quel est ce territoire, objet de la contestation66. »

    98Mais la position de la France ne satisfit pas la prétention de la Chine. D’après cette dernière, le cap Packlung se trouvait manifestement en Chine, et ce cap ne devait pas être porté sur la carte du territoire contesté : « Nous avions depuis longtemps des preuves de notre droit sur le cap : voyages réguliers de notre flotte, établissement de notre poste militaire67 […]. »

    99La dispute au sujet de la zone contestée alla jusqu’au bord de la rupture et de la guerre entre les deux pays. Pendant ce temps, Constans faisait d’énergiques représentations au gouvernement chinois.

    100D’abord, il fallait affronter l’opinion têtue et belliqueuse du côté chinois. « Pour Pack-lung, la Chine se battra plutôt que de céder68. » Les délégués chinois, sous l’influence du ministère, le Tsong li Yamen, ne tenaient pas compte de l’attente d’accord des deux gouvernements sur le territoire contesté, mais sommaient les Français d’abandonner immédiatement leurs prétentions sur le cap et l’enclave, de retirer les troupes françaises de l’enclave, d’agir en faveur des Chinois qui, après l’événement de novembre dernier — le meurtre de Haite (ou Haïtce) —, avaient été expulsés. Ils menaçaient les Français d’un conflit si leurs demandes se heurtaient à une fin de non-retour.

    101La France, selon l’explication de Charles Fourniau dans Les Frontières du Vietnam, eut aussi une attitude agressive : « Le Quai d’Orsay, d’ordinaire peu belliqueux, prescrivit de s’opposer à l’entrée des réguliers chinois sur le territoire contesté, et si toutes les sommations restaient sans effet, “nos troupes devraient être conduites contre l’ennemi”. » Le général en chef envisageait une guerre qui n’était pas pour lui déplaire : « Si la France consentait à faire le gros effort nécessité par ces opérations (contre Canton ou Pékin) pour en finir une bonne fois, ce serait le parti le plus sage et en fin de compte le plus économique car nous n’aurions à faire ici (au Tonkin) qu’une guerre défensive qui nécessiterait des renforts relativement peu importants69. »

    102Cependant, d’autres sources documentaires du ministère des Affaires étrangères montrent que derrière les proclamations agressives du général Munier, selon qui « que nos forces devront être [dépêchées] contre l’ennemi70 », se développait une stratégie diplomatique très élastique et habile des dirigeants du Quai d’Orsay. En réalité, la France ne voulait pas d’une guerre au moment où elle avait surtout besoin d’obtenir une convention commerciale avec la Chine. Elle comprenait aussi très bien que s’il y avait une guerre avec la Chine, celle-ci prendrait une dimension internationale. Ainsi, dans le même temps où le ministre des Affaires étrangères prescrivait de s’opposer à l’installation des réguliers chinois dans l’enclave, le ministre de France à Pékin s’efforça de parvenir à un arrangement à l’amiable avec le gouvernement chinois. Dans le télégramme du 18 février 1887 du ministre des Affaires étrangères à Dillon, président de la délégation française, le chef de la diplomatie exposait clairement sa tentative politique en jouant un « double coup d’échecs ». Il voulait à la fois que des troupes françaises figurassent immédiatement à Packlung — « elles [devraient] y rester et s’y fortifier71 », et que la France acceptât une transaction avec la Chine. « M. Bihourd ne croit pas que nous disposions de forces suffisantes pour risquer un conflit, et il me conseille une transaction. […]. Je vous [Dillon] prie d’étudier avec lui la transaction à laquelle nous pourrons aboutir, si nous y sommes obligés, en sauvegardant nos intérêts essentiels72 ».

    Image

    Croquis 4. Les territoires contestés dans la zone frontalière du Guangdong. Source : MAE, Mémoires et Documents, Asie, volume 64 (1886-1888)

    103Deux jours après, le même donna un ordre au résident général à Hanoi : « Si nos troupes ne sont pas déjà au cap Pack-lung, donnez des ordres immédiats pour suspendre leur mouvement. Il importe d’observer strictement le statu quo, et d’éviter tout conflit ainsi qu’il a été convenu de le faire entre M. Constans et le Tsong li Yamen73. »

    104Ainsi, le risque de la guerre sur le problème du territoire contesté entre les deux pays fut évité par le biais diplomatique. Le 27 février 1887, Constans se mit d’accord avec le Tsong li Yamen pour que les commissaires fixent le plus rapidement possible les points qui ne soulevaient pas de grandes difficultés. Le reste devait être réservé et discuté à Pékin entre le ministre de France et le gouvernement chinois74.

    105Les négociations relatives à la délimitation du Guangdong furent rouvertes entre les deux délégations. Le 29 février 1887, la commission de délimitation frontalière franco-chinoise signa les pièces, cartes et procès-verbaux concernant la délimitation des frontières du Guangdong et du Guangxi, sauf la zone contestée qui était laissée à la négociation à Pékin entre les deux gouvernements. Cet accord portait sur la partie de la frontière qui n’avait pas encore été délimitée. La délimitation s’étendait sur une nouvelle ligne de plus de quatre cents kilomètres. Elle était pour l’essentiel établie sur la base du tracé de la délégation française. Mais il restait une portion de quarante kilomètres où la délégation française acceptait comme base le tracé de la délégation chinoise. Les délégués français expliquèrent cette cession en indiquant qu’ils avaient peu de renseignements sur cette partie, qu’au reste, c’était un pays très montagneux, très peu habité, très peu fréquenté des Annamites et abandonné aux pillards. De plus, « son importance stratégique et commerciale ne nous paraissait pas suffisante pour nous entraîner à tout le moins au renouvellement d’une lutte comme celle déjà engagée pour Kong-ping et Pack-lung75 ».

    106En outre, Dillon expliquait qu’il n’avait accepté de céder une partie du territoire revendiqué par les Chinois qu’en échange de l’avantage obtenu en faveur du tracé français pour le reste. De fait, la délégation chinoise renonça aux diverses prétentions qu’elle avait émises pendant longtemps et accepta le tracé français pour le Guangxi.

    107En résumé, de janvier 1886 à avril 1887 la commission de délimitation de la frontière franco-chinoise se rencontra, discuta, examina et délimita l’essentiel de la ligne frontalière sino-vietnamienne du Guangdong au Yunnan. Le reste, concernant les zones contestées de la frontière du Yunnan, du Guangdong et du golfe du Tonkin fut confié à la négociation entre les deux gouvernements à Pékin.

    108Le règlement des zones contestées. Dès la fin des travaux de la commission, les négociations sur les questions litigieuses laissées en suspens s’engagèrent à Pékin entre le représentant de la France, Constans, et le gouvernement chinois. Trois questions étaient à l’ordre du jour.

    109Premièrement, il fallait aborder le problème de la frontière du Yunnan. Comme on l’a noté, dans le processus de délimitation frontalière du Yunnan, la délégation chinoise avait revendiqué une rectification d’une superficie de plus de mille kilomètres carrés concernant Hoang-chou-pi, Phongtho et Laichau. Selon les arguments avancés par les Chinois, « la Chine devait rentrer en possession de tout le territoire en deçà de la rivière de Do-chu (Tou-tchéou-ho en chinois) qui passe devant Hoang-chou-pi. Cette rectification était la reconstitution de l’ancienne frontière chinoise qui avait été accordée gracieusement à l’Annam du temps de l’empereur Qing vers 172876 ».

    110En opposition, le côté français s’appuyait sur des documents historiques de l’Annam dont il ressortait qu’il n’y avait aucune cession de territoire faite à l’Annam par la Chine dans ce temps-là. Il y avait bien eu une contestation du territoire de cette région entre l’empereur Qing et l’empire d’Annam sur le problème de canton de Tulong où il y avait d’importantes mines de cuivre (voir supra p. 91). La frontière du Yunnan avait été bornée définitivement au bord de la rivière Do-chu en 1728 et les régions de Hoang-chou-pi, de Phongtho, de Laichau (y compris le canton de Tulong) appartinrent dès lors à l’Annam.

    111De plus, d’après l’article 3 du traité de Tientsin, la reconnaissance de frontière devait s’opérer exclusivement sur la base de la frontière actuelle. La Chine n’avait donc aucun droit de demander de revenir à l’ancienne frontière.

    112L’affaire fut réglée à Pékin entre Constans et le Tsong li Yamen L’arbitrage fut le suivant : « Une portion de territoire de Houangchou-pi au Yun-nan compris le canton de Tu-long est attribuée à la Chine, soit une superficie de 600 kilomètres carrés. Quant au Phongtho, soit 1 600 kilomètres carrés, il est attribué au Tonkin77. »

    113La deuxième question portait sur la frontière du Guangdong. Ici, chaque côté avait persisté dans son opinion et la tension était montée jusqu’au risque de basculement guerrier. La raison de l’insistance des deux parties était la valeur stratégique très importante de la zone territoriale contestée. La délégation chinoise avait demandé une « cession de territoire d’une superficie de 1 705 kilomètres carrés78 » correspondant à « l’enclave annamite » qui comprend Kongpinh et le cap Packlung. Ce dernier est un point stratégique de première importance. Il domine Pakoï et toutes les communications fluviales et maritimes du Guangxi et de Canton. Au point de vue commercial, le cap Packlung pouvait, grâce à cette position stratégique, devenir le centre d’un grand marché et l’entrepôt de toutes les marchandises destinées à Monkay ou Akoi et venant du Yunnan, du Guangdong et du Guangxi. De plus, de Packlung on pouvait facilement communiquer par mer avec Haiphong, Hongkong, etc., et, de son côté, Kongpinh (nom chinois de la commune qui dépend de Packlung) était aussi le point le plus important de la navigation intérieure. Son marché était un point d’échange de marchandises entre le Guangdong, le Guangxi, le Yunnan, etc.

    114D’après les Chinois, l’occupation par la France du cap Packlung et de Kongpinh allait non seulement nuire au commerce, mais encore entraîner de graves conséquences pour la sécurité de la Chine : « Les Français ont la supériorité dans le combat sur la mer. Si sur le continent la commission de délimitation chinoise leur cédait quelques points cela n’aurait pas de graves conséquences, mais si la commission leur cédait quelques points stratégiques maritimes il en serait tout autrement. Le fait aurait de graves conséquences pour notre sécurité79. » Voilà pourquoi Kongpinh et Packlung étaient considérés comme un objectif de négociation que la Chine voulait atteindre à tout prix.

    115Du côté français, on disposait de plusieurs documents qui comportaient des preuves de souveraineté de l’Annam sur l’enclave de Packlung : « La géographie chinoise établit que le territoire annamite va jusqu’à Long-men, qu’il comprend le cap. Il en était réellement ainsi jusqu’à ces vingt dernières années ; depuis, le pays entre le cap Pack-lung et Long-men a été occupé par des pirates chinois. Sur le terrain, la vraie frontière chinoise était et est encore marquée par un cordon de postes en dehors duquel se trouvent l’enclave et le cap. Le cap Pack-lung est une dépendance de la principale commune de l’enclave. Étant prouvé que cette commune est annamite, le cap l’est aussi80. »

    116La vérité est que le résultat de la négociation à Pékin ne dépendait pas du tout des documents historiques… La Chine finit par obtenir satisfaction.

    117La troisième question était le problème du golfe du Tonkin. À s’en tenir aux documents historiques, chinois comme annamites, il devait y avoir consensus : le Dia Chi de l’Annam (description du pays) et le Dia Du Thang Ky chinois (livre géographique) disaient tous deux que le territoire de la Chine se trouve au nord-est du golfe du Tonkin. Toutes les îles situées au sud du golfe appartenaient à l’Annam, y compris les îles Gow-ton désignées par les Annamites sous les noms de Chang dong et Chang tay — mais la délégation chinoise en revendiqua la possession. Les Gow-ton tiennent une position stratégique très importante dans le golfe du Tonkin. De ces îles, on peut contrôler la route de tous les navires qui vont de Chine à l’Annam et l’on peut facilement rayonner dans tout le golfe. Le cap Packlung se trouve en face d’elles. C’est pourquoi la Chine voulait l’accord de la France pour les récupérer et concrétiser sa prétention sur le cap. Mais là, le règlement final entre les deux gouvernements attribua la possession de ces îles à l’Annam : « Les îles qui sont à l’est du méridien de Paris (par 105°43’de longitude Est81), c’est-à-dire de la ligne nord-sud passant par la pointe orientale de l’île de Tch’a-Kou ou Ouan-chan (Tra-co) et formant la frontière sont également attribuées à la Chine. Les îles Gow-tow (Go-tho, Cô tô) et les autres îles qui sont à l’ouest de ce méridien appartiennent à l’Annam82. »

    118Les difficultés sur les points contestés ainsi réglées à Pékin par les deux gouvernements, le long processus de délimitation de la frontière du Tonkin trouva son point final. D’une part, la France cédait à la Chine « l’enclave annamite » comprenant le cap Packlung sur la frontière du Guangdong et le territoire de Hoang-chou-pi (y compris le canton de Tulong) à l’exception de Hoang-chou-pi même sur la frontière du Yunnan. Mais, d’autre part, elle conservait les territoires contestés de Phongtho et de Laichau, et aussi les îles contestées de Gow-ton dans le golfe du Tonkin83.

    119Ce résultat final apparaît comme un croisement très complexe de différents facteurs et de mobiles divergents.

    120La France, en échange de la cession d’une partie notable de territoire tonkinois à la Chine, obtenait des avantages commerciaux (trois places de commerce au Guangxi, au Yunnan et à Manghao), garantis par la conclusion d’une convention additionnelle commerciale avec la Chine, à quoi s’ajoutait l’ouverture de consulats de France dans les capitales respectives du Guangxi et du Yunnan. L’obtention de ces trois places de commerce dépassait ses espérances : dans la convention signée en 1886 par Cogordan, il n’était question que de deux places ; de plus, les villes concernées constituaient des débouchés faciles et importants.

    121La Chine, elle, obtenait la majeure partie du territoire contesté : une portion de territoire du Yunnan dans laquelle il y avait plusieurs mines de produits minéraux précieux (Tulong), et, notamment, le cap Packlung.

    122Mais la Chine n’était pas totalement satisfaite de ce qui était pourtant une réussite, l’acquisition de la majeure partie du territoire contesté. Faute d’avoir tout obtenu, elle considérait la convention signée comme inégale. Dans les négociations sur le problème frontalier à Pékin, le côté chinois avait systématiquement proposé à la France de troquer des intérêts territoriaux contre des intérêts commerciaux : « Le Tsong-li-Yamen m’a demandé la cession de Kong-ping et Houang-chou-pi moyennant compensation84 ». La France avait-elle trop obtenu contre de trop faibles abandons ?

    123Comme on l’a vu, la Chine était considérée comme la cible sur laquelle la France s’efforçait de tirer « sa flèche économique ». Le traité de Tientsin avait prévu la négociation et la signature de deux conventions annexes : commerciale et frontalière. Pendant que, à la frontière du Tonkin, la commission de délimitation procédait au processus de délimitation frontalière, à Pékin les négociations sur les questions commerciales et frontalières étaient menées par le représentant de la France et par le gouvernement chinois. Sur le plan commercial, la convention signée en 1886 entre Cogordan, le ministre de France, et la Chine avait été considéré comme désastreuse car elle assurait très peu d’avantages commerciaux à la France. Remplaçant Cogordan, Constans, le ministre plénipotentiaire, était chargé de négocier et de signer les deux conventions complémentaires, commerciale et frontalière, à Pékin. Il est clair que d’importants intérêts commerciaux poussaient Constans à consentir des concessions sur le plan territorial.

    124De plus, étant un influent personnage dans le jeu du pouvoir en France et ayant des ambitions politiques, Constans85 voulait tout particulièrement réussir la révision de la convention commerciale signée par Cogordan et en terminer rapidement avec la convention frontalière pour servir ses intérêts au plan politique.

    125L’attitude de Paris joua aussi un rôle très important pour la décision de Constans. Sans parler de cette priorité donnée aux intérêts commerciaux que Paris désirait satisfaire à Pékin, les préoccupations du moment en Europe, avant tout du côté de l’Allemagne, expliquent que Paris ait voulu conserver toute liberté d’action en Europe et n’ait pas défendu avec assez d’énergie les intérêts du Tonkin : « Paris n’avait pas pris à cœur les intérêts du Tonkin86. »

    126Quoi qu’il en soit, le processus de délimitation frontalière était bien terminé. Le 26 juin 1886, la convention relative à la délimitation de la frontière entre la chine et le Tonkin fut signée par les représentants de la France et de la Chine à Pékin. L’acte diplomatique que l’on connaît sous le nom de « Traité Constans » accordait certes à la Chine « des avantages territoriaux considérables87 », mais il reste que, pour la première fois dans l’histoire, une ligne de frontière sino-vietnamienne était délimitée totalement et concrètement en fait et en droit. Restait aussi que le processus de la délimitation et l’abornement devaient durer plus de dix ans encore, jusqu’en 1895, avec rectification de certains points pendant le processus d’abornement et signature d’une convention frontalière complémentaire.

    127Le 20 juin 1895, la « convention complémentaire de la convention de délimitation de la frontière entre la Chine et le Tonkin du 26 juin 1887 » fut en effet signée par Auguste Gérard, ministre représentant la France, et le prince King, président du Tsong li Yamen, pour l’ensemble de la frontière. Elle constitue le seul texte diplomatique ajouté à la convention Constans de 1887. Elle la rectifie dans le cinquième secteur de la frontière du Yunnan, c’est-à-dire au-delà du fleuve Rouge.

    128La frontière dont ce chapitre a relaté la gestation est restée valable jusqu’en 1999, date de la signature d’un nouveau traité entre le Vietnam, indépendant cette fois-ci, et la Chine.

    Notes de bas de page

    1 MFAE, Affaires diverses politiques, Indochine, no 4, « Traité Patenôtre, le 6 juin 1884, entre la République française et le Royaume d’Annam. » Voir Annexe 1.

    2 MFD, SHAT, dossier 10T869, Chine, « Étude documentaire sur la frontière sino-indochinoise, 4/1949 », p. 31.

    3 Ibid., p. 33.

    4 Ibid.

    5 Pierre-Bernard Lafont (dir.), Les frontières du Vietnam, Histoire des frontières de la péninsule indochinoise, op. cit., p. 86.

    6 Ibid., p. 35.

    7 « Traité de paix, d’amitié et de commerce, signé à Tien-Tsin entre la France et la Chine, le 9 juin 1885 », Journal officiel, 27 janvier 1886.

    8 Article 3 du « Traité de paix, d’amitié et de commerce, signé à Tien-Tsin entre la France et la Chine, le 9 juin 1885 », Journal officiel, 27 janvier 1886.

    9 Charles Fourniau, La frontière sino-vietnamienne et le face-à-face franco-chinois à l’époque de la conquête du Tonkin, cité in Pierre. Bernard Lafont, Les frontières du Vietnam, op. cit., p. 85.

    10 Georges Condominas, L’espace social : à propos de l’Asie du Sud-Est, Paris, Flammation, 1980, notamment p. 11-94.

    11 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française no 1, séance du 12 janvier 1886 : « L’argument de la Délégation chinoise sur le problème de délimitation frontalière. »

    12 Patrice Morlat, Les affaires politiques de l’Indochine (1895-1923) : les grands commis, du savoir au pouvoir, Paris, L’Harmattan, 1995, p. 93.

    13 MFAE, Mémoires et documents, Asie (1885-1886), volume 60, « Rapport général sur les opérations de la délégation française de délimitation du Tonkin : le rapport de Chaffray [N. B. : Bourcier Saint-Chaffray] à Hanoi, le 6 mai 1886 ».

    14 Charles Fourniau, « La frontière sino-vietnamienne et le face-à-face franco-chinois à l’époque de la conquête du Tonkin », cité dans Pierre-Bernard Lafont (dir.), Les frontières du Vietnam., op. cit., p. 90.

    15 MFAE, Mémoires et documents, Asie (1885-1886), volume 60, « Rapport général sur les opérations de la délégation française de délimitation du Tonkin : le rapport de Chaffray à Hanoi, le 6 mai 1886 ».

    16 Ibid.

    17 Charles Fourniau, « La frontière sino-vietnamienne et le face-à-face franco-chinois à l’époque de la conquête du Tonkin », cité in Pierre-Bernard Lafont, Les frontières du Vietnam…, op. cit. p. 90.

    18 FR_CAOM, Fonds des amiraux du gouvernement général de l’Indochine (1858-1945), affaires politiques (1874-1953), F155, lettre de l’amiral Rieuner au ministre de la Marine, le 10 octobre 1886.

    19 « Zong Fa Yuenan Jiao she dang » (« Documents concernant les négociations entre la Chine, la France et le Vietnam »), cité par Patrice Morlat, Les affaires politiques de l’Indochine (1895-1923) : les grands commis, du savoir au pouvoir, op. cit., page 93.

    20 Ibid.

    21 FR_CAOM, volume 12 545, télégramme de Cogordan à Freycinet, le 19 janvier/1886.

    22 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française. no 1, séance du 12 janvier 1886 : « L’argument de la délégation chinoise sur le problème de délimitation frontalière. »

    23 Ibid., « L’argument de la délégation française sur le problème de délimitation frontalière. »

    24 Ibid., le 12 janvier/1886.

    25 Charles Fourniau, « La frontière sino-vietnamienne et le face-à-face franco-chinois à l’époque de la conquête du Tonkin », cité in Pierre-Bernard Lafont, Les frontières du Vietnam…, op. cit., p. 87

    26 FR_CAOM, F 155(1), Rapport Saint-Chaffray.

    27 Paul Marie Neis, médecin de marine et explorateur, a rendu compte de l’aventure dans son texte « Sur les frontières du Tonkin », publié dans la revue Le Tour du Monde, vol. 1, 1888.

    28 MFAE, Mémoires et documents, vol. 60-61, 10 août 1885.

    29 FR_CAOM, F 155 (1), « Télégramme de la légation de France en Chine à général de Courcy, 1er septembre 1885 ».

    30 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, vol. 60, « Le rapport de M. Saint-Chaffray à Hanoi, le 6 mai/1886 ».

    31 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française. no 1, séance du 12 janvier 1886, « L’argument de la Délégation chinoise sur le problème de délimitation frontalière ».

    32 Ibid., « Lettre de M. Saint-Chaffray à M. de Freycinet, président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, le 7 février 1886 ». Voir annexe 5.

    33 Ibid.

    34 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française, séance du 17 janvier 1886 à Dong-dang, « L’argument de la Délégation chinoise. »

    35 Ibid.

    36 Ibid., lettre du colonel Tisseyre au président de la délégation française Saint-Chaffray, 9 février 1886. Voir Annexe 6.

    37 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française, télégramme de Tisseyre à M. Saint-Chaffray, Dong-dang, 20 février/1886.

    38 Ibid., télégramme du résident général de Hanoi au président de la délimitation française M. Saint-Chaffray, 18 février 1886.

    39 Avant 1929, un li égale 576 mètres ; à partir de 1929, un li égale 500 mètres.

    40 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 61, procès-verbal de la délégation française, séance 21 mars/1886 à Nan-Kouan.

    41 Ibid.

    42 Ibid., séance du 7 avril 1886.

    43 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française, « La nouvelle entrevue officieuse de la Commission de délimitation franco-chinoise, 19 février 1886 ».

    44 Ibid., volume 60, « Rapport général sur les opérations de la délégation française de délimitation du Tonkin ».

    45 Ibid., volume 60, télégramme de Cogordan à Saint-Chaffray, 11 février 1886.

    46 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française : la nouvelle entrevue officieuse de la commission de délimitation franco-chinoise, 19 février 1886.

    47 Ibid., rapport de Saint-Chaffray au ministre des Affaires étrangères, 20 février 1886.

    48 Ibid., 6 mai 1886.

    49 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 62, annexe de la lettre de Dillon du 14 novembre 1886 au ministre des Affaires étrangères : « Note remise à M. Dillon par le colonel Tisseyre ».

    50 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 62, annexe à la lettre de M. Dillon du 14 novembre 1886 au ministère des Affaires étrangères : « Note remise à M. Dillon par le colonel Tisseyre. »

    51 MFAE, Mémoire et Documents, Asie, Indochine, volume 64 (1886-1888).

    52 FR_CAOM, fonds des amiraux du gouvernement général de l’Indochine (1858-1945), affaires politiques (1847-1953), série F155, volume 653559, : rectification de la frontière sino-annamite (Ha Giang) : « Télégramme du 9 décembre 1911 du lieutenant-colonel Bonifacy, commandant le troisième territoire militaire à M. le Résident supérieur au Tonkin. »

    53 Ibid.

    54 Ibid., rapport au Sénat de l’amiral Jaurès dans la séance du 16 novembre 1888.

    55 FR_CAOM, cabinet du conseiller diplomatique Indochine, haut-commissariat de France en Indochine, fonds du conseiller politique, volume 193, archives de la cour de Hué citées par la note du 30 juin 1945 du chef de bataillon Klein.

    56 Ibid.

    57 Ibid.

    58 FR_CAOM, fonds des amiraux du gouvernement général de l’Indochine (1858-1945), affaires politiques (1874-1953), F155, rectification de la frontière sino-annamite (Ha Giang), télégramme du 9 décembre 1911 du lieutenant-colonel Bonifacy, commandant le troisième territoire militaire à M. le Résident supérieur au Tonkin.

    59 Ibid., rectification de la frontière sino-annamite (Ha Giang – Tu Long, 1911).

    60 Ibid., rapport du 25 avril 1934 du président de la commission d’abornement au gouverneur général à Hué.

    61 FR_CAOM, cabinet du conseiller diplomatique Indochine, haut-commissariat de France en Indochine, fonds du conseiller politique, volume 193 : « Note du chef de bataillon Klein du 30 juin 1945

    62 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 64 (avril-août 1887), lettre de M. Dillon au ministère des Affaires étrangères, 10 juillet 1887.

    63 Ibid.

    64 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 63, extrait d’une lettre de M. de Goy, chancelier chef du poste de Hai-ninh, à M. le vice-président de France à Quang-yen, 4 octobre 1886.

    65 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 63, séance 28 janvier 1887 à Mong-kay de la commission de délimitation frontalière franco-chinoise : « L’argument de la délégation française. »

    66 Ibid.

    67 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 63, télégramme de M. Dillon au ministère des Affaires étrangères, 19 février/1887.

    68 Ibid., « L’argument de la délégation chinoise ».

    69 Charles Fourniau, « La frontière sino-vietnamienne et le face-à-face franco-chinois à l’époque de la conquête du Tonkin », cité dans Pierre-Bernard Lafont (dir.), Les Frontières du Vietnam, op. cit., p. 91-92

    70 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 70, télégramme du général Munier au général Commandant, le 12 février 1887.

    71 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 63, télégramme du ministre des Affaires étrangères (M. Flourens, ministre secrétaire d’État des Affaires étrangères) à M. Dillon. 18 février 1887. Voir annexe 10.

    72 Ibid.

    73 Ibid., télégramme du ministre des Affaires étrangères à M. le Résident général à Hanoi, 20 février 1887 ». Voir annexe 11.

    74 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 63, télégramme du ministère des Affaires étrangères à M. Dillon, 27 février 1887.

    75 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 70 (1886-1888), télégramme de M. Dillon au ministre des Affaires étrangères à Paris, 18 mars 1887.

    76 Ibid., volume 62, procès-verbal de la deuxième section de la délimitation du Yun-nan.

    77 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 64 (1886-1887), lettre de M. Dillon au ministre des Affaires étrangères, 23 juillet 1887.

    78 Ibid., lettre de M. Dillon au ministre des Affaires étrangères, 5 avril 1887.

    79 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 64, (1886-1888), document du 8 mars 1887 : « Les protestations des Chinois. »

    80 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 70, télégramme de M. Dillon au ministre de France en Chine, 23 mars 1887. Voir annexe 14.

    81 Le méridien de Paris (105°43’de longitude) est utilisé dans cette convention ; le méridien de Greenwich place à 108° 03’13” de longitude Est la frontière maritime du Vietnam, comme précisé par Pierre-Bernard Lafont dans Les Frontières du Vietnam…, op. cit. Dans le cadre de cette étude, nous utilisons le méridien de Greenwich.

    82 Journal officiel, le 22 octobre 1896, convention relative à la délimitation de la frontière entre la Chine et le Tonkin, signé à Pékin, le 26 juin 1887, article 2 de la convention. Voir annexe 15.

    83 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 76 : note sur la commission du budget : « Délimitation des frontières du Tonkin 1886-1887, 8 novembre 1887 ». Voir aussi Charles Fourniau, « La frontière sino-vietnamienne et le face-à-face franco-chinois à l’époque de la conquête du Tonkin » in Pierre-Bernard Lafont dans Les Frontières du Vietnam…, op. cit., p. 92, pour des appréciations différentes.

    84 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 64, lettre de M. Dillon au ministre des Affaires étrangères, 10 juillet 1887.

    85 Ernest Constans (1833-1913) est un homme politique francais. Il fut ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Charles de Freycinet (17 mai 1880 au 14 novembre 1881) et dans le gouvernement de Pierre Tirard (22 février 1889 au 1er mars 1890). Il fut le premier gouverneur général de l’Indochine francaise, du 16 novembre 1887 à avril 1888.

    86 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 64, « Lettre de M. Dillon à l’éditeur du journal Indo-chine, 9 juillet 1887 ».

    87 FR_CAOM, fonds des amiraux du gouvernement général de l’Indochine (1858-1945), affaires politiques (1874-1953), série F155, volume 653559 (janvier-décembre 1892), délimitation de frontière avec la Chine, rapport sur le tracé de la frontière de l’Annam et du Yunnan, le 19 juin 1894.

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    1 MFAE, Affaires diverses politiques, Indochine, no 4, « Traité Patenôtre, le 6 juin 1884, entre la République française et le Royaume d’Annam. » Voir Annexe 1.

    2 MFD, SHAT, dossier 10T869, Chine, « Étude documentaire sur la frontière sino-indochinoise, 4/1949 », p. 31.

    3 Ibid., p. 33.

    4 Ibid.

    5 Pierre-Bernard Lafont (dir.), Les frontières du Vietnam, Histoire des frontières de la péninsule indochinoise, op. cit., p. 86.

    6 Ibid., p. 35.

    7 « Traité de paix, d’amitié et de commerce, signé à Tien-Tsin entre la France et la Chine, le 9 juin 1885 », Journal officiel, 27 janvier 1886.

    8 Article 3 du « Traité de paix, d’amitié et de commerce, signé à Tien-Tsin entre la France et la Chine, le 9 juin 1885 », Journal officiel, 27 janvier 1886.

    9 Charles Fourniau, La frontière sino-vietnamienne et le face-à-face franco-chinois à l’époque de la conquête du Tonkin, cité in Pierre. Bernard Lafont, Les frontières du Vietnam, op. cit., p. 85.

    10 Georges Condominas, L’espace social : à propos de l’Asie du Sud-Est, Paris, Flammation, 1980, notamment p. 11-94.

    11 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française no 1, séance du 12 janvier 1886 : « L’argument de la Délégation chinoise sur le problème de délimitation frontalière. »

    12 Patrice Morlat, Les affaires politiques de l’Indochine (1895-1923) : les grands commis, du savoir au pouvoir, Paris, L’Harmattan, 1995, p. 93.

    13 MFAE, Mémoires et documents, Asie (1885-1886), volume 60, « Rapport général sur les opérations de la délégation française de délimitation du Tonkin : le rapport de Chaffray [N. B. : Bourcier Saint-Chaffray] à Hanoi, le 6 mai 1886 ».

    14 Charles Fourniau, « La frontière sino-vietnamienne et le face-à-face franco-chinois à l’époque de la conquête du Tonkin », cité dans Pierre-Bernard Lafont (dir.), Les frontières du Vietnam., op. cit., p. 90.

    15 MFAE, Mémoires et documents, Asie (1885-1886), volume 60, « Rapport général sur les opérations de la délégation française de délimitation du Tonkin : le rapport de Chaffray à Hanoi, le 6 mai 1886 ».

    16 Ibid.

    17 Charles Fourniau, « La frontière sino-vietnamienne et le face-à-face franco-chinois à l’époque de la conquête du Tonkin », cité in Pierre-Bernard Lafont, Les frontières du Vietnam…, op. cit. p. 90.

    18 FR_CAOM, Fonds des amiraux du gouvernement général de l’Indochine (1858-1945), affaires politiques (1874-1953), F155, lettre de l’amiral Rieuner au ministre de la Marine, le 10 octobre 1886.

    19 « Zong Fa Yuenan Jiao she dang » (« Documents concernant les négociations entre la Chine, la France et le Vietnam »), cité par Patrice Morlat, Les affaires politiques de l’Indochine (1895-1923) : les grands commis, du savoir au pouvoir, op. cit., page 93.

    20 Ibid.

    21 FR_CAOM, volume 12 545, télégramme de Cogordan à Freycinet, le 19 janvier/1886.

    22 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française. no 1, séance du 12 janvier 1886 : « L’argument de la délégation chinoise sur le problème de délimitation frontalière. »

    23 Ibid., « L’argument de la délégation française sur le problème de délimitation frontalière. »

    24 Ibid., le 12 janvier/1886.

    25 Charles Fourniau, « La frontière sino-vietnamienne et le face-à-face franco-chinois à l’époque de la conquête du Tonkin », cité in Pierre-Bernard Lafont, Les frontières du Vietnam…, op. cit., p. 87

    26 FR_CAOM, F 155(1), Rapport Saint-Chaffray.

    27 Paul Marie Neis, médecin de marine et explorateur, a rendu compte de l’aventure dans son texte « Sur les frontières du Tonkin », publié dans la revue Le Tour du Monde, vol. 1, 1888.

    28 MFAE, Mémoires et documents, vol. 60-61, 10 août 1885.

    29 FR_CAOM, F 155 (1), « Télégramme de la légation de France en Chine à général de Courcy, 1er septembre 1885 ».

    30 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, vol. 60, « Le rapport de M. Saint-Chaffray à Hanoi, le 6 mai/1886 ».

    31 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française. no 1, séance du 12 janvier 1886, « L’argument de la Délégation chinoise sur le problème de délimitation frontalière ».

    32 Ibid., « Lettre de M. Saint-Chaffray à M. de Freycinet, président du Conseil, ministre des Affaires étrangères, le 7 février 1886 ». Voir annexe 5.

    33 Ibid.

    34 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française, séance du 17 janvier 1886 à Dong-dang, « L’argument de la Délégation chinoise. »

    35 Ibid.

    36 Ibid., lettre du colonel Tisseyre au président de la délégation française Saint-Chaffray, 9 février 1886. Voir Annexe 6.

    37 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française, télégramme de Tisseyre à M. Saint-Chaffray, Dong-dang, 20 février/1886.

    38 Ibid., télégramme du résident général de Hanoi au président de la délimitation française M. Saint-Chaffray, 18 février 1886.

    39 Avant 1929, un li égale 576 mètres ; à partir de 1929, un li égale 500 mètres.

    40 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 61, procès-verbal de la délégation française, séance 21 mars/1886 à Nan-Kouan.

    41 Ibid.

    42 Ibid., séance du 7 avril 1886.

    43 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française, « La nouvelle entrevue officieuse de la Commission de délimitation franco-chinoise, 19 février 1886 ».

    44 Ibid., volume 60, « Rapport général sur les opérations de la délégation française de délimitation du Tonkin ».

    45 Ibid., volume 60, télégramme de Cogordan à Saint-Chaffray, 11 février 1886.

    46 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 60, procès-verbal de la délégation française : la nouvelle entrevue officieuse de la commission de délimitation franco-chinoise, 19 février 1886.

    47 Ibid., rapport de Saint-Chaffray au ministre des Affaires étrangères, 20 février 1886.

    48 Ibid., 6 mai 1886.

    49 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 62, annexe de la lettre de Dillon du 14 novembre 1886 au ministre des Affaires étrangères : « Note remise à M. Dillon par le colonel Tisseyre ».

    50 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 62, annexe à la lettre de M. Dillon du 14 novembre 1886 au ministère des Affaires étrangères : « Note remise à M. Dillon par le colonel Tisseyre. »

    51 MFAE, Mémoire et Documents, Asie, Indochine, volume 64 (1886-1888).

    52 FR_CAOM, fonds des amiraux du gouvernement général de l’Indochine (1858-1945), affaires politiques (1847-1953), série F155, volume 653559, : rectification de la frontière sino-annamite (Ha Giang) : « Télégramme du 9 décembre 1911 du lieutenant-colonel Bonifacy, commandant le troisième territoire militaire à M. le Résident supérieur au Tonkin. »

    53 Ibid.

    54 Ibid., rapport au Sénat de l’amiral Jaurès dans la séance du 16 novembre 1888.

    55 FR_CAOM, cabinet du conseiller diplomatique Indochine, haut-commissariat de France en Indochine, fonds du conseiller politique, volume 193, archives de la cour de Hué citées par la note du 30 juin 1945 du chef de bataillon Klein.

    56 Ibid.

    57 Ibid.

    58 FR_CAOM, fonds des amiraux du gouvernement général de l’Indochine (1858-1945), affaires politiques (1874-1953), F155, rectification de la frontière sino-annamite (Ha Giang), télégramme du 9 décembre 1911 du lieutenant-colonel Bonifacy, commandant le troisième territoire militaire à M. le Résident supérieur au Tonkin.

    59 Ibid., rectification de la frontière sino-annamite (Ha Giang – Tu Long, 1911).

    60 Ibid., rapport du 25 avril 1934 du président de la commission d’abornement au gouverneur général à Hué.

    61 FR_CAOM, cabinet du conseiller diplomatique Indochine, haut-commissariat de France en Indochine, fonds du conseiller politique, volume 193 : « Note du chef de bataillon Klein du 30 juin 1945

    62 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 64 (avril-août 1887), lettre de M. Dillon au ministère des Affaires étrangères, 10 juillet 1887.

    63 Ibid.

    64 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 63, extrait d’une lettre de M. de Goy, chancelier chef du poste de Hai-ninh, à M. le vice-président de France à Quang-yen, 4 octobre 1886.

    65 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 63, séance 28 janvier 1887 à Mong-kay de la commission de délimitation frontalière franco-chinoise : « L’argument de la délégation française. »

    66 Ibid.

    67 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 63, télégramme de M. Dillon au ministère des Affaires étrangères, 19 février/1887.

    68 Ibid., « L’argument de la délégation chinoise ».

    69 Charles Fourniau, « La frontière sino-vietnamienne et le face-à-face franco-chinois à l’époque de la conquête du Tonkin », cité dans Pierre-Bernard Lafont (dir.), Les Frontières du Vietnam, op. cit., p. 91-92

    70 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 70, télégramme du général Munier au général Commandant, le 12 février 1887.

    71 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 63, télégramme du ministre des Affaires étrangères (M. Flourens, ministre secrétaire d’État des Affaires étrangères) à M. Dillon. 18 février 1887. Voir annexe 10.

    72 Ibid.

    73 Ibid., télégramme du ministre des Affaires étrangères à M. le Résident général à Hanoi, 20 février 1887 ». Voir annexe 11.

    74 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 63, télégramme du ministère des Affaires étrangères à M. Dillon, 27 février 1887.

    75 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 70 (1886-1888), télégramme de M. Dillon au ministre des Affaires étrangères à Paris, 18 mars 1887.

    76 Ibid., volume 62, procès-verbal de la deuxième section de la délimitation du Yun-nan.

    77 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 64 (1886-1887), lettre de M. Dillon au ministre des Affaires étrangères, 23 juillet 1887.

    78 Ibid., lettre de M. Dillon au ministre des Affaires étrangères, 5 avril 1887.

    79 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 64, (1886-1888), document du 8 mars 1887 : « Les protestations des Chinois. »

    80 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 70, télégramme de M. Dillon au ministre de France en Chine, 23 mars 1887. Voir annexe 14.

    81 Le méridien de Paris (105°43’de longitude) est utilisé dans cette convention ; le méridien de Greenwich place à 108° 03’13” de longitude Est la frontière maritime du Vietnam, comme précisé par Pierre-Bernard Lafont dans Les Frontières du Vietnam…, op. cit. Dans le cadre de cette étude, nous utilisons le méridien de Greenwich.

    82 Journal officiel, le 22 octobre 1896, convention relative à la délimitation de la frontière entre la Chine et le Tonkin, signé à Pékin, le 26 juin 1887, article 2 de la convention. Voir annexe 15.

    83 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 76 : note sur la commission du budget : « Délimitation des frontières du Tonkin 1886-1887, 8 novembre 1887 ». Voir aussi Charles Fourniau, « La frontière sino-vietnamienne et le face-à-face franco-chinois à l’époque de la conquête du Tonkin » in Pierre-Bernard Lafont dans Les Frontières du Vietnam…, op. cit., p. 92, pour des appréciations différentes.

    84 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 64, lettre de M. Dillon au ministre des Affaires étrangères, 10 juillet 1887.

    85 Ernest Constans (1833-1913) est un homme politique francais. Il fut ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Charles de Freycinet (17 mai 1880 au 14 novembre 1881) et dans le gouvernement de Pierre Tirard (22 février 1889 au 1er mars 1890). Il fut le premier gouverneur général de l’Indochine francaise, du 16 novembre 1887 à avril 1888.

    86 MFAE, Mémoires et documents, Asie, Indochine, volume 64, « Lettre de M. Dillon à l’éditeur du journal Indo-chine, 9 juillet 1887 ».

    87 FR_CAOM, fonds des amiraux du gouvernement général de l’Indochine (1858-1945), affaires politiques (1874-1953), série F155, volume 653559 (janvier-décembre 1892), délimitation de frontière avec la Chine, rapport sur le tracé de la frontière de l’Annam et du Yunnan, le 19 juin 1894.

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    Nguyen, T. H. (2018). 1. Le processus de délimitation de la frontière terrestre sino-tonkinoise entre la France et la Chine (1885-1895). In Les conflits frontaliers sino-vietnamiens (1‑). Demopolis. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.demopolis.1383
    Nguyen, Thi Hanh. « 1. Le processus de délimitation de la frontière terrestre sino-tonkinoise entre la France et la Chine (1885-1895) ». In Les conflits frontaliers sino-vietnamiens. Paris: Demopolis, 2018. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.demopolis.1383.
    Nguyen, Thi Hanh. « 1. Le processus de délimitation de la frontière terrestre sino-tonkinoise entre la France et la Chine (1885-1895) ». Les conflits frontaliers sino-vietnamiens, Demopolis, 2018, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.demopolis.1383.

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    Nguyen, T. H. (2018). Les conflits frontaliers sino-vietnamiens (1‑). Demopolis. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.demopolis.1338
    Nguyen, Thi Hanh. Les conflits frontaliers sino-vietnamiens. Paris: Demopolis, 2018. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.demopolis.1338.
    Nguyen, Thi Hanh. Les conflits frontaliers sino-vietnamiens. Demopolis, 2018, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.demopolis.1338.
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